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« Indissolubilité du mariage »
La cohabitation de Jésus avec les pharisiens pouvait être bonne, mais cela dépendait essentiellement de l’état d’esprit de ceux-ci, et non pas de Jésus.
Dans le passage de ce jour, l’évangéliste précise que « des pharisiens l’abordèrent [Jésus] pour le mettre à l’épreuve. ».
Donc ils vont essayer de lui tendre un piège …, sans doute sur une question qui posait problème à l’époque : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? ».
On remarquera que la question ne concerne que le mari … La femme … elle n’a pas voix au chapitre, … c’était comme cela à ce moment-là !
Jésus, en bon juif, répond par une autre question : « Qu’a dit Moïse ? », celui qui est à l’origine de la loi juive sur laquelle se basent les pharisiens pour toutes leurs actions.
Les pharisiens le savent bien. La Loi dit : « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison. » (Dt 24,1).
Tout dépend de l’appréciation de l’homme sur sa femme … et la femme n’a le droit de rien dire …
Jésus remet les pendules à l’heure : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs », à vous les hommes, que Moïse a dit cela, mais ce n’est pas ce que Dieu a voulu quand il a créé la femme lors de la création du monde : « Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Dès le départ, l’homme et la femme ont été créés l’un pour l’autre, et le fait qu’Adam ait été créé en premier ne lui donne pas de supériorité sur la femme.
« Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. ». (Gn 2,18).
Et dieu créa la femme, complémentaire de l’homme, et reconnue comme tel par Adam : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme. » (Gn,2,23).
L’indissolubilité du mariage chrétien, rappelé par Jésus, vient de l’origine du monde.
C’est une notion qui est de moins en moins reconnu par les faits, même si on l’admet et défend dans la sphère des catholiques pratiquants, et qui est pour beaucoup de jeunes considérée comme une aberration de vieux.
Le nombre de divorces le montre : en 2023, il y a eu 120 000 divorces pour 240 000 mariages, avec un taux de possibilité de divorce ultérieur de 44%.
Il faut dire que de nouvelles lois ne sont pas favorables aux mariages, notamment les PACS, qui donnent les mêmes avantages fiscaux que pour les couples mariés, et la possibilité de rompre le PACS de manière simple, et peu coûteuse.
Mais il y a d’autres changements dans le mode de vie des gens.
Les fiançailles ont quasiment disparues, ce temps où les jeunes qui envisagent de se marier apprennent à se connaître et peuvent voir si la vie ensemble est possible, si les caractères s’accordent… tout en restant dans leurs familles respectives.
Maintenant, on se met directement ’’en couple’’, pour ne pas dire en concubinage, cela présente mieux … et on vit quelque temps ensemble … Si cela ’’fonctionne’’, on se marie … ou pas … C’est souvent mettre la libido en premier, au lieu de mettre prioritairement l’amour de l’autre et une vision de vie commune …
« On préfère la recherche du plaisir immédiat qui ne coûte pas ; là aussi s’affirme en quelque sorte cette pratique égocentrique du « jetable ». Mais ainsi, on s’éloigne du dessein du Seigneur sur la vie des hommes et de la création (…). Une rupture des liens du mariage est toujours une blessure infligée à la création. (…). Dans le mariage chrétien – il faut souligner la spécificité du sacrement -, c’est l’admirable union du Christ et de l’Église qui se manifeste. C’est de ce mystère qu’il faut partir pour comprendre la richesse du mariage chrétien et sa dimension historique pour les conjoints, leurs familles et toute la communauté chrétienne. L’Église est unie au Christ jusqu’à n’être qu’un avec lui, ne formant qu’un seul corps. C’est ainsi que les époux chrétiens doivent comprendre le mystère de leur mariage. » (Mgr Vincenzo Paglia).
Seigneur Jésus,
tout divorce est source de malaise
pour ceux qui le subissent,
et aussi pour leurs familles proches,
et surtout pour les enfants du couple,
ballotés entre le papa et la maman,
sans qu’ils comprennent vraiment ce qui se passe.
Permet que les couples comprennent
la beauté du mariage chrétien,
qu’ils s’y préparent sérieusement,
et qu’ils y soient fidèles.
Francis Cousin
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Le couple et la famille
Mc 10, 2-16
Avant d’écouter l’Evangile du jour et de le commenter, il ne faut pas oublier la 1ère lecture : « la création du premier couple humain« . C’est la toile de fond sur la famille : le tableau idéal du plan de Dieu sur le couple. Si nous aimons les récits hauts en couleurs, nous sommes servis par ce vieux texte naïf et très ancien, où, sous la forme d’un conte savoureux, les vérités essentielles du couple humain sont abordées.
Or donc, il était une fois le premier homme ! Le Seigneur lui avait préparé un univers verdoyant, peuplé d’oiseaux et bêtes bien sympathiques et pourtant, l’homme n’était pas heureux. Il y avait bien le chien fidèle qui lui montrait plein de tendresse, mais il ne parlait pas. Alors Dieu dit :
« Non, il n’est pas bon que l’homme soit seul. Donnons-lui une compagne qui lui soit assortie ».
Et voilà la première leçon de ce texte. Dieu a voulu l’homme conjugal.
Dieu pratiqua donc la première anesthésie totale (le conte continue) et l’homme tombe dans un sommeil profond et il n’assistera pas à la création d’Eve. Eve restera toujours un secret pour l’homme, la « radicalement différente« . L’action de Dieu est « mystère ». La sexualité est et reste un mystère malgré tous les bouquins modernes sur la sexualité, même Freud s’y casse les dents. C’est Dieu qui crée et non pas l’homme : Adam tiendra sa femme de Dieu : c’est la deuxième leçon.
Après l’anesthésie, l’opération : « Il prit de la chair du côté d’Adam pour en façonner la femme, la fameuse « côte d’Adam ». Le symbole est merveilleux : la côte, c’est le côté, le cœur, le « côte à côte ». Eve est tirée du cœur de la tendresse de l’homme (ce qui suppose que l’homme possède bien cette tendresse), mais le scoop de ce conte, c’est de nous révéler l’identité absolue de nature entre l’homme et la femme. Elle est son EGALE, celle qui lui correspond pleinement : l’os de ses os. Lorsque ce conte a été écrit, dans tous les pays voisins, la femme était considérée comme la pièce la plus précieuse du cheptel de l’homme (ce texte devait passer pour être terriblement féministe) : c’est la troisième leçon de ce texte.
Mais voilà Adam qui se réveille : il pousse un cri d’admiration :
« Mais non ! Je ne rêve pas ! » Cri d’amour, cri d’admiration, premier cri de plaisir au début du monde. « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os ! La chair de ma chair ! On l’appellera « femme ».
Quatrième leçon de cette lecture : Dieu veut le couple heureux.
Il désire un couple épanoui et Dieu va maintenant leur faire une très profonde préparation au mariage et leur dit : « L’homme quittera son père et sa mère ». C’est clair : le mariage est rupture avec la vie précédente. Beaucoup de maris ont bien du mal à se libérer de l’emprise de leur mère. Il s’attachera à sa femme (c’est la fidélité), non pas avec des liens de domination, mais de tendresse, de douceur si bien que cette fidélité ne sera pas une « corvée », mais une « cordée » pour affronter à deux, les difficultés de la vie.
Unité indissoluble qui va s’exprimer dans l’union des corps :
« Ils ne feront plus qu’un, en une seule chair ».
Voilà le couple prototype du foyer selon le rêve de Dieu !
Mais, il y a souvent une grande distance entre le rêve et la réalité. C’était déjà vrai du temps de Moïse qui avait été obligé de lâcher du lest avec la « répudiation ». C’était toujours aussi vrai du temps de Jésus à qui on pose la question. C’est toujours aussi vrai dans notre époque où la famille semble tellement ébranlée et fragile, et pourtant, encore aujourd’hui, l’Eglise nous répète inlassablement, à la suite de Jésus, « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».
« La famille fout le camp », ai-je lu dans un magazine. Regardons autour de nous : les unions libres, les pacsés, les concubinages, les divorces, la chute de la natalité, les familles « monoparentales » (comme si c’était encore une famille !), les familles dites « recomposées » qui supposent combien de familles « décomposées » !
Les causes, on les connaît :
– Disparition des valeurs morales, droit à la liberté sans entrave, droit au bonheur à tout prix ;
– Causes économiques : chômage, pauvreté, exclusion d’où l’apparition de familles qui ne sont plus que des « pensions de famille« , famille dortoir, famille « formule 1 » où l’on ne se retrouve que devant le frigo ;
– Juxtaposition de personnes qui ne se retrouvent ensemble que par intérêt : famille qui recherche avant tout le bien-être matériel, civilisation du caddie, du standing, où le programme est d’abord la maison à construire avant même de construire le couple et d’entretenir leur amour ;
– Famille « mer morte » où le couple a peur de l’enfant et où l’on demeure dans un « narcissisme à deux » ;
– Famille « café du commerce » où ne sont abordées que des banalités, mais jamais des sujets profonds. Un enfant de 12 ans déclare : « Quand mes parents m’ont demandé si j’ai bien dormi ou si j’avais de bonnes notes, ils ont tout dit ». Un autre : « Je n’ai jamais su si mon père avait la foi. Je le pense, mais je n’en suis pas sûr, il n’en parlait jamais ».
– A côté de cela, il y a aussi la « famille cocon« , celle qui se replie sur elle-même, refuge affectif et douillet avec parfois une surchauffe affective qui faisait dire à un autre enfant : « Mes parents m’étouffent », surprotection pesante ;
– Famille Blockhaus » aussi où l’on s’enterre pour se protéger des agressions d’un monde que l’on déclare « pourri » : les fenêtres sont fermées sur l’extérieur.
Et pourtant, malgré toutes ces imperfections, tous, nous avons besoin d’une famille et Dieu aussi. Il est facile de critiquer la famille, pas facile de la remplacer. La Société a besoin de familles solides et fidèles. Les nations sans enfants disparaissent inexorablement.
La famille, c’est pour chacun, l’apprentissage de la solidarité, de la gratuité, du respect des différences, de la non-violence, du partage. La délinquance fleurit là où il y a un manque de vie familiale.
Les ENFANTS ont besoin de grandir entre un père et une mère qui s’aiment. Ils ont besoin de recevoir l’amour gratuit d’une mère, mais ils ont autant besoin de la présence d’un père. Il faut qu’ils se sentent le fruit d’un amour commun.
Les adolescents ont besoin de famille , une famille qui les aide à partir du nid où ils ont tendance à s’incruster. C’est tellement plus commode de se faire servir par des parents esclaves, domestiques de leurs enfants. Pour 90% d’entre vous, où vous avez puisé votre vision du monde, votre foi, votre manière de vivre ? A la maison, là sont les sources, là sont les racines.
La famille a besoin de Dieu. La fidélité, c’est qui ? « Tu es le Dieu fidèle éternellement ». L’unité, c’est qui ? C’est Dieu : Trinité-famille, amour en trois personnes. La création, le Créateur, c’est qui ? « Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre ».
L’amour, c’est qui ? Amour du Père pour son Fils, du Fils pour son Père. Dieu seul est capable dans le Sacrement du Mariage d’offrir aux époux la capacité d’aimer son conjoint et ses enfants.
Puissions-nous, frères et sœurs, faire vivre nos familles sur le modèle de l’amour de Dieu, capable de donner sa vie pour ceux qu’il aime. Un proverbe indien dit que « nul n’est jamais perdu sur une route droite ».
Cette route de la famille chrétienne est ici-bas la seule route du « bonheur assuré », déjà maintenant et pour les noces éternelles. AMEN
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» Que l’homme ne sépare pas
ce que Dieu a uni »
(Mc 10,2-16).
Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Ce passage doit être resitué dans son contexte : « Des Pharisiens abordent Jésus pour le mettre à l’épreuve ». Ils ne croient pas en lui. Ils veulent juste lui tendre un piège pour l’enfermer ensuite dans l’une de leurs catégories, laxiste ou rigoriste, et ainsi le condamner… « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus va partir de leur Loi : « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison » (Dt 24,1). Nous retrouvons ici un de ces nombreux textes que Jésus qualifie de « traditions humaines » car ils annulent la Parole de Dieu (Mc 7,1-13). Grâce à eux, ces « scribes et Pharisiens hypocrites » pouvaient justifier leurs pratiques scandaleuses…
Alors, comme toujours, Jésus revient à la source : le projet de Dieu sur l’humanité. Et il cite le Livre de la Genèse (1,1.27 ; 2,24) : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair ». Et il insiste : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair ». Leur amour les unit, et cet amour, s’il est authentique, vient de Dieu. En effet, « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et parce qu’il est Amour, il est Don de Lui-même, gratuitement, par amour… « L’amour de Dieu », « l’amour dont Dieu nous aime » précise en note la Bible de Jérusalem, « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et ceci est tout spécialement vrai pour un amour authentique entre un homme et une femme : chacun a reçu, pour l’autre, le Don de cet Amour et c’est ce Don qui les unit. Tel est donc le trésor qu’ils doivent cultiver jour après jour… « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Que nul ne se permette donc de « renvoyer sa femme » pour toutes sortes de raisons futiles au nom d’une soi-disant Loi qui n’est en fait qu’une belle façade pour cacher son incrédulité et ses perversités… Qu’il se convertisse plutôt, et qu’il manifeste son choix sincère de Dieu en aimant sa femme !
Telle est la réaction de Jésus face à l’hypocrisie qui montre beau visage et se flatte de bien agir… Mais telle n’est pas du tout son attitude envers les blessés de la vie qui, pour toutes sortes de raisons, se retrouvent dans des situations chaotiques. Son seul souci est alors de les aider à se relever en leur donnant de pouvoir prendre conscience de la volonté de Dieu pour qu’ils puissent vivre désormais de manière responsable en assumant leur passé… Et il sera toujours là, avec eux, pour que l’amour fleurisse enfin là où il n’y avait que des ruines. Et si un homme et une femme arrivent ainsi à se reconstruire, « ce que Dieu a uni », dans son infinie Miséricorde, là encore, « que l’homme ne le sépare pas »… DJF.
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Frères et sœurs, soyons honnêtes, les lectures de ce dimanche ne peuvent pas nous laisser indifférents. Elles sont assez percutantes, avec ses enseignements très stricts. Ces textes, en tous les cas, nous invitent à avoir un esprit plus large.
Trois points que j’aimerais offrir à votre réflexion :
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Pour mon premier point, je m’appuierai sur la première lecture et l’évangile.
Resituons tout d’abord le contexte de la première lecture, tirée du livre des Nombres : les hébreux sont en marche vers la Terre Promise sous la conduite de Moïse choisi par Dieu. Mais la charge de Moïse est devenue trop lourde. C’est pourquoi, il a partagé son autorité, son « pouvoir » reçu de Dieu, en nommant des responsables. Dieu lui a promis de répandre son esprit sur ces derniers.
Mais un incident se pose : deux hommes, Eldad et Médad se mettent à prophétiser alors qu’ils n’ont pas été désignés. Josué les dénonce à Moïse. Josué leur reproche comme un « exercice illégal de prophétie », d’où sa demande à Moïse : « Moïse, mon maître, arrête-les ! »
Arrêtons-nous à la réponse de Moïse : « Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » Cette réponse nous démontre deux points :
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On ne peut pas empêcher l’Esprit de Dieu de souffler là où il veut et chez qui il veut.
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Moïse nous rappelle que personne n’a le monopole pour prophétiser, pour parler de Dieu.
Dans l’Évangile, c’est un peu la même question qui est posée par Jean, l’un des Douze à Jésus. Rappelons-nous, dimanche dernier, les disciples discutaient sur les premiers postes, pour savoir qui était le plus grand. Ils pensaient qu’ils étaient les seuls titulaires de ce pouvoir. Du coup, ils sont contrariés de voir un homme qui chasse les démons au nom de Jésus. C’est comme de la concurrence « déloyale ».
Jésus veut les ramener à un peu plus d’humilité. Il ne faut pas empêcher celui qui agit au nom de Jésus. Si quelqu’un annonce le Christ ou « fait un miracle » en son nom, il ne peut pas être contre lui, sinon il ne voudra pas et ne pourra pas le faire. Il nous faut donc discerner car bien sûr les charlatans existent. Mais un critère de de discernement est de vérifier si ce qui est dit et fait se situent bien dans la Tradition de l’Église et en lien avec la « hiérarchie » de l’Église.
Jésus nous indique clairement de ne pas empêcher celui qui agit en son nom avec une mise en garde sévère : empêcher quelqu’un de croire en lui et de devenir son disciple est un péché extrêmement grave… Il nous faut donc bien discerner et nous ouvrir aux charismes des autres…
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Pour mon deuxième point, je m’appuie sur cette réponse de Moïse à Josué dans la première lecture : « Serais-tu jaloux pour moi ? » Une réponse qui nous donne de réfléchir sur le péché de la jalousie qui est très grave et qui nous empêche d’avancer. On n’a pas toujours conscience de la perversité de la jalousie.
Qu’est-ce que la jalousie ? D’après le dictionnaire Le Robert, la jalousie est un « sentiment hostile qu’on éprouve en voyant un autre jouir d’un avantage qu’on ne possède pas ou qu’on désirerait posséder seul. »
La jalousie c’est également, dans la vie de couple notamment, « le désir de possession exclusive de la personne aimée, la crainte de son infidélité. »
Ainsi définie, nous pouvons comprendre un sens plus large de la jalousie mais aussi son côte destructeur. Le désir de possession n’est en aucun sain ; l’autre n’est pas mon objet, il est doté d’une liberté et a le droit en toute légitimité de me dire « NON ! » Qui sommes-nous pour bafouer ce droit ?
Alimenter « un sentiment hostile » face aux possessions d’autrui que l’on n’a pas nous empêche d’apprécier et de rendre grâce pour ce que nous avons et que Dieu nous donne dans sa grande bonté.
Le drame de notre monde c’est le côté « m’as-tu vu ? », le côté « bling-bling ». Ce côté est souvent un « trompe-l’œil », en vue de paraître… Ne tombons pas dans ce piège !
La réponse de Moïse à Josué nous permet aussi d’élargir notre conception de la jalousie : « Serais-tu jaloux pour moi ? » Nous pouvons être jaloux pour nous-même mais aussi pour d’autres que nous chérissons… Nous souhaiterions cela pour eux… Mais ce que nous souhaitons, est-ce bon pour eux et voudraient-ils cela ? La jalousie peut nous conduire à la folie des grandeurs et nous empêcher même de voir le bien-être de nos proches, leurs désirs, leurs attentes… La jalousie nous enferme dans un désir purement égoïste où on ne voit que son propre vouloir.
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Mon dernier point fera écho à la deuxième lecture, de la lettre de saint Jacques. La jalousie est alimentée par un autre péché, celui de la convoitise. Le dictionnaire Larousse définit la convoitise comme un « désir extrême ou immodéré de posséder quelque chose ». La recherche accrue des richesses mène à la mort ! Jacques nous rappelle que les richesses de ce monde ne sont que « rouilles ». Prenons garde d’accumuler au profit des autres et en les exploitant. Cela « entacherait » terriblement notre « CV » (Curriculum Vitae) en vue du Ciel !
Demandons au Seigneur Jésus au cœur de cette Eucharistie, la grâce de le désirer comme notre vraie richesse, le « bien suprême », le « bien » qui ne pourrit pas. Demandons-lui aussi la grâce de mieux nous ouvrir aux autres. Amen.
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« Prendre sa place … avec les autres ! »
Jean, un des Douze, interpelle Jésus à propos de quelqu’un qui a expulsé des démons, au nom de Jésus, et il lui dit, au nom des Douze, : « Nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. », pensant sans doute bien faire.
Mal lui en a pris, car Jésus ne le félicite pas, au contraire : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. ».
On voit ainsi apparaître deux groupes autour de Jésus : les Douze et ceux et celles qui le suivent régulièrement d’une part, et les autres d’autre part, quel que soit leur opinion vis-à-vis de Jésus.
Une tendance au replis sur soi ! Presque une ségrégation. Les bons et les autres …
Et dans les bons, on met à part ceux qui ont été choisi par Jésus : les Douze.
Eux qui avaient du mal à ne pas se sentir supérieurs aux autres …
On comprend la réaction du groupe, surtout que peu auparavant les disciples qui n’avaient pas assistés à la Transfiguration n‘avaient pas pu guérir le démoniaque épileptique (Ma 9,14-29), et s’étaient fait reprocher de ne pas assez prier Dieu pour cela, de ne pas compter sur lui …
C’est une tendance qui n’est pas propre au temps de Jésus.
Et on peut parfois retrouver cette attitude, même dans nos paroisses et mouvements …
Et Jésus continue : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. ».
Alors que généralement, dans notre langage humain, on a plutôt tendance à dire : « Celui qui n’est pas pour nous est contre nous. ».
Et Jésus dit ensuite : « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. »
Un verre d’eau !
Qu’est-ce qu’un verre d’eau ?
Pour nous, pas grand-chose … et souvent nous gaspillons plus qu’un verre …
Au temps de Jésus, il fallait aller jusqu’à un puits … qui pouvait être éloigné … ou avoir une jarre en réserve chez soi …
Et actuellement, dans certains pays pas loin d’ici, c’est problématique d’avoir de l’eau pour boire …
Mais qui refuse un verre d’eau à celui qui a soif ?
Et si on nous le donne au nom de notre appartenance au Christ, la personne qui le donne a droit à une récompense de Dieu !
La fin du passage est un peu effrayante !
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. ».
Dieu ferait-il cela ? Non, puisqu’il veut que tous les humains « soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité» (1 Tm 2.4), et il est tendre et miséricordieux, plein d’amour pour les humains, … mais il nous demande de nous-mêmes prendre les dispositions pour que cela n’arrive pas.
Et c’est radical : tout ce qui est pour toi occasion de péché : main, pied, œil, coupe-le, arrache-le, car « Mieux vaut pour toi entrer manchot, estropié, borgne, dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux jambes, mains, yeux… »
Bien sûr, ces phrases ne doivent pas être prises au sens strict, mais ce sont des images fortes que Jésus utilise pour frapper les esprits de ses auditeurs, des images qui font peurs et font réfléchir, qui invitent à passer à l’action.
Ce passage d’évangile nous fait penser malheureusement à l’Abbé Pierre, et à des révélations sur sa conduite envers des femmes. On peut être attristé de cela … mais on ne peut pas oublier tout le bien qu’il a fait en faveur des pauvres, des petits et des mal-logées. Vouloir rejeter son nom n’appartient qu’aux responsables de ces associations qui feront ce qui leur semble bon de faire, pour le bien de tous.
Mais en même temps, le lit le communiqué « Reine de la paix » sur ’’l’expérience spirituelle ’’ de Medjugorje : « En ce qui concerne les anciens protagonistes du phénomène, qui ont fait l’objet de controverses et même d’accusations au fil des ans, le document précise dès les premières lignes que le nihil obstat n’implique pas un jugement sur leur vie morale et que, de toute façon, les dons spirituels « ne requièrent pas nécessairement la perfection morale des personnes impliquées pour agir ». (Extraits de : Le cœur du pasteur et la foi du peuple | ZENIT – Français -19/9/24.
Et n’oublions jamais : « Déteste le péché et aime le pécheur, parce que Dieu est avant tout amour et qu’il est miséricordieux.
« Dans notre combat commun de baptisés, nous devons être attentifs au comportement de nos frères et sœurs. Nous ne pouvons pas continuer à tolérer les dissimulations face aux abus.
De la responsabilité pastorale à la responsabilité éducative, toutes nos institutions sont appelées à faire un pas en avant. Ce n’est que si nous parvenons à façonner une alliance préventive parmi tout le peuple de Dieu qu’il sera possible d’éradiquer la culture de mort qui est porteuse de toutes les formes d’abus sexuels, de conscience, de pouvoir.
« Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance. » (1Co12,26). Les paroles de saint Paul nous rappellent combien nous sommes tous appelés à une mobilisation permanente face au fléau des abus. » (Pape François, ’’Au nom de Dieu, je vous demande’’ , pages 21-22)
Faisons de cette parole du pape François notre prière de ce jour.
Francis Cousin
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Une Eglise sans frontières
Mc 9, 38-48
Vous avez pu le constater autour de vous, mes frères, les hommes sont très forts, souvent très habiles pour tracer entre eux des lignes de démarcation soit entre les races, entre les classes sociales, entre les idées politiques et même, parfois surtout, entre les religions. Ils décident, qu’ici triomphe le bien et que, là, règne le mal. Ici, c’est la vérité et là, l’erreur ; de ce côté-là, c’est le ciel et de l’autre, l’enfer. C’est un monde en noir et blanc, où tout est bon d’un côté, où tout est mauvais de l’autre. Ils en viennent même à incorporer Dieu, lui-même, dans leur camp. Ils le réquisitionnent à leur service. Les soldats allemands portaient un ceinturon, pendant la guerre, où était gravé « Dieu avec nous », tandis que les français chantaient « Sauvez, sauvez la France au nom du Sacré-Cœur », et les soldats s’entre-tuaient avec ardeur en se réclamant du même Dieu, lui demandant de les soutenir dans leurs « justes » combats.
Mais ne faudrait-il pas demander son avis à Dieu ? Or, justement, cet avis, il nous le donne aujourd’hui par deux textes de la liturgie.
Tout d’abord celui de l’Ancien Testament : Moïse s’est retiré pour prier avec soixante-dix Anciens et voici que l’Esprit vient sur eux et qu’ils se mettent à prophétiser, mais horreur ! On vient prévenir Moïse que deux anciens qui ne se sont pas joints à eux, se mettent à prophétiser eux aussi ! Il faut les arrêter ! Et Moïse intervient : « Seriez-vous jaloux ? » « Ah, si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur tous, pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! »
Le 2e texte est tiré de l’Evangile de Marc : cette fois, c’est un apôtre qui réagit violemment : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom, alors que cet homme n’est pas de ceux qui nous suivent et nous avons voulu l’en empêcher ».
Jésus, lui, se réjouit : « Ne l’empêchez pas ! Car celui qui n’est pas contre nous, est avec nous ».
Nul ne peut prétendre posséder, confisquer, monopoliser l’Esprit. « L’Esprit, il souffle où il veut », rappelle Jésus à Nicodème. « Nul ne sait, ni d’où il vient, ni où il va » et ceux qui agissent par lui ne sont pas nécessairement des disciples patentés, des apôtres désignés, des chrétiens baptisés et mandatés.
Grâce à Dieu, l’Esprit n’est pas enfermé dans les registres de nos sacristies. « Dans l’Eglise catholique, écrivait St-Augustin, se trouve des non-catholiques, mais on peut trouver aussi du « catholique » en dehors de l’Eglise ». Beaucoup de ceux qui semblent être dehors sont dedans. Beaucoup de ceux qui paraissent être « en dedans » sont « en dehors ». Personne ne peut prétendre posséder tout seul la vérité de Dieu.
Les frontières du Royaume ne sont pas balisées et nul n’est assuré d’en être le citoyen !
Nous avons parfois, en face tel homme non-chrétien qui a forcé notre admiration et qui a eu une réaction plus évangélique que celle que nous aurions eue, la tentation de poser au Seigneur cette question : « Seigneur, dis-nous, « de quel camp tu es « ? Le camp du Seigneur ? » Frères, il n’est pas ici ou là : il est partout. Il n’est pas avec telle ou telle catégorie d’hommes. Il est avec tous les hommes ! Mais, rassurez-vous, j’ajoute immédiatement qu’il y a, en effet, des lieux ou des moments où l’Esprit du Christ agit, et d’autres où il n’agit pas. Oui, il y a des lignes de démarcation, des rideaux de fer, des ghettos, des clans… que sais-je.
Mais ces frontières-là ne sont pas où nous les dressons. Elles ne se situent pas entre tel groupe et tel autre, pas même entre tel homme et tel autre. Cette frontière-là, elle passe dans le cœur de chacun et de tous les hommes sans exception !
Le bien et le mal, il est dans notre cœur à nous. Nous le savons par expérience quotidienne : nous sommes partagés, divisés et si nous sommes loyaux, nous reconnaissons que si l’Esprit est capable de faire le bien par nous, un autre esprit, celui du mal, est aussi capable de nous entraîner vers le mal, vers l’égoïsme, vers l’orgueil, vers la haine et St-Paul avouait avec un rien de découragement : « Le bien que je désire, je n’arrive pas à le réaliser, tandis que le mal que je hais, je tombe dedans régulièrement ». St-Jean est catégorique : « Tout amour vient de Dieu : celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». « S’il n’aime pas et qu’il prétend être dans la lumière, il se fait illusion : il est encore dans les ténèbres ».
Enfin, Jésus lui-même, nous rappelle dans l’Evangile du jugement dernier, que chacun de nous sera jugé sur son amour, son attitude envers les autres et spécialement les plus petits, les plus pauvres, et cela, qu’ils sachent ou non, qu’en les servant, c’est ce Jésus, lui-même, qu’ils servent.
Alors, frères, je vois déjà votre question sur vos lèvres : « Chrétiens ou non ? ».
Quelle est la différence ? Nous sommes un peu comme le fils aîné de la parabole du prodigue qui s’étonne que son fêtard de frère, qui a tout dépensé, soit aussi bien reçu par le père. Nous avons du mal à admettre que tous ces gens qui ne sont pas invités au festin soient installés les premiers à la table du Royaume et nous réagissons devant ces ouvriers de la onzième heure qui sont payés autant que nous, qui travaillons depuis la 1ère heure !…
Alors, pourquoi être chrétien ? Essayer péniblement de suivre Jésus-Christ sur cette terre, si certains qui ne le connaissent pas, vivent aussi bien que nous, sont quelquefois meilleurs que nous et qu’ils risquent de nous précéder au Royaume des cieux ? « Ce n’est pas juste ! Il y a sûrement une différence ! »
Frères, rassurez-vous. Oui, il y a une différence ! Pour vous la faire sentir, permettez-moi une image : vous avez peut-être vu à la télévision, je ne sais plus quelle émission, un jardinier aveugle ; c’était impressionnant ! On le voyait, semant, plantant, faisant pousser des fleurs et des fruits et on ne nous disait pas que ces fleurs ou ces fruits étaient de moins bonne qualité que ceux que plantaient des jardiniers aux yeux ouverts.
La seule différence entre lui et les autres, terrible différence, c’est que l’aveugle, lui, travaillait dans la nuit totale !
Frères, nous, chrétiens, nous sommes des voyants. Que nous apporte la foi ? Un regard :
* foi qui nous permet de reconnaître en Jésus de Nazareth, le fils du Dieu Vivant
* foi qui nous permet de voir au cœur du monde, l’Esprit de Jésus ressuscité qui travaille au cœur des hommes
* foi qui nous permet de voir, à travers les sacrements de l’église, Jésus, qui continue de s’offrir, vivant.
Parfois, hélas, notre vue baisse. Nous devenons des malvoyants et c’est encore notre foi qui nous permet de faire confiance à l’Eglise qui nous dit : « Ici travaille l’Esprit de Jésus, là, non ».
Chrétiens, nous avons le privilège de travailler « les yeux ouverts »… Alors, nous sommes davantage responsables ? Oui, d’une certaine façon, mais tout homme, quel qu’il soit, est responsable de sa vie et de celle de ses frères. La vraie différence, c’est que, nous, nous voyons celui avec qui nous travaillons et, croyant en lui, nous ne pouvons pas nous décourager.
Aussi, nous devrions être, dans la paix et dans la joie parce que le phare de l’Evangile éclaire notre vie. AMEN
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« Etre bienveillants les uns
envers les autres »
(Mc 9,38-43.45.47-48)
En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.
Conséquences de notre humanité blessée, la communauté chrétienne n’est pas comme le Christ voudrait qu’elle soit : « Père, qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)… Et pourtant, catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans, tous, nous avons reconnu en Jésus Christ le Fils Unique du Père, celui qui, en vrai homme et vrai Dieu, est « le Sauveur du monde », « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » (Jn 4,42 ; 3,16-171Tm 2,3-6). Et chacun d’entre nous, dans la barque qui est la sienne, peut être tenté de regarder les autres avec méfiance… « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’en empêcher parce qu’il ne nous suivait pas », disent ici les disciples. « Ne l’en empêchez pas », leur répond Jésus, « car il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après mal parler de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous ».
L’important est donc avant tout la bienveillance mutuelle… En effet, nul homme ne peut « faire un miracle » par lui-même : c’est Dieu et Dieu seul qui l’accomplit… Et Jésus nous entraîne encore plus loin : Lui, qui est vrai homme et vrai Dieu, il ne peut rien par Lui-même ! « En vérité, en vérité, je vous le dis », dit-il solennellement, « le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait… Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). Les miracles de Jésus sont donc « les œuvres de mon Père », dit-il (Jn 10,37). Combien plus ce principe, vrai pour lui, le Serviteur du Père, est-il vrai pour tout disciple de Jésus ! Et c’est bien ce qu’il dira : « Je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5).
C’est donc clair… Tout miracle authentique est l’œuvre de Dieu… Alors si quelqu’un, qui n’appartient pas « socialement » au groupe des disciples, accomplit une œuvre bonne, c’est Dieu en fait qui l’accomplit avec lui et par lui. Et c’est avant tout cela qu’il s’agit de reconnaître, de discerner : est-il, oui ou non, vraiment, un serviteur de Dieu et des hommes ? Si c’est « oui », alors tout va bien, dit ici Jésus… La communauté des serviteurs de Dieu est donc bien plus large que le seul petit cercle qui l’accompagnait alors… Et ce principe, là encore, est toujours valable aujourd’hui… DJF
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« Être le premier ? … ou le dernier ? … »
Ces dernières semaines, nous avons eu droit à la télévision, à une multitude de rencontres, à l’occasion des jeux olympiques, où les personnes ou les équipes, n’avaient qu’un seul : arriver premier … C’est la logique des compétitions sportives.
Mais surtout, ce qui l’a le plus impressionné, ce sont les compétitions mettant en avant les « paralympiques » qui pour la première fois étaient retransmises en mondiovision, ce qui n’est que pur justice : mettre sur le même plan des sportifs normaux et les handicapés.
Et quand on voit comment les performances de ceux-ci : chapeau !
L’évangile commence par une deuxième annonce de la mort et le la résurrection de Jésus.
Pas d’esclandre cette fois-ci …
Mais saint Marc ajoute aussitôt : « Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. ».
Mais surtout, « ils avaient peur » de demander des explications à Jésus. Cela aurait été plus simple.
Mais Ils voulaient encore croire que Jésus allait restaurer la royauté en Israël, … comme il les avaient choisis parmi les disciples, ils espéraient obtenir des places de choix dans son ’’gouvernement’’.
Et c’est sans doute aussi ce que pensait Jésus, puisque aussitôt arrivé à Capharnaüm, une fois à la maison, il Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ».
Silence radio !
Et on les comprend … puisque le sujet de leur conversation était : « qui était le plus grand », et donc qui serait le mieux placé …
S’étant assis …
Jésus reprend la position du maître, de celui qui enseigne … comme il avait dit à Pierre « Passe derrière moi, le maître » …
Et appelant les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Retournement de situation : pour être premier, il faut être dernier. Bon, ce n’est pas les jeux olympiques, et il faut bien entendre le sens du mot dernier, ce n’est pas un ordre numérique, mais c’est à entendre au niveau moral : avoir une attitude d’humilité …
On comprend avec le deuxième terme utilisé par Jésus : être « le serviteur de tous. »
« Plus profondément, au-delà de l’humilité, il s’agit de vivre un authentique abaissement en notre amour-propre, notre respect humain y rechignent souvent. Nous oublions que l’abaissement peut signifier quelque chose à la lumière de ce que le Christ lui-même a vécu.: « Il ne retint Jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur. » (Ph 2,6-7) Nous percevons bien que l’abaissement n’a de sens que dans une dynamique de l’amour, un appel à cheminer avec le Christ, doux et humble de cœur, le vrai disciple ne se met pas en avant. » (Fr Rémy bergeret op).
« Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Dans cette dernière phrase de ce texte, une chose me frappe : Jésus embrasse l’enfant. C’est surprenant, d’autant que c’est un enfant inconnu, de passage, et surtout, il n’était pas dans les habitudes des gens d’embrasser les personnes, et surtout les enfants qui n’était pas considérés comme ceux de maintenant, étant plus une charge qu’une joie.
Mais c’est l’amour de Jésus pour les plus faibles qui parle …
Jésus nous demande d’être le serviteur de tous, et dans certains textes d’être l’esclave de tous.
À l’image du désir de Charles de Foucauld :
« Je ne veux pas traverser la vie en première classe, pendant que celui que j’aime l’a traversée dans la dernière. »
« Jésus a tellement pris la dernière place que personne n’a pu la lui enlever. »
La dernière place, Jésus, tu l’as prise :
Personne après toi n’a pu te ravir
La dernière place.
Le Roi de gloire s’est abaissé
Jusqu’à succomber devant la mort :
Mais sa croix fait luire la joie pascale
Sur un monde qui cherche le frère universel.
Francis Cousin
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Qui est le plus grand ?
Mc 9, 30-37
Pour la deuxième fois, mes frères, Jésus annonce sa Passion et sa Résurrection. Dimanche dernier déjà, il l’avait dit bien haut aux disciples et Pierre s’était rebiffé : « Seigneur, à Dieu ne plaise ».
Jésus, voyant que ses disciples ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre : ils sont encore dans l’euphorie des miracles et des succès de Jésus et ne veulent pas entendre parler de difficultés, encore moins d’échecs… aussi Jésus insiste-t-il : « Le Fils de l’homme sera livré, ils le tueront et trois jours après sa mort, il ressuscitera ».
Toutes ces mauvaises futures nouvelles gênent les apôtres : « Ils ne comprennent pas ces paroles (souvent on ne comprend que ce que l’on veut bien comprendre) et ils avaient peur de l’interroger ». Quand on a peur de savoir la vérité, on n’ose pas poser de questions.
Ces apôtres sont tellement peu dans la perspective de la Passion que, sur la route, (Jésus est devant eux, et eux discutent derrière), non seulement ils ne discutent pas de la Passion du Christ, mais déjà ils s’attribuent les places dans la cour d’un Jésus triomphant. C’est à qui sera le plus grand, et à qui s’attribuera le plus de pouvoir : « Moi, je serai le 1er ministre, doit dire en substance Pierre ; et moi ministre des finances, assure Judas. Moi, je serai son secrétaire particulier, interrompt St-Jean ; et moi ministre du budget, dit Matthieu, l’ancien percepteur ».
Et les altercations s’élèvent. Les différents points de vue s’affrontent et Jésus, qui marche toujours devant, écoute, ne dit rien. Bientôt, ils arrivent à la maison, à Capharnaüm (vraisemblablement la maison de Pierre).
« De quoi discutiez-vous sur le chemin? », leur demande Jésus. Les apôtres ont tellement bien compris que leurs soucis n’étaient pas ceux du Christ qu’ils se taisent comme des enfants pris en faute.
Le Seigneur alors va prendre exactement le contre-pied de leur ambition : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».
C’est le monde à l’envers : être le dernier, c’est sentir le regard de mépris de tous ceux qui sont au-dessus de soi.
Etre le serviteur, c’est se faire le plus petit, se mettre au plus bas de l’échelle sociale.
Nous avons tous notre honneur, nos ambitions, notre rang à tenir, notre dignité à faire respecter, notre personnalité à affirmer et chacun, dans notre société, réclame ses droits d’où la multiplication de ces défilés, de ces manifestations, de ces revendications, du plus haut au plus bas de l’échelle sociale : « Avoir plus », « être plus », « avoir sa place au soleil », « être considéré », comme on dit dans le lyonnais.
Les paroles de Jésus sont à ce point choquantes qu’il craint à juste titre de ne pas se faire assez comprendre. Dans ce cas, il illustre, par un geste, son enseignement : il place un enfant au milieu d’eux.
L’enfant, dans ce temps-là, n’était pas le modèle de la simplicité ou de l’innocence, mais plutôt de l’insignifiance. Il est le type de celui qui n’a pas d’importance, qui ne compte pas, qui n’a pas de place dans le monde social, dont l’avis est négligeable, et cet enfant, il l’embrasse devant tous ceux qui s’étaient déjà attribués les portefeuilles de la royauté du Messie.
Cet enfant, dépouillé de grandeur, de prestige, c’est Jésus-Christ, c’est Dieu lui-même :
« Si vous l’accueillez, c’est-à-dire si vous tenez compte, non pas de son rang, de son honorabilité ou de son importance, c’est moi que vous accueillez et aussi celui qui m’envoie : Dieu, mon Père ».
Oui, c’est « le monde à l’envers » que nous propose le Christ, c’est un monde qui va à contre-courant de nos mentalités d’arrivistes et de promotion sociale. Non seulement on ne se pousse pas et on ne joue pas des coudes pour essayer de se glisser au 1er rang, mais on fait avancer les autres devant soi, en s’effaçant et en essayant de se mettre à leur disposition, de devenir leur serviteur.
Convenons-en, mes frères, tout cela va à l’encontre de tous nos instincts, de tous nos désirs et nous avons du mal, comme les apôtres, à avaler cela ! Et pourtant, il faut nous rendre à l’évidence, les paroles de Jésus, et plus encore son comportement, nous démontrent que la valeur ne dépend pas du rang, des honneurs, de la considération mais de la pauvreté, du dénuement, de l’insignifiance.
« Cette dernière place que vous fuyez de toute la force de vos vanités, moi, le Christ, je l’ai occupée à Bethléem, à Nazareth, je l’ai occupée à la Passion, rejeté, humilié, bafoué, méprisé, traité même, non plus comme un enfant qu’on écoute, mais dont on sourit, comme un objet sur lequel on crache avant de le clouer sur une Croix ».
Cette Croix du Christ qui est sur nos murs, nous rappelle que Jésus, lui, a choisi la dernière place mais nous continuons toujours, comme les disciples, à nous habiller de nos petites vanités, à oublier l’ordre véritable des valeurs. A notre époque, où chaque pays joue à être le plus grand, grâce à son niveau économique, technique, culturel, où les titres sont enviés, aussi bien dans les médailles d’or des sportifs, les oscars des acteurs de cinéma ou les prix Nobel de littérature, qui le Christ a-t-il envoyé pour donner deux messages au monde ?
Deux petites filles, elles n’avaient pas quinze ans, ni l’une ni l’autre : Bernadette de Lourdes et Thérèse de Lisieux. Deux enfants appartenant à des milieux différents, sinon opposés, mais dont la société ne peut que relever l’insignifiance, mais elles avaient plus à apprendre à notre époque que des experts, des agrégés, des savants ou des leaders de mouvements : deux poids, deux mesures, ceux de Dieu et ceux des hommes. Pour le christianisme, il y a des saints, il n’y a pas de grands hommes…
Seule une conversion, c’est-à-dire un retournement du cœur, peut nous permettre d’accueillir ce « monde à l’envers » qui est celui de l’Evangile et dont St-Paul nous disait qu’il est « folie aux yeux des hommes » mais « sagesse aux yeux de Dieu ».
Frères, devant la crèche, devant la Croix, reprenons nos vraies mesures :
– Avons-nous le sens des petits, des humbles, des faibles ?
– Sont-ils grands à nos yeux de la grandeur du Christ ?
– Notre action fait-elle place à la défense des petits : personnes âgées, travailleurs, sans travail, immigrés, handicapés physiques, mentaux, sociaux ?
– Acceptons-nous nos limites, nos faiblesses ?
– Avons-nous surtout conscience de cette dépendance essentielle à l’égard de celui à qui nous devons tout ?
– Savons-nous nous effacer, recherchant le service discret, anonyme?
– Recherchons-nous cette dernière place, celle du Christ, serviteur de l’Humanité ?
Laissons à Dieu le soin de nous placer lui-même :
c’est beaucoup plus sûr ! AMEN
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La grandeur du serviteur (Mc 9,30-37)…
En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache,
car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »
Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :
« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Jésus annonce de nouveau sa Passion et sa Résurrection prochaines… Mais dès qu’il parle de résurrection, les disciples ne comprennent pas… Comment est-il possible de revenir de la mort ? « Je vous le dis maintenant, avant que cela n’arrive, pour qu’au moment où cela arrivera, vous croyiez » (Jn 14,29). Et en effet, après le bouleversement provoqué par les évènements de la Passion, « quand il fut relevé d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à la parole qu’il avait dite » (Jn 2,22). Jésus construit donc ici la foi future de ses disciples, car ils auront à vivre toute leur mission dans la foi…
Pour l’instant, ils ne comprennent pas et pensent toujours que Jésus sera le prochain roi d’Israël… Qui donc, parmi eux, aura alors la meilleure place ? « Qui est le plus grand », se demandent-ils ? Voilà bien l’échelle de valeurs qui règne dans le monde… Mais « mon Royaume n’est pas de ce monde », dira Jésus… Certes, « je suis Roi » (Jn 18,33-37), mais « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10,45). Or « le serviteur n’est pas plus grand que son maître. Il suffit pour le disciple qu’il devienne comme son maître » (Mt 10,24-25). C’est pourquoi, dit-il ici, « si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ». C’est ce qu’il fit Lui-même tout au long de sa vie, touchant un lépreux, l’être le plus impur qui soit à l’époque (Mc 1,40-45), mangeant au milieu des pécheurs (Mc 2,15-17), pour finalement mourir au milieu de deux « brigands » (Mc 15,27), à la dernière place… Jésus est en effet « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » (Lc 1,78), se mettant tout entier au service des hommes, et tout spécialement des pécheurs, ces « perdus » (Lc 15,1-7), ces souffrants (Rm 2,9), avec comme unique but, leur bien, leur salut…
« Si donc quelqu’un me sert, qu’il me suive et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Ici, nous le voyons avec un « petit enfant », qu’il embrasse. Or, à l’époque, l’habitude des « bien pensants », des « sages », des « intelligents » (Lc 10,21-22), était de les mépriser. Mais non… Bien au contraire, « ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 26,40), dira Jésus. Il nous montre ainsi le Chemin de la vraie Vie… A nous maintenant de le suivre… DJF