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Audience Générale du Mercredi 6 Avril 2022

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 6 Avril 2022


Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Samedi et dimanche derniers, je me suis rendu à Malte : un Voyage Apostolique prévu depuis un certain temps : il a été reporté de deux ans, à cause du Covid et de ces choses. Peu de gens savent que Malte, bien qu’étant une île au milieu de la Méditerranée, a reçu l’Évangile très tôt. Pourquoi ? Parce que l’apôtre Paul fit naufrage près de ses côtes et eut miraculeusement la vie sauve, avec tous ceux qui se trouvaient sur le bateau, soit plus de deux cent soixante-dix personnes. Les Actes des Apôtres racontent que les Maltais les accueillirent tous, et dit ces mots « avec humanité peu ordinaire » (28,2). C’est important, ne l’oubliez pas : « avec humanité peu ordinaire ». J’ai choisi ces mots : avec une humanité peu ordinaire, comme thème de mon Voyage, parce qu’ils indiquent le chemin à suivre non seulement pour affronter le phénomène des migrants, mais plus généralement pour que le monde devienne plus fraternel, plus vivable, et soit sauvé d’un « naufrage » qui nous menace tous, nous qui sommes – comme nous l’avons appris – dans la même embarcation, tous. Malte est dans cet horizon un lieu-clé.

Tout d’abord, géographiquement, en raison de sa position au centre de la Mer entre l’Europe et l’Afrique, mais qui baigne aussi l’Asie. Malte est une sorte de « rose des vents », où les peuples et les cultures se rencontrent ; c’est un point privilégié d’où l’on peut observer à 360° la région méditerranéenne. Aujourd’hui on parle souvent de « géopolitique », mais malheureusement la logique dominante est celle des stratégies des Etats les plus puissants pour faire valoir leurs intérêts en étendant leur zone d’influence économique, ou d’influence idéologique et ou d’influence militaire : nous le constatons avec la guerre. Malte représente, dans ce cadre, le droit et la force des « petits », des Nations petites, mais riches d’histoire et de civilisation, qui devraient promouvoir une autre logique : celle du respect et de la liberté, celle du respect et aussi la logique de la liberté, de la convivialité des différences, opposée à la colonisation des plus puissants. C’est ce que nous constatons actuellement. Et pas seulement d’un côté : également d’autre … Après la Seconde Guerre mondiale, l’on a tenté de jeter les bases d’une nouvelle histoire de paix, mais malheureusement – nous n’apprenons pas, eh ? – s’est perpétuée la vieille histoire des grandes puissances concurrentes. Et, dans la guerre actuelle en Ukraine, nous sommes témoins de l’impuissance de l’Organisation des Nations Unies.

Deuxième aspect : Malte est un lieu-clé en ce qui concerne le phénomène des migrations. Au centre d’accueil Jean XXIII, j’ai rencontré de nombreux migrants qui sont arrivés sur l’île après de terribles périples. Nous ne devons jamais nous lasser d’écouter leurs témoignages, car c’est le seul moyen d’échapper à la vision déformée qui circule souvent dans les médias de masse et de pouvoir reconnaître les visages, les histoires, les blessures, les rêves et les espoirs de ces migrants. Chaque migrant est unique : ce n’est pas un numéro, c’est une personne ; il est unique comme chacun d’entre nous. Chaque migrant est une personne avec sa propre dignité, ses racines, sa culture. Chacun d’eux est porteur d’une richesse infiniment plus grande que les problèmes qu’il apporte. Et n’oublions pas que l’Europe s’est faite par les migrations.

Bien sûr, l’accueil doit être organisé – et ceci est vrai – doit être gouverné, et encore avant, largement plus tôt, il faudrait qu’il soit planifié ensemble, au niveau international. Parce que le phénomène migratoire ne peut être réduit à une urgence, c’est un signe de notre temps. Et il doit être lu et interprété comme tel. Il peut devenir un signe de conflit, ou un signe de paix. Cela dépend de la façon dont nous le prenons, cela dépend de nous. Ceux qui créé le Centre Jean XXIII à Malte ont fait le choix chrétien et c’est pourquoi ils l’ont appelé « Peace Lab » : laboratoire de la paix. Mais je tiens à dire que Malte dans son ensemble est un laboratoire de la paix ! La nation entière, avec son attitude, avec son attitude propre est un laboratoire de la paix. Et Malte peut accomplir sa mission si elle puise dans ses racines la sève de la fraternité, de la compassion et de la solidarité. Le peuple maltais a reçu ces valeurs en même temps que l’Évangile, et grâce à l’Évangile, il pourra les garder vivantes.

C’est pourquoi, comme évêque de Rome, je suis allé confirmer ce peuple dans la foi et la communion. En effet – troisième aspect – Malte est également un lieu-clé du point de vue de l’évangélisation. De Malte et de Gozo, les deux diocèses du pays, de nombreux prêtres et religieux, ainsi que des fidèles laïcs, sont partis, portant le témoignage chrétien dans le monde entier. Comme si le passage de saint Paul avait laissé la mission dans l’ADN des Maltais ! C’est pourquoi ma visite était avant tout un acte de gratitude, de reconnaissance envers Dieu et envers son peuple saint et fidèle qui est à Malte et à Gozo.

Cependant, là aussi souffle le vent du sécularisme et de la pseudo-culture mondialisée à base de consumérisme, de néo-capitalisme et de relativisme. Là aussi, est donc venu le temps d’une nouvelle évangélisation. Ma visite à la Grotte de Saint-Paul, comme celle de mes Prédécesseurs, a été comme un retour à la source, pour que l’Évangile jaillisse à Malte avec la fraîcheur des origines et ravive son grand patrimoine de religiosité populaire. Ceci est symbolisé par le Sanctuaire marial national de Ta’ Pinu, sur l’île de Gozo, où nous avons célébré une intense rencontre de prière. Là, j’ai senti battre le cœur du peuple maltais, qui a tant confiance en sa Sainte Mère. Marie nous ramène toujours à l’essentiel, au Christ crucifié et ressuscité, et ceci pour nous, à son amour miséricordieux. Marie nous aide à raviver la flamme de la foi en puisant dans le feu de l’Esprit Saint, qui anime la joyeuse annonce de l’Évangile de génération en génération, car la joie de l’Église est d’évangéliser ! N’oublions pas cette phrase de saint Paul VI : la vocation de l’Église est d’évangéliser, la joie de l’Église est d’évangéliser. Ne l’oublions plus : c’est la plus belle définition de l’Église.

Je saisis cette occasion pour renouveler mes remerciements à Monsieur le Président de la République de Malte si courtois et si fraternel : merci à lui et à sa famille ; à Monsieur le Premier Ministre et aux autres autorités civiles, qui m’ont accueilli avec tant de gentillesse ; ainsi qu’aux évêques et à tous les membres de la communauté ecclésiale, aux volontaires et à ceux qui m’ont accompagné dans la prière. Je ne voudrais pas omettre de mentionner le centre d’accueil Jean XXIII pour les migrants : là, ce frère franciscain [le père Dionisio Mintoff] qui le dirige, a 91 ans et il continue à travailler ainsi, avec des collaborateurs du diocèse. C’est un exemple de zèle apostolique et d’amour pour les migrants, dont on a tant besoin aujourd’hui. En effet avec cette visite, nous semons, mais c’est le Seigneur qui fait pousser. Que son infinie bonté accorde des fruits abondants de paix et de tout bien au cher peuple maltais ! Merci au peuple maltais pour son accueil tellement humain et ainsi chrétien. Merci beaucoup.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier l’Office International de l’Enseignement Catholique et les jeunes venus de France et de Belgique.

Frères et sœurs, en ces moments où le monde fait face à de grands phénomènes migratoires, apprenons, à l’exemple des Maltais, à vaincre l’indifférence et la peur de l’autre afin de construire des sociétés fondées sur l’accueil et la solidarité.

Sur chacune de vos personnes, j’invoque la Bénédiction de Dieu.




Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Francis COUSIN (Lc 22, 14-23.56)

« Priez pour ne pas entrer en tentation. »

 

Le premier dimanche de ce carême, nous avons vu Jésus être emmené par l’Esprit dans le désert, et là, y être tenté par le diable. Mais le diable ne put rien faire contre lui car chaque fois Jésus lui répondait par une phrase de la bible qui citait la Parole de Dieu.

« Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » (Lc 4,13)

Aujourd’hui, jour des Rameaux et de la Passion, nous voici arrivé à ce moment fixé pour lequel le diable va revenir influencer les uns ou les autres pour que Jésus ne puisse pas arriver au bout de sa mission sur terre … mourir sur la croix en portant nos péchés.

Et on le verra bien tout au long de cette semaine sainte, le diable sera toujours présent, même s’il n’apparaît pas directement … D’ailleurs, dans l’un des films sur la Passion de Jésus, tout au long du chemin de croix, on voit un homme tout en noir, toujours en arrière-plan, qui essaie d’influencer les gens … C’est le diable.

Ainsi, tout le carême est encadré par le diable et ses tentations, et cette Parole de Jésus : « Priez pour ne pas entrer en tentation. », qui donne la solution pour résister à la tentation.

Et je pense que beaucoup d’entre nous ont utilisé cette solution pour pouvoir tenir leurs promesses de carême …

Regardons ce qui se passe à partir du jeudi saint : Jésus annonce à ses disciples que l’un d’entre va le livrer. Qui est-ce ? Bataille entre les disciples : « Cela ne peut pas être moi, je suis meilleur que toi ! », « non, c’est moi… ». Le diable est là.

Jésus donne une bouchée à Judas, et dès qu’il eut pris la bouchée « Satan entra en lui. » (Jn 13,27).

Puis c’est l’annonce du reniement de Pierre. « Mais non, Seigneur, pas moi ! ». « Le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. ». Et trois fois Pierre nia connaître Jésus. Satan toujours !

A Gethsémani, Jésus prie son Père pour avoir la force d’aller jusqu’au bout, « Non pas ma volonté, mais la tienne. ». Et Dieu soutient Jésus.

Mais quand il retourne vers les apôtres, … ils dorment, et n’ont pas prié comme il l’avait demandé. Satan encore.

Arrivés au Golgotha, et Jésus mis en croix, on entend : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même ! ». Ce sont les mêmes paroles que celle du diable lors des tentations au désert !

On a l’impression que quasiment tout le peuple est contre Jésus, sous l’impulsion du diable.

Pourtant, certains prennent la défense de Jésus … et ils sont peu nombreux …

D’abord Pilate, qui par trois fois va dire aux scribes et aux pharisiens : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » et qui accepta à regret la condamnation, à cause de l’insistance des autorités juives. C’est lui qui fit installer l’écriteau : « Celui-ci est le roi des Juifs. ».

Le bon larron, dont les évangiles apocryphes nous donnent le nom : saint Dismas : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »

Il y avait aussi quelques femmes, dont Marie sa mère, et Jean.

Puis, après la mort de Jésus, la réaction du centurion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15,39).

Enfin, Joseph d’Arimathie, qui demanda à Pilate l’autorisation de donner à Jésus une sépulture.

Sans doute Satan devait se réjouir : il avait réussi à monter quasiment tous les juifs contre Jésus, et celui-ci était mort …

Il pensait avoir gagné !

Mais c’était sans compter sur l’amour inconditionnel du Père pour son fils, et sur sa toute-puissance …

Satan a encore été vaincu !

Seigneur Jésus,

Satan t’avait donné rendez-vous

pour toute cette semaine.

Il pensait avoir gagné.

Mais ton Père t’a ressuscité,

et la vie a vaincu la mort.

Mais Satan est toujours à l’œuvre,

dans nos vies,

dans le monde,

pour permettre le chaos

physique et spirituel.

Prions pour ne pas entrer en tentation.

 

                                                                                   Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Carême C 6° Rameaux




Dimanche des Rameaux et de la Passion – Homélie du Père Louis DATTIN

Passion

Lc 22, 14-23.56

Nous avons lu successivement l’Evangile des Rameaux et celui de la Passion. Tout d’abord une foule enthousiaste qui acclame Jésus, tenant en mains des rameaux, étendant des vêtements sous ses pas, criant sa bienvenue à celui qu’elle veut mettre à sa tête. Ils sont là, des centaines, des milliers peut-être, à l’acclamer, à crier :

« Jésus Sauveur, vive le Messie ! Hosanna ! »

Ça, c’est la foule du dimanche. C’est notre assemblée d’aujourd’hui.

Cinq jours après : le vendredi, la même foule est massée devant le palais de Pilate et n’a qu’une réponse aux questions de Pilate qui veut délivrer cet innocent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Plus de rameaux, mais des poings tendus. Plus d’hosannah, mais des blasphèmes. Plus de vêtements sous ses pas, mais un homme dépouillé, flagellé, couvert du sang des fouets romains. Ce n’est plus une entrée triomphale d’un roi reçu par son peuple, c’est la sortie lamentable d’un condamné rejeté par les siens.

Cinq jours, cinq jours seulement ont suffi pour effectuer ce renversement et pourtant il s’agit bien du même Christ et de la même foule ! Alors quoi ? Qu’en penser ? Pourquoi ce changement soudain ?

Face à cette foule d’aujourd’hui, combien serons-nous, vendredi à trois heures pour accompagner Jésus sur un chemin qui est celui de la Croix ?

Voilà sans doute, mes frères, la véritable explication, le fin-mot de l’énigme, la vraie raison de ce demi-tour. Nous sommes prêts à suivre Jésus et l’acclamer tant qu’il nous conduit  au  succès, à  la  joie, à  la facilité : les pains multipliés, la  pêche  miraculeuse, l’eau changée  en  vin. Ça, ça va!  Nous sommes d’accord, nous sommes volontaires. On est avec lui tant que  ça  va, tant que c’est la fête, tant que la religion est payante, qu’elle nous guérit, qu’elle nous arrange.

Mais, si cinq jours plus tard, le roi a sur la tête une couronne d’épines, s’il est hué, couvert de plaies et qu’au lieu d’être sur une monture, on le cloue à une croix, nu, couvert de crachats et accablé de moqueries, s’il faut souffrir, endurer et crier au Jardins des Oliviers « Père, que ce calice  s’éloigne  de  moi », ou à la Croix « J’ai soif » ou pire encore « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? », alors, nous faisons comme les apôtres qui, pourtant, avaient juré de ne pas l’abandonner : ils fuient, ils l’abandonnent et ne veulent plus le reconnaître.

Au pied de la Croix, il n’y a guère que trois personnes amies et fidèles : Jean l’apôtre, Marie-Madeleine à qui Jésus a pardonné et Marie, sa mère. Tous les autres sont partis sur la pointe des pieds.

Et nous, frères, qu’allons-nous faire ? En revenant à la maison, après cette messe, vous allez attacher ces rameaux au crucifix de votre chambre ou de votre salle de séjour, car j’espère bien que vous avez tous un crucifix dans votre maison.

 

Mettre ce rameau à la Croix de votre maison ou à la croix qui est sur la tombe d’un être cher, qu’est-ce-que cela veut dire ?

Cela nous rappelle que c’est de la Croix que naît la vie, la joie, la Résurrection et que, nous aussi, comme ce brin de buis accroché à la Croix, nous devons nous attacher à Jésus, vivre avec lui, dans la joie comme dans la peine, dans la souffrance comme dans le bonheur,  aussi  bien  quand  ça  va  mal  que lorsque ça va bien.

Comme ce rameau restera auprès de la Croix jusqu’à l’année prochaine où il sera renouvelé par un autre, nous aussi, nous devons rester fidèles à Jésus pendant toute l’année, et pas seulement de temps en temps quand tout va bien !

« Je suis le cep », dit Jésus, « vous êtes les rameaux ».

« Je suis le tronc, vous êtes les branches » : une branche, un rameau, s’il veut vivre, être aussi vert que les branches que vous tenez aujourd’hui, il doit rester attaché au tronc, au cep.

Nous aussi, si nous voulons vivre, nous devons rester attachés à Jésus, rester proches de lui, être fidèles, ne  pas être avec lui uniquement quand c’est facile, mais liés à lui, attachés à lui pour recevoir sa vie, son amour, son pardon.

Par la messe, par la prière, par le service des autres, en appliquant dans ma vie de tous les jours ce qu’il me demande de faire, nous serons fidèles à lui, aussi bien dans les jours de joie, comme celui d’aujourd’hui, que dans les jours de peine : il y a aussi des « Vendredis saints » dans notre vie.

Serons-nous avec lui, au pied de la Croix, pour le pire et pour le meilleur ?  AMEN




Dimanche des Rameaux et de la Passion – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 22,14-71.23,1-56.)

La Passion, pour le Salut de tous 

(Lc 22,14-71.23,1-56)…

Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. »
Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous.
Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Non, de rien. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.
Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. »
S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance.
On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux.
Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Non, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » Pierre répondit : « Non, je ne le suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et, dehors, pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.
Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême.
Ils lui dirent : « Si tu es le Christ, dis-le-nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « Vous dites vous-mêmes que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. »
L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate.
On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient avec force : « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. »
À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence.
Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.
Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. »
[…]
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils vociféraient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. »
Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur requête.
Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !”
Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.”
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »
Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste,
qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

 

 

                 La Passion est toute proche, Jésus le sait… « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir »… Et tout cela, il le supportera pour chacun d’entre nous, pour notre guérison profonde, pour que « nous cessions de faire le mal et apprenions à faire le bien » (Is 1,16). Le mal en effet tue en premier celui qui le commet… « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os ». « Oui, mes péchés me submergent, leur poids trop pesant m’écrase » (Ps 31(30),11 ; 38(37),5). « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal ». « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 2,9 ; 6,23).

            Que ses créatures meurent, même par la suite de leurs propres fautes ? Voilà ce que Dieu ne supporte pas… Aussi est-il venu en son Fils s’unir à l’humanité perdue, qui se déchire et se mutile elle-même par la méchanceté et la violence qui l’habite. Ses disciples les plus proches le trahiront, le renieront, l’abandonneront, le laissant seul face à ses accusateurs et à ses tortionnaires… Et Jésus portera, supportera des souffrances extrêmes jusqu’à mourir crucifié… En agissant ainsi, il a ouvert tout grand ses bras à tous les hommes qui souffrent, quelle que soit l’origine de leurs souffrances, même si parfois elle peut être la conséquence directe de leurs fautes… Et il a tout porté, tout supporté sans jamais basculer du côté de la haine des ennemis, avec sa soif de vengeance… Il n’a cessé d’aimer, de chercher envers et contre tout le bien de tous. Le bien du tortionnaire, qu’il trouvera par sa conversion et sa repentance, aidé en cela par la Lumière et la Force de l’Esprit… Le bien de l’innocent écrasé qu’il rejoint aujourd’hui encore par la Puissance de ce même Esprit, pour le soutenir, l’encourager, le réconforter et lui donner de pouvoir sortir victorieux de son épreuve… « Le Christ lui-même a souffert pour vous… Couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c’est par ses blessures que vous avez été guéris » (1P 2,21‑24), guéris par celui qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6), « les méchants comme les bons », « les justes comme les injustes » (Mt 5,45)… « Père, pardonne-leur »… « Que celui qui exerce la Miséricorde le fasse en rayonnant de joie » (Rm 12,8)… On pressent comment Jésus vécut ses derniers instants sur la Croix, et quelle fut l’admiration du Centurion romain qui se tenait en face de lui : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39) !

                                                                                                                                  DJF




Rencontre autour de l’Évangile – Dimanche des Rameaux et de la Passion

“ Moi, je suis au milieu de vous

comme celui qui sert.. » 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Luc 22, 14-23, 56)

La plupart des personnes auront sans doute entendu le récit de la passion selon saint Luc à la messe des rameaux. Mais une deuxième lecture plus attentive est nécessaire dans le groupe. Répartir les rôles. La lecture de la Passion, plus encore que pour d’autres passages, est porteur de grâces.

Saint Luc écrit son évangile comme une montée de Jésus à Jérusalem. Nous sommes donc au sommet de la vie de Jésus. Satan, l’adversaire du projet de Dieu, que Jésus a vaincu au début de son ministère, va tenter de se mettre à nouveau en travers de sa route. Cependant la Passion selon saint Luc n’a pas le caractère tragique du récit de Matthieu. L’atmosphère, bien que grave, est marquée par une certaine sérénité de Jésus. Nous serons attentifs à toutes les gestes et attitudes qui manifestent la bonté, la miséricorde de Jésus tout au long du récit.

Repérons les étapes du récit

La trahison de Judas (Satan va se servir de l’un des Douze)

Le repas pascal et tout ce qui s’y passe, (surtout l’institution de l’eucharistie)

Ensemble regardons Jésus

Notre partage consistera surtout à regarder Jésus à chaque moment de sa Passion :

  • Jésus envoie Pierre et Jean préparer le repas pascal.

Notons ses sentiments quand il est à table avec les Douze ; et par rapport à Judas.

Comment se présente Jésus quand ses disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand ?

  • Jésus confie un rôle particulier à Pierre, malgré sa chute : lequel ?

  • Regardons Jésus en prière au jardin des Oliviers : quelle est son attitude vis à vis de son Père ? Il vit un véritable combat intérieur : comment Luc le décrit ? Au moment de son arrestation, quelle est son attitude à l’égard de Judas ?

Et le geste de Jésus sur le serviteur du grand prêtre ?

Le calme de Jésus tandis qu’on l’arrête. Le regard de Jésus sur Pierre après son reniement.

  • Qu’est-ce qui caractérise l’attitude de Jésus durant son procès ?

  • devant le grand conseil du Sanhédrin il affirme calmement son identité.

  • Devant Pilate, il accepte le titre de roi…mais sans plus.

  • Devant Hérode, qui veut satisfaire sa curiosité, il ne dit rien.

  • Durant sa Passion, Jésus se montre tel qu’il a toujours été : il réconforte ses disciples, il console les femmes de Jérusalem, il pardonne à ses bourreaux ainsi qu’au malfaiteur sur la croix, il meurt confiant entre les mains du Père. A cela, l’officier païen reconnaît que cet homme était un juste.

 

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Après les tentations au désert, Satan s’était retiré “  jusqu’au moment fixé ” . Ce temps est venu et Satan en personne vient diriger la manœuvre en utilisant son arme préférée : l’argent. (Judas) Quelle réflexion cela nous inspire ?

Dans la communauté de Jésus (l’Eglise) la responsabilité est avant tout un service. (“ Qui est le plus grand ? ”) : En quoi cela nous interpelle ?

Une fois de plus Jésus prie à un moment important de sa vie. Dieu n’abandonne pas celui qui met sa confiance en lui au moment de l’épreuve (Agonie). “ Priez ” : Lorsque Satan teste la persévérance des croyants, la prière ardente donne seule la force de ne pas succomber au pouvoir du mal, de rester fidèle dans la crise éprouvante que l’on traverse.  Et nous ?

Sa prière sur la croix : il remet sa vie entre les mains de son Père.

A la lecture de ce récit de la Passion quels appels trouvons-nous pour notre vie d’aujourd’hui ?

(pour l’animateur : Prière filiale dans l’épreuve, le service, le pardon des ennemis, fidélité, prise de conscience de notre faiblesse, notre rapport à l’argent…)

Jésus s’engage dans la mort d’une façon exemplaire en mettant en pratique ce qu’il a enseigné à ses disciples : “ comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. ”. Nous le disons facilement dans le “ Notre Père ” ! Mais dans la pratique ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur Jésus, en agonie au jardin des Oliviers,

envahi par la tristesse et l’effroi, réconforté par un ange :

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, trahi par le baiser de Judas,

abandonné par tes apôtres, livré aux mains des pécheurs,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, accusé par de faux témoins,

condamné à mourir sur la croix, souffleté par les valets, couvert de crachats,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, renié par Pierre, ton apôtre,

livré à Pilate et à Hérode, mis au rang de Barrabas,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, portant ta croix au Calvaire,

consolé par les filles de Jérusalem, aidé par Simon de Cyrène,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous.

 

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Dimanche des Rameaux

 




Audience Générale du Mercredi 30 Mars 2022

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 30  Mars 2022


Catéchèse sur la vieillesse – 5. Fidélité à la visite de Dieu pour la génération future

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre itinéraire catéchétique sur le thème de la vieillesse, nous contemplons aujourd’hui le tableau de tendresse dépeint par l’évangéliste Saint Luc, qui met en scène deux figures d’anciens, Siméon et Anne. Leur raison de vivre, avant de prendre congé de ce monde, est l’attente de la visite de Dieu. Ils étaient dans l’attente que Dieu vienne les visiter, c’est-à-dire Jésus. Siméon sait, par une prémonition de l’Esprit Saint, qu’il ne mourra pas avant d’avoir vu le Messie. Anne fréquente le temple tous les jours, en se consacrant à son service. Tous deux reconnaissent la présence du Seigneur dans l’enfant Jésus, qui comble de consolation leur longue attente et donne sérénité à leur fin de vie. C’est une scène de rencontre avec Jésus, et d’adieu.

Que pouvons-nous apprendre de ces deux figures d’anciens pleins de vitalité spirituelle ?

En même temps, nous apprenons que la fidélité de l’attente affine les sens. Du reste, nous le savons, c’est exactement ce que fait le Saint-Esprit : il illumine les sens. Dans l’ancien hymne Veni Creator Spiritus, avec lequel nous invoquons encore aujourd’hui l’Esprit Saint, nous disons : « Accende lumen sensibus », mets en nous ta clarté, embrase-nous, illumine nos sens. L’Esprit est capable de faire cela : il aiguise les sens de l’âme, malgré les limites et les blessures des sens du corps. La vieillesse affaiblit, d’une manière ou d’une autre, le corps dans sa matérialité : l’un est plus aveugle, l’autre plus sourd…. Cependant, une vieillesse qui s’est préparée dans l’attente de la visite de Dieu ne manquera pas son passage : mieux elle sera même plus prompte à l’accueillir, elle aura plus de sensibilité pour accueillir le Seigneur quand il passe. Rappelons-nous que l’attitude du chrétien est d’être attentif aux visites du Seigneur, parce que le Seigneur passe, dans notre vie, avec des inspirations, avec l’invitation à être meilleur. Et Saint Augustin disait :  » J’ai peur de Dieu quand il passe  » –  » Mais comment, tu as peur ? « . – « Oui, j’ai peur de ne pas m’en rendre compte et de le laisser passer ». C’est l’Esprit Saint qui prépare nos sens pour comprendre quand le Seigneur nous rend visite, comme il l’a fait avec Siméon et Anne.

Aujourd’hui, nous en avons plus que jamais besoin : nous avons besoin d’une vieillesse dotée de sens spirituels vifs et capable de reconnaître les signes de Dieu, voire le Signe de Dieu, qui est Jésus. Un signe qui nous met en crise, toujours : Jésus nous met en crise parce qu’il est « signe de contradiction » (Lc 2,34) – mais qui nous remplit d’allégresse. Parce que la crise ne t’apporte pas nécessairement la tristesse, non : être en crise tout en servant le Seigneur te donne une paix et une joie, bien souvent. L’anesthésie des sens spirituels – et c’est malheureux – l’anesthésie des sens spirituels, dans l’excitation et l’étourdissement de ceux du corps, est un syndrome répandu dans une société qui cultive l’illusion de l’éternelle jeunesse, et son trait le plus dangereux est qu’elle n’en a même pas conscience. On ne se rend pas compte d’être anesthésié. Et ça arrive. Ça arrive. Cela arrive depuis toujours et cela arrive à notre époque. Les sens anesthésiés, ne comprenant pas ce qui se passe ; les sens intérieurs, les sens de l’Esprit pour comprendre la présence de Dieu ou la présence du mal, anesthésiés, ne distinguent pas.

Quand tu perds la sensibilité du toucher ou du goût, tu t’en rends compte immédiatement. Au contraire, celle de l’âme, cette sensibilité de l’âme, tu peux l’ignorer pendant longtemps, vivre sans t’apercevoir que tu as perdu la sensibilité de l’âme. Il ne s’agit pas simplement de la pensée de Dieu ou de la religion. L’insensibilité des sens spirituels concerne la compassion et la pitié, la honte et le remords, la fidélité et le dévouement, la tendresse et l’honneur, la responsabilité envers soi-même et le souci pour autrui. C’est curieux : l’insensibilité ne te fait pas saisir la compassion, elle ne te fait pas saisir la pitié, elle ne te fait pas sentir la honte ou le remords d’avoir fait une mauvaise chose… C’est comme ça. Les sens spirituels anesthésiés confondent tout et on ne ressent pas, spirituellement, de telles choses. Et la vieillesse devient, pour ainsi dire, la première perte, la première victime de cette perte de sensibilité. Dans une société qui exerce surtout la sensibilité pour le plaisir, l’attention envers les personnes fragiles s’amoindrit et prévaut la compétition des vainqueurs. Et ainsi se perd la sensibilité. Bien sûr, la rhétorique de l’inclusion est la formule rituelle de tout discours politiquement correct. Mais elle n’entraîne pas encore une véritable correction des pratiques de la vie commune normale : une culture de la tendresse sociale peine à se développer. Non : l’esprit de la fraternité humaine – que j’ai senti la nécessité de relancer avec force – est comme un vêtement qu’on ne porte plus, à admirer, certes, mais… dans un musée. Nous perdons la sensibilité humaine, ces mouvements de l’Esprit qui nous rendent humains.

Il est vrai que, dans la vie réelle, nous pouvons observer avec gratitude le témoignage émouvant de tant de jeunes qui honorent pleinement cette fraternité. Mais c’est là que le bât blesse : il y a un fossé, un fossé coupable, entre le témoignage de cette sève de tendresse sociale et le conformisme qui oblige la jeunesse à se raconter d’une toute autre manière. Que pouvons-nous faire pour combler ce fossé ?

De l’histoire de Siméon et Anne, mais aussi d’autres récits bibliques de la vieillesse sensible à l’Esprit, découle une indication cachée qui mérite d’être mise en évidence. En quoi consiste concrètement la révélation qui embrase la sensibilité de Siméon et d’Anne ? Elle consiste à reconnaître dans un enfant, qu’ils n’ont pas engendré et qu’ils voient pour la première fois, le signe certain de la visite de Dieu. Ils acceptent de ne pas être des protagonistes, mais seulement des témoins. Et quand on accepte de ne pas être protagoniste, mais de s’impliquer comme témoin, c’est bien : cet homme ou cette femme mûrit bien. Mais si toujours cette personne a le désir d’être protagoniste ou rien, jamais ne parviendra à maturité ce chemin vers la plénitude de la vieillesse. La visite de Dieu ne s’incarne pas dans leur vie, la vie de ceux qui veulent être protagonistes et jamais témoins, elle ne les porte pas sur la scène comme des sauveurs : Dieu ne prend pas chair dans leur génération, mais dans la génération future. Ils perdent l’esprit, ils perdent la volonté de vivre avec maturité et, comme on le dit habituellement, ils vivent de manière superficielle. C’est la grande génération des superficiels, qui ne se permettent pas de ressentir les choses avec la sensibilité de l’Esprit. Mais pourquoi ne se le permettent-ils pas ? En partie par paresse, et en partie parce qu’ils ne le peuvent déjà plus : ils l’ont perdu. C’est malheureux qu’une civilisation perde la sensibilité de l’Esprit. Au contraire, c’est beau quand nous trouvons des anciens comme Siméon et Anne qui conservent cette sensibilité de l’Esprit et sont capables de comprendre les diverses situations, comme ces deux ont compris cette situation qui se présentait à eux et qui était la manifestation du Messie. Aucun ressentiment ni aucune récrimination, d’ailleurs, lorsqu’ils sont dans cet état de néant, de constance [statique], dans leur assurance. Au contraire, grande émotion et grande consolation lorsque les sens spirituels sont vivants, encore. L’émotion et la consolation de pouvoir voir et annoncer que l’histoire de leur génération n’est pas perdue ou gâchée, précisément à cause d’un événement qui prend chair et se manifeste dans la génération qui suit. Et c’est ce que ressent une personne âgée lorsque ses petits-enfants, ses neveux et nièces vont parler avec elles [à elle] : elles se sentent revivre. « Ah, ma vie est toujours là ». C’est très important d’aller vers les anciens, c’est si important de les écouter. C’est tellement important de parler avec eux, parce que […] il y a cet échange de civilisation, cet échange de maturité entre jeunes et vieux. Et ainsi, notre civilisation avance de manière mature.

Seule la vieillesse spirituelle peut donner ce témoignage, humble et éblouissant, en lui conférant autorité et exemplarité pour tous. La vieillesse qui a cultivé la sensibilité de l’âme fait disparaitre toute jalousie entre les générations, tout ressentiment, toute récrimination pour un avènement de Dieu dans la génération qui suit, qui arrive comme pour accompagner sa propre fin. Et c’est ce qui arrive à un vieux ouvert avec un jeune ouvert : il fait ses adieux à la vie mais en transmettant – entre guillemets – sa vie à la nouvelle génération. Et tel est l’adieu de Siméon et d’Anne : « Maintenant, je peux m’en aller en paix ». La sensibilité spirituelle de la vieillesse est capable de briser la compétition et le conflit entre les générations de manière crédible et définitive. Elle se surpasse, cette sensibilité : les personnes âgées, avec cette sensibilité, surpassent le conflit, elles vont au-delà, elles vont vers l’unité, pas vers le conflit. C’est certes impossible pour les hommes, mais c’est possible pour Dieu. Et aujourd’hui nous en avons tant besoin, la sensibilité de l’esprit, la maturité de l’esprit, nous avons besoin de vieux sages, mûrs en esprit, qui nous donnent l’espérance pour la vie ! Merci.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française présents à cette audience, en particulier les membres du Groupe d’Amitié France-Italie.

En reconnaissant l’Enfant qu’ils voient pour la première fois et qu’ils n’ont pas engendrés, Syméon et Anne acceptent de n’être pas des protagonistes mais des témoins discrets et fidèles de l’avènement du Messie. Seule la sensibilité spirituelle de la vieillesse peut donner ce témoignage humble et exemplaire et abattre les compétitions ou les conflits entre les générations. Que Dieu vous bénisse !




5ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 8, 1-11)

« La femme adultère … et les autres. »

 

Quand on parle de ce passage d’évangile, on a l’habitude de parler de la femme et du bon tour que Jésus a joué aux scribes et aux pharisiens …

Mais on en reste au bon tour : Jésus les a eus !

Et si on s’intéressait un peu à ces gens-là ?

Pourquoi ces gens-là amènent-ils « une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. » ?

« Oui, elle a fait ceci …, c’est pas bien ! … »

Saint Jean nous dit que « Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve » …

Sans doute … mais aussi …

Peut-être y a-t-il aussi cette volonté de se montrer supérieurs aux autres, une certaine arrogance …

Comme une sorte de ladi-lafé … pas seulement en paroles … mais en acte : on amène la femme à Jésus !

Est-ce que je ne suis pas souvent comme ces gens-là de l’époque de Jésus ?

Est-ce que je n’ai pas trop souvent tendance à raconter ceci ou cela sur telle personne … mais sans que celle-ci soit là … ce qui n’est pas le cas dans le passage de l’Évangile … et c’est peut-être encore pire …

On parle … chacun ajoute son grain de sel … « Vous savez, madame unetelle a fait ça ! » … « Et monsieur untel, l’autre jour … »

On parle … on parle …

Dans quel but ?

Informer les gens de ce qui se passe dans le quartier … ?

Ou plutôt salir les gens … ?

Avec souvent un sous-entendu … « Mais moi, je ne suis pas comme cela ! Je ne fais pas de telles choses ! »

Est-ce bien vrai ?

Reprenons ce que nous dit le livret de chemin de croix de notre diocèse, page 25 :

« Combien de fois nous faisons des ’’commérages’’ sur l’une ou l’autre de nos relations, que ce soit dans le travail, la famille … ou dans notre paroisse ou dans notre mouvement.

Nous n’avons pas la volonté de faire mal … mais ça sort … et ça fait mal à la personne concernée quand elle l’apprend. Nous l’avons déshabillée et crucifiée.

La langue peut être meurtrière ! On voit des exemples sur les réseaux dits sociaux ces derniers temps …

Si nous voulons marcher ensemble, attention à nos paroles ! Pas de médisance ni de calomnies. »

Le pape François nous parle souvent de ces commérages … et ce depuis son élection … mais cela n’a pas l’air de changer grand-chose à nos comportements …

Pourquoi ?

« Le grand bavard c’est le diable, qui dit toujours de mauvaises choses sur les autres, car il est le menteur qui cherche à désunir l’Église, à éloigner les frères et à ne pas faire communauté. S’il vous plaît, frères et sœurs, faisons un effort pour ne pas médire. Les commérages sont un fléau pire que le COVID. » (Pape François, 6 septembre 2020)

Quels sont les remèdes qu’il propose ?

– « Pour qu’il y ait la paix dans une communauté, dans une famille, dans un pays, dans le monde, nous devons commencer par être avec le Seigneur. Et là où se trouve le Seigneur, il n’y a pas d’envie, il n’y a pas de criminalité, il n’y a pas de jalousies. Il y a la fraternité. Demandons cela au Seigneur : ne jamais tuer notre prochain avec notre langue et être avec le Seigneur comme nous tous serons au ciel ». (Pape François, 2 septembre 2013)

– « Deux remèdes : En premier lieu, lorsque la tentation de critiquer l’autre est imminente, « prie pour lui ». Ensuite, « mords-toi la langue … et bien fort ». (Pape François, 3 mars 2019)

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « Je vous le dis : toute parole creuse que prononceront les hommes, ils devront en rendre compte au jour du Jugement. D’après tes paroles, en effet, tu seras reconnu juste ; d’après tes paroles tu seras condamné..» (Mt 12,36-37)

            Comptons sur la miséricorde de Dieu, en n’oubliant pas ce que Jésus dit à la femme adultère : « Va, et ne pèche plus ! ».

Et on peut dire : « Va, et ne médit plus ! ».

Seigneur Jésus,

Tous les parents font de gros efforts

pour que leurs enfants apprennent à parler.

Et c’est la joie lors de leurs premiers mots !

Mais peut-être serait-il plus important

de leur apprendre ‘comment parler’ !

leur apprendre le respect dû aux autres,

« car ce que dit la bouche,

c’est ce qui déborde du cœur. » (Mt 12,34)

                                                                                    Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Carême C 5°




5ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 8, 1-11)

« Je ne te condamne pas » (Jn 8,1-11)

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

 

            « Tu ne commettras pas d’adultère » (Ex 20,14 ; Dt 5,18). La Loi est formelle, d’autant plus que nous avons ici une des Dix Paroles données par Dieu à Moïse. A partir d’elles, les hommes avaient développé une justice très dure : « L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice » (Lv 20,10). Ici, une « femme a été prise en flagrant délit d’adultère. » Mais qui dit « flagrant délit » dit deux personnes pour le commettre. Où donc est l’homme ? La Loi le concerne lui aussi… Une injustice se laisse pressentir…

            Les Pharisiens veulent mettre Jésus à l’épreuve. S’il invite à obéir à la Loi, il perdra sa réputation d’extraordinaire bonté, et avec elle son crédit auprès du Peuple. S’il conteste la Loi, ils pourront l’accuser auprès du Grand Prêtre, le condamner et le faire périr…

            Comment « le juge » Jésus va-t-il donc réagir ? Surprise : il se baisse et se met à tracer des traits sur le sol. Il semble se retirer de la scène, laissant face à face les Pharisiens et la femme adultère… St Ambroise, St Augustin et St Jérôme ont proposé d’interpréter ce geste à la lumière de Jérémie 17,13 : « Espoir d’Israël, Seigneur, tous ceux qui t’abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre, car ils ont abandonné la source d’eaux vives, le Seigneur ». D’après eux, Jésus écrirait sur le sol le nom de ces Pharisiens. Formidable renversement : les accusateurs deviennent les accusés… En effet, par la dureté de leur cœur, ils manifestent qu’ils ont abandonné le Père des Miséricordes. Ils se croient justes ? Ils sont en fait dans les plus épaisses ténèbres…

            Et Jésus va les aider à en prendre conscience. Il se lève, prononce une seule phrase, solennellement appuyée par ce brusque retour dans le débat, puis il se retire de nouveau en se baissant… « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Accusateurs et juges de la femme adultère, ils en viennent à devenir leurs propres accusateurs, et cette fois, ils se montrent des juges cléments à leur égard, bien obligés ensuite de faire de même pour cette femme… Mais elle seule recevra la Parole de libération : «  Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus ». Ne te fais plus de mal, ni à toi, ni à ton prochain…                                       DJF




5ième Dimanche de Carême – Homélie du Père Louis DATTIN

 La  femme  adultère

 Jn 8, 1-11

Elle est là, cette femme, prostrée aux pieds de Jésus, silencieuse, en péril de mort : elle sait ce qui l’attend, selon la loi de Moïse, elle doit être lapidée, tuée à coups de cailloux, de galets.

« C’est la Loi qui l’a dit » ; «  On n’a qu’à appliquer la Loi  ».

Mais si les ennemis de Jésus l’ont amenée devant le Christ, ce n’est pas pour la sauver, c’est pour le perdre, lui, Jésus. On va faire, c’est le cas de le dire, « d’une pierre deux coups » : on tue cette femme, bien sûr, et, en même temps, Jésus. Car s’il dit qu’il faut la laisser libre, il enfreint la loi de Moïse et il devient lui-même pécheur selon la loi ; et s’il dit qu’il faut la condamner, il est en contradiction avec sa doctrine de miséricorde et de pardon, il est disqualifié.

« Alors, toi, Jésus, qu’en dis-tu ? » Jésus ne dit rien, il se baisse et du doigt, il dessine sur le sol.  Rappelez-vous le grand silence de Jésus au cours de son propre procès. Refus de Jésus de prendre parti au niveau des analyses humaines, il se place à un autre niveau. N’est-ce-pas une dérobade, une démission ? Nous allons voir que non : Jésus a autre chose à dire, et nous-mêmes, quand nous sommes devant une situation concrète de péché : adultère, avortement, corruption, vols, calomnies, chantage, méchancetés, vengeance: que faisons-nous ? Comment réagissons-nous ?

Attention, frères et sœurs, nous sommes, le plus souvent, juges et parti : qui d’entre nous peut juger ?

Ou bien, ce péché, nous aussi, nous l’avons déjà commis et pour nous justifier, nous aurons tendance à l’excuser, à le minimiser : « Les autres le font, je l’ai fait. Alors, soyons indulgents. Tournons la page ».

Ou bien, à  cause  de  notre  éducation, du  contexte  social, notre  retenue   de   gens   civilisés,  nous  ne  l’avons  pas  commis   et volontiers, parce que nous ne nous sentons pas complices, nous condamnons en se protégeant de son propre mal secret en condamnant : « Ce n’est pas moi, c’est lui qui a commencé ! » et peut-être d’autant plus fort que l’on a été soi-même fort tenté et retenu par un fil, sur la pente du péché.

Ce que Jésus veut nous apprendre aujourd’hui, c’est que nous sommes tous solidaires du péché. Il n’y a pas, comme dans les films américains, d’un côté les méchants que l’on reconnaît rien qu’à leur tête, et de l’autre les bons qui eux ont l’air sympathiques. La réalité, elle, est plus compliquée. Il faut si peu de choses pour qu’un pécheur devienne un saint et qu’un saint, lui aussi, devienne un pécheur.

Rappelez-vous, Judas, le traître, était un apôtre de Jésus ; le malfaiteur pardonné, le bon larron, était un brigand ! A un certain niveau de profondeur, et c’est à ce niveau que se situe Jésus quand il garde le silence. Les pécheurs et les saints ne sont pas loin les uns des autres : la distance d’une « pelure d’oignon », disait un maitre spirituel.  Et quand Jésus voit cette femme poussée devant lui, par ses accusateurs, il voit bien sûr, non pas seulement ce qu’elle a fait, mais aussi son cœur et il voit également l’indignation des défenseurs de la Loi de Moïse.

Il voit aussi leurs cœurs : ces cœurs pleins de haine à l’égard de cette femme, mais surtout à cause de Jésus qu’ils veulent compromettre  pour  le  supprimer.

 Jésus voit en même temps le péché et le pécheur, mais il ne veut pas et il ne peut pas faire l’amalgame entre les deux. Le péché, oui, il est là, c’est vrai, avec toute sa laideur et il ne faut pas le nier ! Il existe, il est virulent, il est une atteinte terrible à l’amour de Dieu.

 

En péchant, nous prenons parti contre lui. Imaginez, dans l’Evangile de dimanche dernier, l’enfant prodigue, la douleur du Père lorsqu’il partage ses biens et qu’il voit partir son fils au loin. Nous ne serons jamais assez sévères contre le péché : il dégrade l’homme, il blesse Dieu. Il fait du mal à l’un et à l’autre. Mais, le pécheur, lui, c’est d’abord une victime du péché. Il est la première victime du péché ! Comment lui en vouloir, à lui, qui s’est laissé prendre dans le filet ?

L’adultère de cette femme : jamais le Christ ne l’admettra, lui, le Dieu fidèle. Il est atteint de plein fouet par l’infidélité de cette fille de Dieu.

Mais la femme, elle-même, victime du péché, comment peut-elle être jugée par celui qui a dit : « Je ne suis pas venu pour juger mais pour sauver ? »

Que diriez-vous d’un médecin auquel un sidéen se présente et auquel, à la place d’une ordonnance pour essayer de le sauver, lui ferait seulement la morale et lui dirait que c’est bien fait  et qu’il n’a que ce qu’il a cherché et qu’il l’a bien voulu ?!

De grâce, frères, faisons toujours la différence entre le péché et le pécheur. Le péché est le mal, le pécheur n’est que la victime du péché.  De même que nous faisons bien la différence entre la maladie et le malade. Nous faisons tout pour éliminer le mal mais nous faisons tout aussi pour aider le malade à se sortir de sa maladie. Ne faisons pas d’amalgame.

Ne confondons pas le mal et le malade. De même, ne mettons pas dans le même sac : péché et pécheur. Le pécheur n’est que la victime du péché et nous ferons tout pour sortir le pécheur de son péché.               

Condamner, juger, cela veut dire : « Je ne peux plus rien pour toi. Il n’y a plus moyen que tu t’en sortes. C’est définitivement que tu es enlisé dans le mal ». Ne dit-on pas d’un malade pour lequel on ne peut plus rien « qu’il est condamné« . Un pécheur n’est jamais condamné par Dieu et il doit l’être encore moins par nous qui partageons son destin.

Faisons bien toujours la différence, frères et sœurs, dans nos jugements, entre le péché qui, lui est toujours condamnable et le pécheur, victime du péché qui, lui, peut être toujours sauvé.

La conversion est  toujours possible et cela jusqu’au bout !

Regardez le malfaiteur qui est à côté de Jésus sur la Croix.

Il entend dire, dans la bouche de Jésus : « Aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis ».

 Aussi, au bout d’un certain  temps, le temps de réfléchir un peu et  de se remettre  soi-même en cause, Jésus leur dit simplement :

« Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter sa pierre ». Jésus connait les reins et les cœurs de chacun : il sait, lui, qui nous sommes en vérité ; devant lui nous ne pouvons pas mettre de masque et de maquillage de sainteté. Ils ont bien senti cela, tous ceux qui avaient une pierre à la main, prêts à lancer…

Qui est juste ? Qui est saint ? Qui ? Lève le doigt qui peut dire qu’il n’a rien à voir avec le péché.

On entendit alors un bruit mat et sourd : les pierres tombent, les unes après les autres auprès des pieds de ceux qui les tenaient. Et Jean ajoute malicieusement : « Ils s’en allèrent les uns après les autres, en commençant par les plus âgés ! »

Les plus âgés, ceux qui ont le plus d’expérience de leur propre péché, de leur faiblesse, de leur fragilité : Dieu sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme ! Il nous reste à entendre, nous aussi :

« Femme, où sont-ils donc ? »

Plus que deux personnes sur le parvis du Temple : Jésus et la femme ! St-Augustin nous dit : « Face à face » ;  « la misère et la miséricorde ». Que se passe-t-il dans ce cas-là ?

La miséricorde fait disparaître la misère.

«  Personne ne t’a condamnée ? »

Elle répondit : « Personne, Seigneur ».

Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas.

Va et désormais ne pèche plus ».

A la célébration pénitentielle, à notre tour, Jésus nous dira la même chose : « Je ne te condamne pas, va et ne pèche plus ».  AMEN

 

 




Rencontre autour de l’Évangile – 5ième Dimanche de Carême

Jésus lui dit :

« Moi non plus, je ne te condamne pas.

Va, et désormais ne pèche plus. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Jn 8, 1-11)

Cette page d’évangile est bien connue. Mais en lisant lentement, en regardant les personnages, cette rencontre de Jésus avec la femme adultère est toujours bouleversante. Elle est Parole de Dieu pour nous.

Jésus est à Jérusalem. Il a participé à la fête des tentes, qui rappellent chaque année le séjour des Hébreux au désert et la dédicace du temple de Salomon.Jésus profite de l’affluence pour enseigner dans le temple.

Soulignons les mots importants

Jésus est assis et enseigne : Jésus est présenté comme le maître qui interprète la Loi avec autorité et sagesse. C’est pourquoi on lui présente un cas à résoudre selon la Loi de Moïse.

Adultère : Que signifie exactement ce mot? Comment nous l’exprimons dans le langage courant?

Jésus s’était baissé et traçait des traits sur le sol ? :

Que signifie cette attitude? (il fait durer le silence)

 Les plus âgés partent les premiers : Pourquoi eux ?

 Jésus seul avec la femme en face de lui : “ la misère et la miséricorde ” ( St Augustin).

Je ne te condamne pas. Va ne pèche plus.

La femme était enfermée dans un cercle de mort. Que fait Jésus ?

 

Ensemble regardons Jésus

Il est assis. Il baisse les yeux. Il se tait. Il trace des traits sur le sol. Silence qui appelle à la réflexion. Il est le nouveau Moïse. A la Loi qui condamne la faute, il apporte la miséricorde du Père pour le pécheur. Il reste seul avec la femme. Il la regarde. Il lui parle. Il la remet debout et la fait repartir vers une vie nouvelle.

Pour l’animateur 

Selon le livre du Lévitique (Lv 20,10) l’infidélité conjugale était punie de mort (pour les deux) par lapidation. A l’époque où Jean écrit son Evangile, au début de l’Eglise, l’adultère était considéré comme un des rares péchés pour lesquels une pénitence publique était nécessaire et qui ne pouvait être remis qu’une fois dans la vie. En face de cette rigueur extrême, l’indulgence de Jésus remet les choses à leur juste appréciation.

Les prophètes ont comparé souvent l’infidélité du peuple envers son Dieu à un adultère.

On ne saura jamais si Jésus a écrit des mots sur le sol. L’évangéliste dit qu’il traçait des traits. Mais Jésus est le nouveau Moïse : il écrit la Loi du pardon et de l’amour : Tu aimeras comme ton Dieu t’aime.

Si les plus âgés se retirent les premiers, c’est peut-être parce qu’ils sont plus sages pour reconnaître leur condition de pécheurs.

Jésus parle à la femme et lui permet de sortir de l’enfermement de son péché. Cette femme est devenue quelqu’un qui a un avenir. Jésus ne nie pas la gravité de la faute. Mais son pardon libère la femme et lui donne une nouvelle chance.C’est la manière d’aimer de Dieu.

 

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Le comportement et les pensées des scribes et des pharisiens nous font réfléchir sur notre comportement à nous quand nous nous trouvons devant des cas semblables.

  • Ne serions-nous pas tentés de juger et de condamner sans laisser aucun espoir de changement ou de nouveau départ ?

  • Ou au contraire ne serions-nous pas portés à minimiser la gravité de la faute parce que c’est, hélas, devenu chose courante ?

  • Comment nous apparaît Jésus dans cette scène d’évangile?

  • Que nous inspire l’attitude de Jésus pour notre vie personnelle et pour nos communautés chrétiennes ?

Jésus n’enferme jamais le pécheur dans son péché. Son amour qui pardonne ouvre toujours un avenir à celui qui reconnaît sa faute : “ Va, et désormais ne pèche plus. ” Il faut reconnaître que notre société pousse au désordre dans le domaine de la vie conjugale, et en même temps elle ignore le pardon et encourage les solutions extrêmes et faciles comme le divorce.

Et nous disciples de Jésus, là-dedans ?

 

ENSEMBLE PRIONS   

Seigneur Jésus, en agonie au jardin des Oliviers, envahi par la tristesse et l’effroi, réconforté par un ange :

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, trahi par le baiser de Judas, abandonné par tes apôtres, livré aux mains des pécheurs,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, accusé par de faux témoins, condamné à mourir sur la croix, souffleté par les valets, couvert de crachats,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, renié par Pierre, ton apôtre, livré à Pilate et à Hérode, mis au rang de Barrabas,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous

Seigneur Jésus, portant ta croix au Calvaire, consolé par les filles de Jérusalem, aidé par Simon de Cyrène,

Pitié, Seigneur, pitié pour nous.

 

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5ième Dimanche de Carême Année C