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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Vous  direz « Notre  Père »

 Lc 11, 1-13

Ce passage de l’Evangile, mes frères, est sans doute l’un des plus éclairants que Jésus nous ait révélé sur la nature de Dieu.   Longtemps, pendant des heures parfois, les apôtres voyaient Jésus prier. On le voit par exemple au Jardin des Oliviers ou le soir, seul, dans un endroit retiré, tandis qu’eux-mêmes, au bout de quelques minutes, un peu comme nous parfois, ils sont secs, ils ne savent plus quoi dire…

Aussi sont-ils admiratifs et en viennent-ils à demander à Jésus :

« Jésus, apprends-nous à prier ».

Mais avant de prier quelqu’un, il faut le connaître, savoir qui il est, son caractère, son tempérament, et, j’allais dire son point faible. Quand un enfant demande une permission, il sait très bien s’il doit la demander plutôt à son père ou à sa mère et quel est le moment le plus favorable et la façon dont il doit s’y prendre…

C’est ce que nous apprend Jésus aujourd’hui : « Quand vous priez, nous dit-il, vous direz « notre Père » ». Dieu : un Père, une Mère, Dieu tendresse, Dieu Amour, Dieu qui s’occupe de nous comme un père s’occupe de son fils, ça a dû faire choc dans l’esprit des apôtres !

Déjà, bien sûr, dans l’Ancien Testament, Dieu avait manifesté de l’amour pour son peuple en le défendant de ses ennemis, mais avec une « poigne forte et bras raccourci », comme dit le psaume et si, parfois, par le prophète Osée ou Isaïe, Dieu a des accents d’affection  à  l’égard de son peuple, l’éducation  qu’il lui donne ressemble parfois à un dressage.

Par quelles tribulations, par quelles dures épreuves, passe Israël, pour assouplir ce peuple dont Dieu dit, lui-même «qu’il a la nuque raide » : c’est la faim et la soif dans le désert, les batailles perdues, les pillages, les exils successifs, les invasions, la destruction du Temple, annoncés par les prophètes et qui se réalisent inexorablement.

Dieu fort, Dieu terrible, Dieu jaloux, Dieu vengeur, devant qui on se voile la face « éloigne-toi de moi, Seigneur, car je ne suis qu’un homme aux lèvres impures », Dieu tout puissant, maître des éléments, maître des évènements, Dieu exterminateur des méchants, punissant sévèrement même ses meilleurs serviteurs : Moïse qui n’entre pas dans la Terre Promise par un manque de confiance en Dieu, David dont l’enfant est tué parce qu’il a péché.

Mais quand vous priez, vous direz « notre Père », quelle révélation !

. Dieu : un père que l’on doit appeler par son nom : « Que ton nom soit sanctifié ».

. Un Père qui leur donne à manger : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».

. Un Père qui pardonne : « Pardonne-nous nos offenses ».

. Un Père qui nous soutient et nous protège : « Délivre-nous du mal ».

. Un Père qui est prêt à nous donner tout ce dont nous avons besoin : « Demandez et l’on vous donnera ».

. Un Père qui est prêt à nous faire découvrir tout ce que nous désirons savoir : « Cherchez et vous trouverez ».

. Un Père qui est prêt à ouvrir la porte à chaque fois que l’on y frappe : « Frappez et l’on vous ouvrira ».

 

Cependant, attention, pas d’équivoque, pas de  malentendu. Ce  n’est pas par usure, par ennui, parce que l’on insiste trop, que Dieu nous exauce, comme l’ami qui est dérangé pendant la nuit et qui lui donne pour se débarrasser de lui. Non, c’est par amour, c’est par affection pour nous parce que sa nature est don de soi, oubli de soi, parce que sa joie c’est de donner, de se donner, de semer la joie autour de lui. Dieu n’a qu’un désir, n’attend qu’une chose, qu’on lui demande ce dont on a vraiment besoin, pour nous le donner avec joie.

Si Dieu a été créateur, si le monde existe, si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que Dieu est amour et qu’un véritable amour ne peut pas se garder pour soi. Il doit faire surgir la vie. Prenez deux époux qui ne sont pas égoïstes, leur amour, à eux aussi, devient pro créateur, c’est-à-dire créateur comme celui de Dieu. Ils ne peuvent garder leur amour pour eux deux, il faut qu’ils en fassent profiter d’autres êtres : leurs enfants et leur couple devient alors un foyer d’amour. Dieu, Trinité, foyer d’amour, n’a pas  voulu, n’a  pas pu garder cet amour en circuit fermé, il fallait qu’il éclate : « Amor diffusum sui » dit St-Augustin.

« L’amour, de par sa vraie nature, est don de soi aux autres » et c’est parce que l’homme a été créé à l’image de Dieu que son amour pour un autre, ou pour une autre, devient, lui aussi, créateur de vie, créateur de leurs enfants, comme Dieu, et qu’ils s’en occupent jour après jour, année après année, pour épanouir, peu à peu, leur corps, leur esprit, leur cœur, leur âme. Ils ne font pas autre chose que ce que fait Dieu avec nous !

Et c’est pourquoi, à la fin de cet Evangile, Dieu se compare lui-même aux papas et aux mamans de la terre pour nous donner un  argument  a fortiori : « Vous  les papas, vous  les mamans, qui cependant n’êtes pas parfaits, dont l’amour est encore à améliorer, qui perdez souvent patience et qui avez parfois tendance à dire à vos enfants : « Va voir ailleurs si j’y suis », vous qui êtes comme vous êtes, …, sincèrement, est-ce que vous auriez le cœur de donner un serpent à votre fils qui vous demande un poisson ? Ou un scorpion, s’il vous demande un œuf ?…Bien sûr que non, n’est-ce pas ? »

Si donc, nous qui sommes des pécheurs, qui ne sommes pas parfaits, tant s’en faut, qui sommes capables d’actions ou de pensées méchantes, nous savons si bien donner de bonnes choses à nos enfants, alors Dieu, Dieu amour, Dieu amour total, à combien plus forte raison !

Bien mieux, lui, il n’attend que cela, qu’on lui demande, pour pouvoir donner et plus fort encore, c’est lui qui nous demande de demander ! Ce n’est pas nous qui cherchons pour trouver, c’est lui qui nous cherche pour nous trouver (comme le bon pasteur avec la brebis perdue). Non seulement, il nous dit :

« Frappez et l’on vous ouvrira », mais c’est lui qui frappe à notre porte, nous dit St-Jean dans l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à ta porte et que je frappe. Si quelqu’un m’ouvre, j’entrerai chez lui et nous dinerons ensemble, lui avec moi et moi avec lui ».

Mais, frères et sœurs, je vous vois venir avec une objection que j’ai souvent entendue : « Je sais, Dieu est Père, Dieu me veut du bien, mais souvent j’ai demandé et je n’ai pas reçu. Souvent, j’ai frappé et l’on ne m’a pas ouvert. Souvent, j’ai cherché et je n’ai pas trouvé ».

Ecoutez bien, alors, la dernière parole de notre Evangile d’aujourd’hui et nous aurons la réponse :

« Vous  qui donnez  de bonnes  choses  à vos enfants, combien plus votre Père du ciel donnera-t-il L’ESPRIT-SAINT à ceux qui le lui demandent ».

Il ne s’agit pas de demander n’importe quoi à Dieu, de frapper à n’importe quelle porte, de chercher n’importe quoi, n’importe comment. Dieu veut nous donner le meilleur, l’essentiel, ce dont nous avons d’abord besoin, un besoin indispensable, vital, essentiel : l’Esprit-Saint, son Esprit d’amour, son Esprit de famille, à lui qui est Père, lui qui est oubli de soi, son esprit de générosité.

Voilà, en priorité ce dont nous avons besoin. Voilà le cadeau nécessaire et suffisant pour réussir notre vie : être animé par cet Esprit de Dieu et c’est LUI que nous devons demander dans notre prière et tout le reste nous sera donné par-dessus le marché.

Car il est heureux, de toutes façons, même s’il passe par des épreuves, celui qui vit en fils de Dieu, parce qu’il sait qu’il a un Père qui veille sur lui et qui l’aime plus encore que n’importe quel papa ou maman aime son enfant.

Il suffit de jeter notre regard vers Lui.  AMEN

 

 




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 11, 1-13)

« Quand vous priez, dites : Père »

(Lc 11,1-13)…

Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. »
Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne.
Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour.
Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation.»
Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : “Mon ami, prête-moi trois pains,
car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.”
Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : “Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose.”
Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut.
Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira.
En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ?
ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ?
Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

        

 

            « Seigneur, apprend-nous à prier ». Lui qui est toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), il invite ici ses disciples, et à travers eux tout homme, à faire de même. Tous, en effet, « nous avons été créés à son image et ressemblance », comme un fils ressemble à son papa (Gn 1,26-28 ; 5,3). « Et Dieu veut que tous les hommes », ses enfants, « soient sauvés » (1Tm 2,3-6). Alors, « que ta volonté soit faite » !

            « Père, que ton Nom soit sanctifié ». Or, la notion de « sainteté » dans la Bible renvoie à ce que Dieu Est en Lui-même. Quand il dit « Je Suis » (Ex 3,14) ou « Je Suis Saint » (Lv 19,2), il dit en fait la même chose. La notion de « Nom » elle aussi renvoie directement au mystère de celui qui le porte. Lorsque Marie dit « Saint est son Nom » elle évoque simplement le Mystère de « Celui qui Est » (Ex 3,14)… Et les deux termes qui entourent cette déclaration nous disent alors qui Est Dieu pour Marie : « Miséricorde » (Lc 1,50) « Toute Puissante » (Lc 1,49).

            Dire « que ton Nom soit sanctifié » revient donc à souhaiter que Dieu soit connu en vérité tel qu’Il Est. Or, dans la Bible, il est le premier à « sanctifier » son Nom en manifestant, par ses actions, « qui » Il Est : « Je sanctifierai mon nom que vous avez profané au milieu des nations. Alors elles sauront que je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu – quand par vous je manifesterai à leurs yeux  ma sainteté », c’est à dire « qui » je suis… Et dans la suite, nous le voyons agir avec une incroyable Miséricorde : « Je vous prendrai du milieu des nations,… je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon Esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles » (Ez 36,23-27), enfin !

            Et puisque Dieu Est « Miséricorde Toute Puissante » dire « que ton règne vienne » revient à souhaiter le salut, la paix et les cris de joie pour tout homme pécheur, pourvu qu’il accepte que Dieu règne dans sa vie sur toutes ses misères, en toutes ses ténèbres : « Qu’ils sont beaux les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne. Ensemble poussez des cris de joie, ruines de Jérusalem ! car le Seigneur a consolé son peuple, il a racheté Jérusalem. Il a découvert son bras de sainteté aux yeux de toutes les nations, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52,7-10).                   DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 17ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Seigneur, apprends-nous à prier »

 «  Quand vous priez, dites “ Père ” »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 11, 1-13)

Cet enseignement de Jésus sur la prière vient juste après la visite de Jésus chez Marthe et Marie. Jésus a dit que l’attitude du vrai disciple c’est d’écouter attentivement la Parole du Seigneur. Dans l’évangile que nous allons méditer, Jésus enseigne la prière du disciple.

Et soulignons les mots importants 

L’animateur demande à chacun de noter les mots qui lui semblent importants ou pour lesquels il voudrait une explication.

Jésus en prière : Luc nous montre souvent Jésus “ en prière ”. Comment comprenons-nous cette expression ?

Père : pour un juif, il était impensable qu’on donne à Dieu ce nom familier. Pourquoi ?

Nom : Quelle est la signification du nom dans la Bible ?

Sanctifié : Dieu seul est saint, car Dieu seul est Dieu. Que peut vouloir dire “ que ton Nom soit sanctifié ”

Règne : Qu’est-ce que nous demandons concrètement quand nous disons “ que ton Règne vienne ” ?

Le pain : Quel est ce pain que nous demandons pour chaque jour ?

Pardonne-nous : Comment Dieu peut-il être “ offensé ” ? Si nos péchés pouvaient changer quelque chose en Dieu, cela voudrait dire qu’il n’est pas Dieu ?

Ne nous soumets pas : Comment comprendre cette demande plutôt choquante, comme si Dieu pouvait nous mettre exprès sous le coup de l’attirance du mal ?

Demandez : Qu’est-ce que nous demandons le plus souvent dans nos prières ?

Cherchez : Qu’est-ce qu’il faudrait chercher sans cesse ?

Frappez :  Faut-il sans cesse “ déranger ” Dieu ?

Vous qui êtes mauvais : Ce n’est pas très flatteur pour nous. Que veut dire Jésus ?

L’Esprit-Saint : Pour Saint Luc, voilà la demande que son disciple doit faire.  Pourquoi ?

 

Pour l’animateur 

Jésus était un grand priant. Cela avait frappé les disciples.

“ Père ” : Avant Jésus Christ aucun juif n’avait osé parler à Dieu avec cette intimité : “ Abba ” (nom familier correspondant à papa). Le Juif ne prononçait jamais le nom de “ Yahvé ”, le Dieu trois fois saint. Il le remplaçait par “ Adonaï ” (Seigneur). Jésus donne à ses disciples de pouvoir appeler Dieu “ Père ” comme lui.

“ Nom ” : dans la Bible le nom désigne la personne et aussi sa vocation, son rôle. Dieu n’a qu’un Nom : il est Père. Dans notre prière nous demandons qu’il soit reconnu, respecté par les hommes comme le Père infiniment sacré. Seule une attitude filiale à la suite de Jésus peut glorifier Dieu pleinement.

Le Règne de Dieu, c’est son Amour de Père qu’il offre à tous les hommes en leur donnant son Fils. Dieu Règne quand les hommes accueillent son Fils et que par cette force d’aimer ils essaient de construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel.

Le pain : ne demander que le pain de la journée, c’est faire confiance au Père pour demain. Ce pain, c’est tout ce dont on a besoin pour vivre, sans oublier le Parole de Dieu. (“ L’homme ne vit pas seulement de pain… ”)

Dieu se montre Père  quand  son pardon libère nos cœurs et nous fait revivre. En fait notre péché ne dénature pas Dieu, mais nous-mêmes. “ Qui donc est Dieu qu’on peut si fort ‘blesser’ en blessant l’homme ? ” Si nous osons demander pardon, c’est que, instruits par Jésus, nous avons appris à pardonner à nos frères.

Le pardon de Dieu est don gratuit qui ne se mérite pas. Mais si nous refusons de pardonner à autrui, nous risquons de nous fermer au pardon du Père des Cieux.

“ Ne nous soumets pas à la tentation. ” Cette tentation est celle du désespoir. Nous demandons au Père de ne pas nous laisser tomber quand nous avons l’impression d’être abandonné de Dieu. Le Christ a connu cette tentation à Gethsémani.

Jésus invite ses disciples à chercher sans cesse le Seigneur et ce qui lui plaît, à ne pas se décourager, à faire confiance, car Dieu est celui qui donne et qui ouvre. Il nous invite  à purifier nos prières de demande en demandant l’Esprit-Saint : en lui nous avons toute la lumière pour faire ce qui plaît à Dieu et qui est bon pour nous.

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Regardons Jésus en prière. Il s’est retiré dans un endroit calme. Il vit une relation filiale profonde avec Dieu son Père.  Il prend du temps pour cela. C’est un temps de communion intime avec lui. Il lui dit son amour. Il le loue. Il lui rend grâce.  Il lui parle de sa mission. Il se nourrit de la volonté du Père. Il parle à son Père de ce monde où il est en mission, des hommes qu’il aime et qu’il veut sauver.

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Est-ce que nous pensons à nous mettre à l’école de Jésus pour apprendre à prier ?

Nous disons peut-être beaucoup de prières ! Mais est-ce que “ nous prions ” vraiment ?

Qui est Dieu pour moi ?

Un être lointain qui me surveille pour peser mes actes ?

Un être tout-puissant dont j’essaie, à force de prières, d’avoir des faveurs ?

Un être tout-puissant dont j’ai peur  ?

Est-il pour moi le Père de Jésus Christ ?

 Un Père plein de tendresse et de miséricorde, qui me connaît et m’appelle à vivre avec lui une relation filiale, à grandir sans cesse dans l’amour et la confiance ?

Est-ce que je lui demande l’Esprit-Saint puisque Jésus dit qu’il ne refuse jamais de le donner ?

“ Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai quelle est ta prière ? ”

ENSEMBLE PRIONS   

Notre Père ….

 

 

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17ième dimanche du Temps Ordinaire Année C

 

 




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Lc 10,38-42) – Francis Cousin

« Marthe … et Marie … »

Deux sœurs … deux caractères différents … mais un même désir :

Recevoir Jésus chez elles lors de son passage, et bien l’accueillir, lui et tous ceux qui le suivent, les apôtres, les disciples …

Marthe est une battante, une organisatrice. Elle est toute dans l’action … Elle s’occupe de l’aménagement de la maison, fait le menu, distribue et gère le travail des servantes … et cela fait beaucoup de travail pour nourrir tout ce monde …et elle veut faire honneur à ses invités …

Marie aussi veut faire honneur à ses invités, mais elle le fait en écoutant avec attention les paroles de Jésus …

On comprend bien que l’attitude de Marie, toute à la réflexion, exaspère au bout d’un moment Marthe, qui va de l’une à l’autre, se dépensant sans compter pour Jésus …et elle s’en plaint à lui.

La réponse de Jésus est bien connue : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

Jésus se met davantage du côté de Marie … mais chacune des deux sœurs a choisi ce qui leur correspondait le mieux … et Jésus respecte ces choix … et il les accueille avec la même valeur.

Il ne s’agit pas d’opposer ceux qui sont dans le domaine de l’action et ceux qui sont dans le domaine de la réflexion … les deux manières d’être sont nécessaires dans la vie du monde.

Et dans la vie spirituelle aussi …

Et les deux manières d’être coexistent en chacun de nous, les uns étant plus dans l’action, d’autres plus dans la réflexion, la méditation … Le plus difficile étant de trouver le bon équilibre entre les deux.

Il est vrai que même dans leur vie spirituelle, la plupart des gens sont dans l’action : on fait des choses, on a des activités caritatives, on a telle action ou responsabilité au niveau de la paroisse, on s’occupe de tel mouvement, etc …

Il en est de même pour les prêtres qui vont de rendez-vous en visites, de réunions pastorales en réunions de mouvements, qui sont occupés par l’entretien de l’église, etc …

Mais Jésus se met du côté de Marie, celle qui fait silence, qui écoute la Parole de Jésus, et qui vit intérieurement cette Parole …

« Marie a choisi la meilleure part. »

Jésus inverse l’ordre de nos valeurs : il préfère le silence à l’agitation, l’écoute attentive aux déversements de paroles, le recueillement aux paroles en l’air …

Dans la bible, généralement c’est Dieu ou Jésus qui choisit : Abraham, les prophètes, les apôtres … mais quand il s’agit de la meilleure part, il nous laisse choisir, … c’est nous qui choisissons.

Faisons le bon choix !

Malheureusement, souvent nous faisons le choix le moins bon … parce que nous avons peur du silence, parce que nous avons l’impression de perdre notre temps, parce que nous craignons la rencontre avec Dieu, parce que cela ne nous valorise pas, parce que …

Oh ! on ne le dit pas … mais c’est souvent cela …

Alors oui, lisons la Parole de Dieu, pratiquons la lectio Divina, faisons silence devant le saint sacrement ou le tabernacle, laissons-nous imprégner par la Parole, acceptons de nous faire petits devant Dieu …

C’est cela qui nous permettra de vivre véritablement en Chrétiens !

Seigneur Jésus,

souvent nous voulons tellement bien faire

que nous oublions de t’écouter,

de faire silence

pour intérioriser ta Parole,

de te prier seul à seul

pour que tu nous parles.

« Parles, Seigneur, ton serviteur écoute. »

 

                                                                                                                   Francis Cousin    

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Image dim ord C 16°            




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Marthe  et  Marie

 Lc 10, 38-42

« Méfiez-vous ! » « On ne se méfie jamais assez ! »

Notre monde est plein de ce cri. « Méfiez-vous des patrons, méfiez-vous des ouvriers, méfiez-vous des étrangers, des arabes, des voisins, des gendarmes, des voleurs,… que sais-je ».

« Méfiez-vous ! » et si vous n’entendez rien, c’est que, plus subtilement, on vous dit : « Prenez une police d’assurance, achetez un antivol, défendez vos droits ». Derrière toutes ces expressions aussi, il y a la méfiance.

Mais peut-on faire autrement ? Dans un monde de plus en plus malhonnête, combinard et violent, est-il possible de ne pas être méfiant ?

Permettez-moi, avant de vous répondre, de vous raconter une petite histoire. On la raconte, paraît-il, aux petits Chinois qui demandent la différence entre le ciel et l’enfer…

L’enfer, leur dit-on, est un lieu où se trouve un énorme tas de riz délicieusement préparé. Autour, il y a des gens maigres, désespérément maigres, affamés, car, en enfer, on ne peut  manger le riz qu’avec de très grandes baguettes, plus longues que les bras et ces baguettes sont attachées à la main et on a beau tordre sa main dans tous les sens, comme les baguettes sont trop longues, il est impossible de déposer ce qu’elles portent, dans sa bouche.

Le Paradis est aussi, dit-on, un lieu où se trouve un énorme tas de riz délicieusement préparé, comme en enfer. Mais là, les gens sont  joufflus et bien portants. Pourtant, eux aussi, ont de grandes baguettes attachées aux mains, mais ils ont trouvé un truc : renonçant à se nourrir eux-mêmes, ils se servent de leur longue baguette pour nourrir leurs voisins et, comme on est au paradis, personne n’est oublié !

Souvent, on entend dire que la vie est un enfer, que les gens sont méchants, que beaucoup vivent dans la solitude. Alors je pense que nous avons des baguettes aux mains : la voiture, la case, la télé, le lave-vaisselle, les avantages acquis, les vacances, l’argent, la culture. Nous avons trop de choses à protéger : alors nous avons peur des autres. Nous ne leur faisons pas confiance, alors, nous nous isolons et c’est l’enfer !

Pourtant, aujourd’hui, le tas de riz est grand et il y a des richesses  à  partager,  mais  l’envie,  la  jalousie  et  la  méfiance sont là qui plantent la haine partout… et le malheur… En fait, l’homme est ainsi fait qu’il ne peut pas vivre seul : il nous manque toujours quelque chose. Nous avons besoin des autres, et si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera demain et là, je l’affirme bien fort : sans les autres, nous ne pouvons rencontrer ni Dieu, ni le bonheur.

C’est bien ce qu’avait compris Abraham, dans la 1ère lecture. Il vit dans le désert, il est seul. Trois hommes se présentent : il pourrait les tuer, les voler, au moins se méfier. Non seulement, il les accueille, mais il leur donne ce qu’il a de meilleur. Il leur prépare un festin de roi. C’est déjà bien, mais allons plus loin : en fait, celui qu’Abraham accueille et qu’il ne connaît pas, c’est Dieu, Dieu lui-même.

A chaque fois, nous aussi, que nous accueillons quelqu’un, que notre cœur et nos mains s’ouvrent aux autres, c’est Dieu lui-même que nous accueillons. Jésus nous le rappelle dans l’évangile : « Qui vous accueille, m’accueille », et Dieu répond à l’accueil d’Abraham en accomplissant son désir le plus cher : il aura un fils, Isaac. A l’accueil, Dieu répond par le don. A celui qui saute dans l’inconnu, qui se risque, qui ne se méfie pas, Dieu donne le bonheur.

 Allons encore plus loin : voici maintenant dans l’évangile, Marthe et Marie, les deux sœurs. Marthe accueille Jésus de tout son cœur : l’hospitalité en Palestine, c’est sacré, même si l’on est très pauvre. Marthe veut faire voir au Seigneur tout l’amour qu’elle a pour lui. Jésus a certainement apprécié les allées et venues de Marthe et pourtant, il y avait mieux : c’était l’accueil de Marie, assise aux pieds du Christ.

Jésus nous rappelle dans l’évangile que l’on n’a pas à se soucier de ce qu’on doit dire pour se défendre, de ne pas se soucier pour la nourriture ou le vêtement. Tous ces soucis de la vie qui détournent de l’essentiel. Il y a une rencontre plus belle que celle de Marthe et du Seigneur, c’est celle de Marie avec Jésus. Elle écoute la parole de celui qu’elle accueille, elle sait que Dieu parle par lui, elle sent que Dieu veut nous parler et que l’accueillir, c’est d’abord accueillir son message, sa nouvelle d’amour, l’annonce de sa tendresse. Or, mystérieusement, toute personne a quelque chose à nous dire, si nous l’écoutons vraiment, même une personne ennemie.

Ce que Dieu promet, c’est le bonheur à tous ceux qui, en la personne de l’étranger, s’ouvrent à l’autre, sans méfiance, sans se faire de souci.

« Marie a choisi la meilleure part », dans celui qu’elle accueille, elle entend Dieu et en entendant Dieu, elle n’a plus aucun souci à se faire. Peut-être, vous direz-vous : « C’est impossible ». Dans la vie courante, chacun est bien obligé de se faire du souci et même parfois, de se méfier. C’est vrai, mais ce n’est pas l’idéal et nous devrions essayer de nous en sortir. 

Foi et confiance : ça va ensemble. On met sa foi en l’autre parce qu’on lui fait confiance. Sans confiance, notre foi est vaine. Qu’avons-nous admiré chez un Martin Luther King ? Sa foi, sa confiance et Dieu sait pourtant s’il a eu des épreuves : il en est mort.  Qu’admirons-nous chez la mère Theresa de Calcutta ? Est-ce sa méfiance ? A-t-elle pris une assurance-vie ? C’est son accueil, son respect, son amour des plus petits.

Qu’est-ce-qui nous frappe chez un Jean Vanier qui organise des villages entièrement gérés par des handicapés ? Chez un abbé Pierre qui a construit des milliers de maisons avec les chiffonniers d’Emmaüs pour des milliers de sans-logis ?

Chez Sœur Emmanuelle qui a vécu sur la plus grande décharge des ordures du monde, au Caire, en Egypte ? Elle nous donne la réponse : « Un soir, raconte-elle, j’étais dans ma cabane. J’entendais une chanson. C’était Fauzeya, ma voisine, une femme misérable, vivant dans une saleté indescriptible, battue, ne sachant ni lire, ni écrire. Elle chantait les versets de l’Evangile, les paroles de la vie : elle était sûre de son salut, sûre que le Christ l’aiderait, elle, et ses nombreux enfants ».

Pour elle, comme pour nous, l’échec, le mal, la souffrance, la mort, tout cela est écrasé par la Résurrection ! Avec foi, avec confiance, nous aussi, accueillons les autres. C’est la meilleure façon de recevoir Dieu dans ma maison.  AMEN




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 10,38-42)

« Ecoute »

(Lc 10,38-42)…

En ce temps-là, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut.
Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : « Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider. »
Le Seigneur lui répondit : « Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses.
Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée. »

        

         Marthe reçoit Jésus chez elle et commence à accomplir son devoir de maîtresse de maison avec toutes les obligations qu’elle pense être indispensables en de telles circonstances. Sa sœur Marie, elle, ne fait rien. « Assise aux pieds du Seigneur, elle écoute sa Parole », ce qui laisse supposer que Jésus parle, et que Marthe ne l’écoute pas… Elle ne le peut pas, elle a trop à faire ! Et elle est scandalisée par l’attitude de sa sœur, scandalisée et surprise que Jésus ne le soit pas lui aussi ! Elle est en effet si sûre de son bon droit qu’elle se permet de lui faire des reproches : « Cela ne te fait rien ? ». Qu’il retrouve donc son bon sens et qu’il corrige avec elle cette Marie insouciante en lui demandant de venir « l’aider » dans « les multiples occupations du service » !

            Mais non ! Ce n’est pas Marie qui se trompe… Et Jésus va interpeler Marthe en l’appelant deux fois par son nom, comme Dieu le fait lorsqu’il invite quelqu’un à le servir : « Marthe, Marthe », « Moïse, Moïse » (Ex 3,4), « Samuel, Samuel » (1Sm 3,10), « Saül, Saül » (Ac 9,4)…

            Mais Marthe est déjà, semble-t-il, à son service ! Semble-t-il, car ce qu’elle fait pour Jésus correspond-il vraiment à ce qu’il attend d’elle ? « Tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses »… Ces « choses », qui lui a demandé de les faire : le Christ, ou bien elle-même, ou une tradition toute humaine (Mc 7,1-13) ?

            N’aurait-elle pas dû d’abord demander à Jésus ce qu’il attend d’elle ? Qu’aurait-elle « fait » alors ? Elle se serait assise à ses pieds, comme sa sœur Marie,  et elle aurait « écouté sa Parole ». Alors, en se tournant vers lui, elle aurait compris qu’il est lui-même tout entier tourné vers le Père (Jn 1,18), à l’écoute de sa Parole, avec un seul désir : accomplir sa volonté (Jn 4,34 ; Lc 22,42). Et quelle est-elle ? « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4), gratuitement, par Amour…  Aussi, est-il venu les inviter, avec son Fils et par Lui, à manger à sa Table au grand festin de la Vie (Lc 14,15-24), et Lui-même les servira (Lc 12,37) !

            Marie s’est laissée invitée… Que Marthe fasse donc de même ! Alors, en accueillant cette Parole donnée par le Fils (Jn 17,8), elle recevra aussi avec elle « l’Esprit donné sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) en communiquant « la vie éternelle » (Jn 6,47 ; 6,68), cette Plénitude d’Être et de vie qui est celle de Dieu Lui-même ! Telle est « la meilleure part » qui ne leur sera pas enlevée, car Dieu nous a tous créés pour elle…

                                                  DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 16ième Dimanche du Temps Ordinaire

“ Le Christ est au milieu de vous ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 10, 38-42)

Jésus est en route vers Jérusalem. Il demande l’hospitalité. Il fait une halte chez des amis, Marthe et Marie.

Et soulignons les mots importants 

Marthe le reçut : Quelle est l’attitude de Marthe à l’égard de Jésus ?

sa maison: Selon notre propre expérience, qu’est-ce ce que la “ maison ”  évoque?

Seigneur : Ce nom donné à Jésus signifie quelque chose : quelle est l’intention de Luc?

Marie …assise aux pieds du Seigneur : Marthe fait plein de choses. Marie apparemment ne fait rien. Mais elle “ fait ” quelque chose d’essentiel en réalité! Quoi ? Que signifie son attitude ?

Accaparée : Par quel autre mot pourrions-nous remplacer ce mot ?

Tu t’inquiètes et tu t’agites…: Est-ce que Jésus ne reconnaîtrait pas le dévouement de Marthe?

La meilleure part : De quelle part il s’agit ?

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Représentons-nous la scène. Regardons Jésus qui demande l’hospitalité. Il se passe toujours quelque chose d’important quand on accueille le Seigneur Jésus. Sa présence remet de l’ordre dans la vie de celui qui l’accueille et lui consacre du temps pour l’écouter.

“ Voici, je me tiens à la porte et je frappe, dit le Christ ressuscité. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. ” (Ap. 3.20)

Pour l’animateur 

  • Jésus est en voyage et il a demandé l’hospitalité. Marthe, la maîtresse de maison, se montre accueillante, à la manière des femmes de l’Ancien Testament qui accueillaient les prophètes. La maison, dans notre expérience évoque la famille, le repos, l’hospitalité.

  • Cependant, Marthe “ s’enferme ” dans le rôle traditionnel des femmes de l’époque : au service des hommes. Et elle veut que sa sœur n’agisse pas autrement qu’elle. Le soin qu’elle porte aux choses pour améliorer l’accueil prend trop de place par rapport à l’essentiel, et l’essentiel est d’être auprès de Jésus et de l’écouter. Elle ne voit pas le risque de laisser les soucis et même le dévouement, étouffer en elle le besoin de la Parole. Elle est trop  “ accaparée ”, “ prisonnière ” de l’idée que la société se fait du rôle de la femme.

  • Jésus reconnaît que Marthe est tout à son service et à celui des disciples. Il est sensible à tout le mal qu’elle se donne. Il n’est pas question de la déprécier, ni de l’opposer à Marie

Mais Jésus  lui reproche d’accorder la priorité au service de la table, tandis qu’il justifie Marie qui fait passer l’écoute de sa parole avant toute considération.

Jésus veut éveiller Marthe à cette meilleure part d’elle-même, sa vocation à devenir pleinement disciple, pour qu’elle ne s’identifie pas à son rôle utilitaire. Jésus lui ouvre un chemin de dignité, de gratuité.

  • Marie est présentée par Luc à la communauté chrétienne (et à nous !) comme la disciple parfaite, disponible, assise aux pieds de Jésus pour écouter son enseignement. Et c’est une femme !

  • Marthe s’adresse à Jésus en l’appelant “ Seigneur ”: c’est le titre donné au Ressuscité par la première communauté chrétienne dans sa profession de foi. Luc veut enseigner que la communauté de disciples, l’écoute de la Parole de Dieu, l’intimité avec Jésus, doit être prioritaire sur les services d’ordre matériel.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Quel accueil le Seigneur Jésus trouve-t-il dans notre maison ?

Et l’hospitalité ? Accueillir un frère ou une sœur, n’est-ce pas accueillir le Christ lui-même ?

Le Christ fait un reproche amical, mais vital, à Marthe. Il désire ce tête-à-tête pour nous combler de sa présence.

Quel temps nous accordons à l’écoute du Seigneur dans sa Parole ? Dans notre vie personnelle ? Dans notre famille ? Dans notre communauté chrétienne ? 

Les deux sœurs travaillent. Marie fait le “ travail ” le plus important ! Nous faisons des tas de choses, beaucoup d’activités ?

Nos activités, même généreuses, ne cachent-elles pas quelquefois un grand vide intérieur, une profonde absence de Dieu ?

Quand deux époux ne trouvent plus rien à se dire, quel malheur !

Et quand c’est la même chose entre le Christ et nous ?

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur Jésus, qui as dit :

“ Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper moi près de lui et lui près de moi ”.

Nous avons entendu ta vivante Parole, nous t’ouvrons la porte de notre cœur, de notre maison, de notre communauté, nous te prions : sois notre hôte.

Que chacun d’entre nous dans les joies et les peines de sa route, sente le réconfort de ta présence.

Par delà les ténèbres de ce monde, conduis-nous jusqu’au matin du Jour éternel où tu nous invites toi-même, au festin du Royaume que nous offre ton Père dans sa maison, pour les siècles des siècles. Amen !

 

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




« Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? » La vocation d’Isaïe (Is 6,1-13). D. Jacques Fournier

Nous sommes l’année de la mort du roi Ozias, et donc « probablement en 740 av JC » précise en note la Bible de Jérusalem. Il régna en effet de 781 à 740 av JC, sur le Royaume de Juda, au sud d’Israël, avec comme capitale Jérusalem. Le prophète Isaïe quant à lui est né aux environs de 765 av JC. Il a donc ici 25 ans, et il est en prière dans le Temple de Jérusalem…

 

Dieu va se manifester à lui… « Je vis le Seigneur, assis sur un trône grandiose et surélevé. Sa traîne emplissait le sanctuaire », « ha-hê-āl », salle qui précédait le Debir ou « Saint des Saints » » précise encore en note la Bible de Jérusalem. Le Saint des Saints était la pièce la plus sacrée du Temple, où seul le Grand Prêtre pouvait entrer une fois par an pour accomplir les rites d’aspersion de la fête du Grand Pardon, « Yom Kippour ». Dieu y siégeait, assis sur son Trône, l’Arche d’Alliance, un trône coffre où avaient été disposées les deux Tables de la Loi ainsi qu’un peu de cette manne que le peuple hébreu récolta tous les matins dans sa longue marche au désert avec Moïse… Elle était séparée du « Saint » par un grand rideau… Celui-ci semble donc devenir comme transparent pour Isaïe : « Je vis le Seigneur, assis sur un trône grandiose et surélevé »… Autrement dit, il voit le Seigneur alors même qu’il exerce sa fonction royale, « assis sur son trône grandiose et surélevé »…

Or, dans cette sa Lumière, nous y reviendrons, il prend conscience qu’il est « un homme aux lèvres impures », « habitant au sein d’un peuple aux lèvres impures »… Autrement dit, il est pécheur, et ce qui sera dit plus tard s’applique bien à lui : son cœur est « appesanti », et ses yeux « englués » ne peuvent « voir »… A lui pourrait s’appliquer ce qui sera dit en Is 42,19 : « Qui est aveugle si ce n’est mon serviteur ? Qui est sourd comme le messager que j’envoie ? » et il habite au milieu « d’un peuple aveugle qui a des yeux » (Is 43,8)… Spirituellement parlant, « nous tâtonnons comme des aveugles cherchant un mur, comme privés d’yeux nous tâtonnons. Nous trébuchons en plein midi comme au crépuscule, parmi les bien-portants nous sommes comme des morts » (Is 59,10 ; cf. Dt 28,29). Et pourquoi ? « Ils iront comme des aveugles, parce qu’ils ont péché contre le Seigneur » (So 1,17). Cet aveuglement est donc la conséquence du péché qui, de cœur, sépare l’homme de ce « Dieu » qui « est Lumière » (1Jn 1,5) et le plonge ainsi dans les ténèbres… « Ils n’ont pas rendu à Dieu gloire ou actions de grâces, ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements, et leur cœur inintelligent s’est enténébré » (Rm 1,21).

Isaïe, pécheur, et donc aveugle de cœur ne pouvait donc pas voir Dieu… Et pourtant, ici, il le voit… Et ce simple fait qu’il commence à « voir » est déjà la mise en œuvre, dans son cœur et dans sa vie, de ce dont il va prendre conscience en le voyant : le Mystère de la Royauté de ce Dieu « siégeant sur un trône grandiose et surélevé »…

Et quelle est-elle ? Elle est la royauté de la Lumière sur les ténèbres… « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? « La Lumière a brillé dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5). Elle règne sur elles, victorieuse… Et grâce à elle, « les yeux du cœur illuminés » (Ep 1,17) peuvent voir ce que par eux mêmes, englués, blessés, ils ne pourraient pas voir : « En toi est la source de vie, par ta lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36,10).

Telle est l’expérience que vivra St Paul… Il pensait pourtant être sur le bon chemin, vivant la vraie foi au Dieu unique, et il avait du caractère et de la volonté puisqu’il obéissait parfaitement aux 613 commandements à mettre en pratique tous les jours : « Je suis Juif. Né à Tarse en Cilicie » (Ac 22,3). « Circoncis dès le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d’Hébreux » (Ph 3,5). « J’ai été élevé ici dans cette ville » de Jérusalem, « et c’est aux pieds de Gamaliel que j’ai été formé à l’exacte observance de la Loi de nos pères, et j’étais rempli du zèle de Dieu » (Ac 22,3)… Vous avez entendu parler « de mes progrès dans le judaïsme, où je surpassais bien des compatriotes de mon âge, en partisan acharné des traditions de mes pères » (Ga 1,14). « Quant à la justice que peut donner la Loi, j’étais un homme irréprochable » (Ph 3,6). Et « j’ai vécu suivant le parti le plus strict de notre religion, en Pharisien » (Ac 26,5 ; Ph 3,5)…

Et pourtant, sans le savoir, il était dans le légalisme et dans l’orgueil, et donc dans les ténèbres… Mais « le Dieu qui a dit : Que des ténèbres resplendisse la lumière, est Celui qui a resplendi dans nos cœurs, pour faire briller la connaissance de la gloire de Dieu, qui est sur la face du Christ » (2Co 4,6). Voilà ce qu’il a vécu sur la route de Damas, alors qu’il s’y rendait avec ses compagnons pour persécuter la toute jeune communauté chrétienne qui venait d’y naître… « Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait : Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu? – Qui es-tu, Seigneur ? demanda-t-il. Et lui : Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et l’on te dira ce que tu dois faire. Ses compagnons de route s’étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne. Saul se releva de terre, mais, quoiqu’il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas. Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien » (Ac 9,3-9). La lumière du Christ a ainsi conduit St Paul à prendre conscience, comme Isaïe, qu’il était « aveugle » de cœur, dans les ténèbres, lui qui pensait être dans la Lumière… « Il avait les yeux ouverts », mais en fait, « il ne voyait rien »… Ananie va venir à sa rencontre et lui proposer le baptême : « Saoul, mon frère, celui qui m’envoie, c’est le Seigneur, ce Jésus qui t’est apparu sur le chemin par où tu venais ; et c’est afin que tu recouvres la vue et sois rempli de l’Esprit Saint », l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et de vie (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). « Aussitôt il lui tomba des yeux comme des écailles, et il recouvra la vue. Sur-le-champ il fut baptisé ; puis il prit de la nourriture, et les forces lui revinrent » (Ac 9,17-18).

St Pierre lui aussi a vécu quelque chose de semblable… Alors que Jésus lui avait demandé de pouvoir monter dans sa barque pour qu’il puisse s’adresser à la foule qui s’était rassemblée au bord du rivage du lac de Tibériade, « quand il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en eau profonde, et lâchez vos filets pour la pêche. Simon répondit : Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais lâcher les filets. Et l’ayant fait, ils capturèrent une grande multitude de poissons, et leurs filets se rompaient… À cette vue, Simon-Pierre se jeta aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5,1-11). Comme pour Isaïe, dès qu’il commence à « voir » ‘quelque chose’ du Mystère de Jésus, aussitôt, il perçoit à quel point il est « un homme pécheur », et donc « aveugle de cœur », « enténébré »… Et pourtant, peu après, il verra lui aussi, comme Isaïe, le Seigneur dans sa gloire : « Prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, Jésus gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante… Pierre et ses compagnons (…) virent sa gloire » (Lc 9,28-36).

Ainsi, Isaïe, Paul, Pierre, Jean et Jacques sont des exemples de ce que Dieu fait vis-à-vis de nous tous : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous as aimés » (1Jn 4,10). Or, « aimer » pour Dieu est synonyme de « donner », gratuitement, par amour, tout ce qu’il est… Tel est le Mystère qui s’est pleinement révélé en Jésus Christ, Lui qui est ce Fils « né du Père avant tous les siècles » (Crédo) en tant que le Père lui donne d’être ce qu’il est, depuis toujours et pour toujours, en un acte éternel d’amour : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout ce qu’il est, « tout ce qui est à toi », Père, « est à moi » (Jn 17,10), tout ce qu’il a, « tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15). « Le Père, qui est vivant » (Jn 6,57), « a la vie en lui-même » (Jn 5,26) ? Ainsi « a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même » (Jn 5,26), et cela en un acte d’amour, éternel, de telle sorte que le Fils peut dire : « Je vis par le Père » (Jn 6,57). Ainsi, « le Fils, né du Père avant tous les siècles » est l’éternel « engendré, non pas créé », « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père » (Crédo). Le Père l’engendre en effet à sa vie de toute éternité en lui donnant, gratuitement, par amour, depuis toujours et pour toujours, la Plénitude de son Être et de sa vie, un Être qui « est Amour » (1Jn 4,8.16), « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière » (1Jn 1,5), « vie » (Jn 1,4)…

C’est ce même Don qui a rejoint Isaïe dans le Temple de Jérusalem, Paul sur la route de Damas, Pierre sur le lac de Tibériade, Jacques et Jean au sommet du Mont Thabor, un Don qui est offert, gratuitement, par amour, à tout homme, et qui, tôt ou tard, sait trouver le chemin des cœurs de bonne volonté pour permettre cette magnifique découverte, cette prise de conscience que Dieu, de fait, est là, depuis toujours et pour toujours, à côté de chacun d’entre nous, nous aimant tous « le premier », et se donnant donc déjà à tous pour le meilleur de chacun d’entre nous. « Votre Père des Cieux fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). Et « le Verbe », quant à lui, l’Unique éternel Engendré, « le Fils Unique » (Jn 1,14 TOB), « Dieu Fils Unique » (Jn 1,18 TOB) est la Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9). Il donne donc cet Esprit de Lumière et de Vie qu’il reçoit du Père de toute éternité à tout homme…

Ainsi, lorsque l’Evangile fut annoncé pour la première fois aux païens de la ville d’Ephèse, St Paul écrit : « C’est en lui – dans le Christ – que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire » (Ep 1,14-15). Autrement dit, quand les païens ont entendu pour la première fois « la Parole de vérité, l’Evangile du salut », avant même de répondre à cette proclamation par un acte de foi, suivi ensuite du baptême où ils furent marqués du « sceau par l’Esprit de la Promesse », autrement dit le Don de « l’Esprit Saint », ils étaient déjà « en lui », dans le Christ, unis au Christ dans la communion d’un même Esprit, ce qui est présenté d’habitude comme étant les conséquences du baptême… Tout était déjà là, tout était déjà donné, ils étaient déjà en communion avec le Christ, le Don de l’Esprit Saint s’unissant à leur esprit pour leur apporter cette Lumière nouvelle de la Vie qui leur a permis ensuite de dire « Oui, je crois » à ce qu’ils entendaient pour la première fois… Et de fait, « nul ne peut dire « Jésus est Seigneur » si ce n’est par l’Esprit Saint » (1Co 12,3 ; TOB), « s’il n’est avec l’Esprit Saint » (BJ), « sinon dans l’Esprit Saint » (CNPL), c’est-à-dire uni au Christ dans la communion d’un même Esprit… Le Don de l’Esprit nous précède donc toujours… Du côté de Dieu, il nous est déjà donné. Du côté des hommes, il habite déjà le cœur de tous, car n’oublions pas que nous avons tous été créés par le Don que Dieu nous a faits de son « souffle » de vie (Gn 2,4b-7), un Don qui nous rejoints instant après instant pour nous maintenir dans la vie (Job 34,14-15), Don de l’Esprit grâce auquel nous sommes tous « esprit, âme et corps » (1Th 5,23). Tout acte de bonne volonté est donc ouverture à la vérité, la justice, la droiture et donc ouverture à Dieu qui est Vérité, Justice, Droiture… « Dieu de vérité non pas de perfidie, il est juste, il est droit » (Dt 32,4). Mais Dieu est avant tout « Amour » et donc Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même… Cette ouverture à Dieu ne peut donc qu’être au même moment accueil du Don de Dieu qui guidera pour aller toujours plus loin dans la découverte de son « insondable richesse » (Ep 3,8)… Alors, « gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes de bonne volonté » (« Gloria in altissimis Deo et in terra pax in hominibus bonae voluntatis », Lc 2,14). En effet, le fruit de cet Esprit qu’ils accueillent par leur bonne volonté, sans en être peut-être encore conscients, « est amour, joie, paix » (Ga 5,25)…

Isaïe, de bonne volonté, pécheur comme nous le sommes tous ici-bas (Rm 3,9‑20), a donc été l’heureux bénéficiaire de cet Amour gratuit et déjà donné du Père qui l’a rejoint par sa Lumière dans ses ténèbres et lui a donné de le voir… Et il pourrait dire avec St Paul : « S’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christ », et donc Dieu avec lui et par lui, « manifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,16).

« Rempli de l’Esprit Saint » (cf. Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 2,4 ; 4,8.31 ; 6,3.5 ; 7,55 ; 9,17…) Isaïe voit donc le Roi des rois, Celui donc « le Nom est au dessus de tout nom » (Ph 2,9), « assis sur son trône grandiose et surélevé »… Et « sa Traîne emplissait le sanctuaire », le hékal, la pièce où les prêtres et les serviteurs de la liturgie pouvaient entrer, se retrouvant alors juste en face de la pièce de Dieu, le « Debir » ou « Saint des Saints »… Mais le fait que cette Traîne, attachée aux épaules de Dieu, pour continuer de coller à l’image, soit présente dans la pièce des hommes, est une façon d’affirmer sa Présence au milieu d’eux, sa proximité… Tout dit d’ailleurs cette Présence : « Et le Temple était plein de fumée » (Is 6,4). Et la note de la Bible de Jérusalem précise : « Signe de la présence de Dieu au Sinaï (Ex 19,16), dans la Tente du désert (Ex 40,34‑35), et dans le Temple de Jérusalem (1R 8,10,12 ; Ez 10,4) ».

Une petite différence de traduction entre la Septante[1] et le texte hébreu va encore redire, en des termes semblables, la Présence de Dieu, mais en élargissant encore la perspective… L’auteur emploie cette fois non pas la notion de « fumée » mais celle de « gloire, δόξα, doxa », la Gloire de Dieu renvoyant toujours, d’une manière ou d’une autre, à Dieu Lui-même, présent et agissant[2] :

            Is 6,2 : πλήρης     οκος      τῆς δόξης αὐτοῦ,

                        plêrês       o oikos       tês doxês autou

                        pleine    la maison          de sa gloire.

            Or, nous lisons un peu plus loin, dans la louange des Séraphins :

            Is 6,3 : πλήρης    πσα γ  τῆς δόξης αὐτοῦ,

                        plêrês       pasa ê gê     tês doxês autou

                        pleine    toute la terre      de sa gloire.

 

Les deux expressions sont identiques à une exception près : la localisation « géographique » de cette gloire : d’un côté, dans « la maison » (de Dieu), le Temple, et de l’autre, sur « toute la terre »… Autrement dit le Temple est rempli de la Gloire de Dieu comme l’est toute la terre : Dieu est présent partout à tout homme, comme il est présent à tous ceux qui sont dans le Temple de Jérusalem… Nos lieux de prière, en nous séparant de nos activités habituelles, en nous isolant de tout ce qui, dans le monde, est synonyme de bruits, de mouvements, de distractions, etc… nous permettent donc de revenir de tout cœur à Celui qui, de son côté, ne nous a jamais quittés… Nous nous remettons en sa Présence, nous la retrouvons ou plutôt nous nous laissons retrouver par Lui, pour ensuite revenir dans le monde, avec nos proches, nos activités, notre travail, etc… et cela dans cette même Lumière, en nous attachant désormais à éviter tout ce qui pourrait nous détourner d’elle, un combat à reprendre tous les jours, d’où le besoin de ces pauses régulières où nous sommes exclusivement tournés, de cœur, vers Lui…

« Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) ? « La terre est remplie de son amour » (Ps 33(32),5), un Amour qui est Don de tout ce qu’il est en Lui-même et il est Tout Puissant au sens où rien ni personne ne peut le mettre en échec, sinon bien sûr, le refus, en toute conscience et en toute connaissance de cause, de l’accueillir et de le laisser agir selon ce qu’il est… Ainsi, cet Amour fidèle, éternel, nous rejoint sans cesse au cœur même de notre misère ; il prend alors le visage d’une Miséricorde Toute Puissante que rien, absolument rien, ne peut mettre en échec… Avec elle et par elle, Dieu se propose alors de remporter la victoire dans nos cœurs et dans nos vies sur tout ce qui, en nous, est ténèbres…

Ps 51(50), 3-6 : « Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,

            selon ta grande miséricorde, efface mon péché.

(Septante :             Ἐλέησόν με, ὁ θεός, κατὰ τὸ μέγα ἔλεός σου

                                Èléêson me, o théos, kata to méga éleos sou

                        Fais-moi miséricorde, oh Dieu, selon ta grande miséricorde

                        καὶ κατὰ τὸ πλῆθος τῶν οἰκτιρμῶν σου ἐξάλειψον τὸ ἀνόμημά μου·

                        kai kata   to plêthos   tôn   oiktirmôn sou éxaleipson to avomêma mou ;

                        et selon la Plénitude de tes compassions, efface mon péché)

            Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.

            Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.

            Contre toi, et toi seul, j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

            Ainsi, tu peux parler et montrer ta justice, être juge et montrer ta victoire ».

Telle est la victoire de la Lumière dans le cœur d’Isaïe, de Paul, de Pierre, de Jacques et de Jean, et de nous tous si nous y consentons, une Lumière qui règne dans les ténèbres, et qui, frappant à la porte de tous les cœurs de bonne volonté, leur permettent de voir « le Seigneur » (Is 6,1), « le Roi, Dieu Sabaoth » (Is 6,5)…

Mais cet « Esprit » de « Lumière » que Dieu donne, et qui est ce par quoi il vit et s’exprime depuis toujours et pour toujours (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5), est souvent comparé dans la Bible à un feu… Ainsi, quand Dieu conclut une Alliance avec Abraham, il lui apparut sous la forme d’un « brandon de feu » (Gn 15,17). Puis, lorsqu’il se manifesta à Moïse, il lui apparut « dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson » (Ex 3,1s)… « Ton Dieu est un feu dévorant » (Dt 5,25)… « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Il est donc aussi « feu » et Jean Baptiste résume ainsi toute la mission de Jésus à notre égard : « Pour moi, je vous baptise dans de l’eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi (…), lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3,11 ; cf. Ac 2,1-4). Ce feu purifie les cœurs, de telle sorte que s’ils acceptent de le laisser agir, ils pourront vivre cette Béatitude : « Heureux les cœurs purs », car purifiés ; « ils verront Dieu » (Mt 5,8)…

C’est ce qu’a vécu ici Isaïe puisque, malgré ses « lèvres impures », « je vis le Seigneur », dit-il. Oui, « mes yeux ont vu le Roi, Dieu Sabaot » (Is 6,1.5). Mais il va pourtant vivre tout un rituel qui lui permettra en fait de prendre conscience de ce que Dieu a déjà réalisé dans son cœur…

Ce rituel va être accompli par un « Séraphim », littéralement, en hébreu, « un brûlant », mystérieuse créature spirituelle qui participe pleinement à ce que Dieu seul est en Lui-même, et il est « feu »… « L’un des Séraphims vola vers moi », « fut envoyé vers moi, d’après la Septante (« ἀπεστάλη πρὸς μὲ, apestalên pros mè »), « tenant dans sa main une braise qu’il avait prise avec des pinces sur l’autel. » Or l’autel symbolise la Présence de Dieu au milieu de son peuple. Cette « braise » va donc évoquer à son tour ce que Dieu est en Lui-même, et il est « feu »… Isaïe venait de déclarer : « Je suis un homme aux lèvres impures » ? Le Séraphim « me toucha la bouche » avec « la braise » « et dit : Voici, ceci a touché tes lèvres, ta faute est effacée, ton péché est pardonné. » Il suffit donc d’un contact, un seul, bref, rapide, entre Dieu et l’homme pour que tout ce qui faisait obstacle entre lui et nous, avec leurs inévitables conséquences, disparaisse… Et Dieu le réalise par le Don de son Esprit de Lumière et de Feu qui accomplit alors en nous des merveilles de restauration, de salut, de guérison intérieure et de vie…

La maladie était comprise à l’époque comme la conséquence du péché ? La lèpre apparaissait alors comme le fruit le plus grave du péché, un lépreux étant comme un « mort vivant », la lèpre rongeant son corps de son vivant comme le fait la mort dans le tombeau… Un jour, « il y avait un homme plein de lèpre », qui représente donc, dans les croyances de l’époque, un grand pécheur. « À la vue de Jésus, il tomba sur la face et le pria en disant : Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier. Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois purifié. Et aussitôt la lèpre le quitta » (Lc 5,12-13). Comme pour Isaïe, un contact a suffi… Purifié de sa lèpre, il reste alors l’homme, pleinement homme, pleinement lui-même, « à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), c’est-à-dire « participant l’être et la vie du Dieu vivant » (P. Ceslas Spicq)… Nous avons tous été créés pour cela : vivre de la vie même de Dieu, en étant nous aussi, par grâce, par suite de la Miséricorde Toute Puissante de Dieu, ce que Dieu Est de toute éternité : « Par elles », la Gloire et la Puissance du Christ, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), « les précieuses, les plus grandes promesses nous ont été données, afin que vous deveniez ainsi participants de la divine nature, vous étant arrachés à la corruption qui est dans le monde, dans la convoitise » (2P 1,4). Et tout cela n’est possible que par l’action de Dieu Lui‑même, au cœur de notre misère, au cœur de notre faiblesse : « Vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints dans la lumière. Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien‑aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés » (Col 1,12-14).

C’est ce qu’a vécu le prophète Isaïe au jour de son appel par Dieu dans le Temple de Jérusalem. « Par ta lumière, nous voyons la lumière » (Ps 36,10). Par la Lumière reçue, gratuitement, par amour, une Lumière victorieuse de toute forme de ténèbres, nous voyons la Lumière, c’est-à-dire Dieu Lui-même puisque « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5)… « Je vis le Seigneur… Mes yeux ont vu le Roi, Dieu Sabaoth » (Is 6,1.5). Et tout le rituel de purification que le Séraphim a ensuite accompli à son égard n’a été réalisé que pour lui permettre de comprendre ce que Dieu avait déjà fait en lui et pour lui…

Nous pourrions redire la même chose avec l’image de l’eau, appliquée souvent elle aussi à l’Esprit Saint, le Don de Dieu… Avec cette image, Dieu est alors présenté comme celui qui lave « les cœurs englués », et les abreuve de son eau (Jn 4,10‑14 ; 7,37-39 ; 19,34 ; 20,22), permettant ainsi à la vie de s’épanouir pleinement… Lisons ce passage du prophète Ezéchiel qui commence par souligner l’infidélité d’Israël, et qui insiste sur le fait que si Dieu agit ainsi à leur égard, ce n’est vraiment pas parce qu’ils le méritent, bien au contraire… Non, l’action de Dieu est totalement gratuite, et elle va manifester « sa sainteté », c’est‑à-dire « qui » il est, car cette notion de « sainteté » renvoie dans la Bible à ce que Dieu est en lui-même[3]… « Saint, saint, saint est le Seigneur Sabaoth », proclament les Séraphins en Is 6,3. Et c’est bien parce qu’il est Saint, c’est-à-dire le seul à être ce qu’il est, et il est Amour (1Jn 4,8.16), Pur Amour qui ne cesse de se donner pour notre bien à tous, que Dieu va agir ainsi à l’égard d’Isaïe, une action qu’il se propose d’accomplir pour nous tous, comme il le promettra d’ailleurs plus tard par le prophète Ézéchiel (6° siècle av JC) :

Ez 36,22-28 : « Eh bien ! dis à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur Dieu.

Ce n’est pas à cause de vous que j’agis de la sorte, maison d’Israël,

   mais c’est pour mon saint nom,

que vous avez profané parmi les nations où vous êtes venus.

Je sanctifierai mon grand nom

qui a été profané parmi les nations au milieu desquelles vous l’avez profané.

Et les nations sauront que je suis le Seigneur – oracle du Seigneur Dieu –

quand je ferai éclater ma sainteté, à votre sujet, sous leurs yeux.

Alors je vous prendrai parmi les nations,

je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol.

Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ;

de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai.

Et JE VOUS DONNERAI un cœur nouveau,

je mettrai en vous (litt. JE DONNERAI en vous) un esprit nouveau,

j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et JE VOUS DONNERAI un cœur de chair.

Je mettrai mon Esprit en vous ((litt. jJE DONNERAI mon Esprit en vous)

et je ferai que vous marchiez selon mes lois

et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes.

Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères.

Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. »

Autrement dit, c’est parce que Dieu est Saint, parce qu’il est le seul à être ce qu’il est, qu’il va agir de la sorte envers Israël infidèle et pécheur… En effet, la sainteté de Dieu est de l’ordre de l’Amour, puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). « Dieu est saint » (cf. Is 6,3) parce que « Dieu est Amour », et l’Amour est par nature Don de tout ce qu’il est en lui-même : « Le propre de l’Amour est de se répandre, de se donner »[4]. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? « Dieu est Saint » (Ps 99(98)) ? Il ne cesse de donner l’Esprit Saint. Israël infidèle et pécheur accepte de le laisser faire ? Alors, gratuitement, par amour, en mettant en œuvre le Don de son Esprit Saint, « en répandant » en leurs cœurs « l’eau pure » de son Esprit, il va les laver, les « purifier de toutes ses souillures et de toutes ses ordures » leur donnant ainsi « un cœur nouveau » par le Don « en lui de son Esprit », cet « Esprit Saint qui sanctifie » le pécheur (2Th 2,13). Et ce qu’il était incapable d’accomplir autrefois, « marcher selon les lois de Dieu, observer et pratiquer ses coutumes », il pourra le faire grâce à la Force de cet Esprit en lui (cf. Ac 1,8 ; 2Tm 1,7)…

Nous le constatons ainsi avec cet exemple : puisque Dieu est ce qu’il est, et donc puisqu’il est Saint, Pur Amour et Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même, et cela pour le seul bien de l’autre, Dieu purifie l’impur, sanctifie le pécheur, justifie l’injuste (Rm 3,21-26), fortifie le faible, transforme en Lumière ce qui est ténèbres, en douceur ce qui est dureté… Avec Lui et grâce à Lui, « les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent » (Mt 11,5). Il suffit de tout lui offrir, de tout cœur, inlassablement, encore et encore, et de le laisser agir…

Isaïe entend ensuite la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui ira pour nous ? » La Septante a : « τίς πορεύσεται πρὸς τὸν λαὸν τοῦτον ; tis poreusetai pros ton laon touton ? Qui ira vers ce peuple ? ». Autrement dit, Isaïe est appelé à aller vers ce « peuple aux lèvres impures » « au milieu » duquel « il habite »… « Le Seigneur me dit : Va, et tu diras à ce peuple : Écoutez, écoutez, et ne comprenez pas ; regardez, regardez, et ne discernez pas. Appesantis le cœur de ce peuple, rends-le dur d’oreille, englue-lui les yeux, de peur que ses yeux ne voient, que ses oreilles n’entendent, que son cœur ne comprenne, qu’il ne se convertisse et ne soit guéri » (Is 6,9-10). La manière dont Dieu s’exprime ici semble sous entendre une action directe pour qu’il en soit ainsi, alors que ce ne sont que les conséquences du péché qui sont décrites… Nous lisons de même dans le Livre de l’Exode, « Dieu endurcit le cœur de Pharaon » (Ex 10,20)… Mais non, telle est encore une de ces imperfections de l’Ancien Testament qui, en cet exemple particulier et en d’autres, offre un regard sur Dieu « imparfait et provisoire »[5]. Et c’est d’ailleurs ce même Livre de l’Exode qui affirme quatre fois : « Le cœur de Pharaon s’endurcit et il ne les écouta pas, comme l’avait prédit le Seigneur » (Ex 7,13.22 ; 8,15 ; 9,35).

Isaïe doit donc s’adresser à un peuple « dur d’oreille », avec des « oreilles qui n’entendent pas » : ce sont « des sourds qui ont des oreilles » (Is 43,8), avec en plus « un cœur qui ne comprend pas »… La mission ne sera donc pas facile… Elle semble même par avance vouée à l’échec… Pourtant, qu’Isaïe n’oublie pas ce qu’il a lui‑même vécu… Dieu a frappé à la porte de sa bonne volonté (Ap 3,20), et il n’a pas refusé d’ouvrir les yeux, « je vis le Seigneur… » et d’entendre ce qui lui était dit, « j’entendis la voix du Seigneur qui disait… », contrairement par exemple aux adversaires d’Etienne qui, eux, n’ont pas voulu entendre ce qu’il disait :

Ac 7,55-58 : « Tout rempli de l’Esprit Saint », cet Esprit de Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) qui permet de voir la Lumière (Ps 36,10), Etienne « fixa son regard vers le ciel ; il vit alors la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Ah! dit-il, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Jetant alors de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles et, comme un seul homme, se précipitèrent sur lui, le poussèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. »

La possibilité d’un refus existe donc toujours mais l’œuvre de Dieu, Isaïe l’a lui-même vécu, consiste justement à « ouvrir les oreilles et les yeux » de celles et ceux qui sont de bonne volonté et cherchent sincèrement la vérité… Recevant le même Esprit, ils vivront alors eux aussi ce que lui-même a vécu :

« En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre et, délivrés de l’ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront » car ce jour sera « le jour du Seigneur Sabaoth » (Is 2,12 ; 30,26 ; 49,8), le jour où ce sera avant tout Dieu Lui-même qui sera à l’œuvre avec et par la Toute Puissance de sa Miséricorde agissant au cœur même de la mission de ses envoyés… Ce jour-là, « les malheureux trouveront toujours plus de joie dans le Seigneur, les plus pauvres des hommes exulteront à cause du Saint d’Israël » (Is 29,18-19). « Que soient pleins d’allégresse désert et terre aride, que la steppe exulte et fleurisse ; comme l’asphodèle, qu’elle se couvre de fleurs, qu’elle exulte de joie et pousse des cris, la gloire du Liban lui a été donnée, la splendeur du Carmel et de Saron. C’est eux qui verront la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains affaiblies, affermissez les genoux qui chancellent », car en effet « le péché m’a fait perdre mes forces » (Ps 31(30),11)… « Dites aux cœurs défaillants : Soyez forts, ne craignez pas ; voici votre Dieu. C’est la vengeance qui vient », Dieu se vengeant du mal et de toutes ses conséquences en remportant sur lui la victoire, « enlevant » (Jn 1,29) nos ténèbres pour nous donner sa Lumière (Jn 12,46), enlevant la mort pour nous donner la vie (Rm 6,23), car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Telle est cette « rétribution divine qui vient », prophétisait Isaïe. « C’est lui qui vient vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue du muet criera sa joie », une phrase que Jésus reprendra pour répondre à Jean Baptiste qui, emprisonné, avait « envoyé de ses disciples pour lui demander : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,2-6). Et tout cela se réalisera par le Don de l’Esprit, le Don gratuit de l’Amour, Eau pure qui purifie, Eau vive qui vivifie : « Parce qu’auront jailli les eaux dans le désert et les torrents dans la steppe. La terre brûlée deviendra un marécage, et le pays de la soif, des eaux jaillissantes… Ceux qu’a libérés le Seigneur reviendront, ils arriveront à Sion criant de joie, portant avec eux une joie éternelle. La joie et l’allégresse les accompagneront, la douleur et les plaintes cesseront » (Is 35 ; cf. Ap 21,4).

Telle sera toute la mission de ce mystérieux serviteur, une figure accomplie par le Christ et toujours actuelle par son Eglise « Corps du Christ » (1Co 12,12-13), blessée, certes, ayant besoin elle aussi de guérison, certes, mais servante elle aussi à la suite du Christ Serviteur… « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît » (cf. Mc 1,11). « J’ai mis sur lui mon Esprit, il présentera aux nations le droit. Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue ; il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui faiblit », deux images qui renvoient au pécheur blessé… « Fidèlement, il présente le droit ; il ne faiblira ni ne cédera jusqu’à ce qu’il établisse le droit sur la terre, et les îles attendent son enseignement. Ainsi parle le Seigneur Dieu, qui a créé les cieux et les a déployés, qui a affermi la terre et ce qu’elle produit, qui a donné le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent » (cf. Gn 2,4b-7). « Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice, je t’ai saisi par la main, et je t’ai modelé, j’ai fait de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour extraire du cachot le prisonnier, et de la prison ceux qui habitent les ténèbres » (Is 42,1-7)… « Je conduirai les aveugles par un chemin qu’ils ne connaissent pas, par des sentiers qu’ils ne connaissent pas je les ferai cheminer, devant eux je changerai l’obscurité en lumière et les fondrières en surface unie. Cela, je le ferai, je n’y manquerai pas » (Is 42,16). Alors, si autrefois «  nous tâtonnions tous comme des aveugles cherchant un mur, comme privés d’yeux nous tâtonnions », si autrefois « nous trébuchions en plein midi comme au crépuscule », si autrefois « parmi les bien-portants nous étions comme des morts » (Is 59,10) maintenant, « sourds, entendez ! Aveugles, regardez et voyez ! » (Is 42,18) car « elle est venue ta lumière et sur toi resplendit la gloire du Seigneur… Le Seigneur sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta splendeur… Le Seigneur sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront accomplis » (Is 60,1.19-20)…

La mission d’Isaïe consistera donc à faire en sorte que tous ceux et celles qu’il rencontrera puissent vivre eux aussi ce que lui-même a vécu… Et il en est en fait de même pour toute personne ayant rencontré le Christ Sauveur, avec ce Trésor de Miséricorde et de Vie qu’il est venu offrir à tous… Paul était dans les ténèbres ? Le Christ lui a ouvert les yeux (Ac 9) ? Comme Isaïe, voici la mission qu’il reçut : « relève-toi et tiens-toi debout. Car voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi. C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes, vers lesquelles je t’envoie, moi (cf. Is 6,8), pour leur ouvrir les yeux, afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés » (Ac 26,16-18).

Cette « part d’héritage » est ce Don de l’Esprit Saint, donné gratuitement par l’Amour dont « le propre est de se répandre, de se donner » (Pape François)[6]… C’est par ce Don gratuit et « inconditionnel » (Pape François)[7] que tout s’accomplit, par lequel tout est donné, même si, bien sûr, « tout don, pour être tel, doit avoir quelqu’un disposé à le recevoir »[8]… Souvenons-nous d’Ep 1,13 : « Après avoir entendu la Parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s’est acquis, pour la louange de sa gloire » (Ep 1,13-14). La foi est confiance, ouverture de cœur à Dieu, abandon, le laissant accomplir en nous ce qu’il désire… Ressuscité, le Christ « vint » à ses disciples, « se tint au milieu et leur dit : « La paix soit avec vous »… Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » » (Jn 20,19-23). « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? « Dieu est Saint » (Ps 98) ? Avec et par ce Don gratuit de l’Amour, le projet du Dieu créateur s’accomplit pour quiconque y consent : « Que Dieu soit tout en tous » (1Co 15,28)…

                                                                          D. Jacques Fournier

 

[1] Traduction grecque du texte hébreu de l’Ancien Testament, réalisée par la communauté juive d’Alexandrie à partir du 3° s. av JC.

[2] Voir une synthèse sur la notion de gloire en annexe.

[3] Voir une synthèse sur la notion de sainteté en annexe.

[4] Pape François, audience du mercredi 14 juin 2017. : «

[5] Concile Vatican II, « Dei Verbum », & 15.

[6] Pape François, audience du mercredi 14 juin 2017 (cf. note 4).

[7] Id.

[8] Pape François, « Lettre apostolique DESIDERIO DESIDERAVI » du 29 juin 2022, & 3.

EXCURSUS :

         1 – NOTION DE GLOIRE : cliquer sur le titre ci-après : Gloire de Dieu

         2 – NOTION DE SAINTETÉ : cliquer sur le titre ci-après : Sainteté de Dieu




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 10 juillet 2022

Lectures : Dt 30, 10-14 ; Ps 18B (19) ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37

Frères et sœurs, une nouvelle foi, en ce 15ème dimanche du Temps Ordinaire, les lectures nous orientent vers une écoute nécessaire de la Parole de Dieu, en vue de la mettre en pratique. Les textes insistent bien sur ces deux aspects à ne pas dissocier : l’écoute et la pratique de la Parole. Voyons ce qui nous est dit dans les textes…

Dans la première lecture, tirée du livre de Deutéronome, Moïse invite le peuple à un accueil total de la Parole du Seigneur. Moïse précise trois verbes : écouter, observer, revenir au Seigneur. Tout commence par une écoute attentive de la Parole pour pouvoir l’observer et ainsi revenir au Seigneur de tout son cœur et de toute son âme.

Ce conseil de méditer constamment la Parole de Dieu date de bien longtemps. C’est en vue de notre bien et de notre bonheur ! Ce que Dieu nous commande de faire ne nous est pas inaccessible. Dieu n’imposerait jamais quelque chose que nous ne pourrions pas porter. Dieu ne demande pas l’impossible. La Parole de Dieu se fait proche nous dit Moïse : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ».

►Le psalmiste, dans le Psaume 18, montre à quel point il est nécessaire d’accueillir ce que Dieu nous dit :

  • « La loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie » ; la charte du Seigneur est sûre » ;

  • « Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur » ;

  • « Le commandement du Seigneur est limpide, il clarifie le regard » ;

  • « Les décisions du Seigneur sont justes et vraiment équitables ».

La Parole de Dieu est parfaite et juste ! Elle est un guide pour tous les hommes. Pour le psalmiste, ce que Dieu dit est plus désirable que l’or. Je vous invite en ce début de vacances, dans les prochains jours, à méditer ce Psaume, pour faire le point sur notre rapport à la Parole de Dieu. Comment ces versets nous interpellent-ils ? La Parole de Dieu est efficace à condition de l’intérioriser. C’est ainsi que l’Esprit Saint nous apprendra de quelle manière agir dans les différentes circonstances de nos vies.

Dans l’Évangile, le docteur de la Loi nous rappelle ce qu’il y a au cœur de la Loi de Dieu, en vue d’obtenir la vie éternelle : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même ». Le docteur de la Loi cite deux passages majeurs de la Loi, tirés du livre du Deutéronome et du livre du Lévitique[1].

 

Aimer Dieu de toute sa personne et aimer son prochain : voilà ce qu’il y a au cœur de la Parole de Dieu ! Mais qui est mon prochain ? Pertinente question ! Jésus ne donnera pas une définition du prochain mais pour comprendre qui est notre prochain, il nous donne la parabole du « Bon samaritain », que nous connaissons bien. Le bon Samaritain est d’abord la figure de Jésus qui se fait proche de nous et qui prend soin de nous.

L’exemple du Samaritain n’est pas un choix hasardeux de la part de Jésus. L’inimitié entre les Juifs et les Samaritaines est déjà ancienne à l’époque de Jésus. Une véritable hostilité régnait entre eux. Les Samaritains étaient rejetés des Juifs. Et pourtant, c’est bien un samaritain, rejeté, blessé lui-même par le rejet, qui a su se rendre proche de l’homme blessé par les bandits.

Cela nous rappelle deux points :

  • Les autres ne sont pas moins capables d’aimer que nous.

  • Chacun, avec son lot de blessures, est capable d’aimer à condition qu’il se laisse aimer par le Christ qu’il laisse le Christ panser ses blessures.

Aimer son prochain c’est se rendre finalement proche de l’autre, vivre la charité. Dans l’Évangile, cinq verbes expriment cette charité : s’approcher, panser, charger, conduire, prendre soin. C’est ce que le Christ fait à notre égard. C’est ce que nous devons apprendre à faire les uns envers les autres.

Frères et sœurs, puissions-nous mieux nous attacher au Christ durant ce temps de vacances qui commence, dans une fidélité à la Parole de Dieu et à l’Eucharistie. C’est la base pour pouvoir aimer son prochain…

►Je terminerai avec la deuxième lecture, de saint Paul aux Colossiens. J’offre également cette lecture à votre méditation, dans la semaine à venir. Saint Paul nous offre une christologie très riche. Il nous donne une panoplie de titres pour désigner Jésus comme le Maître et le Seigneur de toute la création :

  • « En lui, tout fut créé » ;

  • « Tout est créé par lui et pour lui » ;

  • « Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » ;

  • « Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église » ;

  • « C’est lui le commencement ».

En Jésus habite la plénitude de Dieu ! Nous sommes en lui et pour lui ! Ne lui fermons pas notre cœur ! Jésus nous porte et il nous confie à cette auberge qu’est l’Église. Que le Seigneur nous donne de mieux chérir notre appartenance à son Église.

Gloire et louange à toi Seigneur Jésus !

Père Rodolphe Emard.

[1] Cf. Dt 6, 5 et Lv 19, 18.




« Présence du Sedifop à la fête des familles (26 juin 2022) »

Sur le site des Grands Kiosques, à la Plaine des Cafres, a eu lieu, le dimanche 26 juin, la « Dixième Rencontre Mondiale des Familles ».

Géraldine et Patrick Renda Ichouza y étaient pour présenter le Sédifop et ses différentes activités, avec notamment le programme du Cycle Long 2023…