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« Dieu est Esprit » nous dit St Jean (Jn 4,24) et il a créé l’homme « esprit » pour lui donner de pouvoir participer à ce qu’Il Est Lui-même. Notre « esprit » peut ainsi être comparé à une « capacité spirituelle » que Dieu désire « remplir » de ce qu’Il Est Lui‑même : son Esprit qui est Vie…
Le prophète Jérémie présente ainsi deux fois « Dieu » comme étant « une Source d’Eau Vive » :
Jr 2,13 : « Mon peuple a commis deux crimes : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive
pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. »
Jr 17,13 : « Espoir d’Israël, Yahvé, tous ceux qui t’abandonnent seront honteux,
ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre,
car ils ont abandonné la source d’eaux vives, Yahvé. »
Le Psaume 36 présente également Dieu comme une Source :
Ps 36,10 : « En toi (Seigneur) est la source de vie,
par ta lumière nous voyons la lumière. »
St Jean reprendra l’image de l’Eau Vive en expliquant qu’elle représente l’Esprit de Dieu, et donc ce que Dieu Est en Lui-même :
Jn 7,37-39 : « Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s’écria :
Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi !
selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive.
Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui »…
Et puisque Dieu nous a tous créés pour être remplis de l’Eau Vive de son Esprit, tous les hommes ont un désir spirituel, une faim spirituelle, une soif spirituelle… Comme image, nous pouvons prendre notre corps qui a été créé pour vivre de ce qu’il reçoit : nourriture et boisson… Pour cela il dispose d’un « estomac » qui est « capacité corporelle » destinée à être remplie de ce pour quoi elle a été faite… Et lorsque notre « estomac » est vide, tout le corps réclame de la nourriture : nous avons faim, nous ne pouvons plus vivre pleinement, nous expérimentons une souffrance, un mal-être général… Par contre, quand il est plein, nous ressentons une impression de bien-être. Il en est de même de notre dimension spirituelle… Lorsque notre esprit ou notre cœur est vide des réalités spirituelles pour lesquelles il a été créé, nous expérimentons un manque, une faim, une soif de plénitude, le désir d’un bonheur profond qui n’est pas au rendez-vous, un mal-être difficile à exprimer, une tristesse générale mêlée de souffrance et d’angoisse : « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9)… Et pourtant, Dieu n’a qu’un seul désir : nous « remplir », car il nous a tous créés pour cela…
C’est pourquoi le psalmiste exprime ce désir avec l’image de « la soif de Dieu », car il est une révélation indirecte de ce pour quoi nous avons tous été créés : pour être remplis par l’Esprit de Dieu, cette « Eau Vive » qui est Plénitude de Vie, de Paix et donc Bonheur profond, la seule qui peut vraiment combler notre soif…

Ps 42,2-3 : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive,
ainsi mon âme te cherche, toi, mon Dieu.
Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant.
Quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? »
Or, comme le disait le prophète Jérémie, en abandonnant Dieu « Source d’Eau Vive », l’homme se prive par lui-même de la Plénitude de cette Eau Vive, la Plénitude de la Vie éternelle… Mais comme nous avons tous été créés pour être comblés, pour être heureux, l’homme va se lancer dans une quête éperdue de bonheur… Et il le cherchera dans une quête effrénée des plaisirs de la vie, du pouvoir, de l’argent, des réalités matérielles… Mais s’il est sincère avec lui-même, il ne pourra que constater que le vrai bonheur n’est toujours pas au rendez-vous… Alors, faut-il « avoir » plus ? Il essaiera, sans résultat… Peut-être faut-il être plus haut placé dans la société ? Il essaiera, sans résultat… Toutes ces quêtes sont comme des citernes qu’il prend beaucoup de peine à creuser en espérant qu’un jour elles seront pleines d’eau, et donc de vie, de promesses de vie, de rassasiement, de bonheur… Mais comme l’écrit Jérémie, elles sont fissurées dès le départ … Elles ne peuvent retenir l’eau et offrir le vrai bonheur, la vraie vie… L’espérance de plénitude ne peut qu’être déçue… Pire, le fait qu’elles soient à sec est synonyme de mort…
« Le salaire du péché, c’est la mort, mais le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus » (Rm 6,23). « Dis-leur : Par ma vie, oracle du Seigneur Dieu, je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais à la conversion du méchant qui change de conduite pour avoir la vie. Convertissez-vous, revenez de votre voie mauvaise. Pourquoi mourir, maison d’Israël ? » (Ez 33,11). Le Père va donc envoyer le Fils dans le monde pour chercher toutes les brebis perdues, c’est-à-dire, tous les hommes, et cela « jusqu’à ce qu’il les retrouve ». Car, nous dit Jésus en parlant comme le prophète Ezéchiel, « il y a plus de joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion » (Lc 15,4-7). Et cela est vrai pour tout homme, quel qu’il soit, tout homme « créé à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-28), et donc enfant d’un Père Unique, « Notre Père » à tous,
qui veut le salut pour tous ses enfants : « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6). « Dieu », en effet, « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entremise » (Jn 3,16-17). Toute la mission de Jésus consiste donc à nous proposer le pardon de nos péchés et à nous permettre de retrouver gratuitement, avec lui, tout ce que nous avions perdu par suite de nos fautes. Tel est l’Amour qui ne cherche et ne poursuit que le bien de l’être aimé, et Dieu aime tout homme du même Amour : « Je vais les rassembler de tous les pays où » ils ont été dispersés par suite de leurs fautes. « En ce lieu », c’est-à-dire près de moi, unis à moi dans la communion d’un même Esprit, « je les ramènerai et les ferai demeurer en sécurité », dans la paix du cœur. « Alors ils seront mon peuple et moi, je serai leur Dieu. Je leur donnerai un seul cœur et une seule manière d’agir, de façon qu’ils soient toujours tournés vers moi, pour leur bien et celui de leurs enfants après eux. Je conclurai avec eux une alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien et je ferai en sorte que leur cœur reste tourné vers moi pour qu’ils ne s’écartent plus de moi. » Je pourrai alors les combler pour leur seul bien, leur joie, leur bonheur… Car « je trouverai ma joie à leur faire du bien et je les planterai solidement en ce pays », c’est-à-dire tout près de moi, « de tout mon cœur et de toute mon âme », et Dieu est infini ! « Oui, je leur amènerai tout le bien que je leur promets » (Jr 32,37-43).
Telle est donc toute la mission de Jésus, le Fils Unique : donner aux hommes de pouvoir retrouver avec Lui le chemin qui conduit à Dieu et donc à l’Eau Vive de l’Esprit qui ne cesse de jaillir de Lui pour combler ses créatures… « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi », disait St Augustin. Le Christ est ainsi venu offrir aux hommes, gratuitement, par amour, cette Plénitude d’Esprit et donc de Vie pour laquelle nous avons tous été créés… En effet, « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et le propre de l’Amour est d’être Don de soi, Don de ce qu’Il Est en Lui-même, gratuitement, par amour. C’est ce que le Père fait vis-à-vis du Fils, et cela de toute éternité : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 5,26). Tout, tout ce qu’Il Est, tout ce qu’il a, toute la Plénitude de sa Vie, et c’est ainsi qu’il l’engendre en Fils « né du Père avant tous les siècles », lui donnant d’être « Dieu né de Dieu, Lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo), et cela gratuitement, par amour… « Tout ce qu’a le Père est à moi »… Ainsi, « comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 17,10 ; 5,26 ; 6,57), en recevant du Père, gratuitement, par amour, la Plénitude de son Esprit, un Esprit qui est vie, un « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), un Esprit qui est « Eau vive ».
Dans l’Evangile selon St Jean, au chapitre 4, Jésus est ainsi présenté comme étant assis près d’un puits… Cette image visible est la révélation invisible de ce qu’Il Est de toute éternité : le Fils qui est tourné vers le Père « Source d’Eau Vive ». Voilà ce qu’il reçoit de Lui depuis toujours et pour toujours : l’Eau Vive de l’Esprit. Jésus assis près du puits est donc une image d’une réalité éternelle : le Fils près du Père, toujours tourné de cœur vers le Père (Jn 1,18), recevant du Père la Vie que le Père a en lui-même (Jn 5,26). Et il va dire « J’ai soif » à une femme samaritaine pour entamer la conversation avec elle, son seul but étant de faire en sorte qu’elle aussi reçoive gratuitement, par amour, ce que Lui reçoit du Père, gratuitement, par amour… Il va donc l’inviter à se tourner elle aussi de tout cœur vers le Père, tout comme Lui est toujours tourné de tout cœur vers Lui, recevant de Lui cette Plénitude d’Eau Vive qui l’engendre en Fils de toute éternité… Et Jésus se moque des obstacles. Son seul souci est le bien profond de cette femme. La Loi en effet interdisait à un homme d’aborder une femme seule, et les Juifs n’entretenaient pas de relations avec les Samaritains, leurs ennemis « héréditaires ». Mais Jésus fait tomber toutes ces barrières car son seul désir est de partager avec elle ce Don de la Plénitude de l’Eau Vive de l’Esprit qu’il ne cesse de recevoir de son Père et qui comble son cœur… Alors, il va lui mettre « l’eau à la bouche » et lui parler de cette Eau Vive en espérant que viendra le moment où elle aussi lui dira « J’ai soif » de recevoir cette Vie dont tu me parles…
Jn 4,10 : Jésus lui dit :
A – Si tu savais le don de Dieu Le Don de Dieu est évoqué
B – et qui est celui qui te dit : Jésus demande à la femme
C – Donne-moi à boire, Donne-moi à boire
B’ – c’est toi qui l’aurais prié La femme aurait demandé à Jésus
A’ – et il t’aurait donné de l’eau vive. Le Don de Dieu est précisé : l’Eau Vive
Le texte est très bien construit : Jésus dit à la Samaritaine « Donne-moi à boire » pour qu’un jour la Samaritaine lui dise « Donne-moi à boire »… Jésus lui révèle ainsi le Don qu’il est venu offrir à tous les hommes : l’Eau Vive de l’Esprit, la seule réalité capable de remplir nos cœurs et donc de nous offrir la vraie Vie, le vrai Bonheur… Souvenons-nous de Jn 7,37-39 lu au tout début.
Et c’est aussi la raison pour laquelle il nous invite en St Luc à demander cet Esprit avec une incroyable insistance :
Lc 11,9-13 : « Et moi, je vous dis :
demandez et l’on vous donnera ;
cherchez et vous trouverez ;
frappez et l’on vous ouvrira.
(10) Car quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ;
et à qui frappe on ouvrira.
(11) Quel est d’entre vous le père auquel son fils demandera un poisson,
et qui, à la place du poisson, lui remettra un serpent ?
(12) Ou encore s’il demande un œuf, lui remettra-t-il un scorpion ?
(13) Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants,
combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

Demander, librement, manifestera alors notre désir de recevoir… Et nous ne pourrons qu’être exaucés car « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) de toute éternité, il ne cesse de « donner » gratuitement par Amour « l’Eau Vive de l’Esprit », le Père la donnant au Fils de toute éternité, le Père et le Fils la donnant à l’Esprit Saint de toute éternité, l’Esprit Saint ne cessant de la proposer à tout homme, Lui qui « Est Seigneur et qui donne la vie » (Crédo) en donnant l’Eau Vive de l’Esprit… La Source d’Eau Vive n’a donc pas attendu notre demande pour couler : elle coule de toute éternité… Alors, quiconque demande de tout cœur ne peut que recevoir… Demander exprimera en fait notre désir libre de recevoir… C’est ce que Dieu attend, Lui qui, dans son Amour, ne veut contraindre personne, forcer personne, n’obliger personne, alors même qu’il sait bien que ce Don de l’Esprit fera notre bonheur éternel, dès maintenant, dans la foi, et au ciel pour l’éternité… Nous avons été créés pour cela… Mais l’Amour respecte infiniment notre liberté… Il ne fera rien pour nous sans notre consentement…
Le Psalmiste exprime également ce Mystère de l’Amour de Dieu avec l’image du Soleil… Dieu est un Soleil, il ne cesse de briller, il ne cesse de donner la Lumière et il « Est Lumière » (1Jn 1,5)… Autrement dit, il ne cesse de donner ce qu’il est en Lui‑même… Nous retrouvons ce principe vu avec l’image de la Source : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Eau Vive de l’Esprit » ? Il est Source, et ne cesse de donner cette Eau Vive de l’Esprit, gratuitement, par amour… Se tourner de tout cœur vers Lui, c’est donc déjà recevoir, gratuitement dans l’amour, en acceptant de nous laisser aimer tels que nous sommes… Nous retrouvons cette phrase de Ste Thérèse de Lisieux, à appliquer littéralement à Dieu qui est Amour : « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même ». « Dieu est Esprit » ? Il donne l’Eau Vive de l’Esprit… « Dieu est Lumière », Soleil ? Il donne la Lumière, une Lumière qui est Vie, la Lumière de la Vie…
Ps 84,12 : « Le Seigneur Dieu est un Soleil…
Il donne la grâce, il donne la gloire »…
Jn 8,12 : « Je Suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres,
mais il aura la lumière de la vie ».
Alors, si nous répondons à l’appel de Dieu, « repentez-vous, tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les lointains de la terre » (Is 45,22), en tournant notre cœur vers la Source d’Eau Vive, nous recevrons cette Eau Vive qui donne la vie, et qui est au même moment l’eau pure qui nous purifie de toutes nos fautes. C’est ainsi que nous comprenons que la Miséricorde est le visage de l’Amour face à notre misère. Notre misère en effet ne l’empêche pas de nous aimer, bien au contraire. Puisque cette misère nous plonge dans un état de misère, de ténèbres, de tristesse, de mort spirituelle, voilà justement ce que Dieu ne supporte pas pour ses enfants, tous les hommes qu’il aime… Et leur état misérable le poussera à nous aimer encore plus, à se donner encore plus, pour nous guérir, nous purifier, nous sauver, nous combler et voie enfin sa Joie rayonner sur nos visages. Et notre joie fera sa Joie… Tout simplement parce qu’il ne cesse de nous aimer, et donc de désirer notre bien, notre bonheur profond…
Ez 36,24-28 : « Je vous prendrai parmi les nations,
je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol.
(25) Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ;
de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai.
(26) Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau,
j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
(27) Je mettrai mon Esprit en vous
et je ferai que vous marchiez selon mes lois
et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes.
(28) Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères.
Vous serez mon peuple et moi je serai votre Dieu. »
Ce « pays » donné, c’est « le Royaume des Cieux » donné, un Royaume qui est Mystère de Communion avec Dieu dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3), Dieu le donnant gratuitement par Amour, l’homme étant invité à le recevoir de tout cœur, gratuitement, dans l’Amour, en se détournant bien sûr au même moment, avec l’aide de Dieu, de tout ce qui lui est contraire…
Lc 12,32 : « Sois sans crainte, petit troupeau,
car votre Père s’est complu à vous donner le Royaume ».
Rm 14,17 : « Le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson,
il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint ».
Jn 20,22 : « Recevez l’Esprit Saint. »
Ga 5,22 : « Le fruit de l’Esprit », l’Eau Vive de l’Esprit,
« est amour, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres »…
Alors, tous ceux et celles qui consentent à se laisser ainsi aimer par Celui qui, de son côté, ne désire que leur bien seront intérieurement comme un jardin tout irrigué par « l’Eau Vive de l’Esprit » :
Is 58,11 : « Le Seigneur sans cesse te conduira,
il te rassasiera dans les lieux arides,
il donnera la vigueur à tes os,
et tu seras comme un jardin arrosé,
comme une source jaillissante dont les eaux ne tarissent pas. »
C’est ce que dit Jésus à la Samaritaine :
Jn 4,13-14 : « Jésus lui dit :
Quiconque boit de cette eau aura soif à nouveau ;
mais qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ;
l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle. »
Et comme « un homme ne peut rien recevoir si cela ne lui a été donné du ciel » (Jn 3,27), celui qui a, c’est qu’il a reçu… S’il a reçu, c’est qu’il est tourné vers Dieu et ouvert à Dieu. Et comme Dieu est Source, il recevra et recevra encore : « C’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on versera dans votre sein » (Lc 6,38)…
Et le Christ va mourir sur la croix pour que nous puissions recevoir cette Eau Vive de l’Esprit. Là encore, le corporel est signe visible du spirituel. Un soldat romain va transpercer son cœur de chair d’où s’écouleront sur la terre toute « l’eau et le sang » qui le remplissaient (Jn 19,33-35). Or dans la Bible, les deux sont symbole de vie. Ainsi, tout comme le cœur de chair est dorénavant ouvert, tout ce qui le remplissait étant versé sur la terre, donné aux hommes, en surabondance, le cœur « spirituel » de Jésus est lui aussi ouvert à tout homme, ce qui le remplit étant aussi donné à tout homme, en surabondance : « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante » (Jn 10,10). Et qu’est-ce qui remplit le cœur de Jésus ? L’Eau Vive de l’Esprit qu’il reçoit du Père de toute éternité, un Don par lequel le Père l’engendre à la Vie en Fils « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Et si nous recevons à notre tour, par notre foi en Jésus, ce même Don, ce Don nous engendrera nous aussi à la Plénitude de la vie de Dieu, « à l’image du Fils » (Rm 8,29)…
Col 1,18-20 + 2,9-10 : « Jésus, le Fils, « est le Principe, Premier-Né d’entre les morts,
il fallait qu’il obtînt en tout la primauté,
(19) car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude
(20) et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui,
aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.
(2,9) Car en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité,
(10) et vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude »…
Telle est la vocation de tout homme : participer, gratuitement, par Amour, à la Plénitude même de Dieu, une Plénitude de Vie, de Paix, de Joie… Et tout ceci se réalise par le Don de l’Eau Vive de l’Esprit…
Jn 14,27 : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix »…
Jn 15,11 : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »
Lc 5,31-32 : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin de médecin,
mais les malades; je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir. »
Jn 20,22 : « Recevez l’Esprit Saint », et avec lui, le pardon et la Vie…
D. Jacques Fournier
Le Père des Miséricordes est Source de Vie : en cliquant sur le titre précédent, vous accédez à l’article en format PDF pour lecture ou éventuelle impression.
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Saint Jean-Paul II a canonisé sainte Faustine (25 août 1905 – 5 octobre 1938) le 30 avril 2000 et il a institué le dimanche de la divine Miséricorde le 15 avril 2014 pour qu’elle soit fêtée chaque année au dimanche qui suit la fête de Pâques.
Cet article est illustré par des photos du Cirque de Salazie, et notamment de l’Eglise de Mare à Vieille Place, à l’Île de la Réunion… Elle est consacrée à Saint Antoine de Padoue, qui fut un apôtre de la Miséricorde divine. Il composa ainsi cette prière : « Prions… et supplions humblement la miséricorde de Jésus Christ de se tenir au milieu de nous, de nous accorder la paix, de nous absoudre des péchés, d’enlever de notre cœur toute sorte de doute et de graver dans nos esprits la foi en sa Passion et en sa Résurrection. » Saint Antoine n’est donc pas éloigné de sainte Faustine quand elle affirme que la Miséricorde est le plus grand attribut de Dieu.
L’expression, « les entrailles de Miséricorde », nous vient directement de St Luc quand il nous rapporte ce que Zacharie déclara au jour de la circoncision de son fils, Jean‑Baptiste.
I – Nous commencerons donc par relire ces lignes du « Cantique de Zacharie » que nous connaissons tous et nous verrons le sens de ce mot « entrailles ».
II – Puis, à partir de quelques textes de l’Ancien Testament, nous redirons avec le Pape François le cœur de notre foi : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16).
III – Nous verrons que cet Amour inconditionnel et éternel ne cesse de prendre le visage de la Miséricorde, pour nous, pécheurs…
IV – Et nous terminerons, en constatant à l’aide de quelques textes du Nouveau Testament, que non seulement Dieu ne cesse d’aimer ceux qui font le mal, mais qu’en plus, leur situation personnelle le bouleverse au plus profond de lui‑même : en effet, celui qui fait le mal ne peut que se plonger lui-même dans la souffrance, et voir un seul de ses enfants souffrir, voilà ce qui bouleverse le cœur de Dieu… Dans le respect de notre liberté, il ne pourra alors que nous presser à cesser de faire ce mal qui nous détruit, pour nous inviter à apprendre, petit à petit, avec Lui et grâce à Lui, de Miséricorde en Miséricorde, à faire ce bien qui nous construit, et qui ne peut en fait qu’être l’expression d’un cœur comblé par ce « Dieu Amour », « qui se donne gratuitement » (Pape François). Le fruit de ce Don gratuit, pour celles et ceux qui accepteront de le recevoir, sera alors un cœur comblé, renouvelé, ‘recréé’, enfanté à une vie nouvelle par ce Dieu Père qui nous aime, infiniment, avec toute la tendresse d’une Mère…

I – Commençons donc par relire ces lignes de ce Cantique que Zacharie adresse à son fils Jean-Baptiste :
« Et toi petit enfant, tu seras appelé prophète du Très‑Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut, par le pardon de ses péchés, grâce aux entrailles de Miséricorde de notre Dieu dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en Haut, pour illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour redresser nos pas au chemin de la paix » » (Lc 1,76-79).
Le Nouveau Testament a été écrit en grec. Le mot « entrailles » traduit le grec « splagkhna », pluriel de « splagkhnon ». Le dictionnaire Grec – Français « Bailly » donne pour splagkhnon « les entrailles »[1]
I – Au propre : 1 – Les viscères principaux – cœur, poumon, foie – de l’homme ou des animaux (Il s’agit donc, très, très concrètement… des tripes…).
2 – Le sein de la mère (Soulignons cette connotation maternelle, et le fait que ce « sein de la mère » est le lieu de l’enfantement, de la création).
II – Au figuré : 1 – Le cœur, l’âme, comme siège des affections.
2 – Entrailles, cœur, âme, terme de tendresse.

Comme exemple du premier sens, très concret, nous pouvons donner Ac 1,18 qui évoque la mort de Judas : « Cet homme est tombé la tête la première et il a éclaté par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues ».
Mais dans les temps anciens, et notamment dans la Bible, « on localisait les sentiments dans les entrailles, puisqu’elles sont ce qu’il y a de plus intime et caché (Ps 22,15). Elles sont alors synonymes de ce que nous appelons aujourd’hui « le cœur ». Ainsi, « les entrailles du père sont bouleversées à chaque cri de son fils » (Si 30,7)… Les entrailles (hébreu, langue de l’Ancien Testament : rahamîmH) sont ainsi le siège de la compassion (Gn 43,30 ; 1R 3,26). Le singulier réhém désigne en effet « l’utérus, le sein maternel ». Dès lors, les entrailles sont d’abord le siège de la pitié de la mère pour ses enfants (Is 49,15), et l’on dit qu’elles frémissent (Is 16,11), résonnent et font du bruit (Is 43,15), bouillonnent (Lam 1,20) ou sont en ébullition (Job 30,27).

Soulignons trois textes de l’Ancien Testament :
1 – Is 63,15-17 : « Regarde du ciel et vois, depuis ta demeure sainte et glorieuse.
Où sont ta jalousie et ta puissance ?
Le frémissement de tes entrailles et tes tendresses (rahamîmH) pour moi
se sont-ils contenus ?
Où sont la plénitude de ta miséricorde et tes compassions…
Pourtant tu es notre Père… (Hqui aime d’un amour maternel)
Toi, Yahvé, tu es notre Père, notre rédempteur,
tel est ton nom depuis toujours. »

2 – Jr 31,20 : « Je l’aime, oui je l’aime, oracle du Seigneur »
(avec une nuance de tendresse maternelle).
3 – Ex 34,6 (TOB) : « Le Seigneur passa devant Moïse et proclama :
Le Seigneur, le Seigneur, Dieu miséricordieuxH et bienveillant,
lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté ».
La communauté juive d’Alexandrie a traduit ce texte en grec au 3° siècle avant Jésus Christ, et il est magnifique de constater que pour eux, la caractéristique première de Dieu est d’être « miséricordieux » : « Le Seigneur, Dieu compatissant et miséricordieux, patient, « plein de miséricorde » et vrai ».
Le Pape François fait allusion à ce dernier texte lorsqu’il écrit au tout début de son texte d’introduction à l’année Jubilaire de la Miséricorde (11 avril 2015) : « Jésus Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. Le Père, « riche en miséricorde » (Ep 2, 4), après avoir révélé son nom à Moïse comme « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34, 6) n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine de différentes manières et en de nombreux moments ».

II – Le cœur de notre foi : « Dieu est Amour »
« Il n’a pas cessé de faire connaître sa nature divine », c’est-à-dire ce qu’Il Est en Lui-même de toute éternité. Et nous retrouvons ici le cœur de notre foi. Le Pape François écrit d’ailleurs un peu plus loin (& 8): « Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Ecriture : « Dieu est amour » (1 Jn 4,8.16).
Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement. Les relations avec les personnes qui s’approchent de Lui ont quelque chose d’unique et de singulier. Les signes qu’il accomplit, surtout envers les pécheurs, les pauvres, les exclus, les malades et les souffrants, sont marqués par la miséricorde. Tout en Lui parle de miséricorde. Rien en Lui ne manque de compassion. »
« Dieu est amour », « un amour qui se donne gratuitement » pour le seul bien de la personne aimée. En tout ce qu’Il Est, « Dieu est amour » depuis toujours et pour toujours. Il ne sait donc faire qu’une seule chose : « aimer ». Or, aimer quelqu’un, c’est vouloir son bien et tout mettre en œuvre pour l’atteindre. « La miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et nous voir heureux, remplis de joie et de paix » (Pape François & 9). Voilà ce que Dieu veut pour tout homme sur cette terre, quel qu’il soit, car tous ont été créés par Lui « à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28), tous sont filles et fils d’un seul et même Père…

Jr 31,37-41 : « Je vais les rassembler (…), et je les ferai demeurer en sécurité… Je conclurai avec eux une alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien… Je trouverai ma joie à leur faire du bien,… de tout mon cœur et de toute mon âme. »
Et comment Dieu se propose-t-il de « nous faire du bien » ? En nous comblant de ses bienfaits. Et quels sont-ils ? Rien de moins que ce qu’Il Est en Lui-même… La volonté de Dieu sur toute l’humanité, sans aucune exception, est que nous partagions tous sa Plénitude de vie, de paix, et de joie… C’est ce que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, ne cesse de nous dire : « De même le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi… Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 6,57 ; 14,27 ; 15,11).

Et Dieu ne peut pas nous donner plus que ce qu’Il Est en Lui-même… « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24) ? « Recevez l’Esprit Saint » dit le Ressuscité à ses disciples (Jn 20,22), et « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22).
« « Dieu est amour » (1 Jn 4,8.16), un amour qui se donne gratuitement », dit le Pape François. Et un peu plus loin, il ajoute : « Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu nous aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour » (& 14). Ce que Dieu donne gratuitement, par amour, c’est en effet ce qu’Il Est tout entier, depuis toujours et pour toujours. Et « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), et « Dieu est Saint » (Lv 11,44-45 ; 17,1 ; 19,2). Il s’agit donc du Don de l’Esprit Saint, le Don de ce qu’il Est en Lui-même. Et par ce Don de « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13), nous sommes tous appelés à devenir pleinement, selon notre condition de créature, ce que Dieu Est de toute éternité ! Il ne peut y avoir de vocation plus grande, plus belle… Et c’est ce que Dieu veut pour tout homme… Or, nous dit le Psalmiste : « Tout ce que veut le Seigneur, il le fait » (Ps 135(134),6 ; 115(114),3). Et comment le fait-il ? En donnant gratuitement, par amour, ce qu’il Est en Lui-même depuis toujours et pour toujours : le Don de l’Esprit Saint…

III – Pour nous, pécheurs, l’Amour prend le visage de la Miséricorde
Ez 36,24-27 : (Vous qui avez profané mon Nom et qui avez été dispersés par suite de vos fautes), « je vous rassemblerai, je vous ramènerai vers votre sol…
Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés ;
de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai.
Et je vous donnerai un cœur nouveau,
je mettrai (Littéralement : je donnerai…) en vous un esprit nouveau,
j’enlèverai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair.
Je mettrai (je donnerai) mon Esprit en vous
et je ferai que vous marchiez selon mes lois
et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes. »

Le Don de l’Amour, répété ici quatre fois, devient donc, pour le pécheur souillé, « une Eau Pure » qui le « purifie de toutes ses ordures »… Toutes, sans aucune exception, dès lors que l’on accepte de les présenter à Dieu, et de le laisser agir…
Et si le pécheur, privé du Don de l’Amour, et donc d’une Plénitude de Vie, fait l’expérience d’un état de mort intérieure, ce Don qui lui est toujours fait, envers et contre tout, sera pour lui « Eau Vive » « qui vivifie »… C’est ce qu’affirme Ezéchiel au chapitre suivant, en montrant Dieu agissant pour des morts enfermés dans leurs tombeaux, réduits à l’état de squelette, et donc, ne pouvant vraiment plus rien faire par eux-mêmes ! Tout ce qui arrivera pour eux ne pourra donc qu’être le fruit de l’initiative gratuite de l’Amour, et du Don tout aussi gratuit de l’Amour :

Ez 37,4-14 : « Ossements desséchés (et donc en manque d’eau), écoutez la parole du Seigneur.
Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements.
Voici que je vais faire entrer en vous l’Esprit et vous vivrez…
Ainsi parle le Seigneur Dieu. Voici que j’ouvre vos tombeaux ;
je vais vous faire remonter de vos tombeaux, mon peuple,
et je vous ramènerai sur votre sol.
Vous saurez que je suis le Seigneur, lorsque j’ouvrirai vos tombeaux
et que je vous ferai remonter de vos tombeaux, mon peuple.
Je mettrai (Littéralement : Je donnerai) mon Esprit en vous et vous vivrez,
et je vous installerai sur votre sol, et vous saurez que moi, le Seigneur,
j’ai parlé et je fais, oracle du Seigneur » (cf. (Ps 135(134),6 ; 115(114),3).

Jésus ne dira pas autre chose… Souvenons-nous du Cantique de Zacharie où il s’agit de « faire l’expérience du salut par le pardon de nos péchés », et cela grâce à « l’Astre d’en Haut », Jésus « Lumière du monde » (Jn 8,12) qui a pris l’initiative de nous « visiter » pour donner l’Esprit de Lumière et de Vie « à ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort ». Nous retrouvons en ce texte « l’Amour Don gratuit de Lui‑même ». En effet, « ceux qui habitent dans les ténèbres » le sont par suite de leurs fautes. Et s’ils connaissent « l’ombre de la mort », c’est bien parce que « tous ont péché, et qu’ainsi la mort a passé en tous les hommes » (Rm 5,12). Mais, si « le salaire du péché c’est la mort, le don gratuit de Dieu », par Amour, « est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Et ce Don nous est très concrètement communiqué par « le Don du Saint Esprit » (Ac 2,38), cet « Esprit qui est Vie » (Ga 5,25), cet « Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), cet « Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2). Or « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). S’il nous donne « l’Esprit Saint », « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), alors il se donne Lui-même, il nous donne ce qu’Il Est en Lui-même depuis toujours et pour toujours. Tel est le propre de l’Amour qui ne cesse de se donner gratuitement, par amour, donnant cette Plénitude qui est la sienne à tout homme, quel qu’il soit, pour que nous puissions tous expérimenter nous aussi cette Plénitude et connaître ainsi
le vrai Bonheur… Le Christ ressuscité est ainsi « le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu (le Père) a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude », le Père la donnant au Fils de toute éternité, le Fils la recevant du Père de toute éternité en Fils « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu » (Crédo). Et Dieu a aussi jugé bon, poursuit St Paul, « que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel »… « Tous les êtres », et donc tout homme… C’est pourquoi « paix aux hommes de bonne volonté » (Lc 2,14), à tous les hommes de bonne volonté, où qu’ils soient, quels qu’ils soient… Et le mot « paix » dans la langue de Jésus ne renvoie pas seulement à l’absence de violence, mais il est synonyme de « plénitude », et donc de cette Plénitude d’Être et de Vie qui est la sienne de toute éternité. Voilà ce qu’il est venu nous offrir en nous proposant inlassablement, gratuitement, par amour, le Don de l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour et de Paix… « Je vous laisse la Paix, je vous donne ma Paix… La Paix soit avec vous… Recevez l’Esprit Saint » (Jn 14,27 ; 20,19-22)… Et par ce Don, si « en lui habite corporellement la Plénitude de la Divinité, vous vous trouvez en lui associés à sa Plénitude » (Col 2,9-10), un état qui est synonyme pour nous de vrai Bonheur… Nous ne serons en effet pleinement heureux qu’au jour où nous accepterons de recevoir, gratuitement, par Amour, ce Don que l’Amour ne cesse de faire de Lui-même, ce Don de l’Esprit dont le fruit est « amour, joie, paix » (Ga 5,22)…

Nous retrouvons tout ceci dans le discours de Jésus sur la Montagne, lorsqu’il disait aux foules rassemblées autour de lui :
Mt 5,3-12 : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
(4) Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
(5) Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
(6) Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
(7) Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
(8) Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
(9) Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
(10) Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
(11) Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. (12) Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! C’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »

Le mot « heureux » intervient neuf fois, trois fois trois… Or, le chiffre « trois » dans la Bible renvoie à Dieu en tant qu’il agit… Et étant donné que Dieu Est ce qu’il Est, et il « Est Amour » (1Jn 4,8.16), il ne cesse d’agir en tant qu’il ne cesse de se donner lui-même, de donner ce qu’Il Est en lui-même… Notre bonheur, « heureux », sera donc en nous le fruit du Don de Dieu accueilli dans nos cœurs, Don de son Esprit Saint, et donc de sa Plénitude d’Être et de Vie…
Et peu après, St Matthieu nous présente ce Dieu Amour proche de tout homme, qui ne cesse de se donner gratuitement à tout homme, gratuitement, par Amour, et cela pour son seul bonheur, son seul bien…
Mt 5,43-45 : « Vous avez entendu qu’il a été dit :
Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs,
afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux,
car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

« Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? « Le Seigneur fait donc lever son soleil sur les méchants et sur les bons » en donnant la Lumière de l’Esprit aux méchants comme aux bons… « Le Seigneur Dieu est un soleil, il est un bouclier ; le Seigneur donne la grâce », « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), « il donne la gloire », « l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu » (1P 4,14). « Jamais il ne refuse le bonheur à ceux qui vont sans reproche » (Ps 84(83),12), c’est-à-dire à ceux qui demeurent, de cœur, tournés vers Lui, dans la force comme dans la faiblesse… Et si par malheur pour lui l’homme lui tourne le dos, Dieu, de son côté, ne cesse d’être Lui-même, Amour qui se donne, gratuitement, par amour… Et c’est le Don qu’il fait de Lui-même, le Don de l’Esprit Saint, qui viendra frapper à la porte de son cœur fermé, comme le fait la pluie sur les volets et les portes de nos maison… Et il en sera ainsi, discrètement, avec douceur, mais avec fidélité, jusqu’à ce qu’elle s’ouvre, pour le plus grand bonheur du pécheur qui trouvera enfin, avec ce Don, le vrai bonheur… « Je me tiens à la porte et je frappe… Si tu m’ouvres ton cœur, je ferai chez toi ma demeure. Tu nous as faits pour toi Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi » (d’après Ap 3,20 et St Augustin).
Et si Jésus dit « Heureux les pauvres de cœurs, car le Royaume des Cieux est à eux », c’est bien « parce que votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32), gratuitement, par Amour. Et quelle réalité se cache derrière ce mot « Royaume » ? Un Mystère de Communion « dans l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3 ; 2Co 13,13), cet Esprit proposé gratuitement à tous pour le seul bien de tous : « Le règne de Dieu », le Royaume des Cieux, « n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

Nous avons vu comment Dieu « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons ». Et lorsque Jésus ajoute « et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes », il redit la même chose avec, cette fois, non plus l’image de la lumière, mais celle de l’eau. En effet, Dieu est souvent évoqué dans la Bible avec l’image d’une source : « Ils m’ont abandonné, moi, la Source d’Eau vive », dit-il en Jérémie (Jr 2,13 ; 17,13). Dieu est ainsi « Source d’Eau Vive », Don de l’Eau Vive et Pure de son Esprit (Jn 7,37-39), une Eau Vive qui « tombe en pluie sur les justes » pour les vivifier, les combler, leur offrir la Plénitude même de Dieu, une Eau Pure qui « tombe aussi en pluie sur les injustes » pour les inviter, en frappant à la porte fermée de leur cœur (Ap 3,20), à lui ouvrir, à se tourner vers Lui de tout cœur. Alors, cette Eau Pure les purifiera de toutes leurs ordures (Ez 36,24-28), et leur permettra d’accueillir à leur tour la Plénitude de la vie éternelle…

Eglise de Grand Ilet (Cirque de Salazie)
Notons avec ces images que nul homme sur cette terre n’est « juste » au sens de « sans péché »… « Tous sont soumis au péché… Il n’est pas de juste, pas un seul… Il n’est donc pas question de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde. » Ainsi, nous sommes tous « des vases de miséricorde que Dieu a d’avance préparés pour sa Gloire » en les appelant à se tourner vers Lui de tout cœur, tels qu’ils sont, avec toutes leurs blessures et leurs misères, pour se laisser remplir par le Don de Dieu, le Don de « l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu » (Rm 3,9-26 ; 9,16 ; 9,23 ; 1P 4,14).
Nous sommes tous, en effet, des pécheurs qui avons continuellement besoin d’être pardonnés, lavés, relevés, fortifiés, soutenus… « La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché », écrit notre pape François (&2). Et souvenons-nous du jour de son élection, le 13 mars 2013. Le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, écrit ainsi dans la préface du Livre du Pape François, « Amour, Service et Humilité » : « Aussitôt connus les résultats du cinquième scrutin du Conclave que nous venons de vivre, le Cardinal Bergoglio avait à répondre aux deux questions rituelles qui marquent la fin du Conclave et la levée du secret : « Acceptes-tu ton élection ? » et « Quel nom choisis-tu ? ». A la première, il a répondu : « Je suis pécheur et j’en ai conscience, mais j’ai une grande confiance dans la Miséricorde de Dieu. Puisque vous m’avez élu ou, plutôt, puisque Dieu m’a choisi, j’accepte. » »

Ainsi, « Dieu veut faire miséricorde à tous » (Rm 11,32), « il veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4), « et tout ce que veut le Seigneur il le fait » (Ps 115,3 ; 135,6). « Il le fait », très concrètement, en donnant la Plénitude de son Esprit à tout homme, pour son seul bien, gratuitement, par amour… Et c’est ainsi que le Dieu qui, éternellement, est Amour, prend pour nous, pécheurs, le visage de la Miséricorde, car au cœur de notre misère, nous sommes tous invités à faire l’expérience que Dieu, de son côté, n’a jamais cessé de nous aimer, et donc de se donner à nous, gratuitement, par amour…
IV – Ces entrailles de Miséricorde sont aussi « compassion » pour le pécheur.
En effet, si Dieu nous a tous créés pour être remplis par ses bienfaits, connaître la Plénitude de sa Vie, participer à sa Lumière et à sa Gloire, le péché qui est abandon de Dieu, fermeture à Dieu, repli sur soi, ne peut que nous priver de tous ces dons… « Tous ont péché et sont privés de la Gloire de Dieu » (Rm 3,23).
Or, être privé de ce pour quoi nous avons été faits ne peut qu’être synonyme de souffrance, de mal être, de pleurs, de tristesse… « Souffrance et angoisse à toute âme humaine qui s’adonne au mal » (Rm 2,9).
Et le cœur de Dieu est bouleversé de compassion lorsqu’il voit un homme, un de ses enfants, quel qu’il soit, souffrir, et cela quelque soit l’origine de sa souffrance, qu’il en soit responsable ou pas…
Os 11,7-8 : « Mon peuple est cramponné à son infidélité.
On les appelle en haut, pas un qui se relève !
Comment t’abandonnerais-je, Éphraïm, te livrerais-je, Israël ?
Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent ».

Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Le mot « bouleversé » est très fort ; précisément celui qui est employé à propos de la destruction des cités coupables », conséquence de leurs péchés… Osée laisse entendre que ces conséquences désastreuses sont « comme vécues d’avance dans le cœur de Dieu ».
Nous l’avons vu avec Osée, si l’homme est responsable de ses souffrances par suite du mal qu’il commet, Dieu, dans son Amour, ne peut que le presser à abandonner ce qui, en fait, malgré les apparences peut-être contraires, le plonge dans le mal être et la souffrance… Son seul désir est alors de tout nous pardonner, car Dieu ne regarde pas la faute en elle même, mais les conséquences de cette faute dans le cœur et la vie de celui qui l’a commise. Et encore une fois, son seul désir est de voir sa créature comblée par sa propre Plénitude.

Alors, le premier cadeau qu’il fera au pécheur, sera le pardon de toutes ses fautes, et cela dans une attitude de Joie ( Lc 15 ; Rm 12,8) qui sera au même moment consolation (2Co 1,3-7), réconfort, encouragement pour celui qui accepte de répondre ainsi à l’Amour… En Lc 15, « Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne » écrit le Pape François, car il ne poursuit que le bien de tous les hommes qu’il aime (Lc 2,14), et il se réjouit de voir ce « bien » triompher dans leur cœur et dans leur vie. « Nous y trouvons le noyau de l’Evangile et de notre foi », poursuit le Pape François, « car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant ».
« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cœur de Jérusalem et criez-lui que son service est accompli, que sa faute est expiée, qu’elle a reçu de la main du Seigneur deux fois le prix de toutes ses fautes » (Is 40,1), deux fois le prix de tout ce qu’elle aurait dû dépenser à l’époque pour acheter les animaux prescrits par la Loi et les offrir en sacrifices pour le pardon de ses péchés… Déjà, avec cette image d’Isaïe, nous avons la réalité de la surabondance de la Miséricorde de Dieu si bien exprimée par St Paul : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). « En lui », le Christ, « nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce, qu’Il nous a prodiguée, en toute sagesse et intelligence » (Ep 1,7)… « Je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10).

Face à toute souffrance, fut-elle provoquée par le mal, la seule attitude de Dieu est donc de consoler, réconforter, encourager, et inviter au repentir si cela est nécessaire… « J’entendis alors une voix clamer, du trône : Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux ; ils seront son peuple, et lui, Dieu‑avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21,3-4 ; cf. 2Co 1,3-7).
Et cette réaction de Dieu est très concrètement manifestée dans les Evangiles chaque fois que le Christ est en relation avec des personnes qui souffrent… Le verbe « être bouleversé jusqu’au plus profond de ses entrailles » est ainsi employé trois fois pour Dieu (Mt 18,27 ; Lc 1,78 ; 15,20), une fois pour le bon Samaritain (Lc 10,33), et neuf fois pour le Christ (Mt 9,36 ; 14,14 ; 15,32 ; 20,34 ; Mc 1,41 ; 6,34 ; 8,2 ; 9,22 ; Lc 7,13), et cela presque toujours pour rendre compte de son intervention miraculeuse… Ce verbe traduit d’abord une émotion physique, une authentique compassion devant l’état misérable du prochain (Lc 10,33), littéralement un mouvement des entrailles suscité par la vue (Lc 7,13 ; 10,33 ; 15,20). Traduire par « il eut pitié », écrit le P. Ceslas Spicq, serait donc presque un contre-sens ; « il fut pris (ou saisi) de pitié » serait meilleur ; le sens exact est : « il ressentit une viscérale compassion »[2]. Le Pape François écrit : « La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon » (& 6).
Regardons les textes où le Christ intervient. « Ce qui animait Jésus en toute circonstance n’était rien d’autre que la miséricorde avec laquelle il lisait dans le cœur de ses interlocuteurs et répondait à leurs besoins les plus profonds » (Pape François &8).

1 – Mc 1,40-45 (v. 41) : « Un lépreux vient auprès de lui ; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » (41) Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » (42) À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. (43) Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt (44) en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » (45) Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui. »

2 – Mc 6,30-44 (v. 34) : « Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. (31) Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. (32) Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. (33) Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. (34) En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. »
Jésus voit « qu’ils étaient comme des brebis sans berger ». Alors, « bouleversé jusqu’au plus profond de lui-même », il agit en Pasteur qui guide son troupeau par sa Parole, au son de sa voix, et lui indique ainsi le chemin à suivre… « Et il se mit à les enseigner longuement ». Ce « longuement » souligne sa générosité. Il répond toujours à tous nos besoins en surabondance… « Mon Dieu comblera tous vos besoins, selon sa richesse, avec magnificence, dans le Christ Jésus » écrivait St Paul (Ph 4,19). C’est pourquoi, il invitait à se tourner vers lui « en tout besoin » : « N’entretenez aucun souci ; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus » (Ph 4,6-7).
Mais à parler longuement, l’heure avancera… La nuit tombe, et les endroits où l’on peut se ravitailler sont loin… Alors là aussi, les besoins de cette foule ne laisseront pas son cœur insensible, et ce sera la multiplication des pains…

En St Matthieu (Mt 14,14), dès qu’il descend de la barque, Jésus voit des infirmes et leur situation le bouleverse : il les guérira tous… « En débarquant, il vit une foule nombreuse et il fut saisi de compassion envers eux ; et il guérit leurs infirmes ». « Face à la multitude qui le suivait », écrit le Pape François, « Jésus, voyant qu’ils étaient fatigués et épuisés, égarés et sans berger, éprouva au plus profond de son cœur, une grande compassion pour eux (cf. Mt 9,36). En raison de cet amour de compassion, il guérit les malades qu’on lui présentait et il rassasia une grande foule avec peu de pains et de poissons (cf. Mt 15,37). »

Intérieur de l’Eglise de Grand Ilet
3 – Mc 8,1-10 (v. 2 ; cf. Mt 15,32) : « En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : (2) « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. (3) Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. » Et ce sera à nouveau une multiplication des pains…

4 – Mc 9,22 : ici, c’est le père d’un enfant épileptique qui fait appel à la compassion de Jésus. Il s’est d’abord adressé à ses disciples, mais ils n’ont rien pu pour lui… Alors, il vient voir directement Jésus et lui dit : « Si tu peux quelque chose, viens à notre secours, par compassion envers nous ! » « Jésus lui déclara : « Pourquoi dire : “Si tu peux”… ? Tout est possible pour celui qui croit. » Aussitôt le père de l’enfant s’écria : « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! » » (Mc 9,23‑24).

5 – Mt 20,29-34 (v. 34) : « Tandis que Jésus avec ses disciples sortait de Jéricho, une foule nombreuse se mit à le suivre. (30) Et voilà que deux aveugles, assis au bord de la route, apprenant que Jésus passait, crièrent : « Prends pitié de nous, Seigneur, fils de David ! » (31) La foule les rabroua pour les faire taire. Mais ils criaient encore plus fort : « Prends pitié de nous, Seigneur, fils de David ! » (32) Jésus s’arrêta et les appela : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » (33) Ils répondent : « Seigneur, que nos yeux s’ouvrent ! » (34) Saisi de compassion, Jésus leur toucha les yeux ; aussitôt ils retrouvèrent la vue, et ils le suivirent. »

6 – Lc 7,11-17 (v. 13) : « Par la suite, Jésus se rendit dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. (12) Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on emportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule importante de la ville accompagnait cette femme. (13) Voyant celle-ci, le Seigneur fut saisi de compassion pour elle et lui dit : « Ne pleure pas. » (14) Il s’approcha et toucha le cercueil ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » (15) Alors le mort se redressa et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. (16) La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu en disant : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » » (17) Et cette parole sur Jésus se répandit dans la Judée entière et dans toute la région. »
« Lorsqu’il rencontra la veuve de Naïm qui emmenait son fils unique au tombeau, il éprouva une profonde compassion pour la douleur immense de cette mère en pleurs, et il lui redonna son fils, le ressuscitant de la mort » (Pape François &8).

Nous conclurons en deux points :
1 – « Après avoir libéré le possédé de Gerasa, il lui donna cette mission : « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Mc 5, 19). L’appel de Matthieu est lui aussi inscrit sur l’horizon de la miséricorde. Passant devant le comptoir des impôts, Jésus regarda Matthieu dans les yeux. C’était un regard riche de miséricorde qui pardonnait les péchés de cet homme, et surmontant les résistances des autres disciples, il le choisit, lui, le pécheur et le publicain, pour devenir l’un des Douze » (Pape François &8), ces Douze que Jésus avait choisi « pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » la Bonne Nouvelle de l’Amour (Mc 3,13‑19).

En accueillant pour nous mêmes le pardon de toutes nos fautes donné en surabondance par Jésus, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,76-79), en découvrant l’absolue gratuité de l’Amour qui comble d’autant plus, par amour, ceux qui en ont le plus besoin, c’est-à-dire les plus grands pécheurs (Lc 5,31-32), ceux qui, à leurs propres yeux et aux yeux des hommes, ne méritent surtout pas ce qu’ils ont reçu, nous sommes ensuite invités à travailler le plus possible avec le Christ pour que le plus grand nombre puisse aussi bénéficier gratuitement, par amour, de tous ces bienfaits… Car là se cache la vraie vie, la vraie joie, la vraie paix, un trésor devant lequel tout le reste ne peut que faire pâle figure… « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4). « Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète ce champ. (45) Ou encore : Le royaume des Cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. (46) Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède, et il achète la perle » (Mt 13,44-46).
Les disciples de Jésus sont donc avant tout invités à être les heureux témoins de cette Miséricorde infinie qu’ils ont accueillie pour eux-mêmes… Apparaissant à ses disciples, le Christ ressuscité leur dit (Lc 24,46-48) : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, (47) et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. (48) À vous d’en être les témoins » (Lc 24,46-48). Témoins de la Résurrection, mais aussi témoins qu’une « conversion » sincère est aussitôt comblée par « le pardon des péchés » donné en surabondance… « Annonce tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Mc 5, 19).

2 – Nous sommes aussi tous invités à faire miséricorde à tous ceux et celles qui nous entourent, comme le Seigneur lui-même nous a faits miséricorde… Reprenons cet extrait du Pape François que nous avons déjà cité peu après le début du second point, mais que nous allons reprendre en allant plus loin, jusqu’à nous, jusqu’à notre agir qui devrait être « à l’image et ressemblance » (Gn 1,26-27) de celui de Dieu : « La miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c’est-à-dire qu’il veut notre bien et nous voir heureux, remplis de joie et de paix. L’amour miséricordieux des chrétiens doit être sur la même longueur d’onde. Comme le Père aime, ainsi aiment les enfants. Comme il est miséricordieux, ainsi sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres » (& 9). « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36 ; Nouvelle Traduction Liturgique). « Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » (Lc 6,36 ; Bible de Jérusalem). « Soyez généreux comme votre Père est généreux » (Lc 6,36 ; TOB). Telle est l’invitation que Jésus nous lance avec ce seul texte du Nouveau Testament où la notion « d’entrailles » de miséricorde et de compassion est appliquée à un homme, un Samaritain (Lc 10,25-37) : « Et voici qu’un docteur de la Loi se leva et mit Jésus à l’épreuve en disant : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » (26) Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » (27) L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. » (28) Jésus lui dit : « Tu as répondu correctement. Fais ainsi et tu vivras. »
(29) Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » (30) Jésus reprit la parole : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé et roué de coups, s’en allèrent, le laissant à moitié mort. (31) Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté. (32) De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
(33) Mais un Samaritain, qui était en route, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de compassion. (34) Il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. (35) Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : “Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.”
(36) Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » (37) Le docteur de la Loi répondit : « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »

« En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux, et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux. Accueillons donc la demande de l’apôtre : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » (Ep 4, 26). Ecoutons surtout la parole de Jésus qui a établi la miséricorde comme idéal de vie, et comme critère de crédibilité de notre foi : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). C’est la béatitude qui doit susciter notre engagement tout particulier en cette Année Sainte » (Pape François &9).
Et devenir de plus en plus miséricordieux pour les autres sera aussi le fruit de l’accueil de la Miséricorde de Dieu pour nous-mêmes. En effet, si nous acceptons de nous reconnaître pécheurs, de tout cœur, en reconnaissant et en offrant à Dieu en vérité toutes nos misères, Jésus, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), le fera par le Don de l’Esprit Saint, Eau Pure qui purifie, Eau vive qui vivifie (Ez 36,24-28 ; Jn 4,10-14 ; 7,37-39 ; Ga 5,25)… Et puisque cet Esprit est l’Esprit de Dieu, de ce Dieu qui « Est Amour » (1Jn 4,8.16), Amour Pur, Gratuit, et donc Amour Miséricordieux face à notre misère, ce Don reçu pour nous-mêmes ne pourra que nous pousser à aimer à notre tour avec cette dynamique propre à l’Amour : offrir son pardon à l’autre dans la seule recherche de son bien… Si l’accueil du Don de Dieu pour nous-mêmes est authentique, il ne peut en être autrement… « Pardonnez‑vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte ; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour » (Col 3,13), car « l’Amour de Dieu », l’Amour avec lequel Dieu nous aime, l’Amour Miséricordieux dont nous sommes les premiers heureux bénéficiaires, « a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et « le fruit de
cet Esprit » d’Amour ne peut qu’être « amour, joie, paix, douceur, bienveillance » (Ga 5,22)… Alors, « heureux les miséricordieux », heureux celles et ceux qui font miséricorde, car ils ne peuvent que vivre sous la mouvance de l’Esprit d’Amour et de Miséricorde, un Esprit dont le premier fruit en eux sera « joie », et donc bonheur profond… L’agir chrétien apparaît ainsi non pas comme étant avant tout le fruit de nos efforts, mais comme « le fruit de l’Esprit » accueilli gratuitement du « Père des Miséricordes », alors mêmes que, pécheurs, nous nous remettons entièrement entre ses mains… « Vous étiez morts par suite des fautes et des péchés dans lesquels vous avez vécu jadis… Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ. C’est par grâce que vous êtes sauvés ! Avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu par là démontrer dans les siècles à venir l’extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions » (Ep 2,4-10), les « bonnes œuvres » de la Miséricorde… Alors « heureux les miséricordieux », car leur attitude prouve qu’ils ont reçu en vérité la Miséricorde de Dieu pour eux-mêmes, ce Don de Dieu qui ne peut qu’être synonyme pour eux de Bonheur profond… DJF
[1] BAILLY M.A., » splagkhnon « , Dictionnaire Grec-Français (Paris 1930) p. 1779.
[2] SPICQ C., » splagkhna, splagkhnizomai », Lexique théologique du Nouveau Testament (Paris 1991) p. 1409s.
Les entrailles de Miséricorde de notre Dieu (2) : en cliquant sur le titre précédent, vous accédez à cet article en format PDF pour lecture ou éventuelle impression.
Pour un texte plus complet, avec notamment les expressions grecques :
https://www.sedifop.com/les-entrailles-de-misericorde-de-notre-dieu-conseil-diocesain-de-pastorale-14012016/
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1 – Auteur, date et lieu de rédaction
L’Evangile lui-même ne donne aucune indication quant à son auteur… Par contre, des textes anciens parlent de St Luc :
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Le « canon de Muratori », écrit très certainement à Rome vers la fin du 2°siècle après Jésus Christ : « Le troisième livre de l’Evangile est selon Luc. Luc est ce médecin qui, après l’ascension du Christ, fut emmené par Paul comme compagnon de voyage et qui écrivit en son nom selon sa pensée ; cependant, il ne vit pas lui-même le Seigneur en sa chair ; pour cela, il commence son récit à partir de la naissance de Jean ».
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Irénée, premier Evêque de Lyon, écrit vers 180 après Jésus Christ : « Luc, le compagnon de Paul, a consigné en un livre l’évangile que celui-ci prêchait ». Il dit ailleurs qu’il aurait écrit après la mort de Paul.
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Clément d’Alexandrie (mort vers 210-215 après Jésus Christ) justifie son affirmation que le Christ est né sous Auguste en disant : « C’est écrit dans l’Evangile de Luc ». Et il compare la relation que Marc avait avec Pierre à celle de Luc avec Paul.
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Dans le Prologue antimarcionite (écrit du début du 4° siècle après Jésus Christ contre l’hérésie développée par Marcion : il rejetait le « Dieu de l’Ancien Testament » pour ne retenir que « le Dieu de Jésus Christ »… Cette position est extrême car l’Ancien Testament prépare la venue du Christ et permet de mieux le découvrir. Par contre, il est vrai qu’il contient des affirmations « dépassées et imparfaites » (Concile Vatican II) qui témoignent du lent cheminement d’Israël, à la lumière de l’Esprit Saint, vers la vérité toute entière…).

St Luc peignant la Vierge Marie (Rogier van der Weyden, environ 1440 av.JC).
Ce « Prologue antimarcionite » nous présente donc St Luc comme un « Syrien originaire d’Antioche, médecin, disciple des Apôtres ; plus tard, il a suivi Paul jusqu’à son martyre. Servant le Seigneur sans faute, il n’eut pas de femme, il n’engendra pas d’enfant, il mourut en Béotie, plein du Saint Esprit, âgé de 80 ans. Ainsi donc, comme des évangiles avaient déjà été écrits, par Matthieu en Judée, par Marc en Italie, c’est sur l’inspiration du Saint Esprit qu’il écrivit dans les régions de l’Achaïe (Grèce) cet évangile ; il expliquait au début que d’autres (évangiles) avaient été écrits avant le sien, mais qu’il lui avait paru de toute nécessité d’exposer à l’intention des fidèles d’origine grecque un récit complet et soigné des évènements »…
A ces quelques éléments de la tradition, ajoutons le fait que le Livre des Actes des Apôtres, qui décrit l’expansion de l’Eglise primitive grâce au dynamisme de l’Esprit Saint, a été lui aussi écrit par St Luc. Au départ, il l’avait voulu comme la suite logique de son Evangile et les deux ouvrages n’en formaient qu’un seul. Mais très vite, l’Eglise primitive sépara tout ce qui concernait plus spécialement la vie et le ministère de Jésus, sa Passion, sa mort et sa Résurrection pour l’associer aux trois autres Evangiles, ceux de St Matthieu, de St Marc et de St Jean.
Nous avons vu que la tradition nous parle souvent d’un lien entre Luc et Paul. De fait, le Livre des Actes des Apôtres nous transmet un certain nombre de passages où l’auteur emploie des « nous » qui l’associent à St Paul (Actes 16,10-17 ; 20,5‑21,18 ; 27,1‑28,16). Ces textes semblent donc confirmer que St Luc était bien un compagnon de voyage de St Paul dans les années 55-60. Enfin, notons que la finale de la lettre aux Colossiens, écrite par St Paul ou l’un de ses disciples, parle de St Luc en termes de « cher médecin » : « Vous avez les salutations de Luc, le cher médecin, et de Démas » (Colossiens 4,14 ; cf. Philémon 24 et 2Timothée 4,11).
Comme tous les auteurs du Nouveau Testament, St Luc écrit en grec, mais c’est lui qui a le plus beau style. « On peut en conclure », écrit François Bovon, « qu’il a fait de bonnes études… A mon avis, Luc est un Grec qui s’est tourné de bonne heure vers la religion juive. Il appartient à ce milieu de sympathisants que l’on caractérisait comme « craignant Dieu ». C’est dans ce milieu qu’il apprit à connaître l’Evangile et qu’il devint chrétien. Comme il le dit clairement dans le prologue, il appartient à la seconde ou à la troisième génération de l’Eglise et n’a donc pas de souvenirs personnels ni de contact direct avec les évènements qu’il relate » (L’Evangile selon Saint Luc (Genève 1991) p. 27). Contrairement à St Matthieu, St Marc et St Jean, St Luc n’a donc pas connu Jésus pendant sa vie terrestre, il ne l’a pas suivi sur les routes de Palestine… Il l’a rencontré dans la foi, comme nous, et il a découvert « les entrailles de Miséricorde » d’un Dieu tout spécialement attentif aux petits, aux pauvres, aux pécheurs, aux méprisés. Aussi, décrit-il le Christ, son Seigneur, avec beaucoup de respect et d’admiration en soulignant souvent sa majesté, la grandeur de son oeuvre de Salut et la joie qu’il ne cesse de semer autour de Lui. St Luc, qui n’a pas connu le Christ « en sa chair », est aussi l’Evangéliste qui met le plus en relief le rôle de l’Esprit Saint et l’importance de la prière, en nous offrant très souvent comme exemple le Seigneur Jésus Lui-même.

2 – Les destinataires de l’Evangile
Si François Bovon s’imagine St Luc rédigeant son Evangile « installé sur le pont d’un bateau ou dans une maison accueillante » (L’œuvre de Luc (Lectio Divina 130, Paris 1987) p. 24-25), d’autres le voient écrivant en Grèce, à Antioche ou à Rome. Pierre Marie Beaude (Qu’est ce que l’Evangile ? (Cahiers Evangiles 96, Paris 1996)) constate en tout cas que « bien des indices pointent vers des croyants de culture grecque, peu familiers – comme St Luc, semble-t-il – de la Palestine ».
Retenons trois exemples :
a) Dans la guérison du paralytique, Luc parle d’un toit en tuiles de type gréco-romain, bien différent de ceux de Palestine faits de branchages et de terre battue (comparer Luc 5,19 et Marc 2,4).
b) Luc explique la coutume de monter à Jérusalem pour la fête de la Pâque (Luc 2,41-42), ce qui, pour un Juif, est une évidence.
c) Il précise enfin, comme on le ferait pour des interlocuteurs grecs, qu’Arimathie est « une ville juive » (23,51).
Le plan des deux premiers chapitres de l’Evangile selon St Luc
Un rapide regard sur ces deux premiers chapitres permet de découvrir deux personnages principaux : Jésus et Jean‑Baptiste. Tout s’articule et s’organise autour d’eux: annonciations de la naissance de l’un et de l’autre, rencontre des deux futures mères (la Visitation), puis récits de leur naissance. Une telle façon de faire permet de comparer ce qui est dit de Jésus avec ce qui a été dit de Jean-Baptiste. Si les parcours se ressemblent, des différences apparaissent : elles laissent percevoir toute l’originalité du mystère de Jésus, lui qui est tout à la fois vrai Dieu et vrai homme.
A) Les deux annonciations (1,5-56)
Annonce de la naissance de Jean
(1,5-25)
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Annonce de la naissance de Jésus
(1,26-38)
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Présentation des parents
Apparition de l’Ange
Trouble de Zacharie
« Ne crains pas… »
Annonce de la naissance
Question: « Comment le saurai-je? »
Réponse – Réprimande de l’ange
Signe: « Voici que tu seras muet… »
Silence contraint de Zacharie
Départ de Zacharie
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Présentation des parents
Entrée de l’Ange
Trouble de Marie
« Ne crains pas… »
Annonce de la naissance
Question: « Comment cela se fera-t-il? »
Réponse – Révélation de l’ange
Signe: « Voici que ta cousine… »
Réponse spontanée de Marie
Départ de l’Ange
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Episode complémentaire: La visitation (1,39-56)
avec le Magnificat (1,46-55) et en conclusion le retour de Marie à Nazareth (1,56)
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B) Les deux naissances (1,56 – 2,52)
Naissance de Jean (1,57-58)
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Naissance de Jésus (2,1-20)
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Joie autour de la naissance
avec des éléments de cantique en 1,58.
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Joie autour de la naissance
Cantique des Anges et des bergers
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Circoncision et manifestation
de Jean (1,57-80)
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Circoncision et manifestation
de Jésus (2,21)
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Première manifestation du Prophète
Cantique de Zacharie (Benedictus)
Conclusion: refrain de la croissance (1,80)
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Manifestation du Sauveur à Jérusalem
Cantique de Syméon (Nunc Dimitis)
Episode d’Anne (1,36-38)
Conclusion: refrain de la croissance (2,40)
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Episode complémentaire: Jésus au Temple parmi les docteurs (2,41-52)
avec en conclusion le refrain de la croissance (2,52)
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D. Jacques Fournier
Fiche 2M n°1 – Introduction Lc : cliquer sur le titre précédent pour ouvrir le document PDF
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Selon l’affirmation de Rudolf Bultmann, célèbre théologien, exégète et historien allemand du XXe siècle, ce que l’on pourrait estimer de sûr quant à l’existence de Jésus de Nazareth tiendrait en à peine une page. Si, depuis cette conclusion, les recherches ont permis de faire avancer notre connaissance et nos certitudes, il est du devoir de l’historien d’admettre que peu de faits sont saisissables en dehors du prisme de la foi. Devenir spécialiste des origines du christianisme – et notamment de l’historicité de Jésus – est un pari audacieux que l’on ose par passion et conviction. S’il est un point sur lequel nous pouvons être en accord avec Bultmann et qui concilie Histoire et croyance, c’est que la crucifixion de Jésus de Nazareth est à la foi le pilier de l’identité chrétienne mais également l’événement historique le plus assuré concernant la réalité physique de son existence.
Dans l’optique de la conférence exceptionnelle qui se tiendra le 1er septembre prochain à la Maison Diocésaine de Saint-Denis relative au Suaire de Turin, il a paru important de présenter quelques rappels historiques majeurs sur les circonstances ayant entouré le procès, la condamnation et l’exécution de Jésus de Nazareth. Il n’est pas du ressort de l’historien de traiter de la Résurrection dont la réalité si évidente pour la foi du chrétien ne peut être envisagée sous l’angle de la recherche pragmatique. Il s’agit avant tout de proposer aux participants de cette conférence des clés de compréhension permettant de saisir ce qui y sera abordé.
Un procès en deux temps
Lorsque Jésus est arrêté au Jardin de Gethsémani, il s’agit de l’initiative des Saducéens (les prêtres du Temple de Jérusalem) dont l’origine se trouve probablement dans ce que l’on appelle communément l’ « Attentat du Temple », à savoir l’expulsion des marchands et changeurs ayant provoqué sans doute une grave crise dans l’économie du sanctuaire. Le rôle de Judas l’Iscariote est difficile à cerner et pourrait faire l’objet d’une analyse à part entière ; il n’est donc pas utile de l’aborder ici. Tout le monde sera d’accord pour reconnaitre la première phase de procès si bien décrite par Jn notamment, celle de la comparution devant Anne et Caïphe. Nous tenons ici le cœur même de cette procédure : Jésus est appréhendé sur décision du Sanhédrin pour un motif ayant trait au judaïsme de son époque. Il ne faut pas oublier que si l’autorité romaine détient seule à cette époque le droit de vie ou de mort, les prêtres ont tout à fait possibilité de statuer sur des motifs religieux en tant qu’assemblée souveraine en ce domaine. Il n’y a rien donc rien d’anormal. Le Talmud présente d’ailleurs ce procès sous l’angle d’une démarche purement doctrinale. La difficulté pour les Saducéens sera de traduire cette condamnation quasi-unanime des autorités sacerdotales en langage juridique familier au Préfet (Ponce Pilate) devant lui-même être en accord avec les impératifs de la Loi de Rome (Mos Maiorum). Celui-ci est le seul habilité à prononcer une condamnation à la peine capitale mais ne peut le faire arbitrairement, au vu du contrôle strict exercé par le pouvoir impérial sur la droiture de ses représentants. Il est important de souligner ici que l’objectif des prêtres est d’obtenir une condamnation à la crucifixion (ce sur qui nous reviendrons plus bas), châtiment très employé par les Romains bien qu’ils ne l’aient pas inventé. Deux options s’offrent alors : soit le Préfet reconnaît l’accusé coupable en vertu de la Loi romaine, soit il accepte d’accorder aux autorités du Temple le droit d’exécution de manière exceptionnelle afin d’éviter tout trouble en cette période agitée de Pâque juive (Pessah). Commence alors la seconde phase du procès, celle se déroulant devant Pilate. Avec un peu d’honnêteté intellectuelle, tout lecteur du Nouveau Testament constatera que le Préfet n’a aucun motif de prononcer une condamnation à la croix concernant Jésus. Historiquement, cela se vérifie aisément car il n’est pas passible de cette mort honnie des citoyens romains dans les textes de la Loi. Pilate ne reconnaît pas en lui un séditieux avéré (seul motif qui aurait pu s’appliquer). A Rome, la crucifixion est le châtiment des esclaves et des grands criminels ; elle n’est pas décidée à la légère et est totalement exclue dans le cadre de la condamnation d’un citoyen romain (Cicéron en sera l’un des meilleurs démonstrateurs en tant qu’avocat). Sous la pression des prêtres, Pilate finira par opter pour la seconde solution : livrer l’accusé en autorisant les gardes du Temple à procéder à l’exécution. Mais pourquoi avoir réclamé à grands cris la croix alors que la peine qui aurait du être appliquée (toujours selon le Talmud) est la lapidation ?
Le châtiment et l’exécution de Jésus : retour sur un événement obscur
Selon Deutéronome 21, 23, celui qui est pendu sur le bois (comprenons crucifié) est maudit. Cela implique dans le judaïsme du Ier siècle un effacement total de la mémoire du condamné devenu impur aux yeux de l’Eternel. En ce qui concerne Jésus, on aperçoit alors aisément l’utilité d’une telle exécution : l’enseignement dispensé par le maître deviendra caduc. La portée symbolique est d’une importance considérable. Certains ont rétorqué pendant longtemps que la croix était un supplice totalement romain dans ces contrées (Flavius Josèphe racontera son utilisation intensive par le général et futur Empereur Titus lors du siège de Jérusalem en 70 ; on peut également citer les nombreuses mises en croix épisodiques de Zélotes par les soldats ou, bien avant, les 2000 crucifiés par ordre du légat Varus à la mort d’Hérode le Grand). En réalité, il a été clairement démontré que la croix était utilisée par les autorités judéennes (notamment par Emile Puech, professeur à l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem). En définitive, Pilate n’est responsable que de deux faits : la flagellation (prescrite pour corriger un trublion) et la crucifixion des brigands relevant bel-et-bien de l’autorité impériale cette fois. C’est ce qui expliquera la présence de soldats romains au pied de la croix lorsque Jésus expire. Le Suaire de Turin montre effectivement l’image d’un homme indubitablement crucifié à la manière antique ; s’il s’agit de Jésus de Nazareth, nous sommes probablement en présence d’un témoignage unique de crucifixion judéenne. On peut néanmoins remarquer sur le corps de l’homme les nombreuses marques de flagellation. Extrêmement rigoureux et codifié, ce supplice pouvait effectivement coûter la vie à celui qui y était soumis. Les bourreaux utilisaient un flagrum, fouet à plusieurs lanières de cuir terminées par des éclats de plomb ou d’ossements destinés à déchirer les chairs du malheureux. La perte de sang devait être importante, ce qui explique l’état de faiblesse de Jésus lors du sinistre parcours vers le Golgotha. Pilate ayant concédé aux autorités sacerdotales la permission de mettre à mort l’accusé, Jésus sera placé dans le cortège expédiant deux autres « larrons » à la mort. Il porte alors le patibulum, c’est-à-dire la poutre transversale du gibet et non la croix dans son intégralité (nous le savons par les dires de nombreux auteurs antiques). Sur ce qui se passe au lieu de l’exécution, les évangiles sont extrêmement peu clairs. C’est en 1968 que des archéologues retrouveront auprès de Jérusalem les ossements d’un homme crucifié et établiront le déroulement probable de la mise à mort. Au début du siècle dernier, un médecin bien connu – le Dr Barbet – avait déjà abouti à de solides conclusions, confirmées par la découverte des ossements mais aussi le Suaire. Jésus a certainement été cloué sur le patibulum par les poignets (voire entre les os de l’avant bras) et ensuite hissé sur la poutre verticale (appelée stipes et plantée en permanence sur le lieu des supplices). La section du nerf médian au poignet entraine chez le condamné la rétraction incontrôlable du pouce au cœur de la paume ; ceci explique certainement le fait que l’homme du Suaire ne possède que quatre doigts visibles à chaque main… Ceci n’est qu’un exemple des multiples détails révélés par l’analyse minutieuse de la relique. Les pieds sont ensuite eux-mêmes cloués (le crucifié retrouvé en 1968 avait été fixé par les talons, le clou étant encore fixé dans son calcaneum). Le mort se produit ensuite par lente asphyxie, le crucifié devant se hisser pour respirer et donc s’appuyer sur ses blessures. L’agonie est estimée à une dizaine d’heures en moyenne avant que l’effort intense ne provoque une tétanie complète du corps et une incapacité à reprendre son souffle. Les évangiles relatent une période de six heures avant que Jésus meure ; Mc évoque d’ailleurs un épisode unique, celui de Pilate s’étonnant d’une mort aussi rapide. De nombreuses théories ont été évoquées, toutes défendables : arrêt cardiaque, rupture d’anévrisme, accélération de la mort par le fait d’avoir bu la boisson vinaigrée, apoplexie… On remarque que l’homme du Suaire, de même que Jésus, n’a pas subi le crurifragium ou brisement des jambes bien connu par les sources antiques, destiné à abréger les souffrances en provoquant une asphyxie quasi-instantanée. En revanche, une plaie rappelant une lance plate (lancea) est bien visible au côté gauche. Selon Jn, il en coula du sang et de l’eau ; effectivement, porté dans la région de la plèvre et du péricarde, il a été constaté que la blessure transperce une zone contenant un important œdème très certainement accentué par les efforts fournis par le supplicié. Restent les coulées de sang au front rappelant sans équivoque les épines de la couronne de dérision, détail totalement propre à l’exécution de Jésus. On pourrait également évoquer les ecchymoses, tuméfactions et traumatismes divers. Constatation ultime : l’homme n’a pas été laissé à la merci des oiseaux de proie ou des chacals, sort hélas ordinaire des cadavres abandonnés sur les croix. Deux pièces de monnaie ont été posées sur ses yeux lors de sa probable mise au tombeau, conformément à l’usage du Ier siècle. On est bien entendu tentés de reconnaître ici l’intervention de Joseph d’Arimathie ayant évité au maître de connaître le sort des condamnés anonymes. On peut également y voir l’impératif de la Pâque nécessitant un retrait rapide des corps en vertu de la Loi de Moïse. L’homme a été mis au sépulcre à la manière attestée dans les coutumes judéennes de l’époque. Mais nous entrons à présent dans un mystère qui n’est plus du ressort de l’historien et vit pleinement dans le cœur du croyant : celui du troisième jour.
Abordé ici de manière succincte – voire lapidaire, l’épisode de la mort de Jésus est aux yeux de l’historien un événement de première importance. Il faut souligner qu’il est le seul datable avec précision (même si cela ne demeure pas sans polémiques). La présentation ici réalisée n’a qu’un objectif : donner au croyant des éléments de réponse et de compréhension, que ce soit pour la conférence qui se tiendra prochainement mais aussi pour sa réflexion de tous les jours. Le Suaire de Turin est un témoignage unique et presque insaisissable du lien existant entre la foi et l’étude des faits. Les deux ne sont pas contradictoires. L’Histoire n’a pas pour vocation de détruire la foi. L’Histoire nourrit la foi. Elle a consolidé la mienne…
Yannick Leroy
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St Jean l’affirme par deux fois : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16)…
« Dieu n’est qu’Amour », écrit de son côté le P. François Varillon. « Tout est dans le « NE QUE ». Dieu est-il Tout-Puissant ? Non, Dieu n’est qu’Amour, ne venez pas me dire qu’il est Tout-Puissant. Dieu est-il, Infini ? Non, Dieu n’est qu’Amour, ne me parlez pas d’autre chose. Dieu est-il Sage ? Non. A toutes les questions que vous me poserez, je vous dirai : non et non, Dieu n’est qu’amour.
Dire que Dieu est Tout-Puissant, c’est poser comme toile de fond une puissance qui peut s’exercer par la domination, par la destruction. Il y a des êtres qui sont puissants pour détruire… Beaucoup de chrétiens posent la toute-puissance comme fond de tableau puis ajoutent, après coup : Dieu est Amour, Dieu nous aime. C’est faux ! La toute-puissance de Dieu est la toute puissance de l’amour, c’est l’amour qui est tout puissant !
On dit parfois : Dieu peut tout ! Non, Dieu ne peut pas tout, Dieu ne peut que ce que peut l’Amour. Car il n’est qu’Amour. Et toutes les fois que nous sortons de la sphère de l’amour nous nous trompons sur Dieu et nous sommes en train de fabriquer je ne sais quel Jupiter.

J’espère que vous saisissez la différence fondamentale qu’il y a entre un tout-puissant qui vous aimerait et un amour tout-puissant. Un amour tout-puissant, non seulement n’est pas capable de détruire quoi que ce soit mais il est capable d’aller jusqu’à la mort. J’aime un certain nombre de personnes, mais mon amour n’est pas tout-puissant, je sais très bien que je ne suis pas capable de tout donner pour ceux que j’aime, c’est-à-dire de mourir pour eux.
En Dieu, il n’y pas d’autre puissance que la puissance de l’amour et Jésus nous dit (c’est lui qui nous révèle qui est Dieu) : « Il n’y pas de plus grand amour que de mourir pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Il nous révèle la toute-puissance de l’amour en consentant à mourir pour nous. Lorsque Jésus a été saisi par les soldats, ligoté, garrotté au Jardin des Oliviers, il nous dit lui-même qu’il aurait pu faire appel à des légions d’anges pour l’arracher aux mains des soldats. Il s’est bien gardé de le faire car il nous aurait alors révélé un faux Dieu, il nous aurait révélé un tout-puissant au lieu de nous révéler le vrai Dieu, celui qui va jusqu’à mourir pour ceux qu’il aime. La mort du Christ nous révèle ce qu’est la toute-puissance de Dieu. Ce n’est pas une puissance d’écrasement, de domination, ce n’est pas une puissance arbitraire telle que nous dirions : qu’est ce qu’il mijote là-Haut, dans son éternité ? Non, il n’est qu’amour mais cet amour est tout-puissant.
Je réintègre les attributs de Dieu (toute-puissance, sagesse, beauté…) mais ce sont les attributs de l’amour. D’où la formule que je vous propose : « L’amour n’est pas un attribut de Dieu parmi ses autres attributs mais les attributs de Dieu sont les attributs de l’amour. » L’Amour est : Tout-Puissant, Sage, Beau, Infini…
Qu’est ce qu’un amour qui est tout puissant ? C’est un amour qui va jusqu’au bout de l’amour. La toute-puissance de l’amour est la mort : aller jusqu’au bout de l’amour c’est mourir pour ceux qu’on aime. Et c’est aussi leur pardonner. S’il y en a parmi vous qui on l’expérience si douloureuse de la brouille à l’intérieur d’une famille ou d’un cercle d’amis, vous savez à quel point il est difficile de pardonner vraiment. Il faut que l’amour soit rudement puissant pour pardonner, ce qui s’appelle réellement pardonner. Il faut de la puissance d’aimer !
Qu’est ce qu’un amour qui est infini ? C’est un amour qui n’a pas de limites. Moi, je me heurte à des limites dans mon humain, dans mes amitiés humaines. L’Infini de Dieu n’est pas un infini dans l’espace, un océan sans fond et sans rivage, c’est un amour qui n’a pas de limites ! »
P. François Varillon
Extrait de « Joie de croire, joie de vivre » (Bayard Culture)
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« Si vous m’aimez », nous dit Jésus, « vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité », l’Esprit Saint Troisième Personne de la Trinité, « lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous », en côte à côte, en face à face, comme peuvent l’être deux personnes bien distinctes l’une de l’autre, « et il sera en vous » par le Don qu’il ne cesse de faire de Lui‑même, le Don de « l’Esprit Saint », Plénitude d’Être (« Dieu Est Esprit » (Jn 4,24)) et de Vie (« L’Esprit est Vie » (Rm 8,10)), de Paix, de Douceur et de Joie (Jn 14,15‑17 ; Ga 5,22)…
La mission première de l’Esprit Saint Seigneur à notre égard est en effet de nous donner la vie : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » (Crédo). Il l’a déjà fait en participant, avec le Père et le Fils, à notre création. « Je crois en Dieu, le Père tout Puissant, Créateur du ciel et de la terre » (Crédo), ce Père qui a tout fait par son Fils, « tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (Jn 1,3), et par l’Esprit Saint Seigneur… Souvenons-nous de l’image de St Irénée : le Fils et l’Esprit Saint sont « les deux mains du Père »…
Nous pressentons d’ailleurs la Présence de cet Esprit Saint Seigneur dans le second récit de la création : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). L’image du « souffle de vie » renvoie à cette Plénitude spirituelle d’Être et de Vie qui est celle de Dieu Lui-même : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) et « l’Esprit est Vie » (Rm 8,10). Le prophète Isaïe fait d’ailleurs un lien explicite entre « l’Esprit » et « le souffle » en un texte où il évoque le Dieu Créateur : « Ainsi parle Dieu, le Seigneur, Lui qui a créé les cieux et les a déployés, qui a affermi la terre et ce qu’elle produit, qui a donné le souffle au peuple qui l’habite, et l’esprit à ceux qui la parcourent » (Is 42,5). Et c’est justement dans ce Don du Souffle de Vie, de l’Esprit de Vie, que nous pressentons la Présence de cette Troisième Personne de la Trinité, cet « Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » en donnant ce qui le constitue Lui-même, sa Plénitude d’Être et de Vie, le Souffle de Vie, l’Esprit de Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63)…
Tout homme est donc une créature spirituelle, et c’est d’ailleurs, dans sa dimension spirituelle que se cache le mystère de sa vie. Avant que Dieu ne lui communique son Souffle de vie, il n’était qu’une ‘statue d’argile’, pour reprendre l’image du Livre de la Genèse qui évoque ainsi notre dimension matérielle de chair et de sang. Et ce n’est que lorsque Dieu a ‘soufflé’ en cette ‘statue’ que cette dernière est devenue « un être vivant »… Ce « Dieu » qui « Est Esprit » (Jn 4,24) et Vie nous a donc donné à notre tour d’être « esprit » (cf. 1Th 5,23) et vie en nous donnant d’avoir part à son propre « Esprit », à sa propre Vie. Nous retrouvons la logique de l’Amour : aimer, c’est tout donner et se donner soi-même… Ce Dieu qui, de toute éternité, Est « l’Être Vivant » par excellence nous a tous créés « êtres vivants » en se donnant lui-même, par Amour… « Tu aimes tout ce qui existe et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait ; car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé » (Sg 11,24)… « Dieu a fait l’homme image de sa propre éternité », lit-on encore dans le Livre de la Sagesse (Sg 2,23), un texte que le Père Ceslas Spicq commente en écrivant : « Il faut au moins en conclure qu’ « être l’image » c’est « participer l’Être » et la Vie, donc ici celle du « Dieu vivant ».[1]
Ce Dieu Amour qui « Est Esprit » nous a ainsi tous créés « esprit » pour que nous puissions participer, grâce au Don qu’il ne cesse de faire de Lui-même, à la Plénitude de son Esprit, et donc de son Être et de sa Vie. St Luc emploie alors une expression qui lui est propre : « être rempli du Saint Esprit », « le Don de Dieu » (Lc 1,15.41.67 ; Jn 4,10). Jésus apparaît ainsi dans son Evangile comme étant lui aussi « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1), et il en est bien ainsi de toute éternité, le Père lui donnant par Amour cette Plénitude d’Être et de Vie qui « l’engendre » en Fils « né du Père avant tous les siècles » (Crédo). Mais « être rempli du Saint Esprit », sous entendu par un Autre que soi-même, suppose d’être tourné de cœur vers cet Autre pour recevoir le Don gratuit de son Amour. Telle est l’attitude éternelle du Fils vis-à-vis du Père, « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), « demeurant dans son amour » (Jn 15,10), accueillant le Don de la Plénitude de sa Vie (Jn 6,57 ; 5,26) par le Don de l’Esprit Saint, ce Don que le Père ne cesse de lui faire. Le Fils est alors « rempli d’esprit Saint » par le Père, et cela depuis toujours et pour toujours. Or, c’est pour que nous puissions recevoir le même Don de Dieu que le Fils « s’est fait chair » (Jn 1,14) et nous a rejoints dans notre condition humaine. « Si tu savais le Don de Dieu », dit-il à la Samaritaine, « et qui est celui qui te parle, c’est toi qui l’aurait prié et il t’aurait donné de l’Eau Vive », c’est-à-dire ce Don de Dieu même, le Don de l’Esprit Saint Plénitude d’Être et de Vie (Jn 4,10 ; 7,37-39). Mais pour qu’il en soit ainsi, il faut que nous acceptions, librement, de tout cœur, de nous tourner vers Dieu. D’où ces premières paroles de Jésus en St Marc : « Repentez-vous » (Mc 1,15), convertissez-vous, détournez-vous du mal, tournez-vous vers Dieu, et vous ne pourrez qu’être comblés par le Don gratuit de cet Amour qui ne cherche, ne désire, ne poursuit que votre bien. Qu’un homme, créature spirituelle, créature « esprit », en vienne à se détourner de cœur de son Créateur, et le voilà aussitôt privé de la Plénitude du Don de l’Amour, qui Est Esprit et Vie. Et c’est ainsi que la mort, au sens d’une privation d’une Plénitude de Vie, a fait son entrée dans le monde… St Paul l’évoque avec la figure d’Adam : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes, du fait que tous ont péché » (Rm 5,12). « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu », écrit-il encore (Rm 3,23), « Présence de Dieu se communiquant à l’homme de façon de plus en plus intime », précise en note la Bible de Jérusalem. Et l’on pourrait rajouter, par le Don de « l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu », pour reprendre une expression de St Pierre (1P 4,14). Toute l’œuvre de salut accomplie par Jésus consistera donc à nous redonner, gratuitement, par Amour, tout ce que nous avons perdu par suite de nos fautes. Le premier cadeau qu’il est venu nous offrir au Nom de son Père est donc le pardon de toutes nos fautes, en surabondance, inlassablement, car Dieu ne cesse d’Être Amour, quoique nous pensions, disions ou fassions… Et l’Amour ne cesse de poursuivre le seul bien de l’être aimé… « Dieu ne se lasse jamais de pardonner, jamais ! C’est nous qui nous lassons de lui demander pardon » (Pape François).
« Et toi, petit enfant », dit Zacharie, le père de Jean-Baptiste, en regardant son fils qui vient de naître, « tu seras appelé prophète du Très-Haut ; tu marcheras devant, à la face du Seigneur », le Christ Jésus, « et tu prépareras ses chemins pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés, grâce aux entrailles de Miséricorde de notre Dieu, dans lesquelles nous a visités l’Astre d’en haut, pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, pour conduire nos pas au chemin de la paix » (Lc 1,76‑79). Le premier cadeau qui nous est offert, à nous pécheurs, est donc « la rémission des péchés », le pardon de toutes nos fautes, de tous nos actes manqués… Et nous constatons que nous retrouvons aussitôt tout ce dont nous étions privés par suite de nos fautes : la Lumière au lieu des « ténèbres », la Vie, une Plénitude de Vie au lieu de « l’ombre de la mort »… Jésus est donc bien « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), avec ce double sens que prend le mot péché dans la Bible : acte et conséquences de l’acte… L’acte est ‘effacé’ par le pardon, les conséquences de l’acte sont effacées elles aussi par ce Don que l’Amour n’a jamais cessé de faire de Lui-même, un Don que Jésus nous rend capables, par ce pardon proposé et reçu, de recevoir de nouveau… Et ce Don nous est communiqué par la Troisième Personne de la Trinité, l’Esprit Saint… « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23), grâce « à l’Esprit qui est Seigneur et qui donne la Vie » (Crédo)…
Cette Vie est la Plénitude d’Être et de Vie que Lui-même reçoit du Père et du Fils en tant qu’ « il procède du Père et du Fils », le Fils recevant Lui-même cette Vie du Père en tant qu’il est « engendré non pas créé, né du Père avant tous les siècles »… Nous retrouvons toute cette dynamique dans les dernières paroles que Jésus a adressées à ses disciples peu de temps avant sa Passion : « J’ai encore beaucoup à vous dire, mais vous ne pouvez pas le porter à présent. Mais quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière ; car il ne parlera pas de son propre chef, mais ce qu’il entendra, il le dira et il vous communiquera tout ce qui doit venir. Lui me glorifiera, car il recevra de ce qui est à moi et il vous le communiquera. Tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit qu’il vous communiquera ce qu’il reçoit de moi ». Autrement dit, l’Esprit Saint nous fait « accéder à la vérité tout entière », qui est celle de Dieu Lui-même, Mystère éternel de Communion de Trois Personnes divines distinctes dans l’unité d’une même Plénitude d’Être et de Vie, « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), « en nous communiquant tout ce qui doit venir », c’est-à-dire cette Vie du Ciel même pour laquelle nous avons tous été créés. Mais cette Vie nouvelle et éternelle est la sienne : il la reçoit de Jésus en tant qu’il procède (du Père) et du Fils, et il nous la communique dans ce mouvement propre à l’Amour qui en Dieu est Don de ce qu’Il Est en Lui-même…
Le mystère premier de la vie chrétienne réside donc dans l’accueil de ce Don gratuit de l’Amour, ce Don de l’Esprit Saint, Plénitude d’Être et de Vie, Trésor commun du Père, du Fils et du Saint Esprit, Trésor qu’ils veulent offrir à toute personne humaine qui acceptera de le recevoir, dans la vérité… Pour nous pécheurs, cette vérité est celle de nos misères, de nos failles, de nos blessures, de nos faiblesses, mais rien, absolument rien n’empêche notre Père de nous regarder comme ses enfants… Et si le mal fait en premier lieu du mal à celui qui le commet, « souffrance et angoisse à toute âme humaine qui fait du mal » (Rm 2,9), un pécheur est d’abord pour Dieu un enfant en souffrance, et donc un enfant à guérir, un enfant qui demande des soins tout particuliers pour lui permettre de retrouver la paix profonde, fondement du seul vrai bonheur… Un pécheur est donc celui qui mobilise tout particulièrement l’attention de Notre Père des Cieux, ce « Père des Miséricordes » (2Co 1,3) qui, n’étant qu’Amour, ne cesse, inlassablement, de poursuivre notre seul bien… Dès lors, le plus grand pécheur, et donc le plus grand souffrant, sera celui dont l’état bouleversera le plus le cœur de Dieu, et donc qui le plus invité à recevoir ses trésors de Miséricorde, de Compassion et de Bonté, et cela bien sûr, avec un cœur droit, loyal et sincère… Autrement, cela voudrait dire que nous sommes toujours dans le péché, le mensonge, et donc… dans la souffrance intérieure… face à laquelle Dieu ne pourra qu’avoir toujours et encore cette même attitude, cette réaction propre à l’Amour qui ne cesse envers et contre tout de chercher encore et toujours le bien de l’être aimé. « Quand nous sommes infidèles, Dieu lui reste à jamais fidèle car il ne peut se renier Lui-même » (2Tm 2,13) : il Est Amour, en tout son Être, Amour Pur qui ne désire et ne poursuit, inlassablement, que le bien de celles et ceux qu’Il aime… L’invitation qu’il nous adresserait en pareil cas ne pourrait donc qu’être invitation pressante à renoncer à tout mensonge, à tout calcul, pour retrouver une conscience droite et avec elle, le Don surabondant de son pardon et de son Amour pour connaître enfin cette intensité de Vie insoupçonnée, qui est celle de Dieu Lui-même…
Et dans cette dynamique propre à l’Esprit Saint Seigneur, « donner la vie » en donnant « l’Esprit qui vivifie », ce Don spirituel n’opèrera pas simplement le pardon des péchés, le passage de la mort à la vie, des ténèbres à la Lumière, de l’angoisse à la paix, mais il apportera aussi toutes ces richesses propres à l’Amour, ces charismes qui permettront à tous les pécheurs pardonnés que nous sommes de pouvoir rendre témoignage, chacun à sa façon, à la Miséricorde toujours fidèle et surabondante de Dieu… « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier » (1Co 12,4-10), pour son bien et le bien de tous… « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn 20,29)…
D. Jacques Fournier
[1] SPICQ C., « eikon », Lexique théologique du Nouveau Testament (Paris 1991) p. 429-431.
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