6ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 9-17) – Francis Cousin

« Aimez-vous les uns les autres. »

Souvent nous utilisons cette partie de phrase seulement, qui ressemble à la dernière phrase de l’évangile de ce jour. C’est déjà bien, et c’est mieux que rien.

Mais il manque quelque chose d’important qu’on trouve au début de l’évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. ». Ce n’est pas simplement s’aimer, être ’’cool’’, genre hippie … mais aimer à l’image du Christ, un amour total, sans limite, que Jésus explique aussitôt : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. ».

Mais cet amour total ne vient pas de lui : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. ».

Et si on met les phrases en arrangeant un peu l’ordre, on obtient :

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. »

                                                  comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »

Et par réflexivité, on a : « Comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour dont nous devons nous aimer doit être identique à celui du Père, qui est tout amour, par l’intermédiaire de Jésus.

Et cet amour n’est pas celui d’un instant, une fois de temps en temps : « Demeurez dans mon amour. ».

Et ça, ce n’est pas facile ! Cela demanderait d’être parfait !

Mais Jésus a dit : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5,48) ! Et dans le Notre Père, nous disons : « Que ta volonté soit faite … ».

« Quand Dieu s’adresse à Abraham, il lui dit : « Je suis Dieu tout-puissant. Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). Pour que nous soyons parfaits comme il le désire, nous devons vivre humblement en sa présence, enveloppés de sa gloire ; il nous faut marcher en union avec lui en reconnaissant son amour constant dans nos vies. Il ne faut plus avoir peur de cette présence qui ne peut que nous faire du bien. Il est le Père qui nous a donné la vie et qui nous aime tant. Une fois que nous l’acceptons et que nous cessons de penser notre vie sans lui, l’angoisse de la solitude disparaît (cf. Ps 139, 7). Et si nous n’éloignons plus Dieu de nous et que nous vivons en sa présence, nous pourrons lui permettre d’examiner nos cœurs pour qu’il voie s’ils sont sur le bon chemin (cf. Ps 139, 23-24). Ainsi, nous connaîtrons la volonté du Seigneur, ce qui lui plaît et ce qui est parfait (cf. Rm 12, 1-2) et nous le laisserons nous modeler comme un potier (cf. Is 29, 16). Nous avons souvent dit que Dieu habite en nous, mais il est mieux de dire que nous habitons en lui, qu’il nous permet de vivre dans sa lumière et dans son amour. » (Pape François, Gaudete et Excultate, 51)

« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

Cela semble toujours aussi difficile, surtout en ce temps de pandémie du Covid 19, où les gestes barrières ont amené une plus grande distanciation entre les personnes : le masque, un mètre de distance, la peur, le télétravail etc … ont renforcé l’isolement des personnes et parfois l’égoïsme … qui ne nous permet pas de voir l’autre ! Et la tendance au chacun pour soi augmente.

C’est ce que dénonce le pape François dans sa dernière encyclique Fratelli Tutti : « De nouvelles barrières sont créées pour l’auto-préservation, de sorte que le monde cesse d’exister et que seul existe ‘‘mon’’ monde, au point que beaucoup de personnes cessent d’être considérées comme des êtres humains ayant une dignité inaliénable et deviennent seulement ‘‘eux’’. Réapparaît ‘‘la tentation de créer une culture de murs, d’élever des murs, des murs dans le cœur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons. Il lui manque, en effet, l’altérité’’ ». (FT n° 27).

« L’isolement et le repli sur soi ou sur ses propres intérêts ne sont jamais la voie à suivre pour redonner l’espérance et opérer un renouvellement, mais c’est la proximité, c’est la culture de la rencontre. Isolement non, proximité oui. Culture de l’affrontement non, culture de la rencontre, oui ». (FT 30).

« Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).

« Même cette proposition d’amour pouvait être mal comprise. Ce n’est pas pour rien que, face à la tentation des premières communautés chrétiennes de créer des groupes fermés et isolés, saint Paul exhortait ses disciples à vivre l’amour entre eux « et envers tous » (1 Th 3, 12), et que, dans la communauté de Jean, il était demandé de bien accueillir les frères « bien que ce soient des étrangers » (3 Jn 5). Ce contexte aide à comprendre la valeur de la parabole du bon Samaritain : il importe peu à l’amour que le frère blessé soit d’ici ou de là-bas. En effet, c’est ’’l’amour qui brise les chaînes qui nous isolent et qui nous séparent en jetant des ponts ; un amour qui nous permet de construire une grande famille où nous pouvons tous nous sentir chez nous. […] Un amour qui a saveur de compassion et de dignité ». (FT 61-62)

« Chacun de nous est appelé à être un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs ». (FT 284).

Essayons de mettre en œuvre les propos du pape François.

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples. » (Jn 13,35).

Prions avec la prière de la sixième station du chemin de croix du Diocèse de cette année :

Seigneur,

comme il est difficile de se faire

« prochain pour les autres »,

surtout s’ils ne sont pas de notre milieu,

 de notre pays, de notre religion…

Mais quand tu dis

« Aimez-vous les uns les autres »,

tu ne mets pas de restrictions,

parce que nous sommes tous enfants de Dieu,

tous frères… à ta suite.

                                     Francis Cousin

   

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Image dim Pâques B 6°

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