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29ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – par Francis COUSIN

« Dieu ou César … une histoire d’image ! »

« Maitre (…), donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »

C’est la question que les pharisiens et les hérodiens posent à Jésus.

Jésus ne répond pas directement ; il s’en sort par une pirouette, avec la pièce de monnaie qui sert à payer l’impôt et la figure, l’image qui s’y trouve …

Car pour lui, la question posée n’est pas essentielle, elle est même biaisée car l’impôt est dû à l’occupant, qu’on le veuille ou non … et selon la réponse de Jésus, on pourra l’accuser d’être pro-Romain ou traître à la nation juive, quelqu’un qui renie son Dieu.

Or, l’essentiel pour Jésus est dans la relation à Dieu … relation qui semble aussi loin des pharisiens et des hérodiens que ne l’est César à Rome …

Alors qu’en fait, Dieu est aussi proche d’eux que ne le sont les pièces d’argent dans leurs besaces pendues à leur ceinture …

Mais ils ne le savent pas, ou refusent de le savoir : Dieu est là, juste en face d’eux en la personne de son fils Jésus, véritable image de Dieu : « Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30).

Et cela dès avant la création du monde, avant que l’homme et la femme ne fussent créés : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Gn 1,27).

La réponse finale de Jésus : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. », est peut-être énigmatique.

La première partie est évidente, … mais pas la seconde … et je crois que c’est cela qui a déstabilisé les pharisiens et les hérodiens : ils ne l’ont pas compris … et ils ont conduit Jésus à la mort …

« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu. » … c’est aussi pour nous … et c’est difficile de le faire, il y a tellement de différence entre Dieu et nous … à commencer par l’amour des autres

Toute l’action de Jésus était conduite par l’amour pour les humains, à l’image de Dieu le Père, qui est tout amour

Et tous, nous avons à faire ce choix

entre ce qui est du Dieu d’amour et ce qui est du monde,

    entre ce qui est du Dieu d’amour et ce qui est des humains,

entre ce qui est du Dieu d’amour et ce qui est de l’argent,

entre ce qui est du Dieu d’amour et ce qui est du pouvoir.

Et l’actualité récente nous montre bien que ce n’est pas gagné, qu’il y a encore beaucoup à faire, un niveau individuel ou au niveau international : la guerre en Ukraine qui traine, dans le Haut-Karabakh, le conflit entre Israël et le Hamas, l’attentat d’Arras, du rond-point du Sacré-Cœur, etc …

Où est l’amour des autres ?

« Rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c’est cela pour chacun de nous : à partir de notre cœur, de plus en plus ressembler à Jésus et le rayonner autour de nous, même sans le savoir, et surtout sans trop faire exprès. Y a-t-il un autre rayonnement possible pour un disciple de Jésus que cette discrète mise en lumière de l’image de Jésus en nous, bien plus efficace que toute réussite ou tout autre succès qui risque de devoir quelque chose à l’autre image, celle d’un quelconque César d’ici-bas qui ne cesse de nous fasciner, même malgré nous ? » (André Louf, 1999).

Seigneur Jésus,

Tu nous invites à être image de toi

auprès des autres,

même sans le savoir,

avoir toujours l’amour des autres

dans toutes nos actions.

Mais nous ne le pourrons

que si tu nous aides,

par l’Esprit Saint.

 

Francis Cousin

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Prière dim ord A 29°

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – Homélie du Père Louis DATTIN

Rendez à César

Mt 22, 15-21

 

En ce même dimanche, nous sommes invités à réfléchir sur l’action missionnaire de l’Église, sur son expansion et sur son influence sur les hommes de notre époque et aussi, sur la célèbre formule « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » : la question délicate, parfois épineuse, des rapports de la religion et de la politique, de l’Eglise et de l’état, de la laïcité.

 

La question était déjà fort compliquée au temps de Jésus : autant dire que c’était une question piège. Si Jésus répond qu’il faut payer l’impôt à César (c’est-à-dire à l’occupant romain), il perd toute sa popularité auprès du peuple qui ne supporte pas l’occupation romaine : il sera traité de « collaborateur ».

Par contre, s’il dit qu’il ne faut pas payer, il sera mis dans la catégorie des résistants, des subversifs : il sera facile de le dénoncer au pouvoir en place.

Essayons de comprendre toute la pensée de Jésus et de l’appliquer à notre époque : « Rendez à césar ce qui est à César ».

Dans la mentalité de l’Ancien Testament : tout pouvoir vient de Dieu. Ainsi dans la 1ère lecture, le roi Cyrus, un étranger et un païen, devient un instrument entre les mains de Dieu. Dieu se sert de lui pour accomplir ses volontés. Ce sera par Cyrus que Dieu permet au peuple juif de rentrer d’exil et de retourner au pays.

« Je l’ai rendu puissant alors qu’il ne me connaissait pas, pour que l’on sache, de l’Orient à l’Occident, qu’il n’y a rien d’autre que moi ».

A travers les hommes politiques qui se succèdent et se prennent la place les uns aux autres, c’est Dieu qui reste le Maître des événements : Maître de l’histoire. Il en contrôle le déroulement et St-Paul dira la même chose aux premiers chrétiens : ils ont donc à se soumettre à l’autorité civile dans la mesure où celle-ci essaie de respecter l’homme, lui reconnaître ses droits et lui assurer sa liberté.

« Rendez à César ce qui est à César » : nul ne peut mépriser, ni même ignorer, encore moins s’il est missionnaire, la vie civile d’un pays, ses institutions, ses orientations sociales et civiques. On ne peut pas couper la vie humaine en tranches séparées comme si les chrétiens et l’Église pouvaient ignorer la politique.

Tout chrétien missionnaire doit tenir compte de l’opinion de la vie de la cité, du déroulement des affaires, de la législation familiale, sociale, celles du travail, de la santé, de l’enseignement, de la sécurité, …

Il est vrai que Jésus a toujours refusé de jouer le rôle d’un messie socio-politique. Rappelez-vous la 3e tentation dans le désert : « Tous ces pays, dit Satan, je t’en donne le pouvoir, si te jetant à mes pieds, tu m’adores ».

Rappelez-vous sa fuite dans le désert pour prier, quand la foule veut le faire roi après la multiplication des pains.

Rappelez-vous sa réponse à Pilate, qui lui demande s’il est roi :

« Oui, je le suis, mais mon Royaume n’est pas de ce monde ! »

Pourtant, dans ce « Rendez à césar ce qui est à César », on peut voir une invitation à tenir compte de ̏ l’autorité établie ̋, à respecter ses droits.

 Mais en prenant cette attitude, Jésus introduit dans le monde antique une distinction révolutionnaire : il « désacralise la politique « . César n’est jamais « que » César. Il n’est pas Dieu.

Alors, qu’il continue à exercer ses fonctions. Oh ! Tant bien que mal avec ses grandeurs et ses servitudes ! Mais c’est une fonction laïque, humaine, soumise à tous les aléas et à la complexité des réalités socio-politiques, des régimes, des idéologies.

Mais tout n’est pas dit ! Voyons la suite ! « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ! » Nous autres, hommes modernes, nous savons maintenant où conduit toute politique qui prétend se moquer de ce « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».

Les sociétés « sans Dieu « , qu’elles se prétendent de droite ou de gauche : nazisme ou marxisme, celle de Hitler ou de Staline, des talibans ou de Mao de la Corée du Nord , sont des sociétés inhumaines. Dès que l’État se construit sans Dieu, il écrase l’homme et cela même où ? Aux camps de concentrations, au goulag ou à la prison ou à l’asile psychiatrique, car César, tout César qu’il est, doit se soumettre à Dieu et rendre à Dieu ce qui lui appartient.

On pose à Jésus une question sur les devoirs du citoyen à l’égard du pouvoir, question temporelle : Jésus répond à une autre question sur les devoirs du chrétien à l’égard de Dieu, question spirituelle.

« Rendez à Dieu ce qui est à lui » et c’est toute la vie de Jésus qui a crié cela et voilà l’essentiel de la tâche du chrétien missionnaire dans notre monde d’aujourd’hui : reconnaître Dieu, lui rendre tout ce à quoi, il a droit, savoir le servir, lui, le premier, mieux le connaître, mieux l’aimer.

La politique, si importante soit-elle, puisqu’en principe elle est l’art du bien commun, n’est pas le tout de l’homme, n’est pas la part la plus essentielle de l’homme. “L’homme ne vit pas seulement de pain ”, ni de logement, ni de marché, ni de subventions, ni de production. “Créé à l’image de Dieu”, “à l’effigie de Dieu”, l’homme baptisé a pour destin, pour avenir, de partager la vie même de Dieu !

« Montrez-moi la monnaie de l’impôt ! Quelle image y a-t-il ? Celle de César ? » Mais l’homme, lui, de qui est-il l’image ? Il est « créé à l’image de Dieu », à l’effigie de Dieu et non à celle de César. «Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Rendez l’homme, image de Dieu, fils de Dieu, non pas à un souverain qui se prétend dictateur, mais à un Dieu qui se prétend Père !

Je finirai par ce beau texte de St-Augustin, il résume tout :

« De même que césar cherche son image sur une pièce de monnaie, Dieu cherche son image en toi, en ton âme !

Que réclame de toi, César ? Son image !

Que réclame de toi, le Seigneur ? Son image !

Mais l’image de César est sur une pièce de monnaie,

l’image de Dieu est en toi.

Si la perte d’une pièce de monnaie te fait pleurer,

parce que tu as perdu l’image de César,

combien plus, dois-tu pleurer d’abîmer ou de ternir, en toi,

cette image de Dieu qui fait toute ta valeur, toute ta grandeur ».

« Vous êtes créés, vous, à l’image de Dieu », « Dieu créa l’homme à son image, il le fit ». Un chrétien, à plus forte raison un missionnaire chrétien, c’est celui qui rend transparent dans sa vie l’image de Dieu. Son Baptême a gravé en lui cette image, sa confirmation la rend visible à son entourage : il est le témoin de l’amour de Dieu, du pardon de Dieu, de la tendresse de Dieu, de la patience de Dieu, de la paternité de Dieu. Il devient le miroir fidèle, le messager de tout ce que Dieu veut nous confier. Puisqu’il faut « rendre » à César son image sur sa pièce de monnaie, symbole de vie économique et sociale, rendons à Dieu, à plus forte raison, son image : l’homme tout entier, marqué à son « effigie ».

« Comment rendrai-je à Dieu tout le bien qu’il m’a fait ? », se demandait un psalmiste, et il répond : « J’élèverai la coupe du Salut et j’invoquerai le nom du Seigneur ». Au cours de cette messe, c’est ce que nous allons faire maintenant. AMEN




29ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Jésus déjoue le piège des Pharisiens « 

(Mt 22, 15-21)

  Alors les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler.
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens.
Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? »
Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ?
Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’un denier.
Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »
Ils répondirent : « De César. » Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. »

 

              

        Les Pharisiens veulent trouver matière à accuser Jésus pour ensuite l’éliminer. Mais ils ne viennent pas eux-mêmes : en parfaits hypocrites, « ils envoient leurs disciples », ils se cachent derrière eux. Et ces derniers aborderont Jésus avec une attitude apparemment bienveillante : « Maître, tu es toujours vrai, tu enseignes le vrai chemin de Dieu, tu ne fais pas de différence entre les gens »… Mais Jésus, vrai Dieu et vrai homme, connaît leur cœur. Au-delà des apparences, ils sont à nu devant lui : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? ». Se laisseront-ils interpeler par Celui qui, en fait, ne recherche que leur bien ? Oseront-ils reconnaître qu’il « est » effectivement « toujours vrai » et que, de fait, ils voulaient lui tendre un piège ? Se poseront-ils alors la question : mais comment a-t-il fait pour connaître l’intention profonde qui nous habite ? Dieu seul sonde les cœurs ! S’ils avaient fait preuve d’un soupçon de bonne volonté, ils seraient aussitôt passés, grâce à sa Miséricorde, « des ténèbres à la Lumière, et de l’empire de Satan à Dieu » (Ac 26,18)…

            Mais non, le piège est lancé… « Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Si Jésus répond « Oui ! », ils l’accuseront auprès du Peuple de collaborer avec l’ennemi et il sera aussitôt discrédité à leurs yeux. S’il répond « Non ! », ils iront l’accuser de rébellion auprès des Romains ( cf. Lc 23,2).

            « Montrez-moi la monnaie de l’impôt », leur demande Jésus. Les Grand Prêtres en avaient interdit l’usage dans le Temple de Jérusalem, en signe de résistance à l’ennemi. « Ils lui présentèrent une pièce d’argent », une pièce romaine, révélant ainsi au grand jour qu’ils commerçaient bien avec l’occupant ! « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? » Ils ne peuvent que dire l’évidence : « De l’empereur César », celui qui s’était autoproclamé « Dieu »… Et pourtant, la Loi interdisait toute image des idoles (Ex 20,1-4) !

            Or les images, les sculptures, étaient souvent employées à l’époque en signe de propriété. Au XIIIè siècle avant notre ère, le Pharaon Ramsès II avait ainsi fait graver son image dans le rocher, au nord de Beyrouth, à l’embouchure du fleuve du Chien, pour rappeler à tous sa souveraineté sur ce territoire. « Rendez donc à César ce qui est à César », leur dit Jésus. Et puisque tout homme a été « créé à l’image et ressemblance de Dieu » (Gn 1,26-27), rendez aussi « à Dieu ce qui est à Dieu » en vous tournant de tout cœur vers Lui dans un repentir sincère… Accepteront-ils cette démarche de vérité, à laquelle se joint toujours, avec Dieu, la Lumière de sa Tendresse, de sa Miséricorde, de son Amour ?    DJF




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Lectures : Is 25, 6-10a ; Ph 4, 12-14.19-20 ; Mt 22, 1-14

 

Frères et sœurs, les lectures de ce dimanche nous invitent à vivre dans l’espérance et la vigilance.

 

Dans la première lecture, le prophète Isaïe s’adresse à un peuple qui vit une situation difficile. Son message cherche à raffermir ce peuple dans la foi : Dieu n’abandonne pas son peuple, il va intervenir. Le prophète Isaïe annonce un monde nouveau qui est en train de naître. Dans ce nouveau monde, un grand festin sera offert à tous les peuples.

Dans ce nouveau monde, Dieu fera disparaître le deuil et la mort. Dieu essuiera les larmes et l’humiliation qu’a subi son peuple. Ce texte d’Isaïe nous donne l’espérance de la Vie éternelle que nous sommes tous appelés à partager depuis notre baptême. La Vie éternelle, le partage total de la gloire de Dieu où le mal et la souffrance sont exclus.

Nous devons tout d’abord nous réjouir de cette bonne nouvelle du grand festin que le Seigneur nous promet. Ensuite, nous devons vraiment désirer ce grand festin du Seigneur et tout faire pour ne pas s’en exclure. Entendons-nous bien, Dieu n’exclue personne, c’est l’homme qui s’exclue lui-même en s’écartant ou en refusant le chemin du Salut.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite au cœur de nos épreuves à nous appuyer vraiment sur le Seigneur. Pour l’annonce de l’Évangile du Christ, Paul a connu toutes sortes de difficultés, les persécutions, les privations dont la faim. Mais il a su mettre toute son espérance dans le Seigneur, jusqu’à pouvoir dire : « Je peux tout en celui qui me donne la force ».

Saint Paul nous invite clairement à fuir la tentation au pessimisme, cet état d’esprit qui porte à prendre les choses du mauvais côté, à être persuadé qu’elles tourneront mal. Cette disposition conduit facilement au découragement parce que la vie est vue de façon négative.

Fuyons cette tentation et devenons davantage optimistes. L’optimisme c’est cet état d’esprit qui prend les choses du bon côté, en négligeant leurs aspects fâcheux. Cela est nécessaire pour voir la vie de façon positive malgré les déboires que nous pouvons rencontrer. C’est comme cela que l’espérance grandira dans nos cœurs.

Dans l’évangile, Jésus nous donne une nouvelle parabole pour nous expliquer c’est le quoi le royaume de Cieux. Jésus évoque un roi qui célèbre les noces de son fils mais les invités ne viennent pas car ils sont affairés à leurs préoccupations. Le roi va alors demander à ses serviteurs d’inviter au repas toutes les personnes qu’ils trouveront « aux croisés des chemins ».

Cette parabole nous rappelle que c’est toute l’humanité que Dieu veut rassembler autour de lui. Dieu invite largement, il ne fait pas de sélection des personnes, il les aime tous de la même façon. Comme je l’ai déjà précisé pour la première lecture, Dieu ne veut exclure aucun de ses enfants. L’attitude des invités qui refusent de venir a de quoi surprendre, l’invitation du roi est complétement zappée… La parabole souligne ici l’obstination de ceux qui refusent d’accueillir la Bonne Nouvelle du Christ.

La fin de la parabole est un peu énigmatique avec cet « homme qui ne portait pas le vêtement de noce » et qui se fait jeter « dans les ténèbres du dehors ». La réalité de l’enfer est ici pointée. Oui Dieu ne veut exclure personne de son royaume mais chaque homme a été créé libre, c’est à chacun de le désirer ou de le refuser.

La responsabilité de chacun est ici engagée, avec des conséquences pour l’éternité : « beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » nous prévient Jésus. Nous serons tous soumis au Jugement de Dieu au terme de notre vie, ne l’oublions pas.

Chaque dimanche, nous sommes invités à l’Eucharistie qui préfigure le repas des noces de l’Agneau : « Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » disons-nous avant de recevoir le Christ dans l’hostie consacrée. Comment accueillons-nous cette invitation du Seigneur chaque dimanche ?

L’Eucharistie doit être au cœur de notre vie chrétienne, de semaine en semaine. C’est le rendez-vous le plus important où le Christ nous communique sa vie de ressuscité pour que nous soyons ses témoins, pour que nous soyons nous-mêmes des messagers de son invitation. Comment être des messagers du Christ sans nous-mêmes prendre part à son repas ?

Beaucoup négligent cette invitation du Seigneur. Les excuses ne manquent pas : « Je n’ai pas le temps à cause du travail » ; « J’ai des invités » ou « Je suis invité » ; « Je dois m’occuper de la maison, je n’ai pas le temps durant la semaine » ; « Le dimanche, c’est le seul jour où je peux être tranquille »

Ces excuses ne tiennent pas toujours car nous pouvons accomplir ce qui vient d’être dit tout en venant à la messe, mais à condition de programmer ce rendez-vous dans nos agendas comme d’une importance majeure pour notre vie spirituelle.

Demandons au Seigneur d’augmenter en nous l’espérance et la vigilance en vue de son royaume. Qu’il nous donne de vraiment désirer son royaume et de le rechercher en ce monde en faisant au mieux le bien autour de nous. « Voilà : j’ai préparé mon banquet (…) tout est prêt : venez à la noce ». Amen.




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14) – par Francis COUSIN

« Heureux les invités

au repas des noces de l’Agneau. »

Nous sommes toujours le lundi qui précède la Passion de Jésus, et Jésus entame une nouvelle parabole qui ne parle plus cette fois-ci de la vigne, mais d’un autre grand thème qu’il affectionne, le repas, et un repas de noce, qui lui sert pour exposer comment on entre (ou n’entre pas) dans le Royaume des Cieux.

En fait, ce n’est pas tellement le repas qui intéresse Jésus, mais les personnes qui y sont invités … et là encore, les grands prêtres et les pharisiens vont en prendre pour leurs grades …

Un roi fête les noces de son fils, et il invite donc tous les ’’ayants-droit’’, les notables, ceux qui par leur naissance font partie du ’’peuple élu’’, c’est-à-dire dans la bouche de Jésus, tous les descendants d’Abraham avec lequel Dieu a fait une alliance, et surtout les responsables religieux (grands prêtres), et ceux qui se targuent de leur naissance : « Notre père, c’est Abraham. » (Jn 8,39) (les Pharisiens).

Mais ceux-ci refusent de venir pour diverses raisons : ils ont trop à faire pour leurs affaires personnelles pour perdre leur temps avec les noces du fils. Ils n’ont pas compris que c’est l’amour de Dieu qu’ils refusent … Leurs intérêts personnels passent avant Dieu …

Le roi insiste. Il envoie de nouveaux serviteurs : « Venez … Tout est prêt pour le banquet. »

Peine perdue … Pire : les serviteurs sont maltraités, bousculés, et même tués !

Cela nous rappelle l’accueil fait aux émissaires du maître du domaine par les vignerons de la semaine dernière … et ici, le roi réagit comme les grands prêtres et les pharisiens avaient proposé de faire vis-à-vis des vignerons : « Il fit périr les meurtriers et incendia leur ville. »

Alors le roi appela ses serviteurs : « Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce. ».

Qui sont ces serviteurs ? Dans les paraboles précédentes, on pensait plutôt aux différents prophètes qui se sont succédés avant l’arrivée de Jésus …

Mais ici, on parle de l’avenir : le repas de noce est prêt, mais n’a pas encore eut lieu …dans quelques jours, le jeudi saint … et il faut y inviter « tous ceux que vous trouverez. », et saint Luc précise dans une parabole similaire « d’aller sur les places et dans les rues de la ville ; les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, amène-les ici. » (Lc 14,21), ce qui correspond à ce que Jésus a annoncé à la synagogue de Nazareth : « [l’Esprit] m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue » (Lc 4,18). Il ne s’agit donc plus des prophètes de l’ancien testament mais des nouveaux messagers envoyés par Jésus : les apôtres, déjà envoyés sur les routes par Jésus avec comme mission : « proclamez que le royaume des Cieux est tout proche, Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. » (Mt 10,7-8) ou d’autres disciples (les soixante-douze) …et qui continuerons, avec d’autres, après la résurrection de Jésus …

Il ne s’agit plus seulement d’inviter des descendants l’Abraham, mais tout le monde, « tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons. »

Tous sont invités … l’amour de Dieu refusé par les descendants l’Abraham ne peut pas rester inutilisé, alors on va vers les autres, les petits, ceux qui n’avaient jamais pensé, ni même rêvé, d’être invités un jour à la table du roi … et même des non-juifs, pourvus qu’ils respectent Dieu : la femme syro-phénicienne, le centurion de capharnaüm … et même le brigand condamné à mort à côté de Jésus …

Tous sont invités … « et la salle de noce fut remplie de convives. ».

Mais il ne suffit pas d’être invité au repas de noce pour y être admis … il faut aussi accepter de revêtir le vêtement de noce … Il ne s’agit pas d’un vêtement rituel, mais d’une personne : Jésus-Christ ; Au minimum, accepter sa parole, ne pas le haïr, mais mieux, mettre en pratique sa parole : « Ce n’est pas en (me) disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » (Mt 7,21). Souvent, on assimile cela avec le baptême … « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ. » (Gal 3,27), mais être baptisé ne suffit pas, il faut que ce baptême se concrétise dans des actions pratiques … pour mettre en œuvre le bon droit et la justice de Dieu.

« Beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

Seigneur Jésus,

Tu nous invites au repas

des noces de l’Agneau,

toi-même …

Aide-nous à être toujours

fidèles à ta Parole …

et si parfois nous nous égarons,

viens nous chercher là où nous sommes,

et ramènes-nous dans ton bercail,

Toi, le Bon Pasteur.

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ord A 28°

 




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Venez à la fête ! »

(Mt 22, 1-14)

  En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles :
« Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils.
Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir.
Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.”
Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ;
les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.
Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville.
Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes.
Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.”
Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.
Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce.
Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence.
Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.”
Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

                 L’image des noces traverse toute la Bible pour évoquer l’Alliance de Dieu avec tous les hommes. Celle-ci est révélée pour la première fois dans le Livre de la Genèse avec la figure de Noé : « Lorsque l’arc en ciel paraitra dans les nuages », dit Dieu, « je me souviendrai de l’Alliance qu’il y a entre moi et vous et tous les êtres vivants, en somme toute chair ». Telle est « l’Alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre » (Gn 9,8-17).

            Depuis que le monde existe, Dieu vit donc en Alliance avec tout homme : il est proche de lui, offert à son cœur pour son bien… Mais pour accueillir cet Amour et ses bénédictions qu’il ne cesse de répandre sur l’humanité en surabondance (Mt 5,45), il faut d’abord prendre conscience qu’il existe et se tourner vers Lui de tout cœur en se détournant au même moment de tout ce qui lui est contraire… C’est pourquoi il se révèlera à Abraham et à ses descendants, le Peuple d’Israël, en disant : « Je te bénirai. Sois une bénédiction… Par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Gn 12,1-4). Il s’agira donc pour eux d’accueillir cette bénédiction, donnée gratuitement, par amour (Dt 7,7-9), et de travailler ensuite, en serviteurs de Dieu (Is 41,8-10) et des hommes, à ce qu’elle soit également accueillie par « toutes les familles de la terre »…

            Mais, mystère du péché qui nous touche tous, beaucoup en Israël refuseront de se convertir : « ils ne voulaient pas venir, ils étaient indifférents »… Pire, Dieu leur envoya ses « serviteurs », les prophètes, mais ils furent « maltraités, tués »… Mais Dieu, Pur Amour, continue envers et contre tout à ne chercher que le bien de tous les hommes. Ceux qui l’accueillirent en Israël par le « Oui ! » de leur foi au « Verbe fait chair », Jésus, vrai Dieu et vrai homme, reçurent mission d’aller « aux croisées des chemins » pour « inviter au repas de noce  » tous ceux et celles qu’ils rencontreront parmi « toutes les familles de la terre », et telle est bien encore aujourd’hui la mission de l’Eglise. « La multitude des hommes est appelée, les mauvais comme les bons ». Certes, « les mauvais », et nous le sommes tous quelque part, doivent se repentir, renoncer au mal, accueillir jour après jour la Miséricorde de Dieu et avec elle « le vêtement de noce » donné gratuitement, par amour. Et si quelqu’un ne l’a pas, c’est qu’il l’a refusé des mains de Celui qui ne cesse de l’appeler « Mon ami »… Il se condamne alors lui-même à demeurer « pieds et poings liés » par tous les esclavages du mal, privé des joies de la fête du ciel. Quel dommage !                    DJF




28ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 1-14)- Homélie du Père Louis DATTIN

Invités aux noces

Mt 22, 1-14

L’Évangile est un grand livre d’images : quand on voit le succès des retransmissions télévisées des mariages princiers d’aujourd’hui, que ce soit à Londres ou à Monaco, l’image employée par Jésus n’a pas tellement vieillie : un roi qui célébrait les noces de son fils.

Essayons d’en retenir l’essentiel : lisons cette parabole en transparence. Jésus, là encore, veut nous parler du Royaume des cieux et nous pensons tout de suite à ce que le prêtre nous rappelle au moment de la communion : « Heureux les invités au repas du Seigneur ».

La réalité, c’est que Dieu rêve d’une fête éternelle pour l’humanité. C’est la plus belle histoire du monde, c’est la plus belle histoire d’amour. Il était une fois un Dieu heureux, tellement heureux qu’il voulut faire partager son bonheur. Ce Dieu là vit d’amour : « 3 personnes » qui s’aiment, qui se donnent les uns aux autres, une joie infinie, dans une totale transparence, dans un partage absolu, un bonheur sans mélange, durable, éternel.

Quand on éprouve tant de bonheur, comment ne pas avoir envie de partager encore plus ce bonheur ? Alors, Dieu décide de créer l’humanité pour l’introduire dans sa famille, dans sa vie, dans son amour et ce fut l’incarnation du Fils.

« Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils ».

Oui, Dieu marie son Fils : Jésus est amoureux de l’humanité, il nous aime passionnément. Cette image des noces court comme un fil d’or tout au long de la Bible : Osée, Isaïe, Ezéchiel proclament cette union de Dieu avec les hommes : le Cantique des Cantiques, les évangélistes, l’Apocalypse, …

Oui, Dieu, d’un bout à l’autre de la révélation, nous déclare son amour et ses relations avec les hommes ne sont qu’alliance et épousailles.

Entre nous, qu’est-ce-qui changerait dans ma religion ? Beaucoup, sans doute, si j’arrivais à la considérer comme une belle histoire d’amour ?

Cette parabole nous révèle tout d’abord que Dieu invite, que Dieu appelle et que l’homme est libre de répondre  ̏oui  ̋ou  ̏non ̋.

 

« Heureux les invités au repas du Seigneur » : la messe n’est pas une bonne petite dinette entre copains. C’est Dieu qui invite tel jour, telle heure : le prince héritier célébrera ses noces. Vous êtes cordialement invités au festin qui suivra, sans engagement avec les hommes,  » Répondre SVP « .

 

 

L’événement est de taille ! Pourtant, ici, la parabole devient tragique, comme tant de paraboles de la fin de la vie de Jésus : on va se heurter à la liberté de l’homme.

« Mon repas est prêt. Venez, venez à mon repas d’amour ».

« Mais les invités n’en tiennent aucun compte. Ils n’ont pas le temps ! »

La description de l’inconscience de ces invités est d’une brûlante actualité.

« Comment voulez-vous que j’aille au repas de Jésus ? Je n’ai que mes dimanches pour faire du foot ou du tennis », dit l’un.

« Quand j’ai dansé toute la nuit du samedi au dimanche, comment voulez-vous que je participe au repas de Jésus ? ».

« Moi, mon père, je vais à la messe le mardi au Chaudron, le dimanche, c’est le jour où nous allons à la plage ».

Comment se fait-il qu’il nous arrive ainsi de préférer nos petites affaires à l’invitation de Dieu ?

« Eux, sans en tenir compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ».

On essaie si naturellement de placer les moments de rencontre avec Dieu, dans les temps morts, dans les heures ou les jours où l’on n’a rien à faire, après le travail, les occupations quotidiennes, les loisirs même. Et, très vite, il ne reste plus de temps libre. On commence par avoir mauvaise conscience et puis on trouve des excuses :  » travailler, c’est prier « .

Petit à petit, on ne prie plus : « Mon père, je n’ai plus le temps de prier ». Jésus-Christ dérange : « J’avais mes petits projets et voici qu’il m’invite ». Mais le repas de noces ne peut rester en souffrance et Dieu continue d’inviter.

« Ces serviteurs s’en allèrent par les chemins et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent : mauvais et bons ».

L’appel de Dieu est universel : il s’adresse à tous, à chacun de nous et surtout aux pécheurs. Il faut que la salle de noces soit remplie. L’entrée est gratuite : tous peuvent y accéder.

Mais Dieu nous respecte trop pour nous y forcer : il faut s’engager positivement. Il ne veut pas faire de nous des mendiants, des assistés. Nous devons être responsables pour une part, de notre participation à la vie éternelle. Le Salut n’est pas automatique. Il faut correspondre librement à l’invitation de Dieu.

Allons-nous répondre à l’invitation ? C’est une histoire d’amour. Nous avons parfois une conception élitiste de l’Église : le sentiment qu’elle devrait éliminer de son sein tous ceux qui ne mènent pas une vie évangélique !… Mais ne serais-je pas alors le premier à devoir en sortir ?

C’est vrai que l’Église, n’étant pas une secte, accueille plutôt largement et que cela ne satisfait pas ceux qui voudraient qu’elle donne une image sans bavure.

Serait-ce bon d’ailleurs que l’Église veuille donner une telle image ?

Ne serait-ce pas la route ouverte à l’hypocrisie, comme pour les pharisiens ?

Il est vrai que la fin de la parabole parle d’un tri qui doit se faire. Mais attention ! Pas tout de suite ! Mais « à la fin des temps  » « lorsque le roi viendra pour regarder les convives ».

C’est également ce que disaient les paraboles de l’ivraie et du bon grain : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges surviendront et sépareront les mauvais d’avec les justes ». Qui veut entrer au festin doit porter le vêtement de noces !

L’entrée au festin du Royaume ne dépend pas de la race, de l’appartenance à un peuple mais de la conversion, du changement de vie, des œuvres bonnes, …

En recevant le vêtement blanc du Baptême : nous avons été invités à « garder intacte la dignité des fils de Dieu « .

Le vêtement du peuple nouveau, le vêtement de noce :

  • C’est le Christ que nous avons revêtu,

  • C’est notre dignité de chrétiens,

  • C’est la grâce de Dieu,

  • C’est une invitation à mener une vie à la hauteur de ce que nous avons reçu.

Dieu ne conçoit pas l’Église de son Fils comme une communauté parfaite tout de suite, mais comme une collectivité extrêmement mélangée où se rencontrent toutes les races et toutes les conditions sociales.

Tous les hommes sont invités, blancs ou noirs, riches ou pauvres, israéliens, palestiniens, bien portants autant que les malades, et même les mauvais autant que les bons : c’est un festin universel ! Et le Seigneur est là qui attend et qui veille.

D’où vient alors que certains risquent d’être rejetés ? Ils n’ont pas le « vêtement de noce » : ils ont cru qu’il suffisait d’être appelés, mais ils n’ont pas répondu à l’offre de Dieu, ils n’ont pas revêtu le « manteau de la grâce ».

Les « noces de l’agneau » sont un pur chant de fête. Une seule exigence : « Oui, Seigneur, tu m’invites ; j’arrive tout de suite… » AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

Pauvres grands-prêtres et anciens du peuple ! Après avoir suggéré que malgré leurs fonctions, ils ne faisaient pas la volonté de Dieu dans le texte d’évangile de dimanche dernier, dans celui d’aujourd’hui, Jésus les accuse d’être des meurtriers !

Or, nous qui avons l’habitude de venir à la messe, et d’entendre la proclamation de textes d’évangile accompagnés d’une explication ou d’une réflexion, nous savons bien qu’en général, lorsque Jésus s’adresse à un personnage pour lui faire un reproche, c’est aussi à nous qu’il s’adresse.
Est-ce que cela signifie que Jésus nous accuse d’être des meurtriers ?! Ne tirons pas de conclusions trop vite, et regardons de plus près les textes que nous propose la liturgie ce dimanche.

Dans trois des quatre textes que nous avons entendus il est question d’une vigne, et d’un jugement du Seigneur: dans la première lecture (Is 5, 1-7), dans le Psaume (79), et dans l’évangile (Mt 21, 33-43). Ces textes raisonnent les uns avec les autres.
Par conséquent, il me semble que si nous voulons entendre ce que Jésus veut nous dire aujourd’hui, il est nécessaire de se pencher d’abord sur le texte dont il s’est inspiré pour composer la parabole dite « des vignerons homicides ». Ce texte n’est autre que le « chant de la vigne » d’Isaïe que nous avons entendu en première lecture.

La fin du texte nous donne une information précieuse pour comprendre la parabole de Jésus. Isaïe écrit: « La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. » (v. 7).
L’image de la vigne appliquée au peuple se rencontre assez fréquemment dans la Bible. Il est possible que ce soit parce que la vigne est un symbole de l’amour comme le suggère le début de notre texte: « Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne » (v. 1). Ce verset fait d’ailleurs écho à plusieurs passages du Cantique des cantiques dans lesquels il est aussi question de bien-aimé(e) et de vigne. Par exemple:

« Ne regardez pas à ma peau noire : c’est le soleil qui m’a brunie. Les fils de ma mère se sont fâchés contre moi : ils m’ont mise à garder les vignes. Ma vigne, la mienne, je ne l’ai pas gardée…Mon bien-aimé, pour moi, est un rameau de cypre parmi les vignes d’Enn-Guèdi. ». (Ct 1, 6; 14)

Ensuite, le chant de la vigne d’Isaïe nous enseigne que l’amour du Seigneur pour son peuple se vérifie dans ses actions:

« Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. » (v. 2).

Le Seigneur prend soin de sa vigne ; Il prend soin de son peuple
Mais alors que Dieu avait tout fait pour que sa vigne produise de beaux raisins, c’est à dire des fruits de justice, la vigne bien-aimée en a donné de mauvais. C’est la raison pour laquelle, Dieu a permis que la vigne soit piétinée par des peuples voisins.

Le psaume 79 que nous avons chanté en réponse à la première lecture fait mémoire de ces événements. Dans un premier temps, Dieu prend soin de sa vigne: « La vigne que tu as prise à l’Égypte, tu la replantes en chassant des nations » (v. 9). Dieu libère son peuple de l’esclavage en Egypte et le conduit jusque’en Terre Promise. Mais dans un deuxième temps, Dieu permet que la vigne soit dévastée: « Pourquoi as-tu percé sa clôture ? Tous les passants y grappillent en chemin ; le sanglier des forêts la ravage et les bêtes des champs la broutent » (v. 13-14).

L’évangile d’aujourd’hui est la suite du débat entre Jésus et les autorités religieuses que nous avons commencé la semaine dernière avec la parabole des « deux fils ». Les grands-prêtres et les anciens du peuple connaissent bien l’Écriture. C’est pourquoi, Jésus leur dit une parabole qui s’inspire du chant de la vigne d’Isaïe qu’ils connaissent bien.

Dans la première lecture nous avons appris que la vigne est une image d’Israel. Si la vigne est une image d’Israel, et que le propriétaire de la vigne est le Seigneur, qui sont les vignerons ? La réponse est évidente ! Les vignerons ne peuvent être que les autorités religieuses d’Israël, c’est à dire les grands prêtres et les anciens avec qui Jésus est en train de discuter.

La parabole de Jésus met l’accent sur le comportement coupable des vignerons. Derrière le sort que ces derniers réservent aux serviteurs que le propriétaire envoie auprès d’eux, nous pouvons reconnaitre le sort qu’Israël a parfois réservé aux prophètes. Prenons par épisode parlant, dans le Deuxième Livre des Chroniques, dans lequel un prophète du nom de Zacharie est tué après un commandement du roi:

« Pour ramener les habitants de Juda à lui, Dieu envoya chez eux des prophètes. Ceux-ci transmirent le message, mais personne ne les écouta. Dieu revêtit de son esprit Zacharie, le fils du prêtre Joad. Zacharie se présenta devant le peuple et lui dit : « Ainsi parle Dieu : Pourquoi transgressez-vous les commandements du Seigneur ? Cela fera votre malheur : puisque vous avez abandonné le Seigneur, le Seigneur vous abandonne. » Ils s’ameutèrent alors contre lui et, par commandement du roi, le lapidèrent sur le parvis de la Maison du Seigneur » (2 Ch 24, 19-21).

Les vignerons traitent de la même façon les trois serviteurs. Malgré cela, le propriétaire de la vigne, Dieu, ne se décide toujours pas à intervenir de façon punitive. Au contraire, il montre sa patience et sa miséricorde en leur envoyant son fils avec l’espoir qu’ils le respectent.

« Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : ‘Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !’ » Le plan des vignerons est irrationnel ! Le propriétaire de la vigne est certes miséricordieux et patient, mais donnerait-il sa vigne en héritage à des vignerons qui ont maltraité et tué trois de ses serviteurs et son fils ? En racontant ce raisonnement absurde, Jésus veut faire comprendre aux grands-prêtres et aux anciens du peuple qui ont le projet de le faire mourir, que leur plan est voué à l’échec ! Et l’ironie de cette situation, c’est que c’est les grand prêtres et les anciens eux-mêmes qui donnent leur propre condamnation:

« Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. » (v. 41)

Maintenant que nous comprenons mieux la parabole, laissons nous interroger par elle. Finalement, Jésus nous traite t-il de meurtriers ? Je ne pense pas. Cependant, le Maître veut nous donner deux avertissements. Celui que nous allons recevoir dépend du personnage de la parabole auquel nous nous identifions. Puisque le propriétaire de la vigne, c’est Dieu, et que son fils, c’est le Christ, il ne reste que deux personnages auxquels nous pouvons nous identifier: les vignerons et les serviteurs.

Il me semble que l’image des vignerons interroge particulièrement ceux qui exercent dans l’Église un ministère ordonné, ainsi que ceux qui ont des responsabilités dans la communauté chrétienne. Dans la parabole, si les vignerons battent, et tuent les serviteurs du propriétaire, c’est parce qu’ils ne veulent pas remettre à celui-ci le produit de la vigne. Les vignerons veulent garder les fruits pour eux.
Et moi, pour qui est-ce que je travaille ? Pour le Seigneur ? Ou pour ma propre gloire ? Peut-être que mes intentions ne sont pas pures. Et que je cherche à être bien vu des autres ? Voilà la première mise en garde que Jésus adresse à ceux qui exercent des responsabilités dans l’Église.

Si tout le monde ne peut pas s’identifier aux vignerons, l’image des serviteurs qui sont battus et tués dans la parabole parle à tout chrétien.
En 2017, j’ai fait un temps de volontariat au Vietnam. Et l’un des frères de la communauté avec laquelle je vivais, m’a dit qu’au Vietnam, la religion d’un individu est écrite sur sa carte d’identité, et souvent, quand il est écrit qu’une personne est chrétienne, cela peut lui porter préjudice. Être chrétien est parfois un critère de discrimination. Pour un chrétien, il peut être plus difficile de trouver un emploi ou d’intégrer une université par exemple. En apprenant cela, j’ai été choqué, et j’ai ressenti un fort sentiment d’injustice dans mon cœur. Mais en fait, je n’aurais pas dû être surpris. Qui de nous n’a jamais été méprisé, ou tourné en dérision à cause de sa foi chrétienne ?
Les serviteurs de la parabole nous rappellent que si le disciple du Christ est comme son maître, il doit s’attendre à être maltraité. Jésus nous avertit que vouloir le suivre signifie accepter de porter la croix à sa suite .

À la fin du texte d’évangile, Jésus dit que le royaume de Dieu sera donné à une nation qui lui fera produire ses fruits, c’est à dire une nation qui accomplira la volonté du Père Céleste (cf. Mt 7, 15ss.).

Comment faire pour porter les fruits du Royaume de Dieu ?

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous donne la recette:

« En toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4, 6b-7).

La paix de Dieu nous a déjà été donné. Pour porter les fruits du Royaume de Dieu, des fruits « dignes d’être aimés et honorés » (v. 8), nous devons demeurer dans la paix de Dieu. Pour y demeurer, il n’y a qu’un seul moyen: la prière, c’est à dire entretenir une relation d’amour avec Dieu.

Tournons-nous donc vers le Seigneur, et demandons Lui la grâce de Lui être fidèle en lui redisant les paroles du Psaume de tout notre cœur:

« Jamais plus nous n’irons loin de toi: fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés » (Ps 79, 19-20).

                                                        Diacre Alexandre ROGALA (M.E.P.)




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – par Francis COUSIN

« La vigne du Seigneur de l’univers,

c’est la maison d’Israël. »

Ou plutôt, on devrait dire « c’était », puisque depuis que Jésus est venu sur terre, « la vigne du Seigneur », c’est l’Église.

Troisième dimanche d’affilée où Jésus parle de vigne, en fait trois paraboles qui se suivent dans une même rencontre avec les grands prêtres et les anciens du peuple, le lundi qui précède la Pâque et la mort de Jésus sur la croix … et qui préfigure justement celle-ci.

On ne peut réparer ce passage de l’Évangile de celui du prophète Isaïe de la première lecture, que tous connaissaient, aussi bien Jésus que ses contradicteurs du jour.

Dans les deux cas, l’ami d’Isaïe ou le maître du domaine de Jésus représente Dieu, qui aime sa vigne et qui en prend grand soin : la terre est retournée, bêchée, épierrée, entourée d’une clôture, avec un pressoir et une tour de garde … pour éviter que des intrus ne viennent y prendre des raisins …

Dans le texte d’Isaïe, malgré un « plant de qualité », la vigne ne donna que de mauvais raisins … Déception de son ami, du propriétaire de la vigne qui, dégouté, se propose d’enlever la clôture et de laisser la vigne à l’abandon …

« Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. » (Is 5,7).

Dans l’évangile, après avoir bichonné sa vigne, et louée celle-ci à des vignerons, le maître pars en voyage. Il fait totalement confiance à ses vignerons … L’amour de Dieu est total, il ne fait pas de commentaires : il faut faire-ci, il faut faire-ça. Pour lui, le bon-droit et la justice sont évidents …

Les choses se gâtent quand vient le temps du paiement de la location. Les vignerons refusent de payer : le maître est loin … ils font ce qu’ils veulent … en fait, ils se sont appropriés la vigne … et les serviteurs en font les frais : galets … coups … meurtres. Pareil avec d’autres plus nombreux …

Ces serviteurs, ce sont les prophètes, envoyés par Dieu auprès du peuple d’Israël, comme Isaïe qui se plaignait que le droit et la justice se soient pas respectés.

Alors le maître « leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils. »

Et c’est là où tout s’éclaire pour les auditeurs : le fils dont parle Jésus, c’est lui-même, et les grands prêtres et les anciens l’ont bien compris puisqu’ils l’avaient accusé de blasphème en se prenant pour Dieu.

Mais les vignerons tuèrent le fils … comme Jésus, quatre jours plus tard, par l’intermédiaire des Romains …

Et comme Jésus leur demande quelle sera la réaction du maître de la vigne, ils répondent crânement : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »

Dieu ne les a pas tués, bien sûr, mais il a confié sa vigne à d’autres vignerons : « Ceux qui écoutent sa Parole et la mettent en pratique. » (cf Lc 11,28), ceux qui sont sa nouvelle famille : les baptisés de son Église.

Il serait trop facile de ne penser que cette parabole ne concerne que les grands prêtres et les anciens.

Ces paraboles nous concernent tous, en tout temps et en tout lieu …

Et cela nous invite à nous poser questions, à nous qui sommes baptisés :

Est-ce que nous écoutons toujours les paroles de Jésus, toutes, et pas seulement celles qui nous intéressent, qui sont faciles à suivre ?

Est-ce que nous les mettons toujours en pratique ? (Cf Jc 2,17-18)

Est-ce que nous « prions et supplions, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu nos demandes. » ? (cf 2° lecture)

Est-ce que « tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela », est-ce que nous les prenons en compte dans nos décisions ? (cf 2° lecture)

Dieu de l’univers reviens !

Du haut des cieux, regarde et vois :

visite cette vigne, protège-la,

celle qu’a plantée ta main puissante,

Jamais plus nous n’irons loin de toi :

fais-nous vivre et invoquer ton nom !

Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;

que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.

                                                                                              Psaume 79

 

Francis Cousin

 

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Prière dim ord A 27°

 




27ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 21, 33-43) – Homélie du Père Louis DATTIN

 Les vignerons homicides

Mt 21, 33-43

Il y a des paroles de Jésus, dans l’Evangile, que l’on préfèrerait ne pas entendre : elles sont trop rudes. Que faire alors ?

  • nous boucher les oreilles pour ne pas les entendre,

  • attendre que cela se passe,

  • se persuader qu’elles ont été dites pour les autres, mais pas pour nous !

  • protester

« Seigneur, c’est dur à accepter », disent les pharisiens après le discours sur le pain de vie. « Qui peut continuer à t’écouter ? ».

On peut aussi édulcorer, mettre du sucre et enlever le sel. Après tout, Jésus n’a pas adopté ce ton-là avec moi, avec nous ! Allons un peu plus loin dans le texte de l’Evangile : « Les chefs des prêtres et les pharisiens comprirent que Jésus parlait d’eux ».

Il n’y a pas à s’y tromper, c’est bien à eux, et à nous qu’il s’adresse aussi. Dans son désir de toucher des cœurs fermés, blindés à l’Evangile, Jésus hausse le ton et tonne pour se faire entendre coûte que coûte.

« Mais il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ».

Ces chefs des prêtres, ces gens bien-pensants qui s’estimaient les préférés de Dieu, Jésus, sans doute, avait d’abord compté sur eux, sur leur appui, pour se faire reconnaître auprès du peuple. Il avait pensé qu’ils seraient les auxiliaires de sa mission, ils étaient tellement religieux : seulement voilà c’était des observateurs d’une loi et non les amoureux d’une personne. Ils n’aimaient pas Dieu, ils se contentaient, vaille que vaille, de lui obéir.
Ils ont une mentalité de salariés, d’employés à une vigne qu’ils n’aiment pas, qui est seulement celle du propriétaire, mais qu’ils n’ont pas adoptée. Ces vignerons sont des employés à la petite semaine, ils n’aiment pas la vigne. Ils n’aiment que les fruits qu’elle va produire et qu’ils comptent bien commercialiser à leur profit : combien de chrétiens n’aiment l’Eglise du Christ que dans la mesure où ils vont en profiter, faisant d’elle une exploitation, ne regardant que les fruits à récolter et non le travail à y faire, et non l’amour à déployer pour qu’elle soit plus belle et parce que c’est « la vigne du Seigneur « .

Mentalité du « donnant-donnant », mentalité d’un employé qui s’intéresse beaucoup plus à son salaire de fin de mois qu’à la réussite de l’entreprise dans laquelle il travaille, ne considérant Dieu que comme un patron tout puissant, dont on va profiter au maximum.

« Dieu, on dit que tu es bon, alors nous, on va en profiter ; ta bonté, elle est à notre service, on va te mettre à notre service. Je fais une neuvaine. Je fais un vœu, une promesse. J’ai récité telle prière qui me donne des indulgences. J’ai dit 3 fois  » Gloire au Père « , 10 fois un  » Je vous salue Marie « . Maintenant, j’attends ta réponse. C’est toi qui es en dette. Tu es mon client. Tu dois payer ».

Mais, surprise ! C’est le Seigneur, au temps de la vendange, qui envoie les vendangeurs pour récolter les fruits de la vigne, de cette vigne que nous avons soignée. Alors, là, ça ne marche plus !

Les Juifs ont rejeté Jésus, refusé son message et la vigne est passée à un autre, à une autre : l’Eglise.

« Le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui, lui, fera produire son fruit ». Il est exact :

  • que le propriétaire du Domaine, c’est Dieu ;

  • que “ la vigne bien aimée ” dans le beau chant d’Isaïe, c’est le peuple d’Israël, son peuple élu, objet de tous ses soins, vigne aimée du Père : « Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? »

Ces raisins, ce sont les fruits du maître et nous nous imaginons que nous en sommes les maîtres = tentation perpétuelle de nous accaparer l’œuvre de Dieu : le monde, l’univers, alors qu’il nous est simplement confié pour le faire valoir, le faire prospérer. Non, Dieu n’est pas neutre, débonnaire, permissif. Il aime l’homme au point de lui demander des comptes : il le traite en vrai responsable.

Il y a « un jour de la vendange  » : ce jour où Dieu me demande à l’instant décisif, ce que j’ai fait de tout ce qu’il m’a confié !

Il y a un temps pour la récolte = pas avant : les fruits ne sont pas mûrs, pas après : les fruits sont pourris.

Il y a le temps, et il arrivera pour nous où le Seigneur me demandera, à moi aussi : « Alors, qu’as-tu à me présenter », « Où est la récolte que j’ai espéré de toi ? Où sont les grappes de ton travail ? Les fruits de ton amour ? Je t’ai établi responsable de mon domaine, de mon Eglise : qu’as-tu fait ? »

Les vignerons se saisirent des envoyés, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. Nous refusons Dieu, c’est un ‟ gêneur ” lorsqu’il vient demander ses fruits : fruits de justice, d’amour, de paix. Nous voulons gérer notre vie, notre vigne pour notre compte personnel : j’accepte mal les exigences divines, les appels divins, « Oh, Dieu n’en demande pas tant ! ».

Eh si ! Et sans doute, plus ! Mais Dieu n’est pas rebuté par nos refus et de nouveau, il envoie d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers. Ils furent traités de la même façon tous ces prophètes qui viennent déranger la société matérialiste avec leurs utopies et leurs idées subversives qui viennent déranger nos plans économiques.

Ils ont tué Gandhi, tué Isaïe, tué le père Popieluszko, tué Jérémie, tué Mgr Romero, tué Martin Luther King, tué Hervé Gourdel, tué Jeanne d’Arc, tué six jésuites en Equateur.

« Il est bon qu’un seul meurt pour tous les autres », « On va faire un exemple : ça les calmera ».

Finalement, il leur envoya son Fils en disant : « Ils respecteront mon Fils », et c’est là, à ce moment de la parabole, qu’elle cesse d’être une parabole, mais l’histoire vraie de Dieu avec les hommes car la suite de l’histoire est historique : histoire vraie. Oui Dieu a été jusque -là : il envoie son propre Fils à des gens qui ont déjà tué de nombreux serviteurs. Dieu ose le risque de l’amour total. Il joue le quitte ou double radical. Il risque son propre Fils, le fruit de sa tendresse trinitaire.

« Dieu nous a aimés jusqu’à nous donner son propre Fils ».

Voyant le fils, les vignerons se dirent :

« Voici l’héritier, allons-y ! Tuons-le ! Nous aurons l’héritage ! ».

 

Notons au passage que le péché des vignerons n’est pas de ne pas avoir fait produire de fruits à la vigne, mais de vouloir s’approprier ces fruits qui ne leur appartiennent pas : c’est cela le péché de l’athéisme, gérer la terre au profit exclusif de l’homme, sans tenir compte qu’elle est propriété et don de Dieu.

L’homme n’accepte plus Dieu comme son bonheur définitif, son bien absolu, le sens de sa vie. Il cherche  » en lui-même  » le bonheur, ce sens, son bien absolu.  » Mort de Dieu  » qui devient inévitablement la mort de l’homme coupé de ses racines, sans Dieu. C’est la mort qui gagne toujours.

Sartre le reconnaîtra : « Sans Dieu, la vie n’a aucun sens et la mort aura le dernier mot ! »

Cette question du refus de Dieu n’est pas seulement celle des Juifs mettant Jésus en croix : c’est aussi de ma vie qu’il s’agit. C’est ma vie qui répond ou qui refuse.

Il n’est pas équivalent d’écouter l’Evangile ou de le mettre en pratique ou de vivre comme si Dieu n’existait pas !

Il s’agit de vivre selon l’amour absolu ou selon le non-amour.

Il s’agit de rendre les fruits à Dieu ou de les garder pour soi !

La vigne de Dieu, c’est la vaste église, c’est notre île, notre quartier. C’est aussi notre famille et finalement, c’est le fond du cœur de chacun d’entre nous. AMEN