martyre à la cour éthiopienne. Ses reliques auraient été transférées à Paestum, puis au Xe siècle dans la crypte de la cathédrale de Salerne. Sa fête se célèbre le 16 novembre dans l’Église grecque, le 21 septembre chez les Latins. Son tombeau fut très tôt visité par de nombreux pèlerins qui l’invoquaient comme patron des changeurs et des douaniers. Des légendes s’ajoutèrent à son histoire, et dans les pays germaniques, des coutumes particulières : ainsi, le jour de sa fête, les fiancées jetaient à l’eau couronnes et gâteaux pour lui confier le bonheur de leur foyer.
Les sculpteurs, verriers et peintres ont représenté des scènes de sa vie, comme sa vocation et le repas chez Lévi. En 1729, Jean-Sébastien Bach composa sa grandiose Passion selon saint Matthieu, où les chœurs communautaires se joignent au récit évangélique. Le film de Pier-Paolo Pasolini campe un Jésus prophète-tribun fascinant ses disciples et subjuguant les foules, enseignant un évangile radical, accompagné par la musique de Bach et des chants populaires modernes.
L’évangéliste
Son évangile nous parle de ce qu’il fut comme porte-parole du message de Jésus. La composition de son ouvrage est éloquente sur ce point. Il est le seul à présenter une succession de discours de Jésus, suivis de gestes concrets ou de démarches qui traduisent au concret ses enseignements. En bon juif, il reprend un schéma courant dans la Bible, où Dieu dit ce qu’il va faire avant de faire ce qu’il a dit ; ce schéma a donné dans les communautés chrétiennes la structure de la célébration eucharistique : la Parole et le Pain.
Lorsque Jésus enfant ne peut encore parler (chap. 1-2), Matthieu convoque les prophètes qui ont annoncé le Messie et en donnent les titres majeurs : Emmanuel, Chef-pasteur, Fils de Dieu et Peuple d’Israël, Nazaréen. Ensuite, nous voyons Jésus, précédé par le Baptiste, entrer dans sa vie publique (chap. 3-4), pour «accomplir toute justice» (3,15).
D’emblée, Jésus apparaît alors au milieu de ses disciples comme celui qui enseigne sa communauté, qu’il va fonder et organiser. C’est d’abord le sermon sur la montagne (chap. 5-7), où, comme en un nouveau Sinaï, Jésus énonce les principes de base du Royaume des Cieux, une vraie charte du bonheur pour les hommes : béatitudes promises à ceux qui entrent avec Jésus dans l’accomplissement de la Torah ; piliers de l’observance juive que sont le jeûne, la prière et l’aumône ; pratique vivante où les actes vérifient les paroles. Après ce discours inaugural, Jésus lui-même va réaliser ce qu’il a proclamé par dix gestes de guérison comme Serviteur, Médecin et Époux (chap. 8-9).