1

Le prologue du Livre de l’Apocalypse (Ap 1,1-3)

    « Révélation de Jésus Christ : Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt; Il envoya son Ange pour la faire connaître à Jean son serviteur, lequel a attesté la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ : toutes ses visions. Heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques s’ils en retiennent le contenu, car le Temps est proche ! »

 Dieu-est-capable-680x365

            Dès le premier verset, Dieu le Père apparaît comme celui qui révèle son Fils en lui donnant de se manifester aux « serviteurs » qu’il a choisis. La « révélation de Jésus Christ » est donc toute à la fois une Révélation qui vient par le Christ et qui porte sur son Mystère. Les « serviteurs » seront ainsi avant tout « les témoins » de ce qu’ils auront perçu du Mystère du Christ (Lc 24,44-48 ; Ac 1,21‑22 ; 26,12-18 ; 22,12-15).

            L’expression grecque « en takhei » traduite par « bientôt » dans nos Bibles n’apparaît que deux fois dans le Livre de l’Apocalypse : ici, au tout début (1,1), et à la fin en 22,6. Comparons ces deux passages :

 

Ap 1,1-3 : Révélation de Jésus Christ :

            Dieu la lui donna pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt.

            Il la fit connaître

                        en envoyant son ange à Jean son serviteur,

                        lequel a attesté comme Parole de Dieu et témoignage de Jésus Christ

                                   tout ce qu’il a vu.

            Heureux celui qui lit, et ceux qui écoutent les paroles de la prophétie

                        et gardent ce qui s’y trouve écrit,

            car le temps est proche.

 

Ap 22,6-8a.10 : Ces paroles sont certaines et véridiques ;

            le Seigneur, le Dieu des esprits des prophètes, a envoyé son ange,

            pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt. 

            Voici, je viens bientôt.

            Heureux celui qui garde les paroles prophétiques de ce livre. 

            Moi, Jean, j’ai entendu et j’ai vu cela…

            Ne garde pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre,

                        car le temps est proche.

 

            Les ressemblances sont donc nombreuses. Nous avons là ce que l’on appelle « une inclusion » au sens où tout le Livre de l’Apocalypse est « inclus » entre ces deux passages quasiment identiques. Cette simple remarque permet déjà de répondre à la question : mais qu’est-ce qui doit arriver bientôt ? Tout simplement ce qui se trouve entre ces deux passages, c’est-à-dire Celui qui est au centre de la Révélation transmise par le Livre de l’Apocalypse, « Jésus Christ et son Mystère ». Et de fait, le verset 22,7 donne une réponse semblable : « Je viens bientôt », une affirmation reprise par trois fois en cette fin de l’ouvrage (Ap 22,12 ; 22,20 ; cf. 3,11 ; 2,25). Le retour du Christ est donc tout proche, voilà ce qui doit arriver bientôt… « Bientôt », au Jour que Dieu seul connaît en ce qui concerne la fin du monde (Ac 1,7 ; Mt 24,36), « bientôt », au jour de la mort de chacun d’entre nous, et nul ne sait ni le jour ni l’heure, demain peut-être ?

 IlEsprit Saint y a donc urgence à se convertir, c’est-à-dire à se tourner de tout cœur vers le Christ, ce Christ qui est notre à-venir à tous par-delà notre mort. Mais sa rencontre n’est pas réservée au seul « au-delà ». Bien que nous ne puissions le voir avec nos yeux de chair, Il est là, Présent à notre vie (Mt 28,20), frappant à la porte de notre cœur (Ap 3,20) par sa Parole que l’Esprit Saint ne cesse de nous dire et de nous redire à sa façon à Lui (Jn 15,26 ; 3,8)… Telle est aujourd’hui encore « la voix du Christ » (Jn 5,25), mystérieuse, insaisissable, indescriptible mais synonyme pour celui qui l’accueille de Vie, de Lumière, de Bonheur et de Paix… Alors, « heureux es-tu Simon, fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 16,17), par l’action de l’Esprit Saint, source de joie (1Th 1,5-6). « Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! Car je vous dis que beaucoup de prophètes et de rois ont voulu voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! » (Mt 16,17 ; Lc 10,23-24). Et « heureux le lecteur et les auditeurs de ces paroles prophétiques s’ils en retiennent le contenu, car le Temps est proche ! »… Il vient bientôt, Celui qui est déjà là, offert en Mystère de Communion par le don de sa Vie (1Jn 1,1-4 ; 1Co 6,17 ; 1Th 5,9-10). Tel est ce Royaume « tout proche » (Mt 3,2 ; 4,17 ; 10,7) qui se propose à notre foi, un Royaume qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), Mystère de Communion (2Co 13,13) et de Vie (Ga 5,25 ; Jn 6,63 (TOB)) qui vient soutenir notre espérance (Rm 15,13). « Après tout, cela m’est égal de vivre ou de mourir. Je ne vois pas bien ce que j’aurais de plus après la mort que je n’aie déjà en cette vie. Je verrai le bon Dieu, c’est vrai, mais pour ce qui est d’être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur cette terre » (Ste Thérèse de Lisieux). « C’est si bon cette Présence de Dieu ! C’est là, tout au fond, dans le Ciel de mon âme que j’aime le trouver puisqu’il ne me quitte jamais… Et vous êtes vous-mêmes la retraite où il s’abrite, la demeure où il se cache… Pensez à ce Dieu qui habite en vous, dont vous êtes le Temple (1Co 3,16-17 ; 6,19 ; Jn 14,23). C’est Saint Paul qui parle ainsi, nous pouvons le croire. Petit à petit, l’âme s’habitue à vivre en sa douce compagnie, elle comprend qu’elle porte en elle un petit ciel où le Dieu d’Amour a fixé son séjour. Alors, c’est comme une atmosphère divine en laquelle elle respire… Ah ! Je voudrais pouvoir dire à toutes les âmes quelles sources de force, de paix et aussi de bonheur, elles trouveraient si elles consentaient à vivre en cette intimité  » (Ste Elisabeth de la Trinité)…Tel est ce « trésor » caché au plus profond de nos cœurs et qui n’est comparable à aucune richesse de cette terre (Mt 13,44-46 ; Sg 7,7-14). Celui ou celle qui le découvre ne peut qu’être profondément « heureux »… Ce mot revient sept fois dans le Livre de l’Apocalypse en signe de Plénitude (Ap 1,3 ; 14,13 ; 16,15 ; 19,9 ; 20,6; 22,7 ; 22,14). Et pourtant, il a été écrit dans un contexte de persécutions et donc de souffrances ! Mais telle est « la Bonne Nouvelle » par excellence : le Christ vient régner au cœur de nos épreuves. Nos croix sont habitées par sa Lumière. « Heureux ceux qui pleurent »… « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,2-12). La persécution ne peut que faire souffrir, pleurer… Mais le soutien réconfortant du Christ ressuscité est source de Consolations… Par amour, Il vient porter avec nous ces fardeaux qui, sans Lui, nous écraseraient (Mt 11,28-30). Et alors même que nous peinons sur les chemins de la vie, Christ est envers et contre tout joie pour celui qui l’accueille. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos détresses » (2Co 1,3)… Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Cette consolation consiste essentiellement dans la fin de l’épreuve et dans le début d’une ère de paix et de joie » (cf. 1Jn 2,8). « Mais, dans le Nouveau Testament, le monde nouveau est présent au sein du monde ancien et le chrétien uni au Christ est consolé au sein même de sa souffrance »… Et  « Paul insiste constamment sur la présence de réalités antagonistes, voire contradictoires, dans le Christ, l’apôtre et le chrétien : souffrance et consolation, mort et vie, pauvreté et richesse, faiblesse et force. C’est le mystère pascal, la présence du Christ ressuscité au milieu du monde ancien de péché et de mort ».

             Le Père a ainsi envoyé son Fils dans le monde pour nous annoncer cette Bonne Nouvelle de sa Présence inconditionnelle à nos côtés, continuellement offerte pour notre seul bien… A ce titre, le Fils a été « le messager » du Père, Celui qui nous a transmis « les Paroles » de son Père (Jn 17,8 ; 12,50 ; 8,26 ; 15,15). Or, le mot « angélos, ange » signifie en grec « messager ». C’est pour cela que la Bible de Jérusalem écrit en note pour Ap 1,1 : « L’Ange représente probablement le Christ Lui‑même ». Envoyé par le Père, il est venu révéler à « Jean son serviteur » « qui » Il Est grâce à son Père qui l’engendre de toute éternité, et « quelle » est cette œuvre du Père qu’il est venu accomplir dans le cœur et la vie de ceux et celles qui accepteront de l’accueillir. Le Père veut en effet de tout son Etre que tous les hommes soient sauvés (1Tm 2,3-7) et reçoivent par son Fils et par l’action de l’Esprit Saint, le don de sa Vie éternelle (Jn 17,1-3)…

             Jean témoignera alors tout simplement de ce qu’il a vu et entendu, et notamment que « le témoignage de Jésus Christ » est « Parole de Dieu ». La Parole du Christ naît en effet de l’action de Dieu dans sa vie. Elle est témoignage rendu à cette action du Père de qui il reçoit tout, son être et sa vie (Jn 5,26), et sans qui il ne peut rien (Jn 5,19-20.30). Aussi, Jésus ne cesse-t-il de se tourner de tout cœur vers le Père (Jn 1,18) qui est toujours avec Lui (Jn 8,29), uni à Lui dans la communion d’un même Esprit (Jn 10,30), et le Père Lui montre tout ce qu’il fait. « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5,8). Le Fils, vrai Dieu et vrai homme, a un cœur parfaitement pur, et c’est par ce regard du cœur, dans la foi, qu’il voit (Jn 5,19-20 ; 3,31‑32 ; 6,46 ; 8,38) et entend le Père (Jn 5,30 avec note BJ ; 8,26 ; 15,15). Ensuite, il ne fait que témoigner de ce qu’il a vécu, vu et entendu auprès de son Père (Jn 3,31-36 ; 8,14.18 ; 18,37). Et c’est par ce témoignage que le Fils désire nous entraîner dans le mystère de sa relation avec son Père : que nous puissions nous aussi recevoir du Père ce que lui‑même reçoit, que nous puissions vivre nous aussi par Lui, avec Lui et comme Lui en communion avec le Père (Jean 6,57 ; 15,9-11 ; 17,20‑23)… Le Christ était ainsi le premier à vivre le Mystère de ce Royaume des Cieux qu’il n’a cessé d’annoncer. Il fut le « témoin fidèle » (Ap 1,5 ; 3,14) de la Présence du Père au cœur de sa Vie dans un Mystère de Communion qui est justement le Mystère du Royaume…

                                                                                                               D. Jacques Fournier

     

 

 

 

  

 




Comment Dieu communique-t-il ?

Le Père « communique » par son Fils éternel, Lui que nous appelons « le Verbe fait chair » (Jn 1,14) lorsque nous évoquons son Incarnation. Et c’est en tant que Fils qu’il est Parole éternelle du Père. En effet, le Père ne cesse de lui dire : « Tu es mon Fils bien aimé » (Mc 1,11 ; 9,7), autrement dit « je t’aime »… Mais « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) et c’est parce qu’Il Est Amour qu’il est éternellement Don gratuit de Lui-même, Don gratuit de ce qu’Il Est en Lui-même… Cette réalité est évoquée dans la Bible par l’image de la Source d’Eau Vive (Jr 2,13 ; 17,13 ; Ps 42-43…), du Soleil (Ps 84,12 (TOB) ; Mt 5,43), de la pluie (Is 55,10-11 ; Mt 5,43), etc… Autrement dit, le Père Amour ne cesse de donner au Fils, et cela de toute éternité, tout ce qu’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi d’Être ce que Lui, le Père, Il Est de toute éternité : « Le Père aime le Fils et il a tout donné (« et il donne tout » ; parfait grec) en sa main » (Jn 3,35). Le Fils est alors cet Unique Engendré (Jn 1,14.18), fruit éternel de l’amour du Père en acte… C’est à ce titre qu’il est tout entier « Parole de Dieu », Parole du Père, qui, en acte, ne cesse de lui dire « je t’aime » en se donnant tout entier à lui… Bien distinct du Père, le Fils est alors « né du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé, de même nature que le Père, Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo).

Or toute la mission de Jésus consiste à nous révéler le projet de Dieu sur nous. Et nous avons tous été créés gratuitement, par amour, par le Don du Souffle de Dieu qui, en nous, est à l’origine de notre vie (Gn 2,4b-7), et cela « pour reproduire l’image du Fils » (Rm 8,29). Autrement dit, nous sommes tous appelés à recevoir nous aussi, gratuitement, par amour, ce Don que le Père ne cesse de faire au Fils, ce Don par lequel le Père l’engendre en Fils, ce Don qui est l’expression même de son « Je t’aime » éternel… Mais alors… si nous acceptons de le recevoir, gratuitement, et cela sans aucun mérite de notre part, ce serait plutôt le contraire (…), ce Don va lui aussi faire en nous ce qu’il fait dans le Fils de toute éternité : nous engendrer en fils, à l’image du Fils, en nous donnant de participer nous aussi, selon notre condition de créatures, à la Plénitude de cette nature divine qui est celle du Fils, en tant qu’il la reçoit lui aussi du Père depuis toujours et pour toujours… Voilà pourquoi le Fils est tout entier « Parole » pour nous, puisque nous sommes tous appelés, tel est le projet de Dieu, à être un jour, pleinement, ce qu’Il Est Lui-même ! Mais bien sûr en tant que personnes humaines créées, Lui étant une Personne divine non créée, engendrée par le Père depuis toujours et pour toujours, et c’est « par Lui que tout a été fait » (Jn 1,3), nous compris…

Mais ce verbe « communiquer » peut prendre pour Dieu un autre sens… Le Père « communique » avec nous par celui qui est tout entier « Parole » pour nous, et donc « chemin » à suivre en faisant comme Lui : nous tourner de tout cœur vers le Père (« Repentez-vous », première Parole de Jésus en St Marc, 1,15), pour demeurer dans l’Amour du Père, en acceptant d’en être nous aussi les heureux bénéficiaires, comblés par le Don de l’Amour qui accomplira en nous son œuvre : nous engendrer à la Plénitude de la vie divine, en fils à l’image du Fils. « Si vous gardez mes commandements », et « son commandement est vie éternelle », « vous demeurerez en mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour » (Jn 15,10 ; 12,50). Et c’est là où le verbe « communiquer » a un double sens en Dieu : Dieu « communique », au sens de « donner », par notre foi au Fils qui se traduira alors par un « recevoir ». Mais cette œuvre est cette fois celle de l’Esprit Saint, qui procède du Père et du Fils, autrement dit qui se reçoit de toute éternité du Père et du Fils, comme le Fils se reçoit de toute éternité du Père… La traduction de la TOB pour Jn 16,12-15 est tout particulièrement belle à ce sujet : « Il me glorifiera », dit Jésus de l’Esprit Saint, « l’Esprit de vérité », « car il recevra de ce qui est à moi », et c’est bien ce qu’il fait depuis toujours et pour toujours, « et il vous le communiquera. Tout ce que possède mon Père est à moi », puisque le Père donne tout ce qu’il est, tout ce qu’il a au Fils, l’engendrant ainsi en Fils, « c’est pourquoi j’ai dit qu’il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi », et cette fois, Jésus emploie bien un présent pour le verbe « recevoir », qui de fait est éternel : l’Esprit ne cesse de se recevoir (du Père) et du Fils en tant qu’il « procède du Père et du Fils » (Crédo)…

Autrement dit, par l’Esprit Saint qui est « Seigneur et qui donne la vie » (Crédo), « Dieu communique » en nous donnant d’avoir part à ce qu’Il Est en lui‑même… « Dieu est Amour », et donc Don de Lui-même… « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Il donne l’Esprit, un Esprit qui est Vie, un Esprit qui vivifie… Et c’est ainsi que nous disons : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie ».

Voilà comment Dieu ne cesse de nous parler en silence en nous donnant l’Esprit qui est tout à la fois Vie, Paix, Joie douce et discrète… Et le Père n’a qu’une Parole à nous dire, une Parole qui correspond en fait à ce qu’il vit continuellement à notre égard : « Je vous aime ». C’est le résumé de tout ce que Jésus a à nous transmettre de la part du Père : « Le Père Lui-même vous aime » (Jn 16,27). Et il le fait en « témoin », puisque c’est ce qu’il « entend » du Père depuis toujours et pour toujours… Voilà pourquoi il nous dit : « Tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15). « Père, les paroles que tu m’as données », « Tu es mon Fils bien-aimé », « je t’aime », « je les leur ai données », « le Père Lui-même vous aime » (Jn 17,8)…

Tout ceci se résume avec Jn 3,34 :

  • Dieu communique par une Parole audible, intelligible: « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu » (Jn 3,34 a)…
  • Dieu communique par le Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même (« Dieu est Esprit » (Jn 4,24), il donne donc l’Esprit) : … « car il donne l’Esprit sans mesure» (Jn 3,34b), un « Esprit qui est vie » (Ga 5,25), un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6).

A nous maintenant de nous convertir, de nous repentir, jour après jour, avec le secours et la grâce de Dieu, pour nous tourner de tout cœur vers le Père, comme le Fils l’est de toute éternité (Jn 1,18), et demeurer ainsi avec Lui dans cet Amour du Père qui n’est que Don de Lui-même, un Don par lequel il ne cesse d’engendrer à la vie, à sa Vie… Alors, nous recevrons nous aussi, avec le Fils, ce Don que le Fils reçoit du Père de toute éternité, un Don par lequel le Père l’engendre en Fils, un Don par lequel nous serons engendrés à notre tour en Fils à l’image du Fils… Alors notre vocation sera accomplie, et telle est la vocation de tout homme quel qu’il soit sur cette terre… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre, paix aux hommes de bonne volonté » (Lc 2,14 ; St Jérôme)… « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance » (Lc 2,14 BJ). « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix pour ses bien-aimés » (Lc 2,14 TOB), car Dieu dans son Amour ne cesse de répandre en surabondance sur le monde tout ce qu’Il Est en Lui-même… « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Gratuitement, par amour, il ne cesse de donner l’Esprit, et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… Alors, « paix à tous les hommes de bonne volonté »…

                                                                                                                                            D. Jacques Fournier

Comment Dieu communique-t-il? : en cliquant sur ce titre vous accéderez à un document PDF pour lecture ou éventuelle impression.




Tous appelés à être sauvés par Dieu de la Colère de Dieu…

« Dieu est Amour » écrit par deux fois St Jean (1Jn 4,8.16). « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12), nous demande-t-il. « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Mt 5,43-45). « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien« , nous dit St Paul (Rm 12,21). Or l’Ancien Testament nous présente très souvent Dieu comme se mettant en colère face au mal, une colère qui l’amène à répondre au mal par le mal avec parfois beaucoup de violence… Un texte va même jusqu’à nous le montrer prenant du plaisir à détruire ! « Parce que tu n’auras pas obéi à la voix de Yahvé ton Dieu, autant Yahvé avait pris plaisir à vous rendre heureux et à vous multiplier, autant il prendra plaisir à vous perdre et à vous détruire » (Dt 28,63). Et le prophète Ezéchiel nous le montre « allant même jusqu’à leur donner des lois qui n’étaient pas bonnes et des coutumes dont ils ne pouvaient pas vivre, et je les souillai par leurs offrandes, en leur faisant sacrifier tout premier-né, pour les frapper d’horreur, afin qu’ils sachent que je suis Yahvé » (Ez 20,25-26). Nous sommes ici au comble de l’horreur… 

Comment les auteurs de l’Ancien Testament ont-ils pu s’imaginer que Dieu pouvait être ainsi ? Quelle était donc leur compréhension du monde ? Comment percevaient-ils le problème du mal et de ses conséquences, et surtout quels liens établissaient-ils entre le mal et Dieu ? Gerhard Von Rad, dans sa « Théologie de l’Ancien Testament », a enquêté sur les croyances anciennes du monde oriental, des croyances qui ont influencé la manière dont les auteurs de l’Ancien Testament se représentaient Dieu et sa manière de réagir face au mal… Mais d’étape en étape, leur cheminement s’est affiné… jusqu’à atteindre son sommet: « Dieu est Amour‘, et il n’Est qu’Amour…

Nous commencerons ici par regarder le thème de la Colère de Dieu dans le Livre de l’Exode, en soulignant à quel point Dieu y est perçu de manière « humaine », et en mettant en lumière quelques belles contradictions… Puis nous regarderons rapidement les colères humaines dans la Bible, pour ensuite faire une rapide synthèse des informations trouvées dans les textes parlant de la Colère de Dieu: ses destinataires, les agents de cette Colère, ses effets, les raisons qui la déclenchent… Puis nous verrons, avec Gerhard Von Rad, comment deux principes simples peuvent nous aider à rendre compte de tout cela… Enfin, nous regarderons, avec de magnifiques textes de l’Ancien Testament lui-même, quelles sont les attitudes et les réactions de Dieu face au mal, autant d’éléments que l’on retrouve, avec une pureté inégalée, dans la vie et les Paroles du Christ…

En regardant cette « Colère de Dieu » bien en face, en l’interprétant à la lumière des clés qui ont présidé à une telle vision de Dieu, nous ne pourrons que constater à quel point c’est bien un seul et même Dieu qui a guidé tout ce cheminement biblique. Certes, il a pris les hommes tels qu’ils étaient, et heureusement, il en fait toujours de même avec nous. Mais avec une infinie patience, de génération en génération, par ses prophètes et dans la prière, sa Lumière, présente dès les tout débuts, a, petit à petit, percé nos ténèbres, illuminé nos intelligences, jusqu’à se révéler, dans toute sa splendeur,avec le Christ, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), « la Lumière du monde » (Jn 8,12), révélation parfaite du Mystère éternel d’un « Dieu Amour« … « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10,30), dans l’unité d’un même Esprit (Ep 4,3), d’une même Lumière (Jn 12,46; 1Jn 1,5)… « Recevez l’Esprit Saint« … C’est en ce Don que nous espérons aujourd’hui pour qu’il nous guide, jour après jour, vers la vérité tout entière… « L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom vous enseignera tout… Il vous introduira dans la vérité tout entière » (Jn 14,26; 16,13)… A nous maintenant de lui demander sa Présence et son soutien, le plus simplement possible, et de partir à l’aventure dans la recherche de la vérité, en étant, avec Lui, ouvert à tout…

Bonne lecture à vous… 

D. Jacques Fournier

Pour des raisons de commodités au niveau de la mise en page et aussi parfois, au niveau des citations bibliques en leur langue originale, traduites et expliquées, nous vous invitons à cliquer sur le titre ci-dessous: il vous donnera accès au document en PDF… 

Sauvés par Dieu de la Colère de Dieu-PDF




Première approche de la Bible par Sr Marie Anne l’ETOURDIE

Première Etape

  • Le livre

  • Sa rédaction

  • Les traductions importantes

  • Comment se retrouver dans ce livre

 

                                                  

bible_inspiré_dieuLe livre

 

Origine du mot Bible

Le mot français Bible vient du grec « Ta Biblia » qui signifie les livres. En latin le mot « Biblia » est un mot feminin, d’où la Bible en français.

 

 

La Bible c’est un « livre » et en même temps une « bibliothèque » vaste et diverse.

Un livre parce qu’il y a un fil conducteur, c’est que tous les écrits de la Bible parlent d’un même sujet : la relation de Dieu avec un peuple particulier.

Une bibliothèque : parce qu’elle contient un grand nombre de livres.

2 grandes parties : l’Ancien ou le premier Testament et le Nouveau Testament.

Le mot Testament ici a la signification d’Alliance, une alliance entre Dieu et son peuple.

73 livres ouvrages dont 46 pour l’Ancien et 27 pour le Nouveau Testament.

Cette bibliothèque s’ouvre sur le livre de la Genèse qui veut dire commencement et au commencement Dieu crée.

Elle se referme sur le livre de l’Apocalypse qui veut dire révélation, la révélation d’une création nouvelle (Ap 21, 1-3) des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle, demeure de Dieu avec les hommes.

Tous les livres de cette bibliothèque nous parlent de l’histoire de la relation de Dieu avec son peuple choisi, Israël, de l’Alliance qu’il fait avec ce peuple, ses réussites, ses échecs, ses joies, ses espoirs ect…

Au cœur de ce livre, nous rencontrons une personne « Jésus Christ », et Jésus Christ Ressuscité. Donc dans ce peuple Dieu envoie son fils qui est lui-même une Bonne Nouvelle. Il vient dire au monde : « qui est Dieu ». Par son sang versé sur la croix, il fera une Alliance nouvelle et éternelle avec tous les hommes, car il verse son sang pour la multitude. 

Nous est ensuite raconté la vie de ceux qui ont accueilli la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Après son Ascension, guidés par L’Esprit Saint ils vont porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre. Commence ainsi le temps de l’Eglise, avec l’histoire des premières communautés chrétiennes.

 

Comment s’orienter dans cette bibliothèque 

La  première partie : l’Ancien Testament comporte 46 livres répartis en 3 grandes séries + 1 : la loi, les prophètes, les autres écrits (sont pour les juifs la base de toute leur vie religieuse, c’est ce qu’ils appellent les écritures) et les livres deutérocanoniques. 

1ère série : La loi :

pentateuque

Il s’agit des 5 premiers livres de la Bible : La Genèse, l’Exode, le Lévitique, les nombres et le Deutéronome. En hébreu la torah et en grec le pentateuque (cinq étuis contenant les rouleaux).

 

 

 

 

2ème série : Les prophètes

A/  Les prophètes premiers ou les livres historiques : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois.

B/  Les prophètes derniers : des hommes qui ont parlé de la part de Dieu.

3 grands prophètes, Isaïe, Jérémie et Ezéchiel. On les appelle « grands » tout simplement parce que leurs livres sont longs avec beaucoup de chapitres.

Les 12 autres sont appelés « petits » parce qu’ils sont plus courts : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Agée, Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie. 

 

3ème série : Les autres écrits

Ecrits de sagesse pour guider, pour aider le peuple dans sa vie de tous les jours. Cette série commence par les Psaumes : prière d’Israël qui sont au nombre de 150, prière concernant tous les évènements de la vie. Jésus a prié les psaumes et aujourd’hui encore l’Eglise a fait sienne cette prière dans sa vie de tous les jours.

Pour les juifs les écritures se terminent ici. (39 livres).  

 

Ce sont des livres écrit en grec, faisant partie de la liste des Septantes et qui sont entrés en 2ème lieu dans la règle, car le mot canon vient du grec qui veut dire règle pour mesurer, canne ou liste. Ce sont des écrits religieux qui n’ont pas été accueillis dans le canon hébraïque. Disposant de 2 canons pour l’Ancien Testament : l’un hébraïque et l’autre grec, les catholiques ont adoptés le canon grec.

 

2ème partie de la bibliothèque.  

nouveau testament

Cette partie se nomme le Nouveau Testament. Il est composé de 27 livres que nous pouvons classer en 4 séries : Les Evangiles, les Actes des Apôtres, les Epîtres et l’Apocalypse. Les chrétiens ont ajouté ces livres aux écrits reçus de juifs, qu’ils ont appelé A.T. ou Premier Testament. 

 

 

 

1/ Les Evangiles       

Evangile : mot grec qui veut dire Bonne Nouvelle, c’est un mot courant qui était utilisé dans le langage profane de l’époque.

Les Evangiles sont au nombre de 4 : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Ils racontent la vie et l’enseignement de Jésus venu établir la nouvelle Alliance, depuis sa naissance jusqu’à sa mort, sa résurrection et son ascension au ciel.

Ce ne sont pas des reportages, ni des autobiographies mais des écrits de foi.

On appelle les évangiles de Matthieu, Marc et Luc les synoptiques parce qu’ils sont composés d’après un même plan et qu’on peut mettre certains textes en parallèle et découvrir la similitude d’un seul coup d’œil. L’Evangile de Jean est écrit d’après un autre plan.

 

2/ Les Actes des Apôtres (un volume de 28 chapitres, écrit par St Luc)

Dans ce livre, Jésus monte au ciel et c’est l’Esprit Saint qui prend le relais, à la pentecôte, il descend, c’est lui qui fait agir les apôtres.

L’auteur raconte l’histoire des apôtres depuis l’Ascension de Jésus au ciel, de leurs œuvres apostoliques, de leurs missions d’Evangélisation à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre (cf Ac 1,8). Nous avons là, le témoignage des premières communautés chrétiennes c’est-à-dire de l’Eglise primitive. La dernière action des apôtres, racontée dans ce livre est celui de Paul à Rome (considéré comme le bout du monde).

 

3/ Les Epîtres ou Lettres au nombre de 21, envoyés aux communautés chrétiennes nouvellement fondées sont comme les lettres encycliques écrits par le Pape ou les lettres pastorales des évêques d’aujourd’hui.

 

13 épitres de Paul adressées aux communautés ou aux personnes : Romains, 1 et 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 et 2  Théssaloniciens, 1 et 2 Timothée, Tite, Philémon.

 

La lettre aux Hébreux auteur inconnu.

La lettre de St Jacques  

1 et 2 Pierre

1, 2 et 3 Jean

La lettre de Jude

 

4/  L’Apocalypse : révélation ou dévoilement, écrit par St Jean ou par ses disciples à la fin du premier siècle de notre ère, dans un style un peu étrange, codé, littérature pour temps de crise : la persécution. Ce livre redonne courage et espérance aux croyants et leur permet de découvrir le sens caché des évènements qu’ils vivent.

 

Sa  Rédaction 

Il a fallu 1000 ans pour rédiger ce livre que nous avons en main, qui n’est ni une biographie, ni un reportage en direct, mais une méditation sur l’histoire d’un peuple. 

Les auteurs.

Ils sont nombreux, vivant à différents moments de cette histoire. Pour écrire chacun a son style d’où les différents genres littéraires.

Tous ne sont pas connus car à l’époque les auteurs ne signaient pas leurs ouvrages, mais on avait pour habitude de le mettre sous le patronyme de quelqu’un de célèbre pour l’honorer (ex : les psaumes de David). Ce n’est que vers le 4ème siècle de notre ère que les auteurs signent leurs œuvres.

Ces auteurs sont des croyants écrivant pour des croyants, afin de leur transmettre leur foi en ce Dieu qu’ils ont rencontré. A travers les évènements ils veulent amener le lecteur à découvrir l’action de Dieu. 

Les textes.

Avant d’être mis par écrit, certains textes de l’Ancien Testament ont existé sous forme de tradition orale. (La création du premier alphabet en Phénicie apparaît vers 1300 avant Jésus Christ). Les premiers livres bibliques furent mis par écrit vers 900 av. J.C. à l’époque de la royauté. Les scribes commencent à tenir les annales royales. C’est aussi le temps des premiers psaumes.

Les 39 livres de l’Ancien Testament ont été rédigés en hébreu, avec quelques passages en araméen, et les livres Deutérocanoniques en grec.

Les premiers écrits du Nouveau Testament sont les épîtres de St Paul aux Thessaloniciens vers 51 ap. J.C. et les derniers, les épîtres de Jean vers 100 et la 2ème  lettre de Pierre vers 125. Les 27 livres ont été écrits en grec. 

Les traductions importantes 

La Septante ou LXX : première grande traduction de l’Ancien Testament au 3ème siècle av. Jésus Christ à Alexandrie en Egypte. (la légende parle de 70 savants juifs traduisant en 70 jours les écritures de l’hébreu en grecque). 

La Vulgate : traduction latine de la Bible par St Jérôme, fin du 4ème siécle ap. Jésus Christ.

La Bible a été le premier livre imprimé par Guttenberg vers 1450. Elle a été divisée en chapitres par un théologien bibliste Stephen Langton en 1203, en versets par en 1553.

A partir de l’hébreu, du grec et du latin, aujourd’hui, il y a plusieurs traductions de la Bible disponibles. 2426 traductions partielles et 429 traductions complètes dont 160 en Afrique (Nouvelles bibliques, mars 2007). Nous avons en vente plusieurs traductions françaises, pour étudier les meilleurs sont : La Bible de Jérusalem et la Traduction Œcuménique de la bible (TOB) qui offrent de bonnes introductions et beaucoup de notes.

 

Pour se retrouver 

Connaître l’abréviation de chaque livre s’avère nécessaire (consulter la table des matière).

Le grand chiffre du texte indique les chapitres et les petits, les versets.

Les petites lettres renvoient aux notes se trouvant à la fin de la page.

La lecture des introductions et des notes, la consultation du tableau chronologique, des cartes géographiques et du vocabulaire permettent une meilleure compréhension du texte. 

2ème Etape

      —  Les lieux

      —  Un peuple porteur de noms multiples

      —  Les temps

      —  Le contenu de L’Ancien Testament

 

Les lieux 

Pour pouvoir entrer dans la Bible, il est nécessaire que nous puissions nous situer dans l’espace et dans le temps, cela nous permet de situer le texte dans son contexte lors de notre lecture, car la religion juive et la révélation chrétienne s’enracinent dans des lieux et des temps précis.

Toute l’histoire biblique se déroule au Proche-Orient avec deux points principaux aux deux extrémités du « Croissant Fertile » (Zone cultivable s’étendant en demi cercle de l’Egypte au Golfe Persique). Dans cette région, les deux grandes puissances de l’époque, d’un côté la Mésopotamie (pays entre les fleuves) qui se situe sur l’emplacement de l’Irak actuel et de l’autre l’Egypte.

Le long de la cote méditerranéenne, la Syrie, la Phénicie et le pays de Canaan sont de lieux de passage pour les commerçants, les voyageurs et les armées. Ces pays étaient habités par des Sémites. 

Les pays cités dans l’histoire d’Israël.

L’Egypte, l’Assyrie, La Babylonie, La Perse, La Grèce et Rome. 

Pays porteur de multiples noms

La terre promise : terre que Dieu a donné à Abraham et à sa descendance, pays où Moïse avait mission de conduire le peuple à sa sortie d’Egypte. 

Israël : Nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28) 

Le Pays de Canaan : (Canaan autre nom donné à Cham, fils de Noé), pays adoptif d’Abraham.

Palestine : Pays des Philistins, car au 12ème siècle av. J.C. les Philistins se sont installés dans la plaine côtière de Canaan.

 

Au temps de la royauté

Avec David et Salomon le pays a pour nom Israël avec Jérusalem comme capital.

A l’époque du schisme  la Palestine est divisé en deux :

Au Nord : Israël qui a Samarie pour Capital.

Au Sud : Juda qui a Jérusalem pour capital.

 

Au temps de Jésus 

La Palestine est divisée en trois, on distingue la Galilée au Nord, la Samarie au centre et la Judée au Sud.

Dans le paysage, un fleuve incontournable : le Jourdain, qui prend sa source au pied du Mt Hermon (Syrie), descend jusqu’au lac de Tibériade  (Génésareth, Kinnéreth ou mer de Galilée) à 212mt au dessous du niveau de la mer et continue sa course jusqu’à la Mer Morte, à — 392mt, une mer qui n’a pas de sortie avec une grande intensité de sel où toute forme de vie est impossible.

A l’est du Jourdain, se trouve la Décapole, une ligue de dix villes grecques, citée dans le Nouveau Testament.

 

Les cartes de notre Bible nous permettent de suivre le peuple Juif dans son histoire, histoire liée à un pays (Dt 11, 10-12), et remplie de récits de voyages.

Nous suivrons Abraham, de sa sortie d’Our jusqu’au pays de Canaan, les Hébreux depuis leur sortie d’Egypte jusqu’à leur arrivée au pays de Canaan.

Plus tard, nous suivrons ceux qui vont en exil et ceux du peuple de Juda qui reviennent de l’exil.

Nous suivrons aussi Jésus au cours de ses voyages dans toute la Palestine ainsi que Paul lors de ses voyages missionnaires.

 

Un peuple porteur de noms multiples 

Lors de notre lecture, plusieurs noms sont cités pour nous parler du peuple de Dieu. Voyons la signification de ces noms. 

Sémites : Ce sont les descendants de Sem fils de Noé (Gn 9, 18) auquel la Bible rattache divers peuples (Elamites, Araméens, hébreux ect…). Abraham est de la famille de Sem (Gn 11, 10). 

Hébreux : Ce nom est donné au clan d’Abraham et de sa descendance jusqu’à son installation au pays de Canaan au 13ème siècle av. Jésus Christ. Les Habirû  sont des gens de passage. 

L’hébreu comme langue : langue sémitique des gens du pays de Canaan. Vers 587 av. J.C. le peuple en l’exil est sous l’influence de la langue araméenne, langue officielle de l’empire Perse, proche de l’hébreu qui devint leur langue courante. Jésus lui-même a parlé l’Araméen. L’hébreu reste comme langue religieuse ( Ecriture, liturgie). 

Israël : C’est le nom donné par Yahwé à Jacob (Gn 32, 28).

Au temps des rois, le nom d’Israël fut donné au royaume du Nord vers 933. Après la disparition de ce royaume en 721, il fut à nouveau employé pou l’ensemble du peuple Juif.

Israëlites : Nom des descendants de Jacob, lorsqu’ils se sont installés au pays de Canaan « Terre Promise ».

Juda : Après le schisme en 933 la tribu de Juda, d’où est issu la monarchie de David donne son nom au royaume du Sud.

Judée et Juifs : Au retour de l’exil vers 538, on appelle Judée la région de Jérusalem et ses habitants Juifs. 

Aujourd’hui

Israël : nom de l’état indépendant créé en 1948, ses habitants sont les Israëliens et ils ont adopté l’hébreu comme langue officielle. 

En ce qui concerne « le temps » nous allons nous référer au tableau chronologique.

 

 Contenu des livres de l’Ancien Testament 

Les trois grandes parties de l’A.T. d’après la Bible hébraïque.

Le Pentateuque ou Torah

Les Prophètes

Les « autres écrits »

 

1/LE PENTATEUQUE 

Pentateuque signifie « cinq étuis » (contenant des rouleaux de parchemin). Cet ensemble que les Juifs appellent la Torah c’est-à-dire enseignement est attribué à Moïse. Il est aussi appelé la loi. Ces cinq livres sont : la genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. 

La Genèse, premier livre de la Bible avec 2 parties : la création et l’histoire des patriarches. 

La Création (Gn 1 – 11, 9) Des récits mythiques et légendaires.

La création racontée de deux manières : Un récit (Gn 2, 4b – 3, 24) plus ancien qui date du règne de Salomon au 10ème siècle av. J.C. est l’œuvre de sages qui utilisent un langage mythique qui developpe en deux tableaux : la création de l’homme et la chute.

                                                        – 7 –

Un poème (Gn 1, 1 – 2, 4a) composé par les prêtres au temps de l’exil à babylone est plus récent. A travers ces histoires (mythes), c’est un message de foi qui est transmis. Les mythes ne sont pas le propre d’Israël, c’est un genre littéraire de l’époque, mais guidé par l’Esprit Saint, Israël lui donne une autre signification. 

 

Quel message ? 

1/ D’abord un message concernant Dieu.

Le Dieu d’Israël, est à l’origine de tout, c’est lui le créateur. Par opposition aux peuples des alentours qui adorent les créatures : astres, animaux, (serpent, vache sacrée etc) humains.

L’homme sommet de la création, créé à l’image de Dieu : homme et femme égaux, libres, appelés à devenir créateur par leur travail qui n’est pas esclavage mais responsabilité et mission.

2/ Répondre aux grandes questions de sens que se posent les humains au sujet de l’existence, de la création…. D’où je viens ? Où je vais ? Qu’est-ce que je fais sur la terre ? Pourquoi le mal ? Pourquoi la mort ? Pourquoi le travail ?…. Ce sont des récits sans prétention historique ou scientifique qui veulent donner une réponse en image à ces grandes questions de l’homme. Dans la foi Israël donne à ces mythes une vérité religieuse nouvelle qui jaillit de l’expérience de l’Exode et de l’Alliance.

 

 Le péché et ses conséquences : 

Pour la Bible, le mal est donc présent dans les mauvais choix que l’homme a faits dans le cours de l’histoire, même s’il n’en est pas seul responsable puisque le mal le précède dans la figure du serpent, qui signale les limites de la création. Le mauvais choix constant de l’humain introduit un venin dans la communauté humaine. Cela vaut pour les rapports entre les sexes : l’homme et la femme, faits pour vivre en solidarité, deviennent solitaires dans l’incompréhension mutuelle (Adam et Eve). Cela vaut pour les relations fraternelles : la jalousie empêche de reconnaître et d’accepter les différences de l’autre, et finalement elle tue (Caïn et Abel). Cela vaut encore pour les relations entre générations et dans une même société familiale : au lieu d’accueillir l’expérience des parents, on s’ingénie à tout vouloir inventer, dans la ligne de la facilité (le déluge). Cela vaut enfin pour les relations entre les nations différentes. Les langues et les cultures variées devraient être une occasion de partage. Or, la tentative de domination totalitaire et uniformisante rend les hommes ennemis les uns des autres (la tour de Babel).

Ainsi, ces dimensions psychologiques et sociales, qui devaient fournir un terrain d’entente et d’alliance d’après le projet créateur – la « règle du jeu » humain étant le bien de l’homme–, deviennent, par le mauvais choix de l’homme, un terrain d’incompréhension, de division, de lutte à mort. Telle est la leçon de l’histoire. (p100, Apprendre à lire la Bible, Ch Delhez et Jean Radermakers, ed. fidélité, nov 2007).

 

Les Patriarches (Gn 12-50)

Nous laissons le mythe pour entrer lentement dans l’histoire. Ces récits proposent de regarder la vie des hommes avec les yeux de Dieu.

Avec les patriarches, deux grands thèmes nous sont proposés : La promesse et l’Alliance. 

Dans le récit de la vocation d’Abraham (Gn 12, 1-8), nous voyons l’appel de Dieu et la promesse de Dieu. L’appel à quitter, à partir… puis la promesse d’une descendance et d’une terre (afin d’inscrire son nom dans le temps et dans l’espace) et la bénédiction. Il fait confiance au Seigneur et se met en Chemin.

Abraham est considéré comme le père des croyants de trois grandes religions monothéistes : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

Les autres Patriarches sont : Isaac, Jacob-Israël et les fils de Jacob, ancêtres des 12 tribus. Une place spéciale est faite à Joseph, rejeté par ses frères mais choisi pour réaliser la promesse de Dieu (maintenir en vie la descendance).

Les 12 fils de Jacob sont : Ruben, Siméon, lévi, Juda, Issakar, Zabulon, Ben     jamin, Dan, Nephtali, Gad, Asher et Joseph. (Ephraïm et Manassée sont les fils de Joseph).

Ces textes mettent en relief que les liens unissant les 12 tribus sont avant tout religieux : la foi en un même Dieu, un Dieu unique et tellement différent des autres.

Le livre de la Genèse se termine par la mort de Joseph et les fils d’Israël installé au pays d’Egypte. Le clan de Jacob émigre en Egypte vers 1700. Ils étaient en tout 70 personnes (Ex 1, 5).

 

Exode, lévitique, Nombres et Deutéronome

Ils nous parlent de Moïse appelé par Dieu pour faire sortir son peuple du pays d’Egypte où ils étaient pour les conduire en Terre Promise.

Moïse de la tribu de Lévi, frère de Myriam et d’Aaron va faire sortir le peuple d’Egypte, les conduire jusqu’au Sinaïe pour y faire alliance avec Dieu. Patiemment il va guider ce peuple à la nuque raide et au cœur endurci, pendant 40 ans dans le désert. Pourquoi 40 ans ?  Parce qu’ils vont apprendre à devenir, à vivre comme un peuple guidé par la loi de Dieu, le Dieu D’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ce Dieu aimant qui tient sa promesse.

Moïse lui-même n’entre pas en Terre Promise (Nm 20, 1-12). Il meurt face à Jéricho sur le Mt Nébo. Il est l’un des personnages clés de toute la Bible. Son nom est cité 783 fois Dans l’A.T. et 80 fois dans le Nouveau. 

L’Exode veut dire sortie, le livre commence par la naissance et la vocation de Moïse et se termine par les lois rituelles concernant la construction de la Tente Sainte. 

Le Lévitique, troisième livre de la Bible donne beaucoup de précisions sur le culte, le rôle des prêtres, les sacrifices etc….

Pour le chrétien, ces règles sont dépassées, puisque Jésus est l’unique grand prêtre et la seule victime. Mais le chapitre 19, 1-18 reste encore d’actualité « Soyez Saints, car moi je suis Saint » dit Dieu qui est le cœur de la sainteté, et encore en (19, 18) « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Pour Israël le prochain désigne le compatriote. Avec Jésus dans l’Evangile, le prochain deviendra toute personne et même l’ennemi : la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 29-37) et en Matthieu (5, 43-48) Aimez vos ennemis. 

Les Nombres, quatrième livre de la Bible. Appelé ainsi parce qu’il débute par le compte rendu d’un recensement des tributs d’Israël. Il rapporte les récits de la marche du peuple dans le désert. Il faudra 40 ans – le temps que disparaisse la génération incrédule –. C’est une génération nouvelle qui entrera en Terre promise.

Quelques textes célèbres : Les cailles (Nm 11), l’eau du rocher (20, 1-13), le serpent d’airain (21, 4-9), l’ânesse de Balaam (22, 21-35), le doute de Moïse (20, 1-12).

Le Deutéronome, qui signifie « seconde loi » contient les commandements, les lois et les coutumes du royaume du Nord. C’est sans doute le livre que le roi Josias et son secrétaire Shafane trouvèrent dans le Temple en 622 et sur lequel ils s’appuyèrent pour entreprendre une grande réforme.

Le Deutéronome reprend beaucoup d’éléments des livres de l’Exode et des Nombres. Il invite le peuple à vivre fidèlement l’Alliance avec son Dieu (30, 10-20) et à l’aimer de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force (6, 4-5).

Le livre contient 3 grands discours dans lesquels Moïse redit au peuple l’essentiel de l’Alliance (6, 4-9 ; 7, 7-8 ; 30, 10-20). Le livre se termine au chapitre 34 par la mort de Moïse.

 

2ème groupe de livres : les livres prophétiques. 

Les prophètes premiers ou les livres historiques. 

Ce premier groupe comprend six livres : Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et 2 Rois.

Sous la conduite de Josué, les fils d’Israël s’installent plus ou moins facilement au milieu des peuples de Canaan. Lors de la conquête de la terre, le peuple retire la leçon que les guerres humaines n’ont pas de sens, qu’il faut prohiber la violence en acceptant des négociations et des pactes, pour prendre te acquérir sa place parmi les Canaans. Ce livre se termine par le testament de Josué et une grande assemblée à Sichem pour renouveler l’Alliance avant la mort de Josué. 

Les Juges : Après l’installation en Terre Promise, les Juges aident les tribus à régler les conflits avec les autres peuples, surtout les Philistins, ce sont des chefs de guerre. Les principaux Juges sont : Gédéon, Jephté, Samson et une figure féminine Déborah (l’abeille). Le dernier des Juges est Samuel. 

Samuel et Rois

La nécessité d’un regroupement de toutes les tribus sous un seul chef se fait sentir, et le peuple demande un roi à Samuel.

Saül, David et Salomon furent les premiers rois qui régnèrent sur un royaume uni. Ils reçurent l’onction pour une mission.

Leur mission : Etre à l’écoute du Seigneur pour bien guider le peuple. Si Dieu choisit le berger parmi les fils de Jessé c’est en même temps symbolique car le roi est appelé à être le berger de son peuple.

Hélas parmi les rois qui vont se succéder beaucoup vont être de mauvais guides, de mauvais bergers, de mauvais messies.

L’histoire des rois d’Israël et de Juda va être un échec. Ils n’ont pas été fidèles à l’alliance basée sur l’amour de Dieu et du prochain certains vont être idolâtres.

Ils vont adorer d’autres dieux en oubliant le Dieu de leurs pères, Abraham Isaac et Jacob, le Dieu fidèle à sa promesse et à son alliance. Ils vont rechercher le pouvoir et le profit personnel. Alors Dieu va envoyer les prophètes.

 

Les prophètes derniers 

La monarchie et le prophétisme vont apparaître et disparaître presqu’en même temps dans l’histoire du peuple de Dieu (10ème et 6ème siècles av. J.C.).

Les prophètes ne reçoivent pas l’onction comme les rois, mais ils sont habités par l’Esprit du Seigneur pour corriger les erreurs des rois et rappeler au peuple qu’il est le peuple de Dieu.

Ils sont choisis, appelés, exemple le récits de vocations de Jérémie (Jr 1, 4-9).

Ils reçoivent une mission (Is 6, 1-4 ; 40, 1-8 ; Jr 1, 4-9 ; Ez 1-3, 15 ;Os 1, 3-8 ; Am 7, 10-17)

Ils sont inspirés par Dieu, vont parler au nom de Dieu et sont porteur d’un message pour les gens de leur époque. Ce sont des passionnés de Dieu.

La parole est le moyen privilégié par lequel le prophète agit. Son message est surtout orale, puis mis par écrit plus tard par le prophète lui-même ou ses disciples.

Il s’adresse au peuple, aux prêtres, aux rois. Il n’a pas peur, il ne craint ni les riches, ni les puissants. Les mot prophète deviendra synonyme de « martyre » car les puissants vont leur mener la vie dure, ex Jérémie. 

Pour dire cette parole de Dieu qui l’habite, le prophète utilise diverses formes de langage : le poème (Is (5, 1-7) ; la prière (Jr 12 1-6) ; les visions (Ez 37) ; les actions symboliques (Jr 13, 1-11) et surtout l’oracle qui veut dire message ou déclaration solennelle au nom de la divinité.

Il y a l’oracle de jugement qui appelle à la conversion (Jr 1, 1-25, 14).

L’oracle du salut qui contient une promesse et qui est un appel à l’espérance pour la survie du peuple ;(Is 7, 10-17) le signe de l’Emmanuel.

L’oracle se place dans l’histoire tandis que la vision appartient au monde céleste.

La Bible nous parle surtout des prophètes de conversion qui sont des personnalités ayant le réalisme du regard, car la cause de tous les maux, c’est l’abandon de l’Alliance. Ce sont des hommes de visions qui vont donner une parole juste au moment de crise qui va être vérifiée par la suite dans l’histoire, car la vérification des faits est le signe que le prophète était envoyé par Dieu (Jr 28, 9).                                       

Le faux prophète est celui dont la parole ne sera pas accomplie.

Il y a eu des prophètes écrivains et des prophètes non écrivains comme Elie, Elisée, Gad, Nathan… qui sont cités dans les livres des Rois.

Les prophètes écrivains sont : les 3 grand : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel (on y ajoute souvent Daniel qui est un livre de sagesse) et les 12 petits : Amos, Osée, Michée, Sophonie, Nahum, Habaquq, Agée, Abdias, Joël, Jonas, Zacharie et Malachie.

 

Les prophètes et l’Alliance.

 L’ancienne Alliance a été plusieurs fois rompue par l’infidélité du peuple, mais les prophètes connaissent la fidélité de Dieu, ainsi certains comme Jérémie, comme Ezéchiel annoncent que Dieu fera une Alliance Nouvelle inscrite non sur des tables de pierre, mais dans les cœurs (Jr 31, 31-34 ; Ez 36, 26-28).

Après l’exil, pendant plusieurs siècles, il n’y aura plus de prophète. Le peuple vivra cette situation comme signe de la colère de Dieu. Mais des choses nouvelles vont se mettre en place pour aider le peuple à continuer sa route avec Dieu.

  1. Une attention spéciale est faite à la Torah (loi) recommandée par les derniers prophètes (Ml 3, 22 ; Za 13, 2).

  2. L’Apocalypse, littérature au temps de crise est tournée vers l’avenir.

  3. L’Eschatologie (eschatos : dernier et logos : discours) qui concerne l’attente à la fin des temps où les deux grandes figures du Judaïsme : Moïse et Elie viendront sur terre inaugurer le règne de Dieu où l’on vivra selon la loi.

Le prophète dans le Nouveau Testament 

Jean Baptiste est présenté comme un prophète (Lc 3, 2) ; Jésus aussi est reconnu comme un prophète (Lc 7, 16) piussant en parole et en actes (Lc 24, 19-21). Il s’est appliqué le dicton : « Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » (Lc 4, 24).

Il est un Messie à la manière des prophètes – qui ne reçoivent pas l’onction d’huile, mais dont l’Esprit du Seigneur pénètre vraiment le cœur – (Is 61, 1). Souvent persécutés, ils appellent le peuple à la conversion et ils annoncent que Dieu enverra un Messie selon son cœur pour renouveler l’Alliance. 

Les juifs enseignent à l’époque de Jésus que les cieux se sont fermés et que l’Esprit ne descend plus sur quiconque en Israël depuis la mort des derniers prophètes bibliques. Le récit de la pentecôte renoue avec l’époque des prophètes guidés par l’Esprit Saint. Les cieux sont ouverts de nouveau, cette ouverture est inauguré par le baptême de Jésus au Jourdain (Mc 1, 10). 

Le Nouveau Testament proclame que tout homme qui adhère à la foi est prophète. 

Dans l’Eglise, certains reçoivent un don particulier pour être prophète (1 Co 12, 10). Mais tous les chrétiens de par leur baptême et leur confirmation sont d’une certaine manière prophètes puisqu’ils transmettent la Parole de Dieu.    

Relire les prophètes, découvrir leur message à la lumière de l’Esprit, est valable pour nous aujourd’hui dans la mesure où nous ferons des relectures dans la foi pour nous approprier le message :

Redécouvrir le Dieu fidèle à sa Promesse et à son Alliance.

  • Vivre l’Alliance, l’amour de Dieu et du prochain comme Jésus l’a fait.

  • Accueillir l’appel à la conversion et à l’espérance.

  • Vivre dans la justice et la droiture.

  • Ne pas avoir peur de porter la Parole de Dieu, et de payer le prix…

         

Pour se retrouver aisément dans la Bible

Recourir à la table des matières se trouvant au début du livre qui indique aussi la liste des abréviations. 

Une citation biblique est indiquée :

  • Par le nom abrégé du livre (voir la liste des abréviations)

  • Par le chiffre indiquant le chapitre

  • Par le numéro du verset. On désigne parfois les différentes parties du verset par a, b, c.

  • Exemple : Gn 12, 1-6 signifie : livre de la Genèse, chapitre 12, versets1à 6.

 

Cliquer sur le titre  pour une éventuelle impression document pdf : Pour une première approche de la Bible

  

 

 

 

 

 

 

 

                              

 

 

 

 




Le miracle des Noces de Cana (Jn 2,1-12)

A l’invitation de Marie, Jésus va accomplir son premier signe en St Jean à Cana, en Galilée, à l’occasion de Noces: il va changer plus de sept cent litres d’eau en vin. Ce signe est « le signe des signes » au sens où il n’est rien de moins que le signe de l’Alliance Nouvelle et éternelle que le Christ est venu instaurer pour tous les hommes, gratuitement, par amour. Dans cette Alliance, Dieu se révèle comme Celui qui donne le vin, ici symbole de l’Esprit Saint, en surabondance, pour sceller l’union entre Lui et les hommes dans la Communion d’un même Esprit. Si nous acceptons de nous laisser remplir, de nous laisser combler, notre vocation à tous s’accomplira, et nous expérimenterons, enfin, « quelque chose », dès ici-bas, du vrai bonheur… Souvenons du récit de la Pentecôte en St Luc : « Ils sont remplis de vin doux », disent en se moquant, ceux qui ne croyaient pas… Moquerie peut-être dans leur bouche, mais très belle expression en fait de ce qui est notre vocation à tous: être remplis par Dieu de son Esprit Saint, un « état » dans lequel nous expérimenterons la vraie joie… 

Et Marie était là, pour contribuer par sa présence discrète, par ses invitations aux serviteurs, à faire en sorte que ce projet de Bonheur sur l’homme s’accomplisse le plus pleinement possible…

Les noces de Cana (Jn 2,1-12) : cliquer sur le titre précédent pour ouvrir le document PDF.




La Visitation (Lc 1,39-45)

L’Ange Gabriel vient d’annoncer à Marie sa vocation : mettre au monde le Fils du Très Haut par l’Esprit Saint qui viendra sur elle… « Voici la servante du Seigneur« , répond-elle et aussitôt elle part rendre visite à sa cousine Elisabeth, « elle qu’on appelait la stérile« . Mais l’Ange vient de lui dire qu’elle était enceinte depuis déjà six mois… Marie comprend qu’elle sont entraînées toutes les deux dans une seule et même aventure, celle de la mise en oeuvre, avec elles et par elles, des merveilles que Dieu, dans sa Miséricorde, veut accomplir pour le salut de l’humanité tout entière ! 

Ce récit de la rencontre entre Marie et Elisabeth, est très court, très simple… Mais l’Esprit Saint est présent lui aussi au coeur de tous, et il transforme ainsi cette rencontre ordinaire en un instant extraordinaire de Lumière, de Vie, de Joie… 

Visitation 1 Basilique du Rosaire Lourdes

Pour des raisons pratiques de lecture, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint…

Et que l’Esprit Saint nous accompagne nous aussi, jour après jour, pour transformer le plus simple de nos vies en découverte toujours extraordinaire de la Présence vivante et agissante de Dieu à nos côtés…

                                                                                                                       D. Jacques Fournier

Marie (Lc 1,39-45) SI Document PDF




L’Annonciation à Marie (Lc 1,26-38)

Avec ce récit de l’Annonciation, où la Vierge Marie prend conscience de sa vocation à être la Mère de Dieu, en la Personne du « Fils du Très Haut », du « Fils de Dieu », le « Saint », St Luc nous offre le début de la prière du « Réjouis-toi Marie, Comblée de Grâce ». Avec « Réjouis-toi », « khaïré » en grec, il fait allusion à de nombreux textes de l’Ancien Testament qui nous annoncent déjà le coeur de l’Evangile… Et l’expression « Comblée de grâce, kekharitômenê », unique dans toute la Bible, est un des fondements scripturaires les plus riches du Dogme de l’Immaculée Conception… Avec ce seul mot,St Luc nous conduit à cette conclusion…

Annonciation 3 Basilique du Rosaire Lourdes

Pour des raisons pratiques, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint…

Bonne lecture à vous, sur ce chemin avec Marie, qui, nous l’espérons, de Miséricorde en Miséricorde, nous conduira nous aussi à être comme elle, tous « comblés de grâce », « saints et immaculés en Présence de Dieu, dans l’Amour » (Ep 1,4)…

                                                                                                                                D. Jacques Fournier

Marie (Lc 1,26-38) SI – Document PDF




Le Père, le Fils et le Saint Esprit : Trois Personnes, un seul Dieu.

Nous sommes ici au coeur de notre foi. Nous commencerons par voir le Crédo d’Israël en un Dieu Unique (Dt 6,4-9), repris bien sûr par le Nouveau Testament. Mais dès le début de son Evangile, St Jean nous présente deux Personnes divines : le Père et le Fils. Et pourtant, nous ne sommes pas face à deux Dieux : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30). Comment pouvons-nous donc rendre compte de ce Mystère? Nous nous appuierons avant tout sur les textes bibliques, tout en commençant par bien préciser le vocabulaire que nous emploierons, avec les notions de « nature » et de « personne ». 

Pour des questions de présentation, et donc pour facilitervotre lecture, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint. Vous constaterez que chaque fois que nous avons cité ou l’hébreu de l’AT, ou le grec du NT, nous y avons toujours joint une traduction littérale. Rien ne devrait donc être « compliqué », et si tel était le cas, il faudrait y remédier car le Dieu infiniment riche est tout en même temps infiniment simple… Bonne lecture à vous, et surtout beaucoup de joie dans l’approfondissement de son Mystère, Lui dont l’Amour nous invite tous à la Plénitude du Bonheur et de la Paix, et cela pour l’éternité !

D. Jacques Fournier

Crédo Biblique (3)-2015 : Cliquer sur ce titre pour télécharger le document PDF, pour lecture et éventuelle impression…




La vision de l’homme d’après la Bible (Anthropologie biblique)

La Bible nous présente l’homme comme étant « un ». Ainsi, il serait plus juste de dire, non pas « l’homme a un corps », mais il est corps; non pas « l’homme a une âme », mais il est âme; non pas « l’homme a un esprit », mais il est esprit. Il est ainsi tout à la fois corps, âme et esprit. Ces trois termes renvoient ainsi à trois points de vue différents d’une seule et même réalité : l’homme. Notons que seul St Paul nous présente ces trois termes à la fois: « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, celui qui vous appelle : c’est encore lui qui fera cela » (1Th 5,23-24).

Nous verrons que le coeur ultime de l’homme, ce qui fait que l’homme est homme, est sa réalité spirituelle. Il est la seule créature en Gn 2 pour laquelle la vie a été suscitée par le Souffle de Vie que Dieu lui a communiqué. Or cette image évoque souvent l’Esprit Saint: Dieu est Esprit (Jn 4,24), Dieu est Saint (Lv 19,2). Et il va susciter l’homme dans l’existence en lui donnant, à lui aussi, d’être « Esprit Saint », c’est-à-dire de participer à ce que Dieu Est en Lui-même… Et l’Esprit de Dieu est Vie !

Pour des raisons pratiques, nous vous invitons à cliquer sur le document PDF ci-joint, ce qui permettra d’afficher ces trois mots hébreux principaux que l’Ancien Testament utilise pour parler de l’homme.

La vision de l’homme d’après la Bible – Document PDF




Le Livre de l’Apocalypse : Introduction

jésus christ 1.

Dans la Bible, nous allons le voir, le Livre de l’Apocalypse n’a pas pour sujet la fin du monde, mais la Révélation du Mystère du Christ, vrai Dieu et vrai homme, mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes… « Je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jn 6,38), et « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4)…

Introduction générale au Livre de l’Apocalypse

 

             A l’exception de l’Evangile selon St Matthieu qui avait peut-être un original en araméen, tous les Livres du Nouveau Testament ont été rédigés en grec et le titre « Livre de l’Apocalypse » ne fait que reprendre le premier mot grec de cet ouvrage : « Apocalypse de Jésus Christ ». Or, « apokalupsis » en grec ne renvoie pas à des catastrophes ou à des bouleversements, mais il signifie : « Révélation »…

            Le « Livre de l’Apocalypse » est donc une « Révélation de Jésus Christ », de son Mystère, de son œuvre universelle de Salut par sa Mort et sa Résurrection. Le premier bénéficiaire de cette « Révélation » fut son auteur lui-même qui raconte au tout début « la vision » qu’il eut du Christ Ressuscité « le Jour du Seigneur », c’est-à-dire un Dimanche. Et toute la suite du Livre ne fera que raconter les conséquences de cette Présence du Ressuscité au cœur de son Eglise, et donc au cœur du monde… L’auteur en parlera immédiatement en termes de bonheur : « Heureux » celui ou celle qui accueillera dans son cœur et dans sa vie le Mystère de ce Fils Ressuscité qui désire nous rejoindre au plus profond de nous-mêmes pour nous communiquer sa Vie et vivre tout simplement notre vie « avec nous »…

             Et pourtant, le Livre de l’Apocalypse a été écrit dans un contexte de persécution des chrétiens, pour soutenir leur foi, leur espérance et les aider dans leur combat. Ils avaient déjà connu la souffrance avec l’empereur romain Néron (54-68 après J.C.). C’est lui en effet qui décida de la mort de St Pierre et de St Paul dans les années 64-67. Mais il s’agit très probablement ici de la persécution qui éclata sous l’empereur Domitien (90-95 après JC). C’est ainsi que « La Bête » désigne avant tout dans l’Apocalypse l’Empire Romain avec Rome, sa capitale, que l’auteur nomme « Babylone la Grande », en référence à l’Ancien Testament. Ses « sept Têtes » font allusion aux « sept collines » sur lesquelles la ville était construite. Et 666, « le chiffre de la Bête », renvoie, selon le langage codé de l’époque ou bien à des surnoms de l’empire romain, « Latin », « Titan », ou bien, (616 selon certains manuscrits) à l’empereur Caligula ou à tout empereur divinisé.

            Les circonstances difficiles dans lesquelles ce Livre a été écrit ont déterminé son style, avec l’emploi continuel d’images et de symboles… En effet, « en période de persécution, Jean se doit de faire appel à un langage codé, qui pourra ranimer l’espérance des chrétiens sans les exposer ouvertement à la tyrannie du pouvoir impérial romain. Jean fait donc usage d’un langage que seuls les chrétiens pourront décoder et comprendre pleinement »[1]. L’auteur utilise ainsi :

1 – des symboles universels, comme par exemple le chiffre 4, qui renvoie aux quatre points cardinaux et souligne justement la dimension d’universalité ; ou encore l’épée, symbole de violence qui n’hésite pas à répandre le sang…

2 – des symboles déjà utilisés dans l’Ancien Testament,  facilement compréhensibles par ceux-là seuls qui connaissent les Saintes Ecritures. On trouve ainsi « le Fils de l’Homme » du Livre de Daniel, « l’arbre de vie » du Livre de la Genèse, « la manne cachée » qui renvoie au Livre de l’Exode…

 3 – des symboles dévoilés par l’auteur lui-même que seule une lecture attentive et assidue permet de comprendre : ainsi « les étoiles » qui renvoient au mystère des différentes Eglises locales…

 4 – des symboles créés par l’auteur à interpréter à la lumière de l’ensemble du Livre, et il est parfois difficile de choisir entre plusieurs possibilités… Mais si elles sont toutes en cohérence avec l’ensemble, pourquoi choisir ?… Le sens n’en est alors que plus riche…

             Selon Justin (+150) et Irénée de Lyon (+180), l’auteur du Livre de l’Apocalypse, qui se nomme lui-même « Jean », serait St Jean l’Evangéliste. Mais beaucoup pensent à un disciple qui, selon la tradition de l’époque, aurait repris le nom de son Maître pour honorer sa mémoire… Les destinataires sont les chrétiens « des sept Eglises » mentionnées aux chapitres deux et trois. Mais le chiffre sept étant symbole de perfection, c’est toute l’Eglise d’Asie Mineure, et même l’Eglise Universelle, qui est concernée.

                                                                                                                                  D. Jacques Fournier

 Tenture Apocalypse Angers 14°s

Tenture de l’Apocalypse exposée à Angers (14° s)

Introduction proposée par la nouvelle Traduction Liturgique (CNPL)

 Heureux lecteur !

 L’Apocalypse est un livre à lire. Jean, qui se présente comme son auteur, y promet du bonheur : “ Heureux celui qui lit, heureux ceux qui écoutent les paroles de la prophétie et gardent ce qui est écrit en elle, car le temps est proche ” (1,3). Cest que ce livre-prophétie porte le beau nom grec d’apokalupsis (Ἀποκάλυψις) qui ne signifie nullement malheur ou catastrophe, mais révélation, dévoilement. Et il s’agit, selon les premiers mots du livre, de la “ révélation de Jésus Christ ” (1,1). Cette révélation est confiée à la lettre du texte, que Jean présente comme l’aboutissement d’une chaîne de transmission qui part de Dieu et aboutit au livre. Entre deux, les relais-témoins nécessaires ont été Jésus Christ lui-même, mais aussi l’ange et finalement Jean, qui atteste “ comme parole de Dieu et témoignage de Jésus Christ tout ce qu’il a vu ” (1,2).

 Apostolicité, inspiration, canonicité. La question de l’auteur

 L’auteur de l’Apocalypse dit s’appeler Jean (1,1.4.9 ; 22,8). Cherchant à l’identifier historiquement, la tradition des deux premiers siècles y voit l’Apôtre Jean des Évangiles, l’un des Douze, à qui est attribué aussi le Quatrième Évangile (hypothèse à laquelle a succédé celle, privilégiée aujourd’hui, du “ disciple bien-aimé ”, maître d’une école johannique). C’est l’interprétation de Justin déjà (Dialogue avec Tryphon, 81,4), puis d’Irénée (Contre les hérésies, IV.20.11) qui n’hésite pas à prêter longue vie à l’Apôtre puisqu’il situe cette révélation sous le règne de Domitien, vers 94-95 ap. J.-C. (hypothèse encore majoritairement suivie aujourd’hui, aux dépens de celle des années 68-70, sous Néron). Durant cette période, en Occident et à Alexandrie, du fait de son apostolicité reconnue, l’Apocalypse est reçue comme livre inspiré, donc canonique. On ne sait trop pourquoi certaines Églises d’Orient par contre ne l’inscrivent que tardivement au canon de leurs Écritures (VIe siècle en Syrie, plus tard encore en Grèce).

C’est pourtant à Rome que le prêtre Caïus, au IIIe siècle déjà, considérant l’Apocalypse comme un écrit gnostique, la fait proscrire comme hérétique et apocryphe. Peu après, Denys, évêque d’Alexandrie de 248 à 264, sans pourtant la rejeter hors du canon, refuse d’y voir la main de l’Apôtre, la différence de style et de thèmes avec le Quatrième Évangile lui paraissant trop marquée. Prolongeant cette quête d’auteur, Eusèbe de Césarée propose d’identifier Jean de Patmos avec le “ presbytre Jean, disciple du Seigneur ” dont il trouve mention dans un écrit de Papias. La question est donc posée: l’auteur est-il Jean l’Apôtre, ou un autre Jean ? L’enquête historienne ne permet pas d’en décider.

S’intéressant, comme Denys déjà, à la question littéraire, l’exégèse critique du XIXe siècle échafaude quant à elle deux hypothèses, perdurant jusqu’à aujourd’hui, qui sont diamétralement opposées. Se basant sur des critères de langue et de style, la première juge impossible qu’une même main s’exprime de manière incorrecte dans l’Apocalypse (au grec truffé d’erreurs) et raffinée dans l’Évangile. Elle renverse donc l’ordonnance chronologique la plus communément postulée, et fait de l’Apocalypse une œuvre antérieure du seul Apôtre Jean (peu cultivé et relégué sur son île de Patmos), et de l’Évangile un écrit plus tardif rédigé à Éphèse par des disciples lettrés. Quant à la seconde, se fondant principalement sur des repérages thématiques, elle juge que la présence dans l’Apocalypse de figures johanniques caractéristiques (l’Agneau, l’eau de la vie, etc.) permet de postuler une identité d’auteur. Nouvelle énigme, donc.

Mais qu’en dit le texte de Jean lui-même ? À y regarder de près, l’on découvre que l’auteur, qui parle des Apôtres (18,20) et du groupe des “ douze Apôtres de l’Agneau ” (21,14), ne se présente jamais lui-même comme tel. Il ne s’attribue pas plus le titre d’Ancien, alors qu’il fait des vingt-quatre Anciens une figure majeure de son livre (4,4.10 ; 5,8 ; 11,16 ; 19,4 ; sans le chiffre : 5,5.6.11.14 ; 7,11.13 ; 14,3). De plus, en déclinant son nom à plusieurs reprises (“ moi, Jean ”), il ne se cache derrière aucun pseudonyme, à la différence notamment de nombreuses apocalypses juives contemporaines, ou de Daniel dans le Premier Testament. D’où tire-t-il dès lors son autorité ? Il l’indique lui-même dans le récit de sa vision inaugurale (1,9-20). Le Vivant, mort mais désormais vivant pour les siècles des siècles, lui apparaît sur l’île de Patmos et lui dit : “ Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises ” (1,11, ordre réitéré en 1,19). Cette parole donne à Jean mission d’écrivain. Sans identité historique précise, il n’en est ainsi pas moins investi d’une solide identité et autorité littéraire. Les nombreux “ j’entendis ” et “ je vis ” qui ponctuent sa prophétie le rappellent au lecteur : c’est de la parole d’un autre et d’une vision qui lui advient qu’il est le témoin, autorisé.

Structure du livre

Qu’en est-il de la structure du livre ? Les multiples détours, ruptures et répétitions du texte ont fait émettre l’hypothèse, invérifiable, de plusieurs manuscrits ou rédactions successives. Ce qui est sûr, par contre, c’est que le livre, en son état final, ne se laisse enfermer dans aucune logique d’évidence. De multiples propositions de plan ont été suggérées, dont certaines, se fondant sur des critères chronologiques, veulent rapporter au présent des Églises les chapitres 1 à 3, puis à l’avenir du monde les chapitre 4 à 21. Cette proposition ne prend pas en compte le fait que l’Apocalypse brouille du début à la fin tout repère temporel par des allers-retours incessants entre présent, passé et futur. D’autres lectures optent dès lors pour l’observation de critères formels d’ordre littéraire, parmi lesquels sont patents, sur fond d’enchaînement continu des visions, la récurrence de l’expression “ je fus saisi (ou transporté) en esprit ” (1,10, puis 4,2 et 17,3) ainsi que quatre séries de sept éléments nommés “ septénaires ”. Prenant notamment en compte ces indices, la Table proposée ci-après permet au lecteur qui se risque à une lecture suivie du livre de ne pas s’égarer en chemin. Quelques remarques suffiront à en expliciter les principaux axes signifiants.

                   I – Le lecteur est tout d’abord invité à passer par le porche monumental que constitue la Vision inaugurale et les Lettres aux sept Églises d’Asie (1,9 à 3,22).

Christ - Angers

 

Vision inaugurale du Christ ressuscité, au milieu des sept candélabres, les sept Eglises… 

« De sa bouche sort une épée acérée à double tranchant », la Parole de Dieu (Angers)

 – Dans l’île de Patmos, Jean est gratifié de la vision d’un “ être qui semblait un fils d’homme ” (1,13) mais dont l’aspect et les attributs revêtent un caractère glorieux et transcendant (1,9-20).

 – Se manifestant à lui comme le Vivant, ce personnage majestueux lui intime l’ordre d’écrire aux sept Églises d’Asie, pour lesquelles il lui dicte le contenu de sept lettres (ch. 2–3). Chacun de ces messages, destiné à la lecture de toutes les Églises, est nommément adressé à chacune d’elles, et déployé dans une structure récurrente d’une Lettre à l’autre. Ce premier septénaire, de facture moins apocalyptique que la suite, présente ainsi les sept Églises d’Asie comme les destinataires internes du livre. Il permet aussi au lecteur de s’apprivoiser à l’univers apocalyptique étonnant qui s’offre à lui. 

7 Eglises-Angers

Les sept Eglises (Angers)

                   II – Une première série de visions s’ouvre alors, qui se déploie de 4,1 à 11,19.

 – Elle s’inaugure par l’immense liturgie des ch. 4–5. Celle-ci met en place les acteurs qui organiseront bientôt la dynamique du septénaire des sceaux : Trône divin, Siégeant, Vivants, Anciens du ch. 4, Livre scellé et Agneau du ch. 5. Tous ces acteurs sont d’abord positionnés de manière statique, puis progressivement articulés les uns aux autres quand la scène s’anime en liturgie d’adoration et de louange. Vient alors la séquence du deuxième septénaire, celui des sept sceaux (6,1–8,5). Le rythme d’ouverture des sceaux du Livre y est d’abord rapide (succession des quatre premiers éléments), puis ralenti. Les cinquième, sixième et septième sceaux sont détachés les uns des autres, et surtout un long intermède vient s’intercaler entre le sixième et le septième, avec les épisodes des 144.000 protégés et de la foule immense au ciel (ch. 7). C’est dire que le texte éprouve la patience du lecteur : réjoui d’abord, celui-ci est ensuite déçu par le parcours des visions, qui s’achève, avec l’ouverture du septième sceau, non sur la révélation de la Fin, mais sur “ un silence d’environ une demi-heure ” qui précède une petite liturgie céleste (8,1-5). Le lecteur reste étonné : qu’est-ce qui se révèle là, en fait de signe à lire et de parole à entendre ?

 – Heureusement pour lui, le troisième septénaire, celui des trompettes (8,6 à 11,19) qui s’ouvre alors, ne succède pas chronologiquement à celui des sceaux, comme si l’Apocalypse consistait en une suite continue d’événements allant jusqu’à la parousie prochaine. Mettant en œuvre le principe dit de la “ récapitulation ”, ce nouveau septénaire reprend et reparcourt ce qui a été raconté ou annoncé plus ou moins explicitement dans le précédent. On y retrouve la même dynamique. Après la sonnerie des quatre premières trompettes, la cinquième ouvre un épisode plus long, et entre la sixième et la septième s’insère un nouvel intermède : l’évocation de la manducation d’un petit livre par Jean, ainsi instauré prophète d’un temps nouveau (ch. 10) et celle de la destinée de deux témoins prophètes (ch. 11).

                   III – Une deuxième série de visions s’étend de 12,1 à 22,5. Au cœur de cette longue plage textuelle se donne à lire le quatrième et dernier septénaire, celui des coupes (ch. 16).

 – Cette série s’ouvre à nouveau par une grande vision céleste, celle de la Femme couronnée d’étoiles et du Dragon, avec le combat qui les oppose (ch. 12). Elle est suivie de la vision, sur terre, d’un autre combat : celui que mènent deux Bêtes, celle de la mer, puis celle de la terre (nommée “ faux prophète ” en 16,13 ; 19,20 et 20,10), qui, se mettant au service du Dragon, égarent les habitants de la terre, les fourvoient dans l’idolâtrie et mettent à mort ceux qui leur résistent (ch. 13). Le ciel ne reste pourtant pas inactif, puisqu’on y célèbre, comme en contrepoint à ce désastre et pour en révéler l’issue lumineuse, la victoire de l’Agneau et de ses 144.000 compagnons (14,1-5).

 – Vient alors une séquence organisée autour du septénaire des coupes (14,6 à 16,21) : on y annonce et prépare le Jugement (14,6-20), y résonne déjà le Cantique des vainqueurs (15,1-4) et se déploie la série de déversements des sept coupes de la colère de Dieu, selon un rythme déjà connu (six premiers éléments, puis intermède, puis septième élément).

 Le Jugement et la chute de Babylone la Grande, la prostituée, “ mère des prostitutions et des abominations de la terre ” (17,5) sont ensuite montrés au visionnaire et présentés au lecteur dans une série de tableaux impressionnants (ch. 17–18). Au terme, et en contraste avec les lamentations de ceux qui, peu avant, pleurent sur Babylone dévastée, un grand “ alléluia ” s’élève dans le ciel (19,1-10) : il associe foule nombreuse, Anciens et Vivants dans la même acclamation du Dieu qui a jugé la grande prostituée.

Chute de Babylone - Angers

Chute de Babylone (Angers)

 – C’est l’heure désormais où les ennemis de Dieu et de son règne sont l’un après l’autre neutralisés. Se succèdent : la victoire du Cavalier sur la Bête, le faux prophète et les rois (19,11-21) ; l’enchaînement du Dragon et le règne de mille ans avec le Christ (le millénaire de 20,1-6) ; le combat final et la victoire sur Satan (20,7-10) ; le jugement des morts et la neutralisation de la Mort et du Séjour des morts (20,11-15).

 – Le lecteur est ainsi acheminé vers la vision de l’avènement du monde nouveau (21,1–22,5) : ciel nouveau et terre nouvelle ; Jérusalem nouvelle, qui descend du ciel pour devenir la demeure de Dieu parmi les hommes. 

                   IV – Reste l’écrin de l’Apocalypse, son prélude et son final.

 – Au début, nous l’avons indiqué déjà, un prélude (1,1-8) offre au livre de se présenter lui-même à son lecteur comme porteur de “ la révélation de Jésus Christ ” au travers de paroles prophétiques écrites pour son bonheur (1,1-3). Une adresse (1,4-8) précise ensuite qui parle à qui. La voix du texte y délègue d’abord la parole à Jean, qui souhaite grâce et paix aux Églises “ de la part de Celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui sont devant son trône, de la part de Jésus Christ… ”, dont l’œuvre libératrice est ensuite solennellement déployée (1,4-5). Y répond comme la voix d’une assemblée qui donne, par son “ amen ”, plein accord aux paroles proférées (1,6). Résonne alors une autre voix, anonyme, annonçant : “ Voici qu’il vient avec les nuées… ” (1,7), puis une voix présentée comme parole du “ Seigneur Dieu ” : “ Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers ” (1,8). Le “ nous ” que Jean introduit à trois reprises en ces versets invite le lecteur à s’associer lui aussi à ce dialogue. Le Christ y est acclamé, en son amour sauveur : “ À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen ” (1,5-6).

 – Tout à la fin du livre et comme en écho à ce prélude se retrouvent, dans le final (22,6‑21), des expressions et surtout le ton du début, comme si tout le livre se présentait comme une longue lettre. C’est là que le souffle qui l’anime d’un bout à l’autre trouve à s’exprimer avec le plus de force, dans l’intensité d’un nouveau dialogue liturgique où le désir de la venue de Jésus se dit sur ses lèvres (“ Oui, je viens sans tarder ”) et dans la demande de son partenaire (“ Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! ”, 22,20). Le désir parlé, échangé, entre l’Église-Épouse et son Époux, aux derniers versets de la Bible chrétienne, dit clairement que ces réalités sont à disposition des lecteurs, maintenant.

 La structure de l’Apocalypse porte ainsi en elle un dynamisme d’épiphanie vocale qui trouve sa pleine force d’expression dans l’échange des voix du final. L’irréductible et l’indomptable de la parole qui porte la prophétie y manifeste toute sa vigueur. L’alternance entre récits en prose et poèmes liturgiques (cf. les cantiques des chapitres 4–5, 11–12, 15 et 19, repris et chantés dans la Liturgie des Heures) convie comme tout naturellement le lecteur à joindre sa voix à celles qui y célèbrent le triomphe de la vie sur les puissances du mal et de la mort.

Agneauimmole

« Gloire à l’Agneau Immolé ! »

Apocalypse et littérature de crise

 Peut-on dès lors trouver issue à l’une des énigmes auxquelles est affrontée l’exégèse du livre : s’agit-il d’une littérature évoquant une situation réelle de persécution plus ou moins active de certaines communautés chrétiennes dans l’empire romain idolâtre de la fin du Ier siècle (hypothèse longtemps privilégiée) ? Ou d’une fiction dans laquelle l’écriture apocalyptique a pour fonction de faire naître la crise au sein même de ces communautés, de les provoquer à un regard critique en dénonçant leur trop facile compromission avec le milieu ambiant (hypothèse nouvellement soutenue) ? Sans doute, ces deux interprétations ne se contredisent-elles pas, dans la mesure où l’orientation du livre convie bel et bien son lecteur à discerner, pour s’en distancer, toute forme d’asservissement à des pensées ou comportements idolâtres, qu’ils soient individuels ou collectifs. À plusieurs reprises, le lecteur est invité à faire preuve de sagesse et d’intelligence (cf. 13,18 ; 17,9) pour interpréter sa vie et le fonctionnement des institutions sociales, politiques et religieuses à la lumière du vrai, et non de l’illusion ou du mensonge. Les chapitres 12 et 13 sont à ce titre exemplaires, qui mettent en scène le processus idolâtrique, au sein duquel blasphème divin et meurtre des frères s’enchaînent et s’appellent comme deux formes de la même perversion.

Pluralité des lectures

             L’Apocalypse est un livre aux richesses aussi étonnantes que foisonnantes. Aucune des méthodes de lecture mises en œuvre au cours des siècles pour le lire n’en épuise la signification. Et toutes y trouvent de quoi s’y exercer : lecture historico-critique (questions d’auteur, de rédaction, de milieu de production, de cadre socio-historique des communautés d’Asie Mineure du Ier siècle, de données archéologiques, etc.), lecture féministe (l’Apocalypse figure la Femme enfantant un fils, puis l’Épouse de l’Agneau, mais aussi, en contraste, la grande prostituée, et Jézabel, la femme qui se dit prophétesse, etc.), lecture écologiste (figuration du cosmos, des astres, de la terre et du ciel, des arbres, de l’eau, des fleuves…), libérationniste (sociologique et politique, qui exploite la critique apocalyptique du pouvoir mondial de l’argent et du commerce), spirituelle (son langage amoureux fait écho à celui du Cantique des Cantiques), etc. Recevant l’Apocalypse dans toute sa force d’œuvre littéraire et s’appliquant à la lire en son statut synchronique final, l’exégèse des dernières décennies s’est quant à elle enrichie des outils fournis par les sciences du langage (narratologie et sémiotique notamment) et les sciences humaines (psychologie et psychanalyse entre autres).

             En résulte, pour la lecture de l’Apocalypse, une capacité nouvelle de prêter attention à la parole qui cherche à se faire entendre entre Jean et ses destinataires du Ier siècle (les sept Églises d’Asie mineure) et qui continue à se dire, en tout lieu et toute époque, entre le texte et ses lecteurs. Car l’actualité du livre prend source aux questionnements humains fondamentaux qu’il met en travail : vie et mort, au-delà et jugement, salut et rétribution, bien et mal, injustices sociales et pouvoirs totalitaires… L’Apocalypse, qui clôture la Bible chrétienne, n’achève donc en rien sa lecture mais la stimule. Elle convie, plus qu’aucun autre livre, à l’incessant labeur d’interprétation qui incombe à chaque génération et à tout lecteur. Si celle-ci a pu donner lieu à des dérives sectaires, teintées de fanatisme et d’illuminisme, (et cela se trouve parfois aujourd’hui encore), elle contribue surtout à nourrir la foi des communautés chrétiennes en la conduisant au lieu de la plus grande contemplation et de la plus vive action : celle de l’Alliance entre Dieu et les hommes, en sa forme nuptiale, dans les noces de l’Agneau et de l’Église (21,2).

 En clôture du Livre chrétien : place à la parole, dans la chair

 L’Apocalypse renouvelle le langage de la foi chrétienne. Elle permet une exploration du mystère qui sous-tend tout le Nouveau Testament, celui de Jésus Christ crucifié, relevé d’entre les morts et devenu participant de la royauté souveraine de Dieu. Tout au long du livre se donne à entendre le lien qui unit les fidèles (saints, élus, martyrs aussi) à Jésus, Christ, Agneau immolé debout (5,6), Cavalier triomphant nommé “ Parole de Dieu ” (19,13), le Vivant (1,18) loué comme “ Roi des rois et Seigneur des seigneurs ” (17,14 ; 19,16). Éminemment christologique, l’Apocalypse mérite bien, ne serait-ce qu’à ce titre, la qualification de “ Cinquième Évangile ” qui lui est parfois attribuée.

Elle déploie de plus une théologie des Églises et de l’Église (chandeliers et étoiles du ch. 1 ; messages des ch. 2-3 ; Femme mère d’un enfant mâle et d’une nombreuse descendance du ch. 12 ; Femme Épouse de l’Agneau de 21,9…) et une admirable évocation, tout au long du livre, du témoignage de ceux qui partagent avec Jean “ la détresse, la royauté et la patience en Jésus ” (1,9). Elle ouvre l’espace et le temps terrestres aux horizons du ciel et de l’éternité, avec l’espérance que fonde, pour les morts, la résurrection du Christ. La “ première résurrection ” (ch. 20) rend participant chaque être créé de l’actuelle puissance de la résurrection.

On peut regretter, sans doute, qu’un tel ferment d’espérance ne s’élève que trop peu au cœur des liturgies de l’Église (catholique). En dehors du temps pascal (chaque deux ans, en semaine), où en sont proposés de larges extraits, le cycle liturgique ne prévoit de lire l’Apocalypse qu’en la solennité du Christ Roi (1,9-20), de l’Assomption de Marie (ch. 12) et en la fête de tous les Saints (ch. 7).

 Reste que cette parole de Dieu attestée en Jésus Christ retentit jusqu’en la pierre des tympans des cathédrales, dans la lumière de leurs vitraux, dans les lettres vivaces et les couleurs de chaudes enluminures, et qu’elle se donne aujourd’hui encore à lire, écouter, garder en ce livre toujours disponible à la lecture. Là commence, pour chacun, la vraie “ apocalypse ” : quand se joue, dans la chair, l’écoute de la parole et sa pratique. Jean n’a-t-il pas lui-même mangé le petit livre que lui tendait l’ange descendu du ciel (ch. 10), éprouvant en lui douceur et amertume, et figurant par cette manducation le trajet de la parole jusqu’au plus intime du corps de l’homme ? L’Apocalypse, écriture de la Fin et fin de l’Écriture, clôt la Bible chrétienne. Réécrivant l’histoire, elle réinterprète tout. Le Livre complet, achevé, définitif, laisse place au Christ Vivant et au travail de la parole en la chair des humains. Lisant le Livre, sachant qu’il n’y a rien à y ajouter ou retrancher désormais (22,18-19), le lecteur peut librement en sortir pour vivre en régime d’incarnation. Ce travail d’humanisation prolonge l’œuvre du Verbe dans la chair des hommes, pour la joie d’une vie sauve. Le lecteur est ainsi convié à laisser place en lui, ici et maintenant, à une “ apocalypse ” désirée : “ Viens, Seigneur Jésus ”, toi qui te tiens à la porte (2,20) !

                                                                                                                     D. Jacques Fournier

_________________________

 

[1] « L’APOCALYPSE », Jean-Pierre PRÉVOST (Bayard Editions/Centurion » ; Collection Commentaires ; Paris 1995) p. 17.