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33ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 14-30) – Homélie du Père Louis DATTIN

Talents

Mt 25, 14-30

Aujourd’hui, frères et sœurs, nous sommes appelés à prendre conscience de ce qu’exige notre vocation de chrétien.

Être chrétien, ce n’est pas rien : nous avons beaucoup, beaucoup reçu. Au départ, il y a eu le Baptême, devenus fils de Dieu, nourris ensuite par l’Eucharistie, nous sommes aussi confirmés, pardonnés à chaque fois que nous avons péché, réconfortés alors que nous étions malades, fortifiés pour vivre une vie conjugale ou sacerdotale : sans oublier la Parole de Dieu, le soutien de l’Église, … Oui, c’est vrai, ce que nous avons reçu est énorme : d’ailleurs, un « talent », dans le temps, c’était aussi une somme énorme, environ « 35 kg d’or » qui correspondait au salaire de 6 000 journées de travail d’un ouvrier.

« Il leur confia ses biens, à chacun, selon ses capacités ». Dieu nous a beaucoup donné : Dieu espère beaucoup de nous ! Il fait confiance, nous laisse un capital conséquent et il va même partir en voyage, nous laissant le soin du domaine. Bien sûr, il reviendra et nous demandera des comptes : c’est dans l’ordre des choses. Mais, en attendant, c’est nous, les chrétiens, c’est nous, qui devenons responsables de la fortune de Dieu.

Dieu me confie ses biens : il ne suffit pas de veiller les bras croisés ou les mains jointes. Il faut être actifs, entreprenants.

Deux serviteurs font fructifier ce que le Seigneur leur a donné, le troisième enterre l’unique talent qui lui a été remis. Après tout, ce 3e, il est honnête : il va rendre à son maitre ce que son maitre lui a confié. Il est même prudent : il va enterrer, ce trésor de 6 000 francs or. Honnête, prudent : ce ne sont pas des qualités chrétiennes prioritaires. Avec tout ce qu’il a reçu, le chrétien, lui, doit être avant tout dynamique, constructif, productif. Dieu ne nous a pas confié sa création, son amour, l’Évangile, le message de son Fils, pour le garder pour nous, à notre profit personnel : nous devons rendre compte, un jour de la façon dont nous aurons mis en valeur tout ce que Dieu m’a donné.

Autrement dit, nous devenons  responsables, responsables non pas comme un gardien de coffre-fort, mais responsable comme un entrepreneur, comme un architecte.

Au départ, Dieu nous donne les matériaux : à chacun de nous de les utiliser au mieux pour en faire un chef-d’œuvre qui sera celui de notre vie.

Ma vie chrétienne n’est pas quelque chose à garder soigneusement, à veiller jalousement, un trésor à cacher. Elle est, au contraire, un capital à multiplier, une somme à placer pour la faire produire et fructifier : le chrétien ne se contente pas de conserver et de restituer.

Dieu nous a dotés en plus, chacun également, de qualités et aussi d’une liberté d’initiatives qui va nous permettre de mettre en œuvre toute une créativité, une participation qui ne sera d’ailleurs pas uniquement extérieure à nous, mais dont nous serons, nous-mêmes, les premiers bénéficiaires.

On a souvent confondu christianisme avec conservation. Il fallait « garder », « protéger », « veiller sur », observer les commandements, conserver la foi qui nous a été transmise comme un précieux dépôt. Dans les banques, il y a deux sortes de capitaux : ceux qui dorment, enfermés dans la salle des coffres, improductifs et ceux qui travaillent sur le marché ; investis, ils alimentent le marché du travail, de la production, de l’entreprise. Il y a l’argent qui travaille et l’argent qui dort.

Eh bien, dans l’Eglise aussi, il y a la grâce de Dieu qui travaille et celle qui ne travaille pas. Dieu donne à chacun sa grâce, sa vie, ses biens : qu’en faisons-nous ? Est-ce-que nous capitalisons ce que Dieu nous a donné et qui ne servira jamais à rien parce que nous ne le communiquons pas aux hommes de notre temps ? Un capital qui dort parce que son propriétaire est un chrétien assoupi ou au contraire, une somme de grâces qui va, comme dit le monde financier, « faire des petits » parce qu’il est lancé sur le marché des hommes, placé à bon escient, investi par des chrétiens actifs, avisés, entreprenants, qui se risquent et qui se lancent dans le monde de l’évangélisation, de la charité, de l’apostolat.

Ce capital de ma foi, va-t-il donner de la foi aux autres ? Cet amour de mon cœur va-t-il être partagé et se répandre ? Cette espérance qui est mienne, va-t-elle soulever l’espoir des hommes autour de moi ?

            Ne pas garder pour moi ce dont les autres ont tant besoin : ils ont droit à notre foi, droit à notre amour, ils réclament notre espérance. Rappelez-vous cette affiche d’une banque où l’on voyait un homme au regard vif qui disait : « Votre argent m’intéresse ».

Les hommes les plus conscients des besoins de notre époque disent aux chrétiens la même chose : « Vos talents, votre foi, votre espérance, votre charité nous intéressent ». Ce que vous avez reçu, c’est la clé qui ouvre la vraie porte, le mot de passe qui nous fait aller plus loin, le passeport qui nous permet de passer dans le pays VRAI : celui de Dieu.

Ces clés, ces mots de passe, ces passeports, ces messages qui ne doivent pas rester secrets : les garderons-nous pour nous ? Allons-nous les enterrer, les mettre au coffre ou bien les mettre à disposition de tous ?

Oui, c’est vrai, nous avons reçu un trésor, nous avons, depuis notre Baptême, notre Confirmation, dans notre Evangile, un véritable trésor : qu’en faisons-nous ? Sert-il à quelque chose ?

Ces « talents », nous ne devons pas les garder pour nous en disant : « Moi, je fais mon salut. Je n’ai qu’une âme qu’il faut sauver. Que les autres se débrouillent, c’est leur problème ».

Dieu ne nous donne que pour distribuer à notre tour, pour partager, pour rayonner. Un don gardé pour soi est une valeur qui pourrit parce qu’elle n’est pas utilisée, comme une nourriture gardée trop longtemps au frigidaire. Tout ce que Dieu nous donne est offert par Dieu pour que je l’offre aux autres.

Rappelez-vous les dernières paroles de Jésus avant l’Ascension : « Maintenant, allez, évangélisez ; de toutes les nations faites des disciples ». Evangéliser, c’est faire fructifier les talents confiés. Posons-nous la question : « Est-ce-que je suis un secours pour les autres ? Est-ce-que je porte aux autres une espérance ? Peuvent-ils compter sur mon partage ? Bénéficient-ils, eux aussi, de tous les talents que j’ai reçus du maître ?

En cette période de crise monétaire, toutes les bourses de New-York, Londres, Paris, Tokyo peuvent s’affoler, toutes les monnaies peuvent perdre des points et les courbes plonger. Les valeurs évangéliques, elles, celles qui justement sont toujours stables et actuelles, ces valeurs-là, ont-elles « la côte » aux yeux des hommes grâce à des chrétiens qui les lancent sur le marché et les font apprécier comme étant les seules qui ne peuvent pas se dévaluer, s’écrouler, ces valeurs qui, dit la liturgie, « ne passent pas » mais « demeurent » ?

Frères et sœurs, nous sommes les gérants de cette fortune, ne la cachons pas dans l’oreiller sur lequel nous dormirons. Lançons la aux quatre coins du monde afin qu’elle puisse fructifier. N’ayons pas « peur » comme le 3e serviteur, mais usons de l’audace que la liberté de Dieu nous accorde, afin que le maître, à son retour, puisse nous dire, à nous aussi : « Très bien ». AMEN




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

L’autre jour, un prêtre qui a été missionnaire en Centrafrique me racontait que lorsqu’il était là-bas, des gens venaient  régulièrement au presbytère pour mendier. Il frappaient à la porte, et lorsque l’un des prêtres ouvrait, ils criaient: « Matthieu 7, 7 » ! Il s’agit du verset dans lequel Jésus dit à ces disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

En citant ce verset de l’Évangile, ces pauvres essayaient de forcer les prêtres à répondre à leurs besoins.

Cependant, il me semble que lorsque Jésus dit « « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez », il  ne parle pas de biens matériels. Ce sont plutôt les biens spirituels que Jésus nous invite à demander et à rechercher.

Pourquoi ne chercherions-nous pas la sagesse ?

D’ailleurs, la première lecture tirée du Livre de la Sagesse (Sg 6, 12-26) nous dit que la sagesse « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (v. 12), ou encore que « Celui qui la cherche dès laurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte » (v. 14).

Comment la recherche de la sagesse peut-elle être si simple ?

Un peu plus loin dans le livre, relisant le célèbre épisode d’1 R 3 dans lequel Salomon demande à Dieu de lui donner un cœur sage pour gouverner son peuple, l’auteur du Livre de la Sagesse écrit: « Je savais que je ne pourrais jamais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce bienfait. » (Sg 8, 21) Donc pour trouver la sagesse, il suffit de la demander au Seigneur: «  Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

Relisons la fin du texte :

« celui qui veille à cause delle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes delle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre » (v. 15-16).

Relevons tout d’abord qu’il est ici question de « veille » et de « rencontre » comme dans le texte d’évangile de ce dimanche: « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25, 6) ; « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni lheure » (Mt 25, 12).

Ensuite dans notre texte, la sagesse semble personnifiée. L’auteur en parle comme s’il s’agissait d’une personne. Mais qui est-elle ? La Tradition chrétienne l’a identifié à Jésus. Pourquoi pas ?

En ce qui me concerne, je dirai simplement que si l’auteur du Livre de la Sagesse écrit sous l’autorité de Salomon, Jésus lui, affirme qu’il est « bien plus que Salomon » (cf. Mt 12, 42). Ce n’est pas rien, car Salomon est la figure de sagesse par excellence dans l’Ancien Testament.

Soyons donc attentif à l’enseignement de « Rabbi Jésus » sur la sagesse.

Le texte d’évangile de ce dimanche est une parabole qui s’inscrit dans le cadre du long discours eschatologique des chapitres 24-25. Dans ce contexte de « fin des temps », l ‘époux désigne le Christ lors de son retour glorieux, la salle des noces est une image du Royaume des cieux, et les dix jeunes filles représentent la communauté de celles et ceux qui suivent Jésus, c’est à dire nous.

 

Dans cette parabole, cinq des jeunes filles sont « prévoyantes » et « sages » (φρόνιμοι), alors que cinq sont « insouciantes », ou plutôt « insensées » (μωραί). Jésus veut nous mettre en garde, et nous inviter à imiter les jeunes filles sages et prévoyantes. L’enjeu est donc de taille, car la « sagesse » est requise pour entrer dans la salle des noces, c’est à dire dans le Royaume des Cieux.

Que signifie « être sage » ? Quel est le sens de la métaphore des flacons d’huile que prennent avec elles, les jeunes filles sages de la parabole ?

Réfléchissons ensemble ! L’invocation des jeunes filles insensées: « Seigneur ! Seigneur ! Ouvre-nous ! » au v. 11, ne nous est-elle pas familière ? Et, n’y a t-il pas un autre passage dans l’évangile selon saint Matthieu où il est question de deux personnages, l’un « sage / prudent » (φρόνιμος) et l’autre « insensé » (μωρός) ?

En fait, le texte d’évangile que nous avons entendu aujourd’hui fait écho à la fin du chapitre 7 de l’évangile de Matthieu dans lequel l’invocation « Seigneur ! Seigneur ! » est présente, et dans lequel deux hommes, l’un prévoyant et l’autre insensé, s’apparentent aux jeunes filles prévoyantes et insensées de notre parabole. Ce chapitre 7 peut donc nous éclairer et nous permettre de comprendre ce que signifie « être sage » pour Jésus:

À la fin du chapitre 7 nous lisons:

« Ce nest pas en me disant : Seigneur, Seigneur !quon entrera dans le royaume des Cieux, mais cest en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (7, 21).

Nous avons déjà une réponse. S’il faut être « sage » pour entrer dans le Royaume, cette sagesse, c’est faire la volonté du Père Céleste.

Dès lors, se pose la question de savoir comment faire pour être sûr de faire la volonté du Père. Poursuivons notre lecture de la fin du chapitre 7:

« Celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne sest pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison sest écroulée, et son écroulement a été complet. » (7, 24-27)

Tout est dit. Pour faire la volonté du Père, il faut écouter les paroles de Jésus et les mettre en pratique. C’est cela la vraie sagesse. La seule qui est nécessaire pour entrer dans la salle des noces, pour entrer dans le Royaume des Cieux.

Suivant le conseil de Jésus, et à l’exemple de Salomon, tournons-nous vers Dieu le Père, « demandons et recevons ;  cherchons et trouvons » la grâce de cette sagesse véritable. Ainsi au retour glorieux du Christ, comme l’écrit saint Paul dans la deuxième lecture, « nous serons emportés sur les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1 Th 4, 17).

Amen !




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13) – par Francis COUSIN

« Maranatha ! »

« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. »

Ces dix jeunes filles ne sont pas des demoiselles d’honneur, comme souvent on le pense, car alors, nécessairement, elles entrent toutes à la noce, même avec peu de retard. En fait, elles représentent chacun de nous, filles ou garçons, baptisés … ou pas encore … qui faisons partie des habitants du monde, et qui sont appelés … à mourir … et donc à devenir « des invités au repas des noces de l’Agneau. » (Ap 19, 9), dans le Royaume des cieux, pour les noces entre Jésus et l’Église, entre Jésus et chaque croyant …

Parmi ces jeunes filles, cinq sont dites prévoyantes, et les autres insouciantes !

Pourquoi ? parce que les prévoyantes ont amené une réserve d’huile, et pas les autres !

Et on voit à la fin de la parabole que celles qui avaient prévue une réserve sont admises dans le Royaume des cieux … et pas les autres …

Tout ça pour une question d’huile !!

La vie éternelle perdue … pour une question d’huile !

Mais que représente donc cette huile ?

Ce n’est pas tant l’huile qui compte, mais la préparation de notre la rencontre avec Jésus et son Père … mais surtout Jésus, car à la fin des temps, c’est lui qui reviendra pour juger si on peut entrer dans le Royaume des Cieux, directement ou en passant par ce qu’on appelle le purgatoire, … ou aller « Là [où] il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. » (Lc 13,28) … ce que je ne souhaite pour personne …

Et comment s’y préparer : Saint Matthieu l’explique un peu plus loin dans un texte que nous lirons dans quinze jours, en citant les sept œuvres corporelles de miséricorde : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40), quand on voit Jésus dans chaque être humain, et qu’on réagit comme l’aurait fait Jésus, … c’est-à-dire avec amour …

Il faut pour cela beaucoup de temps … toute une vie … pour agir comme Jésus, pour lui montrer notre amour …

Une durée qui nous est donné par Jésus pour que nous puissions lui montrer que l’amour que nous avons pour lui est un amour vrai, qui n’est pas qu’une passade, une émotion superficielle, qui ne dure pas …

Un temps suffisamment long pour nous permettre d’améliorer notre amour, le parfaire …

            Et un temps suffisamment long pour que Jésus puisse s’assurer de « la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur » (Ep 3,18) de notre amour pour lui, … de sa sincérité …

            Dans la parabole, Jésus met en avant notre relation avec la lumière, que certaines filles avaient en suffisance, et d’autres qui ne pouvaient en avoir pour longtemps.

Si on prend le début de l’évangile selon saint Jean, on lit : « Au commencement était le Verbe, … et le Verbe était Dieu … En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,1.4-5), et plus loin : « Moi, je suis la lumière du monde. » (Jn 8,12).

La lumière … qui illumine nos vies … c’est Jésus, c’est l’amour de Jésus pour nous … et c‘est aussi l’amour que nous avons pour Jésus.

Un amour déposé dans notre cœur le jour de notre baptême par l’onction du saint chrême, sans qu’on y fasse vraiment attention … et qui dure toute notre vie …

Une vie qui peut être courte pour certains … sans doute parce que Jésus avait éprouvé la grandeur de leur amour pour lui dès leur jeune âge. On peut penser à Ste Blandine, Ste Agnès, St Tarcisius, et plus près de nous à St Dominique Savio, Ste Thérèse de l’enfant Jésus et de la sainte face, Claire de Castelbajac, St Pier Gorgio Frassati ou Carlo Acutis … et bien d’autres, connus ou inconnus, ceux dont seul Dieu connait la grandeur de leur amour pour lui.

Tiens ma lampe allumée,

la flamme est si fragile,

Ce soir je viens mendier

ton pain, ton eau, ton huile.

Tiens ma lampe allumée

jusqu’à ton domicile, (Le Royaume des Cieux)

Toi seul, peut me guider.

 

 Allume dans mes yeux quelque chose de pur,

Quelque chose de Toi que rien ne puisse éteindre,

Ni le poids du présent, ni l’avenir peu sûr,

Et que dans mon regard ta clarté vienne poindre.

                                     (Jean-Claude Gianadda)

Francis Cousin

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Prière dim ord A 32°

 




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Veillez à demeurer dans l’Amour… »

(Mt 25,1-13)

  En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole :
« Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes :
les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.”
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe.
Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : “Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.”
Les prévoyantes leur répondirent : “Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.”
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : “Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !”
Il leur répondit : “Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.”
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

         

                   « Vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant et venir sur les nuées du ciel », dira Jésus pendant sa Passion, peu après notre passage (Mt 26,64). Ce retour glorieux du Christ ressuscité marquera la fin de notre monde… «  Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel… Pour ce qui est des temps et des moments de la venue du Seigneur, vous savez très bien, frères, que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1Th 4,16 ; 5,1‑2)… Et il en est de même pour la mort de chacun d’entre nous, qui sera aussi pour nous, « le Jour du Seigneur », le Jour du face à face avec Lui dans la Lumière…

            Avec cette parabole des dix vierges, Jésus nous invite ici à nous préparer à cette rencontre. Chacune a une lampe, que nous pourrions regarder comme notre cœur… Cette lampe n’est rien en elle-même : pour être lumière, elle a besoin d’huile… Or, l’huile dans la Bible renvoie souvent au Don de Dieu, l’Esprit Saint. Ainsi, Samuel entendit un jour Dieu lui dire : « Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! Je t’envoie auprès de Jessé de Bethléem, car j’ai vu parmi ses fils mon roi. » Et en rencontrant le jeune David, « Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’Esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là » (1Sm 16,1-13)…

            Or « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) et le propre de l’Amour est de donner, gratuitement, tout ce qu’Il Est en Lui-même (Jn 3,35). Si « Dieu est Esprit  » (Jn 4,24) et si « Dieu est Saint » (Ps 99(98)), il ne cesse donc de donner « l’Esprit Saint ». Mais pour le recevoir, encore faut-il se tourner de tout cœur vers lui, et donc au même moment renoncer à tout ce qui lui est contraire. Tel est l’appel au repentir, à la conversion que Jésus lance en St Marc dès ses premières paroles (Mc 1,15). Que cet appel soit entendu, et aussitôt, le Don de l’Esprit pourra trouver le chemin du cœur qui s’ouvre ainsi à lui, et il accomplira son œuvre purificatrice, vivificatrice, illuminatrice… Et il s’agira ensuite de « se tenir sur nos gardes, de peur que nos cœurs ne s’appesantissent dans la débauche, l’ivrognerie, les soucis de la vie » (cf. Lc 21,34). « N’éteignez donc pas l’Esprit », dira St Paul, « mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal » (1Th 5,19-22). Autrement, privés du Don de Dieu, nous ne serions plus en communion avec lui, une situation qu’évoque Jésus avec l’époux qui dit ici aux vierges folles: « Je ne vous connais pas »…

                                                                                                                                              DJF

           




32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 25, 1-13)- Homélie du Père Louis DATTIN

Les 10 Vierges

 Mt 25, 1-13

 

Pour bien comprendre cette comparaison choisie par Jésus, il faut savoir comment se passait une noce à son époque et dans son pays. Pendant les fiançailles, les jeunes gens restaient séparés chacun dans leur maison, chez leurs parents respectifs. Le jour de la noce, les parents de la jeune fille allaient chez ceux du jeune homme pour mettre au point les derniers détails au sujet de la dot. Ces palabres orientaux duraient parfois fort longtemps. D’ailleurs, on n’était pas pressé puisque c’est le soir, tard, à cause de la chaleur, que commençait la fête proprement dite.

Pendant ce temps-là, la mariée attendait dans sa maison, en compagnie de ses demoiselles d’honneur, jusqu’à ce que le futur mari arrive et vienne chercher sa fiancée pour la conduire dans sa maison. C’était alors un cortège joyeux, une procession aux flambeaux qui se déplaçait d’une maison à l’autre.

Mais une fois le cortège introduit dans la maison du mari, on fermait les portes, tout de suite, pour éviter que ne s’introduisent de faux invités, des pique-assiettes et aussi de mauvais plaisants toujours prêts à faire des farces de plus ou moins mauvais goût pendant une nuit de noces.

Et voilà une histoire joliment commencée. Les dix jeunes filles du cortège se préparent : la robe, le maquillage, les bijoux.

C’est le grand jour, ça n’arrive pour elles que deux ou trois fois dans leur vie ! Et, vous savez ce que c’est, un jour de fête ; on est plus ou moins affolé, il règne un climat fiévreux, les autres amies qui arrivent déjà, alors on se dépêche : « Ah ! Ma lampe, où est-elle ? Ouf ! La voilà ! Vite, allons rejoindre les autres ».

Les palabres pour le contrat de mariage ont dû être longs, ce soir-là, un peu plus longs que d’habitude. On attend.

L’époux ne vient toujours pas, alors, on s’allonge, et comme toute la nuit, on va danser, il serait sage de prendre un peu de sommeil à l’avance. Pendant ce temps-là, les lampes continuèrent à brûler, car le fiancé peut arriver d’un moment à l’autre. Et tout à coup, dans la nuit, pas loin de la maison, on entend un cri : « Voici l’époux, sortez à sa rencontre ! »

Dès lors, entre les demoiselles d’honneur, qui, toutes, se sont assoupies, s’opère un tri décisif. Cinq d’entre elles sont dites ‘’prévoyantes’’, sages, avisées : un qualificatif qui traduit moins une sagesse humaine qu’une intelligence active et efficace du projet de Dieu. Celles-là se trouvent immédiatement prêtes à prendre part, ‘’ lampes allumées’’, au cortège qui s’avance à la rencontre de l’époux.

Par contre, les cinq autres, dites ‘’insensées’’ : c’est plus qu’une simple distraction, c’est une attitude spirituelle ‘’d’oubli de Dieu’’. Est ‘’insensé’’ selon la Bible, « celui qui s’égare sur des chemins qui ne sont pas ceux de Dieu ». Celles-là, n’ayant pas su prévoir une quantité d’huile suffisante, se trouvent prises au dépourvu par l’arrivée soudaine de l’époux, le temps de courir chez le marchand, le cortège a déjà pénétré dans la maison nuptiale et la porte de la salle des fêtes s’est définitivement refermée.

Le sens de cette parabole, vous l’avez compris. Un soir, une nuit : la nuit est dans la Bible le symbole du péché. Le sommeil, lui, est le signe de l’engourdissement spirituel.

Un cri retentira : ‘’Jésus !’’ Il est là ! Il vient te chercher ! Il vient t’emmener, te prendre dans son cortège nuptial qui va célébrer éternellement les noces de Dieu avec l’humanité, noces du Christ avec son Église.

Es-tu prêt ? Es-tu capable de te lever immédiatement avec ta lampe allumée, c’est-à-dire avec une vie intérieure éclairée et nourrie par la pratique évangélique, pour aller à la rencontre de celui, qui, nous le savons, doit venir.

 

Tous les dimanches à la messe, nous disons : « Nous attendons ton retour » et « nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre sauveur ».

L’attendons-nous vraiment ? Car là est le problème : « Nous ne savons ni le jour ni l’heure » et nous risquons, nous aussi, de nous endormir, d’être pris à l’improviste.

Sommes-nous vraiment prêts à rencontrer Jésus-Christ quel que soit le moment où il se présente à nous, pas seulement à la fin de notre existence dont nous ne savons pas d’ailleurs, quand elle aura lieu, mais aussi rencontre de lui, avec lui, dès ici-bas, à travers telle personne, tel événement, telle parole de l’Évangile ?

Dans nos moments d’obscurité et de doutes, quand c’est la nuit et que le sommeil ou la lassitude nous gagne, sommes-nous prêts à nous dresser et à dire au Seigneur :

«Tu es là, je t’attendais. Dis-moi ce que je dois faire pour t’accompagner, faire partie de ton cortège : j’ai préparé pendant ma vie, assez de force, assez de lumière, assez de foi pour te tenir compagnie jusqu’à ce que nous arrivions ensemble à la salle du Royaume ?»

Sincèrement, nous préparons-nous à sortir avec joie à la rencontre du Christ qui vient nous chercher chaque jour pour vivre avec lui dans le quotidien, et un jour, celui de notre passage vers lui, quand il viendra nous chercher définitivement.

Pourrai-je dire simplement :

« Mais, bien sûr, Seigneur, je t’attendais, je savais que j’avais rendez-vous avec toi ; aussi tout est prêt ; j’ai eu assez de foi, assez d’amour, assez d’espérance pour ne vivre qu’en toi, pour toi, avec toi ».

Le Seigneur nous rappelle aujourd’hui : « Attention ! Une rencontre, ça se prépare ». Il faut, comme dit la rose au petit prince, « s’habiller le cœur ».

 Notre cœur est-il assez habillé ? A-t-il revêtu la tenue des noces auxquelles nous sommes invités ? Avons-nous préparé assez d’huile spirituelle pour devenir lumière pour les autres ?

‘’Vous êtes la lumière du monde’’. Une lumière, on ne la met pas sous la table, mais dessus, pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

Chrétiens, nous sommes des porte-lumière : « Que votre lumière brille aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes actions, ils puissent, eux aussi, être éclairés et rendre gloire à votre Père qui est aux Cieux ».

Cette rencontre : il faut, et c’est là la leçon de cette parabole, la PREPARER. Nous pouvons la redouter ou la désirer. Peu importe, elle est inéluctable. Il s’agit de la préparer avec soin. Comment ? Par un désir toujours plus ardent d’aller vers Dieu et ceci dès maintenant . Nous avons chanté : « Mon âme a soif du Dieu Vivant ; quand le verrai-je face à face ? » En avons-nous si soif que ça ? Si oui, libérons-nous progressivement de tout ce qui nous détourne de lui et ceci, dans la droiture, la simplicité, la pureté du cœur : on ne met pas de l’eau à la place de l’huile !

Je vous livre pour finir cette belle prière de St-Augustin, elle est l’expression de ce que devrait dire notre cœur aujourd’hui :

« Seigneur mon Dieu, Père, Fils et Esprit Saint,

je t’ai cherché autant que je l’ai pu.

J’ai désiré te voir, j’ai beaucoup travaillé à te rencontrer.

Dieu, mon unique espoir,

permets que je ne me lasse jamais de te chercher ;

mais fais que je cherche ardemment ta face.

Donne-moi la force de te chercher,

toi qui m’as trouvé,

toi qui m’as donné, de plus en plus, l’espoir de te trouver ». AMEN




31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Ce dimanche 05 novembre, le Service Diocésain du Catéchuménat organise une rencontre pour tous les accompagnateurs des catéchumènes et des recommençants de l’île, à l’Étang-Salé – Maison du Pèlerin. Voici l’homélie du P. Rodolphe EMARD qui sera donnée lors de l’Eucharistie concluant cette rencontre »… 

 

Évangile de référence : Mt 23, 1-12.

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Chers accompagnateurs et accompagnatrices,

C’est une grande joie pour moi de célébrer cette messe avec vous et pour vous, pour le lancement de la nouvelle année pastorale. L’évangile de ce 31ème dimanche tombe à pic car il nous donne de précieuses pistes dans notre mission d’accompagnement des catéchumènes et des recommençants.

Avant de revenir sur cet évangile, je souhaiterais vous évoquer deux numéros du Directoire pour la catéchèse. Ces numéros[1] nous rappellent ce qu’est un catéchiste, c’est-à-dire ce que vous êtes, chers accompagnateurs :

  • Être accompagnateur est avant tout un « appel particulier de Dieu ». Cela en « vertu de la foi et de l’onction baptismale ».

  • En tant qu’accompagnateur, vous avez plusieurs tâches à accomplir :

  • Être un « témoin de la foi et gardien de la mémoire de Dieu ».

  • Être un « enseignant et mystagogue », celui qui communique la « connaissance du Christ » et qui « introduit dans le mystère de Dieu ».

  • Être un « accompagnateur et un éducateur de ceux qui lui sont confiés par l’Église ». Un accompagnement dans l’écoute et qui forme « à la vie chrétienne ».

De lourdes mais de belles tâches ! L’Église à la Réunion vous confie une belle mission ! Cette mission exige de vous que vous exerciez une saine et juste autorité. Dans l’évangile, Jésus nous met en garde contre quatre pièges dans l’exercice de cette autorité qui nous a été confiée par l’Église.

Ce que Jésus nous dit vaut pour toutes les formes d’autorité que nous sommes amenés d’exercer : l’autorité dans le cadre politique, professionnel, familial mais également religieux (en ce qui concerne notre mission d’accompagnement). Analysons ces quatre pièges :

Premier piège : « Ils disent et ne font pas ». Nous reconnaissons tous le fossé entre nos paroles et nos actes de la vie de tous les jours. Pour être un témoin crédible du Christ, il est important que chacun pratique ce qu’il enseigne. Nous sommes envoyés pour annoncer l’Évangile du Christ mais il importe que toute notre vie soit ajustée à cette Parole.

Deuxième piège : Pratiquer l’autorité comme une domination et non comme un service. Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens de lier « de pesants fardeaux » et d’en charger les épaules des gens mais eux-mêmes « ne veulent pas les remuer du doigt ». Ils ont l’avoir, le savoir et le pouvoir, ces acquis pourraient être de solides moyens pour servir les autres mais au lieu de cela, ils ne pensent qu’à dominer et à assurer leurs propres intérêts.

Faisons attention au piège de vouloir nous servir dans l’acte de l’accompagnement. Dominer ce n’est pas respecter la liberté de l’autre. Le respect inconditionnel de la liberté de celui ou de celle que nous accompagnons est toujours à promouvoir ! Rappelons-nous cette parole de Bernadette chargée de transmettre le message de la Vierge Marie : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire. Je suis chargée de vous le dire ».

Troisième piège : Vouloir paraître : « Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens ». Nous connaissons tous cette tentation d’aimer paraître, de rechercher la considération et la reconnaissance.

Jésus nous recommande de n’agir que par amour pour Dieu et par amour pour nos accompagnés sans chercher leurs louanges. Cherchons à être nous-même, avec nos qualités et nos défauts mais en tant qu’authentiques enseignants du Christ. Fuyons le péché de l’hypocrisie[2].

Quatrième piège : Se croire important, avoir le goût des honneurs : « ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi [= Maître] ». Jésus dénonce la mondanité de ceux qui cherchent les titres et les honneurs pour eux-mêmes.

Un autre péché est ici pointé, celui de l’orgueil. L’orgueil nous détourne de Dieu et des autres. L’orgueil fait de l’ombre, beaucoup d’ombre dans l’accompagnement. Les titres et les honneurs ne sont pas à condamner en eux-mêmes. Cependant, le fait de les recevoir implique une responsabilité, un témoignage du Christ à donner, une mission à former à la vie chrétienne. On grandit qu’en se mettant au service des autres.

Notre mission est bien d’accompagner les catéchumènes et les recommençants. Pour atteindre le plus efficacement possible cet objectif, nous devons opter pour la vertu de l’humilité. Voyons humblement notre service d’accompagnement, comme un moyen de grandir aux yeux de Dieu et aux yeux de nos frères.

Pour conclure :

L’évangile de ce dimanche nous invitent clairement à une véritable remise en question dans notre mission d’accompagnement. Que le Seigneur nous donne sincèrement de considérer ces appels.

Accompagner est en tout premier lieu une affaire de « l’être ». Le pape François nous encourage à être d’authentiques « disciples missionnaires », c’est-à-dire de véritables témoins engagés du Christ ressuscité.

Cette exigence n’est pas sans nous rappeler de l’intimité profonde que nous avons sans cesse à créer avec le Christ. Sans cette intimité profonde, le risque est fort de s’annoncer soi-même au lieu d’annoncer l’unique Sauveur de l’humanité. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour et dans sa paix. Amen.

[1] Voir numéros 112 et 113.

[2] Hypocrisie : Fait de déguiser son véritable caractère, d’exprimer des opinions, des sentiments qu’on n’a pas.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12)- par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Devenir serviteurs à la suite du Christ Serviteur « 

(Mt 23,1-12)

  En ce temps-là, Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples,
et il déclara : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse.
Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.
Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.
Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ;
ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues
et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi.
Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul maître pour vous enseigner, et vous êtes tous frères.
Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux.
Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ.
Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.
Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. »

         

            Les Pharisiens enseignaient la Loi, et « la Loi est sainte ; le commandement est saint, juste et bon » (Rm 7,12). Mais leurs actes ne correspondaient pas à ce qu’ils disaient. Ils ne pouvaient donc pas être donnés en exemple… Et comme les apparences sont souvent trompeuses, Jésus va donner ici à ses disciples quelques critères qui, à partir des actes, permettent de discerner les cœurs… « Agir pour être remarqué des hommes » révèle non pas un amour pour Dieu mais une recherche égoïste et orgueilleuse de soi. Et il donne des exemples : ils portent des marques extérieures de religiosité exagérées, des habits « très » différents de ceux portés habituellement ; « ils aiment les places d’honneur, les premiers rangs, les salutations publiques, les titres », bref, tout ce qui se rapporte à eux, les distingue et les élève, du moins le croient-ils, au-dessus des autres. Ils cherchent plus la gloire des hommes, vide, temporaire, illusoire, que celle, incomparable, qui vient du Dieu unique (Jn 5,44)… « Le Seigneur Dieu est un Soleil, il donne la grâce, il donne la gloire » (Ps 84,12). La gloire de Dieu n’étant que le rayonnement, d’une manière ou d’une autre, de son Être, « donner la gloire » revient à donner de pouvoir participer, gratuitement, par amour, à ce qu’Il Est… Dieu peut-il nous donner plus que la Plénitude qui le constitue ?

            « Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant »… « Ne vous faites pas donner », n’exigez pas qu’on vous appelle ainsi, ce qui prouverait votre désir de vous mettre « au-dessus » des autres alors que « vous êtes tous frères ». Mais au moment où Jésus parle ainsi, il est bien « enseignant » et beaucoup de ses disciples l’appellent habituellement « Rabbi » (Jn 4,31 ; 6,25 ; 9,2) sauf justement en St Matthieu où seul Judas l’appelle ainsi (Mt 26,25.49)… Mais Jésus ne le leur a jamais demandé… Etant donné ce qu’il fait, ce sont les habitudes de l’époque, et il les accueille… Mais il ne cessera de leur dire que sa doctrine ne vient pas de lui mais du Père (Jn 7,17). Il est « le Serviteur » du Père (Ac 3,13.26) : « Je Suis, mais je ne fais rien de moi-même : je dis ce que le Père m’a enseigné » (Jn 8,28). Et puisque le Père ne recherche que le salut de tous les hommes, Jésus, qui n’a qu’un seul désir, accomplir la volonté du Père (Jn 4,34), se fera le Serviteur de tous pour le salut de tous, jusqu’à « donner sa vie » sur une Croix pour sauver « la multitude » des hommes (Mt 20,28). Est-ce en suivant un tel Maître que nous pourrions nous mettre au-dessus des autres ?                                                              

DJF

           




31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12)- Homélie du Père Louis DATTIN

Pharisaïsme

 Mt 23, 1-12

Rappelez-vous, frères et sœurs, pour les plus âgés d’entre nous, le pharisaïsme de l’Eglise, du temps de notre enfance.

– Les prie-Dieu de velours au 1er rang avec la plaque de cuivre des titulaires tandis que derrière, il y avait des bancs de bois pour « le petit peuple ».

– Des catholiques classés « A », « au-dessus de tout soupçon », friands de tous les diplômes d’honorabilité, qui soignaient leur réputation avec une minutie déconcertante, désignés, à la Fête-Dieu, pour porter le « dais » ou les cordons qui l’entouraient ; avec un peu de diplomatie, décorés de l’ordre de St-Grégoire le Grand, ils étaient « les pères et les mères de l’Eglise » et les curés étaient dans leurs petits souliers s’ils n’avaient pas prévu pour eux une place d’honneur à la messe de minuit ou dans un banquet dit de « charité ».

Mais où sont-ils ? Cela ne date pas pourtant du Moyen-Age ! Sont-ils tous devenus des publicains ?

Il n’est plus tellement glorieux d’être « catholique officiel » et l’on ne voit plus de chanoines avec leurs camails ornés de boutons rouges et des fourrures en peau de lapin ; alors, que faire, sinon prendre sa retraite de pharisien ? Ceux qui persistent risquent de tomber dans le ridicule.

Bien sot, celui qui oserait adopter, de nos jours, le genre pompier dans son attitude religieuse : il reste quelques spécimens, mais ils sont tellement d’un autre monde qu’on les regarde avec une douce ironie.

            Passons, si vous le voulez bien, non plus à ces anciens pharisiens, mais à nos nouveaux publicains. Si les chrétiens de maintenant en venaient à l’excès contraire ? Sombrer dans une humilité morbide, s’effacer comme s’ils étaient des ratés, pratiquer une religion tellement privée, qu’elle est ignorée de tous, des chrétiens tellement discrets que personne dans le quartier ne sait quelle est leur conviction. Par peur d’une opinion qui, certes, ne porte pas le christianisme aux nues, peut-être sommes-nous devenus à l’heure actuelle tellement « fond de tapisserie » que personne ne sait que nous avons à porter un témoignage et à annoncer une bonne nouvelle : ce n’est pas plus brillant que le pharisaïsme que nous avons évoqué, il y a une minute.

Nous sommes très nombreux, à l’heure actuelle, qui voulons faire pardonner notre foi. Tellement de chrétiens veulent passer inaperçus que c’en est triste. Demandez à des élèves d’un collège ou d’un lycée privé de dire devant les autres et avec une certaine fierté qu’ils sont des chrétiens et contents de l’être : on dirait même qu’ils supplient les autres de ne pas s’engager dans un chemin où ils se sont eux-mêmes fourvoyés.

Nous venons d’écouter St-Paul, « fier de sa foi ». C’était pour lui, une gloire, une joie immense. Il ne voulait rien savoir d’autre. Tous les grands témoins du Seigneur étaient comme lui. Par contre, tous les chrétiens limaces, qui rampent chrétiennement, se considèrent comme les derniers des hommes. Ils ne sont pas des témoins tellement reluisants du Christ ressuscité !

Ne croyez-vous pas qu’il y a une recrudescence de ce que l’on appelait autrefois le « respect humain », c’est-à-dire la peur d’être reconnu pour ce que l’on est : un chrétien qui met son drapeau dans sa poche et qui cache aux autres que non seulement il est croyant mais aussi et surtout un pratiquant.

Actuellement, c’est un peu le contraire de la société du temps de Jésus. Il y avait alors surtout des pharisiens qui pratiquaient beaucoup, mais qui croyaient peu, et des publicains qui ne pratiquaient pas, mais qui avaient souvent la foi.

Maintenant, les pharisiens ont disparu, mais il est bon ton de devenir et de paraître publicains : ce qui crée un nouveau pharisaïsme. C’est vrai, l’Eglise tend à se libérer de tous les colifichets qui la paraient d’une fausse richesse. Depuis Vatican II, elle se veut « servante » et « pauvre ». Mais par contre, elle doit être fière de porter le Christ aux hommes d’aujourd’hui et de rester la messagère de Dieu pour le salut des hommes.

L’humanité n’a rien à voir avec la peur ; de toutes façons, l’Eglise doit se rappeler, comme St-Paul, que c’est lorsqu’elle est faible qu’elle devient forte, de la force du Christ, mais qu’elle s’affaiblit vraiment lorsqu’elle devient suffisante et puissante aux yeux des hommes.

Sommes-nous fiers d’être chrétiens ? Et le montrons-nous ? Le manifestons-nous assez aux autres ?

Je me dis quelque fois que si je n’étais pas croyant, ce n’est pas la joie des chrétiens ni leur enthousiasme qui m’attireraient vers eux… C’est vrai, on assiste actuellement à une volte-face assez frappante chez les publicains : on dirait qu’ils ont tendance à en faire un pharisaïsme.

Avez-vous remarqué dans les médias ou auprès de certaines personnes, comme ils sont orgueilleux, non pas de leur foi, mais de leur incroyance. Il est souvent « de bon ton » de critiquer l’Eglise et de déclarer que l’on ne croit à rien. Ils nous chantent à l’envers l’ancien cantique : « Je ne crois plus, voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien ».

Ils se sont libérés » comme ils disent, de tous leurs tabous et leur laïcité n’est plus le respect de la foi de l’autre, mais une offensive contre la foi des autres. Ils vous regardent de haut en disant : « Je ne suis pas comme le reste des hommes, ignorants, superstitieux, remplis de tabous » et ils cherchent des admirateurs : ce sont les vrais docteurs de la loi du 21e siècle.

A l’université, il y avait un professeur, tellement athée dans son enseignement, que les élèves chrétiens à la fin s’en amusaient. Les musulmans étaient choqués et même les élèves athées commençaient à en avoir plein le dos et désiraient qu’elle change de disque. Voilà les nouveaux parisiens. Il y a une pédanterie de la non-croyance qui est aussi ridicule que la suffisance de nos pharisiens d’antan. L’anticléricalisme de certains devient un pharisaïsme à l’envers.

Alors, pratiquement, pour nous chrétiens, pour éviter ce que dénonce le Christ dans cet Evangile, sachons qu’il y a trois dangers et trois remèdes.

Passons d’abord aux dangers à éviter :

. 1er danger : dire et ne pas faire. Il n’y a pas besoin d’aller chez les autres pour détecter cela !

Combien de fois nous sommes-nous pris nous-mêmes en flagrant délit de « dire et ne pas faire » ?

Qui d’entre nous peut prétendre à une totale cohérence entre son idéal et sa conduite réelle ?

Que de distances entre ce que nous disons et ce que nous faisons effectivement ! Quel fossé entre nos principes et nos actes !

 

. 2e danger : vouloir dominer = le pouvoir, l’autoritarisme qui n’est pas que l’apanage des pharisiens d’autrefois : combien de petits chefs parmi nous ! Quelle assurance dans nos jugements ! Tous nos « il n’y a qu’à » et les « faut qu’on », nous sommes seuls à détenir la vérité, les autres se trompent : « Mon point de vue est le seul bon ».

Ne tombons jamais dans ce travers des redresseurs de torts qui « graissent l’axe du monde au café du commerce ».

. 3e danger : se faire remarquer = la vanité, être vu et admiré : ma tenue vestimentaire, mon automobile, être « in », à la mode, la course aux honneurs, la recherche de privilège, le « look », le « standing », le désir d’apparaître le plus avantageux possible.

En face de ces 3 dangers, le Christ propose à ses disciples trois valeurs essentielles, attitudes positives qu’il souhaite nous voir adopter pour éviter les dangers que nous avons désignés :

. 1ière valeur : la fraternité vraie. « Vous êtes tous frères ». Voilà un principe révolutionnaire, un principe d’égalité radicale, un appel concret à vivre un certain style de vie au lieu de nous draper dans nos différences et dans nos titres ronflants, regarder chacun comme notre égal et l’aimer vraiment comme un frère.

. 2e valeur : la simplicité. Elle s’enracine dans la conviction que Dieu seul a droit à des hommages car lui seul est vraiment au-dessus de tout, et puis c’est tellement plus agréable d’avoir affaire à quelqu’un de simple qu’à un comédien ou un homme à double jeu.

. 3e valeur : le service.

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur ».

 « Qui s’abaisse, sera élevé ».

Ce sens du service, selon Jésus, n’est pas du tout aliénant ni humiliant. C’est être « grand » que d’être « serviteur ». Non, le service des autres n’est pas la négation de la personnalité car personne n’est plus heureux que celui qui sait aimer concrètement ses frères.

Si nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, demandons-nous vraiment ce que Jésus nous dirait à nous, aujourd’hui, et ce qu’il attend de nous maintenant. AMEN




31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12) – par Francis COUSIN

« Hypocrisie »

Encore une fois, Jésus s’en prend aux scribes et aux pharisiens pour dénoncer leur double langage, ou plutôt l’inadéquation de leurs enseignements avec leurs actes.

En théorie, ils sont bons, et Jésus le reconnaît, ils « enseignent dans la chair de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. ».

Mais pour ce qui est de la pratique, c’est autre chose … « Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. ».

Et la fin est terrible : « Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens. ».

Jugement sans appel … qui peut surprendre de la part de Jésus : tous dans le même panier !

Mais élargissons notre regard, car peut-être il nous arrive de faire de même …

Et cette diatribe vis-à-vis des scribes et aux pharisiens ne concerne pas seulement ceux-ci, mais chacun de nous … dire et ne pas faire … agir pour se faire remarquer …

Il semblerait d’ailleurs que Matthieu « à travers des reproches de Jésus à l’encontre des pharisiens, [il] vise certains responsables de la jeune Église chrétienne dont l’arrogance et l’hypocrisie font déjà des ravages parmi les frères. » (Michel Hubaut).

Ce qui était vrai à l’époque est encore toujours vrai … et sur ce sujet, la nature de l’homme n’a pas changé … et le ’’paraître’’ est peut-être de plus en plus important pour beaucoup …

Il ne s’agit pas de regarder si un tel ou un tel est comme cela … mais de regarder si soi-même a parfois des attitudes répréhensibles de ce genre …

Et Jésus continue : « Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus donner le titre de maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. ».

On comprend bien ce que Jésus veut dire : tout ramener à Dieu et à Jésus, dont la Parole est ’’une’’, mais ces mots ont un sens courant, et il est difficile de ne pas les utiliser, et cela enlèverait du sens à Dieu Père de tous, et à Jésus maître spirituel pour tous.

Jésus dit aussi : « Vous êtes tous frères ».

Tous, c’est-à-dire, quelque notre race, langue, peuple, nation, couleur de peau, niveau d’instruction, religion …

« Tous frères ».

Comment peut-on dans ces conditions se faire la guerre … ?

Je pense bien sûr à la guerre à Gaza, … mais pas que …

Comment se peut-il que des personnes décident de faire une guerre à outrance, sans tenir compte des personnes civiles qui sont toutes soit juives, soit musulmanes, soit chrétiennes, c’est-à-dire toutes descendantes de la lignée d’Abraham … ?

« Nous, croyants, nous pensons que, sans une ouverture au Père de tous, il n’y aura pas de raisons solides et stables à l’appel à la fraternité. Nous sommes convaincus que « c’est seulement avec cette conscience d’être des enfants qui ne sont pas orphelins que nous pouvons vivre en paix avec les autres ». En effet, « la raison, à elle seule, est capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité ». (Fratelli Tutti 272)

« Il y a un droit fondamental qui ne doit pas être oublié sur le chemin de la fraternité et de la paix. C’est la liberté religieuse pour les croyants de toutes les religions. Cette liberté affirme que nous pouvons « trouver un bon accord entre cultures et religions différentes ; elle témoigne que les choses que nous avons en commun sont si nombreuses et si importantes qu’il est possible de trouver une voie de cohabitation sereine, ordonnée et pacifique, dans l’accueil des différences et dans la joie d’être frères parce que enfants d’un unique Dieu ». (Fratelli Tutti 279)

« Un cheminement de paix est possible entre les religions. Le point de départ doit être le regard de Dieu. Car « Dieu ne regarde pas avec les yeux, Dieu regarde avec le cœur. Et l’amour de Dieu est le même pour chaque personne, quelle que soit sa religion. Et si elle est athée, c’est le même amour. Au dernier jour et quand il y aura la lumière suffisante sur la terre pour voir les choses telles qu’elles sont, il y aura des surprises ! ». (Fratelli Tutti 281)

Saint Paul nous dit à la fin de la deuxième lecture : « Quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants. »

Seigneur Jésus,

Fais que s’arrête cette tuerie à Gaza

entre des descendants d’Abraham,

que les volontés de pouvoir politique

des uns et des autres

passent après la vie des innocents

de tout bord,

et que chacun puisse vivre en paix

dans une fraternité retrouvée,

dans l’écoute de ta Parole.

 

Francis Cousin

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée :

Prière dim ord A 31°

 




Commémoration de tous les fidèles défunts (Jn 6, 37-40) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Aujourd’hui, nous faisons la commémoration de tous les fidèles défunts. L’Église a toujours prié pour les défunts. Nous pouvons trouver des témoignages qui datent du IIème siècle et qui attestent que les chrétiens priaient et célébraient l’Eucharistie pour leurs morts.

La commémoration des défunts est inséparable de la solennité de Tous les saints que nous avons célébrée hier. Cette commémoration est le prolongement de la Toussaint. Le 01er novembre, nous fêtons tous les saints qui sont dans la gloire du Ciel. Le 02 novembre, comme les premiers chrétiens, nous prions et nous célébrons l’Eucharistie pour nos défunts. Nous demandons au Seigneur de les accueillir dans la « communion » des saints.

Le « souvenir » de nos défunts doit donc être vécu sous le signe de l’espérance. C’est l’occasion pour nous d’affirmer notre espérance en la Vie éternelle grâce à la mort et à la Résurrection du Christ. Nous avons l’espérance pour nos défunts et pour nous-mêmes, que tous, nous partagerons la gloire du Christ ressuscité :

« Telle est la volonté de Celui qui m’a envoyé : que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour ».

Cette commémoration des défunts nous rappelle la réalité de la mort que nous devons tous assumer. Plusieurs contemporains occultent cette réalité ou sont dans le déni. Mourir ce n’est pas disparaître mais c’est faire le passage vers une autre « rive » qui mène à Dieu et dans une condition nouvelle. Certes, le corps du défunt se dégrade mais l’âme demeure éternelle, dans l’attente de la résurrection des corps lorsque Jésus fera sa venue dans la gloire.

Notre célébration nous rappelle que nos défunts sont toujours « vivants » et que nous sommes faits pour l’éternité. Relisons la réalité de la mort à la lumière de la mort et de la Résurrection de Jésus. Deux préfaces pour la messe des défunts peuvent nous éclairer[1] :

  • « Lui seul [= le Christ], en acceptant la mort, nous arrache à la loi de la mort ; lui seul, en donnant sa vie, nous fait vivre éternellement pour toi [Dieu le Père] » (Préface des défunts n°2).

  • « Nous sommes destinés à mourir ; mais quand la mort nous frappe en châtiment du péché, ton cœur de Père nous sauve par la victoire du Christ qui nous fait revivre avec lui » (Préface des défunts n°5).

Si nous nous remettons sincèrement au Christ, il nous donnera la force et la sérénité pour assumer la réalité de la mort et traverser l’épreuve du deuil de la mort. Il nous promet l’éternité !

Pour conclure, rappelons qu’à chaque messe nous prions pour nos défunts, durant la prière eucharistique, le Memento : « Pour nos frères et sœurs défunts, et pour tous ceux qui ont quitté ce monde et trouvent grâce devant toi, nous te prions : en ta bienveillance, accueille-les dans ton Royaume » (Prière eucharistique n°4).

Demandons au Seigneur de nous fidéliser à l’Eucharistie car nous avons un moyen sûr pour être en communion avec nos défunts. Confions-les à l’intercession des saints : « Saints et saintes de Dieu, intercédez pour nos défunts auprès de notre Seigneur Jésus-Christ. Saints et saintes de Dieu priez pour nous. Amen ».

[1] Cf. Missel des défunts, pages 87 et 90. Cinq préfaces sont proposées pour la messe des défunts.