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6ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

Aller avec Jésus aux racines de notre cœur 

(Mt 5,17-37)…

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également : ‘Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation’.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.’
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

 

           

              Après avoir donné sur la montagne la Loi Nouvelle de l’Alliance Nouvelle, ces huit Béatitudes qui révèlent le chemin du Vrai Bonheur (Mt 5,1-12), Jésus revient ici sur la Loi de Moïse, fondement de l’Ancienne Alliance (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6-21). Et il va tout de suite affirmer que l’esprit de cette Loi est toujours valable… En ce sens, il n’est pas venu « l’abolir », la supprimer. Il est venu « l’accomplir », la porter à sa perfection. Certes, les rites vont changer, et Jésus, en instituant le sacrement de l’Eucharistie, fera bien du nouveau… Mais avec lui, le rite n’a de valeur que par l’amour qu’il exprime…

            Changer le précepte ne signifie donc pas « violer le précepte », lui faire violence, nier son intention… Un précepte nouveau, même s’il prend la place d’un plus ancien, peut inviter à un réel progrès. En reprenant la direction, l’intention de l’ancien, il peut conduire à aller beaucoup plus loin. Et celui qui acceptera de se laisser ainsi guider constatera par lui-même que l’ancien est non seulement accompli mais encore largement dépassé…

            Et Jésus va prendre le temps de multiples exemples… Le premier, avec « tu ne commettras pas de meurtre », est le plus fondamental, car il touche à la vie même de l’individu et à la sauvegarde de la société tout entière… Ce sommet de violence, quand il n’est pas généré par la folie ou l’intégrisme, commence souvent par des « insultes ». Jésus s’attaque ainsi aux tous premiers germes de violence pour les condamner aussitôt et il nous invite de suite à une attitude positive : quelque soit le motif de la discorde, va vers ton frère, parle lui, cherche à te réconcilier avec lui, autant qu’il t’est possible…

            Avec « tu ne commettras pas l’adultère », il sait bien que tout commence par un « regard » et un « désir » intérieur. Le laisser grandir, le cultiver, c’est risquer un jour de passer à l’acte… Une réelle ascèse du cœur, qui passe par la garde des sens, est donc indispensable… Il s’agit de couper net, dès le début, tout ce qui peut conduire au mal… 

            Jésus passe donc du regard extérieur sur tel ou tel précepte, accompli ou non, et telle est « la justice des Pharisiens », au regard intérieur… Il nous entraîne au plus profond de notre cœur, là où naissent les pensées, les impulsions, les désirs… Avec l’aide de l’Esprit, il est possible de prendre du recul par rapport à tout cela, pour discerner à sa Lumière ce qui est bon ou pas, et ensuite passer ou non à l’acte, avec le secours de sa Force… D’où l’invitation de St Paul : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit… mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal » (1Th 5,17-22).

                                                                                                                                              DJF




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 5, 13-16)

« Toi, t’es une lumière ! »

 

Il arrive que l’on emploie cette expression, mais dans deux sens différents, selon le ton avec lequel on la dit.

Si on la dit de manière terne ou morne, elle aura alors un sens péjoratif, voulant dire : « T’es nul ! ».

Si on la dit de manière enjouée, enthousiaste, elle aura alors un sens positif, signifiant : « Heureusement que tu étais là, tu nous sauves ! ».

Mais, de la manière dont Jésus parle à toute cette foule qui est là, sur le mont qu’on appelle maintenant le mont des Béatitudes, une foule qui le suit et qui l’écoute, des sympathisants … (et pas seulement les apôtres qui ne sont pas encore institués), la phrase qu’il utilise n’a qu’un sens qui n’a rien de péjoratif : « Vous êtes la lumière du monde. ».

Ce n’est pas une invitation, du genre : « Est-ce que vous pourriez devenir la lumière du monde ? ».

Non. C’est un constat, une obligation : « Vous m’avez suivi, vous adhérez à mes paroles, vous croyez en nom mon, vous êtes devenus enfants de Dieu (Jn 1,12), alors vous devenez la lumière du monde. Et cela a des conséquences : vous ne pouvez plus vivre comme avant. ».

 Et Jésus continue tout de suite : « Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. ».

Cela signifie qu’en suivant les Paroles de Jésus, on devient un exemple pour les autres … même si on ne s’en rend pas compte …

Mais si on ne les suit pas toujours, et c’est malheureusement souvent notre cas, … on devient un mauvais exemple : « Oh lui, c’est bien la peine d’aller à la messe, il ne vaut pas mieux que nous ! » …

C’est exigeant d’être chrétien … et on ne peut vivre en chrétien qu’en restant en relation avec Jésus de manière continue …

Être comme saint Paul qui pouvait dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20).

En fait, c’est ce que nous demande Jésus, lui qui a dit : « Moi, je suis la lumière du monde. » (Jn 8,12).

Il nous demande d’être ce que lui-même est.

Et c’est pour tout pareil : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé. » (Jn 15,12), « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17,21) …

« Le Verbe de Dieu s’est fait homme pour que nous devenions Dieu. » (St Athanase)

Être témoin de ce que nous croyons, non par « le prestige du langage ou de la sagesse » mais par l’exemple de notre vie, comptant sur « l’Esprit et sa puissance » (2° lecture) en cette occasion.

Cette lumière ne peut grandir en nous que par la connaissance active de la Parole de Jésus et par la prière.

« Alors, voyant ce que vous faites de bien, [les hommes] rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. ».

Seigneur Jésus,

Tu nous demande d’être

lumière dans notre monde,

alors que ce monde a plutôt tendance

à mettre en lumière certaines personnes,

pour le bien ou pour le moins bien …

Donne-nous la sagesse

de faire ce que toi tu veux,

et non ce que le monde veut.

 

Francis Cousin    

   

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Prière dim ord A 5°




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 5, 13-16)

Le sel de la terre

Mt 5,13-16

Il vous est certainement arrivé, un jour ou l’autre, d’avoir faim et de vous mettre à table avec entrain. Vous plongez la louche dans un potage qui parait particulièrement appétissant. Mais, dès la 1ère cuillerée  portée à votre bouche, vous n’allez pas plus loin… Oh !  On a oublié le sel ! Ce potage qui semblait si bon : il est fade ! II n’a pas de goût, sans saveur ; si bien que l’on ne sent pas, que l’on ne goûte pas toutes les bonnes choses qui ont été mises dedans.

C’est dommage : on a l’impression que tout y était, que rien n’y manquait et pourtant, déception ! C’est fade, neutre, sans saveur. C’est d’autant plus bête qu’il ne suffit que de quelques grains de sel, une pincée, pour que le tout soit transformé et que devienne délicieux ce que nous allons manger.

Le sel, voyez-vous, ça ne se consomme pas à la cuillère, ça ne se remarque pas dans les aliments, sauf s’il y en a trop, ou trop peu. C’est fait pour être mêlé à autre chose, pour donner sa saveur à autre chose…

Nous, les chrétiens, nous sommes le sel de cette terre. Nous, l’église avec sa saveur d’Evangile, nous devons donner au monde son vrai goût. Et toi, et chacun d’entre nous, tu es là comme le sel, non pas pour toi : du sel tout seul et mis à part, n’a aucune utilité. Tu n’es pas là pour toi-même, mais pour d’autres à qui tu dois porter ta saveur, à qui nous devons donner ou redonner le goût de vivre.

Un chrétien n’est pas un chrétien pour lui. Il est un chrétien pour les autres : pour donner du goût aux autres, pour relever la saveur du monde.

Aussi le sel n’est pas fait pour rester à part : il est fait pour être mélangé avec, enfoui, mis dedans, mis avec le reste. Nous n’existons que pour les autres. Un chrétien qui se replierait sur soi, qui s’isolerait, n’a plus aucun sens, aucun rôle, aucune mission : il est inutile, stérile. Du sel tout seul, c’est inutilisable. Un chrétien isolé, sans  contact  avec le monde, ça n’a pas de sens. Par contre, s’il est brassé avec le reste, s’il est versé dedans, bien mélangé, bien fondu avec et dans le reste, ah ! Alors ! Ça change tout ! Tout ce mets qui jusqu’ici semblait inodore et insipide et qui laissait notre goût insatisfait ; le voilà devenu délicieux, relevé parce qu’on a mis dedans quelques grains de sel ; le voilà qui fait chanter tous les autres ingrédients qui ont participé à la confection du plat.

Le message du Christ est clair : l’Evangile est le sel des hommes, le seul qui puisse leur faire trouver le vrai goût de la vie et si nous savons faire passer toute cette saveur évangélique au monde dans lequel nous vivons, alors nous accomplissons notre mission.

            Ce sont les chrétiens, ayant goût d’Evangile, qui donneront sa vraie saveur au monde, à condition, bien sûr, de vivre dedans. C’est cela être missionnaire.

« Oui, c’est bien joli tout cela, mais si, nous-mêmes, nous ne sommes pas imprégnés d’Evangile, si l’Evangile n’est pas la substance de notre vie intérieure et de notre comportement extérieur, alors quel est notre rôle ? »

Et le monde, avec quoi lui donnera-t-on son goût ? Son sens ? Et sa véritable saveur ? Et c’est là que nous pouvons mesurer notre responsabilité de chrétiens et de baptisés !

Comment donner saveur au monde si nous sommes insipides nous-mêmes ? Incolores, inodores et sans saveur ? Des chrétiens couleurs de muraille ! S’entendre dire que l’on est « sel de la terre », d’un côté, et entendre de l’autre : « Oh ! Ils ne sont pas meilleurs que les autres » : cela fait mal !

C’est vrai que souvent, nous sommes de bien piètres témoins de l’Evangile. Comment être pour Jésus-Christ cet écran sur lequel se reflète son visage de ressuscité ?

Comment faire pour que les hommes qui nous voient se demandent qui est notre Dieu ? Quel est ce Dieu qui nous fait vivre ?

A quoi sert notre foi ? Justement, à faire goûter aux autres la saveur de la vraie vie. L’homme moderne, plus  encore que dans les âges précédents, est immergé dans la banalité, dans la grisaille  quotidienne :

– gestes stéréotypés et insipides du travailleur à la chaîne ;

– visages blafards sous les lumières au néon, objets standardisés en plastique, platitude  de  tant  de  conversations  courantes : les « marques » ou  les « modes », ras le bol devant les idéologies et les courants politiques.

La vie a-t-elle encore du goût ? Si l’on parle tant de la qualité de la vie, ne serait-ce point précisément que nous l’avons perdue ?

Donner du sel, c’est donner du sens aux réalités quotidiennes en mettant le Royaume de Dieu : dedans ; c’est relever le défi de tous ces athéismes qui ne cessent de proclamer que « la vie est absurde et n’a pas de sens ».

Avec Jésus, tout peut « prendre du sens », du « goût », même la souffrance, même la vieillesse, même la mort.  Si le sel se dénature… il n’est plus bon à rien… Si notre foi n’a plus goût de Dieu, s’il n’y a plus d’Evangile dans notre vie, alors, à quoi servons-nous ?

C’est Claudel qui clamait, lui qui avait toute la générosité et la virulence d’un converti : « L’Evangile, c’est du sel et vous en avez fait du sucre ».

Avec force, Jésus nous met en garde : notre foi risque de s’affadir, de s’affaiblir et peut-être perdons-nous toute la force corrosive du sel de l’Evangile.

Si  le  chrétien  n’est  plus  du  sel, il  ne  sert  plus  à  rien. Vous savez, le « chrétien caméléon » qui adopte toutes les modes, toutes les mentalités du monde païen, qui prend la couleur de son milieu de vie : « Puisque tout le monde pense ainsi… puisque ça se fait partout … mais tout le monde le fait…», ceux qui s’affadissent, deviennent peu à peu un vague résidu, incolore, inodore, sans saveur.

Or, Jésus nous dit aujourd’hui : « Vous devez être différents du monde, si vous voulez être  pour  lui, du sel ».  Exigence  pour  de nous, “ de passer au monde, ce que Dieu a fait en nous ‘’.  AMEN




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 5,13-16).

« Vous êtes le sel de la terre

et la lumière du monde »

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

« Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent ».

            Dans l’Evangile selon St Jean, Jésus parle à ses disciples d’une manière semblable, mais avec une autre image, celle de la vigne et des sarments : « Je Suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent » (Jn 15,5-6). La vigne est la source de la sève pour les sarments. Et ce n’est que grâce à cette sève reçue de la vigne que les sarments peuvent rester verts et porter du fruit… Or Jésus s’est déjà présenté comme une source : « « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,37-39).

            Cette sève de la vigne est donc « l’Esprit Saint », Plénitude de Lumière et de Vie que le Fils reçoit éternellement du Père et qui l’engendre en Fils. Si le sarment reçoit lui aussi, par sa foi en Jésus, ce Don de l’Esprit, alors et alors seulement, il pourra porter du fruit : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5,22).

            Le sel de notre Evangile renvoie donc lui aussi à « l’Esprit Saint », ce Don de Dieu que le Fils est venu nous offrir au Nom du Père pour que notre vocation à tous puisse s’accomplir : « devenir des fils à l’Image du Fils » (Rm 8,29 ; Jn 1,12 ; 1Jn 3,1-2) en nous laissant engendrer à notre tour à la Plénitude des fils par ce Don de l’Esprit (Rm 8,14-17)…

            « Dieu est Esprit » (Jn 4,14), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5)… Recevoir le sel de l’Esprit Saint, c’est donc aussi recevoir la Lumière de l’Esprit. « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. Or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité » (Ep 5,8‑9). « Que votre Lumière brille donc devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux », ce « Père des Lumières » (Jc 1,17) qui donne aux pécheurs repentants de pouvoir devenir des « fils de la Lumière » (Jn 12,36). Dans ce monde si souvent dénaturé, ils pourront alors y semer le sel de la tendresse et de la miséricorde, et contribuer ainsi à lui redonner un goût d’humanité… DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Mt 5, 1-12)

Commentaire du samedi 28 et Dimanche 29 janvier 2023

 

Sophonie 2.3; 3.12–13 ; 1Corinthiens 1.26–31 ; Matthieu 5.1–12

L’Evangile d’aujourd’hui comprend 10 béatitudes parfois difficile à comprendre. 1ère béatitude : « 3 Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux », alors que Luc dit « Heureux, vous les pauvres , car le Royaume de Dieu est à eux ». Si on comprend qu’il faut être pauvre pour être heureux, ou que les pauvres sont heureux, on comprend mal le texte. Dieu ne désire pas la pauvreté pour l’homme, Il a même lutté contre elle ( multiplication des pains, guérison des malades). La pauvreté, comme la souffrance, n’est pas un bien en soi car elles détruisent l’homme physiquement, moralement, spirituellement. La pauvreté peut facilement conduire à la misère; la souffrance liée à la misère ou la jalousie à l’égard des riches peut amener à une révolte contre Dieu et les hommes. C’est pourquoi, il faut lutter contre la pauvreté. A l’inverse, la richesse peut être un bien ou un mal pour le riche. Tout dépend de ce qu’il en fait car la richesse peut détourner le riche de Dieu et aussi des hommes. On ne peut pas généraliser et dire « c’est parce que vous êtes pauvres que vous recevrez le Royaume de Dieu », car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et pas seulement les pauvres. Il ne s’agit donc pas de devenir pauvre pour avoir le Royaume de Dieu. Il serait plus juste de dire ou de penser que les pauvres ou les pauvres en esprit, ou encore ceux qui ont une âme de pauvre qu’ils sont bienheureux parce qu’ils ont le Royaume de Dieu maintenant ; c’est parce qu’ils ont le Royaume de Dieu (déjà sur terre) qu’ils sont bienheureux, et non pas à cause de leur pauvreté. Maintenant, il est vrai aussi que les pauvres et ceux qui ont une âme de pauvre, ou qui sont pauvres en esprit sont aussi ceux qui se tournent vers Dieu en permanence, et c’est Dieu qui les rend bienheureux, mais ce n’est pas la pauvreté en soi qui les rend heureux. « Le Christ vient pour délivrer l’homme de son malheur et non pas pour l’y enfoncer davantage. Le christianisme ne valorise pas la souffrance pour elle-même, car la souffrance n’a jamais sauvé personne» (Antoine Baron – « Les Béatitudes »). Le Pape François (Gaudete et Exsultate – §69-70) nous dit « cette pauvreté d’esprit est étroitement liée à la « sainte indifférence » que saint Ignace de Loyola proposait, et par laquelle nous atteignons une merveilleuse liberté intérieure: « Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créées…70. Luc ne parle pas d’une pauvreté en « esprit » mais d’être « pauvre » tout court (cf. Lc 6, 20) ; ainsi il nous invite à une existence austère et dépouillée, et nous appelle à partager la vie des plus pauvres, la vie que les Apôtres ont menée, et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, « s’est fait pauvre » (2 Co 8, 9).

2ème béatitude : « Heureux les doux, car ils posséderont  ( hériteront ) la terre ». Il ne s’agit pas ici du caractère « doux » d’une personne.  « La douceur envers Dieu est cette disposition d’esprit par laquelle nous acceptons tout ce qu’Il nous donne comme étant un bienfait, et ceci sans discussion ni résistance. Dans l’A.T, les doux, les débonnaires, les bienveillants, les tolérants… étaient ceux qui s’en remettaient entièrement à Dieu et non à leur propre force pour les défendre contre l’injustice » (Bible Oneline). Jésus en est le meilleur exemple : « lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice…( 1P2,23) ». Le Pape François nous dit (Gaudete et Exsultate – §74) : « Il vaut mieux toujours être doux, et nos plus grands désirs s’accompliront : les doux « posséderont la terre », autrement dit, ils verront accomplies, dans leurs vies, les promesses de Dieu. En effet, les doux, indépendamment des circonstances, espèrent dans le Seigneur, et les humbles posséderont la terre et jouiront d’une grande paix (cf. Ps 37, 9.11). En même temps, le Seigneur leur fait confiance : « Celui sur qui je porte les yeux, c’est le pauvre et l’humilié, celui qui tremble à ma parole » [Is 66, 2). « Hériter la terre » pourrait aussi désigner la Terre Promise, le Royaume de Dieu. – 3ème béatitude : 5 Heureux les affligés,  car ils seront consolés. Les affligés sont ceux qui se lamentent à cause de leurs propres péchés. La tristesse évoquée ici est également spirituelle. La consolation appartiendra à celui qui est consterné par ses iniquités (ses fautes, ses péchés), ses manquements devant son Dieu (#2Co 7:9-10). Celui qui éprouve cette « tristesse selon Dieu » reconnaîtra en lui le « Dieu de toute consolation » (#2Co 1:3). Voici l’avis du Pape François (Gaudete et Exsultate – §75-76) : 75. Le monde nous propose le contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie. L’homme mondain ignore, détourne le regard quand il y a des problèmes de maladie ou de souffrance dans sa famille ou autour de lui. Le monde ne veut pas pleurer : il préfère ignorer les situations doulou­reuses, les dissimuler, les cacher. Il s’ingénie à fuir les situations où il y a de la souffrance, croyant qu’il est possible de masquer la réalité, où la croix ne peut jamais, jamais manquer. 76. La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, elle est capable de toucher les profondeurs de la vie et d’être authentiquement heureuse.70 Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des autres et elle cesse de fuir les situations doulou­reuses. De cette manière, elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. Cette personne sent que l’autre est la chair de sa chair, elle ne craint pas de s’en approcher jusqu’à toucher sa blessure, elle compatit jusqu’à se rendre compte que les distances ont été supprimées. Il devient ainsi possible d’accueillir cette exhortation de saint Paul : « Pleurez avec qui pleure » (Rm 12, 15).

4ème béatitude : 6 Heureux les affamés et assoiffés de la justice,  car ils seront rassasiés.

Les affamés et les assoiffés de justice sont ceux qui reconnaissent qu’ils ont en eux-mêmes un manque de justice, parce qu’ils ne sont pas eux-mêmes des justes, et qu’il est important pour eux de le devenir. La faim et la soif de justice les concernent, eux, et non les autres. Il ne s’agit donc pas de regarder les autres et de dire s’ils sont justes ou non. Il s’agit de reconnaître en soi-même un manque de justice. Mais la notion de justice elle-même est à revoir et ce n’est pas une simple notion d’équité, d’honnêteté, de bonne foi, de rectitude entre les hommes. Quand dans la Bible, on parle de juste, de justice, de justification, de justifié, on parle surtout de justice par rapport à Dieu. Une personne est juste, justifié, lorsqu’il est « ajusté » sur Dieu, lorsqu’il fait la volonté de Dieu, lorsqu’il applique ses commandements. Dieu nous aime tels que nous sommes comme point de départ vers la sainteté, pour que nous soyons par la suite « justifiés », amenés à faire sa volonté, à accepter ses commandements, surtout celui d’aimer Dieu et son prochain car « celui qui aime autrui a, de ce fait, accompli la Loi » (Rm 12,8). Dieu rend l’homme juste, aligné sur lui-même, il fait de nous des saints, des êtres transformés dans la sainteté. 5ème béatitude : 7 Heureux les miséricordieux,  car ils obtiendront miséricorde. La miséricorde de Dieu va bien plus loin qu’un simple pardon tel que nous pouvons le penser. Sainte Thérèse de Lisieux nous dit que Dieu nous sauve, non pas parce que nous faisons de belles choses sur terre, mais parce que Dieu est miséricordieux. Il nous faut donc croire, en toute confiance, que Dieu nous sauve par sa miséricorde qui est infinie sauf si elle est limitée par le « non » d’une âme qui refuserait sa miséricorde jusqu’au bout, c’est-à-dire même après la mort. C’est pourquoi il ne faut pas prendre à la légère la notion de pardon à donner ou à recevoir. Ne laissons pas notre orgueil prendre le dessus, car c’est l’orgueil qui nous empêche de pardonner ou de recevoir un pardon. Personne ne pourra le faire à notre place. Rappelons au passage les œuvres de miséricorde que nous pouvons accomplir: nourrir ceux qui ont faim; donner à boire à ceux qui ont soif; vêtir ceux qui sont nus; recueillir les étrangers; visiter les malades et les prisonniers; apporter le salut aux prisonniers; ensevelir les morts; instruire les ignorants; conseiller ceux qui doutent; consoler les affligés; reprendre les pécheurs; pardonner les offenseurs; supporter avec patience les personnes ennuyeuses; prier pour tous les vivants et les morts. Jésus lui-même se met en colère contre ceux qui ne se montrent pas miséricordieux et en Mc 3,5, il promène sur les Pharisiens un regard de colère, navré de l’endurcissement de leur cœur, pour avoir interdit de guérir un malade le jour du sabbat.

6ème béatitude : 8 Heureux les cœurs purs,  car ils verront Dieu. Quand on parle de cœur dans la Bible, il ne s’agit pas forcément de sentiment ou de sensibilité. Le cœur de l’homme est la source même de sa personnalité consciente, intelligente et libre, le lieu de ses choix décisifs et de l’action mystérieuse de Dieu » (VTB). Et la pureté est la disposition requise pour s’approcher des choses sacrées ; elle est procurée non par des actes moraux, mais par des rites (prières, sacrements), et par l’obéissance aux commandements de Dieu. Celui qui a le « cœur pur » aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son pouvoir, et son amour n’est pas tiraillé par des amours contradictoires comme par exemple « servir Dieu et l’argent », ou encore servir Dieu et « un autre dieu » (entre guillemets). Le « pur amour pour Dieu » englobe aussi l’amour du prochain. Les cœurs purs verront Dieu, c’est une promesse de Dieu qui comble tous les désirs de l’homme fidèle à Dieu. 7ème béatitude : 9 Heureux les artisans de paix,  car ils seront appelés fils de Dieu. Les artisans de paix sont ceux qui font la paix dans la société, ceux qui maintiennent ou restaurent la paix entre les hommes. Et pourquoi donc les artisans de paix seront appelés « fils de Dieu » ? Le Christ lui-même a pour nom « Prince de Paix » (Is 9,5-6) et Michée 5,4 dit « Celui-ci sera paix ». Autrement dit, la mission du Messie est d’instaurer la paix définitive dans le monde et dans toute la création comme nous le dit Pierre (2P3,13) : « Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera ». Le Ps 2 nous montre cette investiture du Christ comme « Fils de Dieu » envoyé dans le monde en tumulte, en désordre : 1 Pourquoi ces nations en tumulte, ces peuples qui murmurent en vain? 2 Les rois de la terre s’insurgent, les princes tiennent tête à Yahvé et à son Messie : 3 Rompons leurs chaînes, débarrassons-nous de leurs liens! 4 Celui qui siège dans les cieux s’en amuse, Yahvé les tourne en dérision. 5 Puis dans sa colère il leur parle, dans sa fureur il les épouvante :6 C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte. 7 Je publierai le décret de Yahvé : Il m’a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. 8 Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre; 9 tu les briseras avec un sceptre de fer, comme un vase de potier tu les casseras. 10 Et maintenant, rois, comprenez, corrigez-vous, juges de la terre! 11 Servez Yahvé avec crainte, 12 baisez ses pieds avec tremblement;  qu’il s’irrite, et vous vous perdez en chemin : en un instant flambe sa colère. Heureux qui s’abrite en lui! ». « Parce qu’ils sont avec le Christ, les acteurs de son règne, tous ceux qui participent au travaille messianique d’instauration de la paix reçoivent le même titre que le Messie « fils de Dieu ». 8ème béatitude : 10 Heureux les persécutés pour la justice,  car le Royaume des Cieux est à eux. De nombreuses personnes sont persécutées pour de raisons diverses: religieuses, progrès social au bénéfice des plus petits, inventions ingénieuses qui gênent le pouvoir ou la richesse de certaines personnes, dénonciation des corrompus avec preuves à l’appui etc…De nombreux chrétiens sont morts pour s’être battus du côté des pauvres, victimes de l’injustice de ceux qui ont le pouvoir et la richesse. Tapez le mot « Nicaragua » sur Internet, et vous verrez des évêques, des prêtres et des laïcs traduits en justice pour avoir dénoncé des injustices. Il en est de même pour la persécution des chrétiens en Chine qui sont l’objet de bon nombre d’injustices telle que les pressions faites sur les chrétiens : interdiction aux enfants des chrétiens d’aller à l’université par exemple, et probablement des pressions pour les empêcher d’avoir du travail ou même pour se déplacer d’une ville à une autre etc…Ces chrétiens persécutés sont à l’image du Christ persécuté, alors que ce dernier n’avait et n’a toujours aucune faute. Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Le Christ nous a montré le chemin et, avec l’aide de Marie, nous espérons suivre son exemple. Il nous l’a promis : votre récompense sera grande dans les cieux.




4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 5, 1-12)

« Béatitudes. »

 

Le texte nous présente neuf béatitudes, neuf occasions de se sentir heureux ;

Les huit premières concernent chacun, en lui-même, et s’adressent à tous les humains, quel que soit leur religion.

Elles sont presque toutes bâties sur le même modèle :

« Heureux ceux qui … ils seront … » avec un verbe au futur …

Sauf deux béatitudes :

La première : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »

Et la huitième : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. »

Avec des mots-clefs : le cœur, ce qui correspond à l’amour, et la justice, qui correspondent à ce qu’est Dieu : Dieu est amour, et Dieu est justice.

Deux mots que l’on retrouve dans le psaume 84 :

                                            « Amour et vérité se rencontrent,

Justice et paix s’embrassent. »

Des mots que l’on ne peut séparer et qui sont la quintessence de ce qu’est Dieu.

Et ces deux béatitudes ont la même conclusion, au présent : « car le royaume des Cieux est à eux. ». C’est acquis pour eux, … à condition qu’ils gardent leur esprit dans les mêmes conditions toute leur vie … et cela est vrai pour tous les humains ! On voit mal que des personnes comme le Mahatma Gandhi ou le Dalaï Lama, par exemple, ne soient pas accueillis dans le royaume de Dieu.

La neuvième est différente : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! ». Elle s’adresse à tous ceux qui croient en Jésus et qui ont à subir des remarques ou autres actions à cause de leur amour de Jésus, de Dieu, … pouvant aller jusqu’au martyr. Elle s’adresse à tous ceux qui s’engagent dans la mission … c’est-à-dire normalement à tous les baptisés !

Jésus proclame le bonheur : Heureux …

L’amour qui vient de Dieu est toujours premier, et il veut que nous bénéficiions encore de son amour dans l’au-delà, ce qui nous est assuré si … nous suivons les béatitudes … et même si on ne les suit pas toutes, … car Dieu est miséricordieux …

Car l’amour de Dieu est pour tous les humains … même ceux qui le rejettent maintenant … car Dieu est patient … et une conversion est toujours possible …

La preuve : Matthieu lui-même : il est né juif …mais il est devenu publicain, au service des Romains, et d’une certaine manière, il a rejeté la loi juive pour l’argent … et les juifs le lui ont bien rendu : « Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Mt 9,10-11).

Et pourtant, Jésus l’a choisi pour être un de ses disciples, un de ses apôtres … et lui a même ’soufflé’ d’écrire comment il avait ressenti ce qu’il avait dit lorsqu’il était parmi les humains !

Alors, les béatitudes : sont-elles des commandements … des guides de vie … des repères … ?

Plutôt les deux dernier mots … car toutes ces béatitudes sont inscrites dans un seul commandement, celui que Jésus a ajouté après le premier commandement qui parle de l’amour porté à Dieu : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Et « les uns et les autres », ce n’est pas que les catholiques ou les chrétiens, mais tous les humains

L’amour … toujours l’amour !

Si on suit ce commandement, alors vivre selon les béatitudes devrait être une formalité !…

Malheureusement, ce n’est pas le cas … et nous le savons bien pour nous-mêmes …

Jésus, tu es venu habiter parmi eux.

Tu es venu leur dire :

« Heureux êtes-vous

parce que Dieu vous aime

et qu’il se veut tout proche de vous !

Le Dieu qui a voulu un monde d’amour,

vous est plein de reconnaissance

quand vous vous montrez des cœurs purs,

et que vous cultivez en vous la douceur et la miséricorde.

il vous chérit quand vous construisez la paix

et défendez la justice. (…)

Aide-nous à savoir être des artisans de paix !

Aide-nous à être de ceux qui font miséricorde

et défendent la justice.

Aide-nous à rendre heureux,

comme ont su le faire, déjà,

tant de saints et de saintes de l’histoire humaine.

                                  (Christian Delorme)

 

Francis Cousin    

    

   

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

Heureux ceux qui croient à l’Amour

(Mt 5,1-12)…

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Autrefois, dans le cadre de l’Alliance conclue avec son Peuple, Dieu donna sa Loi à Moïse sur une montagne (Ex 19-20). Ici, Jésus « gravit la montagne » et donne aux « grandes foules qui le suivirent, venues de la Galilée (Juifs), de la Décapole (païens), de Jérusalem (Juifs), de la Judée (Juifs), et de la Transjordanie (païens) » (Mt 4,25), la Loi Nouvelle de « l’Alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25 ; 2Co 3,6) et éternelle, une Alliance qui existe de fait depuis la création du monde (Gn 9,8-17) entre Dieu et tous les hommes. Avec Jésus et par Lui (Hb 9,15 ; 12,24), ce Mystère est dorénavant pleinement révélé (Rm 16,25-27)…

            Cette Loi nouvelle est un appel au bonheur ! Dieu a créé l’homme pour le bonheur (Gn 2,8), il veut son bonheur (Dt 4,40 ; 5,16.29.33 ; 6,3…), il ne cesse de le désirer, d’y travailler… Pourquoi ? Car « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). C’est pourquoi, « il ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien » (Jr 32,40). Et que fera-t-il pour nous permettre d’atteindre ce bonheur ? Jésus, le Fils, en est le parfait exemple : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). Gratuitement, par Pur Amour, le Père ne cesse de se donner tout entier à son Fils pour le combler de tout ce qu’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi, de toute éternité, « avant tous les siècles », d’avoir part à sa vie (Jn 5,26) en « Unique-Engendré » (Jn 1,14.18 ; 3,16.18), « non pas créé », « Lumière » (Jn 1,9 ; 3,19 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,46) « née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Le Père « est Lumière » (1Jn 1,5), il est aussi « Esprit » (Jn 4,24) ? Dans un acte d’Amour éternel, il donne au Fils la Plénitude de son Esprit de Lumière… Et « le fruit de l’Esprit est joie » (Ga 5,22), bonheur profond. Jésus « tressaille ainsi de joie sous l’action de l’Esprit » (Lc 10,21), « le Don de Dieu » (Jn 4,10), ce Don qu’il ne cesse de recevoir du Père et qui l’engendre en Fils vivant de la Plénitude même du Père… Cette joie, voilà ce que Jésus veut voir régner en nos cœurs : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,10). Et pour qu’il en soit effectivement ainsi, il nous invite à recevoir à notre tour en nos cœurs ce que lui-même reçoit du Père de toute éternité : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22) !

            Jésus nous presse donc d’accepter de reconnaître notre misère, pour la lui offrir. Le pardon infini et surabondant de Dieu l’enlèvera bien vite.  Il nous rendra ainsi capables de recevoir avec Lui ce Don de l’Esprit Saint qu’il reçoit du Père de toute éternité et qui l’engendre en Fils. « Le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,23) ? « Heureux les doux » ! « Le fruit de l’Esprit est Amour Miséricordieux » (Ga 5,22) ? « Heureux les miséricordieux » ! « Le fruit de l’Esprit est Paix » (Ga 5,22) ? « Heureux les artisans de paix » ! L’Esprit lave et purifie les cœurs blessés par le péché (Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11) ? « Heureux les cœurs purs » ! Oui, vraiment, « heureux ceux qui croient » (Jn 20,29) que « Dieu est Amour », Pur Amour !

                                                                       DJF




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 4, 12-23)

« Venez à ma suite. »

Les textes de ce jour nous rappellent le thème du synode 2021-2024 : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission »

D’abord la lettre de saint Paul qui exhorte les Corinthiens à une plus grande communion entre eux : « Ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. ».

Cette exhortation est encore aujourd’hui, entre les différentes Églises qui se prévalent de l’enseignement de Jésus, mais aussi dans notre propre Église Catholique où divers groupes font valoir leur différence par rapport à la liturgie ou à certains enseignements des papes, et même dans nos diocèses ou nos paroisses …

Ensuite la participation de personnes à la vie de ce qui deviendra l’Église, par l’appel des quatre premiers disciples par Jésus qui le suivent, même s’ils ne savaient pas à quoi ils s’engageaient …

Et puis la mission suggérée par la phrase de Jésus : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. », mais que là aussi ils n’ont pas compris de suite …

La semaine dernière, nous étions avec Jean-Baptiste qui parlait de Jésus comme étant l’Agneau de Dieu, attirant la curiosité d’André et d’un autre de ses disciples. Cette semaine, il est emprisonné par Hérode pour avoir condamné sa conduite envers Hérodiade, la femme de son frère, permettant que se réalise ce qu’il avait dit : « Moi, je vous baptise dans l’eau … Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi … Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (Mt 3,11).

Il parlait de Jésus, qui revient en Galilée, mais non pas dans sa ville natale, mais à Capharnaüm, dans la Galilée des Nations, là où se côtoient des juifs et des gens de passage, signe que son message, la lumière qu’il apporte, ne va pas s’adresser aux seuls juifs, mais à toutes les nations, reprenant ainsi la prophétie d’Isaïe (première lecture).

Et pour marquer la continuité entre son message et celui de Jean-Baptiste, il commence par la même phrase de celui-ci : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. ».

Et dès le début, il appelle des hommes à venir travailler avec lui, des pécheurs … quatre pour commencer, qui feront par la suite partie des douze apôtres, … deux fois deux frères.

On est surpris par l’immédiateté de la réponse : « Aussitôt, laissant leurs filets, … laissant la barque et leur père, … ils le suivirent. ».

Et Jésus part dans toute la Galilée, « il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. ».

Jésus ne s’installe pas à Capharnaüm, il va de village en village, « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » (Mt 8,20). Il n’attend pas, comme Jean-Baptiste, que les gens viennent à lui, mais c’est lui qui va à la rencontre des gens.

Et il continue encore maintenant à faire la même chose : il va vers les gens, non pas physiquement, mais il se sert des gens qu’il continue d’appeler, comme prêtres, religieux, religieuses, diacres, fidèles laïcs, pour leur apporter la Bonne Nouvelle de son amour pour tous, dans notre vie terrestre et dans la vie éternelle : c’est notre mission de baptisés.

« Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci : pour le poisson, crée pour l’eau, être sorti de l’eau entraine la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l’homme. Mais, dans sa mission de pécheur d’hommes, c’est le contraire qui survient. Nous les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort ; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi : nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu’est la vie (…) Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. » (Benoît XVI, homélie de la messe inaugurale du pontificat, 24 avril 2005).

Seigneur Jésus,

c’est toi la lumière

qui nous guide dans notre vie

pour aller vers le Père.

Comme pour Pierre et André,

tu nous invites à devenir ‘pécheur d’hommes’.

Comme eux,

puissions-nous répondre à ton appel.

 

Francis Cousin    

   

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3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Semaine de l’unité

Mt 4, 12-23

 

         Ce dimanche, mes frères, est situé à la fin de la semaine de l’unité : semaine de prières pour que les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, orthodoxes ou anglicans, puissent raviver dans leur cœur ce désir exprimé par le Christ à la fin de sa vie :

« Père, qu’ils soient un, comme toi et moi, nous faisons un ».

Nous venons d’entendre la parole de St-Paul aux Corinthiens :

« Mettez-vous tous d’accord ; qu’il n’y ait pas de divisions entre vous ; soyez en parfaite harmonie de pensée et de sentiment. On m’a dit qu’il y avait des disputes entre vous. Chacun prend parti. Les uns disent : « Moi, je suis pour untel » ; « Moi, je suis pour tel autre »… Le Christ est-il donc partagé ? N’a-t-il versé son sang que pour quelques- uns d’entre nous ? Est-ce un tel ou tel autre qui a été crucifié pour vous ? Non, c’est le Christ lui-même, qui est mort pour tous ».

 – Ce message de St-Paul ne s’adresse pas seulement aux Corinthiens, il s’adresse à nous aujourd’hui. N’y a-t-il pas aussi, dans nos communes, dans nos paroisses mêmes, dans nos familles, des divisions, des rivalités, des dissensions qui devraient être surmontées entre nous :

. parce que nous sommes chrétiens

. parce que nous disons dans le ‘’Notre Père‘’ : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

. parce que dans le cœur d’un chrétien, l’amour doit être toujours plus fort que la haine

. parce que voulant imiter Dieu lui-même, nous voulons oublier, effacer tout le mal qui nous a été fait

Pas d’unité possible sans amour, sans bienveillance à l’égard des autres. Il serait hypocrite de proclamer que  nous sommes  pour  l’unité avec  les  protestants, les  orthodoxes, les  anglicans, si, en  même temps, nous sommes brouillés avec un voisin, si l’on ne se parle  plus avec  un habitant  du  quartier, pire  encore, avec  sa belle-sœur, sa belle-mère parfois entre parents et enfants. Tant que nous serons divisés entre nous qui vivons ensemble ici, à St-Denis, nous avons bonne mine de prêcher l’unité entre les différentes familles chrétiennes de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Sud.

     

Comment cette division s’est-elle introduite ? Vous le savez bien : par le péché ; tout comme l’unité ne peut se refaire que par l’amour, que par l’Esprit Saint : Esprit d’unité. Entre chrétiens, rappelons-le, il ne doit y avoir qu’un seul Corps, un seul Esprit : « Appelés par vocation à une espérance unique, nous rappelle Saint-Paul, il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il n’y a qu’un Dieu et père de tous, qui est en tous ».

En fait, ce qui devrait nous unir, nous faire devenir des frères entre nous, est bien plus fort et bien plus important que les motifs de division qui peuvent nous séparer : telle ou telle dispute, différent, une réflexion un peu dure, des conflits matériels, des points de vue différents. Que de broutilles, de bagatelles, si nous nous situons à hauteur de Dieu !

« Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel » a-t-on dit. Vus du ciel, ils doivent à peine apparaitre et pourtant nous nous butons, nous voulons avoir le dernier mot, nous voulons le dessus, avoir raison à tout prix.

– Pour faire l’unité, pour refaire l’union, nous n’avons pas à attendre que l’autre, ou les autres, reviennent vers nous. Nous avons tous à aller à la rencontre les uns des autres et si nous sentons comme Dieu, peut-être avons-nous à faire le premier pas, à prendre des initiatives, quitte à perdre la face.

– Mais Jésus, le premier, n’a-t-il pas perdu la face, la Sainte Face, pour nous sauver, nous réconcilier avec le Père, nous réconcilier  entre  nous ? Certes, il  est  facile  de  jeter  la  responsabilité  sur  les  autres, de dire comme  les enfants : « C’est lui qui a commencé ; c’est de sa faute ». Facile de jeter la pierre aux autres, mais cela reste stérile et ne fait rien pour nous rapprocher.

– C’est notre cœur à nous qui doit se convertir. Cherchons d’abord à nous purifier nous-mêmes, avant de purifier les autres, à nous convertir nous-mêmes avant de convertir les autres, à nous juger nous-mêmes avant de juger les autres, car s’il existe un orgueil et un égoïsme personnel, il existe également un orgueil et un égoïsme ‘’ de groupe ‘’, ‘’ de corps ‘’. Or, il n’y a que l’humilité qui peut nous ouvrir les routes barrées qui nous empêchent de nous rencontrer.

Il n’y aura jamais de réconciliation entre familles chrétiennes, tout comme entre nous, s’il n’y a pas un minimum d’humilité de part et d’autre, de reconnaissance de nos fautes respectives.

– Peut-être aussi, nous faisons-nous une fausse idée des autres. Nous avons d’eux une image qui ne correspond pas à la réalité : si nous les connaissions mieux, l’unité serait plus facile à établir.

Un des premiers efforts à faire, c’est de nous efforcer de mieux connaitre ceux qui nous entourent. Trop d’idées saugrenues circulent encore : il y a vingt -cinq ans, je n’avais sans doute jamais rencontré un protestant, encore moins un orthodoxe et je savais surtout que c’était des gens à éviter… et puis j’ai rencontré des hommes et des femmes à la foi transparente, à la charité sans limites, à l’esprit apostolique admirable. Puissent-ils, eux aussi, rencontrer des catholiques de cette qualité. Alors déjà, beaucoup d’idées toutes faites sur les uns ou sur les autres seront détruites, comme au premier temps de la chrétienté.

 Les hommes croiront s’ils peuvent dire des chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ».

C’est notre unité, notre solidarité entre nous, notre communauté paroissiale, unie et vivante, qui fera envie  aux autres  et les  décidera à  venir avec nous.

Tout est possible, si d’un seul cœur et d’une seule espérance, nous demandons au Père cette grâce de l’unité : « Père que ton règne vienne», « que ton amour unisse tous tes enfants ».    AMEN




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 12-23)

Jésus, Lumière et Vie …

 

 

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :
‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !
Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’
À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

 

Jean-Baptiste quitte la scène comme tant de prophètes avant lui : persécuté, emprisonné, exécuté… Jésus prend le relais… Le moment est venu pour lui de manifester le désir de Dieu qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6). Alors, même si la Bonne Nouvelle devait être d’abord annoncée à Israël (Mt 15,24 ; 10,6), le Peuple de l’Alliance et des Promesses (Ep 2,12), Jésus va s’installer non pas à Jérusalem, la capitale, mais à Capharnaüm (en hébreu : ‘Village de Nahum’, ‘Nahum’ signifiant ‘Dieu console’), une petite ville frontière au nord de la Galilée juive, entourée de provinces païennes : la Syro-Phénicie, la Trachonitide et la Décapole. Nous sommes vraiment ici à « un carrefour », avec d’un côté les régions Juives de « Zabulon et de Nephtali », et de l’autre « la route de la mer et le pays d’au-delà du Jourdain », le pays des païens… Ce « peuple » qu’évoque St Matthieu juste après est donc l’humanité tout entière constituée des Juifs et des païens. Et tous « habitent dans les ténèbres », ce qui signifie, Dieu étant Lumière (1Jn 1,5), que les hommes lui ont fermé la porte de leur cœur et de leur vie. Ils vivent sans Lui… Or, la Lumière de Dieu est tout à la fois Esprit (Jn 4,24) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Être privé de cette Lumière, c’est vivre en étant privé d’une Plénitude de Vie spirituelle : c’est être spirituellement mort… « Habiter dans les ténèbres », c’est donc « habiter le pays de l’ombre et de la mort »…

            Le ministère public de Jésus commence donc par une allusion à ce péché qui touche tout homme. « Tous ont péché et sont privés de la Gloire de Dieu… Et le salaire du péché, c’est la mort ; mais le Don gratuit de Dieu, c’est la Vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 3,9-26 ; 6,23). Et St Matthieu, en quelques mots, va nous résumer ici tout l’Evangile. Dieu, tout en ne cessant jamais de respecter notre liberté, car il n’y a pas d’amour vrai sans liberté, s’est fait homme, avec le Fils et par le Fils, pour nous rejoindre dans nos ténèbres et nous appeler à passer avec Lui des ténèbres à la Lumière, de la mort à la Vie. Telle est bien la démarche de Celui qui Est Amour (1Jn 4,8.16), de Celui qui n’est qu’Amour et qui ne pense, ne veut, ne désire que notre bien : « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien. Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur » (Jr 32,40-41). Alors, avec Jésus, le Fils, « vrai Dieu né du vrai Dieu, Lumière née de la Lumière », et aussi vrai homme, « le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande Lumière ». « Je suis la Lumière du monde », dira-t-il. « Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12), gratuitement, par amour, alors que nous en étions tous privés par suite de nos fautes. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ? « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,22-24), pour toujours…

DJF