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Dimanche 1er janvier 2023 – La révélation de Dieu et de notre vocation à tous (Lc 2,16-21) – D. Jacques FOURNIER
Nous l’avons entendu lors de la fête de Noël : à proximité de l’endroit où Jésus était né, « il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » » (Lc 2,8-14).
Une Parole leur est donnée… Vite, ils vont partir à Bethléem pour voir ce qu’il en est effectivement, et tel est l’évangile de ce jour : « Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant » (Lc 2,15-17).
Dieu fait vraiment ce qu’il dit…
Et ce « nouveau né couché dans la mangeoire » est révélation de ce que Dieu est de toute éternité, et donc, pour les hommes, depuis que l’humanité existe, et cela jusqu’à la fin des temps… En effet, nous lisons dans les dernières lignes du passage qui nous est proposé aujourd’hui : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». Or « Jésus » vient de l’hébreu « Jéhoshua » qui signifie « Dieu sauve »… Et le « nom » dans la culture hébraïque, renvoie au Mystère de Celui qui le porte… Or ce Nom lui a été donné « avant sa conception », c’est-à-dire avant que le Fils éternel du Père se fasse chair (Jn 1,14) et entre ainsi dans l’espace et le temps … Il nous dit donc ce que ce Fils « est » de toute éternité : un Sauveur… Et pourquoi ? Tout simplement parce Dieu est ce qu’il est depuis toujours et pour toujours : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). « Dieu nous aime parce qu’il est Amour, et le propre de l’amour est de se donner » (Pape François, audience du mercredi 14 juin 2017), gratuitement, par amour, à tous… « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? Il ne cesse d’être Lumière, pour tous, depuis que le monde existe, « éclairant ainsi tout homme venant dans le monde » (Jn 1,9), « faisant lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons » (Mt 5,45). En effet, « si nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 1,13), il ne peut pas ne pas être ce qu’il est, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même et cela pour le seul bien de celles et ceux à qui il se donne…
C’est ce que nous lisons dans la première lecture (Nb 6,22-27) : « Que le Seigneur te bénisse et te garde », et c’est bien ce qu’il fait pour tout homme, depuis que le monde existe… « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage », et c’est toujours ce qu’il fait pour « tout homme qui vient dans le monde » (Jn 1,9)… « Que le Seigneur tourne vers toi son visage », et il est de fait « tourné » vers tous, sans aucune exception, avec amour… « Et qu’il t’apporte la paix », le grand don de Dieu que Jésus, le Fils, est venu nous révéler : « Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Paix à vous » (Jn 14,27 ; 20,19-22).
Cette première lecture commençait par : « Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël »… Et elle se terminait par : « Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. » Telle est en effet la vocation d’Israël : accueillir et découvrir cette bénédiction du Dieu éternellement bienveillant, pour ensuite faire en sorte que tous puissent l’accueillir à leur tour. Relisons l’appel de Dieu à Abraham : « Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi (on pourrait aussi traduire « par toi ») seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » (Gn 12,1-4)…
Ce Mystère d’un Amour éternellement Bienveillant qui se donne gratuitement pour le seul bien de l’être aimé, est ce qui se vit en Dieu de toute éternité… Le Père n’a ainsi qu’une seule Parole à dire à son Fils, une Parole qui est éternelle, au delà du temps : « Je t’aime »… Et cette Parole est un acte : le Père lui donne tout ce qu’il a, tout ce qu’il est en lui-même, donnant ainsi au Fils d’être lui aussi ce qu’il est : « Lumière née de la Lumière », et cela en Fils Unique Engendré « né du Père avant tous les siècles », et donc avant que le temps n’existe… Réalité éternelle… Le Fils est ainsi l’héritier du Père par excellence : tout ce qu’est le Père, il l’est lui aussi en tant qu’il le reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, gratuitement, par amour… En se faisant chair de la Vierge Marie et en naissant dans le monde, il est ainsi venu « être » parmi nous ce que Dieu « est » de toute éternité, nous révélant ainsi « qui » est Dieu, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même, « Lumière » qui ne cesse de nous rejoindre au cœur de nos ténèbres (Jn 1,5), « vie » qui vient surgir gratuitement, par amour, au plus profond de toutes nos morts, « paix » qui veut régner au cœur même des conséquences en nous de tous nos désordres…
Ce faisant, Jésus est venu révéler aux hommes, à tous les hommes que Dieu aime (Lc 2,14), quelle est leur vocation : être fils « comme » le Fils, être héritier du Père, gratuitement, par amour, « comme » le Fils est héritier du Père gratuitement, par amour, et cela depuis toujours et pour toujours… Et tel est bien ce que St Paul nous dit dans la seconde lecture : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs », cet Esprit même que le Père en personne donne au Fils de toute éternité, gratuitement, par amour, lui donnant ainsi d’être « Esprit » comme lui-même est « Esprit », puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24)… Et ce Don en nous, « cet Esprit » en nous « crie « Abba ! », c’est-à-dire Père, et cela par tous les fruits qu’il apporte à nos cœurs : une paix qui ne vient pas de ce monde, une vie qui, seule, est pleinement, intensément « vie », une Lumière qui n’est que Beauté… Ainsi, « toi aussi, tu es fils, toi aussi tu es héritier » comme le Fils : « c’est l’œuvre de Dieu »…
Et ce Don gratuit de l’Amour aura en nous le même effet qu’il a dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera à la Plénitude même du Fils, nous donnant, à nous aussi, d’être ce que Dieu est de toute éternité, et cela selon notre condition de créatures… Telle est « l’œuvre de Dieu », l’œuvre de l’Amour Tout Puissant à qui rien ne résiste, qui ne se laisse vaincre par aucune forme de ténèbres, et dont la vie est victorieuse de toutes nos morts…
Bonne année 2023 !!!!
D. Jacques Fournier
Dimanche 1er janvier 2023 – Marie, Mère de Dieu (Lc 2,16-21) – Francis COUSIN
« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.. »
Marie, par son « oui » à l’annonce de l’ange Gabriel, avait accepté de faire partie du plan de Dieu, rejoint en cela par Joseph à qui elle avait été promise en mariage …
Mais comment ?
Un premier événement va lui apporter une première idée de ce plan de Dieu : la visite des bergers la nuit même de la naissance de Jésus.
Pourquoi, en pleine nuit, viennent-ils … non pas la voir, ni Joseph … mais le voir lui, le petit nouveau-né ?
« Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. » : Ils racontèrent l’ange, la lumière, leur peur, sa parole « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, (…) Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. », et puis le chœur des anges qui chantait « Gloire à Dieu … »
Pourquoi eux, des bergers ? … des gens frustres, peu recommandés … qui vivent à l’écart des autres personnes … ?
Mais ce qu’ils disent complète et confirme ce que l’ange Gabriel lui avait dit …
Marie réfléchit : « Cela veut dire que les bergers, ces personnes simples à tout niveau, des personnes qu’on ne fréquente pas habituellement, avec des gestes et des paroles empruntées, mal à l’aise … mais qui parlent si merveilleusement de ce qu’ils viennent de vivre avec les anges … ceux-là aussi font partie du plan de Dieu … ! »
Et là encore, comment ?
Comment sont-ils signes de la manière que Jésus va les utiliser dans sa mission ?
Marie poursuit sa réflexion … « Si Dieu a fait dire à ces bergers de venir voir l’enfant, eux plutôt que des gens instruits et bien incérés socialement, c’est que ces petites gens sont importants pour Dieu … et donc pour son fils. ».
Et donc Marie conclut que …en tant que maman de Jésus, c’est à elle, avec l’aide de son époux Joseph, d’apprendre à Jésus, par leur exemple à tous les deux, et dès son plus jeune âge, à prendre soin des petits, des faibles, des malades … « des veuves et des orphelins » … à avoir du respect pour toutes ces personnes …
« Marie … retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur… »
« Dieu demande à Marie, non seulement d’être la mère de son fils unique, mais aussi de coopérer avec le Fils et pour le Fils au plan du salut, afin qu’en elle, humble servante, s’accomplissent les grandes œuvres de la miséricorde divine. » (Pape François, 1 janvier 2017)
« Merci, ô sainte Mère du Fils de Dieu Jésus, Sainte Mère de Dieu !
Merci pour ton humilité qui a attiré le regard de Dieu ;
merci pour la foi avec laquelle tu as accueilli sa Parole ;
merci pour le courage avec lequel tu as dit « me voici »,
dans l’oubli de toi-même, fasciné par le Saint Amour, faite un avec ton espérance.
Merci, ô Sainte Mère de Dieu !
Prie pour nous, pèlerins dans le temps.
Aide-nous à marcher sur le chemin de la paix. Amen. »
(Pape François, 1 janvier 2017)
« Sous ta protection
nous nous réfugions,
Sainte Mère de Dieu :
ne méprise pas nos prières
quand nous sommes dans l’épreuve,
mais délivre-nous de tous les dangers,
ô Vierge glorieuse et bénie. »
Francis Cousin
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Image dim Marie, mère de Dieul A
Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu (Lc 2, 16-21), et bonne année à tous (DJF et toute l’équipe du Sédifop).
Marie, Mère du Sauveur
(Lc 2,16-21)
En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.
Un peu plus de neuf mois se sont écoulés depuis la visite de l’Ange à Marie, chez ses parents, à Nazareth… « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus », un nom qui, en araméen, signifie « Dieu sauve »… Cette rencontre fut, pour Marie, un moment intense de Lumière et de Joie. Elle s’en souviendra avec sa cousine Elisabeth en disant : « Mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur ». Et elle le louera, car il lui a été donné de percevoir « Qui » Il Est : « Miséricorde Toute Puissante » (Lc 1,46-55)…
Mais maintenant, cet instant de Lumière est fini, et Marie chemine comme nous tous, « dans la foi et non dans la claire vision » (2Co 5,7)… En toute liberté, elle a dit « Oui ! » à l’Ange et Dieu a commencé son œuvre… Avec elle et par elle, le Fils, présent au monde depuis qu’il existe, est entré dans l’histoire en vrai homme, et Marie, fidèle servante du Seigneur, a obéi aux Paroles transmises par l’Ange et l’a appelé « Jésus », « Dieu sauve »… Maintenant, son cœur est brûlé d’attention, ses yeux sont tournés vers ce Mystère de Salut qui, pas à pas, s’accomplira avec son enfant et par lui. Mais elle le découvrira au fur et à mesure qu’elle le vivra. Et l’aventure tout commence tout de suite avec les bergers…
Voici donc des bergers qui viennent la visiter. Les Pharisiens les méprisaient car ils les considéraient comme des voleurs. Ils disent avoir vu eux aussi un Ange qui leur a dit : « Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le Peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur »… Cette fois, Marie n’a rien vu, rien entendu, mais elle se souvient de la joie qu’elle a vécue elle aussi en accueillant l’Ange, et de ce nom qu’il fallait donner à l’enfant à naître : « Jésus, Dieu sauve »… Alors, « elle médite dans son cœur »… Littéralement, elle « met ensemble tous ces éléments » : déjà, alors même que son Fils vient de naître, et qu’il n’est encore qu’un tout petit bébé dans ses bras, des bergers viennent à lui et commencent à vivre en leur cœur la lumière et joie du salut. Oui, vraiment, Dieu le Père est déjà à l’œuvre avec et par son Fils, pour sauver tous les hommes qu’il aime. Plus tard, Jésus dira : « Nul ne peut venir à moi si mon Père qui l’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44). Et lorsque Pierre lui dira : « Tu es le Christ », le Messie, le Sauveur, Jésus lui répondra : « Bienheureux es-tu Pierre, car cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les Cieux » (Mt 16,17). Et « c’est bien la volonté de mon Père que quiconque », Pierre, les bergers, « voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » (Jn 6,40). Il aura suffi aux bergers de voir ce petit bébé qui ne pouvait encore que gazouiller, de lui ouvrir leur cœur, et la joie du salut les inondait… Joie des bergers, joie de Marie qui constate déjà à quel point son Fils est « le Sauveur du monde »…
Dans cette certitude, bonne année à tous et à toutes, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés « (1Tm 2,4-6). Nous l’avons chanté pour Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à tous les hommes que Dieu aime » (cf. Lc 2,14) car « son Amour envers nous s’est montré le plus fort » (Ps 116), plus fort que tout ce qui pouvait nous empêcher d’être pleinement en relation avec Lui : nos péchés, nos faiblesses, nos misères… Puissions-nous tous, tout lui offrir, et la Paix règnera…
DJF
Nativité de Jésus (messe du jour de Noël) – par Claude WON FAH HIN (St Jean 1, 1-18)
Commentaire du Dimanche 25/12/2022 – Messe du jour de Noël
Isaïe 52,7–10 ; Hébreux 1,1–6 ; Jean 1,1–18
« Dieu dit et cela fut », (Ps 33,9) « Il parle et cela est, il commande, et cela existe ». Dieu a créé le monde par sa parole, par son Verbe. Et Jean nous dit (Jn 1,1) : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu ». Dieu crée donc par la Parole, et cette Parole c’est le Verbe et c’est Dieu le Fils, expression parfaite du Père, image du Dieu invisible. Saint-Paul dans la deuxième lecture du jour nous le rappelle (He 1,2) : « Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par un Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les mondes, c’est-à-dire les deux mondes : le monde visible, présent, terrestre, établi dans le temps, et le monde invisible, hors du temps, le monde de Dieu. Dieu le Père crée « tout » par son Fils Jésus, les êtres inanimés et les êtres vivants: Ciel, terre, mer, la nature etc… et Il crée l’homme à son image. Il donne la vie à tout ce qui existe par son souffle, l’Esprit Saint, qui est Amour et qui met la vie en mouvement. Et parce que la vie des hommes est mise en danger par le péché, Dieu le Père envoie la Vie, c’est-à-dire le Christ, pour renouveler en nous notre vie pécheresse par une vie saine et sainte. Et c’est une nouvelle création. Le premier mot de Saint Jean est « au commencement », c’est une création nouvelle par le Christ envoyé parmi les hommes pécheurs, suite à la première création de la Genèse. Entre les deux créations, apparait comme une sorte d’énorme inclusion, comme une sorte de parenthèses à l’intérieur desquelles il est raconté la vie de ce peuple choisi par Dieu et qui retourne sans cesse à l’idolâtrie (le plus connu étant le Veau d’Or) et dénoncé à chaque fois par les prophètes, annonçant, par la même occasion, la venue d’un Sauveur. Un monde difficile, infidèle à Dieu, un Dieu Amour sans cesse miséricordieux, reprenant mille fois son peuple, avec douceur et tendresse, pour le ramener à Lui. C’est pourquoi, Dieu a mis dans ce peuple de pécheurs, des messagers de Dieu, des guetteurs, ou encore des guides spirituels qui vont agir de différentes manières. Is 56,10-12 nous explique qu’il y a des guetteurs aveugles, c’est-à-dire selon la note de la TOB, des responsables aveugles qui ne savent rien, ne voient rien, ne sachant rien discerner et suivent leur propre chemin; Ez 3,17-21 intervient au niveau de chaque fidèle de Dieu: « Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. 18 Si je dis au méchant: Tu vas mourir, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. 19 Si au contraire tu as averti le méchant et qu’il ne s’est pas converti de sa méchanceté et de sa mauvaise conduite, il mourra, lui, de sa faute, mais toi, tu auras sauvé ta vie. – 20 Lorsque le juste se détournera de sa justice pour commettre le mal et que je mettrai un piège devant lui, c’est lui qui mourra; (et) parce que tu ne l’auras pas averti, il mourra de son péché et on ne se souviendra plus de la justice qu’il a pratiquée, mais je te demanderai compte de son sang. 21 Si au contraire tu as averti le juste de ne pas pécher et qu’il n’a pas péché, il vivra parce qu’il aura été averti, et toi, tu auras sauvé ta vie ».
Et enfin, le 1er texte d’aujourd’hui (Is52,7-10) parle des guetteurs qui élèvent la voix, poussent ensemble des cris de joie, car Dieu revient à Sion, dans la nouvelle Jérusalem qui est le peuple de Dieu, c’est la venue du Christ-Dieu, au milieu non seulement de son peuple mais aussi dans toute l’humanité. C’est tout le peuple de Dieu, tous ensemble, qui se réjouit à la venue de Dieu parmi les hommes. « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ». « 4 Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, 5 et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. 9 Il était la lumière véritable, qui éclaire tout homme, venant dans le monde. 10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli ». En 2022, sur les 7 600 000 000 d’habitants, 2 600 000 000 sont chrétiens dont plus de la moitié composée de catholiques (soit 1 360 000 000 selon les statistiques du Vatican en 2022, soit une augmentation de plus de 15 200 000 par rapport à 2021). Malgré une progression de catholiques et de chrétiens dans le monde, le plus grand nombre n’a pas encore accueilli Jésus. C’est pourquoi l’évangélisation a encore beaucoup à faire. C’est la mission que Jésus nous a confiée parce qu’ayant reçu Jésus en notre cœur, nous avons en nous la lumière qui éclaire le monde. Et nous devenons « lumières du monde » (Mt 5,14). Les uns illuminent le monde par la parole, d’autres par les prières et les chants, par leur bonne conduite, d’autres encore par la pratique des sacrements dont l’eucharistie qui est offerte en salut pour le monde entier, sans oublier tous ceux qui, par amour de Jésus et du prochain, s’occupent des plus petits de la terre et de bien d’autres manières encore. « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux…qui furent engendrés de Dieu ». Croire en son nom, c’est croire dans le nom du Fils de Dieu, c’est reconnaître et invoquer avec confiance la puissance de la personne même de Jésus. Parfois, les catholiques pensent que le nom de Jésus est banal, c’est juste son nom. Mais pour les esprits du mal, lorsqu’un chrétien cite le simple nom de Jésus, cela les fait extrêmement souffrir et cela les fait fuir. « Devenir enfant de Dieu » est une initiative de Dieu, personne ne peut devenir enfant de Dieu par lui-même, c’est un cadeau de Dieu. Et tout ce qui vient de Dieu est cadeau, grâce de Dieu. Le chrétien, qui vit réellement de Dieu, finira un jour ou l’autre par admettre que « tout est grâce de Dieu », tout, dans sa vie, est grâce de Dieu ». A partir de ce moment-là, il arrêtera de se dire ou de penser qu’il est quelqu’un d’important ou de nécessaire dans l’église, il fera simplement les choses, malgré ses défauts, avec autant de compréhension et d’amour. Il n’a nul besoin de « se faire une place dans l’église » comme le disent certains, car cela n’a aucune importance pour lui, il cherchera à vivre simplement, et du mieux qu’il peut, sa vie de chrétien, dans l’amour et la paix de Dieu. Pour lui, il a fait le choix, une seule direction : le Christ, et c’est tout, parce que c’est là qu’est la « place » de tout chrétien.
La Vierge Marie est vraiment un exemple pour tous les chrétiens. Du temps de Jésus sur terre, elle s’est effacée devant Jésus, et on parle davantage des apôtres que de Marie alors qu’en dignité, elle est juste après le Christ car elle n’a pas de péché. Elle n’a pas revendiqué « une place » dans la formation de l’Eglise, mais elle avait, malgré tout, toute sa place dans le cœur de Jésus et le respect de tous les apôtres. On connaît très peu de choses sur Marie. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit : « Dieu…a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans son … assomption, à l’égard de presque toute créature humaine. Dieu le Père a consentit qu’elle ne fît point de miracle dans sa vie, du moins qui éclatât, quoiqu’il lui en eût donné la puissance. Dieu le Fils a consenti qu’elle ne parlât presque point, quoiqu’il lui eût communiqué sa sagesse. Dieu le Saint-Esprit a consenti que ses Apôtres et ses Evangélistes n’en parlassent que très peu et qu’autant qu’il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu’elle fût son Epouse fidèle ». Et nous, pauvres pécheurs, on veut éclater, briller aux yeux du monde, ou des paroissiens. Elisabeth de la Trinité nous dit (Ecrits spirituels – P.43) : « C’est si bon la solitude et le silence…Je sais bien qu’au-dedans on peut toujours avoir cela, car, quand le cœur est pris, qui pourrait le distraire? Le bruit n’arrive qu’à la surface, mais au fond il n’y a que Lui! … Détachons-nous de tout. Qu’il n’y ait plus que Lui, Lui seul ». Saint Maximin (introduction des Ecrits Spirituels d’Elisabeth de la Trinité) explique (P.9) que « les événements extérieurs passent au second plan dans cette existence toute recueillie au-dedans d’une âme de silence, attentive à demeurer à travers toutes choses « éveillée en sa foi », en communion continuelle avec le Dieu vivant ». Saint Jean de la Croix exprime la même chose (Œuvres complètes – Tome II – P. 1017) : « Ne tenez aucun compte des choses du dehors, puisque Dieu vous en a retiré et déchargé ». La vie extérieure du chrétien ne fait qu’exprimer souvent ce qu’il vit à l’intérieur de lui-même. S’il grogne contre tout le monde, c’est que l’intérieur de son âme aussi n’est pas tranquille, et s’il n’est pas tranquille, c’est qu’il n’a pas la paix, et s’il n’a pas la paix en lui, cela signifie que Dieu n’est pas en lui, car Dieu est Paix. S’il veut paraitre aux yeux des autres pour avoir de la reconnaissance et l’honneur, c’est sans doute qu’il lui manque l’humilité, le détachement des choses du monde, le dépouillement de soi-même. Et s’il sème la division, sachez que le père de la division n’est autre que ce serpent qui a divisé et semé le trouble entre Adam et Eve. Il faut alors qu’il change de direction s’il veut vivre sa vie de chrétien, fidèle au Christ, et prendre le chemin qui mène au Christ, au Royaume de Dieu qui est justice, paix et joie (Rm14,17-19). C’est pourquoi les véritables guetteurs « élèvent la voix et ensemble, ils poussent des cris de joie », ensemble, dans l’unité.
Veillez bien à cela ! La division, vouloir « être plus ou mieux que les autres » c’est l’esprit du mal alors que la tolérance, l’unité, la joie et l’humilité, c’est le Christ. « Etre enfant de Dieu » implique de reconnaître les signes qui permettent de dire si on est toujours dans une attitude d’enfant de Dieu ou non. A chacun de bien y veiller, surtout en ce qui concerne soi-même car c’est la « gloire de Dieu » seule qui doit être mis en avant. Nous sommes tous pour la gloire de Dieu, et celle-là seulement, en tout cas c’est ainsi que nous devons être, « afin que, selon Rm15,6, d’un même cœur et d’une même bouche, nous glorifiions le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Jésus, venant parmi les hommes en ce jour de Noël, nous fait connaître le Père parce qu’il est Lumière des hommes. Sa lumière va même luire jusque dans les ténèbres, et c’est pourquoi il était au rendez-vous à l’intérieur même de leur fief, au beau milieu de leurs spécialités, au sein même des situations dans lesquelles ils sont passés maîtres : le péché et la mort, afin de relever le défi de la mort et vaincre, par son sacrifice et donc par son amour, le monde des ténèbres, nous libérant ainsi de l’esclavage du péché et de la mort éternelle (enfer). Noël est un moment de joie pour tous, avec la venue du Sauveur sur qui nous pouvons nous appuyer pour avancer car, nous dit Paul, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Dans ce monde du mensonge, de la corruption en tous genres, de la malhonnêteté, des marchands de vent, et où les gens s’appauvrissent de plus en plus et n’ont plus le moyen de vivre décemment, où les lois anti-chrétiennes pullulent, où l’inflation galope artificiellement, où le système de santé se dégrade de manière non naturelle, où les fausses informations audiovisuelles sont partout, le tout au profit que quelques personnes les plus riches de la terre, nous, chrétiens du monde, nous continuons à mettre notre confiance en Jésus-Christ plus que jamais, Lui qui nous dit « ne vous inquiétez pas pour votre vie » (Mt 6,25), « ne vous inquiétez pas du lendemain (Mt 6,34). Et nous lui faisons confiance, exactement comme Marie, notre Mère, qui était la seule à avoir entièrement confiance en Jésus avant que ce dernier, à Cana, ne fasse le miracle de la transformation de l’eau en vin.
Marie, Mère de Dieu, notre Mère à tous, mais aussi notre modèle, merci de nous aider à avoir foi en Jésus-Christ.
Nativité de Jésus – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-14)
« Aujourd’hui, dans la ville de David,
vous est né un sauveur qui est le Christ. »
Quelle grande joie !
Après quatre semaines d’Avent pour préparer nos cœurs à cette fête, elle est enfin là, en ce soir de Noël.
Passer de la tristesse à la joie !
Passer des ténèbres à la lumière !
C’est ce que nous dit le prophète Isaïe dans la première lecture : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi. »
Ce que nous dit aussi Zacharie en parlant de son Fils, Jean-Baptiste, précurseur de Jésus : « Tu prépareras ses chemins (…) pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort. » (Lc 1,76.79).
Et tous les deux donnent la raison, l’origine de cette naissance de Jésus : « Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers ! » (Isaïe), et « Grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu. » (Zacharie).
Oui, Dieu, qui n’est qu’amour, nous a donné il y a quelques deux mille ans, son Fils unique, Jésus, uniquement par amour pour son peuple, pour le monde …
Oui, « L’amour a fait les premiers pas … » de notre histoire divine …
Et dès la première nuit sur terre de Jésus, son Père montrera ce qu’il deviendra ensuite : une personne attentive aux petits : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 5,17). Il le fera en envoyant les anges annoncer aux bergers des alentours la naissance de Jésus, et en chantant « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. ». Les bergers n’étaient pas des personnes bien vues, ils vivaient seuls avec leurs moutons ou leurs chèvres, en dehors des villages, avec très peu de liens avec leurs habitants …
Et quel est le signe donné par les anges pour reconnaître le Messie ?
« Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Qui s’attendait à ce que le Messie soit un nouveau-né ? …
Et qu’on le trouve dans une mangeoire ? …
Personne !
Sauf les plus-petits, ceux qui ne tergiversent pas, qui croient ce qu’on leur dit … même au plein milieu de la nuit …
« Je te remercie, Seigneur ; ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » (Mt 11,25-26)
Alors, les bergers « se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. »
Finis les chœurs angéliques. Finies les annonces.
C’est le silence qui les accueille !
Le silence de Marie et de Joseph, tout émerveillés à la vue de l’enfant-Dieu, qui se demandent encore comment cet enfant, le Fils de Dieu, a pu leur être confiés …
Le silence des bergers qui sont tellement émus qu’ils ne trouvent rien à dire devant cet enfant qu’on leur a dit être le Messie …
Et le silence de Jésus, le ’’Logos’’ à l’origine du monde, le Verbe fait chair, qui se repose béatement …
Le silence … car, que dire devant un tel évènement ?
Dieu s’est fait homme comme un petit enfant … Il a accepté de prendre notre humanité, non pour s’humilier, mais pour nous faire grandir en divinité … « pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » (deuxième lecture).
Prenons un moment de silence pour faire résonner en nous ce moment extraordinaire où Dieu, en la personne de Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, est venu parmi nous …
Seigneur Jésus,
Tu es venu chez nous comme un enfant,
dans le silence d’une étable,
reposant dans une mangeoire,
Toi, le pain de Vie …,
et à Bethléem, la ’’maison du pain’’,
dans l’humilité la plus profonde.
Aide-nous à être, comme Marie et Joseph,
tes humbles serviteurs.
Francis Cousin
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Image dim Noël A
Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de la nuit) – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 1-14)
« Aujourd’hui vous est né un Sauveur »
En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »
Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, avec Marie pour aller à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire d’animaux par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.
D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).
Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !
Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre au dernier jour du monde… Et Marie recevra au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…
Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) ! DJF
Solennité de la Nativité du Seigneur (messe du jour – Jn 1, 1-18) – Homélie du Père Louis DATTIN 1-18)
Le cadeau de Dieu
Jn 1, 1-18
Noël, fête des cadeaux : vous savez par expérience que lorsque vous offrez un cadeau, vous avez soin de le présenter avec un bel emballage qui va mettre en valeur ce que l’on donne. Mais le plus important, ce n’est quand même pas l’emballage, c’est le cadeau qui est à l’intérieur : eh bien ! C’est la même chose pour la fête de Noël ! Elle se présente à nous avec tout un emballage : les lumières, les guirlandes, les sapins illuminés, les vitrines particulièrement bien achalandées, les airs traditionnels de Noël qu’on entend partout. Tout cela est bel et bon, mais attention : ce n’est que l’emballage de Noël, le plus important, c’est le cadeau qui est à l’intérieur.
Or, certains chrétiens vivent Noël comme si l’emballage était le cadeau lui-même. Ils admirent la présentation, se contentent de dire « Joyeux Noël » en regardant les petits rubans dorés et le beau papier clinquant et n’ouvrent même pas le paquet !… Ils se contentent de l’extérieur et ne vont même pas défaire tout cet emballage pour voir ce qu’il y a dedans.
Ce qu’il y a dedans ? Le cadeau : c’est Dieu lui-même qui nous l’offre, en se donnant à nous gratuitement. Nous, nous donnons des cadeaux qui sont extérieurs à nous, des choses qui sont les symboles, les supports extérieurs de ce que nos sentiments veulent dire : la reconnaissance, l’amitié, l’amour, la sympathie.
On donne des cadeaux aux autres parce que nous ne pouvons pas nous donner nous-mêmes. Dieu, lui, ne donne pas, il se donne. Il n’offre pas quelque chose, il s’offre, lui. Ses dons : c’est toujours lui, à Noël, il ne nous donne rien, il se donne, à la Croix, il ne nous offre rien : il s’offre, à l’Eucharistie. Là, encore, il ne peut rien nous donner que lui-même : « Ceci est mon Corps livré pour vous ».
Le cadeau de Dieu, c’est toujours Dieu lui-même. Jésus, nous le rappellerons dans le « credo », tout à l’heure, Jésus est né à Bethléem, de la Vierge Marie, Fils du Père éternel. Verbe : Parole de Dieu qui est depuis toujours auprès de Dieu. Par Jésus, qui est né sur notre terre il y a plus de deux mille ans, le Fils de Dieu n’est plus simplement auprès du Père. Par Jésus, Dieu est maintenant auprès de nous, avec nous : il est appelé « Emmanuel » Dieu avec nous.
Telle est la grande nouvelle de Noël : Dieu vient vivre avec nous. Désormais, il est l’un de nous ; parmi nous, il se fait homme parmi les hommes et il nous dit « Je suis avec vous, jusqu’à la fin des temps ».
Dernièrement, au cours d’une rencontre avec des croyants qui étaient soucieux de faire passer leur foi auprès des incroyants, quelqu’un disait : « Il y a des mots qu’on ne peut plus prononcer, comme le mot « Dieu » car ils sont piégés : ils évoquent des choses radicalement différentes dans la tête des gens. Pour les uns, c’est un mythe utile pour faire obéir les enfants. Pour d’autres, c’est un être lointain, mystérieux, plus ou moins favorable à notre égard. Pour beaucoup, il est celui que l’on prie quand on a quelque chose de difficile à réussir ».
Noël : c’est justement ce qui vient désarmer et démonter les idées que nous avons sur Dieu parce qu’à partir de maintenant, nous savons qui est Dieu : il est petit, il est pauvre, il naît la nuit, dans un mauvais abri parce qu’il est un réfugié rejeté.
Il aura toujours un faible pour les pécheurs, les infirmes, les lépreux, ceux que l’on méprise ; un faible pour les non-violents, les simples, les artisans de paix, les cœurs purs, les partageux, ceux qui sont dans la mouise et c’est pour eux, d’abord, qu’il est venu parce que les autres, ils n’avaient pas besoin de lui et qu’ils n’ont jamais crié « Venez divin Messie », ils se suffisaient à eux-mêmes avec leur bonne conscience et leurs bonnes œuvres.
Noël, c’est Jésus qui vient nous dire, à nous tous qui avons un vide dans le cœur, un creux, une attente, une faim : « Toi aussi, tu es aimé de Dieu. Toi aussi, tu es un fils de Dieu. Désormais, je t’accompagne. Je suis avec toi, auprès de toi.
Tu n’auras même pas à lever la tête pour me prier, tu n’auras qu’à regarder à côté de toi : je serai là. Je deviens ton compagnon de vie. Mieux encore, si tu es baptisé, si tu communies, je ne serai pas à côté de toi, mais en toi. Je serai la vie de ta vie, l’amour de ton amour, les yeux de ton regard, les mains ouvertes de tes bras et de ton cœur ».
Dieu dans mes pas : un Brésilien, de Barros, a écrit ce poème que je me permets de vous lire :
« J’ai fait un rêve, la nuit de Noël. Je cheminais sur la plage côte à côte avec le Seigneur. Nos pas se dessinaient sur le sable, laissant une double empreinte : la mienne et celle du Seigneur. L’idée me vint, c’était un songe, que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie. Je me suis arrêté pour regarder en arrière : j’ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin mais je remarquais qu’en certains endroits, au lieu de deux empreintes, il n’y en avait plus qu’une. J’ai revu le film de ma vie : ô surprise, les lieux de l’empreinte unique correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence, jours d’angoisse, jours d’épreuve et de doute, jours insoutenables, jours où, moi aussi, j’avais été intenable. Alors, me tournant vers le Seigneur, j’osais, lui faire des reproches : » Tu nous as pourtant promis d’être avec nous tous les jours ! Pourquoi n’as-tu pas tenu ta promesse ? Pourquoi m’avoir laissé seul aux pires moments de ma vie, aux jours où j’avais le plus besoin de ta présence ? «
Mais le Seigneur m’a répondu :
« Mon ami, les jours où tu ne vois qu’une trace de pas sur le sable, ce sont les jours où je t’ai porté ».
Dieu, plus intime à moi, que je ne le suis à moi-même.
C’est lui notre force, notre orientation.
C’est lui qui nous fait tenir debout à certains jours et même qui nous porte lorsque nous n’en pouvons plus !
Oui, le Vrai Dieu, mon Père, il est ainsi. Il n’attend pas que vous reveniez à lui, c’est lui, à Noël, qui vient à vous, le premier, pour vous remettre debout et refaire de vous, ses fils !
C’est cela l’amour, humble, discret, effacé : ce petit enfant emmailloté et couché dans une mangeoire.
Même si vous ne l’aimez pas, lui, il vous aime ! Jésus rencontrera surtout des hommes aux prises avec la souffrance, la maladie, des hommes méprisés, exclus ; lui-même sera insulté, avili, condamné comme pour nous dire : « Dieu est là, avec vous qui souffrez. Vous aussi, vous surtout, vous êtes ses fils ! »
Même si vous ne soupçonnez pas sa présence, sachez-le, Dieu n’a jamais été aussi proche de vous. Depuis Noël, où Dieu vient se faire l’un d’entre nous, et le plus petit, il n’y a plus de frontières entre l’homme et Dieu : tel est le merveilleux cadeau de Dieu à Noël.
Par Jésus, Dieu se révèle comme le Dieu-amour dont l’angoisse est de voir ses enfants se perdre, mais dont la joie et sa gloire est de les voir revivre, se remettre debout, redevenir des hommes libres et maîtres de leur destin. C’est un cadeau gratuit, sans mérite de notre part. AMEN
4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 1, 18-24)