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12ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Matthieu 10, 26-33)

« Ne craignez pas ! »

 

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. »

Dans la première partie de la phrase, Jésus parle des hommes ; il le dit clairement au début du passage : « Ne craignez pas les hommes. ». Ils n’ont pouvoir que sur la vie terrestre des hommes. Par contre, il est important de craindre celui qui a pouvoir sur la vie terrestre et la vie éternelle des hommes, c’est-à-dire Dieu.

Entre le monde des hommes et celui qui est proposé par Dieu, pour le chrétien, il n’y a pas photo : Mieux vaut se tenir du côté de Dieu que du côté des hommes.

Et tous les textes de ce jour disent la même chose.

« Ne craignez pas ! »

On le voit bien dans la première lecture. Le prophète Jérémie dérange les hommes, alors on veut le faire taire, le faire chuter : Dénonciation, tentative de séduction, tout leur semble bon pour le faire taire, mais Jérémie a une certitude en tête : « Le Seigneur est avec moi, tel un guerrier redoutable … Ils ne réussiront pas. »

Il met totalement sa confiance en Dieu : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste (…), car c’est à toi que j’ai remis ma cause. »

On peut penser au psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer. » (Ps 22,1)

« Ne craignez pas ! »

Dans le psaume aussi :

« C’est pour toi que j’endure l’insulte, que la honte me couvre le visageon t’insulte, et l’insulte retombe sur moi. »

Jésus reprend d’une autre manière cette situation dans les Béatitudes : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Et le psalmiste continue : « Répond-moi, Seigneur, car il est bon ton amour. »

Confiance totale en Dieu …

Et le psalmiste élargit sa pensée à tous les pauvres : « Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête : « Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! » Car le Seigneur écoute les humbles. »

« Ne craignez pas ! »

Saint Paul revient sur la Loi de Moïse, une loi d’obligations et d’interdits. Mais celle-ci a été complétée et transformée par le nouvel Adam, Jésus-Christ, avec la loi d’amour : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22,39), elle-même précisée dans l’évangile de saint Jean : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

L’amour de Dieu pour les hommes qui dépasse incommensurablement l’amour des hommes pour Dieu !

« Ne craignez pas ! »

Retournons à la fin de l’évangile : « Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux. »

Cela montre combien nous avons de la valeur aux yeux de Dieu.

Mais attention, il faut être vrai : « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » ;

Mais si nous mettons notre confiance en Dieu, nous n’avons rien à craindre.

« Quand vous sortez de chez vous ou du lieu de votre travail pour participer à une célébration de l’Eucharistie, vous ne cachez rien : vous savez où vous allez, et tout le monde peut le voir.

Mais qu’est-ce que cela révèle à vos voisins et aux gens que vous croisez dans la rue ? (…) Cela ne répondra pas à la question qu’ils sont en droit de se poser : qu’est-ce qu’aller à la messe change concrètement dans mon existence ? Pour nous, passer au secret au public, montrer ce qui est caché, ce n’est pas nous ranger derrière une banderole ni porter un badge où il est écrit : « Je suis chrétien » ; c’est laisser transparaitre la parole du Christ à travers notre manière de vivre. » (Cardinal André Vingt-Trois.

Seigneur Jésus,

Tu nous le dis carrément :

si nous t’aimons, toi, et aussi notre prochain,

tu t’en souviendras au jour du jugement.

Mais si nous te renions, et ne faisons pas

un compte avec notre prochain,

tu t’en souviendras aussi au jour du jugement.

Essayons de ne pas l’oublier !

 

Francis Cousin    

 

 

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12ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 10, 26-33) – par le Diacre Jacques FOURNIER

  Construire fermement sa vie sur le Christ

(Mt 10, 26-33)

En ce temps-là, Jésus disait à ses Apôtres : « Ne craignez pas les hommes ; rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu.
Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps.
Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille.
Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux.
Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux.
Mais celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. »

 

 « Tout ce qui est voilé sera dévoilé, tout ce qui est caché sera connu ». Et ce Jour-là ne subsisteront que les œuvres faites « en Dieu », en harmonie avec notre conscience, dans la paix du cœur, la droiture, la justice et la vérité de l’Amour… Dieu Lumière en révélera la lumière, « et l’ouvrier recevra sa récompense ». En effet, « à ceux qui par la constance dans le bien recherchent gloire, honneur et incorruptibilité : la vie éternelle ». Mais « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9-10). Car tout ce qui n’a pas été accompli « en Dieu », tout ce qui s’est réalisé dans le secret du mensonge et de l’injustice, toutes les œuvres de ténèbres disparaîtront lorsque la Lumière surgira. Elles seront « consumées et celui qui les a commises « en subira la perte »… Remords, tristesse et amertume surgiront alors face à tout ce temps perdu, cette vie gâchée… Tel sera le sort de l’âme qui « périt dans la géhenne ». Mais heureusement, St Paul ouvre encore une porte à l’espérance : « elle sera sauvée, mais comme à travers le feu » (1Co 3,10-15)…

            Aussi, pour se détourner dès maintenant de ces ténèbres et choisir la Lumière, Jésus nous rappelle que nous ne sommes pas seuls. Le Père veille sur chacun d’entre nous, « tous nos cheveux sont comptés ». A la prière de Jésus, « Père, je ne te prie pas de les enlever du monde, mais de les garder du Mauvais » (Jn 17,15), sa Présence nous accompagne dans tous nos combats quotidiens. Si nous nous abandonnons à elle dans la confiance, « vous remercierez le Père qui vous a mis en mesure de partager le sort des saints, dans la Lumière », écrit St Paul. « Il nous a en effet arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils Bien-Aimé en qui nous avons la Rédemption, le pardon des péchés » (Col 1,12-13). Les verbes sont au passé ou au présent : l’aventure commence dès maintenant. Elle n’attend que le « Oui ! » de notre foi. Et l’action souveraine de l’Esprit Saint ne décevra pas l’attente de tous ceux et celles qui se prononcent fermement pour le Christ, dans leur cœur et « devant les hommes »…

                                                                                                                                  DJF




12ième dimanche du Temps Ordinaire (Mt 10, 26-33) – Homélie du Père Louis DATTIN

N’ayez pas peur

Mt 10, 26-33

            Nous avons toujours tendance à penser que l’évangélisation aujourd’hui serait plus difficile qu’à d’autres époques. Il est vrai que notre monde sécularisé et matérialisé n’écoute guère la voix de Dieu. Mais Jésus, en son temps, a dû éprouver vivement cette même difficulté.

Rappelez-vous, sa prédication de la Parole de Dieu fut bien modeste, à la façon d’un message voilé, murmuré dans l’ombre, au creux de l’oreille. Jésus en a parfaitement conscience, mais il a l’audace de croire que son message de l’Évangile fera le tour de la terre, qu’il sera dévoilé au grand jour, « proclamé sur tous les toits » malgré tous les obstacles. Que l’évangélisation soit un acte de courage et d’audace contre toutes les apparences contraires, cela ressort du refrain de cet Evangile :

« Ne craignez pas ! » et pourtant « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ! ». Il ne s’agit donc pas de rester dans nos pantoufles sous prétexte de prudence, de présenter l’Évangile comme un petit traité de psychologie ou « d’équilibre mental » ou d’une boîte de « capsules de bon sens ». Jésus sait qu’il est dangereux de parler de Dieu et les chrétiens doivent dominer cette crainte. Un chrétien doit avoir en horreur ce qui est fade et insipide : toute sa vie, ses paroles doivent avoir la saveur du sel, la chaleur du feu et même un certain goût de violence. Le Royaume des cieux souffre violence « ce sont les violents qui s’en emparent ». Il faut au chrétien cette folie qui s’appelle la « foi en Jésus-Christ ».

Aujourd’hui, l’homme moderne est impressionné par la montée des sciences, les progrès technologiques, comme si tout cela rendait la foi vieillotte, dépassée, inutile. On ne sait plus ce qui est vrai et beaucoup sont tentés de se taire, de ne plus proclamer sur les toits l’Évangile ou plus subtilement de l’édulcorer et de n’en retenir que ce qui va dans le sens du monde.

Sachons tout d’abord que, même les plus intrépides porte-paroles de Dieu ont connu la peur : peur de ne pas être suivis, peur d’être incompris, peur du ridicule, peur de la solitude, peur de la persécution, peur de la mort. Audace, hardiesse, courage, initiative, goût du risque sont des vertus nécessaires pour qui veut suivre Jésus.

« Ne craignez pas, n’ayez pas peur », nous dit Jésus.

Mais lui, Jésus, a-t-il eu peur ? Oui ou non ? Non, parce qu’il a osé s’affronter aux autorités religieuses de son temps, ce qui n’était pas rien, pour leur montrer que c’était l’amour et la miséricorde qui l’animaient et éclairaient sa mission.

Il guérit, exprès le jour du sabbat, montrant ainsi que l’amour d’une personne qui souffre passe avant les règlements religieux les plus sacrés.

Il attaque les pharisiens sur leur ritualisme, leur disant qu’aux yeux de Dieu, c’est la pureté du cœur et des sentiments qui ont la priorité.

Il va au-devant des lépreux, ose les toucher et qui plus est, les réintégrer dans la société. Il fréquente les gens les plus pauvres, les plus méprisés, va manger avec eux, allant jusqu’à dire qu’il n’était pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs comme un médecin qui n’est pas fait pour les bien-portants, mais pour les malades.

Il dénonce ouvertement l’hypocrisie des scribes qui font des règlements pour les autres et qui, eux-mêmes en prennent à leur aise. Bref, il se met à dos les responsables de son temps.

Mais il n’a pas peur et devant ses juges, il affirme clairement sa divinité. « Es-tu le Messie, le fils de Dieu? » Et sa réponse va le condamner à mort : Jésus n’a pas eu peur d’être fidèle à sa mission.

Mais par ailleurs, Jésus n’est pas un homme insensible et stoïque devant les souffrances qu’il rencontre. Rappelez-vous Gethsémani : on le verra accablé de tristesse, de peur et d’angoisse. Oui, comme nous tous, Jésus a eu peur de la souffrance et de la mort. Et nous ? Il est bien normal aussi que nous ayons peur de la souffrance et de la mort, même si nous croyons en Dieu et même si nous savons qu’il ne nous abandonnera pas.

Mais quand il est question de l’essentiel, de notre mission de chrétiens, Jésus nous dit clairement : « N’ayez pas peur d’être fidèles jusqu’au bout », « On vous contredira, on dira toute sorte de mal contre vous à cause de moi, gardez confiance, n’ayez pas peur ».

Traduisons tout cela pour nous-mêmes :

 N’ayez pas peur de vous montrer fidèles à l’Esprit de Jésus et à vos convictions religieuses.

 N’ayez pas peur des imprévus et des incertitudes de l’avenir ; la vie, c’est une grande aventure et vous n’en êtes pas, vous les chrétiens, de simples figurants mais des acteurs…

 N’ayez pas peur des petites ou grandes tempêtes qui peuvent survenir, gardez confiance « Je suis avec vous » pour vous aider à faire face.

 N’ayez pas peur de prendre position ouvertement pour défendre une cause juste.

 N’ayez pas peur de prendre du temps pour soulager celui qui souffre ou pour accueillir celui qui n’a plus rien.

 Ne vous laissez pas paralyser par la peur.

Sur quoi donc s’appuie Jésus pour avoir tant de courage ?

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’âme ». La puissance de l’homme est bien limitée : elle ne peut atteindre en nous que la vie terrestre : le corps. Aucune puissance humaine n’est capable de détruire ce qui fait notre valeur véritable, l’espérance de la vie éternelle, l’âme. C’est ce courage-là qui fait rester en Algérie les trappistes de Tibhirine et les coptes d’Egypte et c’est sans peur et le cœur en paix que les neuf trappistes priaient dans leur couvent de Médéa : ils savaient ce qui les attendait, mais ils avaient mis leur confiance en Dieu.

Pour illustrer cette confiance absolue, Jésus raconte deux petites paraboles inoubliables : « Ne vend-t-on pas deux moineaux pour un sou ? », « Or pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père ne veuille ». Quant à vous, même vos cheveux sont comptés ! (Personnellement, je ne donne pas de travail à Dieu pour ce calcul). Comme elles semblent naïves ces deux paraboles des deux moineaux et des cheveux ! Pourtant, plus que tous les discours abstraits, ces images nous crient que Dieu nous aime et prends soin de nous, que rien n’échappe à l’amour vigilant de notre Père.

Alors que pourrions-nous craindre puisqu’il dispose de notre destin total et ultime ? Quel est l’horizon de notre agir dans notre vie quotidienne : le corps seul ou le corps et l’âme ?

Mais, après nous avoir dit que nous n’avons pas à avoir peur, Jésus reprend : « Craignez plutôt ceux qui peuvent tuer l’âme ».

Formule étonnante ! Que signifie, dîtes-moi, tuer l’âme ? Est-il possible de tuer l’âme ? L’âme ne serait-elle pas immortelle ?

Jésus s’explique immédiatement :

« Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi, je le

renierai devant mon Père qui est aux cieux ».

Voilà donc, seulement ce que nous avons à craindre : la seule chose à redouter, c’est de perdre la foi, d’apostasier. Ce qui tue l’âme, c’est de renier Jésus. Ce qui perd l’Eglise, ce ne sont pas les persécuteurs, mais les lâcheurs. Ce que nous devrions craindre le plus, c’est la déperdition de la foi dans nos âmes.

Quand on pense aux campagnes télévisées pour sauver des espèces animales en déperdition par suite d’une marée noire, pour les « tang » ou pour les phoques, on peut se demander ce que nous devrions faire pour que l’homme lui-même ne soit pas avili, détruit de l’intérieur, en perdant tout sens pour sa vie. « Périr dans la géhenne » voilà ce que Jésus redoute le plus pour l’humanité.

Pour finir, frères et sœurs, rappelons-nous que notre vie de chrétiens ne peut pas être « neutre ». Elle est plutôt un choix rigoureux « ou bien… ou bien… » : ou bien nous nous prononçons « pour » Jésus, ou bien nous nous prononçons « contre » lui.

Enjeu formidable : voilà où se situe le sérieux de notre vie ! « Ne craignez pas la mort du corps, craignez la mort de l’âme! » AMEN




11ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Matthieu 9, 36-10, 8)

       « La moisson est abondante,

mais les ouvriers sont peu nombreux. »

 

C’est une phrase que l’on entend encore souvent en ces temps-ci …

Dans l’Église, bien sûr … pour qu’il y ait davantage de vocations de prêtres, de moines, de religieuses … mais aussi de catéchistes … de personnes qui s’engagent comme responsables de mouvements de prière, de jeunes, de nettoyage des églises, d’aide aux autres (Secours Catholique, Conférence Saint Vincent de Paul, …) ou autres groupes de réflexion …

Mais pas seulement dans l’Église … Aussi dans beaucoup d’associations non catholiques … avec des besoins immenses …

Combien de gens vivent … sans vraiment vivre … !

Des gens abattus, fatigués, n’ayant pas vraiment de but dans la vie …

Alors on en voit qui se tournent vers les psychologues, ce qui peut être très utile, et souvent bénéfique pour eux … mais aussi vers des ’’coaches’’ en tous genres, vers des cartomanciennes, des ’’voyants’’, l’astrologie … pour essayer de trouver un sens à leur vie …

À leur vie terrestre … car pour beaucoup d’entre eux, il n’y a rien après la mort physique … même chez des personnes baptisées ! …

Et pourtant, l’Évangile est proclamé depuis presque deux mille ans …

Voyant la foule qui l’entourait aussi perdue, Jésus réagit en envoyant ses douze apôtres pour qu’ils proclament partout que « le royaume des Cieux est tout proche. ».

Avant de partir, Jésus « leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. ».

Mais il leur donne d’autres conseils : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. »

À ce moment-là, Jésus n’a pas encore rencontré la femme Syro-Phénicienne, la Samaritaine ou le possédé de Gérasa … il ne sait pas encore combien certains dans les nations païennes sont aussi en recherche du vrai Dieu.

Il termine son envoi en disant : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Le don donné aux apôtres est comme tout don : gratuit !

Et ce n’est pas parce qu’il est donné qu’on en devient propriétaire, tout au moins pour les dons de Dieu. On n’en fait pas ce que l’on veut, et il faut toujours se relier à celui qui a fait le don, c’est-à-dire à Dieu. (Pour les dons matériels entre humains, il n’en est pas de même : comme dit le proverbe : « Donner, c’est donner ; reprendre, c’est voler ! »). On en a un exemple juste après la transfiguration où les apôtres qui n’étaient pas avec Jésus n’ont pas pu guérir l’enfant épileptique. À son arrivée, Jésus le guérit et explique à ses apôtres, à part : « Cette espèce-là, rien ne peut la faire sortir, sauf la prière. » (Mc 9,29), le lien entre les apôtres et Dieu.

Ainsi, par la prière, c’est Dieu qui agit en nous, mais nous, tout seul, nous ne pouvons rien.

On verra par la suite, qu’avec la Pentecôte, avec la présence de l’Esprit en nous, et avec la force qu’il nous donne, nous serons capables de faire de grandes choses qui nous semblaient impossibles de faire de nous-même, grâce justement à la présence de l’Esprit en nous, même si nous n’en sommes pas conscients sur le champ.

Il en fut de même pour les apôtres qui, au départ, n’étaient envoyés que pour « proclamer que le royaume des Cieux est tout proche. », et qui, après la Pentecôte proclamerons le kérygme de la foi chrétienne : la mort et la résurrection de Jésus, Fils de Dieu.

Seigneur Jésus,

on voit bien dans ce texte

l’évolution de ta compréhension

de la mission qui t’a été confiée :

Passer des brebis perdues

de la maison d’Israël

à l’ensemble du monde

avec l’envoi de l’Esprit Saint.

 

Francis Cousin    

    

 

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Dimanche du Corps et du Sang du Christ – par Francis COUSIN (Jn 6, 51-58)

         « Le pain de Vie. »

 

« Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. »

Jésus venait de parler de la manne, cette nourriture qui avait permis aux Hébreux de vivre pendant quarante ans dans le désert lors de la sorite d’Égypte. Nourriture céleste, car venue du ciel, don de Dieu, … mais cette nourriture avait une finalité terrestre : rester en vie dans le désert …

Il l’avait déjà dit auparavant, ce qui avait entrainé une controverse avec ceux qui l’écoutaient : Comment peut-il dire qu’il est descendu du ciel alors qu’on connait ses parents : « c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth ! »

Il faut dire que le discours de Jésus est énigmatique pour eux : il ne parle pas au même niveau de ceux qui l’écoutent …

Nous, nous avons la chance de connaître, par les évangiles, les circonstances de la naissance de Jésus, … et aussi ce qui va se passer par la suite, le soir du jeudi saint … où Jésus va partager le pain et le vin avec ses disciples en disant : « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous … Prenez et buvez-en tous : ceci est mon sang versé pour vous … en rémission des péchés … »

Et Jésus continue : « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »

Impensable dans notre vie humaine ! On le sait bien, notre vie terrestre a une fin … « Il faudra bien mourir un jour … » comme le dit la chanson …

Mais Jésus parle de la Vie Éternelle … mais ne le dit pas !

Les gens de la foule ne sont pas encore prêts à l’entendre, même si certains parmi eux pensaient à cette possibilité d’une vie éternelle après la mort …

« Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Alors là, c’est le bouquet ! Une nouvelle controverse se met en place : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Jésus serait-il adepte du cannibalisme ? Non, bien sûr ! Mais la pensée de Jésus n’est pas celle de ceux qui l’écoutent. Elle n’est pas à leur niveau …

Alors Jésus leur dit : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »

Bien sûr, nous, nous pensons tout de suite à la cène du jeudi saint ! On a une clef d’interprétation … mais les gens qui écoutent Jésus ne peuvent pas comprendre à ce moment-là ce qu’il dit … Surprenant de la part de Jésus qui n’arrive pas à s’adapter à son auditoire …

À moins que ce ne soit une manière de présenter les choses qui ne soit dûe qu’au narrateur, à saint Jean, qui profite de la multiplication des pains qui venait d’être présentée pour relier la multiplication des pains pour la nourriture terrestre avec le don du corps et du sang de Jésus, offert pour la multitude comme nourriture pour accéder à la vie éternelle … d’autant que saint Jean est le seul des quatre évangiles canoniques à ne pas parler de l’institution eucharistique du jeudi saint, lui préférant le geste du lavement des pieds prônant l’humilité nécessaire pour être accueilli dans le Royaume des Cieux …

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

Une chose qui peut paraître surprenante dans cette phrase sont les différents temps des verbes : Dans la première partie de la phrase, ils sont tous au présent, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que le dernier soit au futur : prendre part à la communion (même si on communie rarement au sang du Christ) nous donnera ou nous permettra d’obtenir la vie éternelle, comme une condition préalable … Mettre le temps au présent signifie que la communion eucharistique, si elle est bien prise en connaissance de cause, avec amour et respect, nous fait participant dès maintenant à la vie éternelle … sauf chute ultérieure …

Cela veut dire qu’il ne faut pas participer à la communion à la légère …

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

Encore une phrase qui nous incite à ne pas faire n’importe comment en allant communier.

Si Jésus demeure en nous, il nous faut faire un peu de ménage en nous … comme quand on reçoit des invités … et ce n’est pas n’importe quel invité …

Et si nous, nous demeurons en Jésus, on ne peut pas se présenter n’importe comment, il nous faut mettre nos beaux atours … mais pas simplement, il faut aussi que l’intérieur soit beau, que notre âme soit, comme on disait avant, en état de grâce.

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. »

Un type de phrase que l’on retrouve souvent chez saint Jean : Ce que le Père est pour le Fils, le Fils l’est pour nous …

Comme un don gratuit fait par amour …

Même si nous ne sommes pas du tout du même niveau … mais c’est Dieu qui se met à notre niveau …

Merveille de l’amour infini de Dieu !

Seigneur Jésus,

c’est un immense cadeau

que tu nous fais :

te mettre à notre niveau !

même si on ne comprend pas toujours tout.

Merci Seigneur de nous donner

de l’importance que nous ne méritons pas !

 

Francis Cousin    

 

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Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité (Jn 6, 51-58) – Homélie du Père Louis DATTIN

Autrefois la manne,

aujourd’hui son Corps

Jn 6, 51-58

 

Si l’on demandait à chaque chrétien pratiquant : « Pourquoi viens-tu à la messe le dimanche ? » nous aurions sans doute des réponses très variées.

 

 

L’un dira : « Pour retrouver mes frères chrétiens, pour faire communauté avec eux ».

Un autre : « Pour m’évader de mes soucis matériels et pour respirer un peu de spirituel car on n’est pas des bêtes, n’est-ce-pas ? »

Un autre : «  Pour écouter le Seigneur qui nous parle par la Bible et l’homélie. Il me semble que chaque semaine, le Seigneur a quelque chose à me dire ».

Un autre : « Pour communier, pour recevoir le Christ car j’en ai besoin pour reprendre courage. »

Un autre dira aussi : « Pour prier, la messe m’aide à prier ; sans la messe, je perdrais l’habitude de prier ».

Dans toutes ces réponses, nous retrouvons les divers bienfaits que nous apporte la messe.

La première lecture d’aujourd’hui nous a rappelé la longue marche, jadis, du peuple d’Israël dans le désert : manquant de tout, Israël avait pris conscience de sa faiblesse, de sa pauvreté. Il n’y en avait qu’un, qu’un seul, qui pouvait intervenir efficacement  et l’aider à s’en sortir : c’était Dieu, Dieu qui l’accompagnait au long de ces étapes terribles, Dieu qui soutenait son peuple dans sa marche vers un pays inconnu mais promis par lui.

Et nous ? Notre vie quotidienne ne ressemble-t-elle pas parfois à une espèce de traversée de désert ? Si l’on additionne nos fatigues, nos problèmes, nos responsabilités diverses, il est des soirées où nous sommes harassés et où nous broyons du noir : nous avons l’impression, à certains moments, d’être dans le tunnel et nous avons beau avancer, continuer à marcher, nous ne voyons pas le bout.  Et nous aussi, tout autant que le peuple hébreu, nous avons besoin de ce compagnon de route qui est là, pour nous accompagner, pour nous soutenir.

* La deuxième lecture nous rappelle que par la messe et la communion, nous formons ensemble : un corps, une seule famille, une même communauté avec tous nos frères chrétiens « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».

L’Eucharistie, c’est vrai, est le sacrement de notre unité.  Lorsque l’assemblée que vous formez, revient de la communion, aussi divers que vous êtes les uns les autres, vous n’êtes plus qu’un, puisque le Christ est présent en chacun d’entre vous. Vous êtes tous, simplement, des cellules du corps du Christ liées ensemble par lui dans cet organisme vital qui s’appelle : l’Eglise.

Le pain, c’est ce qui symbolise le mieux notre nourriture de tous les jours et aussi notre vie. Ne dit-on pas : « Gagner son pain à la sueur de son front », et pour celui qui a beaucoup de travail : «  Il a du pain sur la planche ». Ou encore : « Gagner son pain »,  comme on dit « Gagner sa vie ».

Ce pain, cette hostie, représente donc notre vie de tous les jours, notre famille et notre travail. En fait, elle nous représente nous-mêmes.

Que va dire le prêtre à l’Offertoire ? « Tu es béni, Seigneur, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes. Nous te le présentons »: nous déposons sur la patène toute notre vie de toute la semaine avec ses échecs et ses joies, sa routine et ses surprises, ce qui a bien marché et ce qui a dérapé. Mais plus encore que ce que nous avons fait.  C’est nous-mêmes qui nous présentons au Seigneur.  C’est nous-mêmes que nous offrons au Seigneur tels que nous sommes, avec nos richesses et nos pauvretés, nos acquis et nos manques, avec le bilan d’une bonne ou mauvaise semaine.

.  Que  va  faire  le prêtre  à  la  Consécration ? Il  va  parler  au nom  du Christ. Il va dire : « Prenez et mangez, car ceci (ce pain que nous venons d’offrir, notre vie, notre activité), ceci est mon Corps livré pour vous », et nous chrétiens, nous croyons qu’à partir de ce moment-là, se réalise la présence réelle du Christ ressuscité sous l’apparence du pain consacré.

.  Qu’allons-nous faire à la Communion ? Nous venons justement, nous nourrir de cette présence divine de Jésus en recevant l’hostie.

Alors, pendant un moment, frères et sœurs, réfléchissons.

Jésus veut- il surtout se rendre présent ?  Pas seulement dans l’hostie bien sûr : l’hostie n’est qu’un moyen mais le plus  sûr moyen pour être présent, là, en nous, au cœur de nous-mêmes. Ce n’est pas l’hostie que le Seigneur veut transformer – elle n’est que le moyen que le Christ a choisi pour venir jusqu’à nous et pour transformer, pas l’hostie seulement – mais, nous, bien nous !

C’est surtout en nous-mêmes que Jésus veut habiter : « Celui qui mange de ce pain, je demeurerai en lui et mon Père aussi ». « Nous ferons en lui notre demeure ».

C’est nous-mêmes que Jésus veut transformer par la communion. C’est pourquoi il est si important qu’à l’Offertoire, ce soit nous-mêmes aussi qui soyons  représentés dans cette hostie.  De notre vie, il va en faire la sienne : il prend notre vie et il nous donne la sienne. C’est pourquoi dans la liturgie, on parle souvent de « cet admirable échange » : échange de nos pauvres vies contre la sienne qui vient en nous et qui va nous habiter pour nous diviniser.

C’est nous-mêmes que le Seigneur veut remplir de sa présence.

C’est nous-mêmes dont il veut faire de vrais enfants de Dieu, à l’image de ce qu’il est lui-même, notre frère, modèle et prototype de tout homme.

.  Ce que le Seigneur désire, c’est nous remplir de sa vie, ce qui suppose  auparavant  que  nous  nous  soyons  vidés  de  la  nôtre  pour  l’offrir à celui qui va nous la changer.  Si vous allez chez un teinturier ou dans un pressing pour faire disparaitre des taches à votre veston ou à votre robe, il faudra auparavant apporter le veston ou la robe à cet artisan : sinon, il ne peut rien faire.

Apportez votre vie, à la messe, pour que le Christ la sanctifie et vous la rende divinisée. Et si nous lui apportons une vie en creux, c’est-à-dire en besoin, en manque, en désir d’autre chose, en faim et en soif, alors le Seigneur nous comblera de sa vie à lui pour que, dans la semaine suivante, nous puissions vivre dans l’amour, dans le don de soi, de nous, aux autres, dans l’accueil, dans le pardon, dans la patience, dans le partage et cette ouverture à l’égard de tous, tout comme lui !

Le Christ, dans l’Eucharistie, n’a pas d’autre but que de nous combler de sa vie pour que nous devenions à notre tour d’autres Christ pour notre société actuelle.

Pendant sa vie terrestre, Jésus a fait la joie de son Père. Nous aussi, à notre tour, nous pouvons par notre vie, faire la joie du Christ et de son Père. Oui, la messe c’est une affaire d’amour !  AMEN




Le Saint Sacrement (Jn 6, 51-58) – par le Diacre Jacques FOURNIER

  Vivre par sa foi au Fils de la vie du Fils (Jn 6, 51-58)

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

 

       Dans la Bible, l’homme n’a pas un corps, il est corps. Il n’a pas une âme, il est âme. Il n’a pas un esprit, il est esprit. L’homme est ainsi tout à la fois corps, âme et esprit (1Th 5,23), et lorsque l’on parle de lui avec l’un de ces trois termes, c’est toute la personne humaine qui est évoquée…

            Autrement dit, lorsque Jésus déclare ici, « le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie », il nous révèle qu’il va se donner tout entier, en tout son Être, jusqu’à mourir sur une Croix dans d’atroces souffrances, pour que chacun d’entre nous puisse participer à sa vie, gratuitement, par amour… Et Jésus insiste : le verbe « donner », répété deux fois, était déjà intervenu peu avant : « Le vrai pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous le donne. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6,32-33)… Autrement dit, si Jésus se donne, c’est que le Père lui donne de se donner (Jn 17,1), et le fruit de son offrande sera le don de la vie éternelle proposé gratuitement, par amour, à tout homme de bonne volonté (Jn 17,2)…

            Ce don de la vie ne sera rien de moins qu’une participation à ce que Dieu est en lui-même ! En effet, derrière le « Moi, je suis le pain vivant » de notre traduction liturgique se cache une expression toute particulière, « egô eimi », qui renvoie au Nom divin révélé à Moïse dans l’épisode du buisson ardent : « egô eimi o ôn » (Ex 3,14), soit littéralement « je suis l’étant », avec une insistance toute particulière sur la plénitude d’Être qui est celle de Dieu de toute éternité… Et cette plénitude est « vie », une vie que le Fils reçoit du Père depuis toujours et pour toujours en unique « engendré, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, de même nature que le Père », disons-nous dans notre Crédo. « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), de telle sorte, nous dit ici Jésus, que « je vis par le Père » (Jn 6,57).

            Or, cette plénitude d’Être qui est vie est aussi Esprit : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). Cet Esprit est donc vie, vie de Dieu, vie éternelle… Pour Dieu, donner la vie sera donc donner l’Esprit, donner son Esprit, et ainsi nous donner, à nous les hommes, d’avoir part à son Esprit et donc à sa vie. L’homme est esprit, avons-nous dit au tout début ? L’Esprit de Dieu s’unit à son esprit, et ce mystère d’union, d’amour, est aussi appelé mystère de communion que St Jean évoque ici avec le verbe « demeurer » : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui » (Jn 6,56). Un même Esprit est tout à la fois en Jésus et en celui qui l’accueille avec foi. Un même Esprit, une même vie…




Solennité de la Sainte Trinité (Jn 3, 16-18) – par P. Rodolphe EMARD

Lectures : Ex 34, 4b-6.8-9 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

Dimanche dernier, avec la solennité de la Pentecôte, nous avons clôturé le temps pascal. Depuis lundi, nous sommes entrés à nouveau dans le temps dit ordinaire. Nous sommes le neuvième dimanche de ce temps ordinaire.

Ce temps ne doit pas être considéré comme un temps banal où rien de particulier ne se passerait. C’est le temps pour recueillir et faire fructifier les grâces que nous avons reçues durant le temps pascal, grâce au mystère pascal du Christ que nous avons célébré, sa mort et sa Résurrection.

N’oublions pas durant ce temps ordinaire que tous les dimanches nous célébrons la Pâques du Christ. C’est fête tous les dimanches pour nous chrétiens ! Et pour bien montrer que la fête continue chaque dimanche, l’Église nous donne de célébrer deux solennités, les deux dimanches après la Pentecôte : dimanche prochain, le Saint Sacrement, le Corps et le Sang du Christ et ce dimanche la Sainte Trinité.

La Sainte Trinité, cela peut nous paraître abstrait mais il n’en est rien. À chaque messe, nous célébrons la Trinité. Nous n’avons pas toujours conscience à quel point la Trinité est à l’œuvre :

  • Le Signe de croix que nous ne soignons pas toujours à sa convenance, au début et à la fin de la célébration : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

  • La salutation trinitaire du prêtre qui reprend celle de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. »

  • Le « Gloire à Dieu » est une prière trinitaire : « Jésus Christ, avec le Saint-Esprit dans la gloire de Dieu le Père. »

  • La Trinité est attestée aussi dans la profession de foi en Dieu Père, en son Fils unique et en l’Esprit Saint.

  • La Trinité est à l’œuvre à chaque consécration : « [Père] Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique n°2).

  • La prière eucharistique est trinitaire. Elle est conclue par la doxologie : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit… »

  • La prière du « Notre Père » est également trinitaire. Elle s’adresse au Père. Elle est enseignée par le Fils et saint Paul nous rappelle bien que c’est l’Esprit Saint qui nous fait crier Abba! Père ! (Cf. Rm 8, 15 ; Gal 4, 6).

La Trinité est au cœur de notre vie chrétienne même si nous n’en n’avons pas toujours conscience. Toute la vie chrétienne est orientée vers la vie trinitaire qui nous est promise.

Quand nous évoquons la Trinité, nous évoquons l’existence d’un seul et unique Dieu, en trois personnes. Nous ne sommes pas polythéistes, nous ne croyons pas en trois dieux. Nous sommes monothéistes, nous confessons un seul Dieu, en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il s’agit de la mathématique théologique : 1+1+1 = 1. Il s’agit d’un mystère !

Les lectures nous donnent de pouvoir qualifier qui est le Dieu trinitaire. La première lecture, tirée du livre de l’Exode, présente Dieu comme « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » et qui pardonne nos fautes et nos péchés.

La Sainte Trinité n’est qu’amour ! l’Esprit Saint procède de la relation d’amour entre le Père et le Fils. L’Esprit est l’amour même du Père et du Fils. La Sainte Trinité est une communion d’amour.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous rappelle que Dieu est amour et paix et l’Évangile appuie que Dieu est amour et que l’amour seul : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Que la Sainte Trinité nous donne de pouvoir mieux entrer dans son mystère. Je terminerai sur le signe de la croix évoqué précédemment. Ne le bâclons-pas ! Le signe de la croix est une prière, une signature que nous faisons sur nous et qui nous révèle le Dieu en qui nous croyons : un seul nom, celui du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le signe de croix révèle notre identité de chrétien. Alors faisons sur nous le signe de la croix : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Amen.




La Sainte Trinité – par Francis COUSIN (Jn 3, 16-18)

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »

« Amen ! », « J’y crois ! »

C’est ce que nous disons au début de chacune de nos célébrations, et principalement au début de chaque messe … mais aussi au début et à la fin de notre prière personnelle, ou de nos rencontres entre chrétiens …

On le fait naturellement … et sans qu’on s’en rende compte … on parle de la Trinité !

Un seul Dieu en trois personnes, unis par un Amour inconditionnel …

Et, en même temps que l’on dit ces mots, on fait le signe de la croix, symbole de notre appartenance à la grande foule de tous les chrétiens …

On met notre main droite d’abord sur le front, puis sur notre nombril, et enfin sur chacune de nos épaules, gauche puis droite.

Malheureusement, bien souvent, ce « signe de la Croix » est très mal fait. On le fait à la va-vite, sans réfléchir, sans dire dans son esprit les paroles vont avec … Cela ressemble davantage à un chasse-mouche qu’à un signe de fierté d’appartenir à l’Église… et pour aller plus vite, on ne descend au maximum que jusqu’au plexus … Et dans ce cas, c’est une croix qui ne peut pas tenir debout.

À l’Île-Bouchard, la Vierge Marie a expliqué aux enfants qui la voyaient comment le faire, très lentement, en pensant bien aux paroles qui vont avec. Elle a voulu nous dire que le signe de croix est, en lui-même, une grande et belle prière.

Rappelons le sens du signe de la Croix :

On commence par le front et la parole ‘au nom du Père’, le Père créateur de qui tout ce qui existe, la terre et tout ce qui l’entoure, et notamment les humains : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance … Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme … cela était très bon » (Gn 1,26-27.31).

Puis on descend jusqu’au nombril, signe de l’appartenance humaine (nous sommes les seuls êtres vivants à en avoir un) pour bien montrer que Jésus est en même temps Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, et la parole ‘et du Fils’. Pour cela, on suit une ligne verticale, de haut (les Cieux) en bas (les humains). Cela montre la transcendance entre Dieu et les humains.

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Ensuite on relie les deux épaules, dans une ligne horizontale. C’est la partie immanente du signe, avec les paroles ‘et du Saint Esprit’, celle qui concerne tous les humains, ceux avec qui nous sommes en relation, mais avec l’aide des trois personnes de la Trinité, et principalement du Saint Esprit.

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » (Jn 14,16-17).

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira … Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16,13.15).

Ce signe horizontal nous invite à prendre soin les uns des autres, à ne pas rester seul face à Dieu (même s’il le faut aussi …).

Si on prend le signe de Croix comme une prière, alors il est bon aussi de penser à certaines personnes, connues ou inconnues, qui portent leur croix, comme Jésus, dans leur corps, dans leur vie sociale ou familiale : perte d’emploi, divorce, etc …

 Cela nous rappelle que notre prière ne doit pas simplement être tournée vers Dieu et la Trinité, mais aussi, dans l’amour et la gratitude, unie aux chrétiens ’’crucifiés’’ à sa suite.

Seigneur Jésus,

la manière dont nous faisons

le signe de la Croix

est presque parfois une injure

pour les souffrances que tu as endurées.

Aide-nous à le faire maintenant

calmement et dignement.

 

Francis Cousin    

 

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Image dim Trinité




La Sainte Trinité (Jn 3, 16-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mystère d’un seul Dieu

 Jn 3, 16-18

Un enfant de 11 ans me disait un jour, à la sortie de la messe : « Ça doit être difficile de parler de Dieu ». Sans s’en douter, il rejoignait l’avis des plus grands théologiens.

St-Thomas d’Aquin disait : « Ce que nous ne savons pas de Dieu est bien plus important que ce que nous savons de lui. »

Nous savons par la Bible, par les prophètes et surtout par Jésus-Christ, un tout petit quelque chose de ce qu’on peut dire sur Dieu, un petit rayon de soleil de Dieu et si, un jour, par hasard, quelqu’un vous expliquait Dieu, d’une façon claire, convaincante, évidente : vous pouvez être sûr qu’il s’est fait lui-même un petit Dieu, à la mesure de sa petite intelligence et que ce qu’il vous présente n’est à la fois qu’une caricature et une miniature de Dieu.

Dieu est le « Tout-Autre » et si un jour, vous voulez donner une définition de Dieu, sachez qu’elle ne conviendra jamais parfaitement, comme si on voulait habiller un géant avec les langes d’un nouveau-né.  Dieu est et reste, malgré tout ce que Jésus nous a dit de lui : un mystère. Sans limite d’aucune sorte : il ne peut pas être captif de notre intelligence. Nous ne pouvons pas l’enfermer dans nos formules : tout ce que nous pouvons dire de lui porte la marque de nos propres limites et pourtant, en cette fête de la Trinité, il nous faut quand même tenter de contempler quelque chose de Dieu.

Le mystère de Dieu n’est pas resté une énigme indéchiffrable. St-Luc nous dit que « ce qui est caché aux sages, aux savants, aux intelligents a été révélé aux tout petits » et St-Jean nous rassure en affirmant que « le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous a dévoilé le Dieu invisible ».

Tout  d’abord, nous  disons  fermement « Je crois  en un seul  Dieu, le Père tout puissant » et nous affirmons cette unité de Dieu aussi fortement que les juifs ou que l’Islam : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique ».

Puis, ce « Dieu unique » s’est révélé  » Père « ,  » Fils  » et « Esprit » comme nous le montre le récit de la Pentecôte. Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, il l’a ressuscité des morts. L’Esprit Saint a été manifesté sur Jésus à son Baptême et le Christ ressuscité l’a envoyé d’auprès du Père pour que nous devenions ses enfants : Dieu le Père, Jésus le Fils et le Saint Esprit réalisent ensemble notre salut. C’est ensemble qu’ils nous donnent une vie nouvelle. C’est pourquoi nous sommes baptisés, non pas au nom du Père seul, ni au nom du Fils seul, ni au nom du Saint-Esprit solitaire, mais  » au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Les 3 personnes agissent ensemble en nous parce qu’ils vivent entre eux un amour éternel qui fait la vie du Dieu UNIQUE.

Prenons une comparaison qui nous fera peut-être mieux réaliser ce que peut être le mystère de Dieu. Puisque l’homme est créé à l’image de Dieu, en regardant les relations de l’homme, nous pourrons peut-être, à partir de celles-ci, comprendre un peu mieux celles de Dieu.

Contemplons un jeune ménage : homme et femme, ils sont très amoureux l’un de l’autre. L’homme aime son épouse. Son épouse aime son mari et au paroxysme de leur amour, leur unique désir est de « ne plus faire qu’un« . « De deux, nous dit la Bible, ils ne feront plus qu’un » et c’est l’intensité de leur amour dans un acte unitaire, qui va faire naitre de leur union l’enfant qui produit le fruit de leur amour. Ils ne sont plus qu’un, ils sont trois mais trois qui ne font plus qu’un par l’amour.

L’enfant ne vit que par son père et sa mère, la mère ne vit que par son mari et son enfant, le père ne vit que par son épouse et son fils.

En voyant ce foyer d’amour si uni, on ne distingue plus les personnes qui les composent ; on dira les  » untel » tant leur unité paraît plus grande que leur singularité. C’est l’amour qui les unifie. Leur vie  est  une  » communauté d’amour « .

Ainsi en va-t-il de la Trinité « qu’ils soient ‘’ un ‘’, comme toi et moi, nous sommes un ». « Mon Père vous enverra son Esprit et vous saurez qui je suis », famille divine, communauté d’amour dont la famille, ici-bas, peut nous donner une idée bien modeste et bien lointaine de ce que peut être la nature de Dieu.

₋ Vous savez quelles sont les premières paroles du prêtre à la messe lorsqu’il salue les chrétiens :

 « La grâce de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ».

C’est le résumé de tout ce qu’est Dieu en lui-même et ce qu’il est pour nous : vie de Jésus, amour du Père, communion ou unité de l’Esprit toujours avec nous.

Vie – amour – unité : voilà ce dont nous devons vivre si nous sommes greffés sur la communauté trinitaire et cette greffe-là est animée depuis notre Baptême.

Vie de Jésus-Christ : il vit en nous et il désire y vivre encore plus :

« Voici que je frappe à ta porte : si tu m’ouvres, j’entrerai chez toi, je souperai chez toi et je ferai chez toi ma demeure ».

C’est sa vie qui doit animer la nôtre. Que nous puissions un jour dire comme St-Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est lui qui vit en moi ».

Cette fête de la Ste-Trinité nous rappelle que Dieu est d’abord vie, source de vie en lui-même et en nous. Il y a en Dieu lui-même tout un bouillonnement de vie au point que tous trois font une seule et même vie.

L’amour du Père : déjà la Bible nous avait dit que Dieu c’est l’amour ; St-Jean, dans l’Evangile d’aujourd’hui, nous le répète. Instinctivement nous comprenons ces mots en pensant à nous. Dieu nous aime mais si Dieu est amour pour nous, c’est parce qu’il est d’abord amour en lui-même : communauté d’amour, le Père  aime  le Fils, le fils  aime  le Père et de cet amour mutuel jaillit le St-Esprit dont les théologiens disent qu’il est comme le baiser d’amour du Père et du Fils.

La communion de l’Esprit Saint : la Bible nous dit aussi qu’il est don, communication, communion. La Pentecôte, la fête de la Confirmation : c’est lui qui est le don mutuel du Père et du fils. Nous croyons en un seul Dieu, mais pas en un Dieu solitaire.

C’est parce qu’Il est Trinité qu’Il est vie, amour

et communion en Lui et en nous. AMEN