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Audience Générale du Mercredi 12 Février 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 12 Février 2020


Frères et sœurs, dans notre parcours avec les Béatitudes, nous méditons aujourd’hui sur la deuxième : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Il s’agit d’une attitude centrale dans la spiritualité chrétienne que les Pères du désert appelaient la douleur intérieure qui ouvre à une relation vraie avec le Seigneur et avec le prochain. Dans les Saintes Ecritures, les pleurs peuvent avoir deux significations. D’une part, les pleurs peuvent être dus à la mort ou à la souffrance de quelqu’un. En effet, le deuil est un chemin d’amertume, mais utile pour ouvrir les yeux sur la vie et sur la valeur sacrée et irremplaçable de toute personne. D’autre part, les pleurs sont le signe du mal commis, du bien non fait et de la trahison de la relation avec Dieu. C’est le thème difficile, mais vital des erreurs personnelles à affronter. Nous pensons aux pleurs de saint Pierre qui le conduisent à un amour nouveau et authentique. Comprendre donc le péché est un don de Dieu, c’est une œuvre de l’Esprit Saint. Ainsi, la vie chrétienne trouve sa meilleure expression dans la miséricorde.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, les groupes venus de France, particulièrement l’aumônerie diocésaine d’Auch, accompagnée par S.E. Monseigneur Maurice Gardès et les jeunes venus de Marseille. Sage et bienheureux est celui qui accueille la douleur liée à l’amour car il recevra le Consolateur, c’est-à-dire l’Esprit Saint, tendresse de Dieu qui pardonne et corrige. Que le Seigneur fasse de nous des hommes et des femmes de miséricorde et de compassion ouverts à un amour généreux. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 5 Février 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 5 Février 2020


Frères et sœurs, nous approfondissons aujourd’hui la première Béatitude : Heureux les pauvres en esprit car le Royaume des Cieux à eux. Saint Matthieu précise qu’il s’agit des pauvres en esprit : ceux qui se sentent pauvres, mendiants, dans l’intime de leur être. A ceux-là Jésus promet le Royaume des Cieux. Combien de fois le monde nous conseille le contraire : il faudrait à tout prix être quelqu’un, se faire un nom. Cette recherche obsessive de soi-même crée solitude et tristesse, car vivre en voulant cacher ses faiblesses est éprouvant et angoissant. Jésus enseigne qu’être pauvre en esprit est une occasion de grâce, un moyen de sortir de cette lassitude et d’obtenir le Royaume. Car règne vraiment celui qui sait aimer le bien plus que lui-même. C’est en cela que se manifeste la puissance de Dieu, en exerçant la miséricorde et le pardon, et, à la différence des rois de la terre, Jésus s’est montré puissant en donnant sa vie pour tous les hommes. Il y a une pauvreté que nous devons accepter, celle de notre être, et une pauvreté que nous devons rechercher, celle des choses de ce monde, qui nous rend libres afin de pouvoir aimer.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française en particulier les jeunes venus de France. Frères et sœurs, reconnaître devant Dieu sa pauvreté et sa faiblesse est la vraie source du bonheur. Notre cœur devient disponible pour ne plus nous rechercher nous-mêmes mais aimer librement les autres et donner notre vie. Que Dieu vous bénisse.

 

 




Messe de Noël: le Pape François invite à « se laisser envelopper par la tendresse de Jésus »

Le Pape François a présidé la messe de la nuit de Noël ce mardi soir à la basilique Saint-Pierre.

Conformément à un usage établi par son prédécesseur Benoît XVI, c’est une “messe de Minuit” anticipée à 21h30 que le Pape François a présidé ce mardi 24 décembre 2019 à la basilique Saint-Pierre. Cette célébration, qui bénéficie toujours d’une très large diffusion télévisée dans le monde entier, était concélébrée par la plupart des responsables de la Curie romaine.

Nous vous proposons tout d’abord un résumé tel qu’il a été conçu par « vatican news » sur la page suivante :

https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2019-12/messe-nuit-de-noel-pape-francois-basilique-saint-pierre.html

Cette page donne également accès à l’intégralité, en vidéo, de la messe de Noël célébrée par le Pape François à St Pierre de Rome…

Et après ce résumé, vous trouverez également le texte complet de l’homélie du Pape François. Elle est vraiment particulièrement belle car elle nous entraîne, une fois de plus, au coeur du Mystère de notre foi. Le mercredi 14 juin 2017, il avait déjà déclaré lors d’une audience à Rome : « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner. Dieu ne lie même pas sa bienveillance à notre conversion : celle-ci tout au plus est une conséquence de l’amour de Dieu. Saint Paul dit que Dieu nous a aimés même lorsque nous nous étions trompés. Qui de nous aime de cette manière, sinon un père ou une mère ?  Une mère aime son enfant même quand il est pécheur. Dieu fait la même chose avec nous, nous sommes ses enfants bien-aimés. L’amour appelle l’amour ! ». Nous retrouvons ici ce grand principe… L’accueillir est certainement le plus beau cadeau de Noël qui puisse exister car cette Joie, cette Plénitude de Lumière et de Vie qui transparaît déjà quelque peu dans l’obscurité de notre foi se propose d’être notre Bonheur et notre Plénitude pour l’éternité…

Résumé de l’homélie du Pape François

Dans son homélie, le Pape François est revenu sur les textes proposés par la liturgie en cette nuit de Noël en mettant en évidence la gratuité de l’amour de Dieu, offert aux hommes à travers la naissance de Jésus. «Cette nuit, l’amour de Dieu s’est montré à nous : c’est Jésus. En Jésus, le Très Haut s’est fait petit, pour être aimé de nous. En Jésus, Dieu s’est fait Enfant, pour se laisser embrasser par nous», et ce en toute gratuité : «nous n’avons rien fait pour le mériter et nous ne pourrons jamais le récompenser».

L’amour de Dieu ne dépend pas de nos mérites

«Dieu ne t’aime pas parce que tu penses juste et que tu te comportes bien ; il t’aime et c’est tout. Son amour est inconditionnel, il ne dépend pas de toi. Tu peux avoir des idées erronées, tu peux avoir créé des situations très compliquées, mais le Seigneur ne renonce pas à t’aimer», a expliqué le Pape François.

«La grâce de Dieu est apparue» pour tous, sans discrimination : «Dans le bien et dans le mal, dans la santé et dans la maladie, heureux ou tristes, à ses yeux nous apparaissons beaux : non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Il y a en nous une beauté indélébile, intangible, une beauté irrépressible qui est le noyau de notre être. Aujourd’hui Dieu nous le rappelle, en prenant avec amour notre humanité et en la faisant sienne, “en l’épousant” pour toujours», a martelé l’évêque de Rome.

Un don offert à tout le peuple

«Vraiment la “grande joie” annoncée cette nuit aux bergers est “pour tout le peuple”, a expliqué le Pape. Parmi ces bergers, qui n’étaient certes pas des saints, nous y sommes aussi, avec nos fragilités et faiblesses. Comme il les a appelés, Dieu nous appelle aussi, parce qu’il nous aime. Cette nuit, l’amour a vaincu la crainte, une espérance nouvelle est apparue, la douce lumière de Dieu a vaincu les ténèbres de l’arrogance humaine.»

La seule responsabilité qui nous incombe directement est donc de savoir «accueillir le don». «Avant d’aller à la recherche de Dieu, laissons-nous chercher par lui. Ne partons pas de nos capacités, mais de sa grâce, parce que c’est Lui, Jésus, le Sauveur. Posons le regard sur l’Enfant et laissons-nous envelopper de sa tendresse. Nous n’aurons plus d’excuses pour ne pas nous laisser aimer par Lui : ce qui dans la vie va mal, ce qui dans l’Église ne fonctionne pas, ce qui dans le monde ne va pas ne sera plus une justification. Cela passera au second plan, parce que devant l’amour fou de Jésus, un amour toute douceur et proximité, il n’y a pas d’excuses», a souligné le Pape

François a aussi invité chacun à s’investir dans le don, dans le dynamique ouverte par Dieu qui a donné son Fils à l’humanité. «Nous changeons, l’Église change, l’histoire change quand nous commençons non pas à vouloir changer les autres, mais nous-mêmes, en faisant de notre vie un don.»

Recevoir le don permet de se donner soi-même

«Jésus nous le montre cette nuit : il n’a pas changé l’histoire en forçant quelqu’un ou à force de paroles, mais avec le don de sa vie, a précisé le Pape. Il n’a pas attendu que nous devenions bons pour nous aimer, mais il s’est donné gratuitement à nous. Nous aussi, n’attendons pas que notre prochain devienne bon pour lui faire du bien, que l’Eglise soit parfaite pour l’aimer, que les autres nous considèrent pour les servir. Commençons les premiers. Ça, c’est accueillir le don de la grâce. Et la sainteté n’est autre que conserver cette gratuité.»

François a ensuite évoqué une légende traditionnelle, qui ne figure pas dans les récits canoniques, mais qui montre bien la dynamique engendrée par la naissance de Jésus. Elle concerne un berger très pauvre, venu voir Jésus sans cadeau à offrir. Cette histoire représente Joseph et Marie qui, presque gênés par l’afflux de cadeaux, mirent Jésus dans les bras de ce berger venu les mains vides. «Ce berger, en l’accueillant, se rendit compte d’avoir reçu ce qu’il ne méritait pas, d’avoir entre les bras le don le plus grand de l’histoire, a raconté François. Il regarda ses mains, ces mains qui lui paraissaient toujours vides : elles étaient devenues le berceau de Dieu. Il se sentit aimé et, en surmontant la honte, il commença à montrer Jésus aux autres, parce qu’il ne pouvait pas garder pour lui le don des dons.»

Au terme de son homélie, le Pape a ainsi interpellé chacun : «Cher frère, chère sœur, si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi. La grâce de Dieu est apparue pour resplendir dans ta vie. Accueille-la et la lumière de Noël brillera en toi.»

Comme c’est la tradition, François a ensuite déposé l’Enfant Jésus dans la crèche située à l’intérieur de la basilique. Il était entouré en procession par des enfants venus notamment d’Irak, du Kenya, d’Ouganda ou encore des Philippines, représentant essentiellement des nations visitées par le Pape ou dans lesquelles il a le projet de se rendre.

 

Texte complet de l’homélie du Pape François

« Sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1). Cette prophétie de la première Lecture s’est réalisée dans l’Evangile : en effet, alors que les bergers veillaient la nuit sur leurs terres, « la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière » (Lc 2,9). Dans la nuit de la terre est apparue une lumière venant du ciel. Que signifie cette lumière apparue dans l’obscurité ? L’Apôtre Paul nous le suggère, lui qui nous a dit : « La grâce de Dieu est apparue ». La grâce de Dieu, qui « s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2,11), a enveloppé le monde cette nuit.

Mais qu’est-ce que cette grâce ? C’est l’amour divin, l’amour qui transforme la vie, qui renouvelle l’histoire, qui libère du mal, qui répand la paix et la joie. Cette nuit, l’amour de Dieu s’est montré à nous : c’est Jésus. En Jésus, le Très Haut s’est fait petit, pour être aimé de nous. En Jésus, Dieu s’est fait Enfant, pour se laisser embrasser par nous. Mais, nous pouvons encore nous demander pourquoi saint Paul appelle la venue de Dieu dans le monde “grâce” ? Pour nous dire qu’elle est complètement gratuite. Alors qu’ici sur terre, tout paraît répondre à la logique du donner pour avoir, Dieu arrive gratuitement. Son amour n’est pas négociable : nous n’avons rien fait pour le mériter et nous ne pourrons jamais le récompenser.

La grâce de Dieu est apparue. Cette nuit, nous nous rendons compte que, tandis que nous n’étions pas à la hauteur, Il s’est fait pour nous petitesse ; tandis que nous allions à nos affaires, Il est venu au milieu de nous. Noël nous rappelle que Dieu continue d’aimer tout homme, même le pire. A moi, à toi, à chacun de nous aujourd’hui, il dit : “Je t’aime et je t’aimerai toujours, tu es précieux à mes yeux”. Dieu ne t’aime pas parce que tu penses juste et que tu te comportes bien ; il t’aime et c’est tout. Son amour est inconditionnel, il ne dépend pas de toi. Tu peux avoir des idées erronées, tu peux avoir créé des situations très compliquées, mais le Seigneur ne renonce pas à t’aimer. Combien de fois ne pensons-nous pas que Dieu est bon si nous sommes bons et qu’il nous châtie si nous sommes mauvais. Ce n’est pas ainsi. Dans nos péchés, il continue de nous aimer. Son amour ne change pas, il n’est pas susceptible ; il est fidèle, il est patient. Tel est le don que nous trouvons à Noël : nous découvrons avec stupeur que le Seigneur est toute la gratuité possible, toute la tendresse possible. Sa gloire ne nous aveugle pas, sa présence ne nous effraie pas. Il naît pauvre de tout, pour nous conquérir avec la richesse de son amour.

La grâce de Dieu est apparue. Grâce est synonyme de beauté. Cette nuit, dans la beauté de l’amour de Dieu, nous redécouvrons aussi notre beauté, parce que nous sommes les bien-aimés de Dieu. Dans le bien et dans le mal, dans la santé et dans la maladie, heureux ou tristes, à ses yeux nous apparaissons beaux : non pas pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Il y a en nous une beauté indélébile, intangible, une beauté irrépressible qui est le noyau de notre être. Aujourd’hui Dieu nous le rappelle, en prenant avec amour notre humanité et en la faisant sienne, “en l’épousant” pour toujours.

Vraiment la « grande joie » annoncée cette nuit aux bergers est « pour tout le peuple ». Parmi ces bergers, qui n’étaient certes pas des saints, nous y sommes aussi, avec nos fragilités et faiblesses. Comme il les a appelés, Dieu nous appelle aussi, parce qu’il nous aime. Et, dans les nuits de la vie, à nous comme à eux il dit : « Ne craignez pas » (Lc 2,10). Courage, ne perds pas confiance, ne perds pas l’espérance, ne pense pas qu’aimer est du temps perdu ! Cette nuit, l’amour a vaincu la crainte, une espérance nouvelle est apparue, la douce lumière de Dieu a vaincu les ténèbres de l’arrogance humaine. Ô Humanité, Dieu t’aime et pour toi il s’est fait homme, tu n’es plus seule !

Chers frères et sœurs, que faire devant cette grâce ? Une seule chose : accueillir le don. Avant d’aller à la recherche de Dieu, laissons-nous chercher par lui. Ne partons pas de nos capacités, mais de sa grâce, parce que c’est Lui, Jésus, le Sauveur. Posons le regard sur l’Enfant et laissons-nous envelopper de sa tendresse. Nous n’aurons plus d’excuses pour ne pas nous laisser aimer par Lui : ce qui dans la vie va mal, ce qui dans l’Eglise ne fonctionne pas, ce qui dans le monde ne va pas ne sera plus une justification. Cela passera au second plan, parce que devant l’amour fou de Jésus, un amour tout de douceur et de proximité, il n’y a pas d’excuses. La question à Noël est : “Est-ce que je me laisse aimer par Dieu ? Est-ce que je m’abandonne à son amour qui vient pour me sauver ?”.

Un don aussi grand mérite une profonde gratitude. Accueillir la grâce est savoir remercier. Mais nos vies sont souvent vécues loin de la gratitude. Aujourd’hui, c’est le jour idéal pour nous approcher du tabernacle, de la crèche, de la mangeoire, pour dire merci. Accueillons le don qui est Jésus, pour ensuite devenir don comme Jésus. Devenir don est donner du sens à la vie. Et c’est le meilleur moyen pour changer le monde : nous changeons, l’Eglise change, l’histoire change quand nous commençons non pas à vouloir changer les autres, mais nous-mêmes, en faisant de notre vie un don. Jésus nous le montre cette nuit : il n’a pas changé l’histoire en forçant quelqu’un ou à force de paroles, mais avec le don de sa vie. Il n’a pas attendu que nous devenions bons pour nous aimer, mais il s’est donné gratuitement à nous. Nous aussi, n’attendons pas que notre prochain devienne bon pour lui faire du bien, que l’Eglise soit parfaite pour l’aimer, que les autres nous considèrent pour les servir. Commençons les premiers. Ça, c’est accueillir le don de la grâce. Et la sainteté n’est autre que conserver cette gratuité.

Une belle légende raconte qu’à la naissance de Jésus, les bergers accourraient à la grotte avec divers dons. Chacun apportait ce qu’il avait, celui-ci des fruits de son travail, celui-là quelque chose de précieux. Mais, tandis que tous se dépensaient avec générosité, il y avait un berger qui n’avait rien. Il était très pauvre, il n’avait rien à offrir. Tandis que tous rivalisaient pour présenter leurs dons, il se tenait de côté, tout honteux. A un certain moment, saint Joseph et la Vierge se trouvèrent en difficulté pour recevoir tous ces dons, surtout Marie, qui devait porter l’Enfant. Alors, en voyant ce berger avec les mains vides, elle lui demanda de s’approcher. Et elle lui mit Jésus dans les bras. Ce berger, en l’accueillant, se rendit compte d’avoir reçu ce qu’il ne méritait pas, d’avoir entre les bras le don le plus grand de l’histoire. Il regarda ses mains, ces mains qui lui paraissaient toujours vides : elles étaient devenues le berceau de Dieu. Il se sentit aimé et, en surmontant la honte, il commença à montrer Jésus aux autres, parce qu’il ne pouvait pas garder pour lui le don des dons.

Cher frère, chère sœur, si tes mains te semblent vides, si tu vois ton cœur pauvre d’amour, cette nuit est pour toi. La grâce de Dieu est apparue pour resplendir dans ta vie. Accueille-la et la lumière de Noël brillera en toi.

     Pape François, Rome, 24 décembre 2019.




Audience Générale du Mercredi 29 Janvier 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 29 janvier 2020


Frères et sœurs, aujourd’hui nous commençons une série de catéchèses sur les Béatitudes de l’Evangile selon saint Matthieu qui nous introduisent dans le Discours de Jésus sur la montagne. Ce texte, qui a illuminé la vie des croyants et même des non croyants, contient la “carte d’identité” du chrétien. En effet, le message des Béatitudes est adressé non seulement aux disciples, mais aussi à toute l’humanité. La montagne, dans l’Evangile, renvoie au Sinaï où Dieu donna les “Dix paroles” à Moïse. Cependant, il n’est plus question de tempêtes terrifiantes, mais de la douce force de la Bonne Nouvelle. Jésus y révèle le chemin du bonheur. Il ne s’agit pas ici d’un bonheur qui s’apparente aux joies passagères ou aux plaisirs, mais plutôt d’un bonheur qui sait vivre avec la souffrance. La finalité des Béatitudes réside dans la condition nouvelle que les bienheureux reçoivent comme don de Dieu. Dans cette prédication inaugurale, Jésus indique huit “portes” pour faire l’expérience de la puissance et de la providence de Dieu. En fait, le bienheureux est une personne qui est dans une condition de grâce, qui progresse dans la grâce de Dieu. Ainsi, le bonheur qui vient de Dieu, c’est la paix que le Christ nous donne.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, les groupes venus de Belgique et de France, particulièrement les jeunes venus de Paris et de Saint Cloud. Les Béatitudes nous enseignent que Dieu, pour se donner à nous, choisit souvent des chemins impensables, ceux de nos limites, de nos larmes, de nos défaites. Demandons au Seigneur l’esprit des Béatitudes afin que nous puissions faire l’expérience de la puissance de Dieu qui se manifeste dans nos souffrances quotidiennes. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 

 

 




Dimanche 26 janvier : Premier Dimanche de la Parole de Dieu

Le 30 septembre 2019, en la mémoire liturgique de saint Jérôme en ce début du 1600e anniversaire de sa mort, le pape François a publié une lettre apostolique en forme de motu proprio intitulée Aperuit illis. Lettre par laquelle il entend « répondre à de nombreuses demandes » qui lui sont parvenues « de la part du peuple de Dieu » afin que, dans toute l’Église, « on puisse célébrer en unité d’intentions le “Dimanche de la Parole de Dieu” ». Il établit donc que, le « IIIe Dimanche du temps ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu » (cf. la-croix.com).

Voici donc le texte complet de cette lettre apostolique :

  1. « Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures » (Lc 24, 45). Voilà l’un des derniers gestes accomplis par le Seigneur ressuscité, avant son Ascension. Il apparaît aux disciples alors qu’ils sont rassemblés dans un même lieu, il rompt avec eux le pain et ouvre leur esprit à l’intelligence des Saintes Écritures. À ces hommes effrayés et déçus, il révèle le sens du mystèrepascal : c’est-à-dire que, selon le projet éternel du Père, Jésus devait souffrir et ressusciter des morts pour offrir la conversion et le pardon des péchés (cf. Lc 24, 26.46-47) et promet l’Esprit Saintqui leur donnera la force d’être témoins de ce Mystèrede salut (cf. Lc 24, 49).

La relation entre le Ressuscité, la communauté des croyants et l’Écriture Sainte est extrêmement vitale pour notre identité. Si le Seigneur ne nous y introduit pas, il est impossible de comprendre en profondeur l’Écriture Sainte. Pourtant le contraire est tout aussi vrai : sans l’Écriture Sainte, les événements de la mission de Jésus et de son Église dans le monde restent indéchiffrables. De manière juste, Saint Jérôme pouvait écrire : « Ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ » (In Is., prologue : PL 24, 17)

  1. En conclusion du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, j’avais demandé que l’on pense à « un dimanche entièrement consacré à la Parole de Dieu, pour comprendre l’inépuisable richesse qui provient de ce dialogue constant de Dieu avec son peuple » (Misericordia et misera, n. 7). Consacrer de façon particulière un dimanche de l’Année liturgique à la Parole de Dieu permet, pardessus tout, de faire revivre à l’Église le geste du Ressuscité qui ouvre également pour nous le trésor de sa Parole afin que nous puissions être dans le monde des annonciateurs de cette richesse inépuisable. À cet égard, les enseignements de Saint Éphrem me viennent à l’esprit : « Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite » (Commentaires sur le Diatessaron, 1, 18). Par cette Lettre, j’entends donc répondre à de nombreuses demandes qui me sont parvenues de la part du peuple de Dieu, afin que, dans toute l’Église, on puisse célébrer en unité d’intentions le Dimanche de la Parole de Dieu. Il est désormais devenu une pratique courante de vivre des moments où la communauté chrétienne se concentre sur la grande valeur qu’occupe la Parole de Dieu dans son quotidien. Dans les diverses Églises locales, de nombreuses initiatives rendent les Saintes Écritures plus accessibles aux croyants, ce qui les rend reconnaissants pour un tel don, engagés à le vivre quotidiennement et responsables de le témoigner avec cohérence. Le Concileœcuménique Vatican IIa donné une grande impulsion à la redécouverte de la Parole de Dieu par la Constitution dogmatique Dei Verbum. De ces pages, qui méritent toujours d’être méditées et vécues, émerge clairement la nature de l’Écriture Sainte, transmise de génération en génération (chap. II), son inspiration divine (chap. III) qui embrasse Ancien et Nouveau Testament (Chap. IV et V) et son importance pour la vie de l’Église (chap. VI). Pour accroître cet enseignement, Benoît XVI convoqua en 2008 une Assemblée du Synode des Évêques sur le thème « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église », à la suite de laquelle il publia l’Exhortation ApostoliqueVerbum Domini, qui constitue un enseignement incontournable pour nos communautés [1]. Dans ce document, le caractère performatif de la Parole de Dieu est particulièrement approfondi surtout, lorsque dans l’action liturgique, émerge son caractère proprement sacramentel [2].

Il est donc bon que ne manque jamais dans la vie de notre peuple ce rapport décisif avec la Parole vivante que le Seigneur ne se lasse jamais d’adresser à son Épouse, afin qu’elle puisse croître dans l’amour et dans le témoignage de foi.

  1. J’établis donc que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu. Ce dimanche de la Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens. Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique, parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide. Les communautés trouveront le moyen de vivre ce dimanche comme un jour solennel. Il sera important, en tout cas que, dans la célébration eucharistique, l’on puisse introduire le texte sacré, de manière à rendre évidente à l’assemblée la valeur normative que possède la Parole de Dieu. En ce dimanche, de façon particulière, il sera utile de souligner sa proclamation et d’adapter l’homéliepour mettre en évidence le service rendu à la Parole du Seigneur. Les Évêques pourront, en ce dimanche, célébrer le ritedu lectorat ou confier un ministère similaire, pour rappeler l’importance de la proclamation de la Parole de Dieu dans la liturgie. Il est fondamental, en effet, de faire tous les efforts nécessaires pour former certains fidèles à être de véritables annonciateurs de la Parole avec une préparation adéquate, comme cela se produit de manière désormais habituelle pour les acolytes ou les ministres extraordinaires de la communion. De la même manière, les prêtres en paroissepourront trouver la forme la plus adéquate pour la remise de la Bible, ou de l’un de ses livres, à toute l’assemblée, afin de faire ressortir l’importance d’en continuer la lecture dans sa vie quotidienne, de l’approfondir et de prier avec la Sainte Écriture, se référant de manière particulière à la Lectio Divina.

  1. Le retour du peuple d’Israël dans sa patrie, après l’exil babylonien, fut marqué de façon significative par la lecture du livre de la Loi. La Biblenous offre une description émouvante de ce moment dans le livre de Néhémie. Le peuple est rassemblé à Jérusalem sur la place de la Porte des Eaux à l’écoute de la Loi. Dispersé par la déportation, il se retrouve maintenant rassemblé autour de l’Écriture Sainte comme s’il était « un seul homme » (Ne 8, 1). À la lecture du livre sacré, le peuple « écoutait » (Ne 8, 3), sachant qu’il retrouvait dans cette parole le sens des événements vécus. La réaction à la proclamation de ces paroles fut l’émotion et les pleurs : « Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre. Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtreet scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. […] Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! » (Ne 8, 8-10).

Ces mots contiennent un grand enseignement. La Biblene peut pas être seulement le patrimoine de quelques-uns et encore moins une collection de livres pour quelques privilégiés. Elle appartient, avant tout, au peuple convoqué pour l’écouter et se reconnaître dans cette Parole. Souvent, il y a des tendances qui tentent de monopoliser le texte sacré en le reléguant à certains cercles ou groupes choisis. Il ne peut en être ainsi. La Bibleest le livre du peuple du Seigneur qui, dans son écoute, passe de la dispersion et de la division à l’unité. La Parole de Dieu unit les croyants et les rend un seul peuple.

  1. Dans cette unité générée par l’écoute, les pasteurs ont en premier lieu la grande responsabilité d’expliquer et de permettre à tous de comprendre l’Écriture Sainte. Puisqu’elle est le livre du peuple, ceux qui ont la vocation d’être ministres de la Parole doivent ressentir avec force l’exigence de la rendre accessible à leur communauté. L’homélie, en particulier, revêt une fonction tout à fait particulière, car elle possède « un caractère presque sacramentel » (Evangelii Gaudium, n. 142). Faire entrer en profondeur dans la Parole de Dieu, dans un langage simple et adapté à celui qui écoute, permet au prêtrede faire découvrir également la « beauté des images que le Seigneur utilisait pour stimuler la pratique du bien » (Ibid.). C’est une opportunité pastorale à ne pas manquer !

Pour beaucoup de nos fidèles, en effet, c’est l’unique occasion qu’ils possèdent pour saisir la beauté de la Parole de Dieu et de la voir se référer à leur vie quotidienne. Il faut donc consacrer le temps nécessaire à la préparation de l’homélie. On ne peut improviser le commentaire aux lectures sacrées. Pour nous, comme prédicateurs, il est plutôt demandé de ne pas s’étendre au-delà de la mesure avec des homélies ou des arguments étrangers. Quand on s’arrête pour méditer et prier sur le texte sacré, on est capable de parler avec son cœur pour atteindre le cœur des personnes qui écoutent, pour exprimer l’essentiel qui est reçu et qui produit du fruit. Ne nous lassons jamais de consacrer du temps et de prier avec l’Écriture Sainte, pour qu’elle soit accueillie « pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu » (1Th 2, 13). Il est également souhaitable que les catéchistes, par le ministère dont ils sont revêtus, aident à faire grandir dans la foi, ressentant l’urgence de se renouveler à travers la familiarité et l’étude des Saintes Écritures, leur permettant de favoriser un vrai dialogue entre ceux qui les écoutent et la Parole de Dieu.

  1. Avant de se manifester aux disciples enfermés au cénacle et de les ouvrir à l’intelligence de l’Écriture (cf. Lc 24, 44-45), le Ressuscité apparaît à deux d’entre eux sur le chemin qui mène de Jérusalem à Emmaüs (cf. 24, 13-35). Le récit de l’évangéliste Luc note que c’est le jour de la Résurrection, c’est-à-dire le dimanche. Ces deux disciples discutent sur les derniers événements de la passion et de la mort de Jésus. Leur chemin est marqué par la tristesse et la désillusion de la fin tragique de Jésus. Ils avaient espéré en Lui le voyant comme le Messielibérateur, mais ils se trouvent devant le scandale du Crucifié. Discrètement, le Ressuscité s’approche et marche avec les disciples, mais ceux-ci ne le reconnaissent pas (cf. v. 16). Au long du chemin, le Seigneur les interroge, se rendant compte qu’ils n’ont pas compris le sens de sa passion et de sa mort ; il les appelle « esprits sans intelligence et lents à croire » (v. 25) « et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait » (v. 27) Le Christ est le premier exégète ! Non seulement les Écritures anciennes ont anticipé ce qu’Il aurait réalisé, mais Lui-même a voulu être fidèle à cette Parole pour rendre évidente l’unique histoire du salut qui trouve dans le Christ son accomplissement.

  1. La Bible, par conséquent, en tant qu’Écriture Sainte, parle du Christ et l’annonce comme celui qui doit traverser les souffrances pour entrer dans la gloire (cf. v. 26). Ce n’est pas une seule partie, mais toutes les Écritures qui parlent de Lui. Sa mort et sa résurrectionsont indéchiffrables sans elles. C’est pourquoi l’une des confessions de foi les plus anciennes souligne que « le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre » (1Co 15, 3-5). Puisque les Écritures parlent du Christ, elles permettent de croire que sa mort et sa résurrectionn’appartiennent pas à la mythologie, mais à l’histoire et se trouvent au centre de la foi de ses disciples. Le lien entre l’Écriture Sainte et la foi des croyants est profond. Puisque la foi provient de l’écoute et que l’écoute est centrée sur la parole du Christ (cf. Rm 10, 17), l’invitation qui en découle est l’urgence et l’importance que les croyants doivent réserver à l’écoute de la Parole du Seigneur, tant dans l’action liturgique que dans la prière et la réflexion personnelle.

  1. Le « voyage » du Ressuscité avec les disciples d’Emmaüs se termine par le repas. Le mystérieux Voyageur accepte l’insistante demande que lui adressent les deux compagnons : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse » (Lc 24, 29). S’assoyant à table avec eux, Jésus prend le pain, récite la bénédiction, le rompt et le leur donne. Alors, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent. (cf. v. 31) Nous comprenons de cette scène, combien est inséparable le rapport entre l’Écriture Sainte et l’Eucharistie. Le ConcileVatican IIenseigne : « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie de la table de la Parole de Dieu et de celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles » (Dei Verbum, n. 21).

La fréquentation constante de l’Écriture Sainte et la célébration de l’Eucharistierendent possible la reconnaissance entre personnes qui s’appartiennent. En tant que chrétiens, nous sommes un seul peuple qui marche dans l’histoire, fort de la présence du Seigneur parmi nous qui nous parle et nous nourrit. Ce jour consacré à la Bibleveut être non pas « une seule fois par an », mais un événement pour toute l’année, parce que nous avons un besoin urgent de devenir familiers et intimes de l’Écriture Sainte et du Ressuscité, qui ne cesse de rompre la Parole et le Pain dans la communauté des croyants. C’est pourquoi nous avons besoin d’entrer constamment en confiance avec l’Écriture Sainte, sinon le cœur restera froid et les yeux resteront fermés, frappés comme par d’innombrables formes de cécité.

Écriture et Sacrements sont donc inséparables. Lorsque les sacrements sont introduits et illuminés par la Parole, ils se manifestent plus clairement comme le but d’un chemin où le Christ lui-même ouvre l’esprit et le cœur pour reconnaître son action salvifique. Il est nécessaire, dans ce contexte, de ne pas oublier l’enseignement qui vient du livre de l’Apocalypse. Il est dit ici que le Seigneur est à la porte et qu’Il frappe. Si quelqu’un entend sa voix et lui ouvre, Il entre pour dîner avec lui (cf. 3, 20). Le Christ Jésus, à travers l’Écriture Sainte, frappe à notre porte; si nous écoutons et ouvrons la porte de notre esprit et celle de notre cœur, alors Il entrera dans notre vie et demeurera avec nous.

  1. Dans la deuxième lettre à Timothée, qui constitue en quelque sorte son testament spirituel, saint Paul recommande à son fidèle collaborateur de fréquenter constamment l’Écriture Sainte. L’Apôtreest convaincu que « toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice » (cf. 3, 16). Cette recommandation de Paul à Timothée constitue une base sur laquelle la Constitution conciliaire Dei Verbum aborde le grand thème de l’inspiration de l’Écriture Sainte, une base dont émergent en particulier la finalité salvifique, la dimension spirituelle et le principe de l’incarnationpour l’Écriture Sainte.

Rappelant tout d’abord la recommandation de Paul à Timothée, Dei Verbumsouligne que « les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu a voulu voir consigner dans les Lettres sacrées pour notre salut » (n. 11). Puisque celles-ci enseignent en vue du salut pour la foi dans le Christ (2 Tm 3, 15), les vérités qu’elles contiennent servent à notre salut. La Biblen’est pas une collection de livres d’histoires ni de chroniques, mais elle est entièrement tournée vers le salut intégral de la personne. L’indéniable enracinement historique des livres contenus dans le texte sacré ne doit pas faire oublier cette finalité primordiale : notre salut. Tout est orienté vers cette finalité inscrite dans la nature même de la Bible, qui est composée comme histoire du salut dans laquelle Dieu parle et agit pour aller à la rencontre de tous les hommes, pour les sauver du mal et de la mort. Pour atteindre ce but salvifique, l’Écriture Sainte, sous l’action de l’Esprit Saint, transforme en Parole de Dieu la parole des hommes écrite de manière humaine (cf. Dei Verbum, n. 12). Le rôle de l’Esprit Saintdans la Sainte Écriture est fondamental. Sans son action, le risque d’être enfermé dans le texte serait toujours un danger, rendant facile l’interprétation fondamentaliste, d’où nous devons rester à l’écart afin de ne pas trahir le caractère inspiré, dynamique et spirituel que possède le texte sacré. Comme le rappelle l’Apôtre, « la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3, 6). Le Saint-Esprit transforme donc la Sainte Écriture en une Parole vivante de Dieu, vécue et transmise dans la foi de son peuple saint.

  1. L’action de l’Esprit Saintne concerne pas seulement la formation de l’Écriture Sainte, mais agit aussi chez ceux qui se mettent à l’écoute de la Parole de Dieu. Elle est importante l’affirmation des Pères conciliaires selon laquelle l’Écriture Sainte doit être « lue et interprétée à la lumière du même Esprit par lequel elle a été écrite » (Dei Verbum, n. 12). Avec Jésus Christ, la révélation de Dieu atteint son accomplissement et sa plénitude ; pourtant, l’Esprit Saintcontinue son action. En effet, il serait réducteur de limiter l’action de l’Esprit Saintuniquement à la nature divinement inspirée de l’Écriture Sainte et à ses différents auteurs. Il est donc nécessaire d’avoir confiance en l’action de l’Esprit Saintqui continue à réaliser sa forme particulière d’inspiration lorsque l’Église enseigne l’Écriture Sainte, lorsque le Magistèrel’interprète authentiquement (cf. ibid., 10) et quand chaque croyant en fait sa norme spirituelle. Dans ce sens, nous pouvons comprendre les paroles de Jésus quand, aux disciples qui lui confirment avoir saisi le sens de ses paraboles, Il dit : « C’est pourquoi tout scribe devenu discipledu royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien » (Mt 13, 52).

  1. Dei Verbumprécise enfin que « les paroles de Dieu, passant par les langues humaines, sont devenues semblables au langage des hommes, de même que jadis le Verbe du Père éternel, ayant assumé l’infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes » (n. 13). C’est comme dire que l’Incarnationdu Verbe de Dieu donne forme et sens à la relation entre la Parole de Dieu et le langage humain, avec ses conditions historiques et culturelles. C’est dans cet événement que prend forme la Tradition, qui elle aussi est Parole de Dieu (cf. Ibid., n. 9). On court souvent le risque de séparer entre elles l’Écriture Sainte et la Tradition, sans comprendre qu’ensemble elles sont l’unique source de la Révélation. Le caractère écrit de la première ne diminue en rien le fait qu’elle soit pleinement parole vivante ; de même que la Tradition vivante de l’Église, qui la transmet sans cesse au cours des siècles de génération en génération, possède ce livre sacré comme la « règle suprême de la foi » (Ibid., n. 21). D’ailleurs, avant de devenir un texte écrit, l’Écriture Sainte a été transmise oralement et maintenue vivante par la foi d’un peuple qui la reconnaissait comme son histoire et son principe d’identité parmi tant d’autres peuples. La foi biblique se fonde donc sur la Parole vivante et non pas sur un livre.

  1. Lorsque l’Écriture Sainte est lue dans le même esprit que celui avec lequel elle a été écrite, elle demeure toujours nouvelle. L’Ancien Testament n’est jamais vieux une fois qu’on le fait entrer dans le Nouveau, car tout est transformé par l’unique Esprit qui l’inspire. Tout le texte sacré possède une fonction prophétique : il ne concerne pas l’avenir, mais l’aujourd’hui de celui qui se nourrit de cette Parole. Jésus lui-même l’affirme clairement au début de son ministère : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » (Lc 4, 21). Celui qui se nourrit chaque jour de la Parole de Dieu se fait, comme Jésus, contemporain des personnes qu’il rencontre ; il n’est pas tenté de tomber dans des nostalgies stériles du passé ni dans des utopies désincarnées vers l’avenir. L’Écriture Sainte accomplit son action prophétique avant tout à l’égard de celui qui l’écoute. Elle provoque douceur et amertume. Rappelons-nous les paroles du prophèteÉzéchiel lorsque le Seigneur l’invite à manger le rouleau du livre, il confie : « dans ma bouche il fut doux comme du miel » (cf. 3, 3). Même l’évangéliste Jean sur l’île de Patmos revit la même expérience qu’Ézéchiel de manger le livre, mais il ajoute quelque chose de plus spécifique : « Dans ma bouche il était doux comme le miel, mais, quand je l’eus mangé, il remplit mes entrailles d’amertume » (Ap 10, 10). L’effet de douceur de la Parole de Dieu nous pousse à la partager avec ceux que nous rencontrons au quotidien pour leur exprimer la certitude de l’espérancequ’elle contient (cf. 1 P 3,15-16). L’amertume, à son contraire, est souvent offerte lorsqu’on saisit à quel point il nous est difficile de vivre la parole de manière cohérente, ou se voit même refusée d’être touchée du doigt parce qu’elle n’est pas retenue valable pour donner un sens à la vie. Il est donc nécessaire de ne jamais s’accoutumer à la Parole de Dieu, mais de se nourrir de celle-ci pour découvrir et vivre en profondeur notre relation avec Dieu et avec nos frères.

  1. Une autre provocation qui provient de l’Écriture Sainte est celle qui concerne la charité. Constamment la Parole de Dieu rappelle l’amour miséricordieux du Père qui demande à ses enfants de vivre dans la charité. La vie de Jésus est l’expression pleine et parfaite de cet amour divin qui ne retient rien pour lui-même, mais qui s’offre à tous sans réserve. Dans la paraboledu pauvre Lazare, nous trouvons une indication précieuse. Lorsque Lazare et le riche meurent, celui-ci, voyant le pauvre dans le sein d’Abraham, demande qu’il soit envoyé à ses frères pour les avertir de vivre l’amour du prochain, pour éviter qu’eux aussi subissent ses propres tourments. La réponse d’Abraham est cinglante : « Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent » (Lc 16, 29). Écouter les Saintes Écritures pour pratiquer la miséricorde: c’est un grand défi pour notre vie. La Parole de Dieu est en mesure d’ouvrir nos yeux pour nous permettre de sortir de l’individualisme qui conduit à l’asphyxie et à la stérilité tout en ouvrant grand la voie du partage et de la solidarité.

  1. L’un des épisodes les plus significatifs du rapport entre Jésus et les disciples est le récit de la Transfiguration. Jésus monte sur la montagne pour prier avec Pierre, Jacques et Jean. Les évangélistes se rappellent que, tandis que le visage et les vêtements de Jésus resplendissaient, deux hommes conversaient avec Lui : Moïse et Élie, qui incarnent respectivement la Loi et les Prophètes, c’est-à-dire les Saintes Écritures. La réaction de Pierre, à cette vue, est remplie d’un joyeux émerveillement : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie » (Lc 9, 33). A ce moment-là, une nuée les couvrit de son ombre et les disciples furent saisis de peur. La Transfigurationrappelle la fête des tentes, quand Esdras et Néhémie lisaient le texte sacré au peuple, après le retour de l’exil. Dans un même temps, elle anticipe la gloire de Jésus en préparation au scandale de la passion, gloire divine qui est également évoquée par la nuée qui enveloppe les disciples, symbole de la présence du Seigneur. Cette Transfigurationest semblable à celle de l’Écriture Sainte qui se transcende lorsqu’elle nourrit la vie des croyants. Comme le rappelle Verbum Domini : « Dans la saisie de l’articulation entre les différents sens de l’Écriture, il devient alors décisif de comprendre le passage de la lettre à l’esprit. Il ne s’agit pas d’un passage automatique et spontané; il faut plutôt un dépassement de la lettre » (n. 38).

  2. Sur le chemin d’accueil de la Parole de Dieu nous accompagne la Mère du Seigneur, reconnue comme bienheureuse parce qu’elle a cru en l’accomplissement de ce que le Seigneur lui avait dit (cf. Lc 1, 45). La béatitude de Marie précède toutes les béatitudes prononcées par Jésus pour les pauvres, les affligés, les humbles, les pacificateurs et ceux qui sont persécutés, car c’est la condition nécessaire pour toute autre béatitude. Aucun pauvre n’est bienheureux parce qu’il est pauvre ; il le devient, comme Marie, s’il croit en l’accomplissement de la Parole de Dieu. C’est ce que rappelle un grand discipleet maître des Saintes Écritures, saint Augustin : « Quelqu’un au milieu de la foule, particulièrement pris par l’enthousiasme, s’écria : Bienheureux le sein qui t’a porté. Et lui de répondre : Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. C’est comme dire : ma mère, que tu appelles bienheureuse, est bienheureuse précisément parce qu’elle garde la Parole de Dieu, non pas parce que le Verbe est devenu chair en elle et a vécu parmi nous, mais parce qu’elle garde la parole même de Dieu par qui elle a été créée, et qu’en elle Il s’est fait chair » (Comm. l’év. de Jn., 10, 3).

Que le Dimanche de la Parole de Dieu puisse faire grandir dans le peuple de Seigneur la religiosité et l’assiduité familière avec les Saintes Écritures, comme l’auteur sacré enseignait déjà dans les temps anciens « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14).

Donné à Rome, près de saint Jean du Latran, le 30 septembre 2019

En la mémoire liturgique de saint Jérôme, en ce début du 1600e anniversaire de sa mort.

FRANÇOIS

[1] Cf. AAS 102 (2010), 692-787.

[2] « La sacramentalité de la Parole se comprend alors par analogie à la présence réelle du Christ sous les espèces du pain et du vin consacrés. En nous approchant de l’autel et en prenant part au banquet eucharistique, nous communions réellement au corps et au sang du Christ. La proclamation de la Parole de Dieu dans la célébration implique la reconnaissance que le Christ lui-même est présent et s’adresse à nous pour être écouté », Verbum Domini, 56.




Audience Générale du Mercredi 15 Janvier 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 janvier 2020


Frères et sœurs, nous arrivons aujourd’hui à la conclusion de notre catéchèse consacrée aux Actes des Apôtres avec la dernière étape missionnaire de saint Paul qui arrive enfin à Rome après un voyage marqué par les menaces et les dangers. Ce voyage de l’Apôtre des nations est la preuve que la vie de l’homme vécue dans la foi peut devenir un canal du salut de Dieu. La vie de Paul, dans sa fragilité et ses péripéties, a mis en lumière la puissance de Dieu et la force de l’Esprit Saint qui féconde l’action missionnaire de l’Eglise. L’arrivée de Paul au cœur de l’empire met fin au récit des Actes des Apôtres qui se conclut par une annonce féconde de la Parole de Dieu. En effet, le dynamisme de celle-ci imprègne la fin du récit de Luc ; cette Parole est irrésistible et se déploie pour annoncer le salut à tous. A Rome, Paul va à la rencontre de ses frères en Christ. Son état de prisonnier ne l’empêche pas de leur parler du règne de Dieu. Dans la conclusion de son œuvre, au lieu de montrer la mort de Paul, Luc nous montre plutôt le dynamisme d’une Bonne Nouvelle qui n’est pas enchaînée, mais qui est prête à être semée à pleines mains.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de Lyon. Avec Paul, nous sommes invités à imprégner nos maisons de l’Evangile et à les transformer en cénacles de fraternité. Que l’esprit Saint ravive en chacun de nous l’appel à être des évangélisateurs courageux et joyeux. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 8 Janvier 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 janvier 2020


Frères et sœurs, la dernière partie des Actes des Apôtres raconte le voyage de saint Paul à Rome, où il devra rendre témoignage au Christ. Au cours de la traversée, une tempête se lève et le bateau part à la dérive. Alors que la mort semble imminente, Paul rassure l’équipage : il est l’homme de la foi. Il a reçu d’un ange la certitude qu’il comparaîtra devant César, et que tous seront sauvés avec lui. Ainsi, même dans l’épreuve il ne cesse d’être attentif aux autres et de ranimer leur espérance. Arrivé à Malte et accueilli par la population, saint Paul exerce aussitôt un ministère de compassion en guérissant des malades : en effet, le bien tend à se communiquer. Quand un croyant fait l’expérience du salut, il ne la garde pas pour lui-même, mais il acquiert une plus grande sensibilité aux nécessités des autres et se rend proche de celui qui souffre. Saint Paul nous invite à vivre les épreuves en étant unis au Christ, avec la conviction que Dieu peut agir en toute circonstance, et que celui qui s’offre à Dieu par amour sera certainement fécond.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française et souhaite, à chacun et à chacune, une année riche en grâces du Seigneur. En particulier, demandons à Dieu de nous aider à vivre nos épreuves dans la foi. Et soyons sensibles aux souffrances de ceux qui viennent à notre rencontre sachant les accueillir de cet amour qui procède de notre rencontre avec Jésus. Que Dieu vous bénisse.

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 18 décembre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 18 décembre 2019


Chers frères et sœurs, dans une semaine nous célèbrerons Noël et nous pouvons nous demander comment nous préparer à cette fête. Une façon simple et efficace est de faire la crèche. Moi aussi cette année j’ai suivi ce chemin. Je suis allé à Greccio où saint François a fait la première crèche, avec les gens de la région ; et j’ai écrit une lettre pour rappeler la signification de cette tradition. La crèche est comme un Evangile vivant. Elle porte la Bonne Nouvelle là où nous vivons. Faire la crèche c’est célébrer la proximité de Dieu, redécouvrir que Dieu est un Amour humble, descendu jusqu’à nous. L’Enfant dans la crèche nous transmet sa tendresse, il nous dit que Dieu est venu embrasser notre humanité. Près de Jésus, nous voyons Marie et Joseph. Nous aussi nous pouvons inviter la Sainte Famille chez nous. La crèche de nos maisons nous rappelle que Jésus est celui qui nourrit notre amour, qui donne à nos familles la force d’aller de l’avant et de nous pardonner mutuellement. Dans le rythme frénétique de nos vies, la crèche est aussi une invitation à la contemplation, pour nous ouvrir à l’écoute de Dieu qui parle dans le silence. Dans un monde qui fabrique tant d’armes et tant d’images de violence, la crèche est une image artisanale de paix. Autour du Prince de la paix, nous retrouvons l’harmonie, entre les personnes et avec la création. Les scènes de la vie quotidienne, souvent représentées dans la crèche, nous montrent que Jésus vient dans notre vie concrète. Elles nous disent que nous ne sommes plus seuls dans nos vies de tous les jours. Jésus habite avec nous. Si nous l’accueillons tout peut changer. Je souhaite que faire la crèche soit pour vous l’occasion d’inviter Jésus dans votre vie.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de France et les fidèles de Côte d’Ivoire. Chers frères et sœurs, je vous invite vous aussi à suivre cette belle tradition de la crèche. Vous y trouverez le rappel de la présence aimante de Jésus dans vos familles et dans toute votre vie. A tous je souhaite un joyeux Noël et je remercie tous ceux qui ces jours-ci, de nombreuses parties du monde, m’ont envoyé des messages de vœux pour mon 50ème anniversaire d’ordination sacerdotale et pour mon anniversaire. Merci surtout pour le don de la prière.

 

 




Audience Générale du Mercredi 11 décembre 2019

PAPE FRANÇOIS

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Place Saint-Pierre
Mercredi 11 décembre 2019


Frères et sœurs, poursuivant la lecture du livre des Actes des Apôtres, nous voyons le témoignage de saint Paul de plus en plus marqué par la souffrance. Son arrivée à Jérusalem, la ville où Jésus avait déjà rencontré l’hostilité, déchaîne une haine féroce contre lui. Il se rend au Temple où il manque de peu d’être tué, mais il est sauvé par les soldats romains. On lui reproche d’enseigner contre la Loi et le Temple. Il est arrêté, accusé, mais reconnu innocent par l’autorité romaine. La similitude avec Jésus est frappante : Paul est associé à la passion de son Maître. Sa défense devant le roi Agrippa est une profession de foi au Christ qui est au centre de sa vie. Il raconte sa propre conversion, lorsque le Ressuscité lui confia la mission auprès des païens, afin qu’ils passent des ténèbres à la lumière, obtiennent le pardon des péchés et l’héritage promis. Paul a été fidèle à cette mission, les chaînes qu’il porte « pour l’Évangile » en sont le témoignage. Elles ont aussi pour effet d’encourager désormais les frères à annoncer sans peur la Parole. Les chaînes peuvent bien emprisonner le prédicateur, la Parole de Dieu reste souverainement libre pour transformer l’histoire.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de France. Paul nous enseigne la persévérance dans l’épreuve et la capacité de les lire avec les yeux de la foi. Demandons au Seigneur, en ce temps de l’Avent, de raviver en nous cette foi au Christ qui vient nous sauver, afin de nous aider à être toujours fidèles à notre vocation. Que Dieu vous bénisse !

 

 

 




Audience Générale du Mercredi 4 décembre 2019

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 4 décembre 2019


Frères et sœurs, le voyage de l’Evangile dans le monde se poursuit avec saint Paul à Ephèse, où de nouveaux baptisés reçoivent l’effusion du Saint Esprit et où l’Apôtre accomplit de nombreux prodiges. Cela se produit car le disciple ressemble à son Maître et le rend présent en communiquant aux frères la vie nouvelle qu’il a reçue de lui. La foi est un abandon confiant entre les mains de Dieu, elle s’oppose radicalement aux pratiques occultes, répandues à Ephèse, qui sont démasquées. La diffusion de l’Evangile porte atteinte également au commerce réalisé autour du culte de la déesse Artémis ; Paul et les chrétiens sont alors accusés, créant des tensions et de l’agitation. L’Apôtre quitte Ephèse et adresse un discours d’adieu aux anciens de la communauté. Il relit le passé de son engagement total et des épreuves supportées pour annoncer l’Evangile. Il entrevoie aussi l’avenir où, abandonné à l’action de l’Esprit Saint, il devra encore rendre témoignage. L’Apôtre encourage les responsables de la communauté, les invitant à la plus grande proximité vis-à-vis du peuple de Dieu et à la vigilance pour le défendre des loups qui menacent la saine doctrine et la communion ecclésiale.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier la Délégation Lorraine, avec Monseigneur Jean-Louis Papin, et l’Association des amis de Saint Nicolas des Lorrains. Demandons au Seigneur de renouveler en nous l’amour de l’Eglise pour le dépôt de la foi dont elle est la gardienne, soutenant par la prière ses pasteurs afin qu’ils manifestent toujours la vigilance et la tendresse du Christ lui-même. Que Dieu vous bénisse !