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2ième Dimanche de Carême (Mc 9, 2-10) – Francis Cousin

« Une histoire d’amour … »

 

Les trois textes de ce jour nous parlent d’amour … même si le mot lui-même n’est pas prononcé.

Dans le texte de la première lecture, bien connu sous le terme du sacrifice d’Abraham, « Dieu mit Abraham à l’épreuve » en lui demandant d’offrir son fils unique Isaac en holocauste sur la montagne de Moriah. Abraham avait attendu presque cent ans pour avoir ce fils du fait de l’infertilité de sa femme Sara, et celui-ci était un don de Dieu correspondant à la promesse qu’il lui avait faite de voir sa descendance plus nombreuse que les étoiles du ciel ou des grains de sable sur la plage. Cette demande allait à l’encontre de la promesse de Dieu.

À notre époque, on peut être surpris et horrifié par cette demande de Dieu. Mais à l’époque il était courant que l’on offre aux dieux des sacrifices humains ou d’enfants. C’est pourquoi Abraham n’a pas été choqué outre mesure même si cela mettait un terme à sa descendance, à la promesse de Dieu. Abraham avait foi en Dieu, et lui-même dit à son fils : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ! » (Gn 22,8). Sa confiance en Dieu était plus forte ou égale à son amour pour son fils. Il était prêt à ne pas épargner son fils pour l’amour de son Dieu. Et sa prédiction se réalisa : l’ange du Seigneur arrêta la main armée du couteau, et un bélier se prit les cornes dans les ronces. Dieu ne veut pas la mort de ses enfants … il renouvela son alliance avec Abraham et le combla de ses bénédictions …

Dans la deuxième lecture, Paul nous parle de Dieu. « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous. ». L’amour de Dieu pour tous les hommes a été plus fort que son amour pour son propre fils. Il fallait que Jésus meure en portant tous nos péchés. Mais il fallait aussi qu’il nous rapproche de Dieu. C’est pourquoi « il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. » ; alors, rien ne « pourra nous séparer de l’amour du Christ », de l’amour de Dieu.

L’évangile nous parle de la transfiguration de Jésus.

Jésus prend avec lui trois des douze apôtres :

Simon, que Jésus appela Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16,18), qui représente l’avenir

Jacques, dont le nom se dit Jacob en hébreu, l’un des trois grands patriarches, qui représente plutôt le passé

Jean, dont le nom signifie « Dieu fait grâce », qui représente ce qui est l’essentiel de Dieu, la grâce donnée qui vient de l’amour de Dieu, l’éternel présent de Dieu … (présent dans les deux sens …).

Et Jésus monte sur une haute montagne, comme le fit Moïse au Sinaï pour recevoir les tables de la Loi, comme le fit Elie à l’Horeb pour y rencontrer Dieu … La montagne, lieu de la rencontre avec Dieu …

Et là, Jésus fut transfiguré, son visage devint autre et ses vêtements blancs d’une blancheur irréelle, et il parlait avec Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes de l’ancien testament, mais aussi ceux qui se sont ’’approchés’’ de Dieu. Jésus n’est pas séparé de l’ancien testament, il montre clairement ce qu’il avait dit : « « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus se présente aux trois disciples comme il était depuis le commencement, et comme il sera une fois qu’il aura été ressuscité … Moment merveilleux pour les trois … On le comprend aisément …

Mais ce n’est pas tout : une nuée, comme celle qui précédait les hébreux dans le désert à leur sortie d’Égypte, survint « qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : ’’Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le !’’ »

Écoutez-le ! Les trois apôtres étaient habitués à entendre ce verbe. Comme tous bons juifs, ils disaient plusieurs fois par jour le ‘shema Israël’ : « Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur. » (Dt 6,4). Mais il y a quelque chose qui change : le ’’-le’’ qui veut dire : « Écoutez Jésus, c’est lui le Seigneur, votre Dieu, l’unique Seigneur. »

Moment de révélation pour les trois apôtres, … qu’il faudra taire jusqu’à la résurrection de Jésus …

Mais qu’ils gardent dans leurs cœurs : c’est Jésus, le fils de Dieu, qui parle par son Évangile, c’est lui qui accomplit les écritures …

Et c’est ce que nous devons faire : écouter la Parole de Jésus. Lui-même nous l’a dit : « Quiconque vient à moi, écoute mes paroles et les met en pratique, je vais vous montrer à qui il ressemble. Il ressemble à celui qui construit une maison. Il a creusé très profond et il a posé les fondations sur le roc. Quand est venue l’inondation, le torrent s’est précipité sur cette maison, mais il n’a pas pu l’ébranler parce qu’elle était bien construite. » (Lc 6,47-48).

C’est valable tout le temps, et surtout en ce temps de carême : si nous sommes invités à rentrer chez nous pour prier et jeûner, pour nous ressourcer, il nous faut aussi sortir de chez nous pour aller rejoindre les ’’périphéries’’ de l’Église, pour annoncer que Jésus est vivant, et qu’il aime tout le monde …

Dieu nous invite à ce va-et-vient entre l’intériorité et l’extériorité, non pour se faire voir, mais pour rencontrer les autres, ceux qui sont dans le besoin, … matériel sans doute, mais surtout ceux qui ont des besoins spirituels, même s’ils ne le savent pas, ceux qui ne savent pas que Dieu les aime et qu’il veut leur bonheur … peut-être pas sur cette terre, dans ce monde, mais dans l’autre, ainsi que l’a dit la Vierge Marie à Bernadette de Lourdes.

Seigneur Jésus,

 tu montes sur la montagne

pour rencontrer ton Père,

mais ce qu’il dit,

c’est à nous qu’il le dit :

« Écoutez mon Fils, mon bien aimé.

Mettez en œuvre son Evangile.

C’est lui qui vous sauveras

du péché et de la mort ! »

Francis Cousin    

 

 

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Image dim Carême B 2°