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5ième Dimanche de Carême (Jn 12, 20-33) – Francis Cousin

« Rends-moi la joie d’être sauvé. »

Une toute petite phrase du psaume, cette prière à Dieu. Qui pourrait paraître insignifiante … Mais que veut-elle dire pour moi ?

Cela pourrait être : avant j’avais la joie d’être sauvé, mais maintenant, je n’ai plus cette joie. Je sais qu’on va être sauvé, c’est sûr ! Dieu nous l’a promis. Comme on chantait il y a quelques années : « On ira tous au Paradis, on ira ! … ». Mais cela ne me mets pas en joie, ça fait partie de la vie ! Blazé …

Ou bien : Seigneur, je veux faire partie de ceux qui seront sauvés, et cela me mettra en joie ! Mais comment faire ? Si on reprendre les verbes de ce psaume : efface mon péché … lave-moi … purifie-moi … crée en moi un cœur pur … renouvelle et raffermis mon esprit … ne me chasse pas … ne me reprend pas ton esprit saint …

En fait, on demande à Dieu de faire tout le boulot, et nous, on attend ? C’est ça ?

Pas sûr ! Et sans doute surement pas !

Si on reprend la première lecture : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. (…) tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. ». Et la première chose qu’ils connaîtront, c’est que Dieu les aime, e,t que l’amour de Dieu est plus fort que tout, puis sa miséricorde.

Connaître Dieu, c’est important, mais pas une connaissance intellectuelle, mais une connaissance du cœur. Où chacun à sa part : je reçois de Dieu, et je rends à Dieu tout le bien qu’il m’a fait, et j’en fait profiter les autres.

Se mettre entre les mains de Dieu, et accepter de le laisser faire. « Comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. » (Jr 18,6). « Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42).

Dans l’évangile de ce jour, on voit bien que Jésus sent que tous les chefs des prêtres et les Pharisiens veulent sa mort, et que celle-ci est proche : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. »

Mais on sent bien que Jésus n’a pas trop le moral ! Il redoute ce qui l’attend !

Et il a cette phrase étonnante dans la bouche de quelqu’un qui hésite : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. ».

Il voit sa mort prochaine, mais il voit plus loin que cela : il voit ce que sa mort apportera à tous les hommes : « il porte beaucoup de fruit. ».

Dans sa détresse, il voit le positif.

Toujours voir le positif, et ne pas s’arrêter au négatif !

Et il élargit sa pensée à tous les hommes : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » parce que « là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. ». Il veut que nous soyons toujours avec lui.

Mais son âme et bouleversée. Il hésite encore ! « Père, sauve-moi de cette heure. ».

Mais ce n’est qu’une pensée fugace, et aussitôt il se reprend : « – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! ». Vouloir accomplir sa mission jusqu’au bout, telle que son Père le lui a demandé. « Je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 5,30).

Aller jusqu’au bout, pour faire la volonté du Père !

Jésus l’a fait : mourir pour nous !

Et nous aussi, nous devons faire de même. Non pas de manière réelle (même si cela peut arriver pour certains, qui deviennent martyrs …), mais de manière spirituelle : mourir à nous–mêmes, c’est-à-dire ne pas de mettre en valeur en ne pensant qu’à soi, mais se mettre au service des autres : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9,35).

C’est ce que nous disons chaque jour dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… ».

Prenons-en de la graine …

En parlant de graine, j’aimerai vous proposer une parabole citée par le père Serge Lefevre :

« Un jeune homme entre en rêve dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous ? »

L’ange répond : « Tout ce que vous désirez ».

Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien : la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Église … »

L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici, nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines ! » »

Seigneur Jésus,

tu nous demandes de mourir à nous-mêmes,

pour que ton amour puisse transparaître

dans notre vie vis-à-vis des autres.

Mais nous aimerions que ce soit toi

qui fasse le boulot :

on n’arrête pas de te le demander.

Mais toi, tu veux que ce soit nous

qui plantions la graine …

Francis Cousin    

  

 

 

 

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Image dim Carême B 5°