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20ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 15, 21-23) – Homélie du Père Louis DATTIN

 La Cananéenne

Mt 15, 21-28

Si vous avez été attentifs à ce qui est commun aux 3 lectures que nous venons d’entendre, vous aurez vite constaté que c’est le caractère universel du message de Dieu, et le thème central d’aujourd’hui ce sont les étrangers : doivent-ils ou non faire partie du peuple de Dieu ? Seront-ils des chrétiens à part entière ou les considère-t-on comme des chrétiens de seconde zone ?

            Il faut rappeler qu’au départ, le peuple juif était, et lui seul, exclusivement, le peuple élu, le peuple de Dieu, le peuple choisi, lui seul avait été l’objet du choix de Dieu et lui seul avait fait alliance avec Dieu. Et les juifs ont encore cette vive conscience d’être le peuple à part, la part de Dieu, les privilégiés du Très-Haut. C’est d’ailleurs cette identité particulière, dont ils puisaient une grande fierté intérieure, qui les a maintenus en tant que race, en tant que Nation Sainte au milieu de tous les aléas et les événements par lesquels ils sont passés. C’est leur religion qui les a fait survivre à travers les siècles et malgré leur diaspora : leur dispersion aux 4 coins du monde.

Alors, fallait-il penser aux païens ? Fallait-il ouvrir aux étrangers ce message de Dieu ? Les juifs se sont posé la question et les premiers chrétiens aussi. Rappelez-vous les hésitations de Pierre et de Jacques quand il s’est agi de baptiser les 1ers païens. Ce fut l’ordre du jour du 1er Concile de Jérusalem, concile qui n’a pas été de tout repos et pourtant, dans la 1ère lecture, Isaïe rappelle « les étrangers à la conscience droite, je les mènerai à ma Montagne Sainte. S’ils observent mon alliance, je leur ferai bon accueil à mon autel et ma maison s’appellera ‘’ maison de prière pour tous les peuples’’ ».

 Et St-Paul, à son tour, déplore ce manque d’ouverture des juifs aux autres nations. Ils n’ont pas été fidèles à leur vocation mais, peut-être, un jour, seront-ils l’objet de la miséricorde de Dieu !

Dans l’Évangile lui-même, nous voyons Jésus, qui va dans les pays païens : ceux du Tyr et de Sidon. Va-t-il là-bas pour éviter la foule ? Simplement prendre un peu de repos ? Ou bien aller répandre un message aux autres païens ?

Il semble bien que Jésus se soit retiré là-bas pour être à l’écart des foules et avoir du temps libre pour enseigner et former les disciples. Aussi, nous qui sommes habitués maintenant au caractère universel de l’Église, nous sommes très étonnés de sa réaction, lorsqu’une femme païenne l’aborde en criant et le supplie :

« Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! »

Elle l’appelle pourtant avec son titre messianique : « Fils de David, aie pitié de moi ! » Elle ne prie même pas pour elle, mais pour sa fille tourmentée par un démon : il semble bien que toutes les conditions soient réunies pour que Jésus, volontiers, se rende à ses désirs. Eh bien, pas du tout ! Et nous trouvons Jésus d’une froideur et d’une indifférence surprenante. « Il ne répondit rien ».

Elle continue à le poursuivre de ses cris. Pas de réaction de la part de Jésus qui continue son chemin comme si elle n’était pas là ! A tel point qu’au bout d’un certain temps, ce sont les disciples qui insistent à leur tour : « Donne-lui satisfaction car elle vous poursuit de ses cris ».

« Je n’ai été envoyé, répond Jésus, qu’aux brebis perdues d’Israël ». C’est cela, d’abord, la priorité du Christ : sauver son peuple, un peuple précis, le peuple juif ! Il est venu pour eux, et c’est par eux, qu’ensuite le monde se ralliera à la Bonne Nouvelle et c’est bien d’ailleurs ce qui s’est passé : ce sont les juifs, Jésus, Marie, Pierre, Paul, Matthieu, Thomas, de qui sont partis ces premières étincelles qui ont mis le feu chrétien au monde païen.

Alors, cette femme insiste, elle reconnait que ce que dit Jésus est juste, elle continue quand même… et vient se prosterner devant lui, un peu comme un petit chien aux pieds de son maitre, et c’est sans doute cette attitude qui fait répondre à Jésus cette parole qui nous paraît scandaleuse, lorsqu’il s’agit d’une femme, même païenne :

« Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », (il faut savoir, en outre, que le chien n’est pas un animal aimé en Orient et que l’on traite facilement de chien celui pour qui l’on n’a guère de sympathie). Aujourd’hui encore, on entend, par exemple en Afrique du Nord, les musulmans appeler les catholiques « chiens de Roumis » parce qu’ils ne partagent pas leur foi dans le Coran. La femme ne se démonte pas devant tant de mépris, au contraire ; avec répartie, elle utilise la comparaison pour le poursuivre.

« C’est vrai, Seigneur, mais, justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ».

Quel abaissement ! Quelle humilité ! Prête à se réduire à rien pour obtenir la guérison de sa fille !

Alors, là, le Seigneur n’en peut plus … Il reconnaît, en elle, cette foi qui fait justement défaut aux juifs avec qui il vient de multiplier les pains, avec les apôtres affolés dans la barque ballotée par la tempête : enfin, il rencontre une vraie confiance, une totale remise de soi, et cela, chez une païenne, prosternée à ses pieds, qui, elle, l’a appelé : « Fils de David – Messie ».

Il se retrouve dans une situation semblable avec une autre femme, qui, elle aussi, va dire : « Si je touche seulement son manteau, je serai guérie ».

Une autre païenne encore, la Samaritaine, qui, après son dialogue au bord du puits, va aller trouver les gens de son village : « Venez voir, j’ai trouvé le Messie ».

Dans ce récit, il ne s’agit plus de la multiplication des pains ni des douze corbeilles, des restes ; il s’agit seulement de quelques miettes qui tombent de la table et données aux chiens.

Avons-nous cette attitude d’humilité, de petitesse ? Cette conscience de n’être rien du tout lorsque nous allons à notre tour recevoir la Sainte-Eucharistie ?

Il ne s’agit pas d’avoir des complexes : soit de supériorité, en nous disant : « Nous, nous sommes baptisés, les fils de Dieu ; nous sommes dans la vérité ; nous avons la lumière. » C’est vrai. Mais est-ce de notre faute ? Quel mérite en avons-nous ?

Tout nous a été donné par Jésus-Christ, par grâce, par amour.

Il ne s’agit pas non plus d’avoir des complexes d’infériorité, (à ne pas confondre avec l’humilité qui est la reconnaissance de son état vrai). Non, il s’agit, dans l’amour, comme le Christ, de considérer les autres, non pas en les regardant de haut, les considérer comme des chiens ; non pas en les regardant de bas, les considérer comme des maîtres : non !

Ni maîtres, ni chiens : les autres sont mes frères. Cela change tout, car frères : ils sont mes égaux, eux aussi, fils de Dieu, fils du même Père que moi, partageant avec moi, au même titre que moi, la bonté et la miséricorde de Dieu.

Si nous formons une famille, une famille de frères, ayant Dieu à qui nous disons ‘’Notre Père’’ : personne n’est supérieur à l’autre, personne n’est inférieur à l’autre. Aux yeux de Dieu, nous avons tous la même taille, la même importance ; aux yeux du chrétien donc, personne n’est plus grand ni plus petit. Pas même le pécheur : qui reste un fils, même s’il s’éloigne du Père et celui-ci l’accueillera avec bonté dès qu’il aura fait son demi-tour vers lui !

Dieu n’appartient à personne, il se donne à tous avec la même générosité. Il suffit, comme cette femme, d’avoir faim, d’avoir soif, de courir sur ses pas, quitte à crier comme elle, avec foi : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi !», pour que le Seigneur puisse nous dire à nous aussi : « Ta foi est grande, que tout se fasse comme tu veux ».

Dieu cède toujours à qui lui demande.

Ayons, comme lui, un amour sans frontières ; il n’y a pas d’étrangers pour un disciple de Jésus, un amour sans privilèges ; il n’y a pas de discrimination pour un disciple de Jésus, un amour sans réserve : pas de retour sur soi pour un vrai disciple de Jésus. AMEN




20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 15, 21-28)

 L’Amour du Seigneur est pour tous

(Mt 15, 21-28)

En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. 

 

Jésus déclare ici : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24). Mais il le dit à une femme cananéenne, une païenne donc, qui habitait «  la région de Tyr et de Sidon », la Syro‑Phénicie, l’actuel Liban, une terre où Jésus avait décidé de se retirer un moment, nous dit-on au tout début. Il ne pouvait donc que rencontrer ses habitants, pour finalement les rejeter ? Première contradiction…

Cette femme, ayant appris qui il était, vient lui crier sa détresse : celle d’une mère devant la souffrance de sa fille. Elle est désemparée, elle ne sait plus que faire et se tourne vers Jésus : « Eléison me », lui dit-elle dans le grec des Evangiles, « aie compassion de moi », « fais-moi miséricorde »… Le Dieu qui se révèle dans la Bible comme étant « bouleversé jusqu’au plus profond de lui-même » par les souffrances des hommes (Os 11,7-10 ; Mt 18,27 ; Lc 1,78 ; 15,20), ce « Dieu de Tendresse et de bonté » (Ex 34,6) peut-il rester insensible devant la détresse d’une mère et la renvoyer en la comparant, elle et sa fille, à des « petits chiens » ? Impossible…

Seul le contexte de l’Evangile de St Matthieu permet d’y voir un peus plus clair. Matthieu, en effet, est un Juif qui écrit pour des chrétiens d’origine juive, comme lui… Et il constate dans sa communauté à quel point certaines attitudes, contraires à l’Evangile, ont la vie dure… Certes, Israël est bien le Peuple élu à qui la Bonne Nouvelle devait être annoncée en premier, et telle était de fait la mission de Jésus (cf. Mt 15,24 cité précédemment). Mais cette logique du projet de Dieu n’est pas synonyme d’exclusion pour les païens. Un chrétien ne pouvait donc pas adhérer à l’attitude de certains en Israël qui traitaient les païens de « chiens »… Et c’est pourtant ce qui arrivait ! C’est pourquoi St Matthieu reprend ici ce vocabulaire pour le mettre dans la bouche même de Jésus, mais en le renversant : quoi de plus touchant, en effet, qu’un « petit chien » ? De plus, cette Cananéenne accepte le plan de Dieu, et elle se positionne humblement après le Peuple élu tout en manifestant une confiance sans borne en la bonté de Dieu. « Femme, ta foi est grande »… Avec le Christ et par lui, St Matthieu la donne ainsi en exemple à toute sa communauté ! « Et à l’heure même, sa fille fut guérie. » Comment pourraient-ils donc encore rejeter ces païens que Dieu accueille, sauve et comble, tout comme eux ?

  1. Jacques Fournier

           




Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – Homélie du Père Louis DATTIN

Fête de la jeunesse du monde

Lc 1, 39-56

Vous savez combien dans la vie, on aime établir des classements. Pour le tour de France, c’est le maillot jaune pour le 1er ; sport : coupe pour le foot ; aux jeux olympiques, c’est la médaille d’or avec la Marseillaise ; en classe, le 1er est au tableau d’honneur : autrefois, il portait une croix et le second, un ruban.

Dans une association, il y a un président ; au renouveau, un berger ; dans l’église, un doyen ou un évêque.

En fête de l’Assomption, je donnerai facilement à Marie, le titre, non pas de la 1ère Dame de France, mais celle de la 1ère Dame du Monde !

Il y a un chant qui dit : Marie, « la 1ère en chemin« . Elle a tout fait avant nous ! « Marie, tu en as connu ‘’des 1ères fois’’ » !

. Rappelle-toi : ta surprise, le jour de l’Annonciation.

C’était une première pour toi : « Dieu a posé son regard sur toi, humble servante ».

C’était aussi une première pour l’Humanité : « Dieu veut habiter sur la terre, c’est l’Incarnation ».

 

Du jamais vu et grâce à ton oui cela va pouvoir se faire ! Dieu veut prendre corps en une femme.

. Rappelle-toi, la Visitation : ton empressement sur la route, ta rencontre avec Elisabeth. C’était une première pour toi, lorsqu’elle te dit : « Bienheureuse parce que tu as cru ». Une première, lorsque Jean-Baptiste et Jésus bondissent de joie. Une première pour nous !

. Rappelle-toi la nuit de Noël : une grande première qu’une naissance avec Joseph, les Bergers, les Mages ; ce chant du « Gloire à Dieu » et la paix pour les hommes et cet enfant emmailloté, couché dans une mangeoire !

Aussi, une première pour nous : Dieu, le grand Dieu, qui n’est qu’un « tout petit « .

. Rappelle-toi ton inquiétude à Jérusalem, ta surprise : priorité accordée par ton fils, pour son Père du ciel. Jésus obéissant à son père, tu n’as pas compris ce jour-là ! C’était aussi une surprise pour nous : Dieu toujours  » premier servi « .

. Rappelle-toi ta présence à Cana : c’est toi, la première qui s’est aperçue que le vin allait manquer et pour la première fois, son premier miracle. Tu coopères à l’action de ton fils et pour nous, une surprise : Dieu se préoccupe aussi des petits soucis de nos existences humaines… ce vin qui, un jour, plus tard, allait devenir son Sang, à la messe.

. Rappelle-toi, Marie, mais tu t’en rappelleras toujours, ce fut trop pénible, ta présence, au pied de la Croix : tout donner, même ton fils… Une première pour toi, une première pour nous : « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

. Rappelle-toi, Marie, ta stupéfaction et ta joie profonde au moment de sa Résurrection, la première fois que la mort était vaincue, que le mal était écrasé, que ton fils changeait l’ordre du monde et que les hommes, enfin, pouvaient espérer, aux aussi.

. Rappelle-toi, Marie, cette pièce du 1er étage d’une maison de Jérusalem qu’on appelle le Cénacle. Tu y priais en compagnie des apôtres, lorsque, soudain, le souffle de l’Esprit vous a envahi et vous a donné la force de fonder l’Eglise : annoncer la nouvelle aux quatre coins du monde : la Pentecôte.

. Et puis, rappelle-toi, Marie, de ce jour extraordinaire et triomphal de ton entrée au ciel où tu es couronnée par ton fils, à la fois Reine, Vierge, Mère

La première, là encore, tu entres dans l’éternité non seulement avec ton âme, ce qui était bien normal, mais aussi avec ton corps, ce corps qui avait accueilli ton fils pour lui donner sa vie humaine : c’est cet événement que nous célébrons aujourd’hui. 1ière Dame de la terre, 1ière Dame du ciel, sans renier ni la terre, ni le ciel : « Je crois en la résurrection de la chair et à la vie éternelle ».

Toi aussi, la première humaine, nous indiquant la route qui mènera à notre tour, dans cette vie éternelle, « La première en chemin ».

La 1ière arrivée, , , aussi, à notre tour, nous aboutirons en suivant de loin, ton itinéraire.

Tu as toujours été la première parce qu’à chaque fois que le Père te proposait une nouvelle aventure spirituelle, tu disais « oui « . Tu répétais : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il fasse par moi ce qui lui plaît ».

 “Marie, veux-tu… ?‘’ » et à chaque fois, c’était d’accord : « D’accord, Seigneur, poursuivons cette épopée divine ».

Elle a dit « oui » à Nazareth, à Bethléem, à Cana, au pied de la Croix, au Cénacle, entraînée chaque fois par un nouvel élan de l’Esprit Saint : « Sûr de mon acceptation, tu me proposais, Seigneur, une nouvelle étape sur le chemin du salut ».

« La première en chemin! » Toi, tu es toujours restée l’humble servante : à chaque désir de Dieu, tu as dit « oui » : « Mais, bien sûr, Seigneur ! »

Cette ouverture aux initiatives de Dieu, les spirituels appellent cela : « la disponibilité ». Tu te mets totalement à la disposition de Dieu pour réaliser « la promesse faite à nos pères ». Tu acceptes d’être la femme qui écrasera la tête du serpent. Tu acceptes de libérer avec Jésus cette humanité pécheresse, de l’emprise de Satan.

Devenir, nous aussi, à l’exemple de Marie, disponibles. A chacun, chacune d’entre nous, le Seigneur s’adresse et nous propose et nous dit : « Veux-tu… ? »

« Veux-tu sauver l’humanité avec moi ? Veux-tu avec l’Esprit de ton Baptême et de ta Confirmation, te mettre en route ? Etre de ceux et celles qui sont  » les premiers en chemins » : chemin de joie, chemin de croix parfois ? Veux-tu, toi aussi, tout au long de ton existence, redire ces petits « oui » qui sont autant de mailles dans le tissu de ta vie ? Veux-tu te remettre, te démettre entre les mains de Dieu pour travailler avec lui au salut des hommes ? »

 

Puissions-nous, Vierge Marie, être avec toi :

  • tout à la joie d’annoncer la Bonne Nouvelle

  • tout à l’émerveillement d’adorer l’enfant de Noël

  • tout à la peine, en communiant à la Passion de ton fils

  • tout à la foi de la Pentecôte, au matin de l’Eglise, pour aller à la rencontre de nos frères.

Et aujourd’hui, Marie, en cette fête de l’Assomption, être tout à la gloire aux côtés de Jésus ! Aujourd’hui, montre-nous ce bonheur éternel où tu attends chacun de nous !

Le Seigneur nous pose la question, à nous aussi, maintenant :

« Veux-tu… ? »

Ayons assez de cœur pour lui répondre à notre tour :

« Oui, Seigneur ». AMEN




L’Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’Assomption de Marie, l’Immaculée Conception »

(Lc 1, 39-56)

  En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

    

Au jour de l’Annonciation, l’Ange Gabriel était apparu à Marie et lui avait dit : « Réjouis-toi, Comblée-de-Grâce (kékharitôménê) »… Ce dernier terme est unique dans toute la Bible. Avec lui, nous sommes invités à contempler le Mystère de Marie, fruit de l’action de Dieu en elle dès les premiers instants de son existence. En effet, par une grâce toute spéciale qui la préparait à sa vocation unique, Marie a été comblée par l’Esprit Saint, un Esprit qui est Lumière et qui a chassé en elle toute forme de ténèbres… Préservée du péché originel, Marie, vraie femme comme toutes les femmes, fut ainsi sanctifiée dès sa conception pour pouvoir répondre plus tard en toute liberté à l’appel que Dieu désirait lui adresser : devenir la Mère du Seigneur. Alors, à son « oui », l’Esprit Saint s’est uni à sa chair sanctifiée pour engendrer en elle un Etre Saint en toutes ses dimensions, corps, âme et esprit : Jésus, le Fils éternel du Père, l’unique Sauveur du Monde…

Plus tard, Marie comprendra cette action de Dieu en elle au tout premier instant de sa conception comme un acte de Salut totalement gratuit : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur », dira-t-elle… Et elle chantera le Mystère de Celui qu’elle a découvert comme étant Miséricorde Toute Puissante : « Le Puissant fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom. Sa Miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent »… Et ce que Marie a reçu de manière unique au tout début de son existence, nous sommes tous appelés à le recevoir, instant après instant, tout au long de notre vie, pour être un jour au ciel avec elle et comme elle, grâce à la Miséricorde Toute Puissante de Dieu… St Paul l’écrit : « Dieu nous a comblés de sa grâce en son Fils Bien Aimé qui nous obtient par son sang la Rédemption, le pardon de nos fautes ». Alors, « par Jésus Christ » nous pouvons « devenir des fils, saints et immaculés en sa Présence dans l’amour ». Ce projet de Dieu s’inscrit dans la dynamique de notre baptême : « Le Christ a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ; il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et immaculée » (Ep 1,3-14 ; 5,25-27).

« Etre saint et immaculé », voilà ce projet de Dieu sur l’homme qui s’est parfaitement réalisé en Marie dès les premiers instants de sa Conception grâce à sa Miséricorde Toute Puissante. Et puisque Dieu ne peut laisser son saint, sa sainte, « voir la corruption » (Ac 2,31‑32), Marie, comme Jésus, est passée par la mort, notre chemin à tous, mais elle a été aussitôt glorifiée en sa chair par l’Esprit Saint : tel est le Mystère de son Assomption où nous contemplons ce que le Père veut réaliser pour tout homme de bonne volonté…                       DJF




L’Assomption de la Vierge Marie (Lc 1, 39-56) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

 

L’Assomption de la Vierge Marie est honorée par deux messes, celle de « la veille au soir » et celle « du jour ». Seules quelques solennités donnent lieu à plusieurs messes : la nativité du Seigneur, l’Épiphanie, Pâques, l’Ascension, la Pentecôte et l’Assomption. C’est ainsi dire l’importance de cette solennité.

L’Assomption est un dogme, une vérité de foi à laquelle doit adhérer tous les catholiques. De quoi s’agit-il ? Le 01er novembre 1950, le pape Pie XII a défini ce dogme en ces termes : « Par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par la Nôtre, Nous proclamons, déclarons et définissons que c’est un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste. »[1]

L’Assomption de Marie est une conséquence directe de sa maternité divine tout comme son immaculée conception. Celle qui a porté en son sein le Fils de Dieu, la toute pure, ne pouvait pas connaître la dégradation corporelle, elle a été élevée corps et âme.

Parce qu’elle est Mère de Dieu, Marie, par la volonté de son Fils, continue d’exercer sa maternité sur l’ensemble de l’Église, le Corps du Christ. Marie est aussi notre Mère et de ce fait, nous devons lui honorer un culte. La constitution dogmatique de Vatican II sur l’Église précise que ce culte est un devoir : « Les croyants, attachés au Christ chef et unis dans une même communion avec tous ses saints, se doivent de vénérer, « en tout premier lieu la mémoire de la glorieuse Marie, toujours vierge, Mère de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ » »[2].

La constitution précise encore que Marie « occupe dans la Sainte Église la place la plus élevée au-dessous du Christ, et nous est toute proche. »[3] Elle est « bien loin au-dessus de toutes les créatures dans le ciel et sur la terre »[4]. Par conséquent, les disciples du Christ doivent de développer « un sentiment filial de piété, comme il convient pour une mère très aimante »[5]. Le culte marial n’est pas facultatif, pour plusieurs raisons :

  • Le peuple de Dieu a toujours voué une grande dévotion à la Vierge Marie. Les fidèles ont toujours eu recours à son intercession et à sa protection maternelle au milieu des périls et des difficultés de la vie : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie. »[6]

La préface de la messe précise qu’elle est « source de réconfort pour [le] peuple encore en chemin. »

  • La préface précise encore : « Aujourd’hui, la Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée au ciel. Elle est le commencement et l’image de ce que deviendra [l’]Église en sa plénitude, elle est signe d’espérance ». Marie est l’espérance de ce qui nous attend lors de la parousie du Christ : nous vivrons pour l’éternité dans la gloire de Dieu, corps et âme. Nous ressusciterons dans un corps spirituel semblable au Christ (voir 1 Co 15, versets 44 et 49).

Nous l’aurons compris que nous devons honorer un culte à la Vierge Marie mais honorons-le bien. La constitution dogmatique sur l’Église souligne également : « depuis le Concile d’Éphèse[7], le culte du Peuple de Dieu envers Marie a connu un merveilleux accroissement, sous les formes de la vénération et de l’amour, de l’invocation et de l’imitation, réalisant ses propres paroles prophétiques : « Toutes les générations m’appelleront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses » (Lc 1, 48) »[8]

Il convient donc d’honorer Marie d’un authentique culte de vénération (et non d’adoration, réservé à Dieu seul). L’Église nous encourage à l’aimer d’une façon filiale mais aussi à imiter ses vertus. Marie est pour nous un modèle à plusieurs titres :

  • Modèle de foi et d’obéissance : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38).

  • Modèle de sainteté : « Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. » (Lc 1, 48).

  • Modèle de joie : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! » (Lc 46-47).

  • Modèle de charité et de service : « Marie resta avec Élisabeth environ trois mois » (Lc 1, 56), à son service.

Voilà ce que nous devons surtout imiter de Marie dans un monde où la foi se « tiédit », où le pessimisme grandit et où le service gratuit du prochain se perd. Nous avons à œuvrer pour rendre ce monde plus saint. Alors imitons Marie en restant focalisés sur le Christ ! En tant que Mère, Marie nous rappelle et nous ramène constamment à l’essentiel : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2, 5).

Que Marie nous guide vers son Fils, qu’elle nous aide à faire tout ce qu’il nous demande, en vue de notre Salut et de notre Résurrection. Bonne fête de l’Assomption à tous et à chacun.

« Pour ta gloire, on parle de toi, Marie : aujourd’hui tu es élevée bien au-dessus des anges, et tu partages le triomphe du Christ à jamais » (antienne d’ouverture, messe de la veille au soir).

[1] Pie XII, Constitution apostolique Munificentissimus Deus / Proclamation du dogme de l’Assomption, n°44, 01er novembre 1950.

[2] Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, n°52.

[3] Ibidem, n°54.

[4] Ibidem, n°53.

[5] Ibidem, n°53.

[6] Parmi les nombreuses prières catholiques populaires, il y a une ancienne prière égyptienne Sub tuum. Remontant au IIIème siècle, elle est une invocation collective à la Mère de Dieu, pour obtenir son intercession dans les moments difficiles. Cette prière est la plus ancienne et elle est encouragée par le pape François.

[7] Le concile d’Éphèse date de 430. Il fixe notamment le dogme de la Vierge Marie Théotokos c’est-à-dire « Mère de Dieu ».

[8] Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen gentium, n°66.

 




« Qui est Dieu pour moi ? » 19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

Il y a quelques années, quand j’étais à la paroisse de Drancy, je discutais avec une paroissienne au sujet de son fils. Elle racontait que celui-ci était très pieux et très proche du Seigneur, et que la prière de son fils était tellement puissante et efficace, que lorsque quelqu’un lui faisait du mal, à elle ou à son fils, celui-ci priait, et Dieu punissait toujours la personne qui avait mal agi.

Cela signifie que pour cette dame, Dieu est Celui qui punit les méchants, et protège ses fidèles. Cette conception de Dieu peut nous faire sourire, mais elle existe bel et bien dans la Bible. Par exemple, dans le livre des Psaumes nous lisons:

« (Le juste) est comme un arbre planté près d’un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt ; tout ce qu’il entreprend réussira, tel n’est pas le sort des méchants. Mais ils sont comme la paille balayée par le vent…Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra » (Ps 1, 3-4; 6)

Et pour moi ? Qui est Dieu ? Quelle idée est-ce que je me fais de Lui ?

 

Il me semble que les textes que nous propose la liturgie ce dimanche peuvent nous aider à corriger certaines idées fausses que nous pouvons nous faire sur Dieu.

Commençons par nous laisser instruire par le Seigneur en même temps que le prophète Élie. La première lecture est un extrait du chapitre 19 du Premier Livre des Rois dans lequel Dieu vient à la rencontre d’Élie.

Le début du texte nous signale qu’Élie est arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu. Si nous ouvrons notre Bible pour regarder ce qui se passe avant, nous comprenons que si Élie est venu à la montagne de Dieu, ce n’est pas pour le rencontrer, mais c’est parce qu’il est menacé par la reine Jezabel. Élie a pris la fuite pour sauver sa vie. Plein de zèle pour le Seigneur, Élie avait lancé un défi aux prophètes de Baal sur le mont Carmel:

 « Amenez-nous deux jeunes taureaux ; quils en choisissent un, quils le dépècent et le placent sur le bûcher, mais quils ny mettent pas le feu. Moi, je préparerai lautre taureau, je le placerai sur le bûcher, mais je ny mettrai pas le feu. Vous invoquerez le nom de votre dieu, et moi, jinvoquerai le nom du Seigneur : le dieu qui répondra par le feu, cest lui qui est Dieu. » La foule répondit : « Cest daccord. » » (1 R 18, 23-24)

Évidemment, comme le dieu Baal n’existe pas, le taureau qu’avait préparé les prophètes de Baal n’a pas été consumé, alors que quand Élie a prié le Seigneur:

« le feu du Seigneur tomba, il dévora la victime et le bois, les pierres et la poussière, et leau qui était dans la rigole. » (1 R 18, 38)

Au mont Carmel, Dieu s’est manifesté par un feu dévorant et destructeur. Élie en a déduit que puisque le Seigneur s’était manifesté avec une puissance dévorante et destructrice, en tant que prophète, il devait lui aussi « détruire ». Et avec l’aide du peuple, Élie a égorgé tous les prêtres de Baal. La reine Jezabel avait donc une bonne raison d’en vouloir à Élie.

Dans le texte d’aujourd’hui, Dieu rectifie l’idée fausse que se fait le prophète Élie sur Lui. Même si au mont Carmel, Il s’est manifesté avec puissance, Dieu n’a jamais voulu la mort de l’homme pécheur (cf. Ez 18). C’est pourquoi, à l’Horeb Dieu choisit de ne se manifester ni dans l’ouragan, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Autrement dit, Dieu fait le choix de ne pas se manifester dans un élément destructeur.

Au contraire, le texte nous dit que Dieu se manifeste dans « le murmure d’une brise légère ». Littéralement, il faudrait traduire dans « une voix, un silence subtil ». Il y a ici une contradiction. Comment une voix peut-elle être silencieuse ? En employant cet oxymore, il est possible que l’auteur sacré veuille nous parler de la manière dont Dieu entre en relation avec l’homme. Quand Dieu nous parle, nous ne percevons pas sa voix avec notre système auditif, mais avec les oreilles de notre cœur.

Ce que la première lecture nous enseigne sur Dieu, c’est que que bien qu’il possède la puissance de tout détruire, Dieu est doux. Dieu se fait connaître non par la destruction, mais par sa parole. Dieu parle au cœur de l’homme.

La deuxième lecture est tirée de la Lettre aux Romains. Dans cette lettre, saint Paul prépare sa visite prochaine à Rome. Il souhaite recevoir un accueil favorable de la part des chrétiens de cette ville. Paul est juif, et qu’il est fort possible que la communauté chrétienne de Rome au milieu du Ier siècle était composée majoritairement de croyants issus du paganisme. Si les croyants d’origine juive étaient minoritaires dans la communauté chrétienne de Rome, comme toute minorité, il est probable qu’ils aient été un peu méprisés par le groupe majoritaire, celui des pagano-chrétiens. Dans sa lettre, saint Paul rappelle aux chrétien romains que « les dons gratuits de Dieu et l’appel dont a bénéficié le peuple d’Israel sont sans repentance » (cf. Rm 11, 29). Dans l’extrait du chapitre 9 que nous avons entendu aujourd’hui saint Paul leur parle de la place particulière des juifs dans le dessein de Dieu:

« Ils ont ladoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et cest de leur race que le Christ est né ».

Qui est Dieu pour saint Paul ? Dieu est un dieu qui non seulement entre en relation avec l’être humain, mais qui désire aussi partager sa gloire avec lui. C’est ce plan de Dieu pour l’homme qui est la raison d’être des alliances.

L’évangile d’aujourd’hui est la version matthéenne du récit de la marche de Jésus sur la mer. Si nous comparons le récit de Matthieu de cet épisode, avec ceux de Marc et de Jean, nous remarquons qu’il a deux éléments en plus. La demande de Pierre à Jésus de pouvoir le rejoindre sur la mer, et la confession de foi des hommes qui se trouvent dans la barque, qui reconnaissent que Jésus est Fils de Dieu: « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! ».

Je voudrais m’arrêter dans un premier temps sur la confession de foi des disciples dans la barque, car elle signale au lecteur, que dans ce récit de la marche sur les eaux, c’est surtout la divinité de Jésus qui est soulignée. D’ailleurs, dans la Bible, marcher sur la mer est un privilège divin. Par exemple, dans le Livre de Job, nous lisons à propos de Dieu:

« À lui seul il déploie les cieux, il marche sur la crête des vagues » (Jb 9, 8).

À cela, ajoutons que la réponse de Jésus pour rassurer ses disciples: « c’est moi » (ἐγώ εἰμι, égô eimi) fait possiblement référence au nom divin dans le récit du buisson ardent en Ex 3 dans la version grecque de la Septante.

Dans la première lecture, nous avons vu que Dieu a corrigé l’idée fausse que se faisait le prophète Élie sur Lui, en le prenant pour un Dieu de vengeance et de fureur. Il me semble que dans l’évangile  aussi, Jésus corrige une idée erronée sur sa personne, et donc sur Dieu.

Si nous jetons un coup d’œil sur le récit qui précède la marche sur les mer, nous voyons qu’il s’agit de celui de la multiplication des pains, dans lequel Jésus nourrit cinq mille personnes.

Nous imaginons bien que les disciples et la foule auraient préféré rester avec Jésus après ce miracle. Mais Jésus les renvoie tous les deux. Pour les disciples, ce renvoi est sans aucun doute difficile car le texte nous dit que « Jésus obligea les disciples à monter dans la barque ».

Le premier enseignement de Jésus sur Dieu, c’est que Dieu n’est pas un distributeur de miracles. Le croyant ne doit pas rester auprès du Seigneur dans le seul but de pouvoir obtenir de Lui quelque chose. D’ailleurs, si nous réfléchissons, nous connaissons tous des personnes qui se sont éloignées de l’Église parce que leurs prières n’ont pas été exaucées.

Alors qu’ils viennent tout juste de vivre une expérience spirituelle forte pendant la multiplication des pains, les disciples se retrouvent au cœur d’une tempête. Alors que la barque est malmenée par les vagues, Jésus vient vers eux marchant sur la mer, symbole de la mort et des forces du mal.

Nous avons ici un deuxième enseignement. Lorsque dans nos vies, nous affrontons des tempêtes, le Ressuscité vient à nous et nous dit: «  Confiance ! cest moi ; nayez plus peur ! ». Face aux situations difficiles, face aux problèmes, même ceux qui paraissent insurmontables, Dieu nous invite à la confiance.

Alors, qui donc est Dieu ? Faisons un bilan.

La première lecture nous a enseigné, que Dieu ne désire pas la mort des gens qui le rejettent, et que Dieu parle avec douceur au cœur de l’homme.

Dans la deuxième lecture, saint Paul est allé plus loin que l’auteur du Premier Livre des Roi, en nous enseignant que Dieu a toujours désiré diviniser l’être humain, et ce dessein est la raison pour laquelle Il s’est choisi un peuple avec qui il a fait alliance.

Enfin dans l’évangile, nous avons vu que si Dieu n’est pas un distributeur de bienfaits à la demande, ce qui est certain, c’est qu’il n’abandonne jamais le croyant. Dieu vient à sa rencontre dans les moments les plus difficiles, le réconforte et l’invite à la confiance.

Nous avons évoqué plus haut, un deuxième élément propre au récit de Matthieu. Il s’agit de la demande de Pierre à Jésus de pouvoir le rejoindre sur les eaux. Ce passage nous dit quelque chose de l’attitude que nous devons avoir en tant que disciple du Christ.

Pierre a écouté Jésus et a bien compris l’exhortation de Jésus à la confiance. Il demande donc à Jésus le courage de pouvoir s’aventurer hors de la barque et de marcher à son tour sur la mer. Mais saint Pierre est comme nous. Il prend peur quand le vent souffle trop fort.

Mais heureusement, comme Dieu le Père, Dieu le Fils (Jésus) connait la faiblesse de notre foi, et il entend celui qui crie: « Seigneur ! Sauve-moi ! ».

Demandons donc au Seigneur de nous accorder la grâce de toujours lui faire confiance jusqu’au jour de notre mort. Amen !

                                                                                   D. Alexandre ROGALA

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – par Francis COUSIN

       « Enthousiasme … peur … calme … »

Pour bien comprendre le texte de ce jour, il nous faut faire un retour en arrière, et voir ce qui s’est passé juste celui-ci : la première multiplication des pains : plus de cinq milles hommes (sans compter les femmes et les enfants) avaient étaient nourris à partir de cinq pains et deux poissons, et tous avaient été rassasiés …

Un miracle qui avait tellement enthousiasmé les gens que tous disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. », et ils voulaient « l’enlever pour faire de lui leur roi. » (Jn 6,14-15), ce que ne voulait pas Jésus, car sa « Royauté n’est pas de ce monde. » (Jn 18,36).

Alors Jésus « obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules ... [puis] il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. ».

Incompréhension des apôtres qui ne comprennent pas l’ordre de Jésus : pourquoi partir sur l’autre rive, en territoire païen, alors que la foule des juifs était prête à l’acclamer comme roi

Pour eux, c’est une occasion manquée de Jésus pour mettre en place son royaume … alors qu’il avait la foule avec lui … et peut-être aussi pour eux qui se voyaient déjà à des postes importants dans son royaume …

Mais ils obéissent à Jésus, et montent sans la barque …

C’est la nuit qui approche, et bientôt les ténèbres seront là … et en plus, le vent se lève … Pas de quoi rassurer les apôtres pour une traversée qui s’avère difficile …

« Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. »

Matthieu aurait pu écrire : « Peu avant que le jour se lève … » … c’est la même chose … mais la symbolique n’est pas la même : ici, on insiste sur la nuit, sur les ténèbres, les forces du mal, alors qu’autrement on insiste sur le jour nouveau, le soleil levant qu’est Jésus …

Et de fait, si Jésus apparaît aux yeux des apôtres, c’est de manière très flou … ils n’arrivent pas à le reconnaître … il faut dire que marcher sur la mer, cela ne se voit pas tous les jours … ils voient une tache blanche qui se meut sur la mer … et les peurs ancestrales refont surface … Un fantôme ? …

Heureusement que Jésus, comme il fait à chaque fois qu’il apparaît de manière impromptue, s’écrit : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! ».

Mais cela ne suffit pas à calmer les apôtres.

Alors, Pierre, bravache comme souvent, dit : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. ».

« Viens. » dit Jésus.

Au début, pas de problèmes. Pierre regarde Jésus et avance vers lui … il marche sur la mer … mais une bourrasque de vent le déséquilibre, il se rend compte que ce qu’il fait n’est pas ordinaire, il panique … et il s’enfonce dans l’eau …

Alors il remet son regard vers Jésus et l’appelle au secours : « Seigneur, sauve-moi ! ».

Et Jésus lui tend la main …

« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » …

Cette phrase ne s’adresse pas seulement à Pierre … mais à chacun de nous … et sans doute plus souvent à nous qu’à Pierre !

Combien de fois nous répondons à l’appel de Jésus, ou à un de ses représentants : « Viens, suis-moi … viens vers moi … fait ceci … fait cela … ».

Et on répond « Oui » …

Au début, cela va bien, on fait ce qu’il nous demande en pensant à Jésus …

Et puis, au bout d’un moment, comme cela va bien, on se regarde soi-même … on est fier de ce qu’on fait … on s’y croit … et on n’oublie de penser que si Jésus n’avait pas été là, avec nous, pour nous soutenir, on n’aurait rien pu faire …

Et comme Pierre, on s’enfonce dans la mer, on s’enlise … rien en va plus.

Notre regard s’est porté sur nous … et non sur Jésus …

Mais Dieu nous laisse toujours une chance, par la voix de l’Esprit Saint qui nous souffle cette parole, celle de Pierre : « Seigneur, sauve-moi ! ».

Alors, nous pouvons prendre la main que Dieu nous tend, celle d’un prêtre, d’un voisin, d’une religieuse … voire celle d’un non-baptisé … pour nous remettre dans le droit chemin …

Ainsi, le vent du Malin tombera … le calme reviendra dans nos cœurs … et nous pourrons voir Jésus sans honte, avec amour.

Seigneur Jésus,

en entendant ce récit,

on pense surtout à Pierre …

Alors que c’est nous qu’il faut regarder.

Quand tout va bien,

on s’en attribue souvent les mérites …

et quand cela va mal …

c’est la faute à pas de chance.

Mais de Toi,

on parle peu !

 

Francis Cousin    

 

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Prière dim ord A 19°

 




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (St Mt 10, 26-33)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 12 et Dimanche 13 Août 2023

 

19e dimanche ordinaire :

1·Rois 19.9–13 ; Romains 9.1–5 ; Matthieu 14.22–33

 

Après la multiplication des pains, Jésus oblige les disciples à entrer dans une barque pour aller sur l’autre rive tandis que lui-même fuit la foule après l’avoir servi. Il se met à l’écart, sur la montagne pour prier. La montagne est souvent le lieu de rencontre avec Dieu. C’est là, dans cette rencontre personnelle, que l’on apprend à le connaître. Élie n’a pas apprécié le comportement du peuple de Dieu, ce peuple choisi qui a bénéficié de toutes les bénédictions divines – adoption filiale, gloire avec la présence de Dieu au sein de ce peuple, alliances, législation, cultes, promesses, les patriarches et de qui le Christ est la Chair – ce peuple formé d’Israélites a abandonné leur alliance avec Dieu, abattu les autels et tué les prophètes. Élie va donc à la montagne de l’Horeb, appelé par ailleurs le Sinaï, pour rencontrer Dieu. Dans le passé, lors de la libération du peuple de Dieu de l’esclavage d’Egypte, les ouragans, les tremblements de terre, les éclairs, les colonnes de feu constituaient ce que l’on appelle la Théophanie, une intervention divine qui exprime la majesté et la Gloire de Dieu, venu pour protéger son peuple poursuivi par l’armée du Pharaon. Élie, donc, se retrouve sur cette montagne où passe un ouragan très puissant, mais Dieu n’était pas dans cet ouragan; vient ensuite un tremblement de terre, mais Dieu n’y était pas non plus; passe alors un feu, et Dieu n’y était pas également. Arrive alors une brise légère. Dès qu’Élie l’entendit, il se voila le visage avec son manteau, car on ne doit pas voir Dieu sous peine de mourir (Gn 32,31 ; Ex 20,19). « Le murmure d’une brise légère symbolise la spiritualité de Dieu et l’intimité dans laquelle Dieu s’entretient avec le prophète » (Osty P.698 – note 11). Dieu parle en nous dans la douceur du cœur, comme dans un chuchotement amoureux: la prière est un échange d’amour de cœur à cœur entre Dieu et le pécheur que nous sommes, un murmure au plus profond de notre âme, dans le secret le plus total ou dans le silence de la nuit. Et à la question « Que fais-tu ici, Élie ? », il répond « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu’ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l’épée. A Jésus aussi, il lui arrive de se sentir   abandonné.

Sainte Marguerite-Marie priait devant le Saint Sacrement exposé. Notre Seigneur se présenta à elle, tout éclatant de Gloire : Il lui découvrit son Cœur et se plaignit amèrement des ingratitudes dont il était l’objet de la part des pécheurs. « Jésus se plaint à sainte Marguerite Marie d’être délaissé, abandonné au tabernacle par ses fidèles. Il ne reçoit que « mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs dans ce sacrement d’amour » (Cf. Jean LADAME, La sainte de Paray, Marguerite-Marie, Éd. Résiac, 1979, p. 124). « C’est pourquoi Jésus demanda à la visitandine (à la religieuse de l’Ordre la Visitation Sainte-Marie) de Paray-le­-Monial, sainte Marguerite-Marie, de venir toutes les nuits du jeudi au vendredi, entre 23 heures et minuit, pour se prosterner … devant le Saint Sacrement. Il invite la religieuse à L’accompagner dans cette mortelle tristesse qu’il vécut à Gethsémani » (Ste MARGUERJTE-MARIE, Sa vie par elle-même, Éd. Saint-Paul, Paris-Fribourg, 1979, p.86). À cette époque, une spiritualité stérilisée faisait qu’on n’osait pas déranger le « divin prisonnier du tabernacle». Du coup, les églises étaient devenues des déserts et où le Christ restait si seul, Lui qui attend pourtant, jour et nuit, notre visite. Quel abaissement pour Jésus-Christ – Dieu et Fils de Dieu – de demander à l’être aimé – une de ses propres créatures – des délicatesses et des attentions! Jésus demande donc à Marguerite-Marie de lui tenir compagnie toutes les nuits du jeudi au vendredi afin de pallier au manque de reconnaissance des pécheurs qui bénéficient sans cesse des grâces de Dieu que Jésus leur donne. Même Saint-Paul dans le 2ème texte d’aujourd’hui fait référence à Élie et parle de l’abandon du Seigneur, et pour ses frères, Paul souhaiterait être lui-même anathème (c’est-à-dire excommunié, réprouvé, hors la loi), séparé du Christ qu’il aime tant, si cela pouvait seulement améliorer la relation entre le peuple de Dieu et le Seigneur. En quelque sorte, lui aussi voudrait réparer les fautes de son peuple. Les amis de Dieu, eux, demeurent fidèles à la visite d’amour au Christ-Hostie. « Sainte Marie-Madeleine Pazzi allait trente fois par jour visiter Jésus au Saint Sacre­ment; Saint Louis de Gonzague était attiré par le tabernacle dès qu’il passait devant une chapelle ou une église. Saint Dominique Savio, âgé de treize ans, passait très souvent à la chapelle et venait adorer le Christ dans le tabernacle (Vie du jeune serviteur de Dieu Dominique Savio, par Don J. Bosco, Nice, 1924, chap. 14, p.60). Saint Pascal Baylon profitait de chaque seconde qu’il avait de libre pour se rendre à la chapelle et saluer Jésus au tabernacle. Enfant déjà, il faisait ses visites au Saint Sacrement. Mère Térésa qui avait comme nous à Colimaçons, il y a 6 ans de cela, 4H d’adoration par mois, une heure chaque vendredi, a mis 30H d’adoration par mois, soit 1H par jour, et cela a multiplié le nombre de vocations. Et chez nous, à l’unique heure d’adoration par mois qu’il nous reste, il n’y a pas foule en présence de Jésus au saint Sacrement. Il suffirait qu’un farceur dise tout haut qu’il a vu le visage de Jésus ou de Marie à l’autre bout de l’île pour que les gens y aillent par bus entiers, alors que là, au saint Sacrement, Jésus réellement présent, peu de gens y viennent le voir. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons viennent de Dieu. Peu de gens viennent lui rendre visite à l’adoration. La barque dont nous parle Matthieu représente l’Eglise, et dans cette Église, il y a, comme Pierre, des gens de peu de foi, des gens qui ne respectent pas toujours le Christ…A Catalina Rivas, une mystique catholique bolivienne, à qui la Sainte Vierge lui donne des visions et des explications sur la messe, elle lui dit : « Pourquoi devez-vous tous arriver à la dernière minute (à la messe) : Tu aurais dû arriver plus tôt pour être capable de prier et de demander au Seigneur d’envoyer son Esprit Saint pour qu’Il t’accorde un esprit de paix et te purifie de l’esprit du monde, de tes préoccupations, tes problèmes et tes distractions afin de te permettre de vivre ce moment si sacré. Pourtant, tu arrives presqu’au moment où la célébration est sur le point de commencer et tu participes comme s’il s’agissait d’un événement ordinaire, sans aucune préparation spirituelle. Pourquoi ? C’est ici le plus grand des Miracles. Tu vas vivre le moment où le Dieu Très Haut donne son plus grand cadeau et tu ne sais pas comment l’apprécier ». Ayons une confiance totale en la présence de Jésus au Saint Sacrement. Tant que Pierre fait confiance en Jésus-Christ, il marche comme le Christ sur l’eau. Dans ce passage, on ne voit souvent que le bain forcé de Pierre et on le stigmatise: sa foi n’est pas si grande que cela, lui le chef des Apôtres, le roc sur lequel sera bâti l’Eglise. Jésus lui-même lui dit : « Homme de peu de foi », expression qu’il réserve à Pierre, un de ses meilleurs disciples, comme pour nous dire aussi que notre foi demande également à être renforcée. Mais remarquons aussi que Pierre est le seul à avoir osé demander à rejoindre le Christ sur l’eau et que cela lui a été accordé. La masse d’eau fait peur, surtout la nuit. Mais Pierre n’a pas hésité à y aller avec Jésus. Certainement sa foi demande à être plus grande, comme pour nous tous. Mais il a fait un bout de chemin, au milieu de la nuit, avec le Christ, sur cette mer agitée, nuit et mer étant deux symboles du Mal. Claude Tassin nous dit que la nuit apparaissent les bêtes malfaisantes (Ps 104,20), la peste ténébreuse (Ps 91,6), les hommes qui haïssent la lumière agissent dans l’ombre et dans le dos des autres, les fourbes, les criminels, les assassins font leur apparition, et la mer, dans la Bible, est le lieu des forces du Mal, des éléments rebelles à Dieu. La marche de Jésus sur cette mer agitée montre qu’il maîtrise les forces de la nature et les forces du Mal, qu’il les écrase sous ses pas, qu’il les a sous ses ordres, qu’il les commande tout comme il est capable de commander à Pierre qui lui demande : « …donne-moi l’ordre de venir à toi sur ces eaux », et voilà que Pierre a la force de marcher sur l’eau comme Jésus. C’est ainsi qu’Abraham a obéi sans sourciller au Seigneur qui lui a dit : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir », …Abraham s’en va en quelque sorte vers l’inconnu. Pour partir ainsi, il faut vraiment avoir la foi. Les prêtres ont fait le même choix : ils ont tout quitté pour suivre le Seigneur sans trop savoir où cela les mènera dans leur aventure terrestre tout en ayant une direction: le Royaume de Dieu et l’évangélisation du monde. Pour eux, « Dieu seul suffit ». Certains d’entre eux sont bardés de diplômes qui auraient pu faire d’eux des avocats, des médecins, des dentistes, des économistes, des professeurs, des entrepreneurs…. Et comme nous remercions Marie d’avoir dit « oui », nous pouvons aussi remercier tous ces prêtres d’avoir, eux aussi, dit « Oui » à Dieu. Et quand on connaît l’importance des sacrements et surtout de la messe, mille fois merci aux prêtres d’avoir dit « oui ». Même Marie, Mère de Dieu, se place en retrait du prêtre au moment de la messe, c’est dire l’importance du prêtre à l’Eucharistie. C’est eux, comme Paul et Élie, qui intercèdent pour nous, font les intermédiaires entre Dieu et nous, ce sont eux qui ont le pouvoir de rendre l’hostie vivante de la vie même de Jésus ressuscité, c’est par eux que nous pouvons avoir recours à Jésus qui pardonne nos péchés à la confession. Prions pour les prêtres et particulièrement pour les curés qui amènent la Vie au village, aux paroisses, lieux de vie autour du Christ ressuscité. Si nous avons tous la foi, la foi rassemble et ne divise jamais, autrement il y a un problème de compréhension de la foi et de mauvaise pratique. Paul nous parle d’ « un reste, élu par grâce », ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, ceux qui n’adorent pas les idoles qui, aujourd’hui, prennent toutes sortes de formes : les divers « dieux » (avec un petit « d ») dont on parle ailleurs, mais aussi richesse, biens matériels, fêtes non chrétiennes, les écrans qui nous envahissent avec une culture de mort faite de violences, de drogues, de mauvaises actions, de guerres, de divisions, d’angoisse, de terreurs…alors qu’à ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant les idoles, le Christ leur offre la paix, la joie, le silence, le bien-être, le sens de la famille parce que Jésus est Amour et source de tout amour…tout en sachant que les privilégiés de Dieu sont ceux qui portent la Croix du Seigneur. Si pas d’amour, pas de Jésus et si pas de Jésus, pas d’amour aussi. Et la question se pose : qu’est-ce que j’ai au fin fond de moi-même ? l’amour ? la haine ? la paix ? la violence ? mon intérêt personnel ou celui de tous ? Suis-je au service de Dieu ou de moi-même ? Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – P.97) : « Surveillez attentivement vos mouvements intérieurs, surtout ceux qui concernent les prééminences (= supériorité de rang, de dignité, de droit, de degré). Que le Seigneur nous préserve par sa douloureuse Passion de nous arrêter à toute pensée ou parole comme les suivantes : Je suis plus ancienne en religion, je suis plus âgée, j’ai travaillé davantage, on a plus d’égards pour telle sœur (ou frère) que pour moi. Il faut résister à ces pensées, dès qu’elles se présentent ( et c’est le don du discernement qui nous permettra d’agir en nous-mêmes) ; si vous vous y arrêtez ( à ces mauvaises pensées), si vous venez à en parler, c’est une peste, et la source de grands maux. Travaillons donc à contrarier (à combattre) en tout notre propre volonté. Si nous nous y appliquons…, nous arriverons peu à peu, et sans savoir comment, au sommet de la perfection. Elle ajoute (« Vie » – ch.15) : « Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il n’est pas nécessaire de rechercher péniblement des considérations pour nous exciter à l’humilité et à la confusion de nous-mêmes. Le Seigneur met en nous une humilité bien différente de celle que nous pouvons nous procurer par nos faibles pensées. La nôtre, en effet, n’est rien en comparaison de cette humilité vraie et éclairée que Notre Seigneur enseigne alors et qui produit en nous une confusion capable de nous anéantir…Plus ses faveurs sont élevées, plus cette connaissance est profonde ». A l’inverse, si nous n’avons aucune de ces connaissances profondes, il faudra y travailler pour que Dieu nous les accorde et ce n’est en semant la division que l’on y arrivera car la division est l’œuvre de l’esprit du Mal, mais par la prière, l’adoration, les sacrements, le tout par amour de Dieu et du prochain. Saint Paul nous dit (Ep 4,26) « Quand vous vous mettez en colère, ne péchez pas ». L’Apôtre Paul ne dit pas « ne vous mettez pas en colère, car alors ce serait un péché ». Il dit de veiller à ce que la colère ne nous amène pas à pécher. La colère ne nous autorise pas à dire du mal des autres. Il faut bien veiller à cela. Ep 4,29 : « De votre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos, mais plutôt toute bonne parole capable d’édifier, quand il le faut et de faire du bien à ceux qui l’entendent ». Marie, sainte Mère de Dieu, intercédez pour tous les pécheurs et particulièrement pour tous ceux qui ont abandonné Jésus-Christ, notre Seigneur.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

En ce 19ème dimanche du Temps Ordinaire, l’évangile nous donne de réfléchir sur la qualité de notre foi lorsque nous traversons les tempêtes de nos vies, lorsque les épreuves nous assaillent.

La foi ? L’évangile nous donne plusieurs indications pour mieux comprendre ce qu’est la foi. Tout comme l’amour, la foi n’est pas à l’abri des difficultés de la vie ou du malheur. La foi n’est pas non plus à l’abri du doute. Bien des doutes ont pu ou peuvent encore nous animer : « Où est Dieu ? » « Est-il vraiment présent à mes côtés ? »

La foi n’est pas non plus à l’abri de la lassitude et de l’ennui. Qui d’entre nous n’a pas connu une période de désert spirituel ? Le pape François nous met aussi en garde contre l’acédie : l’ennui, le dégoût de la prière, le découragement. Nous voyons que la foi n’est pas un acquis, nous pouvons tous être confrontés à une crise de la foi.

La foi reste encore un peu taboue dans nos cercles familiaux, amicaux et professionnels tant nos rapports à la foi sont différents : il y a ceux qui croient, ceux qui ne croient pas (les athées), ceux qui croient autrement, ceux qui ne se prononcent pas (les agnostiques ou les sceptiques), ceux qui ont plusieurs croyances…

La foi ne dépend pas forcément de notre milieu social. Ce ne sont pas toujours ceux qui sont nés dans la misère qui refusent de croire. Inversement, bien des personnes qui ont vécu dans de meilleures conditions sociales pour s’épanouir disent parfois ne pas croire ou ne plus croire. Il importe également d’admettre la souffrance et le mal qui impactent notre humanité et qui peuvent faire douter de l’existence de Dieu.

Nous comprenons alors qu’il faut demander en tout premier lieu au Seigneur qu’il soutienne et fortifie notre foi. La foi reste un don de Dieu, ne l’oublions pas. Ne prétendons pas trop vite que notre foi est infaillible ou plus grande que celle d’un autre. Celle des premiers disciples a été mise à rude d’épreuve. Celle de Pierre, malgré qu’elle soit plus intrépide et audacieuse, a été confrontée au doute : « Homme de peu de foi,
pourquoi as-tu douté ? »
[1]

En ce dimanche, nous sommes invités à nous demander sincèrement : en qui mettons-nous vraiment notre foi au cœur de nos épreuves ? L’évangile présente Jésus comme le Fils de Dieu, celui qui a le pouvoir de maîtriser les flots de la mer. Dans la Bible, la mer est souvent associée aux forces du mal, à la destruction ou encore à la mort.

En marchant sur la mer, Jésus montre qu’il est le maître de la création, qu’il est plus puissant que les éléments déchaînés de la nature. Jésus marche sur le mal, il est plus fort que les forces du mal. L’évangile nous invite vraiment à le croire ! C’est Jésus qui est au cœur de notre foi chrétienne.

Il me semble que quatre pistes nous sont données pour revitaliser notre foi :

  • Nous libérer de nos peurs. Jésus peut nous en libérer : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Nous sommes mis face au défi de la confiance, nous remettre réellement entre les mains du Christ. C’est lui qui est au gouvernail de nos vies, c’est lui qui mène la barque de notre Église, malgré les agitations…

  • Nous libérer de nos vieux « fantômes » du passé. Faire le deuil de ce qui n’est plus et qui ne sera plus. Ne pas vivre dans la nostalgie du passé. Cela est primordial pour vivre davantage dans le présent que Dieu nous donne.

  • Notre foi vacille… Nous devons sans cesse l’appuyer sur la foi de l’Église qui nous précède. Il importe dans l’épreuve de nous rapprocher des personnes dont la foi est plus « solide », ces frères et sœurs de la communauté qui témoignent d’une foi qui a su traverser les tempêtes, une foi « reconnue ».

La foi de Pierre, bien qu’imparfaite, est plus volontaire : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Dans l’aventure de la foi, nous avons besoin de meneurs comme Pierre pour rendre notre foi plus vive. Pierre nous enseigne ce que nous devons faire lorsque nous sentons que nous lâchons prise, que nous sommes perdus ou au fond du trou : implorer le Christ de nous venir en aide, « Seigneur, sauve-moi ! » C’est la première démarche à faire, cela ne dépend que de nous.

  • Je le disais, notre monde est confronté au mal, sa part de souffrance est importante. Il faut être capable de mettre la foi à l’œuvre. Nous devons être des signes pour les autres que le Christ apporte vraiment le Salut. Rendre notre foi « visible » pour ceux qui peinent…

Ensemble, invoquons le Seigneur :

Seigneur Jésus, viens nous prendre par la main, viens nous sauver. Viens au secours de notre foi, viens au secours de nos peurs. Augmente en nous la foi, viens nous libérer de nos craintes, de nos inquiétudes. Seigneur Jésus, nous avons confiance en toi ! Amen.

[1] Dans la deuxième lecture, la foi de Paul est confrontée à la tristesse face à l’échec de l’accueil de la Bonne Nouvelle du Salut par les Juifs. Voir Rm 9, 1-5.




19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du Père Louis DATTIN

Marche sur les eaux

 Mt 14, 22-33

 

Tous les dimanches de cette période liturgique sont centrés autour du même thème : LA FOI, base de départ de toute vie chrétienne.

Comme nous l’a raconté l’Évangile de dimanche dernier, Jésus vient de multiplier les pains. La foule est enthousiaste : elle veut même le faire roi. Pensez donc, un Messie, un homme politique qui résoudrait les problèmes économiques ! Déjà, à cette époque, on n’avait jamais vu ça :  » Le pain quotidien assuré tous les jours ! Il n’y a qu’à le suivre et la subsistance est assurée ». Si bien que Jésus est obligé de renvoyer cette foule.

Mais, d’autres aussi, sont enthousiastes : ce sont les apôtres. Ils ont présidé à la distribution des pains et des poissons, on leur disait « merci ». Ils étaient les ministres du miracle : ils se voyaient déjà au budget, aux affaires économiques et sociales. Aussi l’Évangile nous dit que Jésus fut obligé de faire monter ses disciples dans une barque pendant qu’il renverrait lui-même la foule.

* La 1ère leçon que nous pouvons tirer de ce passage, c’est qu’une foi qui naît dans l’enthousiasme, dans la ferveur de la sensibilité, dans la joie du merveilleux n’est pas encore une foi solide : c’est une foi qui n’a pas été mise à l’épreuve, qui n’a pas encore été fortifiée par la difficulté, « il n’est pas difficile de croire à la lumière tant que l’on est en plein jour ». Il n’y a aucun mérite à cela. C’est une évidence, ce n’est pas encore une foi.

Mais lorsque la nuit tombe, que nous nous trouvons dans l’obscurité, que nous sommes au milieu du tunnel, alors, là, oui, la foi, la vraie, celle qui continue de croire malgré le manque d’évidence, contre l’évidence, commence à se fortifier dans notre cœur.

Etes-vous sûrs, mes frères, de la solidité de votre foi ?… Si jamais vous n’avez jamais connu de difficultés majeures, s’il n’y a jamais eu d’échecs dans votre vie, de vents contraires, d’épreuves pénibles, vous ne pouvez pas répondre, ce serait téméraire.

Si, par contre, il y a eu dans votre existence, des passés difficiles, des coups durs, des moments de désarroi, des périodes de doute et d’angoisse et que vous avez tenu le coup, calmement, fermement, faisant quand même confiance au Seigneur, alors certes, vous pouvez dire qu’avec l’aide de Dieu, cette foi est ancrée en vous. « C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière ».

C’est dans l’épreuve que notre foi s’affermit.

Et voilà donc nos apôtres dans la nuit, avec une mer mauvaise et des vents déchainés. Tous marins qu’ils sont, ils ne sont pas fiers. La barque est en plein milieu de ce lac, parfois redoutable. Les vagues étaient très grosses et c’est toute la nuit qu’ils essuient la tempête. Ils sont fatigués.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer et c’est la panique sur la barque. « C’est un revenant ! »

L’Évangile nous dit que la peur leur fit pousser des cris.

Cette tempête, mes frères, ces vents contraires, cette fatigue du milieu de la nuit, vous l’avez reconnue : ce sont nos épreuves à nous.

Qui, parmi nous, n’a pas ses problèmes, ses difficultés, ses doutes, des situations pénibles et qui semblent interminables ?

Qui, parmi nous, au milieu de ses épreuves, en pleine détresse, n’a pas, lui aussi, intérieurement ou non, poussé des cris dans la prière ou dans la révolte.

« Trop, c’est trop Seigneur, délivre-nous du mal… ne nous laisse pas succomber ».

Et comme, parfois, Dieu nous paraît loin, étranger, absent, dans ces moments de détresse ! Ce qui fait dire à bien des gens :

« Si Dieu existait, il ne permettrait pas cela ». « C’est un fantôme », disent les apôtres. Ils ne voient pas Jésus. Ils ne savent pas que c’est lui qui est là. Ils ne le reconnaissent pas !

 

* C’est d’abord la leçon que nous avons à tirer de cet Evangile : trop souvent, au sein de nos difficultés, dans les moments difficiles, nous nous croyons tout seul et nous essayons de nous en tirer tout seul. Or, Jésus est là, à côté de nous, veillant sur nous, allant à notre rencontre. Et loin de nous en remettre à lui, de lui faire confiance, nous paniquons. Nous ne reconnaissons pas le Seigneur dans l’épreuve, nous manquons de foi. Nous ne sommes pas du tout persuadés qu’il est là, prêt à nous prêter main forte. C’est peut-être le moment où nous nous croyons le plus seul, le plus réduit à nos propres forces, que le Seigneur est le plus proche et le plus disponible pour nous remettre en confiance.

D’ailleurs, c’est exactement ce qu’il fait et ce qu’il leur dit : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » La foi, c’est avant tout cela : faire confiance, ne pas avoir peur dans l’épreuve car nous savons que le Christ est là : « C’est moi, n’ayez pas peur. »

Pour celui qui a la foi, Dieu n’est pas un fantôme. C’est « le compagnon » d’épreuves, celui vers qui l’on tourne son regard dès que le vent se fait mauvais, dès que l’épreuve commence. Un enfant dans la difficulté, vous le savez bien, vous parents, instinctivement, criera : « maman – papa » parce qu’il sait qu’ils l’aiment et qu’ils peuvent lui porter secours, au prix même de leurs propres vies. Dieu, Père, le Christ, notre frère, eux qui sont amour total, n’agissent pas autrement que, nous, parents, qui pourtant, nous le savons bien, ne sommes pas parfaits.

Alors Pierre veut tester, non pas sa foi mais la puissance du Seigneur :

« Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir à toi, sur l’eau ».

Jésus lui dit : « Viens ».

On peut, au passage, saluer le courage de Pierre.

Avez-vous déjà vu un marin enjamber le plat bord de sa barque, et cela par gros temps, pour vérifier ses hallucinations, simplement pour en avoir le cœur net ? Pierre descend donc et marche sur les eaux pour aller vers Jésus : vers Jésus. Tant qu’il regarde le Seigneur pour aller vers lui, tout va bien : il marche… Tant qu’il ne pense qu’à Jésus, qui est en face de lui et qu’il est en train de rejoindre, il avance, sans problème. Mais soudain, il prend conscience de sa situation périlleuse et au lieu de penser à Jésus et de regarder vers lui, il regarde autour de lui : l’eau, le vent, les vagues.

Alors, il prend peur et commence à enfoncer.

  * Voici une autre leçon pour notre vie de foi : nous avons vraiment la foi aussi longtemps que la présence du Christ dans notre vie nous parait plus importante que les épreuves qui nous assaillent. La foi est avant tout une priorité donnée au Seigneur dans notre vie difficile, mais si nous commençons à accorder plus d’importance à des affaires matérielles, intellectuelles, sentimentales ou physiques qu’au Seigneur lui-même, alors nous commençons à couler, à nous enfoncer.

« Dieu, premier servi », pouvait-on lire sur l’étendard de Jeanne d’Arc. C’est sans doute, parce qu’elle avait les yeux fixés sur le Seigneur, et non sur les Anglais ou sur les armes qui étaient braqués contre elle, que Jeanne fut si vaillante au combat et qu’elle forçait l’admiration de ses compagnons d’armes.

La force et le courage de notre foi ne peuvent s’expliquer que par notre regard intérieur fixé sur le Seigneur. C’est dans la prière, dans la contemplation, dans la méditation de sa parole que nous puiserons notre vie de foi, pas ailleurs !

Si au lieu de nous tourner vers lui, nous commençons à penser à nous, à nos petites sécurités, à recourir à nos propres forces, alors, nous faisons comme St-Pierre, nous coulons, nous commençons à enfoncer dans le marasme de nos difficultés, de nos doutes, de nos problèmes.

« Je peux tout, en celui qui me fortifie », disait St-Paul… oui, je peux tout, car c’est vers Dieu que je regarde et que « rien n’est impossible à Dieu ». Quand j’en serai vraiment persuadé alors j’aurai vraiment la foi : tout miser sur Dieu sans essayer de me reprendre.

Mais St-Pierre a la bonne réaction. Commençant à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! »

De nouveau, il regarde vers Jésus. Nous aussi, quand rien ne va plus, que nous commençons à enfoncer, que la situation devient intenable, crions comme St-Pierre : « Seigneur, sauve-moi ! » Prière du cœur, prière de confiance dans la détresse, prière du Christ lui-même à l’heure de la Croix :

« Père, je remets mon âme entre tes mains ». « Moi, je ne peux rien, toi, tu peux tout ; je m’en remets totalement à toi ».

Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

A chaque fois que nous faisons confiance, que nous nous en remettons à Dieu, chaque fois, il nous tend la main ; chaque fois il nous saisit ; chaque fois, il nous tire de nos mauvais pas.

Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Déjà, dans la première lecture, nous avons pu constater avec le prophète Elie : que Dieu n’était pas dans l’ouragan, dans le tremblement de terre, ni dans le feu mais dans le murmure d’une brise légère. Dieu se trouve dans le calme, le silence, la sérénité de la foi.

Alors, avec ceux qui étaient dans la barque, nous nous prosternons, nous aussi, et nous disons avec les apôtres : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ! » AMEN