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Comment lire la Bible, œuvre tout à la fois de Dieu et des hommes…

« Dieu est invisible », nous dit le Concile Vativan II, mais « il lui a plu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté » (Dei Verbum (DV) & 2)… Tel est le point de départ que nous ne devrons jamais oublier… « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24), nous dit St Jean, et il est donc, par nature, « invisible » à nos seuls yeux de chair. Mais il prend l’initiative de « se révéler », une notion qui intervient 32 fois dans notre texte. C’est donc Lui, en premier, qui vient à nous et qui désire se faire connaître tel qu’Il Est… A nous maintenant d’accepter les moyens qu’il a choisis de mettre en œuvre pour « se révéler », et surtout d’accepter ce qu’il désire nous « révéler »… « A Dieu qui révèle, il faut apporter « l’obéissance de la foi » (Rm 16,26 ; 1,5 ; 2 Co 10, 5-6), par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu… Pour apporter cette foi, l’homme a besoin de la grâce de Dieu qui fait les premières avances et qui l’aide, et du secours intérieur de l’Esprit Saint pour toucher son cœur et le tourner vers Dieu, pour ouvrir les yeux de son âme, et donner à tous la joie profonde de consentir et de croire à la vérité » (DV & 5). C’est à cet Esprit Saint que nous nous confions tous aujourd’hui…

            Pour se révéler, Dieu a choisi un homme « Abraham », puis des hommes issus de sa lignée, « les fils d’Abraham », les Israélites, qui vont mettre par écrit ce qui leur a été donné de percevoir de son Mystère : « Pour la rédaction des Livres saints, Dieu a choisi des hommes ; il les a employés en leur laissant l’usage de leurs facultés et de toutes leurs ressources, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils transmettent par écrit, en auteurs véritables, tout ce qu’il voulait, et cela seulement » (DV & 11). Ainsi, « Dieu parle dans la Sainte Ecriture par des intermédiaires humains, à la façon des hommes ». « Pour comprendre correctement ce que l’auteur sacré a voulu affirmer par écrit, il faut donc soigneusement prendre garde aux façons de sentir, de dire ou de raconter, qui étaient habituelles dans son milieu et à son époque » (DV & 12).

            Ainsi par exemple, les archéologues ont trouvé en Irak une tablette d’argile qui raconte l’histoire de Sargon Ier, dit l’ancien, un Sémite, fondateur de la puissante dynastie akkadienne, et qui vécut aux environs des années 2350 av. JC, donc plus de mille ans avant Moïse : « Ma mère m’enfanta en cachette, elle me plaça dans un panier de jonc et elle en ferma la porte avec du bitume. Elle m’abandonna au Fleuve, et il ne me submergea point. Le Fleuve m’apporta à Akki, le puiseur d’eau. Akki me prit dans la bienveillance de son cœur »… Or, en 1887, une mission archéologique découvrit en Egypte la capitale du Pharaon Aménophis IV (1370-1353; rappel: Ramsès II, 1290-1224), à Tell el Amarna, et dans une des salles de l’ancien palais, ils trouvèrent des tablettes d’argile… L’une d’entre elles raconte l’épopée du roi akkadien Sargon Ier. Ce type de récit légendaire faisait donc partie du folklore du Proche Orient. Les Israélites, en écoutant le récit de la naissance de Moïse savaient donc bien à quoi s’en tenir quant à sa valeur strictement historique. Quelle était donc l’information qu’ils en retenaient ? Avant tout que Moïse était un personnage exceptionnel quant à sa destinée, comparable aux plus grands des rois de la terre…

            Les textes bibliques portent aussi la trace des connaissances considérées comme acquises au moment où l’auteur écrivait… Les anciens, par exemple, pensaient que la terre était plate, reposant sur les colonnes de l’univers, et que le ciel était comme une demi sphère posée sur elle. Par dessous, les oiseaux du ciel volaient tout « contre » elle (Gn 1,20), et par dessus se trouvaient les eaux d’en haut (Gn 1,7) qui tombaient sur la terre lorsque Dieu ouvrait « les écluses du ciel » (Gn 7,11 ; 8,2)… Deuxième exemple : ils pensaient que la vie de l’homme est « dans son sang » (Lv 17,11 ; 17,14). Puisque la vie est sacrée, qu’elle est donnée par Dieu et qu’elle n’appartient qu’à lui seul, il était donc interdit de consommer ce sang (Dt 12,23)… Les progrès de la médecine nous donnent maintenant une autre compréhension de la vie humaine… Ces considérations sur le sang et les interdits liés à sa consommation sont donc « dépassés ». Mais il reste du texte biblique le respect incontournable qui doit être manifesté à toute vie humaine…

            Pour bien interpréter les textes bibliques, il faut aussi tenir compte du cheminement d’Israël, au fil des siècles, dans la découverte progressive du Mystère de Dieu. Dei Verbum parle ainsi des « cheminements de Dieu avec les hommes » (DV &14). Au départ, Dieu a, par exemple, été présenté comme ayant des réactions semblables à celles des hommes : il s’irrite des infidélités, se met en colère, tape, frappe et punit en tuant non seulement le pécheur mais encore tous ceux et celles qui l’entourent… Petit à petit cette vision sera corrigée : non, seul le pécheur mourra par suite de ses actes, diront les prophètes Jérémie (Jr 31,29-30) et Ezéchiel (Ez 18)… Mais avec le Christ, nous découvrons un Dieu qui prend sur lui les conséquences de nos péchés pour nous en libérer (Mt 8,17) : Lui qui n’a jamais péché va expérimenter notre mort et nos ténèbres, pour que nous vivions de sa Vie, dans sa Lumière…

            « Dieu est donc, l’inspirateur et l’auteur des livres des deux Testaments » (DV & 16) mais il le fait en respectant pleinement l’homme qu’il inspire, cet homme qui appartient à son époque et qui chemine, pas à pas, avec ses frères vers la vérité tout entière, guidé, éclairé et soutenu par l’Esprit Saint (Jn 16,13). L’auteur biblique est donc tout à la fois inspiré par Dieu et pleinement lui‑même, avec ses convictions, et les connaissances propres à son époque et au milieu où il vit, autant d’éléments qui ont peut-être besoin d’être corrigés … « Les livres de l’Ancien Testament présentent à tous, selon la situation du genre humain avant le salut apporté par le Christ, une connaissance de Dieu et de l’homme et des méthodes dont Dieu, qui est juste et miséricordieux, agit avec les hommes. Ces livres contiennent donc des choses imparfaites et provisoires » (DV & 15) et il faut bien sûr en être conscients lorsque nous les lisons… Mais c’est la pleine révélation apportée par le Christ qui nous permettra, petit à petit, avec l’aide de ce même Esprit qui les a inspirés, de tendre vers une interprétation de plus en plus juste de tous ces textes bibliques…

            Tout l’Ancien Testament n’avait donc d’autre but que de « préparer la venue du Christ Rédempteur de tous » en « l’annonçant prophétiquement » (DV & 15). A ce titre, il est tout entier « une prophétie » où « est caché le Mystère de notre salut ». « Dieu donc, inspirateur et auteur des livres des deux Testaments, s’y est pris si sagement que le Nouveau Testament était caché dans l’Ancien, et que l’Ancien devenait clair dans le Nouveau » (DV & 16).

            Et ce Nouveau Testament a été écrit avec les mêmes principes que l’Ancien :

              – L’Esprit Saint était là pour éclairer, guider, inspirer les Apôtres : « Après l’Ascension du Seigneur, les Apôtres ont transmis à leurs auditeurs ce que Jésus avait dit et fait, avec cette intelligence plus profonde dont ils jouissaient eux‑mêmes, instruits qu’ils étaient par les événements glorieux du Christ et enseignés par la lumière de l’Esprit de vérité » (DV & 19).

         – Mais ils étaient toujours pleinement eux-mêmes. Ils ont donc écrits en « vrais auteurs », chacun avec son tempérament, ses goûts, son éducation, dans le contexte historique et social de son époque, avec les connaissances, coutumes et conventions propres à cette époque. « Les auteurs sacrés ont composé les quatre Évangiles, en triant certains détails entre beaucoup de ceux que la parole ou déjà l’écriture avait transmis, en en faisant entrer quelques-uns en une synthèse, ou en les exposant en tenant compte de l’état des églises, en gardant enfin la forme d’une proclamation, afin de pouvoir ainsi toujours nous communiquer des choses vraies et authentiques sur Jésus » (DV & 19).

            Ainsi, « après avoir à maintes reprises, et sous diverses formes, parlé jadis par les Prophètes, Dieu, « en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par son Fils » (Hb 1,1‑2). Il a en effet envoyé son Fils, c’est-à-dire le Verbe éternel qui éclaire tous les hommes, pour habiter parmi les hommes et leur faire connaître les secrets de Dieu » (DV & 4). Et quels sont-ils ? « Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté : par le Christ, Verbe fait chair, les hommes ont, dans le Saint-Esprit, accès auprès du Père, et deviennent participants de la nature divine » (DV & 2). « Cette révélation », apportée par le Christ, « provient de l’immensité de la charité » de Dieu, de sa miséricorde et de son infinie tendresse pour tous les hommes. En effet, « Jésus‑Christ, c’est Dieu avec nous, pour que nous soyons délivrés des ténèbres du péché et de la mort, et que nous soyons ressuscités pour la vie éternelle » (DV & 4). Avec Lui et par Lui, « Dieu s’adresse aux hommes comme à des amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion » (DV & 2). « Quand il écoute religieusement et proclame hardiment la parole de Dieu, le saint Concile obéit donc aux paroles de saint Jean : « Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue : ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez vous aussi en communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1Jn 1, 2-3).

        St Jean a donc bien conscience d’avoir été introduit par sa foi au Christ dans un Mystère de Communion avec Lui, et ce Mystère est de l’ordre de la vie, la Vie de Dieu, la Vie éternelle… « Ainsi l’Eglise, dans sa doctrine, sa vie et son culte, perpétue et transmet à toutes les générations tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit » (DV & 8). A ce titre, ce qu’ils écrivent, en vrais auteurs sous l’inspiration de l’Esprit Saint, est aussi un témoignage de ce qu’ils vivent, « des réalités spirituelles qu’ils expérimentent » eux-mêmes (DV & 8). Et ils ont conscience que ce trésor de Vie reçu du « Père des Miséricordes » (2Co 1,3) est offert à tout homme qui accueillera leur témoignage avec bonne volonté…

           Le premier but de la Parole de Dieu n’est donc pas de nous apporter une connaissance de type purement intellectuelle : elle nous est donnée pour qu’avec elle et par elle, nous entrions petit à petit dans un Mystère de Communion avec Dieu, Mystère de Communion et de Vie dont l’Esprit Saint est l’artisan. En effet, lorsque nous ouvrons notre cœur à cette Parole, l’Esprit Saint nous rejoint et nous communique « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie même de Dieu. « C’est l’Esprit qui vivifie », et c’est bien parce qu’il en est ainsi que « mes paroles sont Esprit et elles sont Vie » (Jn 6,63). Autrement dit, au moment où Jésus et les Apôtres nous parlent de cette Vie éternelle qui vient du Père, « l’Esprit Saint touche nos cœurs » (DV & 5) en leur communiquant une réalité qui est de l’ordre de la vie, la Vie même de Dieu… « Tu as les Paroles de la Vie éternelle », dit un jour St Pierre à Jésus… Il vivait en l’écoutant « quelque chose » qu’il n’avait jamais vécu auparavant…Les Ecritures « inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, nous communiquent, de façon immuable, la parole de Dieu lui-même, et dans les paroles des Prophètes et des Apôtres font retentir à nos oreilles la voix du Saint-Esprit » (DV & 21), une voix qui est de l’ordre de la Vie, et que l’on entend en « vivant » ce qu’il nous est donné de vivre, gratuitement, par Amour, par Miséricorde… « L’Esprit Saint, par qui la voix vivante de l’Evangile retentit dans l’Eglise et par l’Eglise dans le monde, introduit ainsi les croyants dans tout ce qui est vérité » (DV & 8), une vérité qui est Vie, Mystère de Communion avec le Dieu Vivant et Source de Vie…

            Aussi est-il nécessaire que « les prêtres du Christ, les diacres, les catéchistes », bref, tous les fidèles, « s’attachent aux Ecritures par une lecture assidue et une étude soigneuseMais la prière — qu’on se le rappelle — doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme » (DV & 25), dialogue où « Dieu », « dans l’immensité de sa charité », « s’adresse aux hommes comme à des amis, et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion » (DV & 2). Nous avons tous été créés pour vivre de cette Vie de l’Esprit qui, seule, est capable de combler pleinement nos cœurs, et donc de nous communiquer ce à quoi nous aspirons tous : ce vrai Bonheur qui est Plénitude de Vie et de Paix… Tel est le trésor offert à toute lecture priante de la Parole de Dieu, « surtout du Nouveau Testament, et en tout premier lieu, des Evangiles » (DV & 25).

            « Ainsi donc, par la lecture et l’étude des Livres saints,  » que la Parole de Dieu accomplisse sa course et soit glorifiée  » (2 Th 3,1), et que le trésor de la révélation, confié à l’Eglise, remplisse de plus en plus les cœurs des hommes ». Ce trésor, c’est l’Esprit Saint, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63) et qui remplissait les cœurs de Jésus (Lc 4,1), Jean‑Baptiste (Lc 1,15), Marie (Lc 1,28 avec Hb 10,29), Elisabeth (Lc 1,41), Zacharie (Lc 1,67), Etienne (Ac 7,55), Paul (Ac 9,17) et tous les Apôtres et disciples de Jésus (Ac 2,4). Nous avons tous été créés pour cela : être « un seul esprit avec le Seigneur » (1Co 6,17), dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,4), « l’Esprit s’unissant à notre esprit » (Rm 8,16) pour nous introduire dans cette « communion du Saint Esprit » (2Co 13,13) qui est Mystère de Vie avec Dieu puisque « l’Esprit vivifie » (Jn 6,63). Et chaque fois que nous lisons la Parole de Dieu, qui est un témoignage de Jésus sur cette Vie de l’Esprit qu’il reçoit du Père avant tous les siècles (Jn 5,26), ou un témoignage des Apôtres sur cette même Vie de l’Esprit qu’ils ont reçu eux aussi par leur foi en Jésus (Ga 2,20), l’Esprit se joint à cette Parole pour nous donner de « vivre » ce qu’elle nous dit… « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34).

            C’est pourquoi il est « permis d’espérer une nouvelle impulsion de la vie spirituelle à partir d’un respect accru pour la Parole de Dieu, qui « demeure à jamais » (Is 40,8 ; cf. 1P 1,23-25) » par « l’Esprit qui est Seigneur et qui donne la Vie », la Vie éternelle…

  1. Jacques Fournier




Introduction à la Lectio Divina

« Je possède une Bible, et tous les jours j’en lis un passage, mais c’est curieux comme les mêmes lignes peuvent avoir une signification différente, comme on les sent différemment, suivant la grâce qui nous habite. Ce qui est un jour « torrent d’eau vive » n’est plus le lendemain qu’une phrase connue qui n’a plus grande valeur. Moi qui, il y a quelques mois, étais persuadé qu’on ne pouvait lire l’Evangile sans se convertir, je m’aperçois aujourd’hui que les vérités ardentes qu’il renferme ne le sont que si on les lit avec les yeux de la grâce. « Je te remercie, Père, de ce que tu as caché ces choses aux grands, et les as dévoilées aux petits » » (Jacques Fesch, condamné à mort et exécuté en 1957).

 

Rencontrer par sa Parole le Christ Ressuscité

La « lectio divina », « lecture divine » de la Parole de Dieu, requiert tout d’abord un contexte de foi en la réalisation concrète des Promesses du Christ. De sa propre initiative, il a en effet dit à ses disciples juste avant sa mort et sa résurrection : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus », car bientôt il mourra sur une croix et sera mis au tombeau. Mais le troisième jour, le Père le ressuscitera d’entre les morts par la Puissance de l’Esprit Saint, et d’une manière invisible aux yeux de chair, il se rendra présent à la vie et au cœur de ses disciples. Il leur donnera d’avoir part à son propre Esprit, cet Esprit qui remplit son cœur en Plénitude, illumine de l’intérieur le regard et communique à celui qui le reçoit la Vie même de Dieu. Aussi, vous qui croyez en moi, vous qui me laissez faire en vos cœurs mon œuvre de Salut et de Révélation, « vous verrez que je vis, et vous aussi vous vivrez ». Et la Bible de Jérusalem explique en note : « Pour le monde, c’en sera fini de Jésus. Les disciples au contraire le verront vivant, ressuscité, d’une vision qui ne sera pas seulement sensible, mais spirituelle et intérieure, par la foi ». Seuls, en effet, les Apôtres et quelques disciples ont reçu la grâce de le voir ressuscité de leurs yeux de chair, de toucher son corps avec leurs doigts de chair. Mais Jésus promet ici à tous les disciples de tous les temps qu’il se fera reconnaître à leur vie, à leur cœur… Ils ne le verront pas avec leurs yeux de chair, ils ne le toucheront pas de leurs doigts de chair, mais le Christ se fera la Vie de leur vie (Gal 2,19b-20).… C’est ce mystère de communion, qui les saisira tout entier au plus profond de leur être, qu’ils sont invités à reconnaître avec les yeux de la foi : « Ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous. Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et je l’aimerai et je me manifesterai à lui » (Jn 14,18-21)…

 

Mystère de gratuité, d’Amour et de Miséricorde

« Je me manifesterai à lui »… Grande promesse de Jésus, faite de nouveau de sa propre initiative à des hommes blessés par le péché, intérieurement et spirituellement malades… Mais, disait-il, « ce ne sont justement pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mt 9,10-13). Dieu m’a fait comprendre, disait Jacques Fesch, « que ce qui m’a été donné n’est pas dû à mes mérites, comme j’aurai eu tendance à le croire, mais n’est qu’un don gratuit qui procède de sa miséricorde ».

Cette promesse de Jésus, « je me manifesterai à lui », se réalisera donc non pas parce que telle ou telle personne serait meilleure que les autres, mais sur la seule base de cet Amour Gratuit et Miséricordieux qu’Il nous porte. C’est ainsi que St Paul reçut, au moment où il s’y attendait le moins, la visite du Christ ressuscité… Il était en chemin pour aller persécuter les chrétiens de Damas ! « Voici une parole sûre », écrira-t-il plus tard (il l’a vécue !), « elle mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, le premier, je suis pécheur, mais si le Christ m’a fait miséricorde, c’est pour que je sois le premier en qui toute sa générosité se manifesterait ; je devais être le premier exemple de ceux qui croiraient en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,12-17).

La Lectio Divina se vivra donc à la Lumière de cet Amour du Christ qui continue jour après jour de chercher les brebis égarées que nous sommes, de frapper inlassablement à la porte de nos cœurs… Ouvrir sa Bible ou son missel, prendre un temps pour lui, c’est justement lui offrir la possibilité de nous rencontrer et d’agir en nous selon sa Parole : « Père, je leur ai fait connaître ton Nom et je le leur ferai encore connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » (Jn 17,26)…

 

Lire la Parole avec l’Esprit Saint

La Lectio Divina s’appuie encore sur une autre promesse du Christ, qui rejoint en fait les précédentes : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet » (Défenseur, Avocat…) « pour qu’Il soit avec vous à jamais, l’Esprit de Vérité que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et en vous il sera » (Jn 14,15-17).

Jésus était déjà un Guide, un Défenseur, un Avocat pour ses disciples : il veillait sur eux, il les encourageait, les exhortait, leur expliquait sa Parole… Mais il sait qu’il doit maintenant les quitter pour un autre mode d’existence : il va mourir puis ressusciter et monter vers le Père. Mais il ne les abandonnera pas pour autant. Non seulement il continuera de leur être mystérieusement tout proche, mais il leur sera uni de cœur par la communion d’un même Esprit, une grâce que leur donnera cet Autre Défenseur envoyé par le Père : l’Esprit Saint. Invisible lui aussi à leurs yeux de chair, mais bien présent et agissant avec eux et en eux, il poursuivra l’œuvre du Christ et les aidera à entrer toujours plus avant dans cette Révélation du Père que le Fils est venu nous proposer. « Le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, il vous rappellera tout ce que je vous ai dit, et vous introduira dans la vérité tout entière ». Son premier rôle sera de rendre témoignage à la Parole du Christ, et il le fera au cœur du disciple par une action toute intérieure, discrète, invisible mais souveraine qui, petit à petit, emporte l’adhésion de celui qui s’y prête. « L’Esprit Saint fera naître la certitude intime de ce que les Apôtres annoncent extérieurement » (Jn 14,25-26 ; 16,12-15)…

 

Pour vivre l’aventure de la Lectio Divina

« Le saint Concile exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens,… à acquérir par la lecture fréquente des divines Ecritures « une science éminente de Jésus-Christ » (Philippiens 3, 8), car « ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ » (St Jérôme) »…

Et la prière doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car « c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions ; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les oracles divins » (St Ambroise) » (Concile Vatican II ; constitution Dei Verbum, & 25).

 

Demander le secours de l’Esprit Saint

La Lectio Divina – lecture de la Parole de Dieu dans un contexte de prière – est l’œuvre conjointe de deux acteurs : celui ou celle qui lit la Parole et l’Esprit Saint qui, invisiblement, l’accompagne et agit en son cœur.

Il s’agira donc tout d’abord d’être en forme, le plus pleinement soi-même, dans une atmosphère de calme et de recueillement qui favorisera l’attention.

Et puisque cette lecture croyante se fait à deux, le premier pas sera de prier et de demander de tout cœur la Présence et l’aide de l’Esprit Saint, le plus simplement possible, dans la confiance. « Si vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent », disait Jésus. Et un jour, il déclara à une femme de Samarie : « Si tu savais quel est le don de Dieu et qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’Eau Vive », c’est-à-dire l’Esprit Saint (Lc 11,9-13 ; Jn 4,7-14 ; cf Jean 7,37-39 ; 14,15-17 ; 14,23-26 ; 16,12-15 ; 1Co 2,9-12 ; Ephésiens 1,15-22 ; 3,14-21 ; 1Th 4,8 ; Ac 2,37-41 ; 5,29-32)…

On peut marquer cette première étape par un petit geste corporel : se mettre à genoux pour la prière, allumer une bougie… Puis on se lance dans l’aventure en prenant ou bien les lectures proposées par l’Eglise pour l’Eucharistie du jour, ou bien un Evangile dans lequel on avancera pas à pas… Le premier travail consistera tout simplement à faire attention à cette Parole que nous lisons, une Parole qui est avant tout l’annonce d’une Bonne Nouvelle : « Je Suis la Lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la Lumière de la Vie… Je suis venu en effet pour qu’on ait la Vie, et qu’on l’ait surabondante » (Jean 8,12 ; 10,10 ; 12,46)…

 

Vivre la Parole avec l’Esprit Saint

L’œuvre de l’Esprit de Vérité est de rendre témoignage à la Vérité, et notamment aux Paroles de Celui qui s’est présenté à nous comme étant « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Ce témoignage est Celui que Dieu rend à son Fils, et il est avant tout de l’ordre de la Vie. Lisons ensemble un extrait de la Première Lettre de St Jean, et remarquons le lien qui unit toutes les expressions en caractères gras. Au tout début, il insiste fortement sur la réalité de l’Incarnation du Fils Unique. Le Verbe s’est fait chair, une chair qu’il donnera pour la vie du monde. Et sur la croix, un soldat romain lui transpercera le cœur, d’où jaillira de l’eau et du sang …

« Jésus, le Fils de Dieu, c’est lui qui est venu par l’eau et par le sang :

non avec l’eau seulement mais avec l’eau et avec le sang.

Et c’est l’Esprit qui rend témoignage, parce que l’Esprit est la Vérité.

Il y en a ainsi trois à témoigner : l’Esprit, l’eau et le sang,

et ces trois tendent au même but.

Si nous recevons le témoignage des hommes,

le témoignage de Dieu est plus grand.

Car c’est le témoignage de Dieu,

le témoignage que Dieu a rendu à son Fils.

Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui.

Celui qui ne croit pas en Dieu fait de lui un menteur,

puisqu’il ne croit pas au témoignage que Dieu a rendu à son Fils.

Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle

et que cette vie est dans son Fils.

Qui a le Fils a la vie ;

qui n’a pas le Fils n’a pas la vie.

Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu,

pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle »

(1Jn 5,5-13).

Dieu rend donc témoignage à son Fils par l’action de l’Esprit Saint et ce témoignage est de l’ordre de la Vie. Ecouter les Paroles du Christ avec foi, c’est donc ouvrir son cœur à ce témoignage de Dieu et de l’Esprit qui est Vie… Et les Paroles du Christ deviennent « Esprit et Vie »… « Tu as les Paroles de la Vie éternelle », disait St Pierre à Jésus (Jn 6,68 et 6,63) …

 

 

Observer, méditer, contempler

Pour nous aider à pratiquer la Lectio Divina, le Cardinal Martini, archevêque de Milan, propose, après le temps de prière à l’Esprit Saint, les trois étapes suivantes :

1 – Observer (ou lire) : « La lecture consiste à lire et relire la page de l’Ecriture en mettant en relief les éléments importants ». On peut prendre une feuille de papier et recopier le passage choisi ; puis, avec des crayons ou des stylos de différentes couleurs, on peut « souligner les paroles qui frappent », ou encore « les verbes, les sujets, les sentiments exprimés, les mots clefs. Ce faisant, notre attention est stimulée ; l’intelligence, la fantaisie et la sensibilité se mettent en mouvement et un passage évangélique qui semblait trop connu devient comme neuf. Depuis tant d’années je lis l’Evangile et pourtant, chaque fois que j’en reprends la lecture, je découvre des aspects nouveaux. Ce premier travail peut occuper un certain temps si nous sommes ouverts à l’Esprit »…

2 – Méditer : « La méditation est la réflexion sur les valeurs que fait ressortir le texte. On pose la question : qu’est-ce que le texte me dit ? Quel message en référence à aujourd’hui est proposé dans ce passage comme parole du Dieu vivant ? Comment suis-je bousculé par la foi qui se trouve exprimée dans les actions, les paroles, les thèmes ? »

3 – Prier ou contempler : « La contemplation est difficilement exprimable et explicable. Il s’agit de demeurer avec amour dans le texte et de passer du texte et du message à la contemplation de Celui qui parle dans chaque page de la Bible : Jésus, Fils du Père qui nous donne l’Esprit. La contemplation est adoration, louange, silence devant celui qui est l’objet ultime de ma prière, le Christ Seigneur, vainqueur de la mort, qui fait connaître le Père, et qui nous donne la joie de l’Evangile. »

« En fait ces trois moments ne sont pas rigoureusement distincts, mais cette division est utile pour celui qui entre dans cette lecture familière de la Bible. Notre prière est ce qui relie les journées les unes aux autres. Et il peut arriver que face à un texte d’Ecriture, nous nous arrêtions un jour davantage sur la méditation et qu’un autre jour, en revanche, nous passions rapidement à la contemplation ».

Quoiqu’il en soit, écrit Marc Sevin, « quand on s’engage dans la Lectio Divina, il s’agit de tenir bon ». Elle peut en effet avoir à certains jours « un côté répétitif et parfois fastidieux. Mais avec un peu de persévérance, elle devient savoureuse » (Marc SEVIN, « LA LECTURE SAINTE ; Guide pour une lecture croyante de la Bible » ; supplément à « Prions en Eglise » aux Editions Bayard Presse, p. 98. Citations du Cardinal Martini p. 25-26.) . Et même si apparemment il ne s’est pas passé grand chose, il se passe néanmoins toujours quelque chose, car « Il » était là, c’est Lui qui l’a promis…

« La Lectio Divina a toujours été et restera toujours, de par son objet même, une tâche austère, un vrai sacrifice spirituel. Source de toute générosité, elle en appelle aussi beaucoup » (Dom Adalbert de Vogüe) ».

« Qui dont est capable de comprendre

toute la richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ?

Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons,

Comme des gens assoiffés qui boivent à une source.

Le Seigneur a coloré sa Parole de multiples beautés,

Pour que chacun de ceux qui scrutent puisse contempler ce qu’il aime.

Et, dans sa Parole, il a caché tous les trésors,

Pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu’il médite.

La Parole de Dieu est un arbre de vie

qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis.

Elle est comme ce rocher qui s’est ouvert dans le désert

Pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle.

Réjouis-toi parce que tu es rassasié,

Mais ne t’attriste pas de ce qui te dépasse.

Celui qui a soif se réjouit de boire,

Mais il ne s’attriste pas de ne pas épuiser la source.

Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source.

Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie,

Tu pourras boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif.

Si au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source,

Ta victoire deviendrait ton malheur.

Rends grâce pour ce que tu as reçu, et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé.

Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage.

Ce que tu n’as pas pu recevoir aussitôt, à cause de ta faiblesse,

Tu le recevras une autre fois, si tu persévères.

N’aie donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d’un seul trait

Ce qui ne peut être pris en une fois ;

Et ne renonce pas par négligence,

A ce que tu es capable d’absorber peu à peu. »

Saint Ephrem (Diatessaron I,18.19).

CONSTITUTION DOGMATIQUE DEI VERBUM SUR LA RÉVÉLATION DIVINE

 CHAPITRE I : LA RÉVÉLATION ELLE-MÊME

Nature et objet de la révélation 

  1. Il a plu a Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté (2): par le Christ, Verbe fait chair, les hommes ont, dans le Saint-Esprit, accès auprès du Père, et deviennent participants de la nature divine (3). Ainsi par cette révélation, provenant de l’immensité de sa charité, Dieu, qui est invisible (4), s’adresse aux hommes comme à des amis (5), et converse avec eux (6) pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion. Cette économie de la révélation se fait par des actions et des paroles si étroitement liées entre elles, que les oeuvres accomplies par Dieu dans l’histoire du salut rendent évidentes et corroborent la doctrine et l’ensemble des choses signifiées par les paroles, et que les paroles proclament les oeuvres et font découvrir le mystère qui s’y trouve contenu. Mais la vérité profonde aussi bien sur Dieu que sur le salut de l’homme, c’est par cette révélation qu’elle resplendit à nos yeux dans le Christ, qui est à la fois le médiateur et la plénitude de la révélation tout entière (7).

  1. A Dieu qui révèle, il faut apporter  » l’obéissance de la foi  » (Rom. 16, 26; coll. Rom. 1, 5; 2 Cor. 10, 5-6), par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu en apportant  » au Dieu révélateur la soumission complète de son intelligence et de sa volonté  » (18) et en donnant de toute sa volonté son assentiment à la révélation qu’Il a faite. Pour apporter cette foi, l’homme a besoin de la grâce de Dieu qui fait les premières avances et qui l’aide, et du secours intérieur de l’Esprit-Saint pour toucher son coeur et le tourner vers Dieu, pour ouvrir les yeux de son âme, et donner  » à tous la joie profonde de consentir et de croire à la vérité  » (19). Mais pour que l’on pénètre toujours plus avant dans la connaissance de la Révélation, le même Esprit Saint ne cesse par ses dons de rendre la foi plus parfaite.

 

Respect de l’Eglise pour les Saintes Ecritures 

  1. L’Eglise a toujours témoigné son respect à l’égard des Ecritures, tout comme à l’égard du Corps du Seigneur lui-même, puisque, surtout dans la Sainte Liturgie, elle ne cesse, de la table de la Parole de Dieu comme de celle du Corps du Christ, de prendre le pain de vie et de le présenter aux fidèles. Elle les a toujours considérées, et les considère, en même temps que la Tradition, comme la règle suprême de sa foi, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles nous communiquent, de façon immuable, la parole de Dieu lui‑même, et dans les paroles des Prophètes et des Apôtres font retentir à nos oreilles la voix du Saint-Esprit. La prédication ecclésiastique tout entière, tout comme la religion chrétienne elle-même, il faut donc qu’elle soit nourrie et guidée par la Sainte Ecriture.

Car dans les Livres saints, le Père qui est aux cieux s’avance de façon très aimante à la rencontre de ses fils, engage conversation avec eux; une si grande force, une si grande puissance se trouve dans la Parole de Dieu, qu’elle se présente comme le soutien et la vigueur de l’Eglise, et, pour les fils de l’Eglise, comme la solidité de la foi, la nourriture de l’âme, la source pure et intarissable de la vie spirituelle. Aussi valent-elles de façon magnifique pour l’Ecriture Sainte, ces paroles:  » La parole de Dieu est vivante et efficace  » (Héb. 4, 12);  » elle a la puissance de construire l’édifice et de procurer aux fidèles l’héritage avec tous les sanctifiés  » (Act. 20, 32; cf. 1 Thess. 2, 13).

De même le saint Concile exhorte avec force et de façon spéciale tous les chrétiens, surtout les membres des instituts religieux, à acquérir par la lecture fréquente des divines Ecritures  » une science éminente de Jésus-Christ  » (Phil. 3, 8), car  » ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ « .

Qu’ils approchent donc de tout leur coeur le texte sacré lui-même, soit par la sainte liturgie, qui est remplie des paroles divines, soit par une pieuse lecture, soit par des cours faits pour cela ou par d’autres méthodes qui, avec l’approbation et le soin qu’en prennent les Pasteurs de l’Eglise, se répandent de manière louable partout de notre temps. Mais la prière — qu’on se le rappelle — doit accompagner la lecture de la Sainte Ecriture pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme, car  » c’est à lui que nous nous adressons quand nous prions; c’est lui que nous écoutons, quand nous lisons les oracles divins « .

 

La lectio divina, lecture « en présence » de Dieu…

« Quand on entreprend de lire la Bible, on est un peu comme ces deux hommes qui se trouvaient sur la route de Jérusalem à Emmaüs (Lc 24,13-35) : le Christ est là. Ils ne le savent pas. Il fait silence. Ils ne l’ont pas encore nommé, mais il est présent. Lui est là, saisi par leur lourde tristesse à tous deux.

Lorsque nous ouvrons la Bible, le texte commence par rester muet. Puis il nous interroge, comme Jésus Christ interrogeait ces deux hommes.

Et, tout à coup, les voilà tous les trois qui reprennent la parole biblique (la Bible). Et le texte évoqué, de lointain et de froid qu’il était, devient une parole chaleureuse. Des mots cessent de n’être que des mots. Nos oreilles, notre intelligence, notre vie, sont mises en alerte. Derrière ces mots, il y a QUELQU’UN ! Quelqu’un qui parle, qui nous parle: sa présence commence à être ressentie; les phrases se mettent à vivre et deviennent message, et cet absent ignoré devient proche.

Mais tout ne fait que commencer lorsque la Bible est ouverte, lorsqu’elle est devenue Parole vivante après le silence. Le récit d’Emmaüs nous conduit plus loin : il y a le geste de communion réalisée, les frères retrouvés, la confession commune de foi proclamée, et l’intelligence brûlante a enfin compris que Lui était là ».

« Grâce à la lecture de la Bible… Jésus Christ vient à nous, et nous pouvons aller à Lui, sans qu’on sache très bien qui s’approche de l’autre ».

« Ouvrir la Bible, c’est établir une relation possible avec le texte, avec Celui qui parle à travers le texte, avec ceux auxquels il nous conduit ».

« Ouvrir la Bible, c’est laisser le Christ ouvrir notre esprit et nous faire découvrir les vastes horizons de Dieu dans le monde des hommes »…

Maurice Carrez.

(BAGOT J.-P., Pour lire la Bible (Bar le Duc 1993) p. 3-4)

La Lectio Divina consiste à « nous exposer et à nous ouvrir à la Parole du Dieu vivant, réellement présent dans cette rencontre personnelle à laquelle il me convie »

Joseph-Marie Verlinde.

(VERLINDE J.-M., Initiation à la Lectio Divina p. 30)

La Lectio Divina, Présence de Dieu au cœur de nos lourdeurs humaines…

« L’Ecriture parle pour moi ; elle me parle de Dieu, mais aussi de moi : « Si l’Ecriture est pour nous miroir du Christ et, par lui, miroir de Dieu, elle est aussi le miroir de notre être en face de Dieu » » (Fr. François et Fr. Pierre Yves).

« Naître à la Parole, c’est découvrir au plus intime de soi-même ce qui parle en nous. Le petit Samuel entendait une voix l’appeler par son nom, mais il ne savait pas qui pouvait ainsi l’appeler. Etrange parole qui arrive à se frayer son chemin par-delà nos surdités et nos encombrements. Parole plus vive que le feu, capable de brûler sur son passage tout ce qui lui fait obstacle. Parole plus tranchante que le glaive, qui donne l’audace de couper toutes les hésitations et les attaches qui n’ont rien à voir avec l’essentiel… C’est à travers l’épaisseur de notre humanité, en effet, que la Parole créatrice et recréatrice nous rejoint, nous qui sommes des mal‑entendants » (P. Léo Scherer).

En ce sens, la Lectio Divina n’est pas une lecture au sens classique du terme : lorsque Dieu parle, il m’introduit dans mon propre monde, il ouvre devant moi un chemin d’espérance et de liberté, il me conduit sur ma propre terre. « Lorsqu’elle parle, précise Y. Cattin, la Parole institue son interlocuteur dans son irréductible singularité : Dieu parle à Abram et il devient Abraham. La Parole elle-même fonde son auditeur dans son être même : elle est rencontre de la singularité de celui qui lit avec le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Dieu de Jésus-Christ, Dieu de tous ceux qui lisent les Ecritures dans la foi. La Parole dans son Ecriture ouvre le monde de mon humanité possible, qui, par la conversion et l’alliance proposée, doit devenir mon humanité réelle. L’Ecriture qui consigne une Parole qui est au-devant de moi, comme un appel à devenir moi-même dans le monde qu’elle écrit ».

L’Ecriture me parle de mon origine dans le plan de Dieu et de ma fin en lui ; elle me parle du chemin à parcourir, de l’exode à accomplir pour passer des ténèbres du mensonge à la lumière de la vérité. Elle dévoile les pensées secrètes de mon cœur et m’invite à la liberté (cf. Hb 4,12) » (VERLINDE J.-M., Initiation à la Lectio Divina p. 26-27).

La Lectio Divina, dans la foi et la Lumière de l’Esprit Saint

« Origène affirme que seule l’Eglise comprend l’Ecriture, parce que l’Eglise « se convertit au Seigneur » dans la foi ; dès lors c’est pour la communauté des croyants, et pour elle seule, que le voile tombe (2Co 3,16). Pour comprendre spirituellement l’Ecriture, le lecteur doit participer au mouvement de conversion de l’Eglise car il est impensable « qu’un incrédule voie la Parole de Dieu ».

« L’origine des Ecritures, précise Saint Bonaventure, ne se situe pas dans la recherche humaine, mais dans la divine Révélation qui provient du Père des Lumières, de qui toute paternité au ciel et sur terre tire son nom (Eph 3,14-15). De lui, par son Fils Jésus Christ, s’écoule en nous l’Esprit Saint. Par l’Esprit Saint, partageant et distribuant ses dons à chacun de nous selon sa volonté, la foi nous est donnée et, par la foi, le Christ habite en nos cœurs. Telle est la connaissance de Jésus-Christ de laquelle découle, comme de sa source, la fermeté et l’intelligence de toute la Sainte Ecriture (Ep 3,14-21).

Il est donc impossible d’entrer dans la connaissance de l’Ecriture sans posséder d’abord, insérée en soi, la foi du Christ, comme la lumière, la porte et le fondement de toute l’Ecriture. Car, aussi longtemps que nous vivons en exil loin du Seigneur, la foi est elle-même le fondement stable, la lumière directrice et la porte d’entrée dans toutes les illuminations surnaturelles. Selon la mesure de cette foi, doit être mesurée la sagesse qui nous est donnée par Dieu, afin de ne pas goûter plus qu’on ne doit, mais de goûter avec sobriété et selon la mesure de foi que Dieu départit à chacun.

Si nous voulons progresser par la route droite des Ecritures, il faut commencer par le commencement, c’est-à-dire accéder à une foi pure au Père des lumières en fléchissant les genoux de notre cœur, afin que par son Fils, dans son Esprit Saint, il nous donne la vraie connaissance de Jésus Christ et, avec sa connaissance, son amour.

Le connaissant et l’aimant, et comme consolidés dans la foi et enracinés dans la charité, il nous sera alors possible de connaître la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur de la Sainte Ecriture et, par cette connaissance, de parvenir à la connaissance entière et à l’amour immuable de la Bienheureuse Trinité. Là tendent les désirs des saints, là se trouve l’aboutissement et l’achèvement de toute vérité et de tout bien. »

Enfin, seul l’Esprit peut nous dévoiler le vrai sens des Ecritures, peut nous faire découvrir ce que la Lectio entend être : une rencontre avec le Verbe éternel venu jusqu’à nous pour nous partager son « bien », c’est-à-dire sa vie filiale.

« J’ai encore beaucoup à vous dire,

mais vous ne pouvez pas le porter à présent.

(13)    Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,

il vous guidera dans la vérité tout entière ;

car il ne parlera pas de lui-même,

mais ce qu’il entendra, il le dira

et il vous expliquera les choses à venir.

(14)    Lui me glorifiera, car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous l’expliquera.

(15)    Tout ce qu’a le Père est à moi.

Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit

et qu’il vous expliquera » (Jean 16,12-15).

L’Ecriture ne suffit pas à faire connaître son sens ; celui-ci est communiqué par l’Esprit Saint, dans une révélation dont le fruit en nous est la connaissance chrétienne :

« Pénétrer jusqu’au cœur et à la moelle les Paroles célestes, commente Jean Cassien, en contempler les mystères profonds et cachés avec le regard purifié du cœur, cela, ni la science humaine, ni la culture profane ne l’obtiendra, mais seulement la pureté de l’âme, par l’illumination du Saint Esprit. »

La Lectio doit donc être célébrée comme un sacrement : il n’y a pas de Lectio sans épiclèse (venue de l’Esprit). Car commente Saint Jérôme :

« Seul l’homme spirituel, qui juge de tout, et lui-même n’est jugé par personne (1Co 2,15), peut découvrir le Christ dans les livres divins. »

Ce que confirme Saint Grégoire, le grand docteur de l’intériorité chrétienne :

« Les Paroles de Dieu ne peuvent absolument pas être pénétrées sans la sagesse : car si quelqu’un n’a pas reçu l’Esprit de Dieu, il ne peut d’aucune manière comprendre les Paroles de Dieu ».

Guillaume de St Thierry abonde dans le même sens :

« Parmi les ténèbres et l’ignorance de cette vie, l’Esprit Saint est lui-même, pour les pauvres en esprit, la lumière qui éclaire, la charité qui attire, la douceur qui saisit. Il est l’accès de l’homme auprès de Dieu, l’amour de celui qui aime, la piété de celui qui se livre sans réserve. C’est lui qui, de conviction en conviction[1], révèle aux croyants la justice de Dieu ; il donne grâce pour grâce, et à la foi qui s’attache à l’écoute de la Parole, il donne en retour la foi illuminée ».

Jacques Guillet se fait l’écho de cette doctrine traditionnelle lorsqu’il écrit : « Pour pénétrer jusqu’à leur centre et y reconnaître la personne du Christ, ni la recherche historique, ni l’étude raisonnée du langage de la Bible, ni la magie de ses rythmes ou de ses images n’ouvrent les dernières voies d’accès. Car le Seigneur, c’est l’Esprit (2Co 3,17), et la présence de Jésus-Christ dans les Ecritures est celle de l’Esprit » »[2].

« Oui, pour arriver à une interprétation pleinement valable des paroles inspirées par l’Esprit Saint, il faut être soi-même guidé par l’Esprit Saint et, pour cela, il faut prier, prier beaucoup, demander dans la prière la lumière intérieure de l’Esprit et accueillir docilement cette lumière, demander l’amour, qui seul rend capable de comprendre le langage de Dieu, qui « est amour » (1 Jn 4, 8.16). Durant le travail même d’interprétation, il faut se maintenir le plus possible en présence de Dieu ».

Jean-Paul II

L’Interprétation de la Bible dans l’Eglise

Documentation Catholique n° 2085 – 2 Janvier 1994.

Jacques Fournier

 

[1] Note de la Bible de Jérusalem pour 1Jn 4,13 : « Ce don de l’Esprit annoncé pour les derniers temps, (Ac 2, 17-21, 33), a été répandu dans les cœurs, cf. (Rm 5, 5+) ; (1 Th 4, 8), et y fait naître la certitude intime de ce que les apôtres annoncent extérieurement, 5 6-7 ; cf. (Ac 5, 32). Ici il s’agit de l’état de fils de Dieu, (Rm 8, 15-16) ; (Ga 4, 6) ».

[2] VERLINDE J.-M., Initiation à la Lectio Divina p. 70-73.

 




Première approche de la Bible par Sr Marie Anne l’ETOURDIE

Première Etape

  • Le livre

  • Sa rédaction

  • Les traductions importantes

  • Comment se retrouver dans ce livre

 

                                                  

bible_inspiré_dieuLe livre

 

Origine du mot Bible

Le mot français Bible vient du grec « Ta Biblia » qui signifie les livres. En latin le mot « Biblia » est un mot feminin, d’où la Bible en français.

 

 

La Bible c’est un « livre » et en même temps une « bibliothèque » vaste et diverse.

Un livre parce qu’il y a un fil conducteur, c’est que tous les écrits de la Bible parlent d’un même sujet : la relation de Dieu avec un peuple particulier.

Une bibliothèque : parce qu’elle contient un grand nombre de livres.

2 grandes parties : l’Ancien ou le premier Testament et le Nouveau Testament.

Le mot Testament ici a la signification d’Alliance, une alliance entre Dieu et son peuple.

73 livres ouvrages dont 46 pour l’Ancien et 27 pour le Nouveau Testament.

Cette bibliothèque s’ouvre sur le livre de la Genèse qui veut dire commencement et au commencement Dieu crée.

Elle se referme sur le livre de l’Apocalypse qui veut dire révélation, la révélation d’une création nouvelle (Ap 21, 1-3) des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle, demeure de Dieu avec les hommes.

Tous les livres de cette bibliothèque nous parlent de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple choisi, Israël, de l’Alliance qu’il fait avec ce peuple, ses réussites, ses échecs, ses joies, ses espoirs ect…

Au cœur de ce livre, nous rencontrons une personne « Jésus Christ », et Jésus Christ Ressuscité. Donc dans ce peuple Dieu envoie son fils qui est lui-même une Bonne Nouvelle. Il vient dire au monde : « qui est Dieu ». Par son sang versé sur la croix, il fera une Alliance nouvelle et éternelle avec tous les hommes, car il verse son sang pour la multitude. 

Nous est ensuite raconté la vie de ceux qui ont accueilli la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Après son Ascension, guidés par L’Esprit Saint ils vont porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Commence ainsi le temps de l’Eglise, avec l’histoire des premières communautés chrétiennes.

 

Comment s’orienter dans cette bibliothèque 

La  première partie : l’Ancien Testament comporte 46 livres répartis en 3 grandes séries + 1 : la loi, les prophètes, les autres écrits (sont pour les juifs la base de toute leur vie religieuse, c’est ce qu’ils appellent les écritures) et les livres deutérocanoniques. 

1ère série : La loi :

pentateuque

Il s’agit des 5 premiers livres de la Bible : La Genèse, l’Exode, le Lévitique, les nombres et le Deutéronome. En hébreu la torah et en grec le pentateuque (cinq étuis contenant les rouleaux).

 

 

 

 

2ème série : Les prophètes

A/  Les prophètes premiers ou les livres historiques : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois.

B/  Les prophètes derniers : des hommes qui ont parlé de la part de Dieu.

3 grands prophètes, Isaïe, Jérémie et Ezéchiel. On les appelle « grands » tout simplement parce que leurs livres sont longs avec beaucoup de chapitres.

Les 12 autres sont appelés « petits » parce qu’ils sont plus courts : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Agée, Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie. 

 

3ème série : Les autres écrits

Ecrits de sagesse pour guider, pour aider le peuple dans sa vie de tous les jours. Cette série commence par les Psaumes : prière d’Israël qui sont au nombre de 150, prière concernant tous les évènements de la vie. Jésus a prié les psaumes et aujourd’hui encore l’Eglise a fait sienne cette prière dans sa vie de tous les jours.

Pour les juifs les écritures se terminent ici. (39 livres).  

 

Ce sont des livres écrit en grec, faisant partie de la liste des Septantes et qui sont entrés en 2ème lieu dans la règle, car le mot canon vient du grec qui veut dire règle pour mesurer, canne ou liste. Ce sont des écrits religieux qui n’ont pas été accueillis dans le canon hébraïque. Disposant de 2 canons pour l’Ancien Testament : l’un hébraïque et l’autre grec, les catholiques ont adoptés le canon grec.

 

2ème partie de la bibliothèque.  

nouveau testament

Cette partie se nomme le Nouveau Testament. Il est composé de 27 livres que nous pouvons classer en 4 séries : Les Evangiles, les Actes des Apôtres, les Epîtres et l’Apocalypse. Les chrétiens ont ajouté ces livres aux écrits reçus de juifs, qu’ils ont appelé A.T. ou Premier Testament. 

 

 

 

1/ Les Evangiles       

Evangile : mot grec qui veut dire Bonne Nouvelle, c’est un mot courant qui était utilisé dans le langage profane de l’époque.

Les Evangiles sont au nombre de 4 : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ils racontent la vie et l’enseignement de Jésus venu établir la nouvelle Alliance, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel.

Ce ne sont pas des reportages, ni des autobiographies mais des écrits de foi.

On appelle les évangiles de Matthieu, Marc et Luc les synoptiques parce qu’ils sont composés d’après un même plan et qu’on peut mettre certains textes en parallèle et découvrir la similitude d’un seul coup d’œil. L’Evangile de Jean est écrit d’après un autre plan.

 

2/ Les Actes des Apôtres (un volume de 28 chapitres, écrit par St Luc)

Dans ce livre, Jésus monte au ciel et c’est l’Esprit Saint qui prend le relais, à la pentecôte, il descend, c’est lui qui fait agir les apôtres.

L’auteur raconte l’histoire des apôtres depuis l’Ascension de Jésus au ciel, de leurs œuvres apostoliques, de leurs missions d’Evangélisation à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre (cf Ac 1,8). Nous avons là, le témoignage des premières communautés chrétiennes c’est-à-dire de l’Eglise primitive. La dernière action des apôtres, racontée dans ce livre est celui de Paul à Rome (considéré comme le bout du monde).

 

3/ Les Epîtres ou Lettres au nombre de 21, envoyés aux communautés chrétiennes nouvellement fondées sont comme les lettres encycliques écrits par le Pape ou les lettres pastorales des évêques d’aujourd’hui.

 

13 épitres de Paul adressées aux communautés ou aux personnes : Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2  Théssaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon.

 

La lettre aux Hébreux auteur inconnu.

La lettre de St Jacques  

1 et 2 Pierre

1, 2 et 3 Jean

La lettre de Jude

 

4/  L’Apocalypse : révélation ou dévoilement, écrit par St Jean ou par ses disciples à la fin du premier siècle de notre ère, dans un style un peu étrange, codé, littérature pour temps de crise : la persécution. Ce livre redonne courage et espérance aux croyants et leur permet de découvrir le sens caché des évènements qu’ils vivent.

 

Sa  Rédaction 

Il a fallu 1000 ans pour rédiger ce livre que nous avons en main, qui n’est ni une biographie, ni un reportage en direct, mais une méditation sur l’histoire d’un peuple. 

Les auteurs.

Ils sont nombreux, vivant à différents moments de cette histoire. Pour écrire chacun a son style d’où les différents genres littéraires.

Tous ne sont pas connus car à l’époque les auteurs ne signaient pas leurs ouvrages, mais on avait pour habitude de le mettre sous le patronyme de quelqu’un de célèbre pour l’honorer (ex : les psaumes de David). Ce n’est que vers le 4ème siècle de notre ère que les auteurs signent leurs œuvres.

Ces auteurs sont des croyants écrivant pour des croyants, afin de leur transmettre leur foi en ce Dieu qu’ils ont rencontré. A travers les évènements ils veulent amener le lecteur à découvrir l’action de Dieu. 

Les textes.

Avant d’être mis par écrit, certains textes de l’Ancien Testament ont existé sous forme de tradition orale. (La création du premier alphabet en Phénicie apparaît vers 1300 avant Jésus Christ). Les premiers livres bibliques furent mis par écrit vers 900 av. J.C. à l’époque de la royauté. Les scribes commencent à tenir les annales royales. C’est aussi le temps des premiers psaumes.

Les 39 livres de l’Ancien Testament ont été rédigés en hébreu, avec quelques passages en araméen, et les livres Deutérocanoniques en grec.

Les premiers écrits du Nouveau Testament sont les épîtres de St Paul aux Thessaloniciens vers 51 ap. J.C. et les derniers, les épîtres de Jean vers 100 et la 2ème  lettre de Pierre vers 125. Les 27 livres ont été écrits en grec. 

Les traductions importantes 

La Septante ou LXX : première grande traduction de l’Ancien Testament au 3ème siècle av. Jésus Christ à Alexandrie en Egypte. (la légende parle de 70 savants juifs traduisant en 70 jours les écritures de l’hébreu en grecque). 

La Vulgate : traduction latine de la Bible par St Jérôme, fin du 4ème siécle ap. Jésus Christ.

La Bible a été le premier livre imprimé par Guttenberg vers 1450. Elle a été divisée en chapitres par un théologien bibliste Stephen Langton en 1203, en versets par en 1553.

A partir de l’hébreu, du grec et du latin, aujourd’hui, il y a plusieurs traductions de la Bible disponibles. 2426 traductions partielles et 429 traductions complètes dont 160 en Afrique (Nouvelles bibliques, mars 2007). Nous avons en vente plusieurs traductions françaises, pour étudier les meilleurs sont : La Bible de Jérusalem et la Traduction Œcuménique de la bible (TOB) qui offrent de bonnes introductions et beaucoup de notes.

 

Pour se retrouver 

Connaître l’abréviation de chaque livre s’avère nécessaire (consulter la table des matière).

Le grand chiffre du texte indique les chapitres et les petits, les versets.

Les petites lettres renvoient aux notes se trouvant à la fin de la page.

La lecture des introductions et des notes, la consultation du tableau chronologique, des cartes géographiques et du vocabulaire permettent une meilleure compréhension du texte. 

2ème Etape

      —  Les lieux

      —  Un peuple porteur de noms multiples

      —  Les temps

      —  Le contenu de L’Ancien Testament

 

Les lieux 

Pour pouvoir entrer dans la Bible, il est nécessaire que nous puissions nous situer dans l’espace et dans le temps, cela nous permet de situer le texte dans son contexte lors de notre lecture, car la religion juive et la révélation chrétienne s’enracinent dans des lieux et des temps précis.

Toute l’histoire biblique se déroule au Proche-Orient avec deux points principaux aux deux extrémités du « Croissant Fertile » (Zone cultivable s’étendant en demi cercle de l’Egypte au Golfe Persique). Dans cette région, les deux grandes puissances de l’époque, d’un côté la Mésopotamie (pays entre les fleuves) qui se situe sur l’emplacement de l’Irak actuel et de l’autre l’Egypte.

Le long de la cote méditerranéenne, la Syrie, la Phénicie et le pays de Canaan sont de lieux de passage pour les commerçants, les voyageurs et les armées. Ces pays étaient habités par des Sémites. 

Les pays cités dans l’histoire d’Israël.

L’Egypte, l’Assyrie, La Babylonie, La Perse, La Grèce et Rome. 

Pays porteur de multiples noms

La terre promise : terre que Dieu a donné à Abraham et à sa descendance, pays où Moïse avait mission de conduire le peuple à sa sortie d’Egypte. 

Israël : Nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28) 

Le Pays de Canaan : (Canaan autre nom donné à Cham, fils de Noé), pays adoptif d’Abraham.

Palestine : Pays des Philistins, car au 12ème siècle av. J.C. les Philistins se sont installés dans la plaine côtière de Canaan.

 

Au temps de la royauté

Avec David et Salomon le pays a pour nom Israël avec Jérusalem comme capital.

A l’époque du schisme  la Palestine est divisé en deux :

Au Nord : Israël qui a Samarie pour Capital.

Au Sud : Juda qui a Jérusalem pour capital.

 

Au temps de Jésus 

La Palestine est divisée en trois, on distingue la Galilée au Nord, la Samarie au centre et la Judée au Sud.

Dans le paysage, un fleuve incontournable : le Jourdain, qui prend sa source au pied du Mt Hermon (Syrie), descend jusqu’au lac de Tibériade  (Génésareth, Kinnéreth ou mer de Galilée) à 212mt au dessous du niveau de la mer et continue sa course jusqu’à la Mer Morte, à — 392mt, une mer qui n’a pas de sortie avec une grande intensité de sel où toute forme de vie est impossible.

A l’est du Jourdain, se trouve la Décapole, une ligue de dix villes grecques, citée dans le Nouveau Testament.

 

Les cartes de notre Bible nous permettent de suivre le peuple Juif dans son histoire, histoire liée à un pays (Dt 11, 10-12), et remplie de récits de voyages.

Nous suivrons Abraham, de sa sortie d’Our jusqu’au pays de Canaan, les Hébreux depuis leur sortie d’Egypte jusqu’à leur arrivée au pays de Canaan.

Plus tard, nous suivrons ceux qui vont en exil et ceux du peuple de Juda qui reviennent de l’exil.

Nous suivrons aussi Jésus au cours de ses voyages dans toute la Palestine ainsi que Paul lors de ses voyages missionnaires.

 

Un peuple porteur de noms multiples 

Lors de notre lecture, plusieurs noms sont cités pour nous parler du peuple de Dieu. Voyons la signification de ces noms. 

Sémites : Ce sont les descendants de Sem fils de Noé (Gn 9, 18) auquel la Bible rattache divers peuples (Elamites, Araméens, hébreux ect…). Abraham est de la famille de Sem (Gn 11, 10). 

Hébreux : Ce nom est donné au clan d’Abraham et de sa descendance jusqu’à son installation au pays de Canaan au 13ème siècle av. Jésus Christ. Les Habirû  sont des gens de passage. 

L’hébreu comme langue : langue sémitique des gens du pays de Canaan. Vers 587 av. J.C. le peuple en l’exil est sous l’influence de la langue araméenne, langue officielle de l’empire Perse, proche de l’hébreu qui devint leur langue courante. Jésus lui-même a parlé l’Araméen. L’hébreu reste comme langue religieuse ( Ecriture, liturgie). 

Israël : C’est le nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28).

Au temps des rois, le nom d’Israël fut donné au royaume du Nord vers 933. Après la disparition de ce royaume en 721, il fut à nouveau employé pou l’ensemble du peuple Juif.

Israëlites : Nom des descendants de Jacob, lorsqu’ils se sont installés au pays de Canaan « Terre Promise ».

Juda : Après le schisme en 933 la tribu de Juda, d’où est issu la monarchie de David donne son nom au royaume du Sud.

Judée et Juifs : Au retour de l’exil vers 538, on appelle Judée la région de Jérusalem et ses habitants Juifs. 

Aujourd’hui

Israël : nom de l’état indépendant créé en 1948, ses habitants sont les Israëliens et ils ont adopté l’hébreu comme langue officielle. 

En ce qui concerne « le temps » nous allons nous référer au tableau chronologique.

 

 Contenu des livres de l’Ancien Testament 

Les trois grandes parties de l’A.T. d’après la Bible hébraïque.

Le Pentateuque ou Torah

Les Prophètes

Les « autres écrits »

 

1/LE PENTATEUQUE 

Pentateuque signifie « cinq étuis » (contenant des rouleaux de parchemin). Cet ensemble que les Juifs appellent la Torah c’est-à-dire enseignement est attribué à Moïse. Il est aussi appelé la loi. Ces cinq livres sont : la genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. 

La Genèse, premier livre de la Bible avec 2 parties : la création et l’histoire des patriarches. 

La Création (Gn 1 – 11, 9) Des récits mythiques et légendaires.

La création racontée de deux manières : Un récit (Gn 2, 4b – 3, 24) plus ancien qui date du règne de Salomon au 10ème siècle av. J.C. est l’œuvre de sages qui utilisent un langage mythique qui developpe en deux tableaux : la création de l’homme et la chute.

                                                        – 7 –

Un poème (Gn 1, 1 – 2, 4a) composé par les prêtres au temps de l’exil à babylone est plus récent. A travers ces histoires (mythes), c’est un message de foi qui est transmis. Les mythes ne sont pas le propre d’Israël, c’est un genre littéraire de l’époque, mais guidé par l’Esprit Saint, Israël lui donne une autre signification. 

 

Quel message ? 

1/ D’abord un message concernant Dieu.

Le Dieu d’Israël, est à l’origine de tout, c’est lui le créateur. Par opposition aux peuples des alentours qui adorent les créatures : astres, animaux, (serpent, vache sacrée etc) humains.

L’homme sommet de la création, créé à l’image de Dieu : homme et femme égaux, libres, appelés à devenir créateur par leur travail qui n’est pas esclavage mais responsabilité et mission.

2/ Répondre aux grandes questions de sens que se posent les humains au sujet de l’existence, de la création…. D’où je viens ? Où je vais ? Qu’est-ce que je fais sur la terre ? Pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le travail ?…. Ce sont des récits sans prétention historique ou scientifique qui veulent donner une réponse en image à ces grandes questions de l’homme. Dans la foi Israël donne à ces mythes une vérité religieuse nouvelle qui jaillit de l’expérience de l’Exode et de l’Alliance.

 

 Le péché et ses conséquences : 

Pour la Bible, le mal est donc présent dans les mauvais choix que l’homme a faits dans le cours de l’histoire, même s’il n’en est pas seul responsable puisque le mal le précède dans la figure du serpent, qui signale les limites de la création. Le mauvais choix constant de l’humain introduit un venin dans la communauté humaine. Cela vaut pour les rapports entre les sexes : l’homme et la femme, faits pour vivre en solidarité, deviennent solitaires dans l’incompréhension mutuelle (Adam et Eve). Cela vaut pour les relations fraternelles : la jalousie empêche de reconnaître et d’accepter les différences de l’autre, et finalement elle tue (Caïn et Abel). Cela vaut encore pour les relations entre générations et dans une même société familiale : au lieu d’accueillir l’expérience des parents, on s’ingénie à tout vouloir inventer, dans la ligne de la facilité (le déluge). Cela vaut enfin pour les relations entre les nations différentes. Les langues et les cultures variées devraient être une occasion de partage. Or, la tentative de domination totalitaire et uniformisante rend les hommes ennemis les uns des autres (la tour de Babel).

Ainsi, ces dimensions psychologiques et sociales, qui devaient fournir un terrain d’entente et d’alliance d’après le projet créateur – la « règle du jeu » humain étant le bien de l’homme–, deviennent, par le mauvais choix de l’homme, un terrain d’incompréhension, de division, de lutte à mort. Telle est la leçon de l’histoire. (p100, Apprendre à lire la Bible, Ch Delhez et Jean Radermakers, ed. fidélité, nov 2007).

 

Les Patriarches (Gn 12-50)

Nous laissons le mythe pour entrer lentement dans l’histoire. Ces récits proposent de regarder la vie des hommes avec les yeux de Dieu.

Avec les patriarches, deux grands thèmes nous sont proposés : La promesse et l’Alliance. 

Dans le récit de la vocation d’Abraham (Gn 12, 1-8), nous voyons l’appel de Dieu et la promesse de Dieu. L’appel à quitter, à partir… puis la promesse d’une descendance et d’une terre (afin d’inscrire son nom dans le temps et dans l’espace) et la bénédiction. Il fait confiance au Seigneur et se met en Chemin.

Abraham est considéré comme le père des croyants de trois grandes religions monothéistes : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

Les autres Patriarches sont : Isaac, Jacob-Israël et les fils de Jacob, ancêtres des 12 tribus. Une place spéciale est faite à Joseph, rejeté par ses frères mais choisi pour réaliser la promesse de Dieu (maintenir en vie la descendance).

Les 12 fils de Jacob sont : Ruben, Siméon, lévi, Juda, Issakar, Zabulon, Ben     jamin, Dan, Nephtali, Gad, Asher et Joseph. (Ephraïm et Manassée sont les fils de Joseph).

Ces textes mettent en relief que les liens unissant les 12 tribus sont avant tout religieux : la foi en un même Dieu, un Dieu unique et tellement différent des autres.

Le livre de la Genèse se termine par la mort de Joseph et les fils d’Israël installé au pays d’Egypte. Le clan de Jacob émigre en Egypte vers 1700. Ils étaient en tout 70 personnes (Ex 1, 5).

 

Exode, lévitique, Nombres et Deutéronome

Ils nous parlent de Moïse appelé par Dieu pour faire sortir son peuple du pays d’Egypte où ils étaient pour les conduire en Terre Promise.

Moïse de la tribu de Lévi, frère de Myriam et d’Aaron va faire sortir le peuple d’Egypte, les conduire jusqu’au Sinaïe pour y faire alliance avec Dieu. Patiemment il va guider ce peuple à la nuque raide et au cœur endurci, pendant 40 ans dans le désert. Pourquoi 40 ans ?  Parce qu’ils vont apprendre à devenir, à vivre comme un peuple guidé par la loi de Dieu, le Dieu D’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ce Dieu aimant qui tient sa promesse.

Moïse lui-même n’entre pas en Terre Promise (Nm 20, 1-12). Il meurt face à Jéricho sur le Mt Nébo. Il est l’un des personnages clés de toute la Bible. Son nom est cité 783 fois Dans l’A.T. et 80 fois dans le Nouveau. 

L’Exode veut dire sortie, le livre commence par la naissance et la vocation de Moïse et se termine par les lois rituelles concernant la construction de la Tente Sainte. 

Le Lévitique, troisième livre de la Bible donne beaucoup de précisions sur le culte, le rôle des prêtres, les sacrifices etc….

Pour le chrétien, ces règles sont dépassées, puisque Jésus est l’unique grand prêtre et la seule victime. Mais le chapitre 19, 1-18 reste encore d’actualité « Soyez Saints, car moi je suis Saint » dit Dieu qui est le cœur de la sainteté, et encore en (19, 18) « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Pour Israël le prochain désigne le compatriote. Avec Jésus dans l’Evangile, le prochain deviendra toute personne et même l’ennemi : la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37) et en Matthieu (5, 43-48) Aimez vos ennemis. 

Les Nombres, quatrième livre de la Bible. Appelé ainsi parce qu’il débute par le compte rendu d’un recensement des tributs d’Israël. Il rapporte les récits de la marche du peuple dans le désert. Il faudra 40 ans – le temps que disparaisse la génération incrédule –. C’est une génération nouvelle qui entrera en Terre promise.

Quelques textes célèbres : Les cailles (Nm 11), l’eau du rocher (20, 1-13), le serpent d’airain (21, 4-9), l’ânesse de Balaam (22, 21-35), le doute de Moïse (20, 1-12).

Le Deutéronome, qui signifie « seconde loi » contient les commandements, les lois et les coutumes du royaume du Nord. C’est sans doute le livre que le roi Josias et son secrétaire Shafane trouvèrent dans le Temple en 622 et sur lequel ils s’appuyèrent pour entreprendre une grande réforme.

Le Deutéronome reprend beaucoup d’éléments des livres de l’Exode et des Nombres. Il invite le peuple à vivre fidèlement l’Alliance avec son Dieu (30, 10-20) et à l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force (6, 4-5).

Le livre contient 3 grands discours dans lesquels Moïse redit au peuple l’essentiel de l’Alliance (6, 4-9 ; 7, 7-8 ; 30, 10-20). Le livre se termine au chapitre 34 par la mort de Moïse.

 

2ème groupe de livres : les livres prophétiques. 

Les prophètes premiers ou les livres historiques. 

Ce premier groupe comprend six livres : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois.

Sous la conduite de Josué, les fils d’Israël s’installent plus ou moins facilement au milieu des peuples de Canaan. Lors de la conquête de la terre, le peuple retire la leçon que les guerres humaines n’ont pas de sens, qu’il faut prohiber la violence en acceptant des négociations et des pactes, pour prendre te acquérir sa place parmi les Canaans. Ce livre se termine par le testament de Josué et une grande assemblée à Sichem pour renouveler l’Alliance avant la mort de Josué. 

Les Juges : Après l’installation en Terre Promise, les Juges aident les tribus à régler les conflits avec les autres peuples, surtout les Philistins, ce sont des chefs de guerre. Les principaux Juges sont : Gédéon, Jephté, Samson et une figure féminine Déborah (l’abeille). Le dernier des Juges est Samuel. 

Samuel et Rois

La nécessité d’un regroupement de toutes les tribus sous un seul chef se fait sentir, et le peuple demande un roi à Samuel.

Saül, David et Salomon furent les premiers rois qui régnèrent sur un royaume uni. Ils reçurent l’onction pour une mission.

Leur mission : Etre à l’écoute du Seigneur pour bien guider le peuple. Si Dieu choisit le berger parmi les fils de Jessé c’est en même temps symbolique car le roi est appelé à être le berger de son peuple.

Hélas parmi les rois qui vont se succéder beaucoup vont être de mauvais guides, de mauvais bergers, de mauvais messies.

L’histoire des rois d’Israël et de Juda va être un échec. Ils n’ont pas été fidèles à l’alliance basée sur l’amour de Dieu et du prochain certains vont être idolâtres.

Ils vont adorer d’autres dieux en oubliant le Dieu de leurs pères, Abraham Isaac et Jacob, le Dieu fidèle à sa promesse et à son alliance. Ils vont rechercher le pouvoir et le profit personnel. Alors Dieu va envoyer les prophètes.

 

Les prophètes derniers 

La monarchie et le prophétisme vont apparaître et disparaître presqu’en même temps dans l’histoire du peuple de Dieu (10ème et 6ème siècles av. J.C.).

Les prophètes ne reçoivent pas l’onction comme les rois, mais ils sont habités par l’Esprit du Seigneur pour corriger les erreurs des rois et rappeler au peuple qu’il est le peuple de Dieu.

Ils sont choisis, appelés, exemple le récits de vocations de Jérémie (Jr 1, 4-9).

Ils reçoivent une mission (Is 6, 1-4 ; 40, 1-8 ; Jr 1, 4-9 ; Ez 1-3, 15 ;Os 1, 3-8 ; Am 7, 10-17)

Ils sont inspirés par Dieu, vont parler au nom de Dieu et sont porteur d’un message pour les gens de leur époque. Ce sont des passionnés de Dieu.

La parole est le moyen privilégié par lequel le prophète agit. Son message est surtout orale, puis mis par écrit plus tard par le prophète lui-même ou ses disciples.

Il s’adresse au peuple, aux prêtres, aux rois. Il n’a pas peur, il ne craint ni les riches, ni les puissants. Les mot prophète deviendra synonyme de « martyre » car les puissants vont leur mener la vie dure, ex Jérémie. 

Pour dire cette parole de Dieu qui l’habite, le prophète utilise diverses formes de langage : le poème (Is (5, 1-7) ; la prière (Jr 12 1-6) ; les visions (Ez 37) ; les actions symboliques (Jr 13, 1-11) et surtout l’oracle qui veut dire message ou déclaration solennelle au nom de la divinité.

Il y a l’oracle de jugement qui appelle à la conversion (Jr 1, 1-25, 14).

L’oracle du salut qui contient une promesse et qui est un appel à l’espérance pour la survie du peuple ;(Is 7, 10-17) le signe de l’Emmanuel.

L’oracle se place dans l’histoire tandis que la vision appartient au monde céleste.

La Bible nous parle surtout des prophètes de conversion qui sont des personnalités ayant le réalisme du regard, car la cause de tous les maux, c’est l’abandon de l’Alliance. Ce sont des hommes de visions qui vont donner une parole juste au moment de crise qui va être vérifiée par la suite dans l’histoire, car la vérification des faits est le signe que le prophète était envoyé par Dieu (Jr 28, 9).                                       

Le faux prophète est celui dont la parole ne sera pas accomplie.

Il y a eu des prophètes écrivains et des prophètes non écrivains comme Elie, Elisée, Gad, Nathan… qui sont cités dans les livres des Rois.

Les prophètes écrivains sont : les 3 grand : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel (on y ajoute souvent Daniel qui est un livre de sagesse) et les 12 petits : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Agée, Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie.

 

Les prophètes et l’Alliance.

 L’ancienne Alliance a été plusieurs fois rompue par l’infidélité du peuple, mais les prophètes connaissent la fidélité de Dieu, ainsi certains comme Jérémie, comme Ezéchiel annoncent que Dieu fera une Alliance Nouvelle inscrite non sur des tables de pierre, mais dans les cœurs (Jr 31, 31-34 ; Ez 36, 26-28).

Après l’exil, pendant plusieurs siècles, il n’y aura plus de prophète. Le peuple vivra cette situation comme signe de la colère de Dieu. Mais des choses nouvelles vont se mettre en place pour aider le peuple à continuer sa route avec Dieu.

  1. Une attention spéciale est faite à la Torah (loi) recommandée par les derniers prophètes (Ml 3, 22 ; Za 13, 2).

  2. L’Apocalypse, littérature au temps de crise est tournée vers l’avenir.

  3. L’Eschatologie (eschatos : dernier et logos : discours) qui concerne l’attente à la fin des temps où les deux grandes figures du Judaïsme : Moïse et Elie viendront sur terre inaugurer le règne de Dieu où l’on vivra selon la loi.

Le prophète dans le Nouveau Testament 

Jean Baptiste est présenté comme un prophète (Lc 3, 2) ; Jésus aussi est reconnu comme un prophète (Lc 7, 16) piussant en parole et en actes (Lc 24, 19-21). Il s’est appliqué le dicton : « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » (Lc 4, 24).

Il est un Messie à la manière des prophètes – qui ne reçoivent pas l’onction d’huile, mais dont l’Esprit du Seigneur pénètre vraiment le cœur – (Is 61, 1). Souvent persécutés, ils appellent le peuple à la conversion et ils annoncent que Dieu enverra un Messie selon son cœur pour renouveler l’Alliance. 

Les juifs enseignent à l’époque de Jésus que les cieux se sont fermés et que l’Esprit ne descend plus sur quiconque en Israël depuis la mort des derniers prophètes bibliques. Le récit de la pentecôte renoue avec l’époque des prophètes guidés par l’Esprit Saint. Les cieux sont ouverts de nouveau, cette ouverture est inauguré par le baptême de Jésus au Jourdain (Mc 1, 10). 

Le Nouveau Testament proclame que tout homme qui adhère à la foi est prophète. 

Dans l’Eglise, certains reçoivent un don particulier pour être prophète (1 Co 12, 10). Mais tous les chrétiens de par leur baptême et leur confirmation sont d’une certaine manière prophètes puisqu’ils transmettent la Parole de Dieu.    

Relire les prophètes, découvrir leur message à la lumière de l’Esprit, est valable pour nous aujourd’hui dans la mesure où nous ferons des relectures dans la foi pour nous approprier le message :

Redécouvrir le Dieu fidèle à sa Promesse et à son Alliance.

  • Vivre l’Alliance, l’amour de Dieu et du prochain comme Jésus l’a fait.

  • Accueillir l’appel à la conversion et à l’espérance.

  • Vivre dans la justice et la droiture.

  • Ne pas avoir peur de porter la Parole de Dieu, et de payer le prix…

         

Pour se retrouver aisément dans la Bible

Recourir à la table des matières se trouvant au début du livre qui indique aussi la liste des abréviations. 

Une citation biblique est indiquée :

  • Par le nom abrégé du livre (voir la liste des abréviations)

  • Par le chiffre indiquant le chapitre

  • Par le numéro du verset. On désigne parfois les différentes parties du verset par a, b, c.

  • Exemple : Gn 12, 1-6 signifie : livre de la Genèse, chapitre 12, versets1à 6.

 

Cliquer sur le titre  pour une éventuelle impression document pdf : Pour une première approche de la Bible

  

 

 

 

 

 

 

 

                              

 

 

 

 




La vision de l’homme d’après la Bible (Anthropologie biblique)

La Bible nous présente l’homme comme étant « un ». Ainsi, il serait plus juste de dire, non pas « l’homme a un corps », mais il est corps; non pas « l’homme a une âme », mais il est âme; non pas « l’homme a un esprit », mais il est esprit. Il est ainsi tout à la fois corps, âme et esprit. Ces trois termes renvoient ainsi à trois points de vue différents d’une seule et même réalité : l’homme. Notons que seul St Paul nous présente ces trois termes à la fois: « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle : c’est encore lui qui fera cela » (1Th 5,23-24).

Nous verrons que le coeur ultime de l’homme, ce qui fait que l’homme est homme, est sa réalité spirituelle. Il est la seule créature en Gn 2 pour laquelle la vie a été suscitée par le Souffle de Vie que Dieu lui a communiqué. Or cette image évoque souvent l’Esprit Saint: Dieu est Esprit (Jn 4,24), Dieu est Saint (Lv 19,2). Et il va susciter l’homme dans l’existence en lui donnant, à lui aussi, d’être « Esprit Saint », c’est-à-dire de participer à ce que Dieu Est en Lui-même… Et l’Esprit de Dieu est Vie !

Pour des raisons pratiques, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint, ce qui permettra d’afficher ces trois mots hébreux principaux que l’Ancien Testament utilise pour parler de l’homme.

La vision de l’homme d’après la Bible – Document PDF




Les ancêtres des douze tribus du peuple d’Israël

ancetre-sisrael

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La composition littéraire du Pentateuque : l’hypothèse des sources

Tout d’abord, l’expression « le pentateuque » désigne les cinq premiers livres de la bible (grec πέντε (α) – cinq – τευχη – « instruments », d’où étuis pour rouleaux de papyrus, et finalement « livres »).

            Dès que l’on ouvre le livre de la Genèse, des problèmes se posent:

                      j Double récit de la création de l’homme: Gn 1-2,4a et Gn 2,4b-7 (création de l’h…) + 2,18-24 (complète avec celle de la femme.)

                         j Gn 4,26: Adam a eu un fils: Seth et l’humanité commence à invoquer le nom de Yahvé. Mais en 5,1, on reprend brusquement l’histoire d’Adam à zéro, la naissance de Seth revient en 5,3, le nom de Yahvé disparaît jusqu’en 5,29.

                        j Gn 7,7: le déluge commence et Noé entre dans l’arche avec ses fils et les animaux, mais le récit s’arrête au v.10 pour faire place à un autre récit, où est mentionné à nouveau le début du déluge et le texte continue par l’entrée de Noé et de ses fils dans l’arche (v.13) comme si rien n’avait été dit… Remarquons aussi cette contradiction, qui provient de cette superposition de deux récits différents: Noé doit faire entrer dans l’arche tantôt un couple d’animaux de chaque espèce (sans distinction entre espèces pures et espèces impures, Gn 6,19), tantôt un couple d’animaux impurs et sept couples d’animaux purs (Gn 7,2) : ces deux façons de compter sont incompatibles…

                        j Gn20: ce chapitre commence par: « Abraham partit de là… » alors que les versets précédents ne parlent même pas d’Abraham…

                        j Dieu est parfois appelé Yahvé, parfois Elohim: ainsi le 1° récit de la création parle d’Elohim, et le second de Yahvé-Elohim, puis de Yahvé seulement… d’où l’habitude de distinguer des textes yahvistes et des textes élohistes.

                        j La montagne du désert où Dieu se révèle tout en étant identifiée au Sinaïe (Ex 3,12), est appelée « Horeb » dans le Dt et en Ex 3,1; 17,6; 33,6, et Sinaï dans bien d’autres passages…

                        j Ex 2,18: le beau-père de Moïse s’appelle Réuel et… Jethro en 3,1; 18,1…

                        j Enfin,toute une série de textes emploie un vocabulaire très spécifique en rapport avec les rites de la liturgie juive, d’où le nom de textes sacerdotaux donné à cette série, caractérisé par un style précis et sec.

                        j Le Deutéronome a aussi son vocabulaire particulier: « faire ce qui est bien aux yeux de Yahvé », « garder les commandements »… Certains y ont vu la trace d’une rédaction indépendante des autres textes et l’ont appelé D.

                        j Enfin, Moïse était considéré comme étant l’auteur unique des cinq livres, mais comment a-t-il pu être inspiré au point de décrire sa propre mort (Dt 34,5-12)? A.B. Karlstadt (1486-1541) fut le 1° à démontrer que cela est impossible.

            Résumons-nous: quatre familles de textes ont été différenciées:

                        1) Yahviste (de « Yahvé ») ou Jahviste, d’où le sigle J qu’on lui donne.

                        2) Elohiste (de « Elohim »): E.

                        3) Famille d’origine « sacerdotale » : P comme « prêtres ».

                        4) Famille « deutéronomiste », principale responsable de la rédaction du Dt: sigle D.

            Telle est l’hypothèse documentaire rendue fameuse par les travaux de Julius Wellhausen (1876-78) : 4 récits (ou documents) continus, rédigés à des époques différentes par des milieux différents ont été par la suite juxtaposés, imbriqués:

                                                                       

                                                                                  ß                  —                                     

                                                                       

                                               ——————

Deux autres modèles furent développés pour expliquer la naissance du Pentateuque:

                        A – L’hypothèse des fragments: des récits épars, des textes isolés ont été rassemblés pour former un seul récit (défendue aujourd’hui par R. Rendtorff, 1977, et C. Houtman, 1980).

                        B – L’hypothèse des compléments: un texte de base aurait été augmenté par des ajouts successifs (S. Tengström, 1976 et H.C. Schmitt, 1980).

            Reprenons donc la première hypothèse « documentaire », la plus suivie (cf notes BJ ; Henri Cazelles, Introduction critique à l’AT, Paris 1973) avec J. Wellhausen:

Epoque monarchique

vers 950 av. JC

J1,2,3 E1,2,3

(J et E auraient connu 3 rédactions successives)

vers 750 av. JC

JERéforme religieuse de Josias,

roi de Juda.

vers 620 av. JC

D         vers 550 av. JC

JED                    Q (P) + Textes législatifs         vers 500 av. JC

JEDQ (P)

 La composition littéraire du Pentateuque




Le regard parfois imparfait de l’Ancien Testament sur les réactions de Dieu face au mal

Un jour, « en passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent : « Rabbi (Maître), qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents » » (Jean 9,1-3)

Beaucoup pensaient donc qu’il existe un lien direct entre péché et maladie. Cette conception s’enracine dans les temps les plus anciens. Déjà, les peuples voisins d’Israël, croyaient en ce que l’on appelle souvent « Le Principe de Rétribution selon les actes ». Cette croyance était totalement païenne, au sens où les dieux n’intervenaient pas. Elle est très certainement née de l’expérience, mais la vision du monde qu’elle transmet est non seulement simpliste, mais encore erronée. Selon cette conception, lorsque quelqu’un commet le mal, il déclenche une puissance malfaisante qui, tôt ou tard, retombera sur lui et sur son entourage.

et de ce fait libère une puissance malfaisante

k                                                                             l

qui déclenche toutes sortes

commet le mal                                               de conséquences mauvaises

sur lui et sur son entourage

j                 m

Un homme

Israël va accueillir cette croyance et l’intégrer dans sa foi encore toute jeune. Lors de la sortie d’Egypte, racontée dans le Livre de l’Exode, ils ont vu le Seigneur à l’œuvre avec une grande Puissance, et ils en ont déduit que cette Puissance ne pouvait qu’être celle du Dieu Créateur, ce Dieu Tout Puissant qui a fait surgir l’univers du néant. Et ils se faisaient une idée si grande de cette Toute Puissance de Dieu qu’ils pensaient que rien ne pouvait lui échapper, pas même le mal (Amos 3,6 ; Lamentations 3,38)… Ces conséquences mauvaises qui, soi disant, retombent sur le pécheur ne pouvaient donc venir que de Dieu. « Le Principe de Rétribution selon les actes » a donc conduit Israël à s’imaginer que Dieu était un Juge qui, du haut du ciel, récompensait les justes et punissait ceux qui font le mal :

       1Rois 8,32 (cf Ezéchiel 7,3 et 22,31) : « Toi, écoute au ciel et agis ; juge entre tes serviteurs : déclare coupable le méchant en faisant retomber sa conduite sur sa tête,

et justifie l’innocent en lui rendant selon sa justice ».

 

L’ensemble peut se représenter par le schéma suivant :

                                             Dieu, du haut du ciel, voit et juge…

k                                                                                … et châtie.

                                          et de ce fait libère une puissance malfaisante                  l

(conception païenne)

toutes sortes de conséquences

commet le mal                                               mauvaises frappent le pécheur

et son entourage

j              m

Un homme

Disons le tout de suite : même appliquée à Dieu, cette conception est fausse.

Déjà, dans l’Ancien Testament, beaucoup réagirent en trouvant injuste que Dieu fasse retomber sur la tête des enfants la conduite de leurs parents (Exode 20,5 ; 2Samuel 24,10-17). Aussi, certains prophètes commencèrent à annoncer que seuls ceux qui ont commis une faute recevront le châtiment qui lui correspond (Jérémie 31,29-30 ; Ezéchiel 18,1-3 et 18,20). C’était déjà mieux, mais les croyances ont la vie dure : la question des disciples de Jésus cinq siècles plus tard le prouve ! Le Christ balaiera d’une phrase une telle conception de Dieu. Non, Dieu n’est pas un juge qui punit et nous fait du mal parce que nous-mêmes avons mal agi. Certes, il fait la vérité, mais cette vérité est inséparable chez Lui de son Amour et de son infinie Miséricorde. Lorsque Dieu veut nous faire prendre conscience de notre péché, il nous révèle toujours en même temps son amour (Isaïe 1,2-4 ; 1,15-18). Petit à petit, il nous montre ce qui ne va pas dans notre vie pour que nous puissions aller à lui sans peur et lui offrir toutes nos misères. Voilà ce qu’Il attend. Et il enlèvera bien vite tout ce qui nous empêche d’être pleinement en relation avec lui et avec nos frères (Psaume 103(102),11-12), il nous purifiera et il nous rétablira par le don de son Esprit ((Ezéchiel 36,25-28) dans cette communion avec Lui que nous n’aurions jamais dû quitter !

Quoiqu’il en soit, une telle conception de Dieu a conduit les auteurs de l’Ancien Testament à nous le décrire souvent de façon contradictoire : « Il blesse, puis il panse la plaie ; il meurtrit, puis il guérit de sa main » (Job 5,18) ; « C’est moi qui fais mourir et qui fait vivre ; quand j’ai frappé, c’est moi qui guéris » (Deutéronome 32,39). Et nous lisons peut-être le pire dans ce même livre du Deutéronome : « Autant Yahvé avait pris plaisir à vous rendre heureux et à vous multiplier, autant il prendra plaisir à vous perdre et à vous détruire » (28,63). Non ! Dieu n’est pas ainsi ! Il n’est qu’Amour et Bonté (1Jean 4,8 ; 4,16 ; Tite 3,4-7), un Amour pleinement manifesté en Jésus-Christ (1Jean 3,16 ; Jean 15,13 ; 15,9 ; Actes 10,37-38 ; Romains 8,35-39). Jamais Il ne juge au sens de condamner (Jean 3,16-17 ; 8,11). Son seul désir est que nous connaissions le plus possible la Vie en plénitude (Jean 10,10), le vrai Bonheur (Deutéronome 5,27-33 ; 6,18 ; 6,24), la vraie Paix (Jean 14,27) et la vraie Joie qui est communion à sa Joie (Jean 15,11)…

D. Jacques Fournier

Intreprétation du mal AT

 




Les grandes dates de l’Histoire d’Israël

1850 Av JC: Abraham, originaire d’Ur en basse Mésopotamie

                                             |

Joseph, son père Jacob et ses frères en Egypte

                                             |

1250 av JC: sous le Pharaon Ramsès II, l’Exode avec Moïse.

La Loi donnée au sommet du Mont Sinaï

                                             |

1200 av JC: Josué pénètre en Palestine (Terre de Canaan)

                                             |

1200 à 1025: les Juges

Confédération des douze tribus d’Israël, chacune étant dirigée par un « Juge ».

A partir de 1040 av JC, le prophète Samuel.

                                             |

1030-1010 av JC, Saül, premier roi d’Israël, consacré par Samuel.

                                            |

1010-970 av JC: le roi David. Il fait de Jérusalem la capitale de son grand Royaume.

                                            |

970-931 av JC: Salomon, fils de David,

grand constructeur (Temple de Jérusalem) et administrateur.

                                            |

931: mort de Salomon, assemblée de Sichem; Israël se divise en deux royaumes:

                     ___________|_____________________

                     |                                                                |

Royaume d’Israël (Nord)                           Royaume de Juda (Sud)

                     |                                                                |

931-910 av JC: Jéroboam I                                             931-913 av JC: Roboam, fils de Salomon.

                     |                                                                |

………………….                                           ………………….

                     |                                                                |

885-874 av JC: Omri, fonde la capitale Samarie.  ………………

                     |                                                                |

874-853 av JC: Achab; le prophète Elie.           ………………….

                     |                                                                |

853-852 av JC: Ochozias                                   ………………….

                     |                                                                |

852-841 av JC: Joram; le prophète Elisée       ………………….

                     |                                                                |

………………….                                            …………………

                     |                                                                |

783-743 av JC: Jéroboam II ;

les prophètes Amos puis Osée                         ………………….

                     |                                                                |

………………….                       781-740 av JC: Ozias; 740: vocation d’Isaïe.

                     |                                                                |

………………….                    740-736 av JC: Yotam. Débuts de Michée.

                     |                                                                |

………………….                 736-716 av JC: Achaz; prophétie d’Isaïe sur « l’Emmanuel ».

                     |                                                                |

732-724 av JC: Osée,

dernier roi du Royaume du Nord                      ………………….

 

721 av JC: prise de Samarie par l’Assyrien Sargon II.   

Fin du Royaume du Nord. Déportation massive en Assyrie.

(Suite des grandes dates de l’Histoire d’Israël)  Royaume de Juda (Sud)

                                                                                    |

716-687 av JC: Ezéchias

En 701 av JC Sennachérib lui prend 46 villes et impose un tribut.

                                                                                    |

………………….

                                                                                    |

640-609 av JC: le roi Josias

Vers 630, le prophète Sophonie

627: vocation du prophète Jérémie

622: Réforme religieuse sur la base d’un texte de Loi découvert dans le Temple de Jérusalem.

                                                                                    |

………………….

                                                                                    |

598-597 av JC: Joïaqim règne trois mois.

Nabuchodonosor, roi de Babylone assiège et prend Jérusalem.

Première déportation à Babylone (10.000 personnes).

                                                                                    |

597-587 av JC: Sédécias.

Le prophète Ezéchiel prédit la ruine de Jérusalem.

Vers 589, révolte de Sédécias malgré les avis de Jérémie.

                                                 587 av JC: Nabuchodonosor prend Jérusalem.

                                                   Destruction du Temple. Seconde déportation.

                                                              Fin du Royaume de Juda.

Jérémie est entraîné en Egypte.

Ministère d’Ezéchiel auprès des déportés.

Vers 550 av JC: Is 40-55 (le livre de la consolation).

 

Le 29 Octobre 539, le roi perse Cyrus entre en triomphateur à Babylone.

538 av JC: édit de Cyrus; retour des exilés à Jérusalem.

            515: Dédicace du second Temple de Jérusalem. Reprise de la vie religieuse.

445 av JC: Néhémie relève les murailles de Jérusalem.

 

336 av JC: Alexandre le Grand, roi de Macédoine, bat les Perses à Issos en 333.

332 av JC: Alexandre le Grand occupe la Palestine.

Déportation en Egypte dans sa nouvelle ville d’Alexandrie.

Diffusion de la culture grecque dans tout le bassin méditerranéen.

323 av JC: décès à 33 ans d’Alexandre aux confins de l’Inde.

Ses généraux se partagent l’empire:   les Séleucides en Syrie Babylonie,

les Lagides en Egypte.

La Judée est soumise aux Lagides jusques vers 200 av JC.

Vers 250 av JC, commencement de la traduction des Ecritures juives

                                               en grec, à Alexandrie (la Septante).

             200-142 av JC: la Judée est soumise aux Séleucides. Révolte maccabéenne (167-142).

63 av JC: prise de Jérusalem par Pompée;

                                   la palestine devient province romaine.

 40-4 av JC: Hérode le Grand, roi des Juifs.

Vers l’an 5 av JC, naissance de Jésus…

 

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Pour lire un texte d’Evangile…

Se munir si possible d’une Bible complète avec notes : Bible de Jérusalem ou TOB.

    1- Commencer toujours par un temps de prière

La Parole de Dieu est un texte qui ressemble à tous les autres textes, et pourtant, il est différent. Nos journaux nous transmettent des informations ; les romans nous entraînent dans une histoire et nous font rêver… Ici, il ne s’agit pas d’un homme qui s’adresse à d’autres hommes par l’intermédiaire de l’écriture, mais de Dieu qui, par sa Parole, vient à notre rencontre: « Dans les Saints Livres, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au devant de ses fils et entre en conversation avec eux » (Concile Vatican II, Dei Verbum &21).

            « Je me tiens à la porte et je frappe : si tu m’ouvres ton cœur, je ferai chez toi ma demeure« ... Dieu parle au cœur : pour l’écouter, il nous faut d’abord nous recueillir par un moment de silence où nous allons laisser de côté (temporairement) tous nos soucis. Et tout de suite, nous allons nous confier à l’Esprit Saint : c’est Lui le maître intérieur. Qu’il fasse régner dans nos cœurs son silence et sa paix pour nous permettre ensuite de mieux accueillir, toujours avec son aide, la Parole de Dieu. Nous vivrons toute cette aventure avec Lui et grâce à Lui : qu’il nous garde fidèles !

Pour prier, nous pouvons commencer par lire un texte où il est fait mention de l’Esprit Saint, en demandant que cette Parole s’accomplisse pour nous, en cet instant que nous consacrons à Dieu (Exemples : Luc 11,9-13 ; Jean 14,15-20 ; 14,23-26 ; 16,12‑15 ; Ephésiens 3,14-21). On peut ensuite prier un « Notre Père » et un « Je vous salue Marie ».

2- Bien lire et relire le texte choisi.

Prendre son temps, dans la gratuité. Bien faire attention au texte lui-même. Le lire et le relire, tout simplement.

Puis noter ce qui a pu nous sembler le plus important, le plus beau, le point à garder et à conserver précieusement comme lumière pour ma vie.

Dès cette première étape, il est important de ne jamais se décourager : un jour, tel texte peut être feu dans nos cœurs. Tel autre jour, tout peut nous sembler lourd et pesant, aride et bien peu engageant. En cet instant précis, Dieu nous attend : qu’allons-nous faire ? Abandonner la lecture, ou persévérer avec Lui, creuser et creuser encore jusqu’à ce que l’eau jaillisse ? Lire la Parole de Dieu est déjà le lieu où cette Parole de Jésus nous est adressée : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive« . Mais n’oublions pas aussi que ce que nous lisons est « Bonne Nouvelle » : « Heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce ce qu’elles entendent », disait Jésus à ses disciples; « Amen, je vous le dis: beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu » (Mc 8,34 ; Mt 13,16-17).

3 – Pour continuer à creuser…

Après ce premier contact, essentiel, voici quelques points pour nous aider à poursuivre notre travail « d’attention » :

  1. a) Le contexte : Repérer, dans une Bible complète, où se situe notre texte (Les têtes de paragraphe, rédigées par nos traducteurs, et les notes sont ici très précieuses). Faire attention à ce qui précède. Essayer de bien repérer sa place dans la dynamique générale de l’œuvre où il se trouve.

Cette démarche est très importante pour une bonne interprétation. Noter toutes les informations recueillies.

  1. b) Mettre en lumière le mouvement interne du texte :

j Repérer les personnages, les indications de temps, de lieu…

j Faire attention aux répétitions, et éventuellement à la place de ces mots dans notre passage. Parfois, tout tourne autour d’un centre qu’il s’agit de repérer, car tel est alors le cœur du texte.

j Observer les différents acteurs : qui sont-ils ? Que font–ils ? Que disent-ils ?

j Qu’est-ce qui change entre le début et la fin? Quelle est la signification de ces changements ? Que nous révèlent ces changements sur les personnes concernées, sur celui qui les opère ? Essayer de repérer quel est l’enjeu…

  1. c) Les citations ou les allusions à l’Ancien Testament (AT) :

 j Elles sont écrites en caractères gras ou en italiques pour nous aider à les repérer. Les Bibles complètes indiquent leurs références en marge ou dans les notes (Parfois, l’auteur fait seulement allusion à l’AT sans le citer : les références sont aussi indiquées en marge).

j Retrouver dans l’AT lui-même les textes cités ; repérer les paragraphes d’où ils sont extraits. Les lire. Essayer de retrouver le contexte dans lequel ce texte a été écrit, puis observer les personnages : qui sont-ils, que disent-ils, que font‑ils ? Noter toutes ces informations, puis se reporter à l’Evangile où notre citation est peut-être appliquée à d’autres personnages. Noter ces glissements. Que nous apprennent les informations recueillies dans l’AT sur l’identité et la mission de nos personnages du NT ?

L’Ancien Testament annonce le Christ : sa lecture est essentielle pour mieux comprendre Celui qui accomplit toutes ces Ecritures…

  1. d) Signification et enjeux

j Essayer de bien définir « le message central » de notre texte.

j Ces lignes ont été écrites par des croyants qui désiraient nous partager leur foi, nous faire grandir dans notre foi, nous introduire dans le mystère du Christ.

– Tout d’abord, ce passage d’Evangile, a-t-il été vraiment pour moi « une Bonne Nouvelle » ?

– Que m’a-t-il appris sur Dieu et sur le Christ ?

– M’a-t-il aidé vis à vis de ma relation à Dieu et au Christ ? M’a-t-il permis de mieux appréhender l’amour que Dieu porte sur le monde? De mieux pressentir toutes les grâces qu’Il désire nous donner?

– « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui comme il le sera à jamais » (Hb 13,8). Ce texte a-t-il contribué à rendre ma foi plus vivante, à mettre davantage le Christ ressuscité au cœur de ma vie, à espérer toujours plus en Lui ? M’a-t-il invité à changer pour mieux accueillir cette Présence bienveillante et toujours offerte ? Prier davantage? Consacrer plus de temps à Dieu ? Ne pas manquer l’Eucharistie du Dimanche ? S’ouvrir plus souvent à la guérison intérieure offerte dans le sacrement de réconciliation ?

– M’a-t-il interpellé aussi sur la qualité de ma relation avec ma famille, mes proches, les voisins de mon quartier, mes frères croyants, ma communauté paroissiale ? M’a-t-il aidé à mieux vivre le commandement de l’amour, à mieux m’engager dans l’Eglise pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ ?

Jacques Fournier




Allocution de Jean Paul II sur l’interprétation de la Bible dans l’Eglise 23 Avril 1993

Elle fut prononcée à l’occasion du centenaire de l’encyclique Providentissimus Deus (PD) et du cinquantenaire de Divino afflante Spiritu (DAS).

Rappels :

– En 1902 Léon XIII crée la commission biblique.

– En 1909 Pie X fonde l’Institut Biblique.

– En 1920 Benoît XV célèbre le 1500° anniversaire de la mort de St Jérôme par une encyclique sur l’interprétation de la Bible.

– Importance de Dei Verbum (DV) lors du Concile Vatican II.

PD a voulu protéger l’interprétation catholique de la Bible contre les attaques de la science rationaliste, à une époque marquée par de virulentes polémiques contre la foi de l’Église. Au lieu de jeter l’anathème sur l’utilisation des sciences dans l’interprétation de la Bible, l’encyclique invite instamment les exégètes catholiques à acquérir une véritable compétence scientifique de façon à surpasser leurs adversaires sur leur propre terrain

« Le premier moyen de défense se trouve dans l’étude des langues anciennes de l’Orient ainsi que dans l’exercice de la critique scientifique ».

DAS a réagi face aux attaques qui s’opposent à l’utilisation de la science par les exégètes et qui veulent imposer une interprétation non scientifique, dite « spirituelle », des Saintes Ecritures. Elle a constaté la fécondité des directives données par PD:

« Grâce à une meilleure connaissance des langues bibliques et de tout ce qui concerne l’Orient,… un bon nombre des questions soulevées au temps de Léon XIII contre l’authenticité, l’antiquité, l’intégrité et la valeur historique des Saints Livres… se trouvent aujourd’hui débrouillées et résolues. »

(5) D’autre part, Pie XII

– a souligné la portée « théologique » du sens littéral, méthodiquement défini

– et a affirmé que le sens spirituel, pour pouvoir être reconnu comme sens d’un texte biblique, doit présenter des garanties d’authenticité: on doit pouvoir montrer qu’il s’agit d’un sens « voulu par Dieu Lui-même ». La détermination du sens spirituel appartient donc, elle aussi, au domaine de la science exégétique.

Ainsi DAS et PD refusent la rupture entre l’humain et le divin, entre la recherche scientifique et le regard de foi, entre le sens littéral et le sens spirituel, demeurant ainsi pleinement en harmonie avec le mystère de l’Incarnation.

(6) « De même que la Parole substantielle de Dieu s’est faite semblable aux hommes en tous points, excepté le péché, ainsi les Paroles de Dieu, exprimées en des langues humaines, se sont faites semblables au langage humain en tous points, excepté l’erreur » (DAS 559; cf Dei Verb.13).

Les écrits inspirés de la Première Alliance tout comme ceux de la Nouvelle constituent un moyen vérifiable de communication et de communion entre le Peuple croyant et Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Ce moyen ne peut assurément pas être séparé du fleuve de vie spirituelle qui jaillit du coeur de Jésus crucifié et qui se propage grâce aux sacrements de l’Eglise. Il a néanmoins sa consistance propre, celle précisément d’un texte écrit qui fait foi.

(7) Ainsi, les exégètes catholiques doivent rester en pleine harmonie avec le mystère de l’Incarnation. L’Eglise prend au sérieux son réalisme et c’est pour cette raison qu’elle attache une grande importance à l’étude historico-critique.

(8) DAS a particulièrement recommandé l’étude des genres littéraires, mue par le souci de comprendre le sens des textes avec toute l’exactitude et la précision possible, dans leur contexte culturel historique. Certains chrétiens pensent que Dieu étant l’Etre absolu, chacune de ses paroles a une valeur absolue, indépendamment de tous les conditionnements du langage humain. Il n’y a donc pas lieu selon eux d’étudier ces conditionnements pour opérer des distinctions qui relativiseraient la portée de ces paroles.

Mais Dieu, créateur de l’étonnante variété des êtres, loin d’écraser toutes leurs différences et leurs nuances, les respecte et les valorise. Lorsqu’il s’exprime dans un langage humain, il ne donne pas à chaque expression une valeur uniforme, mais il en utilise les nuances possibles avec une souplesse extrême et il en accepte également les limitations. C’est ce qui rend la tâche des exégètes si complexe, si nécessaire et si passionnante! Aucun des aspects humains du langage ne peut être négligé.

Cependant cette étude ne suffit pas. Loin de s’en tenir aux aspects humains du texte biblique, il faut aussi et surtout aider le peuple chrétien à percevoir plus nettement dans ces textes la parole de Dieu, de façon à mieux l’accueillir, pour vivre pleinement en communion avec Dieu. A cette fin, il est évidemment nécessaire que l’exégète lui-même perçoive dans les textes la parole divine et cela ne lui est possible que si son travail intellectuel est soutenu par un élan de vie spirituelle.

Faute de ce soutien, la recherche exégétique perd de vue sa finalité principale en se confinant dans des tâches secondaires; elle peut alors faire oublier que la Parole de Dieu invite chacun à sortir de lui-même pour vivre dans la foi et la charité.

« Les Livres saints ne peuvent être assimilés aux écrits ordinaires, mais, puisqu’ils ont été dictés par l’Esprit Saint lui-même et ont un contenu d’extrême gravité, mystérieux et difficile sous bien des aspects, nous avons toujours besoin, pour les comprendre et les expliquer, de la venue de ce même Esprit Saint, c’est à dire de sa lumière et de sa grâce, qu’il faut assurément demander dans une humble prière et conserver par une vie sanctifiée » (DAS 89).

Oui, pour arriver à une interprétation pleinement valable des paroles inspirées par l’Esprit Saint, il faut être soi-même guidé par l’Esprit Saint et, pour cela, il faut prier, prier beaucoup, demander dans la prière la lumière intérieure de l’Esprit et accueillir docilement cette lumière, demander l’amour, qui seul rend capable de comprendre le langage de Dieu, qui « est amour » (1 Jn 4, 8.16). Durant le travail même d’interprétation, il faut se maintenir le plus possible en présence de Dieu.

(10) La docilité à l’Esprit Saint produit et renforce une autre disposition, nécessaire pour la juste orientation de l’exégèse: la fidélité à l’Eglise. Ces textes n’ont pas, en effet, été donnés aux chercheurs individuels, « pour la satisfaction de leur curiosité ou pour leur fournir des sujets d’étude et de recherche » (DAS 566), mais à la communauté des croyants, à l’Eglise du Christ, pour nourrir la foi et guider la vie de charité. Le respect de cette finalité conditionne la validité de l’interprétation.

« Tout ce qui concerne la manière d’interpréter l’Ecriture est finalement soumis au jugement de l’Eglise, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de garder la Parole de Dieu et de l’interpréter » (DV 12); il n’en reste pas moins vrai qu’il « appartient aux exégètes de s’efforcer … de pénétrer et d’exposer plus profondément le sens de la Sainte Ecriture, afin que, par leurs études en quelque sorte préparatoires, mûrisse le jugement de l’Eglise » (PD; DV 12).

(11) Les exégètes auront à coeur de rester proches de la prédication de la Parole de Dieu, pour éviter de se perdre dans les méandres d’une recherche scientifique abstraite, qui les éloignerait du vrai sens des Ecritures, un sens inséparable de leur finalité qui est de mettre les croyants en relation personnelle avec Dieu.

(13) Le document actuel, L’interprétation de la Bible dans l’Eglise, frappe par:

– son ouverture d’esprit: en commençant par la base historico-critique, dégagée de présupposés philosophiques ou autres contraires à la vérité de notre foi, elle met à profit toutes les méthodes actuelles, en cherchant dans chacune « la semence du Verbe ».

– son équilibre et sa modération; diachronie et synchronie se complètent de façon indispensable.

L’exégèse catholique s’efforce de mettre en lumières et les aspects humains de la révélation biblique et ses aspects divins, unis dans la divine « condescendance » (DV 13).

– Enfin, la Parole biblique agissante s’adresse universellement dans le temps et dans l’espace à toute l’humanité. Si la tâche première de l’exégèse est d’atteindre le sens authentique du texte sacré ou même ses différents sens, il faut ensuite qu’elle communique ce sens au destinataire de l’Ecriture Sainte qui est, si possible, toute personne humaine.

Un processus constant d’actualisation s’efforcera aussi de retraduire la pensée biblique dans le langage contemporain.

Tous les moyens possibles doivent être utilisés pour que la portée universelle du message biblique soit largement reconnue et que son efficacité salvifique puisse se manifester partout.