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5ième Dimanche Pâques – par Francis COUSIN (Jn 14, 1-12)

« Je vous ai tout dit,

mais vous n’avez pas fait attention !! »

Nous sommes au soir de ce qu’on appelle maintenant le jeudi saint.

Dans un long discours, en paroles et en actes, Jésus va rappeler beaucoup de choses qu’il avait déjà dites de manière éparse, en donnant plus de précisions : le lavement des pieds et la nécessaire humilité, le commandement nouveau : l’amour des autres … et encore les difficultés des uns et des autres de croire en la parole de Jésus et leur engagement vis-à-vis de lui : annonce de la trahison de l’un d’eux, et annonce du reniement de Pierre …

Jésus sent qu’il y a comme un certain flottement chez les disciples ; il tente de calmer le jeu : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. ». Vous n’êtes peut-être pas très assurés, mais n’ayez pas peur, « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures », et il y en aura une pour chacun. « Je pars vous préparer une place », mais « je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »

Jésus n’abandonnera jamais ses apôtres, ses disciples, … ceux d’alors … mais aussi ceux de maintenant … et ceux d’encore après …

Nous aussi, nous avons une place préparée pour nous … mais on ne sait pas quand nous l’aurons. Il faut d’abord mourir, bien sûr … et ensuite attendre le jugement … qui dépend de nous, de nos actions sur cette terre … et aussi, de la miséricorde de Dieu …

« Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »

Ce qui nous vaut une réponse de bon sens de Thomas : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? ».

J’aime bien la réponse de Thomas. On sent l’homme bien fixé sur la terre, sur la réalité du monde … sans doute un travailleur manuel, qui réfléchit sur des faits, et non sur des discours philosophiques. Quelqu’un qui a été sans doute souvent traité ’’de haut’’ par certains ‘’intellectuels’’… à mon sens, à tort …

D’autant que cette réaction de thomas nous vaut une réponse de Jésus lumineuse (pour nous) de Jésus.

« Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. ».

Le seul chemin pour aller vers le Père, c’est de suivre Jésus, de mettre en œuvres ses Paroles, toutes ses Paroles … et nous savons bien qu’elles sont parfois difficiles à suivre … surtout quand il y a le Satan qui fait tout pour qu’on ne les suivent pas …

« Ne nous laisse pas entrer en tentation ! »

Mais il ne suffit pas de le dire chaque jour … c’est à nous à réagir … et à dire NON à Satan.

« Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »

On comprend la réaction de Philippe : « Montre-nous le Père ; cela nous suffit. » … encore que je ne suis pas sûr que cela soit suffisant : il n’y avait pas de photos ni d’hologramme à l’époque, … et montrer le tout-puissant … c’est mission impossible … sauf pour Jésus …

« Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! »

Et pourtant, Jésus l’avait déjà dit, de plusieurs manières …

Aux pharisiens : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » (Jn 8,19)

« Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,30)

« Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » ((Jn 10,38)

Les apôtres avaient entendu … mais ils n’avaient pas fait attention … ou pas tout compris ! Il y avait une étape qu’ils ne pouvaient pas encore franchir …

Il faut dire que ce n’était pas évident de voir Jésus … et de penser que c’est en même son Père qui est là … puisqu’ils sont UN.

Il leur faudra la résurrection de Jésus … et surtout l’envoi de l’Esprit Saint pour qu’ils puissent comprendre …

Mais ne blâmons pas trop les apôtres …

Si nous avions été à leur place, … nous n’aurions pas fait mieux qu’eux …

Seigneur Jésus,

tu étais au bout de ton chemin sur la terre :

dans moins de 24 heures

tu seras mort et mis au tombeau.

Mais tu ne penses pas à toi,

mais à ton Église en devenir,

et tu continues à conforter tes disciples

dans leur foi naissante,

malgré les événements contraires.

Aide-nous, nous aussi, à grandir

dans la connaissance de ta Parole

et à la mettre en pratique.

 

Francis Cousin    

 

 

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Image dim Pâques A 5°




5ième Dimanche de Pâques (Jn 14, 1-12) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Je vous prendrai près de moi »

(Jn 14,1-12)

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ?
Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi.
Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. »
Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ?
Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.
Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »

            Jésus sait que sa Passion approche. Il va bientôt mourir sur une Croix pour notre salut à tous, être mis au tombeau, ressusciter… Désormais, ses disciples ne le verront plus (cf. 2Co 5,16-21)… Aussi les prépare-t-il ici à vivre avec Lui une relation nouvelle, dans l’invisible de la foi… Et tout repose sur une promesse qu’il leur fait : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures… Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ».

            « Je reviendrai »… « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous », dit-il à nouveau un peu plus loin (Jn 14,18)… Or, s’il en est un qui accomplit ses promesses, c’est bien Dieu… Le Père Ramlot (VTB 1040) écrit : « Promettre est l’un des mots clés du langage de l’amour. Promettre, c’est à la fois annoncer et garantir un don, engager une parole, se proclamer sûr de l’avenir et sûr de soi, et c’est en même temps susciter chez son partenaire l’adhésion du cœur et la générosité de la foi ». « Dieu » en effet « n’est pas homme pour qu’il mente, ni fils d’Adam pour qu’il se rétracte » (Nb 23,19) Quand il promet, il ne peut décevoir… Plus tard, Israël ne pourra que constater : « De toutes les promesses que le Seigneur avait faites à la maison d’Israël, aucune ne manqua son effet : tout se réalisa » (Jos 21,45 ; 23,14). Promettre, pour lui, c’est donc déjà donner…

            Il reviendra… Et que fera-t-il dans l’invisible de la foi ? « Je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ». C’est Lui qui agit, à nous de nous laisser faire, de cœur, de tout cœur… Mais où est-il, où nous emmènera-t-il ? Il nous le dit ici par deux fois : « Je suis dans le Père et le Père est en moi »… Nous le savons bien : Jésus n’est pas le Père, et le Père n’est pas Jésus. Ils sont en face à face, le Fils étant toujours « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18). Mais tous les deux sont unis l’un à l’autre en « cœur à cœur », le Père donnant gratuitement au Fils, par amour, tout ce qui remplit son cœur, le Fils de son côté, se laissant combler par le Père, et donc unir à Lui dans la communion d’une même Plénitude d’Être, de Lumière et de Vie. « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main », de telle sorte que « tout ce qu’a le Père est à moi. » « Comme le Père a la vie en Lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » ((Jn 3,35 ; 16,15 ; 5,26 ; 6,57). Et cette vie est celle de « l’Esprit » qui est « vie »…

            Alors, comment Jésus nous prend-il pour que nous soyons nous aussi là où il est ? En nous donnant ce même Esprit qu’il reçoit du Père de toute éternité, un « Esprit » par lequel le Père l’engendre en Fils : « Recevez l’Esprit Saint », dira-t-il, ressuscité, à ses disciples (Jn 20,22)… Alors, unis à moi « en cœur à cœur » dans la communion d’un même Esprit, d’une même vie, « vous serez là où je suis »… Certes, pour l’instant, nous ne voyons rien de ce « face à face », mais « le cœur à cœur » lui, existe déjà, dans la foi…

                                           DJF

         




4ième Dimanche de Pâques – par Claude WON FAH HIN (Jn 10, 1-10)

Commentaire du  Dimanche 30 Avril 2023

 

Actes 2.14–41 ; 1·Pierre 2.20–25 ; Jean 10.1–10

L’histoire du salut, en réalité, se déroule selon un « plan » de Dieu », un dessein de Dieu, car le Christ a été livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu » (1ère lecture d’aujourd’hui : Ac 2,23). Une note de la TOB (Ac 2,23) nous dit que « l’histoire du salut a commencé dans l’Ancien Testament (Ac 13,36), mais la réalisation de ce plan est entrée dans sa phase décisive avec la venue de Jésus. Ni les oppositions (Ac 5,38s), ni les méconnaissances humaines (Ac 3,17n) ne peuvent entraver cette réalisation qui est inévitable selon Ac 4,27.28 qui affirme : « 27 Oui vraiment, ils se sont rassemblés dans cette ville (Jérusalem) (c’est-à-dire Hérode, Ponce Pilate, les nations païennes et les peuples d’Israël) contre ton saint serviteur Jésus, que tu as Oint (c’est-à-dire consacré comme Messie (en Hébreu) ou comme Christ (en Grec), c’est-à-dire l’envoyé de Dieu), 28 pour accomplir tout ce que, dans ta puissance et ta sagesse, tu avais déterminé par avance ». Ils se sont rassemblés, Hérode, Ponce Pilate, les nations païennes et les peuples d’Israël, dans cette ville de Jérusalem contre Jésus-Christ pour accomplir tout ce que Dieu avait déterminé par avance. Ainsi, même les oppositions, les résistances, la Passion du Christ, la mort sur la Croix participent à la réalisation du plan de salut de Dieu. D’un mal, Dieu en fait un bien pour le salut du monde. Il réalise toujours les prophéties et les promesses de l’Ancien Testament. Tout ce que Dieu décide, cela suivra son cours, malgré les forces d’opposition causées par le péché des hommes et, en effet, ce Jésus crucifié et mort, le voilà ressuscité. Toutes les oppositions n’ont servi à rien sinon pour la gloire de Dieu. Dieu, dont l’Amour est plus puissant que nos péchés (Rm5,20), l’a ressuscité des morts et a fait de lui la source du salut pour tous les hommes. Christ ressuscité est monté aux cieux et se retrouve à la droite de Dieu (He 10,12). Et cela a plusieurs significations : 1) – D’abord, Jésus se retrouve à la droite du Père après son sacrifice unique pour le salut du monde. Cela signifie, que son unique sacrifice a été parfaitement efficace, et que le salut du monde se fera puisque Christ a vaincu le Mal. Tout disciple du Christ pourra vaincre le mal s’il est réellement avec le Christ. 2) – Selon Saint-Paul aux Hébreux, le sacrifice du Christ est le seul efficace, les autres sacrifices ne servent à rien (He 10,4s) : « En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés. 5 C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation (ni offrande); mais tu m’as façonné un corps (d’où l’Incarnation). 6 Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. 7 Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté. 8 Il commence par dire : Sacrifices, oblations (offrandes), holocaustes, sacrifices pour les péchés, tu ne les as pas voulus ni agréés – et cependant ils sont offerts d’après la Loi (de Moïse) -, 9 alors il déclare : Voici, je viens pour faire ta volonté. Il abroge le premier régime pour fonder le second ». Et le second régime, c’est la nouvelle alliance dans le Christ – 3) A la droite du Père, Jésus règne sur le monde jusqu’à ce que (selon He 10,13) « ses ennemis en soient réduits à lui servir de marchepieds », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’à la fin des temps, lorsque le Christ reviendra sur terre où (selon 1 Th 1,9-10), les disciples « tournés vers Dieu, abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et véritable, 10 dans l’attente de son Fils qui viendra des cieux, qu’il a ressuscité des morts », seront délivrés de la colère qui vient.  4) Enfin, à la droite du Père, Jésus qui a pleinement l’Esprit en lui, va répandre cet Esprit de Dieu sur terre («  dans les derniers jours, je répandrai de mon Esprit sur toute chair », « sur mes serviteurs et sur mes servantes, je répandrai de mon Esprit »), avec toutes sortes de grâces et bénédictions, répandues dans les sacrements établis par le Christ lui-même, sacrements, qui, tous, sont d’une manière ou d’une autre sont liés au sacrifice eucharistique ( à la messe) et donc au sacrifice unique du Christ, mort et ressuscité pour nous. – Après avoir appris toutes ces bonnes nouvelles, la foule pose la question à Pierre et aux apôtres: « Frères, que devons-nous faire?  38 Et il répond lui-même à ses apôtres: Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit ». Veillons à faire baptiser nos enfants, parce que le baptême, c’est la porte d’entrée pour devenir enfants de Dieu. Au baptême, il y a alliance du Christ avec celui ou celle qui est baptisé (e). (Jn 10,9) : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. 10 Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante ». Choisir le Christ, c’est choisir la Vie et la vie éternelle, parce que le Christ nous le dit lui-même : « Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; Moi, je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante ».. Une porte, ouverte, laisse passer, entrer et sortir. Nous sommes dans l’Eglise Catholique, une Eglise dans laquelle on peut entrer et sortir, contrairement à des sectes où si vous y entrez, vous ne pouvez plus sortir ou difficilement, ou encore à d’autres religions où si vous en sortez, cela signifie la mort. Dieu nous laisse libre même à ses saints, quand ils sont encore sur terre, Il leur laisse le choix de faire sa volonté ou non. Même Marie a eu le choix pour devenir la mère de Jésus.

C’est parce que Dieu est Amour que nous avons cette liberté. Et si nous aimons Dieu, nous mettons nous-mêmes, avec la grâce de Dieu, une limite à notre liberté : nous choisissons d’obéir aux commandements de Dieu, nous ne voulons pas faire n’importe quoi. Et lorsqu’il y a un baptême, avec les parents des bébés qui vont être baptisés, nous disons « nous renonçons à Satan » et nous redisons notre profession de foi en disant que « nous croyons en Dieu le Père ». C’est le choix que nous faisons avec la grâce de Dieu. – Le Pape François nous dit (Méditations quotidiennes – 11/5/2013 -P.111) : « Jésus, en allant au Père, a laissé la porte ouverte ». Non parce « qu’il a oublié de la fermer », mais parce qu’« Il est lui-même la Porte ». Jésus étant la Porte, cela peut avoir plusieurs significations : 1) Jésus, étant à la droite de Dieu le Père, règne dans toute sa splendeur. Pour entrer dans son Royaume, il faudra, tous, sans exception, passer par Jésus. Il n’y a pas d’autre chemin que le Christ et il le dit lui-même « je suis le Chemin » et « je suis la Porte », les expressions étant au singulier, il n’y a donc pas d’autres portes pour aller au Royaume de Dieu. Inutile donc d’être dans deux religions à la fois puisque l’on devra passer par Jésus de toute manière.  2) Dans une ville fortifiée, autrefois, la Porte était construite de manière à protéger tous ceux qui sont à l’intérieur contre tous les types d’envahisseurs. Les fidèles du Christ sont donc protégés de Dieu, contre tous types d’envahisseurs : les ennemis, les faux-amis, mais aussi contre l’Esprit du Mal qui nous attaquent par toutes sortes de péchés : orgueil, égoïsme, sournoiserie, mensonge, violence, pouvoir, richesse, honneur, reconnaissance etc…Le Christ nous protège à une condition: avoir la foi en Lui, en toutes circonstances et en permanence, toujours et partout. Avec la grâce de Dieu, nous devons lutter contre nous-mêmes, contre notre cœur, contre nos sentiments, contre nos raisonnements, contre toute logique…Faire confiance en Jésus-Christ toujours et partout, surtout dans les moments difficiles. Et avec la foi, viennent obligatoirement l’amour, la charité, le bien envers les autres sinon votre foi en Dieu est à revoir et à consolider…Ici, l’amour n’est pas toujours une question de sentiment, car pour aimer ses ennemis, il nous faudra du courage, de la patience, de la volonté, et la grâce de Dieu pour accomplir cette volonté de Dieu. 3) Bien que tout le monde, sans exception, soit invité à entrer par la Porte, n’entre pas qui veut, comme il veut. Il y a des conditions pour y entrer. D’abord avoir la foi, d’une manière ou d’une autre. Ceux qui savent qu’il y a un Dieu, pour en avoir entendu parler, vont, s’ils désirent passer par la Porte, suivre le parcours du catéchuménat (deux ans de préparation),  puis les différents sacrements et commandements de Dieu dont le principal est d’aimer Dieu et son prochain. Pour ceux qui n’ont aucune connaissance de l’existence du Dieu révélé par les Ecritures, ils peuvent aussi parvenir au Royaume de Dieu. Vatican II, dans Lumen Gentium 16, nous dit : « ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique [34] et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie ». Vatican II toujours, dans Gaudium et Spes 22,5 : « Et cela (le salut) ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce [38]. En effet, puisque le Christ est mort pour tous [39] et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Dieu nous aime trop pour laisser se perdre un seul des siens qu’il a créés.

4) Le Christ Jésus et l’Eglise, c’est tout UN, cela forme un tout qu’on ne peut pas séparer. Les membres de l’Eglise dont nous sommes forment le Corps du Christ. Et Jésus lui-même est la Tête de ce Corps qu’est l’Eglise (Col 1,18). Lorsque Jésus dit qu’Il est la Porte, cela revient aussi à dire que l’Eglise est la Porte par laquelle il faut entrer pour accéder au Royaume de Dieu. C’est la raison pour laquelle, Jésus nous demande d’aller répandre la Bonne Nouvelle et de baptiser jusqu’aux extrémités de la terre. Mt 28,19-20 : « 19 Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit,  20 et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin de l’âge ». Ce serait tellement bien et beau de voir une église remplie de monde au moment de la messe, malheureusement, comme nous le rappelle Père Levavasseur  (Prosper Eve – Du torchis à la pierre » – P.32) qui écrivait déjà en 1837 : « Parmi les habitants…il y en a beaucoup qui vivent comme s’il n’y avait ni Eglise, ni curé,…ne mettant jamais les pieds à l’église, parce qu’ils sont ordinairement corrompus (par le péché), et par conséquent éloignés de la pratique de la religion. De sorte que le curé n’exerce proprement le saint ministère qu’à l’égard des âmes pieuses qui viennent à l’église et dont le nombre, dans la plupart des quartiers, est extrêmement petit. Le ministère est comme nul…pour ceux qui ne viennent que rarement à l’église, lesquels pour l’ordinaire ne font pas leur Pâques, et pour ceux qui n’y viennent jamais. Bienheureux quand les uns les autres font appeler le curé à l’heure de la mort et lorsqu’ils ont encore quelque peu de connaissance ». Répandre la Bonne Nouvelle est l’affaire de tous les fidèles sans exception. Tout le monde peut dire à quelqu’un « viens à la messe » ou « allons à la messe ». Pas besoin de formation pour cela. Ainsi, chacun devient « apôtre », envoyé de Dieu pour prêcher la Bonne Nouvelle dans son entourage afin de faire la volonté de Dieu qui veut que « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité» (1 Tm 2,4). « Moi, je suis la porte, si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. …je suis venu pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait surabondante ». A tous ceux qui sont angoissés pour une raison quelconque, parfois très difficile, parfois vitale, parfois pour une raison inconnue, arrêtez de penser à ce qui cause votre angoisse car elle risque même de vous pousser au désespoir et le désespoir pour un chrétien ne devrait pas exister, mais pensez plutôt à Jésus-Christ, à Celui qui est la source de paix, source de guérison, source de vie, source du salut pour l’éternité. Il prendra en charge, vos problèmes personnelles et ceux de vos enfants. Le Christ Jésus est la porte, passez par cette porte de vie. Marie contribuera certainement à vous y aider. Et que Dieu soit béni de tous.




4ième Dimanche Pâques – par Francis COUSIN (Jn 10, 1-10)

« Les brebis écoutent sa voix… »

 Nous sommes au début de l’évangile dit ’’du bon pasteur’’, et tout de suite dit : « Celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit. ». Jésus ne précise pas qui sont ces voleurs et ces bandits, qui viennent prendre à leur profit ces brebis pour les tuer, qui viennent enlever de son troupeau des brebis qui étaient destinées à Dieu, des brebis qui suivaient le vrai Dieu, qui suivaient Jésus.

Si l’on regarde le passage précèdent où Jésus était en butte avec les pharisiens, ce pourrait être eux, qui détournent le peuple du vrai Dieu d’amour avec toutes leurs prescriptions …

« Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. »

Écouter, … et non pas entendre

Je ne souviens, quand j’étais jeune et que j’allais à la ferme, il y avait, comme dans toutes les fermes, un chien attaché à l’entrée. La plupart du temps, il était calme … mais des fois, d’un seul coup, il se levait et tournait en rond au bout de sa chaine … et la fermière disait « Ah, Monsieur arrive dans deux minutes. » … et c’était vrai ! Le chien avait reconnu le bruit du tracteur du fermier entre tous les tracteurs du village à plus de six cents mètres de distance …

Il attendait son maître … il écoutait les bruits … Il était attentif …

Parce qu’il aimait son maître … et que son maître l’aimait

Et ce qui est vrai pour les chiens doit être aussi vrai pour les brebis … et pour les humains !

Tout est une question d’amour

Et pour nous, une question d’amour entre nous et Jésus … Pour l’amour de Jésus envers nous, pas de problème … mais pour notre amour vis-à-vis de Jésus … ?

Est-ce que moi, tous les matins, quand je me réveille, je pense à Jésus ?

Qui m’appelle par mon nom, ce nom qu’il a gravé sur la paume de ses mains ?

« Même si [tu m’oubliais], moi, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains » (Is 49,15-16).

Bien sûr, on n’entend pas nommément notre nom, mais on sait qu’il est là, si nous écoutons notre cœur … et c’est à nous de lui dire : « Bonjour Jésus. », et peut-être ajouter une prière, personnelle … ou écrite par quelqu’un d’autre … lui montrer qu’on l’attend … et qu’on est prêt à partir à sa suite … sur notre chemin de vie terrestre …

Mais pour pouvoir le suivre, il nous faut passer par la porte … cette porte dont Jésus dit qu’il est lui-même « la porte des brebis ».

Cela veut dire qu’il nous faut passer par cette porte, passer par Jésus, nous identifier à lui, faire nôtre sa Parole.

« Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

Ce n’est pas chose aisée !

Et Jésus lui-même le savait bien : « Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent. Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. » (Mt 7,13-14).

C’est sûr qu’au cours de notre vie, il nous arrivera de nous tromper de porte … de prendre des portes larges, des chemins somptueux … qui nous amènent à la gloire, la reconnaissance des gens, à la richesse, au pouvoir … choses considérées comme normale dans notre société actuelle, et souvent encouragées … mais qui peuvent fortement nous éloigner de Dieu …

« Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ; et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave. », à l’imitation de Jésus, le vrai berger, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mt 20,26-28).

Seigneur Jésus,

apprends-nous à t’écouter

et à vivre de ta Parole

tout au long de notre chemin

sur cette terre.

Fais-nous partager

ton amour pour tous

qui nous permettra

de prendre le bon chemin

en passant par la bonne porte :

toi-même.

 

Francis Cousin    

 

 

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4ième Dimanche de Pâques (Jn 10, 1-10) – par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Jésus, la Porte qui ouvre sur la Vie »

(Jean 10, 1-10)  

 

En ce temps-là, Jésus déclara : « Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans l’enclos des brebis sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers. »
Jésus employa cette image pour s’adresser à eux, mais eux ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis.
Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger, faire périr. Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. »

          

            Jésus vient de s’adresser aux Pharisiens qui n’ont pas voulu reconnaître la guérison de l’aveugle-né (Jn 9). « Ce sont des aveugles qui guident des aveugles » (Mt 15,14)… Et Jésus ose les appeler ici « des voleurs et des bandits » ! On peut deviner sans peine leur rage, leur haine… En plus, il se présente lui-même comme étant la seule porte légitime qui donne accès aux brebis ! « Je suis la porte » dit-il, en reprenant cette forme grammaticale toute particulière employée pour « Je suis », dans le Livre de l’Exode, lorsque Dieu révèle son nom à Moïse : « Je suis celui qui est » (Ex 3,14). Pour qui se prend-il donc celui-là ?

            Et pourtant, c’est la vérité, en vrai Dieu et en vrai homme, il est bien la porte, l’unique porte par laquelle tous les hommes sont invités à passer pour entrer dans la Maison de Dieu : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14,6). St Paul le dira autrement : « Il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné en rançon pour sauver tous les hommes » (1Tm 2,5-6). Et on peut voir dans « le portier qui lui ouvre » une allusion au Père, sans qui le Fils n’est rien et ne peut rien (le Fils est le Serviteur du Père ; Jn 5,19-20), un Père qui de son côté fait tout pour son Fils (le Père est le Serviteur du Fils) : « Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur éternel est ton amour ! N’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Et derrière le thème de « la voix » de Jésus, le bon Pasteur, « les brebis écoutent sa voix, elles connaissent sa voix », dit-il ici, se cache la Troisième Personne de la Trinité, l’Esprit Saint, Serviteur du Père et du Fils. C’est Lui qui joint toujours, à sa façon à Lui, spirituellement, « sa voix » à celle de Jésus, ne cessant ainsi de lui rendre témoignage : « L’Esprit souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas ni d’où il vient, ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3,8)… Lorsque nous écoutons de tout cœur la Parole de Jésus, « l’Esprit se joint à notre esprit pour attester » qu’il dit bien la vérité (Rm 8,16 : Jn 15,26 ; 1Jn 5,5-13). Et il le fait en nous communiquant « un je ne sais quoi » (Ste Thérèse de Lisieux) de sa vie, de sa paix, de sa joie (Jn 6,63 ; Ga 5,22.25), un « je ne sais quoi » qui a le goût de cette Plénitude que Dieu seul peut communiquer. Telle est « sa voix » paisible, silencieuse mais intense qui se joint à la Parole donnée par Jésus. « Tu as les Paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68) lui a dit un jour St Pierre… Avec toi, je vis un « je ne sais quoi » incroyablement heureux que je n’ai vécu avec personne d’autre… DJF




4ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 10, 1-10)

Témoigner de Jésus-Christ

Jn 10, 1-10

Puisque ce dimanche est un jour de prières pour les prêtres, pour les vocations sacerdotales, je voudrais en profiter pour vous dire très simplement quelques mots sur notre travail de prêtres, sur nos souffrances de prêtres, sur nos joies de prêtres, sur nos inquiétudes aussi pour l’avenir.  Ce que je vous dis aujourd’hui, il me semble que les autres prêtres du secteur pourraient aussi le dire à ma place.

 

Tout d’abord : mon travail de prêtre. Vous pensez peut-être que c’est d’abord une affaire de culte, de cérémonies à célébrer (baptêmes, mariages, sépultures), de messes à dire, de confessions à entendre. Bien sûr, mon rôle est de célébrer avec vous Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous et de communiquer aux fidèles, la vie de Jésus par les Sacrements. Mais je ne suis pas d’abord un « fonctionnaire du culte ». Non, l’essentiel réside dans cette parole de Jésus à ses apôtres : « Annoncez la Bonne Nouvelle à tout homme ». Là est ma première responsabilité, là est mon rôle essentiel : annoncer l’Evangile, répandre la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, témoigner de l’amour de Jésus-Christ pour chacun d’entre vous, qu’il soit riche ou pauvre, bon ou mauvais, croyant ou incroyant. Jésus-Christ ne me demande pas de conquérir les autres à son Eglise, à sa bergerie. Il me demande d’annoncer la Bonne Nouvelle de son amour, son projet sur nous, de diffuser son message, d’accueillir tout homme qui cherche, d’aider ceux qui l’ont trouvé à le suivre plus fidèlement.

Mais, il y a toutes sortes de difficultés, et c’est là notre souffrance.

₋ Difficultés qui viennent de nos limites personnelles : “Le berger appelle chacune de ses brebis par son nom”. Hélas ! Comme j’ai du mal à vous connaitre tous, à pouvoir tous vous appeler par votre nom et à vous connaitre, à plus forte raison ceux qui ne viennent guère à l’église et pourtant, Dieu les aime aussi et je dois peu à peu prendre contact avec tous.

₋ Souffrance de se sentir dépassé par tout ce qu’il faudrait faire, inventer, imaginer.

₋ Souffrance devant les jeunes qui sont souvent sur la place de l’église mais qui ne sont pas souvent dedans.

₋ Souffrance de voir le monde et la société s’éloigner de plus en plus de l’esprit de l’Evangile et tomber par le fait même en pleine décadence.  Pour empêcher cette évolution, il faudrait être des saints.

₋ Souffrance de ne pas être des saints !

Mais à côté de ces souffrances, il y a aussi, vous vous en doutez, des joies :

1 – joie de tant d’amitié que je vois surgir spontanément autour de moi.

2 – joie de l’accueil que vous m’avez fait si gentiment et si chaleureusement dans cette église.

3 –  joie de découvrir des gens, de temps en temps, qui ont soif du vrai Dieu, du Dieu d’amour et de pardon que le Christ nous a révélé.

4 –  joie de partager leurs découvertes.

5 – joie de découvrir, chez de nombreux chrétiens, mais aussi chez des incroyants, des merveilles de dévouement et de désintéressement, des richesses de cœur et d’esprit. Tout cela nous montre que l’Esprit Saint est au travail en eux, sans se servir de moi et qu’il les anime avant même que je les ai rencontrés.

6 –  joie aussi de contribuer pour ma petite part à faire progresser le Royaume de Dieu.

7 –  joie de voir la communauté qui se forme peu à peu.

8 – joie de bâtir et d’apporter ma petite pierre au monde nouveau que Jésus est venu construire et, il faut que vous le sachiez,

9 – ces joies-là, joies de travailler pour Jésus-Christ l’emportent largement sur les souffrances dont je parlais tout à l’heure.

Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’exprimer quelques inquiétudes pour l’avenir : les jeunes semblent s’éloigner de plus en plus, les prêtres du diocèse vieillissent, ceux qui meurent actuellement ne seront pas remplacés. Dans 15 ans, combien y aura- t- il de prêtres réunionnais dans notre diocèse ?

Malgré de gros progrès, il y a une autre   inquiétude : celle de voir beaucoup de chrétiens, beaucoup de quartiers, encore très passifs ; beaucoup de chrétiens ne prenant pas de responsabilités : ils se contentent d’être des consommateurs de l’Eglise, mais pas des volontaires pour faire le travail de la « mission de l’Eglise ».

Dans un théâtre, il y a quelques acteurs sur la scène et beaucoup de spectateurs dans les fauteuils. L’église devrait être le contraire : plus de gens à agir et moins à regarder les autres !

Il faut absolument que, parmi les chrétiens, il y ait des meneurs, des entraineurs, capables d’animer, de rassembler, de témoigner de Jésus-Christ. Chacun se dit : « Moi, je ne suis pas capable, laissons faire les autres ». Résultat : l’Eglise n’est l’affaire que de quelques-uns alors qu’elle devrait être le souci de tous.

Il faut absolument que nos assemblées du dimanche deviennent, ici, dans notre église, mais aussi, au niveau des secteurs paroissiaux, de vrais communautés chrétiennes : un groupe de gens qui s’aiment et qui sont capables de manifester leur foi.

Il faut deux conditions à la fois :

1ère condition : s’aimer fraternellement, qu’il n’y ait pas de divisions entre vous, qu’on puisse dire à St-Denis, comme à Rome, en montrant du doigt les chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ». Entre vous, il devrait y avoir une union sacrée, celle qui vous lie par l’Esprit Saint : Esprit d’amour, une solidarité, une entraide telle que les autres aient envie de faire partie de notre communauté : « Voyez comme ils s’aiment ».

2e condition : être capable de dire pourquoi nous sommes chrétiens, pourquoi nous avons la foi, quel est notre idéal, le sens de notre vie. Notre religion n’est pas une « affaire privée » qui ne regarde que nous et dont nous ne voulons pas parler. Au contraire, elle doit se dire, s’exprimer. Nous devons témoigner de Jésus-Christ. Notre vie doit être « signe de Jésus-Christ ».

Jésus ne nous demande pas de conquérir le monde. Il nous demande, dans nos paroles, dans notre comportement, dans notre façon de vivre, d’être des « signes de son amour », que nous puissions redire le message chrétien avec nos mots à nous, avec nos occasions à nous, avec notre entourage à nous.

Enfin, il faut absolument qu’il y ait des vocations : des vocations de prêtres, de diacres, de religieux, de religieuses c’est-à-dire des jeunes (ou des moins jeunes) qui acceptent de se donner tout entiers à Jésus-Christ pour continuer son travail.

Cela ne pourra se faire que s’il y a des familles chrétiennes, des communautés chrétiennes, des chrétiens qui soient des exemples et qui donnent envie de devenir comme eux : si des jeunes voient tout cela, ils se diront que « ça vaut la peine de s’engager dans cette magnifique aventure ! »

Quant à moi, et si c’était à refaire, je le referai sans hésiter. AMEN

 

 




3ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Lc 14, 13-35)

« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent »

En ce troisième dimanche de Pâques, l’Église nous donne de méditer sur l’apparition de Jésus ressuscité à deux disciples qui faisaient route vers Emmaüs (un village probablement situé à une douzaine de kilomètres de Jérusalem, « à deux heures de marche »).

Ce récit nous apprend une fois de plus que la foi en la Résurrection ne s’impose pas ! Le Christ est vraiment ressuscité, encore faut-il le croire ! La Résurrection, avant d’être un concept théologique, est surtout un chemin à parcourir, une expérience à vivre.

Les deux disciples ne reconnaissent pas d’emblée le Christ ressuscité qui les rejoint en route : « Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » Ils partagent nettement leur déception en Jésus mort et crucifié, en qui ils avaient mis leur espoir pour leur apporter la délivrance.

Les deux disciples évoquent également le témoignage des femmes de leur groupe qui se sont rendus au tombeau et qui les rend perplexe : Jésus serait vivant, d’après une vision qu’elles auraient reçue des anges.

La foi en la Résurrection ne s’est jamais imposée ! Sous bien des traits, Cléophas et son compagnon représentent l’ensemble de notre humanité. Il nous faut bien nous engager dans un acte concret de foi mais aussi chercher le Christ ressuscité là où il est vraiment, bien localiser les nouveaux modes de sa présence parmi nous.

Les deux disciples reconnaissent Jésus à la fraction du pain et grâce aux Écritures : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

La table de la Parole de Dieu et la table du pain de Vie : voilà deux principaux moyens par lesquels Jésus ressuscité vient à notre rencontre. Nous pointons ici le mystère de l’Eucharistie. Privilégions ces deux moyens sûrs… Gardons-nous de chercher le Christ dans les actes « merveilleux » ou « surnaturels »…

Nous sommes conviés à entrer dans l’attitude du croyant qui écoute la Parole de Dieu pour la mettre en pratique tout en se nourrissant du pain de Vie. C’est bien ainsi que nous montrerons que nous appartenons au Christ et c’est bien ainsi que nous rencontrerons le Ressuscité de façon authentique.

Il nous arrive de nous demander comment faire pour conduire les personnes de notre entourage vers le Christ, sans les brusquer. L’Évangile nous donne de contempler la manière de faire de Jésus, sa pédagogie divine à laquelle nous devons nous inspirer.

Jésus commence tout d’abord par rejoindre les personnes. Il les écoute, il les prend là où elles en sont dans leurs histoires humaines. Jésus accueille patiemment leurs doutes, leurs questionnements, ce qui les chagrine.

Ensuite, dans un deuxième temps, Jésus enseigne la Parole de Dieu : « partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. »

Nous devons opter pour ces mêmes attitudes dans le respect de la liberté des gens. Il s’agira toujours de proposer et de ne jamais imposer ! Le prosélytisme n’est en aucun cas une attitude à adopter par le chrétien !

C’est à la fraction du pain que Jésus se fait reconnaître. Cela nous rappelle que nous avons la mission de conduire à l’Eucharistie. Pour être crédibles dans cette démarche, nous devons avoir une franche familiarisation avec ce sacrement.

Après avoir reconnu Jésus, les deux disciples refont aussitôt route vers Jérusalem : « À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. » Nous pouvons être frappés par l’engouement et l’instantanéité des deux disciples, en pleine nuit, pressés de raconter leur expérience de Jésus ressuscité aux « onze Apôtres et [à] leurs compagnons ». Ce fait démontre que les deux disciples ne pouvaient pas garder pour eux une telle révélation. L’évènement de la Résurrection ne saurait être caché ou gardé secret !

À la Vigile pascale, nous avons renouvelé les promesses de notre baptême. Le baptême nous impose au témoignage du Christ ressuscité. Cela n’est pas facultatif même si nous devons nous confronter aux contradictions de nos contemporains.

Il nous faut prendre clairement position pour le Christ ressuscité. Qu’il nous accompagne et qu’il nous donne de mieux considérer notre rapport à l’Eucharistie.

Que nous puissions avoir un plus grand amour pour la Parole de Dieu et la fraction du pain. Je termine avec une citation de Dei verbum, la constitution dogmatique sur la « Révélation divine » : « L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. » (Cf. n°21).

Ensemble, invoquons le Seigneur :

Seigneur Jésus, « reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Que la lumière de ta Résurrection nous renouvelle intérieurement pour que nous puissions annoncer que tu es vraiment ressuscité et que tu es le Sauveur du monde. Amen.




3ième Dimanche Pâques – par Francis COUSIN (Lc 24, 13-35)

« Faire route ensemble … »

 

L’évangile de ce jour nous narre l’épisode des pèlerins d’Emmaüs …

Tout le monde connaît l’histoire : Deux disciples de Jésus, Cléophas et un autre, reviennent de Jérusalem, à la fin du sabbat qui a suivi la mort de Jésus … Ils marchent, assez découragés par sa mort …

Ils retournent chez eux, las, le cœur lourd … « à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé. ».

Jésus s’approche d’eux … A quel moment ? … Loin de Jérusalem ? … on ne le sait pas.

Et ils font route ensemble … Ils font synode … (du verbe grec συνοδεύω = faire route ensemble, avec …)

« Mais leurs yeux étaient empêchés de reconnaître Jésus. »

Oh là là … Comme cela nous arrive souvent … !

Nous marchons avec Jésus … ou du moins, nous pensons marcher avec Jésus …Nous lisons les écritures, nous allons à la messe dominicale … parfois en semaine … nous prions … et bien souvent nous n’arrivons pas à reconnaitre Jésus dans celui qui marche à côté de nous … !

« Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » (Mt 25,45).

Comme souvent, c’est Jésus qui prend l’initiative de la discussion.

– « Oh bien dites donc, ça n’a pas l’air aller … Qu’est-ce qui vous est arrivé ? »

– « Quoi ! T’es pas au courant … Tout le monde en parle à Jérusalem … Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. … Il y a bien quelques femmes qui ont dit qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Et quelques hommes sont allés au tombeau, mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Jésus a fait le point avec les deux hommes :  c’est la première étape d’un synode. Ce que nous avons fait l’année dernière au niveau local, et qui continue en ce moment avec les assemblées continentales …

Alors Jésus explique, « et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. »

Ils ont eu de la chance, les deux disciples d’Emmaüs, d’avoir les explications directement de Jésus ! Nous, nous avons l’Esprit Saint … Mais c’est pareil … c’est le même Dieu … Encore faut-il l’écouter ! …

Comme les disciples d’Emmaüs … qui ne voient pas le temps passer, et « déjà le soir tombe » … Arrivés chez eux, ils invitent Jésus : « Reste avec nous ! ».

« Reste avec nous, Seigneur Jésus ! » Est-ce que nous disons souvent cette phrase-là ?

Une fois de temps en temps … une fois par mois … tous les jours … ?

Vous me direz : « On n’a pas besoin de le dire puisque lui-même nous a dit : ’’ Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.’’ » … (Mt 28,20)

Certes, mais si Jésus est avec nous, marche avec nous tous les jours … est-ce que moi, je marche avec lui … ou est-ce que je traîne la patte … ?

Pour marcher ensemble, il faut que tout le monde soit d’accord … et d’un même pas …

Jésus fait par avance, comme une confirmation, ce que saint Jean écrira dans l’apocalypse : « Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20).

Et Jésus prend son repas avec les deux disciples, et peut-être une femme et des enfants … et au cours du repas Jésus refait de qu’il avait fait le jeudi précédent : « ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. »

« Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. ».

On passe de Jésus présent, mais non reconnu … à Jésus reconnu mais absent …parce qu’il n’a plus besoin d’être présent : Jésus est ressuscité, ils l’ont vu, ils le savent, ils en ont la certitude … et cela s’inscrit dans leurs cœurs, ils étouffent de bonheur : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

Et aussitôt, ils repartent à Jérusalem annoncer la nouvelle aux apôtres… Ils ne sentent plus la fatigue de la route … et même s’ils sont dans le fénoir, leur cœur est plein de clarté, d’amour… ils n’ont peur de rien …

« Lire et écouter la parole, accueillir le frère, rompre et manger le pain eucharistique : trois chemins par lesquels Jésus vient à notre rencontre pour se révéler à notre regard. Trois chemins, mais qui supposent encore quelque chose de plus. Car il ne suffirait pas de savoir les Écritures pour reconnaitre Jésus, de se dévouer corps et âme pour l’autre, de répéter machinalement le geste de la Cène, s’il y manquait la chaleur de l’amour. Sans aimer quelque peu Jésus, impossible de l’apercevoir à nos côtés. (…) Seul l’amour discerne, seul l’amour connaît. Non pas cet amour que nous essayons de nous appliquer vaille que vaille dans nos meilleurs moments, mais celui que Dieu lui-même déverse sans cesse dans notre cœur. » (André Louf)

Seigneur Jésus,

que ta Parole que nous connaissons

depuis longtemps,

comme les disciples d’Emmaüs,

ne soit pas une parole d’un livre

qu’on ouvre de temps en temps,

une parole morte …

mais qu’elle devienne une Parole vivante

qui nous fait vibrer de ton amour

qui est de toujours.

 

Francis Cousin    

      

    

 

 

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Image dim Pâques A 3°




3ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN (Jn 20, 19-31)

En route avec le Ressuscité

Lc 24, 13-35

Au cours d’un voyage en chemin de fer, un contrôleur passe dans le couloir et demande, à tous, leurs billets. Seul, un homme ne bougea pas. Le contrôleur se plante devant lui :

₋ « Votre billet monsieur, s’il vous plait ? »

Très calmement, il répondit :

₋ « Je n’en ai pas, parce que je ne sais pas où je vais… je n’ai pas de destination.  Je vais nulle part ».

Une fois l’étonnement passé et le voyageur débarqué à la station suivante, en réfléchissant, je me disais qu’après tout, il y avait beaucoup de personnes dans cette situation, pas dans un petit voyage seulement, mais pour le ‘’grand voyage ‘’ : celui de leur existence.

Tenez, admettez un instant que vous soyez chargés d’une enquête « Destination-Vie » ; vous devez demander à tous ceux que vous rencontrez dans la rue, avec une fiche et un magnétophone :

₋ « Pardon, monsieur, qu’est-ce-que vous faites sur la terre ? Quelle est votre destination ? Où allez-vous ? Quel est votre but ? Vers quoi ou vers qui vous dirigez-vous ? »

Vous seriez abasourdi par les réponses. La plupart de vos questionnés vous répondraient :

₋ « Mais, monsieur, je n’en sais rien, je me contente de vivre au jour le jour… je vis aujourd’hui, on verra bien demain. Un point d’arrivée ? Un but ? Une mission à remplir ? Une destination ?

₋ « Non, monsieur, pour moi, la vie est un tunnel dont je ne sais même pas s’il existe une sortie. Je suis né sans raison, je me prolonge par faiblesse et je mourrai un jour par hasard aussi ».

Quelle désespérance ! Une petite molécule qui apparaît soudain dans un rayon de soleil et qui disparaît aussitôt dans la nuit immense : est-ce mon destin ?

« Non, nous dit St-Pierre, dans la 1ière lecture, votre séjour sur terre a un sens, un but, une signification. Le Christ vient, par sa mort et sa Résurrection, vous libérer de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères ».

Depuis Pâques, depuis la Résurrection du Christ, j’ai un itinéraire. Mon cœur a une ambition : un livre, l’Evangile est pour moi une boussole ; bien plus, j’ai un guide qui se met à ma disposition pour m’indiquer le chemin :

« Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ; il aura avec lui la lumière de la vie ».

 C’est tout le sens et l’éclairage de ce bel Evangile d’aujourd’hui. Voilà deux hommes, abattus, tristes, mettant un pied devant l’autre, sans trop savoir où ils vont, parce qu’ils avaient espéré une belle aventure et que celle-ci a éclaté comme une bulle. Ils sont découragés : ce fameux « Jésus » dont ils avaient tant espéré ! Eh bien voilà ! C’est fini ! Une belle histoire ! Un beau rêve !… N’en parlons plus ! Tournons la page, nous avons été des naïfs.   Vous connaissez la suite. Je viens de vous la lire : cet homme qui s’approche et qui les questionne d’abord, puis, qui, au long des kilomètres de marche, réanimant au fond de leur cœur, un feu qui s’était éteint, ils l’invitent à rester avec eux à l’auberge et c’est la révélation !

Non ! Le monde n’est pas absurde. Non ! Nous ne tournons pas en rond. Non ! Nous ne sommes pas sur terre par hasard… nous sommes aimés de Dieu et c’est vers lui, qui est notre Père, que nous allons. Nous sommes en route, dans la joie, pour une réunion de famille, sous la conduite de Jésus Ressuscité qui rompra le pain avec nous tous.

Frères, ne nous faisons pas d’illusion, cette histoire d’Emmaüs, c’est la nôtre. Emmaüs, c’est notre route. Qui d’entre vous, à certains moments de sa vie, ne se trouve pas sur une route de cafard et de désespérance, ils avancent en trainant les pieds, sans but bien précis, tournant aussi le dos à Jérusalem, c’est-à-dire à la Résurrection qui vient de se produire comme la joie qui éclate. La vie est derrière eux et ils parlent à l’imparfait, au passé « et nous qui avons espéré ». C’est une histoire finie, classée et sur cette route du désespoir, Jésus s’approche et marche vers eux. Il leur fait redire ce qu’ils ont sur le cœur, leur pose des questions, puis il les invite à tout relire « selon les Ecritures ».

Le 1er signe que nous donne le Seigneur pour renaître à la foi : c’est le signe des Ecritures = la liturgie de la Parole. 1ère lecture – 2e lecture : il leur cite Moïse, les prophètes. Alors ils comprennent peu à peu que la Croix n’est pas un échec, mais une preuve suprême d’amour.  Pour nous aussi, à la lumière de la Parole de Dieu, tout prend un autre sens, un avenir s’ouvre devant nous. Prenons la Bible, soyons à l’écoute de la Parole dans nos assemblées. Alors nous nous reprenons à espérer : la Parole de Dieu éclaire d’une lumière nouvelle les évènements de notre vie.

Après le signe de la parole, il y a le signe du Repas : comme dans la messe, nous allons passer de la table de la Parole, du temps de l’écoute à la table eucharistique, celle du pain du partagé.  Déjà, en entrant dans l’auberge, nos deux disciples sont tout retournés « leur cœur est tout chaud ».

« Reste avec nous car le soir tombe ». Ils sont éclairés par la Parole. Vient ensuite le signe du Repas : c’est là, pour les disciples, comme pour nous, que se fait la reconnaissance.  En rompant le pain avec eux, Jésus pose le signe de l’Alliance, le signe de la Cène et c’est ce geste qui leur ouvre les yeux, ce geste qui est le Sacrement de l’invisible, le Sacrement de sa présence :

« Ils le reconnaissent à la fraction du pain ». C’est lui ! C’est lui !

Vous avez remarqué comme la scène d’Emmaüs suit le déroulement de la messe ? Au départ : la Parole de Dieu, qui veut réchauffer, transformer notre cœur, lui ouvre des horizons nouveaux, nous réanime spirituellement. Puis, après, l’Evangile nous disons au Seigneur : « Maintenant que la Parole a produit son effet dans notre cœur, maintenant Seigneur, reste avec nous », « Viens partager notre pain ».  Et nous passons à la table de l’Eucharistie : celle où le Seigneur va rompre le pain et se faire reconnaitre « Ils le reconnaissent ». Nous le reconnaissons mais il disparaît à nos regards.

Vient alors, le 3e temps : celui de la joie à annoncer. Ils ont le cœur « retourné » alors ils retournent à Jérusalem, pleins d’enthousiasme : « C’est vrai, le Seigneur est ressuscité ».

A la fin de la messe, le prêtre vous dit, à vous aussi, après la communion : « Allez dans la paix, dans la joie du Christ. Allez, ne restez pas : reprenez la route en sens inverse pour annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui cherchent dans la nuit ou qui pensent que leur chemin ne mène à rien ».

A celui qui tout à l’heure était dans notre voiture de chemin de fer, sans billet, sans savoir sa destination, donnons-lui notre billet, disons-lui notre destination ! Billet aller sans retour vers l’amour du Père dans son Royaume. AMEN




2ième Dimanche Pâques – par Francis COUSIN (Jn 20, 19-31)

                

« Thomas, … l’incrédule … ? » 

C’est souvent ainsi que l’on qualifie l’apôtre Thomas …

Moi, j’ai plutôt l’impression qu’il a fait preuve de bon sens …

Imaginez un peu qu’un de vos amis soit mort … vous allez à la veillée … à son enterrement … Et trois jours après, tous vos amis vous sautent dessus en vous disant, tout joyeux « Nous avons vu untel, il est vivant, … il est ressuscité ! ».

Réaction première : « Beuh … ça va pas … faut pas me prendre pour un neuneu ! ».

Réaction normale, … humaine … de bon sens !

Qui est d’ailleurs celle de tous ceux qui ont rencontrés Jésus après sa mort …

Si on prend la liste de l’évangile selon saint Marc (Mc 16,9-14) : d’abord Marie-Madeleine, qui part annoncer la nouvelle aux apôtres, mais ceux-ci ne la crurent pas.

Puis deux disciples « qui étaient en chemin pour aller à la campagne. » (les disciples d’Emmaüs) et reviennent le dire aux apôtres, « qui ne les crurent pas non plus. »

Enfin, il apparut aux onze « pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. »

On parle ici surtout des apôtres, mais dans l’évangile selon saint Jean, Marie-Madeleine n’a pas d’abord cru en la résurrection de Jésus : elle croyait qu’on l’avait enlevé, et en le voyant, elle crut que c’était un jardinier et il a fallu un ’’signe’’ de Jésus pour qu’elle le reconnaisse : il l’a appelé par son nom. Dans l’évangile selon saint Luc, il a fallu un autre ’’signe’’, la fraction du pain pour que les disciples d’Emmaüs le reconnaissent. Et au début de l’évangile de ce jour, il a fallu un autre ’’signe’’ de Jésus : « Il leur dit : ’’La paix soit avec vous !’’ Après cette parole, il leur   montra ses mains et son côté. ». Et dans son évangile, saint Luc ajoute : « Ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : ’’Avez-vous ici quelque chose à manger ?’’ Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. ».

On dirait qu’à chaque fois que Jésus ressuscité apparaît, « Leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. » (Lc 24-16).

Ce n’est donc pas seulement Thomas, mais tous les disciples qui ont manqué de foi en la résurrection de Jésus, et il leur a fallu se rendre à l’évidence de cette résurrection qu’après avoir vu, côtoyé et toucher Jésus Ressuscité.

Cet épisode de l’absence de Thomas lors de l’apparition aux onze (ou plutôt aux dix) le soir du premier jour de la semaine, le troisième jour, n’apparait que dans l’évangile selon saint Jean. Tous les évangélistes n’ont pas écrit les mêmes épisodes, et de la même manière … mais on peut se poser la question : pourquoi seulement chez lui ?

Peut-être simplement pour cette phrase que dit Jésus : « Cesse d’être incrédule, sois croyant. », et la réponse de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu ! », et surtout pour la suivante : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. ».

À notre époque, nous sommes tous dans ce cas : aucun d’entre nous n’est un témoin visuel de la résurrection de Jésus. Nous sommes donc tous concernés par cette dixième béatitude, et nous n’avons pas vraiment à en être fier : ce sont nos parents, nos catéchistes, les prêtres, tous ceux qui nous ont précédés dans la foi qui sont concernés par cette béatitude …

Nous aussi, nous avons à suivre l’enseignement de Jésus jusqu’au bout : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. », ou faisons-les baptiser par un prêtre, et donnons à nos enfants et petits-enfants l’enseignement religieux que nous avons reçu, et d’abord par notre exemple.

Seigneur Jésus,

si nous sommes encore Chrétiens,

c’est grâce aux témoins visuels de ta résurrection

et par la suite, à tous ceux qui ont cru en elle,

dans la foi, et parfois jusqu’au martyr …

Ne permet pas que cela s’arrête !

 

Francis Cousin    

 

 

 

 

 

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