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Epiphanie – par Francis COUSIN (Mtth 2, 1-12)

 « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

Des mages venus de loin, d’orient, qui arrivent à Jérusalem après avoir suivi une étoile, annonciatrice de la naissance d’un nouveau roi …

Mais l’étoile a disparu … et ils ne savent plus que faire …

Ils étaient venus pour se prosterner devant lui … ils avaient amené des cadeaux pour ce nouveau-né : de l’or, de l’encens, de la myrrhe … des cadeaux de riches …

Sans le savoir, ils accomplissaient la prophétie d’Isaïe : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur. » (première lecture).

Une étoile qui guide les mages vers le Seigneur Jésus, « la lumière [qui] brille dans les ténèbres » (Jn 1,4) et qui sera notre guide pour aller vers le Père : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

On retrouve la lumière qui entoure les bergers lors de l’annonce de la naissance de Jésus : « L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. » (Lc 2,9).

Mais à part la lumière, et l’adoration du nouveau-né, rien de commun entre les deux manifestations …

Dans saint Luc, l’annonce est faite à des bergers, des gens simples, démunis, pauvres

Dans saint Matthieu, l’annonce est faite à des personnes qui habitent loin, qui ne sont pas juifs, mais qui se déplacent quand même …

« Dieu a ses préférences, et il les honore : ce sont les plus démunis et ceux qui sont au loin. » ( André Louf )

On retrouve ces mêmes types de personnes dans la pensée du pape François : « L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence : celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère. » (George-Marie Bergoglio, congrégation générale, mars 2013).

« Où est le roi des juifs ? … » ou plutôt, comme on l’entend souvent maintenant « Où est-il ton Dieu ? » …

Nous aussi, nous devons cheminer avec l’étoile de la Foi …

Oh, ce n’est pas une étoile visible, comme souvent quand il s’agit de foi !

C’est plutôt la Parole de Jésus qui doit être notre étoile …

« Où est-il ton Dieu ? »

Il est là …

Là où tu es … là où tu vis … parmi tous ceux que tu rencontres …

Il est là … dans l’église bâtiment … dans l’Église … mais surtout ailleurs …

Il nous faut faire comme les mages … regagnez notre chez nous … mais par un autre chemin … c’est-à-dire avec une autre manière de voir ceux qui nous entourent, nos proches, ou ceux dont nous nous faisons proches …, ceux qui sont un peu plus loin … ceux qu’on n’a pas l’habitude de voir … pour leur donner un peu de l’amour que Dieu nous a donné le premier …

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40).

Alors seulement nous pourrons avoir « la claire vision de [la] splendeur [de Dieu]. » (Oraison de l’Épiphanie).

Après les humbles bergers,

ce sont les savants mages

venus de fort loin

qui viennent vers toi …

Pauvres ou riches, proches ou lointains,

tous sont invités à se prosterner devant toi.

Aide-nous dans notre mission

de les amener devant toi.

 

Francis Cousin       

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Image dim Epiphanie A




Dimanche 1er janvier 2023 – La révélation de Dieu et de notre vocation à tous (Lc 2,16-21) – D. Jacques FOURNIER

Nous l’avons entendu lors de la fête de Noël : à proximité de l’endroit où Jésus était né, « il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte. Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » » (Lc 2,8-14).

Une Parole leur est donnée… Vite, ils vont partir à Bethléem pour voir ce qu’il en est effectivement, et tel est l’évangile de ce jour : « Lorsque les anges eurent quitté les bergers pour le ciel, ceux-ci se disaient entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé, l’événement que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant » (Lc 2,15-17).

Dieu fait vraiment ce qu’il dit…

Et ce « nouveau né couché dans la mangeoire » est révélation de ce que Dieu est de toute éternité, et donc, pour les hommes, depuis que l’humanité existe, et cela jusqu’à la fin des temps… En effet, nous lisons dans les dernières lignes du passage qui nous est proposé aujourd’hui : « Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». Or « Jésus » vient de l’hébreu « Jéhoshua » qui signifie « Dieu sauve »… Et le « nom » dans la culture hébraïque, renvoie au Mystère de Celui qui le porte… Or ce Nom lui a été donné « avant sa conception », c’est-à-dire avant que le Fils éternel du Père se fasse chair (Jn 1,14) et entre ainsi dans l’espace et le temps … Il nous dit donc ce que ce Fils « est » de toute éternité : un Sauveur… Et pourquoi ? Tout simplement parce Dieu est ce qu’il est depuis toujours et pour toujours : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). « Dieu nous aime parce qu’il est Amour, et le propre de l’amour est de se donner » (Pape François, audience du mercredi 14 juin 2017), gratuitement, par amour, à tous… « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? Il ne cesse d’être Lumière, pour tous, depuis que le monde existe, « éclairant ainsi tout homme venant dans le monde » (Jn 1,9), « faisant lever son soleil aussi bien sur les méchants que sur les bons » (Mt 5,45). En effet, « si nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 1,13), il ne peut pas ne pas être ce qu’il est, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même et cela pour le seul bien de celles et ceux à qui il se donne…

C’est ce que nous lisons dans la première lecture (Nb 6,22-27) : « Que le Seigneur te bénisse et te garde », et c’est bien ce qu’il fait pour tout homme, depuis que le monde existe… « Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage », et c’est toujours ce qu’il fait pour « tout homme qui vient dans le monde » (Jn 1,9)… « Que le Seigneur tourne vers toi son visage », et il est de fait « tourné » vers tous, sans aucune exception, avec amour… « Et qu’il t’apporte la paix », le grand don de Dieu que Jésus, le Fils, est venu nous révéler : « Que votre cœur ne se trouble ni ne s’effraie. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix… Paix à vous » (Jn 14,27 ; 20,19-22).

Cette première lecture commençait par : « Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : « Parle à Aaron et à ses fils. Tu leur diras : Voici en quels termes vous bénirez les fils d’Israël »… Et elle se terminait par : « Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. » Telle est en effet la vocation d’Israël : accueillir et découvrir cette bénédiction du Dieu éternellement bienveillant, pour ensuite faire en sorte que tous puissent l’accueillir à leur tour. Relisons l’appel de Dieu à Abraham : « Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi (on pourrait aussi traduire « par toi ») seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit » (Gn 12,1-4)…

Ce Mystère d’un Amour éternellement Bienveillant qui se donne gratuitement pour le seul bien de l’être aimé, est ce qui se vit en Dieu de toute éternité… Le Père n’a ainsi qu’une seule Parole à dire à son Fils, une Parole qui est éternelle, au delà du temps : « Je t’aime »… Et cette Parole est un acte : le Père lui donne tout ce qu’il a, tout ce qu’il est en lui-même, donnant ainsi au Fils d’être lui aussi ce qu’il est : « Lumière née de la Lumière », et cela en Fils Unique Engendré « né du Père avant tous les siècles », et donc avant que le temps n’existe… Réalité éternelle… Le Fils est ainsi l’héritier du Père par excellence : tout ce qu’est le Père, il l’est lui aussi en tant qu’il le reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, gratuitement, par amour… En se faisant chair de la Vierge Marie et en naissant dans le monde, il est ainsi venu « être » parmi nous ce que Dieu « est » de toute éternité, nous révélant ainsi « qui » est Dieu, et il est Amour, Don gratuit de tout ce qu’il est en lui-même, « Lumière » qui ne cesse de nous rejoindre au cœur de nos ténèbres (Jn 1,5), « vie » qui vient surgir gratuitement, par amour, au plus profond de toutes nos morts, « paix » qui veut régner au cœur même des conséquences en nous de tous nos désordres…

Ce faisant, Jésus est venu révéler aux hommes, à tous les hommes que Dieu aime (Lc 2,14), quelle est leur vocation : être fils « comme » le Fils, être héritier du Père, gratuitement, par amour, « comme » le Fils est héritier du Père gratuitement, par amour, et cela depuis toujours et pour toujours… Et tel est bien ce que St Paul nous dit dans la seconde lecture : « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs », cet Esprit même que le Père en personne donne au Fils de toute éternité, gratuitement, par amour, lui donnant ainsi d’être « Esprit » comme lui-même est « Esprit », puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24)… Et ce Don en nous, « cet Esprit » en nous « crie « Abba ! », c’est-à-dire Père, et cela par tous les fruits qu’il apporte à nos cœurs : une paix qui ne vient pas de ce monde, une vie qui, seule, est pleinement, intensément « vie », une Lumière qui n’est que Beauté…  Ainsi, « toi aussi, tu es fils, toi aussi tu es héritier » comme le Fils : « c’est l’œuvre de Dieu »…

Et ce Don gratuit de l’Amour aura en nous le même effet qu’il a dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera à la Plénitude même du Fils, nous donnant, à nous aussi, d’être ce que Dieu est de toute éternité, et cela selon notre condition de créatures… Telle est « l’œuvre de Dieu », l’œuvre de l’Amour Tout Puissant à qui rien ne résiste, qui ne se laisse vaincre par aucune forme de ténèbres, et dont la vie est victorieuse de toutes nos morts…

                                                                                                       Bonne année 2023 !!!!

                 D. Jacques Fournier




Dimanche 1er janvier 2023 – Marie, Mère de Dieu (Lc 2,16-21) – Francis COUSIN

« Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.. »

 

Marie, par son « oui » à l’annonce de l’ange Gabriel, avait accepté de faire partie du plan de Dieu, rejoint en cela par Joseph à qui elle avait été promise en mariage …

Mais comment ?

Un premier événement va lui apporter une première idée de ce plan de Dieu : la visite des bergers la nuit même de la naissance de Jésus.

Pourquoi, en pleine nuit, viennent-ils … non pas la voir, ni Joseph … mais le voir lui, le petit nouveau-né ?

« Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. » : Ils racontèrent l’ange, la lumière, leur peur, sa parole « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, (…) Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. », et puis le chœur des anges qui chantait « Gloire à Dieu … »

Pourquoi eux, des bergers ? … des gens frustres, peu recommandés … qui vivent à l’écart des autres personnes … ?

Mais ce qu’ils disent complète et confirme ce que l’ange Gabriel lui avait dit …

Marie réfléchit : « Cela veut dire que les bergers, ces personnes simples à tout niveau, des personnes qu’on ne fréquente pas habituellement, avec des gestes et des paroles empruntées, mal à l’aise … mais qui parlent si merveilleusement de ce qu’ils viennent de vivre avec les anges … ceux-là aussi font partie du plan de Dieu … ! »

Et là encore, comment ?

Comment sont-ils signes de la manière que Jésus va les utiliser dans sa mission ?

Marie poursuit sa réflexion … « Si Dieu a fait dire à ces bergers de venir voir l’enfant, eux plutôt que des gens instruits et bien incérés socialement, c’est que ces petites gens sont importants pour Dieu … et donc pour son fils. ».

Et donc Marie conclut que …en tant que maman de Jésus, c’est à elle, avec l’aide de son époux Joseph, d’apprendre à Jésus, par leur exemple à tous les deux, et dès son plus jeune âge, à prendre soin des petits, des faibles, des malades … « des veuves et des orphelins » … à avoir du respect pour toutes ces personnes …

« Marie … retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur… »

« Dieu demande à Marie, non seulement d’être la mère de son fils unique, mais aussi de coopérer avec le Fils et pour le Fils au plan du salut, afin qu’en elle, humble servante, s’accomplissent les grandes œuvres de la miséricorde divine. » (Pape François, 1 janvier 2017)

« Merci, ô sainte Mère du Fils de Dieu Jésus, Sainte Mère de Dieu !

Merci pour ton humilité qui a attiré le regard de Dieu ;

merci pour la foi avec laquelle tu as accueilli sa Parole ;

merci pour le courage avec lequel tu as dit « me voici »,

dans l’oubli de toi-même, fasciné par le Saint Amour, faite un avec ton espérance.

Merci, ô Sainte Mère de Dieu !

Prie pour nous, pèlerins dans le temps.

Aide-nous à marcher sur le chemin de la paix. Amen. »

(Pape François, 1 janvier 2017)

 

« Sous ta protection

nous nous réfugions,

Sainte Mère de Dieu :

ne méprise pas nos prières

quand nous sommes dans l’épreuve,

mais délivre-nous de tous les dangers,

ô Vierge glorieuse et bénie. »

 

Francis Cousin     

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Image dim Marie, mère de Dieul A




Nativité de Jésus (messe du jour de Noël) – par Claude WON FAH HIN (St Jean 1, 1-18)

Commentaire du Dimanche 25/12/2022 – Messe du jour de Noël

 

Isaïe 52,7–10 ; Hébreux 1,1–6 ; Jean 1,1–18

« Dieu dit et cela fut », (Ps 33,9) « Il parle et cela est, il commande, et cela existe ». Dieu a créé le monde par sa parole, par son Verbe. Et Jean nous dit (Jn 1,1) : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu ». Dieu crée donc par la Parole, et cette Parole c’est le Verbe et c’est Dieu le Fils, expression parfaite du Père, image du Dieu invisible. Saint-Paul dans la deuxième lecture du jour nous le rappelle (He 1,2) : « Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par un Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les mondes, c’est-à-dire les deux mondes : le monde visible, présent, terrestre, établi dans le temps, et le monde invisible, hors du temps, le monde de Dieu. Dieu le Père crée « tout » par son Fils Jésus, les êtres inanimés et les êtres vivants:  Ciel, terre, mer, la nature etc… et Il crée l’homme à son image. Il donne la vie à tout ce qui existe par son souffle, l’Esprit Saint, qui est Amour et qui met la vie en mouvement. Et parce que la vie des hommes est mise en danger par le péché, Dieu le Père envoie la Vie, c’est-à-dire le Christ, pour renouveler en nous notre vie pécheresse par une vie saine et sainte. Et c’est une nouvelle création. Le premier mot de Saint Jean est « au commencement », c’est une création nouvelle par le Christ envoyé parmi les hommes pécheurs, suite à la première création de la Genèse. Entre les deux créations, apparait comme une sorte d’énorme inclusion, comme une sorte de parenthèses à l’intérieur desquelles il est raconté la vie de ce peuple choisi par Dieu et qui retourne sans cesse à l’idolâtrie (le plus connu étant le Veau d’Or) et dénoncé à chaque fois par les prophètes, annonçant, par la même occasion, la venue d’un Sauveur. Un monde difficile, infidèle à Dieu, un Dieu Amour sans cesse miséricordieux, reprenant mille fois son peuple, avec douceur et tendresse, pour le ramener à Lui. C’est pourquoi, Dieu a mis dans ce peuple de pécheurs, des messagers de Dieu, des guetteurs, ou encore des guides spirituels qui vont agir de différentes manières. Is 56,10-12 nous explique qu’il y a des guetteurs aveugles, c’est-à-dire selon la note de la TOB, des responsables aveugles qui ne savent rien, ne voient rien, ne sachant rien discerner et suivent leur propre chemin; Ez 3,17-21 intervient au niveau de chaque fidèle de Dieu: « Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. 18 Si je dis au méchant: Tu vas mourir, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. 19 Si au contraire tu as averti le méchant et qu’il ne s’est pas converti de sa méchanceté et de sa mauvaise conduite, il mourra, lui, de sa faute, mais toi, tu auras sauvé ta vie. – 20 Lorsque le juste se détournera de sa justice pour commettre le mal et que je mettrai un piège devant lui, c’est lui qui mourra; (et) parce que tu ne l’auras pas averti, il mourra de son péché et on ne se souviendra plus de la justice qu’il a pratiquée, mais je te demanderai compte de son sang. 21 Si au contraire tu as averti le juste de ne pas pécher et qu’il n’a pas péché, il vivra parce qu’il aura été averti, et toi, tu auras sauvé ta vie ». Et enfin, le 1er texte d’aujourd’hui (Is52,7-10) parle des guetteurs qui élèvent la voix, poussent ensemble des cris de joie, car Dieu revient à Sion, dans la nouvelle Jérusalem qui est le peuple de Dieu, c’est la venue du Christ-Dieu, au milieu non seulement de son peuple mais aussi dans toute l’humanité. C’est tout le peuple de Dieu, tous ensemble, qui se réjouit à la venue de Dieu parmi les hommes. « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ». « 4 Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, 5 et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. 9 Il était la lumière véritable, qui éclaire tout homme, venant dans le monde. 10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli ». En 2022, sur les 7 600 000 000 d’habitants, 2 600 000 000 sont chrétiens dont plus de la moitié composée de catholiques (soit 1 360 000 000 selon les statistiques du Vatican en 2022, soit une augmentation de plus de 15 200 000 par rapport à 2021). Malgré une progression de catholiques et de chrétiens dans le monde, le plus grand nombre n’a pas encore accueilli Jésus. C’est pourquoi l’évangélisation a encore beaucoup à faire. C’est la mission que Jésus nous a confiée parce qu’ayant reçu Jésus en notre cœur, nous avons en nous la lumière qui éclaire le monde. Et nous devenons « lumières du monde » (Mt 5,14). Les uns illuminent le monde par la parole, d’autres par les prières et les chants, par leur bonne conduite, d’autres encore par la pratique des sacrements dont l’eucharistie qui est offerte en salut pour le monde entier, sans oublier tous ceux qui, par amour de Jésus et du prochain, s’occupent des plus petits de la terre et de bien d’autres manières encore. « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux…qui furent engendrés de Dieu ». Croire en son nom, c’est croire dans le nom du Fils de Dieu, c’est reconnaître et invoquer avec confiance la puissance de la personne même de Jésus. Parfois, les catholiques pensent que le nom de Jésus est banal, c’est juste son nom. Mais pour les esprits du mal, lorsqu’un chrétien cite le simple nom de Jésus, cela les fait extrêmement souffrir et cela les fait fuir. « Devenir enfant de Dieu » est une initiative de Dieu, personne ne peut devenir enfant de Dieu par lui-même, c’est un cadeau de Dieu. Et tout ce qui vient de Dieu est cadeau, grâce de Dieu. Le chrétien, qui vit réellement de Dieu, finira un jour ou l’autre par admettre que « tout est grâce de Dieu », tout, dans sa vie, est grâce de Dieu ». A partir de ce moment-là, il arrêtera de se dire ou de penser qu’il est quelqu’un d’important ou de nécessaire dans l’église, il fera simplement les choses, malgré ses défauts, avec autant de compréhension et d’amour. Il n’a nul besoin de « se faire une place dans l’église » comme le disent certains, car cela n’a aucune importance pour lui, il cherchera à vivre simplement, et du mieux qu’il peut, sa vie de chrétien, dans l’amour et la paix de Dieu. Pour lui, il a fait le choix, une seule direction : le Christ, et c’est tout, parce que c’est là qu’est la « place » de tout chrétien. La Vierge Marie est vraiment un exemple pour tous les chrétiens. Du temps de Jésus sur terre, elle s’est effacée devant Jésus, et on parle davantage des apôtres que de Marie alors qu’en dignité, elle est juste après le Christ car elle n’a pas de péché. Elle n’a pas revendiqué « une place » dans la formation de l’Eglise, mais elle avait, malgré tout, toute sa place dans le cœur de Jésus et le respect de tous les apôtres. On connaît très peu de choses sur Marie. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit : « Dieu…a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans son … assomption, à l’égard de presque toute créature humaine. Dieu le Père a consentit qu’elle ne fît point de miracle dans sa vie, du moins qui éclatât, quoiqu’il lui en eût donné la puissance. Dieu le Fils a consenti qu’elle ne parlât presque point, quoiqu’il lui eût communiqué sa sagesse. Dieu le Saint-Esprit a consenti que ses Apôtres et ses Evangélistes n’en parlassent que très peu et qu’autant qu’il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu’elle fût son Epouse fidèle ». Et nous, pauvres pécheurs, on veut éclater, briller aux yeux du monde, ou des paroissiens. Elisabeth de la Trinité nous dit (Ecrits spirituels – P.43) : « C’est si bon la solitude et le silence…Je sais bien qu’au-dedans on peut toujours avoir cela, car, quand le cœur est pris, qui pourrait le distraire? Le bruit n’arrive qu’à la surface, mais au fond il n’y a que Lui! … Détachons-nous de tout. Qu’il n’y ait plus que Lui, Lui seul ». Saint Maximin (introduction des Ecrits Spirituels d’Elisabeth de la Trinité) explique (P.9) que « les événements extérieurs passent au second plan dans cette existence toute recueillie au-dedans d’une âme de silence, attentive à demeurer à travers toutes choses « éveillée en sa foi », en communion continuelle avec le Dieu vivant ». Saint Jean de la Croix exprime la même chose (Œuvres complètes – Tome II – P. 1017) : « Ne tenez aucun compte des choses du dehors, puisque Dieu vous en a retiré et déchargé ». La vie extérieure du chrétien ne fait qu’exprimer souvent ce qu’il vit à l’intérieur de lui-même. S’il grogne contre tout le monde, c’est que l’intérieur de son âme aussi n’est pas tranquille, et s’il n’est pas tranquille, c’est qu’il n’a pas la paix, et s’il n’a pas la paix en lui, cela signifie que Dieu n’est pas en lui, car Dieu est Paix. S’il veut paraitre aux yeux des autres pour avoir de la reconnaissance et l’honneur, c’est sans doute qu’il lui manque l’humilité, le détachement des choses du monde, le dépouillement de soi-même. Et s’il sème la division, sachez que le père de la division n’est autre que ce serpent qui a divisé et semé le trouble entre Adam et Eve. Il faut alors qu’il change de direction s’il veut vivre sa vie de chrétien, fidèle au Christ, et prendre le chemin qui mène au Christ, au Royaume de Dieu qui est justice, paix et joie (Rm14,17-19). C’est pourquoi les véritables guetteurs « élèvent la voix et ensemble, ils poussent des cris de joie », ensemble, dans l’unité.

Veillez bien à cela ! La division, vouloir « être plus ou mieux que les autres » c’est l’esprit du mal alors que la tolérance, l’unité, la joie et l’humilité, c’est le Christ. « Etre enfant de Dieu » implique de reconnaître les signes qui permettent de dire si on est toujours dans une attitude d’enfant de Dieu ou non. A chacun de bien y veiller, surtout en ce qui concerne soi-même car c’est la « gloire de Dieu » seule qui doit être mis en avant. Nous sommes tous pour la gloire de Dieu, et celle-là seulement, en tout cas c’est ainsi que nous devons être, « afin que, selon Rm15,6, d’un même cœur et d’une même bouche, nous glorifiions le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Jésus, venant parmi les hommes en ce jour de Noël, nous fait connaître le Père parce qu’il est Lumière des hommes. Sa lumière va même luire jusque dans les ténèbres, et c’est pourquoi il était au rendez-vous à l’intérieur même de leur fief, au beau milieu de leurs spécialités, au sein même des situations dans lesquelles ils sont passés maîtres : le péché et la mort, afin de relever le défi de la mort et vaincre, par son sacrifice et donc par son amour, le monde des ténèbres, nous libérant ainsi de l’esclavage du péché et de la mort éternelle (enfer). Noël est un moment de joie pour tous, avec la venue du Sauveur sur qui nous pouvons nous appuyer pour avancer car, nous dit Paul, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Dans ce monde du mensonge, de la corruption en tous genres, de la malhonnêteté, des marchands de vent, et où les gens s’appauvrissent de plus en plus et n’ont plus le moyen de vivre décemment, où les lois anti-chrétiennes pullulent, où l’inflation galope artificiellement, où le système de santé se dégrade de manière non naturelle, où les fausses informations audiovisuelles sont partout, le tout au profit que quelques personnes les plus riches de la terre,  nous, chrétiens du monde, nous continuons à mettre notre confiance en Jésus-Christ plus que jamais, Lui qui nous dit  « ne vous inquiétez pas pour votre vie » (Mt 6,25), « ne vous inquiétez pas du lendemain (Mt 6,34). Et nous lui faisons confiance, exactement comme Marie, notre Mère, qui était la seule à avoir entièrement confiance en Jésus avant que ce dernier, à Cana, ne fasse le miracle de la transformation de l’eau en vin.

Marie, Mère de Dieu, notre Mère à tous, mais aussi notre modèle, merci de nous aider à avoir foi en Jésus-Christ.




Nativité de Jésus – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-14)

« Aujourd’hui, dans la ville de David,

vous est né un sauveur qui est le Christ. »

Quelle grande joie !

Après quatre semaines d’Avent pour préparer nos cœurs à cette fête, elle est enfin là, en ce soir de Noël.

Passer de la tristesse à la joie !

Passer des ténèbres à la lumière !

C’est ce que nous dit le prophète Isaïe dans la première lecture : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi. »

Ce que nous dit aussi Zacharie en parlant de son Fils, Jean-Baptiste, précurseur de Jésus : « Tu prépareras ses chemins (…) pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort. » (Lc 1,76.79).

Et tous les deux donnent la raison, l’origine de cette naissance de Jésus : « Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers ! » (Isaïe), et « Grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu. » (Zacharie).

Oui, Dieu, qui n’est qu’amour, nous a donné il y a quelques deux mille ans, son Fils unique, Jésus, uniquement par amour pour son peuple, pour le monde …

Oui, « L’amour a fait les premiers pas … » de notre histoire divine …

Et dès la première nuit sur terre de Jésus, son Père montrera ce qu’il deviendra ensuite : une personne attentive aux petits : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Mc 5,17). Il le fera en envoyant les anges annoncer aux bergers des alentours la naissance de Jésus, et en chantant « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. ». Les bergers n’étaient pas des personnes bien vues, ils vivaient seuls avec leurs moutons ou leurs chèvres, en dehors des villages, avec très peu de liens avec leurs habitants …

Et quel est le signe donné par les anges pour reconnaître le Messie ?

« Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

Qui s’attendait à ce que le Messie soit un nouveau-né ? …

Et qu’on le trouve dans une mangeoire ? …

Personne !

Sauf les plus-petits, ceux qui ne tergiversent pas, qui croient ce qu’on leur dit … même au plein milieu de la nuit …

« Je te remercie, Seigneur ; ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. » (Mt 11,25-26)

Alors, les bergers « se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire. »

Finis les chœurs angéliques. Finies les annonces.

C’est le silence qui les accueille !

Le silence de Marie et de Joseph, tout émerveillés à la vue de l’enfant-Dieu, qui se demandent encore comment cet enfant, le Fils de Dieu, a pu leur être confiés …

Le silence des bergers qui sont tellement émus qu’ils ne trouvent rien à dire devant cet enfant qu’on leur a dit être le Messie …

Et le silence de Jésus, le ’’Logos’’ à l’origine du monde, le Verbe fait chair, qui se repose béatement …

Le silence … car, que dire devant un tel évènement ?

Dieu s’est fait homme comme un petit enfant … Il a accepté de prendre notre humanité, non pour s’humilier, mais pour nous faire grandir en divinité … « pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. » (deuxième lecture).

Prenons un moment de silence pour faire résonner en nous ce moment extraordinaire où Dieu, en la personne de Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, est venu parmi nous …

Seigneur Jésus,

Tu es venu chez nous comme un enfant,

dans le silence d’une étable,

reposant dans une mangeoire,

Toi, le pain de Vie …,

et à Bethléem, la ’’maison du pain’’,

dans l’humilité la plus profonde.

Aide-nous à être, comme Marie et Joseph,

tes humbles serviteurs.

 

Francis Cousin       

  

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4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 1, 18-24)

 

   « Joseph, fils de David,

ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »

Quel coup dur !

Quand Marie revint de chez Élisabeth, sa parente, chez qui elle était restée trois mois, le port de la jeune fille n’était plus tout à fait le même que quand elle était partie …

Quelques jours avant le départ, trois mois de séjour, plus un aller-retour Nazareth-Aïn Karim, cela fait presque trois mois et demi !…

Et la grossesse de Marie devait commencer à se voir !

Surtout pour Joseph qui avait sans doute rendu visite à Marie dès son retour !

Marie l’avait-elle prévenue de la visite de l’ange Gabriel ? Il semble que non.

Avait-elle eu peur que Joseph ne la crût pas ? Ou les préparatifs de son départ l’avaient trop préoccupée ?

Toujours est-il que Joseph, qui la connaissait bien, s’est tout de suite rendu compte qu’elle avait changé, dans son comportement, dans sa manière d’être … Comme toutes les femmes enceintes …

L’a-t-il questionnée ? Sans doute pas. Mais le doute s’installe … Sa fiancée serait-elle infidèle, lui aurait-elle fait un enfant dans le dos ?

C’est certainement ce qu’il a pensé !

Au point qu’il en arrive à se poser la question de la répudiation … En secret …

Car il aime Marie … et c’est « un homme juste » ! Il ne veut pas la voir trainée en dehors de la ville pour y être lapidée … comme le veut la Loi …

Heureusement que Joseph n’a pas fait d’esclandre … ce n’est pas son genre … c’est un fiancé délicat … Il a préféré rentrer chez lui ruminer sa déception, et préparer son plan pour que la rupture se passe en douceur, sans être connue du voisinage …

Car Joseph est un homme juste devant Dieu, c’est-à-dire quelqu’un qui fait toujours la volonté de Dieu.

Et c’est là qu’intervient le Seigneur, par l’intermédiaire d’un ange.

C’est la première rencontre de Joseph avec un ange de Dieu … et ce ne sera pas la dernière …

Et l’ange lui explique la situation : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »

Même dans son sommeil, quand Joseph entend les mots Marie, enfant, et Esprit Saint, ça le met en veille tout de suite.

Il se rend compte qu’il entre dans quelque chose qui le dépasse … qui ne concerne pas simplement Marie et lui, mais qu’ils entrent tous les deux dans un projet de Dieu, beaucoup plus vaste …

Et l’ange continue : « Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. ».

C’est la confirmation que ce projet les dépasse, puisqu’il concerne tout le peuple de Dieu, et en plus, c’est lui qui donnera le nom à l’enfant. Or donner le nom à un enfant, dans la bible, cela veut dire reconnaître la paternité légale de l’enfant. Joseph, descendant de David, en adoptant le fils de Marie, devient donc son vrai père et permet à celui-ci de devenir lui-même « Jésus, Fils de David ».

On peut penser qu’après ces paroles, la fin de la nuit fut beaucoup plus calme pour Joseph.

« Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse»

Seigneur Jésus,

quelle grandeur d’âme chez Joseph …

et quel amour de Dieu et de Marie !

Tu l’as aimé comme un vrai père

et tu lui dois sans doute beaucoup,

humainement parlant :

un métier, et l’amour des humains.

Béni soit Joseph !

 

Francis Cousin    

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4ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 1, 18-24)

Ne vous laissez pas distraire

Mt 1, 18-24

Dans quelques heures, frères et sœurs, c’est Noël. En ce dernier dimanche avant cette fête, notre pensée et la liturgie se concentrent sur les parents de l’enfant qui va naître : Joseph et Marie.

Très souvent, il nous arrive de n’envisager que  » le couple  » de Marie et de Joseph, de ne considérer que son aspect exceptionnel :

« “L’enfant qui va naître vient de l’Esprit Saint ” », nous dit clairement l’Evangile d’aujourd’hui. Nous y reviendrons mais, d’abord, paradoxalement, sachons voir que le couple de Marie et de Joseph est bien proche de nos situations humaines : au départ, ce sont deux fiancés heureux, entre 15 et 20 ans, qui ont fait le merveilleux projet de devenir époux.  Souvenez-vous de vos fiançailles !

Or, voici que la souffrance arrive : le projet brisé, la crise de ce couple quand Joseph apprend que sa fiancée est enceinte.  En orient, et à cette époque-là, ce n’était pas rien ! Tout le rêve de Joseph semble détruit.  Serions-nous capables de comprendre la souffrance affreuse de cet homme qui se cache derrière la sobriété de l’Evangile ? A ce stade, Joseph décide de ne pas épouser Marie et cette décision est celle d’un homme juste.

Cette histoire, dans son essentiel, est aussi un peu la nôtre : il nous arrive de faire des projets, de rêver, d’avoir des ambitions et puis, patatras ! Des circonstances que nous n’avions pas prévues, brisent net ces projets merveilleux : à ce moment-là, nous sommes invités à nous dépasser, à faire face à cette nouvelle circonstance pour trouver, en Dieu, une nouvelle solution !

C’est la situation des couples stériles ou des enfants inattendus, la crise de certains adolescents qui donnent du souci, enfants, adultes ou non qui ne veulent pas suivre nos chemins.

Dans tous ces cas-là, nous sommes tentés de nous passer de Dieu, alors que c’est justement à lui, qu’il faut avoir recours.  La solution dernière et définitive de nos problèmes humains, comme pour Joseph, ne se trouve qu’en Dieu.  Oui, c’est Dieu qui intervient pour modifier le projet de Joseph.  Oui, osons le reconnaitre, Dieu demande à cet époux de revenir sur sa décision car Dieu à cet époux de revenir sur sa décision car Dieu a besoin de lui. Dieu peut parfois nous demander de changer quelque chose dans notre vie, car il désire autre chose de nous.

Dieu confie à Joseph un double rôle :

1)- prendre Marie chez lui comme épouse

2)- donner un nom à l’enfant ; « donner un nom », en langage biblique, cela signifie : « assumer la paternité légale » de l’enfant en tant que descendant de David.

Il est choisi pour donner à l’enfant le nom qui lui est destiné d’après le droit juif ; l’enfant accédait à l’existence légale par le nom qu’on lui donnait et il était de la lignée du père : qu’il s’agisse d’une paternité biologique ou non.  Jésus, par Joseph, à cause de Joseph, sera reconnu et acclamé comme  » fils de David « .

Pour des parents, adopter un enfant, c’est l’accueillir dans la famille comme s’il était né de leur chair, comme dit la chanson : « Prendre un enfant par la main, prendre un enfant pour le sien ».

Au temps du Christ, l’adoption était plus facile et plus courante qu’aujourd’hui et surtout, elle avait beaucoup plus de valeur : le père adoptif était considéré comme le vrai père, les liens adoptifs étaient considérés comme plus forts que les liens du sang.  C’est ainsi que Joseph, en adoptant le fils de Marie, est devenu son vrai père… mais par une sorte de don de Dieu.

Aussi les gens ne se trompaient-ils pas en disant : « “N’est-ce-pas Jésus, le fils de Joseph, le charpentier de Nazareth” » ?

Comme nous le constatons, le rôle de Joseph n’est pas mince ! Cette paternité de Joseph eut certainement pour Jésus beaucoup plus d’importance qu’on ne le pense généralement.   Pensez que Jésus, pour nommer celui que tous appelaient Dieu, celui qui ne faisait qu’un avec lui, dont il recevait tout , Jésus reprend le nom même qu’il donnait  à  Joseph  lui-même, c’est-à-dire : « Père, abba, papa », et quand  il  eut  à  s’expliquer  sur cette familiarité  si déconcertante  avec  le  Dieu  d’Israël, Jésus  reprend les  mots  les  plus  simples de son apprentissage à Nazareth, dans l’atelier du charpentier Joseph : « Mon père jusqu’à présent est au travail et moi aussi je suis au travail », « Ce que fait le père, le fils le fait pareillement », « C’est que le père aime le fils et lui montre tout ce qu’il fait ».

Comment n’aurait-il pas trouvé dans l’affection de ses parents, Marie et Joseph, les mots les plus justes pour nous dire cette relation absolument unique qui, depuis toujours, occupait son cœur : « Moi et le Père, nous sommes un ».

La psychologie moderne nous a révélé l’importance de l’image du père pour structurer la personnalité de l’enfant. Il faut nous le rappeler, nous, habitants de La Réunion, où plus de 50% des enfants, déjà à la naissance, sont monoparentaux c’est-à-dire élevés uniquement par la mère et accessoirement par des « petits pères ». C’est auprès de Joseph que Jésus apprendra ce qu’est un père. C’est en Joseph qu’il verra le reflet humain de la paternité de Dieu : lui, qui saura si bien nous parler de son père. N’est-ce-pas en regardant Joseph qu’il a fait l’expérience humaine de la tendresse paternelle ?

« Qui, d’entre vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? Ou s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent” ? » Jésus a appris que les pères de la terre savent donner de bonnes choses à leurs enfants : où a-t-il appris tout cela ? Auprès de Joseph !

Aujourd’hui, il est courant qu’on n’admette pas cette naissance miraculeuse. On voudrait que Jésus ait été conçu comme tout le monde. On voit dans cette intervention de Dieu, je ne sais quelle offense à l’humanité de Jésus, à celle de sa mère, à celle de Joseph. On prend des airs scandalisés. On parle de mépris à l’égard de la science, alors qu’il s’agit d’un simple effet des pouvoirs de l’Esprit Saint qui, nous le répétons chaque dimanche au Credo  « est Seigneur et qui donne la vie ».

Réfléchissons tout de même un peu. Si Dieu n’est pas plus que nous, plus puissant que nous, alors, nous n’avons pas besoin de lui. Dieu est Dieu ! S’il ne dépasse pas nos capacités à nous, alors nous sommes perdus ! Il ne peut nous sauver que, parce que, justement, il est Dieu ! Et plus puissant que nous ! Il ne nous sauve que s’il est Dieu, c’est-à-dire « Autre » que nous, tout autre que nous et cette conception virginale n’est que l’un des cas où Dieu signe son œuvre en faisant quelque chose qui nous dépasse totalement.

Seriez-vous capables, vous, de faire une seule étoile ou une seule galaxie ? Or, il en existe des milliards !

Seriez-vous capables de ressusciter un mort ou de faire ce qui arrive à chaque messe : que le pain des hommes devienne le corps du Christ ?

« Je crois en l’Esprit Saint » capable de donner la vie de manière seigneuriale car il est bien le « Seigneur » et le « Créateur ». Les plus grands des savants quand ils font une découverte, ne font que découvrir l’œuvre de Dieu et ils en sont ébahis : ce qui explique pourquoi beaucoup d’entre eux, au lieu de se croire des génies, voient dans ce qu’ils découvrent, l’œuvre d’un « Auteur », d’un Créateur qui les dépasse.

Certains passent, comme ces savants qu’étaient les mages, de l’admiration à l’adoration ! De l’intelligibilité du monde, au Dieu souverain devant qui ils s’inclinent.

Dans quelques heures, ce sera Noël !  Ce serait si bien de voir le monde et nous-mêmes un peu changés par la venue de cet enfant. Il faudrait  « qu’il nous trouve  quand il viendra  vigilants dans la prière et remplis d’allégresse » comme nous le dirons dans la préface, tout à l’heure.   AMEN




4ième Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Mt 1, 18-24)

« Joseph, ne crains pas de prendre

chez toi Marie, ton épouse »

(Mt 1,18-24).

 

 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 1,18-24.

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse…

 

Les parents de Marie s’appelaient, selon la tradition, Anne et Joachim. Comme c’était l’usage à l’époque, Marie, à l’âge de douze, treize ans, s’était fiancée à un homme très certainement plus âgé qu’elle, Joseph, « fils de David ». On l’appelait ainsi car il avait comme lointain parent le plus grand roi de l’histoire d’Israël, le roi David qui régna de 1010 à 970 environ av. JC… On peut supposer que Joseph était venu demander la main de Marie à ses parents, et tous avaient accepté… Une petite fête avait suivi, et depuis, tout le monde appelait Marie « l’épouse » de Joseph, même si la grande cérémonie du mariage n’avait pas encore eu lieu. En général, elle se déroulait un an après ! Pendant tout ce temps, la jeune fiancée demeurait chez ses parents, et ce n’est qu’au jour de son mariage que son mari l’emportait dans la maison qu’il avait construite pour eux…

            Et voilà que Joseph découvre que Marie est enceinte avant qu’ils aient habité ensemble. L’a-t-il appris de Marie ? Très certainement… A-t-il douté de son intégrité ?  Ou a-t-il décidé de se retirer devant cette aventure que Dieu a commencée avec elle et qui le dépasse ? Le texte ne le dit pas, mais Joseph décide de la répudier en secret pour la protéger. En effet, une fiancée convaincue d’adultère devait être lapidée (Dt 22,20-21).

            Mais l’Ange du Seigneur lui apparaît en songe et le rassure : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Or, « dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité » (Catéchisme & 470). De fait, de toute éternité, « avant tous les siècles », le Fils « naît du Père ». « Engendré non pas créé », il se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’il est. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Le Père est Esprit, et il ne cesse de se donner à lui tout entier, de Lui donner tout ce qu’Il Est. Le Fils est ainsi « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. » Il se reçoit du Père en Fils « de même nature que le Père » (Crédo) par le Don de l’Esprit. Cette logique se poursuit jusques dans l’Incarnation où le Fils va encore recevoir du Père sa nature humaine, par ce même Don de l’Esprit, avec la collaboration active et pleinement consentante de la Vierge Marie.

            Joseph aura à jouer tout son rôle de « père adoptif », nommant lui-même cet enfant du nom de Jésus, ce qui veut dire en hébreu « Dieu sauve ». Or, du point de vue du Fils, Dieu, c’est le Père. C’est Lui qui, avec et par son Fils, accomplira ses œuvres. Et quelles seront-elles ? « Sauver son peuple de ses péchés ». Et quel est « son peuple » ? L’humanité tout entière, qui n’a qu’un seul Père du Ciel et un seul Sauveur : Jésus, le Christ (Jn 4,42).

                                                                                                                                              DJF

 




3ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Mt 11, 2-11)

« Allez annoncer à Jean

ce que vous entendez et voyez. »

Noël n’est pas encore arrivé dans notre cycle liturgique que l’évangile nous parle d’un épisode qui aura lieu plus de trente ans après … !

Mais c’est pour nous rappeler la prophétie d’Isaïe annonçant la venue de Dieu, du Messie : « Il vient lui-même et va vous sauver. » et déclinant tout ce qui arrivera à ce moment-là : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. » (1° lecture).

Jean-Baptiste a été arrêté par Hérode et enfermé dans la forteresse de Machéronte. Il n’a pas le moral, … Il croyait peut-être que Jésus allait « restaurer la royauté en Israël » de manière ferme, en s’opposant aux Romains, avec une bande armée, comme les Zélotes … qu’il allait utiliser la puissance de l’Esprit qu’il avait vu se poser sur lui lors du baptême de Jésus (cf Jn 1,29-33) pour prendre le pouvoir, …

Mais Jésus ne fait pas cela !

            Il se pose des questions … Doute-t-il de Jésus ? … Ce serait étonnant …

À moins que ce ne soient ses disciples qui doutent et lui disent : « Ce Jésus que tu as annoncé comme le Messie, il te laisse en prison et ne fait rien pour toi ! Tu es vraiment sûr que c’est le Messie ? ».

Alors Jean-Baptiste envoie quelques-uns de ses disciples vers Jésus, comme cela, ils auront directement la réponse de Jésus.

Le doute … sur Jésus, sur Dieu, … il existe encore aujourd’hui … c’est d’ailleurs l’une des armes favorites du Démon qui l’insinue en nous … « Tu crois cela ! … T’es vraiment sûr ! … Mais ce ne sont que des histoires … Tu as des preuves ? … ». Quand tu entends cela dans ta tête, Tu n’as qu’une solution : dire « Tais-toi Satan. Laisse-moi tranquille, va-t-en ! ».

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus ne répond pas à la question, mais dit, un peu comme il avait répondu à André et son compagnon au bord du Jourdain lors du baptême par Jean-Baptiste « Venez et vous verrez. » (Jn 1,39) : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez. », et il ajoute : « Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. », ce qui est en partie la confirmation de la prophétie d’Isaïe, avec en plus deux autres affirmations : « les morts ressuscitent. » ce qui est une prérogative de Dieu ou de ses envoyés, et « les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».

La Bonne Nouvelle du salut est annoncée à tous, bien entendu, mais ce sont les pauvres, surtout de cœur, les faibles, les opprimés, les malades, les veuves et les orphelins, qui ont toujours été défendus par Dieu, qui reçoivent cette Bonne Nouvelle.

Et cette phrase est suffisante pour que Jean-Baptiste et ses disciples croient que Jésus est bien le Messie attendu.

Et Jésus continue son discours pour ceux qui étaient là à l’écouter : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? »

Non, assurément ! On ne fait pas plusieurs jours de marche pour cela !

« Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. », … celui qui prépare les cœurs à la venue de Jésus, à Noël … et après …

Parce que son appel à la conversion … est encore valable aujourd’hui : et c’est le même que celui de Jésus, le même que celui inspiré à Ézéchiel, qui a donné ce refrain : « changez vos cœurs ! croyez à la Bonne Nouvelle !, changez de vie ! Croyez que Dieu vous aime ! », et qu’il nous a aimés le premier ! (1Jn 4,19)

« L’amour a fait les premiers pas » … mais c’est à nous de faire les suivants

Seigneur Jésus,

nous sommes bien souvent

trop empêtrés dans notre vie quotidienne,

et nous oublions que tu nous aimes,

et que tu nous demandes

d’aimer les autres comme toi !

Aide-nous à penser aux autres,

aux petits, aux pauvres, aux malades,

à ceux qui ont faim et soif de Toi !

Que nous soyons missionnaires

de ta Bonne Nouvelle !

Francis Cousin 

 

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3ième Dimanche de l’Avent – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 11, 2-11)

Vigilance

 Mt 11, 2-11

Nous avons quitté dimanche dernier, un Jean-Baptiste triomphant, entouré d’une foule qu’il baptisait, lui adressant un message de conversion et qui lui demandait : « “Que devons-nous faire” ? » Bref, c’était le succès.  On l’écoutait comme un grand prophète. Aujourd’hui, nous retrouvons un Jean-Baptiste, seul, en prison, parce qu’il avait osé critiquer la situation conjugale d’Hérode.  Fini le prestige, finies les prédications. Au fond de son cachot, il médite : ce Messie qu’il a annoncé comme le Tout-Puissant, déjà prêt à abattre les arbres stériles, à mettre la paille au feu, ce Messie à la force de frappe caractéristique ne correspond pas du tout à la manière de Jésus !

Jésus ne juge pas sévèrement : loin de condamner le pécheur à des supplices éternels, il pardonne les pécheurs. Il va de village en village, ouvrant les bras à toutes les détresses. Il guérit les malades, lépreux, aveugles, muets, … Il pardonne ses péchés au paralytique qu’il guérit. Il appelle Matthieu, oui, Matthieu, le publicain, le pécheur public, comme disciple. Il va manger à la table des pécheurs.

 Non, ce n’est pas un juge redoutable : il se présente plutôt comme un serviteur discret. « Il ne brise pas le roseau froissé et n’éteint pas la mèche qui fume encore ».

L’un, Jean-Baptiste, parle de moisson, de jugement, de la hache au pied de l’arbre ; l’autre parle des semailles.  La prédication de Jean : c’était un cyclone, une irruption sauvage d’un vent de tempête ou le feu d’un incendie et Jésus, lui, répond par la miséricorde, l’accueil des pécheurs, le service des malheureux.

Pauvre Jean-Baptiste : il est plongé dans un abîme de réflexion ; il est plus qu’étonné, scandalisé. Le Messie triomphant, dévastateur des ennemis, justicier et redresseur de torts, ne se présente que sous l’apparence d’un Serviteur, humble et souffrant.   Jean-Baptiste est dérouté : aussi envoie-t-il une délégation de disciples poser la question qui lui brûle les lèvres : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

Autant la question de Jean est claire et précise, autant celle de Jésus est ambiguë : « Allez rapporter à Jean : ce que vous voyez et entendez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ».

En fait, Jésus renvoie Jean, aux annonces prophétiques du prophète Isaïe : la 1e lecture de notre liturgie.  Au lieu du juge redoutable qu’il annonçait, il lui faut accueillir, en Jésus, une nouvelle révélation de Dieu : un Dieu amour, un Dieu père, non pas puissant dans sa vengeance mais manifestant sa tendresse et son pardon : « Heureux, conclut Jésus, celui qui ne tombera pas à cause de moi ».

Et nous, frères et sœurs, quelle idée nous faisons-nous de Dieu ? Un justicier abattant les arbres, brûlant la paille, triomphateur, délivrant Israël de tous ses ennemis ?
Et, à sa suite, une Église triomphante, elle aussi régentant le monde des hommes comme une haute cour de justice résidant à Rome, à la place des empereurs romains ? Déception !  Jésus est décevant ! Oui, il faut se l’avouer. Dieu nous déçoit souvent ! Il n’est pas comme nous l’imaginions ! Il ne répond pas à nos attentes ni à nos désirs.  Nous continuons, comme Jean-Baptiste à désirer que Dieu exauce  » nos  » volontés et ressemble à l’image que nous nous faisons de lui.

Pourquoi, dites-moi, Dieu laisse-t-il son précurseur en prison ? Pourquoi Dieu ne défend-il pas ses amis, ceux qui travaillent pour lui ? Pourquoi Dieu ne libère-t-il pas les prisonniers qui sont injustement emprisonnés ? Pourquoi Dieu semble-t-il toujours vaincu par ses ennemis ? Pourquoi ce silence de Dieu quand hurlent les loups ? Pourquoi Dieu, te taire quand tant d’hommes t’accusent ? Pourquoi tant de malheurs et tant de mal dans cette île où 80% des habitants sont des baptisés ? Es-tu vraiment celui que nous attendons ?

 

 « Devons-nous te faire confiance ou devons-nous en attendre un autre ? »  Crise de la foi : Dieu est décevant ! Et à nous qui cherchons Dieu et sa présence, même au milieu de nos situations décevantes ou désespérantes, Jésus répond encore aujourd’hui : « Les aveugles voient, les boiteux marchent ».

Le salut du monde avance chaque fois que le mal recule quelque part. Dieu est à l’œuvre dans notre monde chaque fois que des gestes de bonté et de justice sont faits envers les souffrants, les défavorisés, les pauvres.  Le vrai Dieu, celui de Jésus-Christ, ne se manifeste pas par des gestes justiciers ou triomphants mais par des gestes de sauveur et ceci nous renvoie à nous-mêmes.

« Toi, qui accuses Dieu, toi, que fais-tu dans le monde pour aider ceux qui souffrent, ceux qui sont écrasés, pour améliorer le sort de tes frères ? »

Le véritable signe que Dieu est là, que son règne a commencé, c’est quand il y a de l’amour.  Nous ne devons pas en attendre un autre. « Je ne suis pas venu pour juger le monde mais pour le sauver ».

Eglise d’aujourd’hui, es-tu la communauté d’amour que nous attendions ? Ou devons-nous en attendre une autre ? Donnons-nous, pour ceux qui nous voient vivre, les  » signes  » de Jésus : accueillir, aider, soulager, dire la Bonne Nouvelle ? N’attendons-nous pas parfois, un autre Dieu qui fasse marcher le monde à notre place et dans le sens que nous voulons ? Un Dieu qui, tout de suite, récompense les bons que nous sommes et punisse les méchants !

  • La preuve que Jésus   est bien celui que l’on attendait n’est pas dans les signes terrifiants d’une force colossale qui nous clouerait au sol.

  • La   véritable preuve, c’est que  ces gens les plus  simples, les « laissés pour compte » de la société : ouvrent leurs yeux, débouchent leurs oreilles de sourds, soulèvent les couvercles des tombeaux où ils étaient emmurés et entendent la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu.  Et si le monde nous envoyait, à nous, une délégation pour nous demander :

« Etes-vous les témoins de l’Evangile de Jésus-Christ ou devons-nous en attendre d’autres ? » Pourrions-nous répondre : « Venez et voyez » ? Regardez l’abbé Pierre, regardez Mère Theresa, sœur Emmanuelle, Jean Vanier, Raoul Follereau Bois d’Olives et le père Favron, le Secours catholique, Emmaüs, les collectes pour Madagascar, les sociétés de St-Vincent-de-Paul.

Sommes-nous sûrs qu’ils ne verraient pas d’abord chez nous des « roseaux » agités par le vent des mots et des idées stériles ?

  • A Jean-Baptiste, Jésus ne répond pas par une démonstration savante : il montre. « Venez et voyez » la promesse faite par Dieu est en train de se réaliser.

Jésus ne se définit pas en mots, mais en actes d’attention à ce qui fait le tourment des hommes, en signes de vie.  Le Royaume de Dieu n’est pas ce que l’on croit.  Et c’est d’ailleurs pour cela que les juifs n’ont pas accepté Jésus et que beaucoup encore ne l’acceptent pas : ils auraient voulu un roi, à la manière d’un empereur romain qui aurait tout mis sous ses pieds, alors que lui, le Messie, il s’est mis aux pieds des autres.

La vraie grandeur du vrai royaume est la petitesse, l’effacement et Jésus ne se présente pas comme un juge redoutable, mais comme le serviteur qui s’engage avec les plus pauvres des hommes et qui compatit.  Nous avons toujours à accueillir un Jésus autre que celui que nous avons souhaité rencontrer : jamais le même, toujours nouveau sans cesse à redécouvrir.

Qui, à Noël, aurait pu reconnaitre, dans cette étable, la naissance de celui qui devait sauver le monde ? Il a fallu que les anges avertissent les bergers, que les mages soient alertés, Jérusalem averti par Hérode qui, du coup, fait massacrer tous les enfants de Bethléem.

Jésus, Dieu, n’est jamais celui que l’on croit. Il nous prend presque toujours à contre-pied et à la croix, les scribes que Jésus était en train de sauver, se moquaient en disant :

« Il en a sauvé d’autres qu’il se sauve lui-même ».

Frères et sœurs, qu’il n’y ait aucun malentendu : Dieu et Jésus nous surprendront toujours, que ce soit à Noël ou le Vendredi Saint, mais surtout à Pâques.  AMEN