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L’Immaculée Conception de la Vierge Marie (Lc 1, 26-38) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

 

Lecture : Luc 1, 26-38

Nous célébrons aujourd’hui l’Immaculée Conception de la bienheureuse Vierge Marie.

Il s’agit d’un dogme, une vérité de foi proclamée par le pape Pie IX, le 08 décembre 1854. Dans la Bulle Ineffabilis Deus, le pape déclarait : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »

Une vérité de foi à laquelle nous devons tous adhérer ! Marie a été conçue sans péché à cause de Jésus. Dieu le grand Saint ne pouvait pas s’incarner dans un sein indigne de lui, impur ou marqué par le péché.

Marie est de ce fait la toute pure. L’ange la salue ainsi : « Je te salue, Comblée-de-grâce ». Dans la traduction liturgique, « Comblée-de-grâce » est avec un C majuscule, cela équivaut à un nom : Marie est la Comblée de grâce.

Quatre ans après la promulgation du dogme, ont lieu les apparitions à Lourdes. Le 25 mars 1858, dans la grotte humide et sombre de Massabielle, Marie converse familièrement avec Bernadette qui l’interroge ; elle va lui dire son nom en patois : « « Que soy era Immaculada Counceptiou » = « Je suis l’Immaculée Conception ». » Cette apparition confirmera ce dogme.

Marie a été conçue sans péché. De ce fait, elle est un modèle de vertus pour nous. Que cette solennité nous aide à vivre de ses vertus que l’évangile nous suggère :

  • Modèle de foi, celle qui a cru. Marie n’a pas douté… Elle va questionner l’ange : « Comment cela va-t-il se faire ? » mais sans douter… Marie a su ouvrir à l’inconnu de Dieu, à se disposer à cet inconnu : « Que tout m’advienne selon ta parole. »

  • Modèle d’obéissance, Marie est la nouvelle Ève, l’antithèse de l’Ève de la Genèse qui a désobéi[1]. Marie a su se remettre complètement à Dieu. Nous avons besoin de réapprendre l’obéissance à Dieu dans un monde où on tend à se fier qu’à soi-même, comme si nous étions nos propres maîtres.

  • Modèle du service : « Voici la servante du Seigneur ». Marie est l’humble servante, l’exemple de l’humilité. Le vrai service ne se vit que dans l’humilité…

Puissions-nous vivre ces vertus de Marie dans ce monde en perte de repères et que Marie, la Mère très pure nous vienne en aide : « Nous te saluons Mère très pure, tu as porté en ton sein le Sauveur du monde, guide-nous vers ton Fils, prie pour nous qui sommes tes enfants. Amen. »

 

[1] Voir première lecture : Genèse 3, 9-15.20




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) par D. Alexandre ROGALA

L’une des dimensions de la mission du chrétien est de préparer l’ultime venue du Christ dans la gloire à la fin des temps, en annonçant à ceux qui ne le savent pas encore qu’un jour, Dieu s’est fait homme, qu’il est mort, qu’il est ressuscité, qu’il est vivant à jamais, et qu’il nous a promis cette même vie qui n’aura pas de fin.

Pendant le temps liturgique de l’Avent, l’Église nous invite à contempler et à méditer sur le mystère de l’Incarnation, sur le mystère d’un Dieu qui a voulu partager notre condition humaine. En nous préparant à faire mémoire de la naissance de Jésus, en nous préparant à l’accueillir spirituellement comme un petit enfant, nous nous entrainons en même temps, pour ainsi dire, à accueillir le Fils de Dieu, non plus comme un enfant inoffensif, mais à l’accueillir lors sa venue glorieuse avec tous ses anges à la fin des temps.

C’est sans doute la raison pour laquelle la deuxième lecture qui est tirée de la Deuxième Lettre de Pierre, nous parle de la fin des temps. La semaine dernière, Jésus nous a mis en garde: « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 35). Même si nous  ignorons quand viendra la fin du temps, nous savons qu’elle arrivera tôt ou tard:

« le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce quon a fait ici-bas, ne pourra y échapper » (2 P 3, 10)

Pour Pierre, l’attente de la Parousie est un temps que Dieu nous donne pour que nous nous convertissions, et c’est pourquoi il nous exhorte à la sainteté et à la piété:

« (Le Seigneur) prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion (…) vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété » (2 P 3, 9; 11)

Les textes qui parlent de la fin des temps sont impressionnants et peuvent nous faire peur. Cependant, le chrétien ne doit pas avoir peur de la fin du monde. Pour nous croyants, la fin des temps est une bonne nouvelle dans la mesure où  « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, cest un ciel nouveau et une terre nouvelle où sidera la justice » (2 P 3, 13).

Et il nous suffit d’allumer la télévision, de regarder les actualités, ou d’ouvrir un journal, pour comprendre que nous avons bien besoin de cette « terre nouvelle où résidera la justice ».

Quand nous voyons le déchainement des puissances du mal dans le monde, avec les guerres, les agressions, les meurtres, les viols… Bref, les crimes et injustices de toutes sortes, dont nous sommes peut-être nous-mêmes victimes, nous avons de quoi être tristes et nous décourager… Les premiers mots de la première lecture, nous invitent à relever la tête et à faire confiance au Seigneur:

« Consolez, consolez mon peuple,– dit votre Dieu –parlez au cœur de Jérusalem » (Is 40, 1).

Il s’agit du début de la partie du Livre du Prophète Isaïe écrite vers la fin de l’Exil à Babylone. Isaïe annonce aux exilés qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer en Terre Promise. Ce retour en Terre Promise sera possible grâce à un édit de Cyrus le roi de Perse. La fin de l’Exil est interprétée par le prophète, comme un « nouvel exode », c’est pourquoi dans son oracle Isaïe mentionne le « désert » dans lequel les hébreux ont marché pendant 40 ans avant d’entrer en Terre Promise: « Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu » (Is 40, 3). De la même manière qu’il les a accompagné lorsqu’il les a libéré de la servitude en Egypte, Dieu accompagnera ses fidèles quittant Babylone tout au long de leur marche pour rentrer en Terre Promise.

L’annonce de la libération de la captivité babylonienne a été une « bonne nouvelle » pour les  israélites exilés.

La première lecture n’est pas la seule où il est question d’une « bonne nouvelle » puisque le début de l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre commence par ces mots: « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). Un évangile est une « bonne nouvelle ». L’annonce de la venue du Messie proclamée par Jean le Baptiste devait être une « bonne nouvelle » pour ses contemporains juifs souffrant sous le joug de l’occupation romaine. Ils attendaient une libération…

La citation (partielle) du passage du Livre d’Isaïe que nous avons lu tout à l’heure peut orienter le lecteur vers une conception plutôt guerrière du Messie, c’est à dire un Messie semblable à Cyrus le roi de Perse qui, comme nous venons de le rappeler, avait libéré les israélites de la captivité à Babylone quelques siècles auparavant.

Les contemporains de Jésus connaissaient la Sainte Écriture bien mieux que nous, et quand ils entendaient la citation « Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », certains étaient capables de réciter la suite du texte. Et que dit Isaïe dans la suite du texte ?  Isaïe parle de Cyrus en ces termes:

« Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, quil a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée (…) Cest moi qui ai fait surgir Cyrus selon la justice et japlanis tous ses chemins. Cest lui qui construira ma ville et laissera partir mes déportés sans paiement ni rançon », – dit le Seigneur de lunivers » (Is 45, 1; 13).

En citant Isaïe, l’évangéliste Marc peut laisser croire que Jésus sera un « nouveau Cyrus ».  Il est possible que Jean Baptiste lui-même, ait dans un premier temps, pensé que Jésus serait celui qui libérerait Jérusalem de l’occupant romain.

N’étant pas un guerrier, Jésus a sans aucun doute déçu beaucoup de ses contemporains. Mais nous qui sommes ses disciples, nous savons qu’il nous a libéré d’une captivité à laquelle il était impossible à l’être humain de se libérer par lui-même: celle de l’esclavage du péché.

Donnons la parole à Jean Baptiste: « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de mabaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de leau ; lui vous baptisera dans lEsprit Saint. » (Mc 1, 7-8)

La différence entre les deux baptêmes est qualitative. Alors que celui de Jean purifie provisoirement, le baptême de Jésus lui, a un caractère définitif, grâce à la présence de l’Esprit Saint.

Certes, il nous arrive encore de commettre des péchés. Mais la différence, c’est que nous ne sommes plus asservis au mal et au péché. Nous ne sommes plus obligés pour ainsi dire, de faire le mal, ou pour emprunter une expression à saint Paul, nous ne sommes plus soumis « à la loi du péché » (cf. Rm 8, 2). Par le don de l’Esprit Saint, Dieu nous offre une possibilité nouvelle: celle de devenir des Saints, comme Jésus.

Remercions donc le Seigneur, et demandons-lui la grâce de désirer cette sainteté. Ainsi, nous laissant transformer par l’Esprit, nous serons prêts « le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 30), que ce soit comme un petit-enfant dans quelques jours à Noël, ou dans sa gloire, à la fin des temps. Amen !




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par Francis COUSIN

« Préparez … »

Préparez … C’est un mot qui revient souvent dans notre vie …

On prépare le repas, la table, la lessive, … on prépare la terre pour faire des semis dans son jardin, … on prépare ses valises avant un voyage …

Des fois même, on se prépare … pour passer un examen, pour aller en pique-nique, … pour aller à la messe : les beaux vêtements, la monnaie pour la quête, lire l’évangile du jour …

On n’arrête pas de préparer ou de se préparer …

Parce que, généralement, on ne vit jamais dans l’instant présent … mais dans la préparation de ce qui va venir ensuite, et c’est tant mieux …  (voir la parabole des vierges folles et des vierges sages …)

Deux fois, dans les textes de ce dimanche, on utilise ce verbe … mais pas préparez tout seul, mais « Préparez le chemin du Seigneur », d’abord dans le texte d’Isaïe (première lecture), puis une reprise de ce texte appliquée à Jean, dit le Baptiste, dans l’évangile …

La suite peut surprendre : tracez droit une route dans le désert, aplanissez les collines, comblez les ravins …

            Il ne s’ agit pas de devenir des ingénieurs des travaux publics … mais de rendre droit le sentier qui nous mène vers Dieu … Un sentier qui est dans notre cœur, là, maintenant …

Parce que dans ces textes, c’est l’annonce lointaine (Isaïe) ou toute proche (Jean-Baptiste) de la venue du Messie dont on parle, Jésus, qui va commencer sa vie publique.

Et déjà du temps de Jean-Baptiste, il s’agissait de préparer son cœur : « Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. ».

Moi, ce qui m’a toujours surpris, c’est de voir la réputation de Jean-Baptiste : « Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. ». Et même d’ailleurs : d’après saint Jean, même des gens de Galilée allaient vers lui : André, Philippe, Simon, Nathanaël, même Jésus (cf Jn 1,40-45) … et il était même connu du roi Hérode : « Hérode avait peur de Jean : il savait que c’était un homme juste et saint, et il le protégeait ; quand il l’avait entendu, il était très embarrassé ; cependant il l’écoutait avec plaisir. » (Mc 6,20).

À une époque où les gens se déplaçaient à pieds, sans moyens de communication moderne (Téléphone, radio, journaux …) comment les gens ont-ils connu son message … et sont allés vers lui ?

Mais pour nous qui vivons au XXI° siècle … comment préparer son cœur à la venue de Jésus ?

Car c’est bien de cela qu’il s’agit … Préparer notre cœur au retour de Jésus, à la fin des temps, … pour le jugement dernier …

D’abord, avec les mêmes moyens que Jean-Baptiste : conversion, et pardon … parce que nous avons toujours besoin de nous convertir : mettre nos pas dans ceux de Jésus … et de pardonner aux autres … et de demander pardon de nos fautes …

Ce n’est pas facile, tout le monde le sait : et ce n’est possible que si on entre dans l’amour de Dieu, lui qui est tout amour …

C’est d’ailleurs ce que nous dit saint Pierre dans la deuxième lecture : « [le Seigneur] prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion. »

Et il ajoute : « vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez …  l’avènement du jour de Dieu (…) en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix. »

Ayons en nous l’espérance d’être prêt pour ce rendez-vous … dont nous ne connaissons pas la date.

Et n’ayons pas peur : Dieu est toujours avec nous pour nous aider, nous soutenir …

« Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20)

N’ayons pas peur de lui ouvrir la porte …

C’est un ami ! …

Seigneur Jésus,

Toi qui nous aimes et nous connais,

tu sais très bien que notre préparation

 à ta rencontre n’est souvent pas très bonne …

Aide-nous à faire en sorte

que nous vivions

dans la sainteté et la pitié.

 

Francis Cousin

 

 

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2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8)- Homélie du Père Louis DATTIN

Préparer la route du Seigneur

Mc 1, 1-8

 

            C’est le désert, frères et sœurs, qui est évoqué aujourd’hui dans la liturgie de la parole de Dieu, Isaïe, qui s’adressant aux exilés, leur annonce :

« Vous allez traverser 1 000km de désert : la distance qui vous sépare de Jérusalem, votre ville sainte, votre ville mère. C’est par le désert que passera le chemin du retour au Seigneur. « Tracez la piste, préparez le chemin, tracez droit une route pour Dieu ». Alors la gloire du Seigneur se manifestera. Votre retour au pays, cette grande joie passe par le désert, période de purification ».

« Quittez, nous dit à son tour St-Pierre, vos horizons habituels, vos cadres de vie, de routine et d’habitudes. Mettez-vous en route et vous verrez des cieux nouveaux et une terre nouvelle ».

Et dans l’Evangile, à son tour, au tout début de l’annonce de la Bonne Nouvelle de St-Marc : cette Bonne Nouvelle est-elle apprise ? Par qui ? Une voix crie dans le désert, celle de Jean-Baptiste qui proclame l’annonce du Messie : « Il va venir après moi celui qui est plus puissant que moi ». « Moi, je vous baptise dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint » et tout le peuple, tout Jérusalem allait au désert, avouait son péché et se faisait baptiser pour faire voir qu’il voulait changer de vie.

« Crier dans le désert », c’est une expression qui veut dire « Tu perds ton temps. Personne ne t’écoute, tu t’égosilles en pure perte. Ta parole ne rencontrera aucun écho, tu te démènes en vain ».

Alors cette Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, qui doit nous refaire, à chacun, un cœur neuf, est-ce dans le désert que je dois la crier ? Ne serait-ce pas plutôt là où les foules se concentrent ? Au stade de l’Est, sur le Barachois ?

 Regardez notre crèche : il n’y a actuellement rien pour les yeux, aucun décor, pas un personnage, pas une couleur, rien à quoi raccrocher son regard et pourtant l’Eglise nous dit aujourd’hui : « Et si nous partions au désert ? En laissant derrière nous les bruits et les soucis, le silence et le calme commenceraient à nous donner la paix. Notre solitude et notre dénuement effaceraient les préoccupations qui nous harcèlent. Nous en aurions l’esprit et le cœur débarbouillé, le ciel du désert déploierait en nous sa vaste toile ? Si nous partions au désert ? »

Le désert, c’est d’abord le silence extérieur et les voix intérieures : celles de Dieu, celles de notre conscience vont prendre toute leur ampleur. Enfin je pourrai écouter ce que je devrais me dire à moi-même, ce que ma conscience me dicte, ce que le Seigneur lui-même désire me confier : lui qui veut me parler depuis si longtemps, mais auquel je ne donne que si peu la parole parce que d’autres bruits et d’autres paroles couvrent la sienne.

Enfin mes voix intérieures, celles qui devraient me guider et m’orienter vont se rendre audibles parce que d’autres bruits se sont tus.

En outre, au désert, il n’y a rien : c’est le vide, le vide de tout l’accessoire, de tous les objets, l’absence de toute consommation.

C’est le contraire de ces centres de soldes où il y a tout, toutes ces babioles à bon marché qui vont encombrer votre panier et dont, en fin de compte, on n’a pas besoin et puisque dans un désert, il n’y a rien.

On est tout de suite ramené à l’essentiel, à toutes ces grandes questions de fond que nous évitons de nous poser parce qu’elles engageraient trop notre vie :

« Pourquoi suis-je sur la terre ? Quelle est ma destinée ? Que dois-je faire de ma vie ? Quel est son but ? Et pourquoi l’amour ?
Et pourquoi la mort ? Et pourquoi la souffrance ? Quelle est ma place dans l’univers ? Quelle est mon espérance, quelle est ma foi ? »

 Au désert, on se débarrasse des faux problèmes pour se poser les vraies questions. Rien pour nous distraire, rien pour nous évader, il n’y a même pas ce que le philosophe Pascal appelait le « divertissement  » : toute cette quincaillerie matérielle, psychologique, affective et même spirituelle qui nous sort, hors de nous-mêmes.

Au désert, on se retrouve : tel que l’on est, et ça fait peur de se regarder en face. Mais, au désert aussi, il y a quelqu’un d’autre… quelqu’un qui nous y attend, quelqu’un qui nous aime et qui veut nous retrouver et qui veut que nous nous retrouvions nous-mêmes. Ce quelqu’un-là a dit par un prophète de la Bible :

« Je te conduirai au désert et là, je te parlerai au cœur ».

 Là, dans le silence plein de Dieu ; là, dans le vide, plein de Dieu ; c’est là qu’on reçoit les grandes invitations majeures : celles qui changent la vie.

Le désert parle à l’homme : une grande parole muette, celle de celui qui ne se confond avec rien, avec personne. Dans nos vies bousculées et bruyantes, nous manquons de désert ! Alors qu’allons-nous faire ? Je ne vous demande pas d’aller dans la plaine des Sables, ni même à Mafate… le désert, c’est d’abord en vous, dans votre vie à vous qu’il faut le créer.

On a vu qu’il était silence : avez-vous la possibilité dans votre journée, dans ces jours de l’Avent, de créer autour de vous, mais en vous, surtout, des zones de silence, des zones de vide, des espaces intérieurs de désencombrement où vous pourriez vous retrouver vous-mêmes, pas seulement en face de vous-mêmes, ce qui est parfois nécessaire, mais aussi en face de Dieu.

Le désert est peut-être derrière la maison, le long de la rue quand la nuit tombe, peut-être dans l’église où je rentre cinq minutes. Un père de famille, rentrant fatigué du travail me disait que revenant le soir à la maison où il y avait sa femme et ses enfants : c’est-à-dire d’autres problèmes, il éteignait le moteur et les phares de sa voiture, et là, dans le garage, dans le noir, prenait dix minutes de désert avant de sortir de son véhicule pour retrouver les siens.

Un autre me disait, ô paradoxe, que c’était dans le métro, au milieu de ce bruit mécanique et de cette foule anonyme, dans le défilement des stations qu’il trouvait le moyen de prier et de se refaire…

Le désert est peut-être dans un regard croisé tout à l’heure. L’essentiel est que chacun désire trouver le sien : s’il ne le désire pas, il ne le trouvera jamais. Un homme à qui je proposais trois jours de retraite, me répondit tout de suite :

« Non, mon père, parce que je sais que si je dis « oui », je serai obligé de me poser des questions et Dieu aussi m’en posera et je serai obligé de changer de vie : ce que je n’ai nulle envie de faire !»

Ce temps de l’Avent peut devenir pour nous un temps de désert où Jean-Baptiste nous criera à nous aussi, mais pas dans le vide :

« Préparez, oui, préparez le chemin du Seigneur. Changez votre cœur. Que le Seigneur puisse accéder jusqu’à vous, parce que, dans le sable et les cailloux, vous avez rendu droite une route pour Dieu ».

Il nous faut chercher le désert jusqu’à ce que le désert ait mûri en nous les vrais malheurs.

Faisons silence, faisons le vide, désencombrons-nous de tout ce qui n’est pas l’essentiel, alors nous pourrons entendre dans la nuit de Noël, la brise imperceptible de la respiration du Dieu
nouveau-né. AMEN




2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) – par le Diacre Jacques FOURNIER

« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé…   (Mc 1, 1-8)

  Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

           

                      St Marc résume ici la mission de Jean Baptiste en lui appliquant le tout début du « Livre de la Consolation » (Is 40-55). Ces lignes s’adressaient alors à Israël découragé par les conséquences de ses fautes. Ils n’avaient pas écouté le prophète Jérémie qui, au nom de Dieu, les avait invités à ne pas résister au roi de Babylone, Nabuchodonosor. Et maintenant, le Temple de Jérusalem, et avec lui toute la ville, étaient détruits… Et ils se retrouvaient déportés… « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes » (Ps 136)…

            Mais Dieu vient les rejoindre par son prophète : « Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur, parlez au cœur de Jérusalem », une expression qui, dans la Bible, renvoie au langage de l’amour, du fiancé à sa fiancée (Gn 34,3), de l’Epoux à son épouse (Os 2,16). Et que faut-il lui dire à cette épouse infidèle ? « Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur deux fois le prix de toutes ses fautes ». Or, à l’époque, pour obtenir le pardon de ses péchés, il fallait offrir un sacrifice et donc payer le prix de l’animal à offrir. Ici, Dieu Lui-même se présente à Israël en lui disant qu’il a déjà payé « deux fois le prix » de tout ce qui était nécessaire aux sacrifices ! Sa Miséricorde est donc surabondante ! Et il parle ainsi aux pécheurs pour les consoler de toutes les souffrances, de toutes les détresses engendrées par suite de leurs fautes !

            Et juste après ces paroles, nous trouvons celles appliquées ici à Jean-Baptiste : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers ». Mais qui vient après Jean-Baptiste ? Jésus « Seigneur », le Fils Unique, « vrai Dieu né du vrai Dieu », et aussi « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), vrai homme… Syméon « attendait la consolation d’Israël » ? Il recevra de Marie l’enfant Jésus dans ses bras, et il dira : « Maintenant, mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël » (Lc 2,25-32).

            Et toute la mission de Jésus consistera à consoler tous ceux et celles qui sont dans la souffrance, même si celle-ci est la conséquence de leurs fautes. Aux pécheurs, il proposera alors « deux fois le prix de toutes leurs fautes », c’est-à-dire une Miséricorde surabondante (Rm 5,20) grâce à laquelle, jour après jour, inlassablement, de repentir en repentir, ils pourront retrouver gratuitement, par Amour, tout ce qu’ils avaient perdu par suite de leur péché : une Plénitude de Vie et de Joie offerte avec le Don de l’Esprit Saint ! DJF




1° Dimanche de l’Avent (Mc 13, 31-37) – par Francis COUSIN

« Prenez garde, restez éveillés :

car vous ne savez pas quand ce sera le moment. »

Nous entrons dans une nouvelle année liturgique, l’année B, avec l’accompagnement principal de l’évangéliste Marc.

C’est le temps de l’Avent, celui de l’avènement du Fils de Dieu.

Un temps de préparation à Noël, un temps où on cherche quel cadeau offrir à chacun, où on élabore le menu du jour, les invités … un temps attendu par tous les enfants, un temps faste pour les commerçants, qui le devance maintenant avec le ’’Black Friday’’ …

He bien, NON, pas du tout …

Et les textes liturgiques de ce dimanche nous le disent tous.

Il ne s’agit pas de se préparer à Noël, fête importante, qui doit être célébrée avec faste … la première venue de Jésus, Fils de Dieu, sur cette terre …

Mais comment se préparer à quelle chose de déjà passée …

Il s’agit donc de se préparer à la seconde venue de Jésus, pour juger tous les humains … à la fin des temps … (mais l’un n’empêche pas l’autre …)

C’est pourquoi, dans l’évangile, Jésus nous dit : « restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment. ». Et deux fois encore, dans ce court texte, il va redire « Veillez ! ».

Veillez, cela ne veut pas dire ’’attendre’’, sans rien faire …

D’ailleurs, le voyageur de l’évangile le dit bien : « il fixe à chacun son travail. ».

Veillez, c’est espérer, quelque chose, mais ici, c’est surtout quelqu’un : Jésus-Christ ! … et pour nous, la possibilité d’entrer dans le Paradis.

Au premiers temps de la chrétienté, on pensait que la fin du monde serait proche, comme le dit saint Paul aux Corinthiens : « Aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ» (2° lecture).

Mais Jésus n’est pas encore revenu … alors, on a oublié qu’il reviendrait … et maintenant, comme cela fait deux mille ans qu’on l’attend … peu de gens croient encore à son retour … ni à la résurrection … ni au jugement dernier …

Comme au temps d’Isaïe : « Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Car tu nous as caché ton visage, tu nous as livrés au pouvoir de nos fautes. » (1° lecture).

Mais le temps de Dieu n’est pas celui des hommes, et si « milles ans sont comme un jour » (2 P 3,8), il n’y a même pas deux jours que Jésus est mort… cela fait vraiment peu aux yeux de Dieu.

Veillez ! car « telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. » (Mt 24,39-42).

Oh, bien sûr, il ne faut pas faire du catastrophisme !

Il n’y a pas de peur à avoir !

Si le Seigneur est présent dans notre vie, si sa Parole est celle qui nous fait vivre, même si ce n’est pas tous les jours le ’’top’’, on peut attendre ce jour-là sans s’affoler …, en  comptant aussi sur la miséricorde de Dieu, car « C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. » (2° lecture).

Que cette phrase du psaume soit notre guide chaque jour :

« Jamais plus nous n’irons loin de toi :

            fais-nous vivre et invoquer ton nom ! » (Psaume 79,19)

 Seigneur Jésus,

Que la joie que nous avons

à vouloir se retrouver ne famille

soit aussi la joie que nous aurons

à nous retrouver autour de toi

à la fin des temps

pour aller dans ton paradis …

si tu nous en juges dignes …

 

                                                                                                          Francis Cousin

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1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37) – Homélie du Père Louis DATTIN

Vigilance

Mc 13, 33-37

Vous le savez, frères et sœurs, il y a une année civile  dont le 1er jour s’appelle le « Jour de l’An », 1er janvier. Il y a aussi une année scolaire qui commence au début de septembre et qui finit à la fin de juillet.  Il y a également une année liturgique : elle commence toujours  le  1er  dimanche  de  l’Avent ; c’est  aujourd’hui, pour  se  finir à la fin de novembre prochain à la fête du Christ-Roi.  Alors je n’hésite pas à  vous dire aujourd’hui : «Bonne et Sainte année à toute notre communauté.  Que cette année soit une année de paix, d’unité entre vous, de fidélité aux  « rendez- vous » que Dieu vous donne lui-même ». Comme les années passent vite ! Et plus l’on vieillit, vous verrez, plus elles s’accélèrent et, dès lors, se pose à nous la seule question vraiment intéressante : « Où allons-nous ? »

Pourquoi ce défilé rapide de jours, de mois ?

Pourquoi cet enfant d’hier est-il devenu un adulte aujourd’hui, et un vieillard demain ?

Pourquoi ces rides que ne cachent guère les crèmes rafraichissantes ? Quel est le but de la vie ? Oui, le monde a t-il un sens ? Une destination ?

Les scientifiques ne peuvent pas répondre : ils observent le présent, mais ils n’ont pas la clef de l’avenir.

Les économistes : il ne faut pas non plus leur demander grand-chose par les temps qui courent… après la chute du scientisme, du nazisme, du marxisme et les impasses des économies libérales !

Les agnostiques, eux, disent qu’on ne peut pas savoir.

Quant à Jacques Brel, le chanteur, il disait, avant sa mort, que le but de la vie c’est de vivre encore quelques mois !

Quant aux chrétiens, dont vous êtes, j’espère, ils répondent :

« On est sur  la  terre  pour  aimer  Dieu  et  son  prochain  et  ainsi  mériter la vie éternelle ». Cette réponse n’est pas fausse. Mais si vous avez écouté l’Evangile, elle est tout à fait insuffisante !

La  religion  n’est  pas d’abord un code de bonne conduite pour obtenir une  bonne  note  à  la  fin  de  sa  vie ! Le  but  de  la  vie, c’est  un  jour,

la  Rencontre  Merveilleuse  et  Désirée  avec  quelqu’un, avec  Jésus !

Là est la clef de l’énigme, le sens réel et concret de la vie de tout un chacun. Vivre, c’est aller vers ce « Rendez- Vous » !

Tous les hommes, aussi suffisants soient-ils, prennent conscience de leur faiblesse profonde, de leur fragilité de mortels. Au fond d’eux-mêmes, ils sont à la recherche d’un homme providentiel qui viendrait les sauver de leurs angoisses et de leurs problèmes.

Déjà, dans  l’Ancien  Testament, ils  annonçaient  et  espéraient  le « Berger de son peuple ». Il  sera nommé  « Conseiller  merveilleux »,  » Dieu fort « , « Prince de la paix ».  « Oui un jour viendra ». Et des millions de Juifs dans toute la Bible espéraient ce « Rendez-Vous » comme l’exprime si bien le vieillard Siméon :

« Maintenant,  je  peux  mourir  en  paix : mes  yeux  ont  vu   enfin le Sauveur d’Israël, la Lumière des nations ».

Pour beaucoup, cet homme providentiel n’est pas encore venu : ils peuvent vous raconter l’histoire de Jésus, l’histoire de sa Passion, le Vendredi Saint mais, lui, l’ont-ils vraiment rencontré ?

 

Avec le Nouveau Testament, nous savons que le Christ  est venu  au « Rendez-vous » promis, mais pour un temps court seulement. Nous savons aussi qu’il va revenir, mais qu’en l’attendant, tout reste à faire. Il  est  venu  montrer  à  l’homme  le  chemin  de  sa destinée, il a balisé la  route.  Mais,  cette  fois, le  but est clairement désigné : un  jour, il reviendra, ce sera la fin de la longue marche de l’humanité, rencontre définitive et suprême : la rencontre des rencontres que décrit magnifiquement St-Jean dans l’Apocalypse :

« Je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle. Je vis la Cité Sainte, la Jérusalem Nouvelle ».

Voilà, frères et sœurs, le sens de la vie, le but de notre destin : « entrer un jour dans ces noces éternelles ». Réjouissons-nous, nous sommes faits pour le bonheur dans les bras du véritable époux.

Alors, vivre, c’est quoi ? Se préparer à ce Rendez-vous !

Nous voilà donc situés entre deux avents, deux avènements : deux événements, celui  de  Noël  et  celui  de sa venue  ultime. Nous devons être comme des fiancés qui attendent le jour des noces. Or, vous le savez, une noce, ça se prépare. On peut même dire que  les  préparatifs   sont  plus absorbants que la noce elle-même.

Notre grand jour doit se préparer : comment ? Tout d’abord par des « rendez-vous antérieurs » nombreux, chaleureux : chaque dimanche, chaque grande fête, ce sont des temps forts de la découverte de notre amour pour le Christ et de son amour pour nous !

Allons-nous vivre ce temps de l’Avent avec la joie et l’impatience d’amoureux attendant le grand Rendez-Vous de Noël et le grand « Rendez-Vous » de son retour ?

Pendant cet Avent, il faudrait faire un lifting de notre cœur.

Aurons-nous le souci de devenir meilleur, de lutter contre nos défauts non par souci de moralité ou pour ne pas être condamnés mais pour plaire à celui qui nous aime et qui, un jour, nous ouvrira ses bras au soir de notre vie ?

Peut-on dire « amoureux » des fiancés qui ne seraient nullement pressés de « vivre ensemble » ? Allons-nous, nous aussi, éprouver une « impatience joyeuse » pendant tout cet Avent vécu comme une attente pleine d’espérance des grâces de Noël, tout comme les enfants en attente des cadeaux et du sapin illuminé ?

Il n’y a pas d’amour sans échanges de cadeaux.

Seigneur, que pourrais-je t’offrir au soir de ma vie ? En face du cadeau que, toi, tu me promets : « Voir ta face éternellement », que puis-je t’apporter en retour ?

Que, du moins, Seigneur, toute ma vie, et particulièrement  ce temps de  l’Avent,  puisse  peu  à  peu, élargir  mon  cœur.  Un  cœur  vide  et pauvre, c’est vrai mais qui soit capable de recueillir tout ton amour et combler mon indigence.

Le Jésus que j’aime n’est pas dans un livre. Dieu m’aime et il me l’a signifié par Jésus. Je l’attends, en allant vers lui, et lui vers moi. AMEN




1er Dimanche de l’Avent (Mc 13, 33-37)- par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Veillez ! « 

  (Mc 13, 33-37)

  Prenez garde, restez éveillés : car vous ne savez pas quand ce sera le moment.
C’est comme un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et demandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin ;
s’il arrive à l’improviste, il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.
Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »

           

           « Prenez garde, Veillez ! Veillez donc… Je le dis à tous, veillez ! ». Mais pourquoi une telle insistance ? Car nous ne savons pas quand « le Maître de la Maison reviendra », autrement dit nous ne connaissons ni la date du dernier Jour du monde (cf. Mt 24,36), ni celle du dernier jour de notre vie… Or, tels nous sommes aujourd’hui, tels nous serons ce jour-là… Si nous avons refusé de nous repentir et de changer de vie, si nous avons laissé les liens du péché nous entraver et les ténèbres obscurcir nos cœurs, nous connaîtrons avec encore plus d’intensité les conséquences de ces liens… Alors que la Lumière se manifestera dans tout son éclat, nous ne pourrons que constater à quel point nous en sommes privés (Rm 3,23). Alors que Dieu nous invitera à « entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,21), nos liens nous interdiront encore de goûter à cette Plénitude… Et « il y aura des pleurs et des grincements de dents »…       

           L’invitation au repentir nous rejoint donc d’une manière encore plus pressante dans cet aujourd’hui où nous ne savons pas de manière certaine s’il y aura un lendemain… Mais heureusement, le temps de notre histoire sera, jusqu’à son dernier jour, celui du « Père des Miséricordes », et donc d’un repentir toujours possible car « Dieu use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2P 3,9).

            « Dieu veut en effet que tous les hommes soient sauvés ». Oui, disait Jésus, « c’est la volonté de mon Père que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné », et le Père a donné à son Fils le monde à sauver (1Tm 2,4-6 ; Jn 6,39 ; 3,16‑17 ; 4,42)… Alors, pressons-nous d’offrir toute notre misère à sa Miséricorde car « jusqu’à toi vient toute chair avec son poids de péché ; nos fautes ont dominé sur nous : toi, tu les pardonnes. Heureux alors ton invité, ton élu : il habite ta demeure ! Les biens de ta maison nous rassasient, les dons sacrés de ton temple » (Ps 65(64)) : le Don de l’Esprit Saint qui, inlassablement, lave, purifie, vivifie, nous éclaire pour éviter les obstacles et nous fortifie pour nous permettre de les dépasser.

            C’est pourquoi, « veillez ! » « Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces… N’éteignez pas l’Esprit » et, avec son aide, « gardez-vous de toute espèce de mal », car « aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » Aussi, « ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » (1Th 5,16-22 ; 1Co 10,13).              DJF




Solennité du Christ Roi (Mt 25, 31-46) par D. Alexandre ROGALA

Les deux derniers dimanches, Jésus nous a mis en garde face à une issue négative possible au jour du jugement. Aujourd’hui, Jésus nous explique comment se passera ce jugement qu’il présidera à la fin des temps. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, il prend place sur le trône de sa gloire et met à exécution son jugement.

Aujourd’hui, l’Église nous invite à réfléchir sur la royauté du Christ. Commençons par nous interroger. Quelle image nous faisons-nous d’un roi ? Peut-être, pensons-nous à une personne ayant tous les pouvoirs sur un territoire et sur ses habitants, prenant des décisions de manière arbitraire selon son humeur…

Mais comme Christ le dit lui-même, « sa royauté n’est pas de ce monde » (cf. Jn 18, 36). L’image de la royauté terrestre que nous venons d’évoquer ne peut donc pas s’appliquer à la royauté du Christ.

Je vous propose d’essayer de comprendre comment le « roi de l’univers » exerce sa royauté à partir des textes que nous propose la liturgie.

La première lecture est tirée du chapitre 34 du Livre du Prophète Ézéchiel. Dans cet extrait le Seigneur se présente à son prophète comme un berger.

Dans le langage de cour du Proche-Orient ancien, « les bergers du peuple » désignaient les rois. Par conséquent, en se présentant comme un berger, le Seigneur révèle au prophète que c’est Lui le véritable roi d’Israël.

Et quel genre de berger, quel genre de roi est le Seigneur ? Écoutons-le:

« La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit » (v. 16)

Le Seigneur est un berger qui prend soin de son troupeau. Le Seigneur est un roi qui met sa royauté au service de son peuple. Et puisque le Seigneur veut faire paître ses brebis « selon le droit », il est nécessaire que quelqu’un assure le rôle de juge.

Dans un autre psaume, le Ps 99, nous lisons que le Seigneur est un roi qui aime la justice, qui est l’auteur du droit, et qui assure en Jacob la justice et la droiture (cf. Ps 99, 4).

C’est pourquoi dans notre texte le Seigneur annonce au prophète Ézechiel un jugement à venir qu’il présidera lui-même: « voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs ».

Nous ne l’avons pas lu aujourd’hui, mais quelques versets plus loin dans ce même texte du prophète Ézéchiel, le Seigneur délègue sa charge à un « nouveau David », « berger unique » qu’il suscite pour gouverner son peuple:

« Je susciterai à leur tête un seul berger ; lui les fera paître : ce sera mon serviteur David. Lui les fera paître, il sera leur berger. Alors moi, le Seigneur, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu delles. Je suis le Seigneur, jai parlé » (v. 23-24).

Dans le texte d’évangile que nous avons entendu (Mt 25, 31-46), il est question du jugement  dernier annoncé dans la première lecture. Celui-ci sera exercé à la fin des temps, par Jésus, dont l’un des titres est « Fils de David » (Mt 9, 27; 12, 23 etc.). Jésus est donc le « serviteur David » dont nous venons de parler.

Pour prononcer son verdict  ce juge s’appuiera sur ce que les destinataires auront fait, ou n’auront pas fait pour lui. « Il rendra à chacun selon sa conduite » (cf. Mt 16, 27). L’élément clé permettant de comprendre le texte et de se préparer à ce Jugement est le lien qui existe entre le Fils de l’homme et les « plus petits ».

Tout d’abord, « les plus petits » dont il est question dans le texte, n’est pas un groupe défini une fois pour toute. Si dans certaines circonstances, nous sommes en mesure d’apporter de l’aide, dans d’autres circonstances, c’est nous qui avons besoin de recevoir l’aide d’un autre. Pour le dire autrement, il y a des situations, où nous faisons partie de ces « plus petits » dont parle Jésus. C’est la raison pour laquelle, nous devons appliquer la « règle d’or » que Jésus donne à ses disciples: «  tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi » (Mt 7, 12)

Ensuite, la liste qu’énumère Jésus quand ils parlent de ceux qui ont faim, qui ont soif, qui sont nus etc. n’est pas exhaustive. Jésus ne fait que donner quelques exemples. L’amour du prochain et la miséricorde qui sont au cœur de l’évangile, sont exigés partout/en toute situation où des hommes sont dans le besoin.

Enfin, si ce texte peut dans un premier temps nous faire peur à cause de la mention du « châtiment éternel » au v. 46. C’est surtout la volonté de Dieu de sauver tous les hommes qui est soulignée. En effet, Jésus nous dit que le Royaume a été préparé « pour nous » depuis la fondation du monde (v. 34). En revanche, le feu éternel a été préparé, non pas pour les hommes, mais « pour le diable et ses anges » (v. 41). S’il est possible qu’au jour du jugement, certains hommes s’en aillent loin du Seigneur dans ce feu éternel, ce sera en dépit de la volonté de salut de Dieu.

Nous avons vu tout à l’heure que dans le Livre d’Ézéchiel, après s’être présenté comme le véritable roi du peuple d’Israël, le Seigneur annonce qu’il suscitera un prince, descendant de David comme berger unique d’Israël. Il est possible que ce soit l’un des textes en arrière fond de l’extrait de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens que nous avons entendu en deuxième lecture.

De fait, saint Paul présente Jésus comme un peu comme un prince quand il écrit que « tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance.»  (1 Co 15, 24)

En attendant ce jour où il remettra la royauté au Père Céleste, c’est le Christ qui règne et combat pour nous les « principautés, souverainetés et puissances », c’est à dire toutes les forces spirituelles qui s’opposent à l’Évangile.

À la fin, même la mort sera réduite à rien, et la mission du Christ sera achevé. Pour les « bénis du Père » que le Fils de l’homme placera à sa droite, « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28)

Si la mort a perdu son pouvoir de domination, nous avons la certitude que le jour où nous mourrons ne sera pas la fin de notre vie.

Et en attendant le retour de notre Seigneur Jésus Christ à la fin des temps, « ne craignons aucun mal, puisque il nous accompagne tous les jours de notre vie » (Ps 23). Amen !




Christ Roi (St Mt 25, 31-46)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2023

 

Ézéquiel 34.11–12, 15–17 ; 1Corinthiens 15.20–26.28 ; Matthieu 25.31–46

Avant que n’arrive la Pâque, son unique sacrifice, Jésus insiste sur ce qui lui paraît, à ses yeux, le plus important dans notre vie, pour que nous héritions du Royaume de Dieu : nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers. Maintes fois, nous avons entendu ces mots et certains les appliquent tandis d’autres n’en font aucun cas. Ceux qui n’en tiennent pas compte, Jésus leur dira à la fin des temps : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ». Il est bon de rappeler que pour aller en enfer, il faut vraiment le vouloir, il faut que la personne dise « non » au Christ, même après sa mort, jusqu’au moment où la porte de l’enfer se ferme sur son âme. Car Dieu est Miséricordieux et sa Miséricorde n’est limitée que par la décision ferme de l’homme d’aller lui-même en enfer. Toutes ces expressions « nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers » sont des œuvres de miséricorde. Et la miséricorde de Dieu surpasse la justice de Dieu, souvent mal comprise. Voici ce que nous raconte Thérèse de Lisieux qui montre que la Miséricorde divine peut nous éviter le purgatoire pour aller directement au Ciel. La petite Thérèse est la plus jeune Docteur de l’Eglise. Au Carmel de Lisieux, sœur Marie Philomène était convaincue qu’à sa mort, elle irait au Purgatoire. Lorsqu’elle partagea cette opinion avec Sainte Thérèse, celle-ci lui répondit : « Tu n’as pas assez confiance en Dieu! Tu as trop peur de Lui ( elle a trop peur de Dieu parce qu’elle n’arrête pas de comptabiliser le nombre de bonnes et de mauvaises actions qu’elle fait, de peser le pour et le contre). Je peux t’assurer qu’il en est vraiment peiné. Tu ne dois pas craindre le purgatoire pour la raison qu’on y souffre; au contraire, tu devrais demander de ne pas mériter d’y aller afin de plaire à Dieu, qui impose cette punition tellement à contrecoeur! Dès lors que tu cherches à lui plaire en tout, et si tu as une confiance inébranlable en lui, il te purifie à chaque instant de son amour et il ne permet pas que quelque péché puisse rester. Ainsi, tu peux être sûre de ne jamais devoir aller au purgatoire ». Thérèse alla même plus loin. Elle pensait sincèrement que les personnes offensaient Dieu en ne croyant pas qu’elles pourraient aller au Ciel après leur mort. Lorsque certaines de ses sœurs lui affirmèrent qu’elles pensaient aller au purgatoire, elle s’exclama : « Oh! Que vous me faites de la peine! Vous faites un grand tort au Seigneur en croyant aller au purgatoire! Quand nous aimons, nous ne pouvons pas y aller! « Le Seigneur donna à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus la grâce de comprendre que le purgatoire n’avait pas été pensé comme une règle incontournable mais plutôt comme une exception. L’Eglise nous enseigne que chacun de nous reçoit des grâces suffisantes pour aller tout droit vers Dieu, après avoir surmonté ses épreuves sur terre. Mais le purgatoire est une « Entrée de Secours » donnant sur le Ciel pour ceux qui n’ont pas saisi la grâce de Dieu pour eux. Un jour, une de ses novices, sœur Marie de le Trinité, lui dit : « Qu’est-ce qui m’arrivera si je tombe même dans les plus petites choses? Puis-je encore d’aller tout droit au Ciel? » Sainte Thérèse, qui connaissait bien les faiblesses de sa novice, répondit :  » Oh oui, Dieu est si bon! Il saura comment faire pour t’attirer. Mais malgré cela, cherche à être fidèle pour ne pas lui faire attendre en vain ton amour! » Si les pauvres âmes du purgatoire avaient connu sur la terre ce qui les attendait dans l’éternité, le purgatoire serait resté vide! Sœur Fébronie, la sous-prieure, âgée de soixante-sept ans, ne partageait pas la doctrine de sainte Thérèse sur le purgatoire. Elle trouvait présomptueux de croire que nous pouvons aller tout droit au Ciel. Sainte Thérèse, la benjamine de la communauté, lui adressa à propos de la vision sur le purgatoire, une leçon mémorable. Un jour où la vénérable ancienne défendait à outrance les droits de la justice divine (autrement dit « si tu fais de bonnes choses tu iras au Ciel et si tu en fais de mauvaises, ce sera l’enfer) et Thérèse ceux de la miséricorde infinie, cette dernière voyant qu’elle ne gagnait rien et restait toujours dans son sentiment, finit par lui dire sérieusement: « Ma sœur, vous voulez de la justice de Dieu, vous aurez de la justice de Dieu. L’âme reçoit de Dieu exactement ce qu’elle en attend ». Moins d’un an après cette réplique, sœur Fébronie fut emportée par l’épidémie qui décima la communauté en janvier 1892. Le 22 mai suivant, Thérèse eut un songe qu’elle confia à Mère Marie de Gonzague : « Ô ma Mère, ma sœur Fébronie est venue cette nuit demander que l’on prie pour elle; elle est en purgatoire, sans doute pour n’avoir pas assez compté sur la miséricorde du Bon Dieu. Par son air suppliant et son regard profond, elle semblait me dire: « Vous avez raison, toute justice s’accomplit sur moi, mais c’est ma faute, si je vous avais cru, j’aurais été droit au Ciel ». – Le cas de Gloria Polo est encore plus frappant. Cette femme, une colombienne, a mené une vie bourgeoise après avoir réussi son diplôme de dentiste, finissant par blasphémer Dieu, l’Eglise, les commandements de Dieu, les doctrines catholiques, elle ridiculise même ses parents parce qu’ils n’étaient pas de son niveau intellectuel, elle vantait l’avortement aux jeunes filles qui lui demandaient conseils, encourageait le divorce, et refuse le pardon, s’implique dans les commérages, se moquaient des gens et les dévalorisait. Elle avait un désir effréné et obsessionnel de la richesse. Et voilà qu’elle est frappée par la foudre. Emmenée à l’hôpital, elle connait une Expérience de Mort imminente (EMI) où elle se voit sortir de son corps et son âme fonce directement dans un tunnel noir et au passage, elle voit ses parents et leur demande de l’aide, mais ils ne peuvent rien faire…Direction l’Enfer. Mais elle n’y entrera pas parce qu’elle a crié haut et fort qu’elle était catholique et parce que Dieu a entendu la prière d’un pauvre monsieur qui a lu la triste histoire de Gloria Polo sur un vieux journal dans lequel le commerçant y avait mis du sucre qu’il venait d’acheter. Et pour avoir rappelé qu’elle était catholique, elle passe l’épreuve de la connaissance des dix commandements. C’est là qu’elle voit que tout ce qu’elle a fait, tout a été contraire aux dix commandements passés en détail par rapport à sa vie. Et par sa grande Miséricorde, Dieu lui laisse une chance car sa Miséricorde se fait, même après la mort, dans ce tunnel ténébreux qui mène aux portes de l’Enfer. Et voilà Glorio Polo qui revient à la vie terrestre, guérie. Après avoir témoigné à Fatima en 2007, Gloria Polo sillonne le monde pour témoigner de Dieu, de l’Eglise, des doctrines catholiques. Mais ce sont surtout les petits ou ceux qui se font petits qui attirent la miséricorde de Dieu, c’est ce que nous dit Padre Pio (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.275) : « Celui qui tremble devant Dieu, qui est écrasé sous le poids de la souffrance, abattu à la vue des profondes blessures que ses propres péchés ont faites en lui, qui traine son front dans la poussière, s’abaisse, s’humilie, pleure, crie, soupire et prie, c’est celui-là qui est vainqueur, qui triomphe de Dieu et l’oblige à user de miséricorde envers lui ». C’est pourquoi Saint-Paul nous dit en Ep 4,17-24 : 17 Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement 18 et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qu’a entraînée chez eux l’endurcissement du cœur, 19 et, leur sens moral une fois émoussé (ayant perdu tout espoir), ils se sont livrés à la débauche ( débauche de péchés,) au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d’impureté dans la cupidité. 20 Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, 21 si du moins vous l’avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, 22 à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, 23 pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement 24 et revêtir l’Homme Nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité ». Et lorsque vous serez transformés dans le Christ, la grâce de Dieu vous fera délaisser, en douce et sans secousse, presque même sans vous en apercevoir,  vos anciennes passions et vous n’en aurez aucun regret, que ce soit l’alcool, les sports, les danses, et autres diverses passions dans lesquelles vous étiez à 100% pour reprendre une nouvelle passion, celle du Christ qui vous suffira amplement. Et Le sanctuaire de Montligeon dans son « Manuscrit du Purgatoire » (P.99) nous fait la très juste remarque :  « Vous éprouverez souvent une grande indifférence pour les choses qui, autrefois, vous auraient trouvée sensible ; c’est encore une miséricorde de Celui qui vous aime et qui désire vous voir dans ce dégagement qu’il attend des âmes qu’il veut à lui seul. Jésus permet que ces âmes privilégiées éprouvent une espèce d’ennui pour tout ce qui n’est pas Lui. Il leur fait trouver pénible ce qui ne le touche pas directement, parce qu’il veut par-là les amener à vider leur cœur de tout l’humain (= de toutes les faiblesses humaines) qui s’y trouve afin qu’il le comble de ses grâces et qu’il y fasse déborder son amour. Sœur Faustine nous explique (§1697) que « La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures.

Et voici le témoignage de Maria Simma, une mystique Autrichienne, amie des âmes du Purgatoire, morte en 2004 à Sontag en Autriche : « (un jeune garçon, pour des raisons personnelles et justifiées, avait une haine féroce pour tout ce qui concerne l’Eglise, les prêtres, et autres). Beaucoup de personnes avaient tenté de l’aider par la suite mais il avait continué à grandir loin de l’Église qu’il attaquait souvent. Puis il est tombé malade et il est mort en maudissant toujours l’Eglise jusqu’à la fin. Un brave homme fort pieux qui connaissait toute l’histoire est allé voir Thérèse Neumann (une grande sainte allemande, mystique catholique qui avait les stigmates) qui pouvait elle aussi savoir où se trouvaient les âmes des défunts. Quand elle le sut, elle dit que ce garçon était sauvé mais qu’il était encore au Purgatoire. L’homme qui avait posé la question en fut très surpris parce que cet homme était mort en mau­dissant l’Eglise jusqu’au tout dernier moment. Et voici l’ex­plication donnée par Thérèse Neumann: bien que Satan eut bloqué son chemin vers la vérité alors qu’il était encore un jeune garçon très sensible et fort impressionnable, il avait toujours poursuivi en silence sa quête du vrai Dieu ; et parce qu’il avait conservé ce besoin dans son cœur, la miséricorde de Dieu l’a tiré vers lui. Nous avons là une fois de plus une grande preuve de la miséricorde de Dieu, et cela prouve que nous ne pouvons jamais tirer trop vite des conclusions, même si, ce que nous avons nous-mêmes vu ou entendu semblait aller dans la mauvaise direction ». Et Mt 12,32 confirme qu’après la mort, Dieu peut encore pardonner dans l’autre monde: « quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre ». « Ni dans l’autre monde » signifie bien que Dieu peut donc pardonner ou non les péchés après la mort. L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle qu’il nous faut nous tourner vers les autres pour les aider et non pour détruire : accueillir les étrangers, vêtir ceux qui en ont besoin, donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif, visiter les malades, les isolés, les prisonniers, être miséricordieux à l’exemple de Dieu. La miséricorde, nous dit le Cardinal Walter Kasper, c’est « avoir un cœur qui bat pour les pauvres. Il ne faut pas sous-estimer la miséricorde de Dieu (qui est infinie, mais il ne faut pas non plus ) le prendre pour un imbécile qui, dans sa générosité, fermerait les yeux sur nos fautes et notre méchanceté et laisserait tout faire. Nietzsche s’est moqué de Dieu de cette façon en disant que Dieu était mort à cause de sa pitié pour les hommes (P.22) (alors qu’Il est mort par amour pour nous). On ne peut pas s’amuser avec Dieu; il ne permet pas qu’on le nargue (Ga 6,7-8 : « 7 Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte : 8 qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption; qui sème dans l’esprit, récoltera de l’esprit la vie éternelle). Dans sa miséricorde, Dieu retient plutôt sa juste colère; en un sens, il se retient lui-même. Il le fait pour donner à l’homme une chance de se convertir. La miséricorde de Dieu offre au pécheur un délai parce qu’il désire sa conversion; elle est, en fin de compte, la grâce donnée pour se convertir… ». Le miséricordieux est à l’image du Christ… « Christ-Roi, Sauveur et rassembleur de toute l’humanité composée de brebis éparpillées, dispersées, perdues, égarées, blessées, malades. Il le fera par son Eglise, signe et instrument du salut des hommes, à travers sa hiérarchie, ses saints, ses apôtres, prêtres, religieux, laïcs, pour un immense travail de rassemblement des hommes dans la paix, la joie des retrouvailles avec le Christ. D’où le travail missionnaire qui nous attend. Il nous faut donc nous tourner vers les autres pour les évangéliser d’une manière ou d’une autre : catéchèse, enseignement, formation, chorale, parole de Dieu, serviteurs de Dieu par l’exemple et le témoignage d’une vie. Un chrétien faux, belliqueux, coléreux… pourra être difficilement missionnaire » (Achille Degeest – Le Pain du Dimanche). Nous n’avons plus le temps de nous perdre en enfantillage, en querelles inutiles. Nous avons un seul but : le Christ. Marie, notre sainte Mère, nous aidera à nous unir à son fils bien-aimé, le Christ-Roi, sauveur du monde, qui toute sa vie s’est mis au service de l’humanité.