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« La vigne du Seigneur de l’univers,
c’est la maison d’Israël. »
Ou plutôt, on devrait dire « c’était », puisque depuis que Jésus est venu sur terre, « la vigne du Seigneur », c’est l’Église.
Troisième dimanche d’affilée où Jésus parle de vigne, en fait trois paraboles qui se suivent dans une même rencontre avec les grands prêtres et les anciens du peuple, le lundi qui précède la Pâque et la mort de Jésus sur la croix … et qui préfigure justement celle-ci.
On ne peut réparer ce passage de l’Évangile de celui du prophète Isaïe de la première lecture, que tous connaissaient, aussi bien Jésus que ses contradicteurs du jour.
Dans les deux cas, l’ami d’Isaïe ou le maître du domaine de Jésus représente Dieu, qui aime sa vigne et qui en prend grand soin : la terre est retournée, bêchée, épierrée, entourée d’une clôture, avec un pressoir et une tour de garde … pour éviter que des intrus ne viennent y prendre des raisins …
Dans le texte d’Isaïe, malgré un « plant de qualité », la vigne ne donna que de mauvais raisins … Déception de son ami, du propriétaire de la vigne qui, dégouté, se propose d’enlever la clôture et de laisser la vigne à l’abandon …
« Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. » (Is 5,7).
Dans l’évangile, après avoir bichonné sa vigne, et louée celle-ci à des vignerons, le maître pars en voyage. Il fait totalement confiance à ses vignerons … L’amour de Dieu est total, il ne fait pas de commentaires : il faut faire-ci, il faut faire-ça. Pour lui, le bon-droit et la justice sont évidents …
Les choses se gâtent quand vient le temps du paiement de la location. Les vignerons refusent de payer : le maître est loin … ils font ce qu’ils veulent … en fait, ils se sont appropriés la vigne … et les serviteurs en font les frais : galets … coups … meurtres. Pareil avec d’autres plus nombreux …
Ces serviteurs, ce sont les prophètes, envoyés par Dieu auprès du peuple d’Israël, comme Isaïe qui se plaignait que le droit et la justice se soient pas respectés.
Alors le maître « leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils”. »
Et c’est là où tout s’éclaire pour les auditeurs : le fils dont parle Jésus, c’est lui-même, et les grands prêtres et les anciens l’ont bien compris puisqu’ils l’avaient accusé de blasphème en se prenant pour Dieu.
Mais les vignerons tuèrent le fils … comme Jésus, quatre jours plus tard, par l’intermédiaire des Romains …
Et comme Jésus leur demande quelle sera la réaction du maître de la vigne, ils répondent crânement : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Dieu ne les a pas tués, bien sûr, mais il a confié sa vigne à d’autres vignerons : « Ceux qui écoutent sa Parole et la mettent en pratique. » (cf Lc 11,28), ceux qui sont sa nouvelle famille : les baptisés de son Église.
Il serait trop facile de ne penser que cette parabole ne concerne que les grands prêtres et les anciens.
Ces paraboles nous concernent tous, en tout temps et en tout lieu …
Et cela nous invite à nous poser questions, à nous qui sommes baptisés :
Est-ce que nous écoutons toujours les paroles de Jésus, toutes, et pas seulement celles qui nous intéressent, qui sont faciles à suivre ?
Est-ce que nous les mettons toujours en pratique ? (Cf Jc 2,17-18)
Est-ce que nous « prions et supplions, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu nos demandes. » ? (cf 2° lecture)
Est-ce que « tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela », est-ce que nous les prenons en compte dans nos décisions ? (cf 2° lecture)
Dieu de l’univers reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante,
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !
Seigneur, Dieu de l’univers, fais-nous revenir ;
que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés.
Psaume 79
Francis Cousin
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Les lectures de ce 26ème dimanche nous invitent une fois de plus à convertir nos faux jugements.
Dans la première lecture, le prophète Ézékiel s’adresse au peuple Juif qui a été déporté loin de sa terre natale. Beaucoup pensait que cet exil dans les territoires païens était à cause des fautes des générations passées. Le prophète met réagit contre cette mentalité : il rappelle et ramène chacun à ses responsabilités.
Nous pouvons tirer une leçon de cette lecture : nous avons-nous-aussi à changer nos mentalités ! N’alimentons pas ces tendances à rechercher des boucs émissaires à tous les problèmes que nous rencontrons. N’accusons pas trop vite les autres et encore moins Dieu : « La conduite du Seigneur n’est pas bonne. » Il peut nous arriver dans nos déboires de penser que Dieu n’agit pas bien envers nous, qu’il ne nous comprend pas ou qu’il est il est injuste avec nous.
Chacun est invité à reconnaître ses propres responsabilités dans les situations que nous vivons, sommes-nous certains que notre conduite est toujours bonne ? Comme le suggère la première lecture, nous pouvons nous demander en vérité si certains de nos comportements ne se détournent pas de la justice de Dieu ? Nous reprochons souvent aux autres leurs méchancetés mais qu’en est-il de chacun de nous personnellement ?
Dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à convertir nos dispositions intérieures. Il nous exhorte avant tout à rechercher l’unité entre nous tous. Il pointe deux attitudes qui nuisent à cette unité : les intrigants (c’est-à-dire les opportunistes, les arrivistes) et les vaniteux.
Paul pointe aussi deux attitudes qui construisent l’unité : la compassion (le réconfort mutuel) et l’humilité : « ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes ». Il s’agit d’opter pour les mêmes « dispositions qui sont dans le Christ Jésus » : Le Christ s’est abaissé jusqu’à accepté par amour la mort sur la croix pour sauver ses frères.
Comment cet enseignement de Paul nous interpelle-t-il personnellement ce dimanche ? Quelles sont nos véritables dispositions intérieures ? Qu’en est-il de notre égo ? Le chemin de l’humilité passe par l’abaissement…
Dans l’Évangile, Jésus nous raconte la parabole de deux fils qui sont priés par leur père d’aller travailler à sa vigne. Le premier refusa mais après s’être repenti, il y alla. Le second donne son accord au Père, « oui, Seigneur ! » Mais il n’y alla pas.
Cette parabole nous invite à convertir les « OUI » et les « NON » que nous adressons à Dieu et aux autres. Sommes-nous toujours des personnes de parole ? Jésus nous invite à reconnaître nos propres manques dans nos paroles données et non respectées. Il nous invite aussi à être davantage indulgents et miséricordieux envers les manques des autres.
Ne classons pas trop vite les autres dans la case des « irrécupérables », leur « NON » pourrait devenir un jour un « OUI ». Il en est de même pour chacun de nous. Nous sommes parfois trop sûrs de nous, de nos points de vue. Il n’est jamais trop tard pour revenir à Dieu et il est toujours possible de nous convertir pour entreprendre des relations plus positives, davantage animées par la confiance avec les autres mais à condition de le montrer.
Par ailleurs, ne banalisons pas nos « oui… mais non », nos indécisions… C’est bien sur ce point que nous sommes invités à changer nos cœurs. Notre relation à Dieu, aux autres et à nous-même ne sera jamais au beau fixe si nous ne changeons pas nos comportements pour de vrais « OUI ».
Demandons au Seigneur que chacun puisse faire son examen de conscience sur les enseignements des lectures de ce dimanche. Les appels qui nous sont faits sont vue du Royaume de Dieu, de la Vie éternelle dans le Christ.
Ensemble, prions le Seigneur :
Seigneur Jésus, ouvre nos cœurs à ta Parole, apprends-nous l’humilité et l’obéissance. Apprends-nous à poser les justes « OUI » et les justes « NON » dans les évènements et les rencontres de nos vies. Toi notre Seigneur, « à la gloire de Dieu le Père ». Amen.
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« Paroles … paroles … paroles ! »
Nous arrivons dans la dernière semaine de la vie de Jésus. Il est entré dans Jérusalem, accueilli comme un roi par une grande foule, et il va dans le Temple d’où il chasse tous les marchands.
Le lendemain, il retourne dans le Temple et il enseigne quand il est interpellé par les grands prêtres et les anciens du peuple : « Par quelle autorité fais-tu cela, et qui t’a donné cette autorité ? ».
En bon juif, Jésus répondit par une autre question : « Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? ». Et ils ne surent que répondre. D’où sans doute la référence à Jean-Baptiste à la fin du passage de ce jour, et au fait que les prostituées et les publicains avaient cru en ses annonces.
Et Jésus leur propose alors une parabole : « Un homme avait deux fils. » … Cela commence de la même manière que la parabole du Fils prodigue (Lc 15,11,32), avec un peu le même sens, mais ici, Jésus met davantage l’accent sur les réponses des enfants que sur l’action du Père.
Cet homme dit à chacun de ses deux enfants : « Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne. ». Le premier lui dit « non », mais, « s’étant repenti, il y alla. ». Le second dit « oui », mais n’y alla pas.
« Lequel des deux a fait la volonté du père ? »
La réponse est tellement évidente que là, ils étaient obligés de répondre : « Le premier ».
Le premier, c’est-à-dire celui qui avait commencer par dire « non », mais qui ayant réfléchi, s’est rendu compte qu’il avait offensé son père en refusant sa demande, et ayant regretté sa parole va à la vigne sans même prévenir son père. Le changement d’attitude se fait en premier lieu dans son cœur, sans autre considération matérielle (comme la famine dans le cas du fils prodigue). Un changement qui va réjouir à la fois le cœur du fils et le cœur du père, c’est-à-dire de Dieu.
Cette demande du père à son fils, c’est en fait la demande que ne cesse de nous faire Dieu : « Allez, vous aussi, travailler à ma vigne. » (Évangile de dimanche dernier), dit autrement à la fin de l’évangile de Mattieu : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt,28-19).
C’est le troisième terme du synode : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission » dont la première assemblée générale a lieu ce mois-ci à Rome.
Mais insister sur le fils qui réjouit son père ne doit pas nous aire oublier l’autre fils : celui qui dit « oui » mais ne fait pas.
En effet, s’il nous arrive de faire comme le premier, … il nous arrive aussi de faire comme le second, et bien plus souvent qu’on ne croit : Combien de fois nous arrive-t-il de dire : « Oui, pas de problème, je m’en occupe … » et puis on oublie, on pense à autre chose qui nous semble plus important, le temps passe … et finalement, on ne fait rien … non par volonté de ne pas faire, mais le résultat est le même …On n’a pas fait la volonté du Père …
Comme le dit l’adage : « Il ne faut jamais remettre au lendemain ce que l‘on peut faire le jour-même. ».
Nous sommes tous à la fois le premier fils et le second fils, selon les moments …
À la fin du passage, Jésus dit aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. », leur reprochant de ne pas s’être repentis par la suite.
Deux professions, l’une masculine : les publicains, considérés comme des traitres à la nation juive, l’autre féminine : les prostituées, car contraire au septième commandement, … car leurs membres ont cru à la parole de Jean-Baptiste, et ils se sont repentis …
« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 2,17).
« C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Luc 15,7).
Jésus a toujours eu une prédilection pour les pécheurs surtout ceux qui se convertissent, et il l’a toujours, tout comme Dieu son Père.
Il accueille Mathieu, publicain, parmi ses apôtres ; il se laisse parfumer les pieds par une prostituée chez Simon le pharisien, il pardonne à la femme adultère « Va, et ne pèche plus ! », et surtout, il mourra entouré de deux brigands, dont l’un, le bon larron, qu’on appelle Dismas, sera le premier à entrer dans le Paradis, non pas à la fin des temps, mais tout-de-suite : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,43).
« Le message de la parabole est clair : ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais c’est l’agir, les actes de conversion et de foi. Jésus – nous l’avons entendu – adresse ce message aux grands prêtres et aux anciens du peuple d’Israël, c’est-à-dire aux experts en religion dans son peuple. Eux, d’abord, disent « oui » à la volonté de Dieu. Mais leur religiosité devient routine, et Dieu ne les inquiète plus. Pour cela, ils ressentent le message de Jean-Baptiste et le message de Jésus comme quelque chose qui dérange. (…)
Traduite en langage de ce temps, l’affirmation pourrait correspondre plus ou moins à ceci : les agnostiques qui, au sujet de la question de Dieu, ne trouvent pas la paix ; les personnes qui souffrent à cause de leurs péchés et ont le désir d’un cœur pur, sont plus proches du Royaume de Dieu que ne le sont les fidèles « de routine » qui, dans l’Église, voient désormais seulement ce qui paraît, sans que leur cœur soit touché par la foi. » (Pape Benoit XVI, 25/9/2011)
Seigneur Jésus,
paroles entendues,
paroles écoutées,
paroles oubliées …
mais que ta Parole, Seigneur,
reste gravée dans nos cœurs,
même si elle nous dérange,
pour que nous puissions l’annoncer
en paroles et en actes
à tous nos frères.
Francis Cousin
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