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Croire en Jésus, Fils de Dieu. »
L’évangile de ce jour relate la résurrection de Lazare, qui va être selon saint Jean, l’élément déclencheur de la mise à mort de Jésus (cf Jn 11,53), et tout au long de ce passage on va voir des personnes qui croient que Jésus est le Fils de Dieu, d’autres non, d’autres qui doutent …
Jésus était reparti « de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : ’’Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai.’’ Et là, beaucoup crurent en lui. » (Jn 10,40-42).
Arrive un messager pour lui dire, de la part de Marthe et Marie de Béthanie : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. ». Une simple information, aucune demande d’aucune sorte …
Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. ». Cela nous rappelle l’évangile de dimanche dernier où Jésus disait de l’aveugle-né qu’il était né ainsi « pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » (Jn 9,3).
Le Fils de Dieu est glorifié quand il meurt sur la croix … et qu’il ressuscite. Ce qui va arriver suite à la résurrection de Lazare : « Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ; … il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » (…) Il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation » (Jn 11,49-51).
Deux jours passent. En comptant les temps de trajets, cela fait le nombre de jours nécessaires (4) pour être sûr que le mort soit vraiment mort. Jésus dit : « Revenons en Judée. ». Ce retournement de situation non seulement surprend les disciples, mais aussi leur fait peur : « les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? ».
Jésus leur dit d’abord que Lazare s’est endormi, puis il précise : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. ».
La guérison de l’aveugle-né n’était-il pas un signe suffisant pour que les disciples croient ?
Les disciples sont bien des humains. Des fois ils sont enthousiastes, d’autres fois plus dubitatifs. Tout comme nous.
Là, il leur faut un signe fort pour qu’ils croient vraiment en Jésus. Ils ont hâte de le voir !
Et c’est Thomas, celui dont on dit qu’il doutait de la résurrection de Jésus, qui rameute tout le monde : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! ».
Thomas est un être primaire : il s’emballe vite, mais aussi déchante vite. Il lui faut des preuves. « Si je ne mets pas mon doigt … ».
Et les autres disciples ne feront guère mieux : Au jardin de Gethsémani, tous s’endormiront, et quand arrive Judas avec les gardes de Temple, tous s’enfuiront … La peur de mourir … Jésus n’est pas encore mort, mais les ténèbres arrivent … sauf deux : Pierre et Jean, qui suivirent Jésus de loin, jusqu’au palais du grand prêtre. Une fois entré grâce à Jean, Pierre renie Jésus … à cause encore de la peur de mourir … La lumière de Jésus n’était pas en lui … (cf Jn 18,16-17).
Mais ce sont les deux mêmes qui courront vers le tombeau de Jésus le jour de Pâques (cf Jn 20,3) pour retrouver Jésus … pour retrouver la lumière de Jésus … L’espérance en Jésus …
Arrivé vers Béthanie, Jésus rencontre Marthe qui lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. ». Elle ne dit rien de plus … mais on comprend bien qu’elle espère un signe de Jésus.
« Ton frère ressuscitera. ». « Oui, je sais : à la fin des temps, au dernier jour. » …
Jésus reprend : « Moi, je suis la résurrection et la vie. ? … quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Marthe répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. ».
Acte de foi complet …
Arrive Marie … Elle commence comme sa sœur … Elle pleure … ses amis aussi …
Et Jésus pleure, pris de compassion …
Jésus, vrai Dieu et vrai homme …
Certains dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? ».
Ceux qui disent cela ne sont sans doute pas des opposants à Jésus, mais ils se posent des questions, surtout après l’avoir vu pleurer. Est-il vraiment Fils de Dieu ? Ils doutent un peu …
Mais les pensées de Dieu ne sont pas celles des hommes. Jésus voit plus loin, il sait ce qui va se passer … comme quand les gens disaient au calvaire : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » (Mt 27,39) … Dans les deux cas, c’est la résurrection … immédiate pour Lazare … le troisième jour pour Jésus …
« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. ».
Et Jésus prie. Il se tourne vers son Père : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé … je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. ».
« Lazare, viens dehors ! »
Et le mort sortit.
« Beaucoup de Juifs, qui … avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. »
Seigneur Jésus,
comme il est difficile
de croire en toi tout le temps.
Certains croient, d’autres hésitent,
d’autres doutent, d’autres ne savent pas trop,
et d’autres ne croient pas que tu es le Fils de Dieu.
Et pourtant,
si tu n’étais pas Fils de Dieu,
tu n’aurais pas pu faire
tout ce que tu as fait …
et que tu continues de faire.
Francis Cousin
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Lazare
Jn 11, 1-45
Il n’y a pas à sortir de là : c’est un problème sans solution ; que nous soyons riches ou pauvres, grands ou petits, savants ou ignorants, jeunes ou vieux, nous avons beau nous débattre et raisonner, en rire ou en pleurer, la mort, oui, toujours elle, que nous la désirions ou que nous la refusions : elle est toujours là, présente, inévitablement à l’horizon de notre vie. Pas d’issue de secours, pas de faux-fuyants ; un jour, elle sera là, pas pour le voisin, mais pour nous, chacun de nous. Un jour viendra où l’on dira de moi : « Il est mort ».

Un humoriste à qui l’on disait que « la mort est un passage difficile à faire » : « Pas si difficile que ça, dit-il, on n’a jamais vu personne rater cette épreuve » et de tous ceux qui y sont passés, aucun d’entre eux n’est venu nous dire comment ça s’est passé. Il y a bien des livres qui ont parlé de « la vie après la mort » : c’était tous des vivants qui avaient cru mourir, mais qui n’avaient pas fait le pas définitif.
Si nous ne sommes pas maîtres de la vie, au moins nous pouvons la transmettre, nous pouvons l’interrompre : par avortement, par suicide, par homicide. La mort, elle, n’est pas maitrisée et si une personne, par bonheur, est sauvé d’un accident ou d’une grave opération, elle n’en est pas moins assurée de mourir un jour… C’est simplement « remis à plus tard » et même, dans cet Evangile que nous venons d’écouter : Lazare, l’ami de Jésus, le Ressuscité, devra, un jour ou l’autre, mourir une seconde fois ! Ce n’est que partie remise.
En fait, cette résurrection de Lazare, quelques jours avant la mort de Jésus, est l’annonce, le signe avant-coureur, d’une autre résurrection, qui, celle-là, sera la bonne parce qu’elle sera définitive et qu’elle sera une victoire sur la mort qui, cette fois-ci, sera vaincue une fois pour toutes : la Résurrection du Christ écrase la mort, qui n’est plus, pour celui qui a cette vie du Christ Ressuscité en lui, qu’un passage vers une autre vie dont la précédente n’a été qu’un avant-goût, une préparation, un vestibule.
Depuis Jésus-Christ, pour celui qui a la foi en lui et qui a reçu en lui cette vie du Christ Ressuscité par le Baptême, il n’est plus question d’une mort toute puissante et victorieuse : la mort est vaincue.
« Ô mort où est ta victoire ? » s’écrie St-Paul. Elle n’est plus que la servante qui ouvre la porte à celui qui frappe à la maison du Père. Vous avez entendu ce qu’a dit Jésus à Marthe :
« Moi, je suis la Résurrection et la Vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra et tout homme qui vit et qui croit en moi ne mourra jamais ». « Crois-tu cela ? »

C’est à nous qu’il pose cette question, quinze jours avant sa mort et sa résurrection : « Crois-tu cela ? » Qu’allons-nous répondre ? Comment allons-nous vivre Pâques ? Allons-nous seulement pleurer le Vendredi Saint avec les femmes de Jérusalem, résignés et désolés en disant : « Ah ! Comme c’est dommage ! » Et retourner chez nous démoralisés, en ayant entendu Jésus pousser le grand cri final le Samedi Saint ? Ce Samedi sera-t-il seulement le simple lendemain du Vendredi Saint ? Un lendemain de deuil : « Tout est fini ! » ou bien sera-t-il, ce jour, tout frémissant de ce qui se prépare et qui sera ‘’la Grande Nouvelle’’ qui a fait basculer l’humanité dans l’espérance et dans la joie : « Christ est ressuscité et nous aussi avec lui ! »
Ce n’est plus à la vie d’avant que nous revenons, comme Lazare, tout empêtré dans ses bandelettes, mais à une vie nouvelle où nous pourrons sauter et bondir de joie en criant « Alléluia ! »
Il y a eu un jour déterminant dans notre vie, le jour le plus important de notre existence. Ce n’est pas le jour de notre naissance, ce n’est pas le jour de ma 1ière communion ou celui de mon mariage, c’est celui de notre Baptême : ce jour-là, je suis devenu un être éternel, immortel. Ce jour-là, j’ai été greffé sur la vie de Dieu : une vie qui ne connaît qu’une mort soumise à la Résurrection du Christ en moi parce que sa vie de Ressuscité est déjà en moi, et que cette vie-là est la plus forte, et que le jour de Pâques elle a triomphé définitivement !
« Tu es baptisé ? Alors tu es immortel ! ». Tu deviens un être définitif parce que la vie de Dieu ne peut pas être vaincue. Elle est inaltérable, inusable. Rappelez-vous le psaume « Le Seigneur est mon berger » :
« Si je passe au ravin de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton, ta houlette me rassurent ; grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ».
Les chrétiens forment un peuple nouveau, nés avec la Résurrection du Christ : « Je vais ouvrir vos tombeaux, dit le Seigneur et je vous en ferai sortir ». « Je mettrai en vous mon Esprit et vous vivrez ». C’est ce formidable message d’espérance que nous sommes chargés de transmettre aux autres.
Si nous sommes habités par l’Esprit de Dieu, nous appartenons au Christ et la mort n’a plus aucune prise sur nous. Cet Esprit, présent en nous depuis le Baptême, nous ressuscite comme il a ressuscité le Christ puisqu’il est présent en nous.
St-Louis de Gonzague, alors qu’il avait une douzaine d’années jouait avec ses camarades au ballon dans la cour de récréation à la mi-temps, la conversation tomba sur la mort :
« Et toi, qu’est-ce-que tu ferais si on t’annonçait que tu meurs dans dix minutes ? »
« Oh ! Moi, j’irais tout de suite me confesser », dit l’un.
« Moi, je me mettrais à genoux et je dirais avec ferveur mon acte de contrition » dit un autre.
« Moi, je courrai à la chapelle », dit un troisième.
« Moi, dit Louis de Gonzague, je continuerais à jouer. Je suis baptisé et je suis tellement sûr de l’amour de mon Dieu qu’il n’y a pas à s’en faire ! »
Un père aime son fils ; depuis mon Baptême, je suis fils du Père ; il m’aime, alors qu’ai-je à craindre ? « Lazare, notre ami, s’est endormi, mais je vais le tirer de ce sommeil ».
Les disciples dirent : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé ».
Ils ne croyaient pas si bien dire… En parlant de sommeil, Jésus nous invite à changer notre idée sur la mort : la mort physique, pour Jésus, est un simple et provisoire sommeil. Le tombeau est un lieu où l’on se repose en attendant le réveil. C’est d’ailleurs ce que des chrétiens ont gravé sur la pierre tombale de leurs êtres chers : ici, » repose » et St-Paul chantera : « “Ô, toi qui dors, éveille-toi d’entre les morts, relève-toi, sois illuminé », et il dit aussi : « Ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les amènera avec lui », « Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ».
Vrai ou pas vrai ? Tu crois cela ou tu n’y crois pas ? Notre credo est simple et court : « Jésus de Nazareth, mort et ressuscité ». C’est simple et lumineux comme un matin de Pâques.

« Si tu devais mourir ce soir, comment voudrais-tu passer cette dernière journée avant d’embrasser Dieu ? La vie du baptisé est pleine de Résurrection, pleine de vie, pleine de joie. Qui pourra l’empêcher, à Pâques, de crier « “Alléluia’’ » ?! AMEN
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La victoire de l’Amour et de la Vie
En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade.
Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. »
En apprenant cela, Jésus dit :« Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. »
Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade,
il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples :
« Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil.
Alors il leur dit ouvertement :« Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là,
à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! »
Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. »
Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. »
Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus.
Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer.
Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. »
Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? »
Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer.
Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent :
« Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre.
Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit :« Seigneur, il sent déjà ;
c’est le quatrième jour qu’il est là. »
Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

St Jean nous dit ici quatre fois (symbole d’universalité) que Lazare est malade… De plus, le mot grec employé, « asthéneia », décrit plus largement l’homme en état de faiblesse… « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os » (Ps 31,11)… Et la conséquence ultime du péché, c’est la mort, la mort spirituelle… Lazare représente donc ici toute l’humanité affaiblie par le péché et blessée « à mort » en son être profond… Mais si « le salaire du péché c’est la mort, le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23). Voilà ce que Jésus va dire ici, en acte, en faisant revenir Lazare à la vie…
Des messagers viennent annoncer à Jésus que Lazare est malade : premier jour… Mais il apprend du Père, en son cœur, non seulement qu’il vient de mourir mais encore qu’il doit aussi le relever d’entre les morts, « pour la gloire de Dieu », en signe ultime de la victoire de la Miséricorde sur le péché et sur toutes ses conséquences… Et le Fils, envoyé par le Père pour sauver tous les hommes, en sera glorifié… C’est pourquoi, Jésus, qui « aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare », va pourtant attendre encore deux jours avant de partir ! En ajoutant une dernière journée pour le voyage, il ne rejoindra donc les deux sœurs de Lazare que quatre jours après sa mort. Mais il l’a fait exprès, pour eux tous, afin que le signe que le Père l’invitait à accomplir soit encore plus éclatant. En effet, la croyance populaire affirmait que ce n’est qu’à partir du quatrième jour que l’âme, qui voletait jusque là auprès du cadavre, ne pouvait plus y rentrer… Lazare était donc vraiment mort, plus aucun doute à ce sujet…« Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là ! » lui dit Marthe…
« Ton frère ressuscitera » lui avait déjà dit Jésus… Oui, « je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour », avait-elle répondu. Nous l’affirmons aussi dans notre Crédo… Mais Jésus va poursuivre en passant du futur du Crédo au présent de nos vies : « Je Suis la Résurrection et la Vie(Présent éternel de Dieu). Qui croit en moi, même s’il meurt vivra » (futur du Crédo). « Et quiconque vit et croit en moi » (présent de nos vies), « ne mourra jamais. » La Vie nouvelle et éternelle est donc offerte gratuitement, dès maintenant, dans l’aujourd’hui de nos vies, par « le Père des Miséricordes », à nous qui sommes pécheurs, faibles, blessés à mort… Seule la foi en l’Amour, la confiance en cet Amour, et l’abandon entre ses mains peuvent l’accueillir : « Le crois-tu ? » DJF
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« Voir … et entendre. »
L’évangile de ce jour est très long, tout un chapitre … et beaucoup de choses seraient à dire. Alors, contentons-nous de deux verbes : voir et entendre … mis que l’on peut pour certains des personnages transformer en : observer et écouter …
Mais peut-être faire d’abord un petit rappel de ce qui s’est passé auparavant.
D’abord avec le récit de la femme adultère où Jésus prend le contre-pied des pharisiens en allant dans un sens différent de celui préconisé par la loi de Moïse.
Puis le texte où Jésus s’affirme être la lumière du monde, et où il se retrouve encore en opposition aux pharisiens.
Enfin la querelle sur l’identité de Jésus.
La polémique avec les juifs radicaux, et surtout avec les pharisiens est de plus en plus forte, au point que Jésus a dû échapper à des jets de pierre et sortir du Temple en se cachant. (Jn 8, 59).
C’est en sortant du Temple que, « en passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance. ». Et même s’il s’enfuyait, il a eu le temps de poser son regard sur lui, de voir qu’il était aveugle, et de naissance. Il y a de fortes chances que, si nous étions à la place de Jésus dans ces conditions, nous serions passé en vitesse sans le voir … en n’y faisant pas attention …
A-t-il fait une remarque à son sujet ? Sans Doute, puisque les apôtres l’interrogent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? ».
En effet, selon la croyance de l’époque, on pensait que quelqu’un de malade l’était parce qu’il avait péché, ou sinon lui, ses parents (cf Dt 5,9).
La réponse de Jésus est claire : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. », et il faut faire vite, « tant qu’il fait jour ; la nuit vient … » où Jésus va mourir, lui « la lumière du monde ».
Alors Jésus prends les choses en main. Il ne demande pas l’avis de l’aveugle, s’il veut voir, comme il le fit avec Bartimée : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10,51).
Non. Directement il crache par terre et fait de la boue avec sa salive, et il en met sur les yeux de l’aveugle, sans lui demander son accord … un peu comme Dieu avait fait pour créer l’homme avec de l’argile (Gn 2,7), comme s’il préparait pour l’aveugle une nouvelle-création … et s’en fut une …
L’aveugle ne voit pas Jésus, mais il entend, et il comprend bien qu’on parle de lui, qu’on lui met comme un cataplasme sur les yeux … mais il ne dit rien … il est docile … il se laisse faire.
Et Jésus lui parle : « Va te laver à la piscine de Siloé », la piscine de l’envoyé …
L’envoyé, c’est Jésus, mais pourquoi aller à cette piscine ? N’y avait-il pas de point d’eau plus proche ?
Une explication complémentaire pour ce choix : lors de la fête des Tabernacles, les prêtres allaient puiser de l’eau à la piscine de Siloé et le peuple remontait en procession avec joie jusqu’au temple, comme il est écrit en Isaïe : « Exultant de joie, vous puiserez les eaux aux sources du salut. » (Is 12,3).
Effectivement, pour l’aveugle, se laver dans ces eaux-là lui permettra d’accéder aux sources du salut.
L’aveugle a bien entendu, et il part. Il n’a encore rien dit ! Et il fait ce qu’on lui a demandé de faire. Il obéi.
Est-ce que nous, nous aurions ainsi obéi ? sans demander d’explication ?
Comment a-t-il trouver son chemin ? Sans doute un de ses compagnons d’infortune l’a-t-il guidé.
Il revient, il voit.
Mais Jésus n’est plus là !
S’ensuit une polémique : Est-ce vraiment lui, ou quelqu’un qui lui ressemble ? Et pourtant, beaucoup le côtoyaient, les mendiants comme lui, ou les habitués du Temple …
« Mais lui disait : ’’C’est bien moi.’’ ». En grec « Ἐγώ εἰμι », la manière de parler de Jésus quand il affirme sa divinité.
Sans doute faisait-il partie du décor … il était là … mais peu le voyait … on passait devant lui sans le voir, sans y prêter attention …
Seul Jésus l’avait vu !
Et son action lui a permis que « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière physique …
Et à la fin de l’évangile de ce jour, quand Jésus le retrouve et lui demande s’il croit au fils de l’homme, l’aveugle lui dit « Qui est-il pour que je croie en lui ? », et Jésus répond : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Et l’aveugle dit : « ’’Je crois, Seigneur !’’, Et il se prosterna devant lui. ».
Alors « les œuvres de Dieu se manifestent en lui. » de manière spirituelle …
Pourquoi rester sur vos ornières,
Baissant vos fronts d’aveugles-nés ?
Vous avez été baptisés !
L’amour de Dieu fait tout renaître.
Croyez Jésus : c’est l’Envoyé !
Vos corps à son corps sont branchés :
Prenez à lui d’être lumière.
Didier Rimaud
Francis Cousin
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L’aveugle né
Jn 9, 1-41
Essayons d’imaginer ce que peut être l’univers intérieur, l’imagination et les phantasmes d’un aveugle né : jamais il n’a rien vu, il ne sait pas ce que c’est qu’une couleur. Rouge, vert ou jaune : cela ne lui dit rien ; il ne peut s’appuyer sur aucun souvenir visuel. Il n’a jamais rien vu auparavant. Jamais il n’a pu apprécier la beauté d’une fleur, d’un coucher de soleil, la bonté d’un visage, une larme ou le sourire d’un enfant, ni le relief d’un paysage de montagne, ni le reflet de la lumière sur un cours d’eau, ni même la décoration de son gâteau d’anniversaire surmonté de bougies qui, pour lui, ne signifient rien.
A la différence de beaucoup de guérisons, celle-ci n’est pas due à une demande. C’est Jésus qui prend personnellement l’initiative : « Jésus vit un aveugle » = Jésus me voit, tel que je suis, avec mes épreuves, mes difficultés.
Tout ce récit, savamment construit, nous fait parcourir l’itinéraire de la foi : depuis les ténèbres les plus épaisses jusqu’à la lumière la plus diffuse. Cet itinéraire, c’est celui de notre Baptême qui nous fait passer du monde des ténèbres aux fils de lumière capables de voir et de témoigner. Cet itinéraire est progressif, gradué. C’est peu à peu que la lumière, celle de la foi va inonder l’âme de cet aveugle même si sa guérison physique est rapide. Ce miracle, ce » signe » comme dit St-Jean, va révéler qui est Jésus : il est « “la lumière du monde ” » et va contraindre chacun à prendre position à son égard à travers quatre procès successifs, où, à chaque fois, l’aveugle va y voir un peu plus clair en contemplant celui qui l’a guéri.
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1er procès: L’aveugle a recouvré la vue, mais il est isolé (Jésus a disparu avec ses disciples) et débute un débat sur son identité. Tout d’abord avec ceux qui l’entourent : ses voisins, ceux qui étaient habitués à le rencontrer.
« N’est-ce-pas celui qui était mendiant ? »
Les uns disaient : « C’est lui ! ».
Les autres : « Non ! Mais c’est quelqu’un qui lui ressemble ».
Et lui dit : « C’est bien moi » et il raconte comment l’homme qu’on appelle Jésus (il n’en sait pas plus actuellement) a fait de la boue, lui a frotté les yeux, lui a dit d’aller à la piscine de Siloé.
« Et lui, où est-il ? »
« Je ne sais pas ».
Pour le moment, ce n’est qu’un mouvement de curiosité sympathique.
Pour beaucoup de nos contemporains, la religion, c’est ça ; on s’intéresse à Jésus jusque- là : un miracle, ça pique au vif, ça intrigue, ça fait poser des questions, mais on ne veut pas se compliquer la vie et on ne va pas plus loin. Quant à l’aveugle guéri, notons en passant qu’il ne sait rien du Christ : si, il sait son nom, on l’appelle et on le nomme Jésus.
Procès d’une foi superficielle : nous demeurons à la surface de l’évènement, comme des badauds qui s’attroupent après que quelque chose vient de se passer ; on s’arrête et on continue son chemin, sans plus penser à rien.

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2e procès : On amène l’aveugle devant les pharisiens, procès du soupçon: « Il a fait ce miracle un jour de sabbat », cela ne peut donc venir de Dieu.
« Oui, répondent les autres, mais un signe pareil ne peut pas être accompli par un pécheur ».
Divisés, ils interrogent l’aveugle, qui lui, dans sa réponse va déjà beaucoup plus loin :
« Que dis-tu de lui ? »
Il répond: « C’est un prophète ».
Procès où les uns sont pour, les autres sont contre, mais où l’homme de bonne volonté commence à progresser : « C’est un prophète ».
« Seigneur, aide-nous à progresser dans la foi ».
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3e procès : On fait venir ses parents. Pour nier un miracle, le meilleur moyen, c’est de dire qu’il n’a pas eu lieu : « Faisons venir les parents », sans doute n’était-il pas vraiment aveugle, il faisait semblant pour mendier.
« Mais non, disent les parents, c’est bien notre fils ; il était bel et bien aveugle : comment cela se fait-il ? »
Ça, c’est une autre affaire : ils ne veulent pas se mouiller, prendre parti. « Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer ».
Ils avaient peur, autre attitude devant Jésus : la dérobade. On n’a pas la foi parce qu’on refuse de se poser des questions et leurs réponses pourraient nous entrainer trop loin. Si, un jour, ma foi devait changer ma vie, vous vous rendez compte ? Quelle histoire ! Et que ne ferait-on pas pour ne pas avoir d’histoires !
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4e procès: Pour la 2e fois, les pharisiens convoquent notre homme et pour le faire mentir, ils mentent eux-mêmes.
« Rends gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un pécheur » : c’est curieux, à partir de ce moment-là, ce sont les voyants qui deviennent aveugles et l’aveugle qui voit de plus en plus clair et il se met à défendre Jésus, son bienfaiteur, qui est attaqué !
« Nous savons », disent les pharisiens avec assurance, en fait, ils ne savent plus rien.
« Je n’en sais rien », dit l’aveugle : en fait, il commence à savoir et à deviner et les pharisiens commencent à l’injurier. Plus ils savent, moins ils croient ; suffisance de celui qui refuse d’évoluer, qui s’accroche à la tradition.
Admettre la nouveauté serait mettre en péril leur système doctrinal : alors, ils se mettent à nier l’évidence et ils commettent ainsi le seul péché qui existe dans l’Evangile de St-Jean : refuser la foi, être volontairement incroyant, se boucher les yeux sur le mystère de Jésus.
Ils savent et parce qu’ils savent, ils ne veulent pas savoir : blocages de l’incroyant, installé dans son système de pensée et qui ne veut pas en sortir.
Et nous, frères et sœurs, sommes-nous toujours à la recherche de la vérité ? Sommes-nous bloqués sur nos ‘’ savoirs ‘’ ? Sommes-nous avides de connaitre davantage, d’ouvrir nos yeux aveugles ?
Cet homme guéri est expulsé, seul, rejeté parce qu’il a soutenu sa foi et n’a pas voulu en démordre. Jésus l’apprend et vient le trouver. Après ces quatre procès successifs, il vient à son secours et lui permet d’aboutir à une magnifique profession de foi !
« Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois : c’est lui qui te parle ».
Il dit : « Je crois, Seigneur », et il se prosterne devant lui.

Alors que les pharisiens se sont enfermés dans leur incroyance, lui, n’a cessé d’avancer dans la foi. Au début, il dit : « Cet homme qu’on appelle Jésus » et puis, il découvre que c’est un « prophète« , « quelqu’un qui vient de Dieu » et enfin pour lui, c’est le « Fils de l’homme » : « le Seigneur ».
Il est passé du fait noir à la lumière alors que les pharisiens ont fait le trajet inverse, eux qui affirmaient » savoir « , qui croyaient » voir « , n’ont cessé de s’enfoncer dans leur aveuglement. C’est le renversement des situations. Les vrais aveugles, les vrais pécheurs ne sont justement pas ceux à qui l’on pense : ils ont préféré les ténèbres à la lumière.
Devant Jésus, il faut choisir, il faut prendre parti : ou bien s’enfermer dans un système qui va l’exclure ou bien aboutir à une rencontre personnelle avec lui. Cette rencontre, elle est toujours à faire, à refaire : est-ce-que notre foi progresse à l’imitation de cet aveugle qui, peu à peu, s’ouvre, ouvre ses yeux au mystère de Dieu ? La foi ne tombe pas toute faite du ciel… elle nous rejoint dans notre propre histoire. Elle peut être une lente gestation.
Le fait d’avoir été baptisé tout bébé ou d’être arrivé tard à la foi ne change rien fondamentalement.
Pour » naître à la foi « , il s’agit de s’engager personnellement à la suite du Christ, passer des ténèbres à son admirable lumière. AMEN
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Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit
En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.
Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

La situation corporelle, concrète, de cet homme dit, dans notre condition humaine de chair et de sang, ce que nous sommes tous spirituellement : des aveugles de cœur qui ont perdu le sens de ce « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5). « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, mais eux ne me connaissent pas, ils ne comprennent pas. Fils pervertis… Ils ont abandonné le Seigneur » (Is 1,2-4).
Mais comme Dieu est Soleil de Vie (Ps 84,12 ; 36,10), Soleil qui rayonne la Vie, qui donne la Vie, se détourner de Lui c’est se priver au même moment de « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12) et donc devenir, petit à petit, spirituellement aveugle et comparable, dans ce domaine, à un mort… « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Os 4,6), sans oublier que « connaître », dans la Bible, est avant tout un « vivre avec… en relation avec… ». La « connaissance » est juste l’aspect « prise de conscience » lié à cette relation… En se détournant de Dieu, les hommes ne reçoivent plus, de cœur, la Lumière vivifiante de son Esprit (Jn 6,63) qui rayonne sans cesse de Lui. Leurs cœurs sont plongés dans les ténèbres… Ils ne « voient » plus, ils n’imaginent même plus que cette Lumière puisse exister… « Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C’est que le cœur de ce peuple s’est épaissi : ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je les guérisse » (Is 6,9-10 cité en Mt 13,14-15 ; Jn 12,40, Ac 28,26‑27). Telle est la situation du pécheur « aveugle-né », fermé sur lui même, prisonnier de son égoïsme et de son orgueil…
Le Christ va donc prendre l’initiative de se rapprocher de cet « aveugle-né » qui, répétons-nous, nous représente tous… Il va établir le contact, lui parler… Pour l’aider à percevoir ce qu’il désire faire pour lui, il va employer le langage des médecins de l’époque qui appliquaient toutes sortes de baumes sur les blessures… Mais cette boue qu’il lui met sur ses yeux fermés renvoie à la boue de nos souillures qui englue nos cœurs… « Va-te-laver à la piscine de Siloé », lui dit-il ensuite, Siloé signifiant en hébreu « envoyé », et Jésus ne cesse de se présenter en St Jean comme l’Envoyé du Père… L’aveugle-né fait preuve de bonne volonté : il obéit tout simplement, et il va se laver… « Quand il revint, il voyait »… Sa guérison corporelle renvoie à sa guérison spirituelle… Il voyait de cœur, il vivait de cœur d’une Vie nouvelle ! Puissions vivre la même expérience… DJF
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Textes bibliques : Ex 17, 3-7 ; Jn 4, 5-42
Frères et sœurs, en ce troisième dimanche de Carême, la liturgie de la Parole nous donne deux textes qui évoquent le thème de l’eau.
L’eau est l’un des quatre éléments qui composent le monde, avec la terre, l’air et le feu. L’eau est indispensable pour la suivie de l’être humain, des animaux et de toute la création. L’eau : un élément important et qui est très symbolique pour les chrétiens.
Revenons aux deux textes dans lesquels la thématique de l’eau apparaît. Quels enseignements pouvons-nous en tirer pour aujourd’hui ?
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1ère lecture : Livre de l’Exode
Lorsque le peuple Hébreux a été libéré par Dieu de l’esclavage en Égypte, il a dû traverser le désert pour rejoindre la terre promise. Les Hébreux ont été confrontés à toutes sortes d’épreuves : la faim, l’insécurité et dans notre récit, la soif.
Ce récit nous permet deux souligner deux points :
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Dieu nous assiste dans chacune de nos difficultés. Dieu n’abandonne personne ! Ce temps de Carême nous invite vraiment à entrer dans cette confiance.
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Cependant, nous devons le reconnaître, comme les Hébreux, nous pouvons avoir des manques de foi : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »
Nos doutes ne portent pas forcément sur l’existence de Dieu mais davantage sur sa présence dans nos vies. La plainte des Hébreux est bien la nôtre parfois.
Nous devons nous rappeler que la foi est avant tout un don de Dieu. On n’acquiert pas la foi par ses propres efforts. Ce n’est pas un mérite… Néanmoins, Dieu compte sur nos efforts pour que cette foi soit vive. Quels moyens nous donnons-nous pour faire grandir ce don de la foi que nous avons reçu de Dieu ?
Si la foi est un don de Dieu, il faut aussi demander au Seigneur de la faire grandir en nous : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » Efforts et prières sont de mise pour que grandisse le don de la foi que Dieu nous a fait. Ne perdons pas ces deux axes durant notre Carême.
Dans l’Évangile, Jésus se révèle comme « l’eau vive », celui qui peut vraiment étancher notre soif. Jésus est le vrai « don de Dieu », une source d’eau d’où jaillit la Vie éternelle : « l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
Aujourd’hui, l’homme a tendance à se désaltérer par le matériel qui le satisfait pour un temps… la soif n’est jamais étanchée… Certes, l’homme a besoin d’un minimum de confort matériel pour le bien être de son corps mais son âme a besoin aussi d’être désaltérée. Comment ? En venant puiser dans la Parole de Dieu et dans les sacrements.
Nous avons besoin de cette source spirituelle qui ne s’épuisera jamais. Personne n’est exclue de cette source ! Le Christ ne rejette personne !
Comme je l’écrivais plus haut, la symbolique de l’eau est forte pour les chrétiens. L’eau est symbole de vie et de purification. Par le Baptême, nous avons été plongés dans les eaux du Salut. Nous avons été plongés dans la mort et la Résurrection du Christ.
Que le Seigneur renouvelle en nous la grâce de notre Baptême durant notre marche vers Pâques. Sachons nous donner les moyens pour que le Seigneur puisse agir en nous.
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Seigneur Jésus, toi l’eau vive, viens étancher notre soif. Montre-nous le chemin à suivre…
Rodolphe Emard
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« J’ai soif ! »
Jésus est fatigué, il marche depuis le matin, et il est presque midi … Il a besoin de repos … et il a soif.
Il s’assieds sur la margelle d’un puits, le puits de Jacob, en territoire samaritain … et il attend que quelqu’un lui propose à boire …
Mais il est midi … et ce n’est plus l’heure de venir au puits … il est trop tard pour venir puiser de l’eau dans le puits pour le repas … et puis le soleil est trop fort …
Jésus a soif …
Il ne joue pas les super héros …
Il est comme nous … après une longue marche sous le soleil … épuisé et assoiffé …
Il a besoin d’aide …
Arrive quelqu’un, malgré l’heure … C’est une femme, seule … une femme du village voisin … Or, il n’était pas correct de parler à une femme seule … et en plus à une samaritaine, des personnes qui s’étaient détournés de la foi juive …
Jésus, le Fils de Dieu, la supplie quand même : « Donne-moi à boire. »
Réaction indignée de la femme : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? ».
C’est vrai, il a soif … mais quand même, … il ne respecte même pas les conventions !
« D’où il sort, celui-là ? »
« Il est né de la Vierge Marie, … vrai Dieu né du vrai Dieu … »
Alors Jésus lui répond : « Si tu savais le don de Dieu … »
Rien que cela aurait dû mettre en alerte la samaritaine …
Et nous, Est-ce que cela nous met en alerte ? Est-ce qu’on se pose la question : C’est quoi le don de Dieu ?
De l’eau ? … C’est vrai que dans la première lecture, Dieu donne de l’eau à son peuple sorti de l’esclavage des Égyptiens, par l’intermédiaire de Moïse frappant le rocher de l’Horeb … Mais est-ce vraiment cela ?
Non. C’est une conséquence du don premier de Dieu …
Alors, quelle est le don premier, quelle est la cause première de l’action de Dieu, et donc de Jésus ?
L’amour de Dieu pour sa création, et spécialement pour les humains … tous les humains … « Dieu fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5,45). La lumière et la pluie (l’eau), tout ce qu’il faut pour faire pousser les plantes …
L’amour de Dieu est pour tous, y compris les Samaritains … et les Samaritaines, même celles qui ont une vie pas très orthodoxe, comme celle qui est devant Jésus …
La preuve, quand le groupe des disciples fut refusé dans un village samaritain, à Jacques et Jean qui demandaient d’envoyer le feu du ciel sur le village, « Jésus, se retournant, les réprimanda. » (Lc 9,54).
L’amour de Dieu est pour tous, y compris les Russes et les Ukrainiens, et tous les mercenaires utilisés dans cette guerre … et dans les autres guerres ou systèmes de pression …
Et cela on a du mal à l’accepter, même si on ne le dit pas … On préférerait qu’il prenne parti pour l’un ou pour l’autre … comme nous le faisons …
Mais Dieu est au-dessus de tout cela. Ses pensées ne sont pas les nôtres. Il ne fait pas de préférence. Il laisse à chacun le temps de la conversion … à nous aussi, car nous ne sommes pas parfaits …
L’amour de Dieu est toujours premier …
Et Jésus lui-même ira jusqu’au bout de cet amour en donnant sa vie pour nous sauver, pour nous permettre de parvenir à la Vie Éternelle, auprès de son Père.
Et juste avant de mourir, il s’écria : « J’ai soif. » …
Comme ce jour-là devant la samaritaine …
Seigneur Jésus,
tu as connu la faim,
la fatigue et la soif…
tout comme nous, pauvres humains.
Tu as toujours réussi à les supporter
parce que tu avais en toi
la certitude de l’amour de ton Père
envers toi …
et envers nous !
Mais nous, il nous arrive de douter.
Fortifie notre foi !
Francis Cousin
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La Samaritaine
Jn 4, 5-42
Ces jours-ci, il a fait chaud, très chaud et souvent il nous est arrivé d’avoir soif : la soif, ce besoin et ce manque de ‘’quelque chose’’, qui, nous le sentons bien, est vital pour notre organisme. Vous savez qu’on peut faire la grève de la faim pendant plusieurs jours, mais on continue à boire car la grève de la soif, elle, serait très vite insupportable et dangereuse.
Boire = besoin vital, la soif est le signe physique de ce besoin. Elle nous dit : « Attention, il faut te désaltérer, ton organisme est en manque, tu en as besoin ». Les biologistes nous le disent : un corps humain est d’abord composé de plus de 80% d’eau allié à des matières minérales, à des cellules vivantes qui ne se renouvellent que dans un liquide. L’eau, c’est la vie : pas de vie sans eau.
Pourquoi les déserts ? Parce qu’à ces endroits-là, il n’y a pas d’eau. Par contre, si au milieu de ce désert, vous apercevez une oasis, vous conclurez tout de suite : « Tiens, il y a un point d’eau, il y a des palmiers, l’homme peut y vivre ».
Mais l’homme intérieur, l’homme spirituel, a aussi d’autres soifs : des désirs, des rêves, des projets, des ambitions. Même s’il est comblé matériellement, il aura toujours soif d’autre chose comme cette Samaritaine qui demande au Christ : « Seigneur, donne-moi à boire », alors que c’est elle qui a le récipient et qu’elle se trouve au bord du puits.
« Si tu savais qui je suis, dit Jésus, c’est toi qui me donnerai à boire » et c’est ce qu’elle fait.

Parce qu’il n’a pas qu’un corps, mais aussi une âme, un esprit, un cœur, l’homme a d’autres soifs, bien plus impérieuses encore que la soif physique. On a trouvé, auprès des vêtements d’un homme qui s’était noyé volontairement, ce papier : « Je me noie avec de l’eau ordinaire, faute d’avoir pu trouver ce qui aurait désaltéré ma soif intérieure. Les hommes n’ont pas pu me fournir cette eau d’amour qui aurait pu désaltérer mon cœur ».
Sur la table de nuit de Marylin Monroe, à côté des cachets qu’elle avait absorbés pour s’en aller, il y avait un petit papier griffonné : « Tout le monde m’admire, chacun me désire mais personne ne m’aime ».
Oui, il nous faut une autre eau, une eau qui puisse satisfaire nos autres soifs. Comment l’appeler cette eau ? Le Christ lui a donné un nom. Il la nomme : » l’eau vive « , c’est-à-dire l’eau qui fait vivre, l’eau qui donne la vie, toute la vie, qui comble totalement celui qui la boit, à tel point que le Christ, parlant de cette eau-là, déclare :
« Celui qui boira de cette eau n’aura plus jamais soif ».
Alors, nous aussi, nous disons avec la femme de Samarie :
« Seigneur, donne-la nous, tout de suite, cette eau-là ! »
Cette eau-là, elle a jailli en nous, le jour de notre Baptême. Dieu a versé en nous son Esprit Saint, son Esprit d’amour pour qu’il devienne, en chacun d’entre nous, une source de vie éternelle et de conversion. Cette eau-là, cette eau vive, elle est capable de désaltérer toutes nos soifs d’amour, tous nos désirs de connaissance, tous nos rêves les plus ambitieux et les plus fous, capable de désaltérer et de calmer toutes nos frustrations, toutes nos envies d’aimer et d’être aimé, tout ce qui nous laisse insatisfaits.
Parfois, nous oublions que cette eau vive est à notre portée. A tous ces frustrés que nous rencontrons, à tous ces insatisfaits de la société de consommation, à tous ceux qui ont soif d’ailleurs et d’au-delà et d’autre chose, nous leur disons :
« Fais comme la Samaritaine, rencontre le Christ : il est l’eau vive. Avec lui, tu seras comblé définitivement ». Oui, comblé définitivement.
L’homme, tant qu’il n’a pas rencontré le Christ (regardez autour de vous), est un perpétuel insatisfait. Plus il se paganise, plus il a soif d’autre chose ; plus il s’éloigne de la source, plus il dit qu’il a soif. C’est normal ; il est créé à l’image de Dieu, il lui faut donc les mêmes besoins que Dieu : un Dieu de vérité, un Dieu de liberté, un Dieu de justice, un Dieu d’amour.
Il a soif de ce bonheur-là : il lui faut, à tout prix, en trouver la source et il va la chercher dans les biens matériels, le confort, la consommation. Il ne tombera là que sur une citerne crevassée et sans eau.
Il va donc chercher ailleurs, dans le domaine intellectuel : des théories, des idéologies, des philosophies. Là encore, c’est la steppe et le sable malgré tous les mirages. Il aura beau consulter Marx, Freud, Nietzsche, Sartre, quelle sécheresse ! Que de désespoir !
On a dit que Sartre avait provoqué plus de suicides qu’il n’avait apporté de gouttes d’eau aux gorges desséchées ; philosophie du désespoir et du soupçon qui réduit l’homme à une caricature de lui-même et qui jette dans le sable toute l’eau vive de sa vocation, en niant son avenir divin, sa familiarité avec Dieu. On lui indique un puits, il se penche au-dessus de la margelle et n’y trouve que quelques cailloux.
Alors cette soif, avec quoi va-t-il l’étancher ? Pas avec des choses, pas avec des idées, peut-être avec l’amour ? Oui, mais avec quel amour ? Celui qu’on nous présente à la radio, à la télé, dans certaines revues ou dans certains films ? Amour d’épiderme : amour de rencontre ? Ou de location ? Amour d’instinct ? Amour de basse-cour ou de cour ? Ou bien celui que nous présente le Christ : un amour de cœur, amour d’oubli de soi, de service de l’autre, amour de fidélité, amour d’éternité ? Celui-là seul est porteur d’eau vive qui pourra combler intérieurement celui qui se donne : « Celui qui boira de cette eau-là, celle que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif ».

Soif de vérité : en face de toutes les questions essentielles que se pose l’homme, on ne lui répond que par des slogans, des mensonges, de la pub, de la désinformation et de la propagande. Qui peut se vanter aujourd’hui de penser par lui-même ? D’être indépendant des idées toutes faites qu’on veut lui faire avaler ?
Soif de liberté : nous sommes paralysés par nos habitudes, esclaves de nos routines et de nos facilités, enchaînés par nos lâchetés, sous le carcan du péché. Qui brisera nos chaînes ? Qui nous fera avancer librement vers la vraie source ? Sinon le seul vrai libérateur qui offre l’eau vive et non de la boue.
Soif de justice : dans le monde dur et sans pitié que le nôtre, dans lequel le fort écrase le faible… Parce que nous sommes fils de Dieu, nous avons soif d’une égalité, d’une fraternité et d’une liberté dont nous pouvons lire les mots sur les façades de nos mairies mais bien peu dans le cœur des hommes !
Comme la Samaritaine, murmurons au Seigneur :
« Donne-nous cette eau vive ». Alors, elle s’engouffrera en nous comme un barrage qui se brise pour nous faire vivre de la vie même de Dieu : l’eau vive. AMEN
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Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit
En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
– En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;
mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :
des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !…
Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,
et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

Jésus est sur les routes pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux, même aux frères ennemis d’Israël, les Samaritains. Il fait chaud et il a marché toute la matinée. A midi, alors que le soleil est au plus haut, il a soif et s’arrête au bord d’un puits. Mais ce dernier est profond et il n’y a rien sur place pour y puiser de l’eau…
Arrive une femme Samaritaine avec sa corde et son seau… Il est interdit à un Juif de parler à un Samaritain ? Tout comme à un homme d’engager la conversation avec une femme seule ? Qu’importe… Le seul souci de Jésus est son bien, son bonheur, la Plénitude de sa vie. « J’ai soif », lui dit-il pour créer le contact… Et nulle part le texte ne dira par la suite qu’il boira…
« Si tu savais le Don de Dieu », commence-t-il par lui dire, pour lui « mettre l’eau à la bouche », pour éveiller en elle le désir de découvrir, de recevoir ce Don de Dieu… Si tu savais aussi « qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire » »… Elle a en effet sous ses yeux « le Verbe fait chair », « le Fils unique » et éternel du Père (Jn 1,14), Celui que le Père engendre en Fils de toute éternité par le Don de l’Esprit Saint… Il le connaît donc, Lui, le Fils, le Don de Dieu, car c’est grâce à lui et par lui qu’Il Est ce qu’Il Est. Et toute sa mission consiste à proposer aux pécheurs que nous sommes, à nous dont le cœur ressemble à un désert aride et desséché, ce Don gratuit de l’Amour : l’Eau Vive de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39), cet Esprit qui est Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et si le Père engendre le Fils de toute éternité par ce Don de l’Esprit, ce même Don aura en nous, si nous consentons à l’accueillir, les mêmes effets… Nous serons alors tous « fils à l’image du Fils » (Rm 8,29), des créatures resplendissantes de Lumière et de Gloire pour avoir accepté de recevoir le Don de « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14).
« Si tu savais le Don de Dieu et qui est Celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé » poursuit-il, « et il t’aurait donné de l’eau vive »… Autrement dit, Jésus a dit à cette Samaritaine « Donne-moi à boire » en espérant qu’elle lui demandera à son tour « Donne-moi à boire »… Et il fait tout pour qu’elle lui adresse effectivement cette demande, en toute liberté. Alors, il pourra la combler. « Demandez, et vous recevrez… Car quiconque demande reçoit… Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,9-13), car telle est sa volonté : nous combler par son Esprit. DJF