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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Père Rodolphe EMARD (St Luc 19, 1-10)

Homélie du dimanche 30 octobre 2022

 

Lectures de référence :

Sg 11, 22 – 12, 2 / Ps 144 / 2 Th 1, 11 – 2, 2 / Lc 19, 1-10

Les lectures de ce dimanche nous révèlent quel regard Dieu porte sur ses créatures. Cela nous invite aussi à réfléchir sur le regard que nous portons sur Dieu, sur les gens et sur nous-même.

Nous avons entendu un extrait du livre de la Sagesse qui souligne quelle est l’attitude de Dieu vis-à-vis de nous. Il est tout entier amour et miséricorde : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. »

Cette prière du Sage nous rappelle avec force que Dieu ne peut haïr personne. Dieu n’est pas dans la logique de la condamnation ni pour nous, ni pour les autres. Dieu appelle chacun de nous à la conversion.

Le Psaume 144 fait écho à la prière du Sage : « Le Seigneur est tendresse et pitié », « plein d’amour » et de « bonté » « pour toutes ses œuvres », il « soutient tous ceux qui tombent ». Le psalmiste nous invite à mettre notre confiance en Dieu, car il est « fidèle en tout ce qu’il fait ». Dieu ne nous trahira jamais !

Dans la deuxième lecture, la prière de Paul pour les Thessaloniciens nous apprend ce que Dieu attend de nous : « Frères, nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; (…) et qu’il rende active votre foi ». Que Dieu nous trouve dignes de l’appel qu’il nous a adressé et que notre foi soit active : voilà ce que Dieu attend de nous !

Nous pointons ici l’appel que Dieu nous fait dans les sacrements : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, le mariage ou l’ordre. À chacun, Dieu adresse un appel ! Qui que tu sois, Dieu vient à ta rencontre ! Quel que soit le pécheur que nous sommes, Dieu nous appelle !

L’Évangile nous donne bien de le percevoir. Jésus aime et appelle les pécheurs. Aux yeux de la société, Zachée était le pécheur par excellence. Son statut de publicain le mettait en marge de la communauté. Les publicains étaient détestés car ils collectaient l’impôts pour les romains vus comme les envahisseurs. De plus, Zachée était le chef… Nous imaginons bien qu’il était très mal vu par ses compatriotes.

Et pourtant c’est lui que Jésus voit dans la foule. C’est lui que Jésus choisit. C’est à lui que Jésus va demander l’hospitalité : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. » L’appel de Dieu peut nous dérouter tant nous pouvons nous sentir indignes ou incapables. Mais rappelons-nous que l’appel de Dieu est par pure miséricorde et en vue de notre Salut : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver
ce qui était perdu. »

Zachée était mal jugé, on pensait qu’il ne pouvait pas être quelqu’un de bien mais il s’est converti. Cela est aussi possible pour nous ! Là où Zachée nous enseigne c’est dans l’audace de la foi, le désir réel de rencontrer Jésus malgré ce que nous sommes : il voulait voir Jésus, il courut en avant, il grimpa sur un sycomore… Mais il reconnaîtra aussi, sous le regard miséricordieux de Jésus, son insuffisance, ses pauvretés intérieures… Le Christ va le convertir et le sauver : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham ».

C’est bien ce que nous pouvons demander au Seigneur : l’audace de la foi, l’audace de la rencontre, l’audace d’accueillir le Christ chez nous, sans masque, tel que nous sommes. Que le Seigneur nous donne de garder confiance en nous-même et dans les autres.

Les lectures nous donnent de contempler le regard bienveillant que Dieu porte sur nous et que nous devons porter sur les autres et sur nous-même. Laissons le Christ nous toucher, sans lui nous ne pourrons pas goûter à la bienveillance de notre Dieu et la communiquer autour de nous. Le Christ est la clé, ouvrons-lui nos cœurs ! Amen.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 19, 1-10)

Commentaire du samedi 29 et Dimanche 30 Octobre 2022

 

Sagesse 11,22—12.2 ; 2Thessaloniciens 1,11-2.2 ; Luc 19,1–10

Zachée, chef des publicains, est un homme très riche. « La fonction de « Publicain » était attribuée aux enchères. Obtient ce poste celui qui a misé sur le montant le plus élevé. Il devait ensuite récupérer, sous forme d’impôts, au minimum ce montant auprès des citoyens pour la remettre à l’occupant romain. Et s’il n’arrivait pas à avoir cette somme, il devait la compléter de sa poche. C’est pourquoi les publicains, pour avoir la somme qu’ils s’étaient engagés à payer, et s’assurer une marge bénéficiaire la plus confortable possible, étaient contraints à de nombreux procédés illégaux qui ne contribuaient guère à leur popularité » (Michel Hubaut). Le publicain était un des hommes le plus haï du pays et cela pour au moins deux raisons : il travaillait pour l’occupant romain, c’était donc un collaborateur travaillant pour l’ennemi, et il volait les gens avec des surtaxes. Il était ainsi assimilé à un pécheur public, et considéré comme un impur infréquentable. Il était exclu du culte au Temple ou de la synagogue, et n’avait pas le droit de témoigner dans un procès. – Jésus venait juste de guérir un aveugle à Jéricho, la foule était donc présente, et la renommée de Jésus était aussi connue de Zachée venu pour le voir, même de loin. Comme il était de petite taille, la foule l’empêchait de voir Jésus. Pour nous aussi, la foule peut être un obstacle à la rencontre de Jésus. Il faut savoir faire abstraction de la foule pour avoir le silence intérieur afin d’y rencontrer le Christ par une prière silencieuse. CEC 2743 « Prier est toujours possible : Le temps du chrétien est celui du Christ ressuscité qui est  » avec nous, tous les jours  » (Mt 28, 20), quelles que soient les tempêtes (cf. Lc 8, 24). Notre temps est dans la main de Dieu : Il est possible, même au marché ou dans une promenade solitaire, de faire une fréquente et fervente prière. Assis dans votre boutique, soit en train d’acheter ou de vendre, ou même de faire la cuisine (S. Jean Chrysostome, ecl. 2 : PG 63, 585A) ». Un grand sage hindou du XXème siècle, Ramana Maharshi nous dit : « un homme peut fort bien se trouver au milieu de la foule et conserver sa sérénité. En ce cas, il se trouve effectivement en état de solitude. Un autre homme, en revanche, peut rester seul, au fond d’une forêt tranquille et être incapable de contrôler son mental. Cet homme ne se trouve pas en état de solitude. La solitude est donc une fonction mentale. Un homme rivé à ses désirs ne se mettra jamais en solitude, où qu’il aille. Par contre, un homme détaché de tout désir se trouve toujours en état de solitude ». Le détachement des choses du monde nous permet de rencontrer le Christ en priant intérieurement, et cela même en étant au milieu de la foule. Zachée se retire de la foule à sa manière, en grimpant sur un arbre pour voir Jésus. Il se sait haï et impur aux yeux des fidèles du Christ. Mais il a en lui une certaine disponibilité, un germe de foi, et probablement un désir de rencontrer Jésus qui, prenant l’initiative, lui dit « Zachée, descends vite, car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi.

6 Et vite il descendit et le reçut avec joie ». Zachée attendait donc cette rencontre, certainement désirée au fond de lui-même. Jésus s’adresse à celui qui est haï de tous, que tous rejettent parce qu’il est considéré comme impur et voleur. Jésus sauve les plus maltraités, les plus haïs, les plus rejetés de la société etc…C’était la même chose vis-à-vis de la femme adultère qui a failli être lapidée et Jésus dit aux scribes et aux Pharisiens: « Que celui d’entre vous qui n’a pas de péché lui jette la pierre le premier ». Il a agi de la même manière vis-à-vis du bon larron.  Lc 5,32 : « je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs, au repentir ». Nous voyons là, à l’œuvre, la Miséricorde de Dieu. Padre Pio – P. 275 : Celui qui tremble devant Dieu, qui est écrasé sous le poids de la souffrance, abattu à la vue des profondes blessures que ses propres péchés ont faites en lui, qui traine son front dans la poussière, s’abaisse, s’humilie, pleure, crie, soupire et prie, c’est celui-là qui est vainqueur, qui triomphe de Dieu et l’oblige à user de miséricorde envers lui, alors qu’Il semblait être très irrité…Sœur Faustine dit presque la même chose : 56 – …Jésus m’a fait voir intérieurement tout l’abîme de misère que je suis. Et à cause de cela, je comprends bien que tout ce qu’il y a de bon en mon âme est uniquement dû à Sa Sainte Grâce. En prenant conscience de ma misère, je prends en même temps conscience de la profondeur infinie de (la) Miséricorde (de Dieu). Dans ma vie intérieure, je garde constamment sous les yeux l’abîme de misère et d’abjection que je suis, d’une part, et d’autre part l’abîme de (la) Miséricorde (de Dieu). – Jésus ne vient pas seulement rencontrer Zachée, « il lui faut demeurer chez lui » : il n’est pas seulement de passage dans sa maison, il vient demeurer dans son cœur et faire de Zachée, comme de tout chrétien, le temple de Dieu pour y faire sa demeure. C’est cette rencontre véritable avec Jésus qui fait pencher la balance dans le cœur de Zachée. Et c’est avec raison que le 1er texte d’aujourd’hui (Sg 11,22-122) nous dit : « 11,22 Le monde entier est devant toi comme ce rien qui fait pencher la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. 23 Mais tu as pitié de tous, parce que tu peux tout, tu fermes les yeux sur les péchés des hommes, pour qu’ils se repentent. 24 Tu aimes en effet tout ce qui existe, et tu n’as de dégoût pour rien de ce que tu as fait;  car si tu avais haï quelque chose, tu ne l’aurais pas formé. 25 Et comment une chose aurait-elle subsisté, si tu ne l’avais voulue?  Ou comment ce que tu n’aurais pas appelé aurait-il été conservé?  26 En réalité, tu épargnes tout, parce que tout est à toi, Maître ami de la vie!  12,1 Car ton esprit incorruptible est en toutes choses!

2 Aussi est-ce peu à peu que tu reprends ceux qui tombent;  tu les avertis, leur rappelant en quoi ils pêchent, pour que, s’étant débarrassés du mal, ils croient en toi, Seigneur ». Nous sommes souvent bien plus exigeants que Dieu lui-même : « Dieu a pitié de tous » et nous devons reconnaître que nombre de chrétiens n’ont pas forcément pitié des autres; « tu fermes les yeux sur les péchés des hommes », là aussi, nous ne pardonnons pas toujours le mal que les autres nous font; « Tu aimes tout ce qui existe et tu n’as de dégoût pour rien », là encore, il y a bien des choses que nous n’aimons pas contrairement à Dieu. Nous sommes plus difficiles, plus exigeants que Dieu. C’est pour cela que la conversion, nous devons la faire tous les jours. Le Pape François nous dit (« Amour, Service et humilité » – P.36.78) : « La vraie conversion a toujours une dimension apostolique! Toujours, il s’agit d’arrêter de regarder « ses propres intérêts » pour regarder « les intérêts de Jésus Christ » ; « Si nous avons déjà choisi un état de vie, réformons-le pour le meilleur. La question ne se porte pas sur les responsabilités à exercer ou les « postes de service » (au sein de l’Eglise), mais sur quelque chose de plus profond et définitif: en quel état de vie, ou par quelle réforme de mon état de vie, mon cœur reviendra-t-il davantage « ami de Jésus »,… sera-t-il plus semblable à Lui, plus pauvre, plus humble et plus serviable? Dans quel état de vie, ou par quelle réforme dans mon état de vie, l’amour de Jésus prendra-t-il définitivement racine en moi? » – Zachée reçoit donc Jésus avec joie. Sa conversion est probante : il prend la décision de donner la moitié de ses biens aux pauvres. Pour arriver à une telle décision, Zachée a en lui la grâce du détachement des biens matériels, un dépouillement qui lui permettra de mieux être en relation avec Jésus, qui, lui-même, ne possède rien. Saint Jean de la Croix nous dit (Œuvres complètes – Tome I- P. 21) : « Dans la tradition mystique de l’Église … les maîtres avaient déjà insisté sur les renoncements nécessaires à qui doit suivre le Christ portant sa croix. Et ceci, qui vaut pour tous les chrétiens, prend un caractère d’exigence pressante pour ceux qui veulent mettre de plus près leurs pas dans ceux du Seigneur ».

« Personne n’a autant que St Jean de la Croix mis en lumière l’enrichissement positif du moindre renoncement volontaire et l’accroissement de vie spontanément provoqué par les dépouillements intérieurs les plus douloureux ». Sainte Thérèse d’Avila nous dit de même (Chemin de la Perfection – P.98-99) : « Là où règne le point d’honneur et l’amour des biens temporels, il n’y a point de détachement, …. Que chacun  d’entre vous considère où il en est de l’humilité, et il verra où il en est…de ses progrès spirituels. – Il me semble qu’en matière de prééminence (= supériorité absolue de rang, de dignité, de droit, de degré), le démon n’osera pas tenter…l’âme véritablement humble… Il est impossible à l’âme humble de ne pas grandir et progresser dans cette vertu (d’humilité), si le démon tente par là. Cette âme, en effet, jette le regard sur sa vie; elle voit de quelle sorte elle a servi Dieu et combien elle lui est redevable; elle considère par quel prodigieux abaissement le Sauveur est descendu jusqu’à nous afin de nous donner l’exemple de l’humilité; elle découvre ses propres péchés et le lieu où elle aurait mérité d’être condamnée; elle tire de là tant de profits que le démon n’ose plus la tenter, dans la crainte d’avoir la tête brisée. Dieu nous préserve des personnes qui prétendent le servir et prennent soin en même temps de leur honneur. C’est là, croyez-moi, un mauvais calcul. Je l’ai déjà dit, l’honneur lui-même se perd dès qu’on le recherche, surtout quand il s’agit de prééminences (c’est-à-dire de recherche de rang, de dignité, de degré); il n’y a point de (produit) toxique au monde qui empoisonne aussi promptement le corps que l’orgueil ne tue la perfection » (Thérèse d’Avila). Zachée, qui est descendu de l’arbre, « abaisse» aussi sa richesse de moitié, pour parvenir en toute humilité au niveau de Jésus qui lui dit alors : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham. 10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Zachée aurait été probablement perdu sans cette rencontre avec Jésus, sans sa conversion, sans son détachement des biens matériels, et en devenant bien plus humble qu’il ne l’a jamais été jusqu’à présent, lui qui fixait les taxes au prix qu’il voulait, lui le collaborateur, lui qui avait la haine du peuple. Tout le monde peut changer pour devenir meilleur, en devenant plus humble, en ne recherchant pas les honneurs de rang ou de dignité. Le salut vient de la Miséricorde de Dieu et non pas de ce que nous faisons devant les hommes afin d’avoir leur reconnaissance ou je ne sais quoi. Inutile de se bousculer pour être le premier, car le premier agit toujours en secret ou discrètement, de manière simple, sans tapage, sans bruit. Saint François de Salles nous dit :  « le bien ne fait pas de bruit et le bruit ne fait pas de bien ». Une personne convertie véritablement au Seigneur, voit elle-même la différence avec que ce qu’elle était auparavant. Voici ce que nous dit « le Sanctuaire de Montligeon » (Le Manuscrit du Purgatoire – P.99): « Vous éprouverez souvent une grande indifférence pour les choses qui, autrefois, vous auraient trouvée sensible (autrement dit « des choses que vous avez aimées autrefois et pour lesquelles vous êtes maintenant indifférents ») ; c’est encore une miséricorde de Celui qui vous aime et qui désire vous voir dans ce dégagement qu’il attend des âmes qu’il veut à lui seul. Jésus permet que ces âmes privilégiées éprouvent une espèce d’ennui pour tout ce qui n’est pas lui. Il leur fait trouver pénible ce qui ne le touche pas directement, parce qu’il veut par-là les amener à vider leur cœur de tout l’humain (= de toutes les faiblesses humaines) qui s’y trouve afin qu’il le comble de ses grâces et qu’il y fasse déborder son amour.

Remercions Marie, qui ne s’est jamais mise en avant, à la première place, et nous montre le chemin en faisant la volonté de Dieu, sans bruit, dans le secret de Dieu.




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 19, 1-10)

« Zachée, le mal aimé … » 

 

Zachée, le chef des publicains de Jéricho, veut voir Jésus …

Il en a entendu parler … mais pourquoi s’intéresse-t-il à lui ?

On ne le sait pas, mais il a une vraie volonté de le voir … et peut-être espère-t-il pouvoir lui parler … il a sans doute à lui dire comment son métier le met au ban de la société de la ville … et qu’il le regrette …

Mais il est de petite taille …

Alors il va en avant sur le chemin. Il sait qu’il y a un sycomore un peu plus loin … Et toute honte bue, il grimpe dans les branches et attend.

Zachée, le mal aimé, va au-devant de Jésus.

Est-ce que nous, nous attendons Jésus avec impatience … quitte à se mettre dans des situations ’’inhabituelles’’ … ?

Quand Jésus passe, il « lève les yeux et lui dit : ’’Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.’’ »

Tout joyeux de cette ’’invitation’’ forcée, il saute de son arbre et l’accueille chez lui.

Ce qu’il espérait sans le dire, et sans trop y croire, se réalise !

Zachée, le mal aimé, accueille Jésus avec joie.

Est-ce que nous, nous sommes dans la joie quand nous allons à la messe ou quand nous prions ?

Zachée, le mal aimé, répond immédiatement à la parole de Jésus.

Est-ce que nous, nous réagissons tout de suite aux appels du Seigneur ?

Souvent, nous tergiversons … nous regardons ce qu’il y a à gagner à notre propre visibilité … et comme bien souvent, il n’y a rien à gagner à se mettre en avant, on laisse tomber …

« Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »

Les juifs présents, ceux qui observent la Loi de Moïse, ceux qui se croient justes, n’acceptent pas la demande de Jésus …

Zachée, le mal aimé, le pécheur aux yeux des autres juifs, se met du côté de Jésus.

Est-ce que nous, il ne nous arrive pas de nous comporter comme les juifs ?

Pourquoi s’occuper des migrants Sri Lankais, le troisième bateau cette année ? « On n’a pas besoins d’eux chez nous ! »

 « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » (Lc 5,32)

« Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »

Zachée ne demande pas à Jésus le pardon, … mais il promet une réparation pour les injustices qu’il a faites, et un don important pour les pauvres …

Zachée, le mal aimé, fait réparation de ses fautes.

Est-ce que nous, nous pensons à faire réparation de nos fautes, pas seulement en paroles, mais aussi en actes ?

« Beaucoup de péchés causent du tort au prochain. Il faut faire le possible pour le réparer (par exemple restituer des choses volées, rétablir la réputation de celui qui a été calomnié, compenser des blessures). La simple justice exige cela. Mais en plus, le péché blesse et affaiblit le pécheur lui-même, ainsi que ses relations avec Dieu et avec le prochain. L’absolution enlève le péché, mais elle ne remédie pas à tous les désordres que le péché a causés. Relevé du péché, le pécheur doit encore recouvrer la pleine santé spirituelle. Il doit donc faire quelque chose de plus pour réparer ses péchés : il doit  » satisfaire  » de manière appropriée ou  » expier  » ses péchés. Cette satisfaction s’appelle aussi  » pénitence « . » (CEC 1459)

« Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. »

Jésus s’adressait aux juifs, les fils d’Abraham … maintenant, sa parole est pour tout le monde, quel que soit leur religion, et même ceux qui n’en ont pas, car tous sont des créatures de Dieu, et son amour s’étend sur tous : « Tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres (…) Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur. » (première lecture)

Zachée, le mal aimé, est réintégré aux yeux de Dieu dans son peuple …

Est-ce que nous, nous acceptons que des pécheurs pardonnés soient réintégrés dans notre monde, … dans notre communauté paroissiale … ?

« En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

Seigneur Jésus,

tu nous as donné une bonne leçon

d’amour et de miséricorde

lors de ta rencontre avec Zachée.

Puissions-nous prendre exemple sur toi

dans notre vie de tous les jours.

 

Francis Cousin 

 

 

 

 

 

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31ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Zachée

Lc 19,1-10

Un industriel, épris d’efficacité, de bilans positifs, de rendements, m’a déclaré un jour : « Mon père, on me dit à l’Eglise « que je suis « sauvé ». Moi, je veux bien, mais sauvé de quoi ? De quel danger suis-je sorti ? »

On dit que le Christ est venu nous sauver, qu’il est notre Sauveur… mais qu’est-ce-que cela signifie ? Je ne ressens absolument pas le besoin d’être sauvé de quoi que ce soit. Je n’ai pas besoin d’un sauveur. De quel sauvetage s’agit-il ?

Autre constatation : les chrétiens se confessent de moins en moins. Ils n’en éprouvent plus le besoin. « Je ne vois plus quoi dire en confession ! A quoi bon déranger un prêtre pour lui dire que je me suis mis en colère avec mes enfants ou que j’ai manqué mes prières ? Si je me suis disputé avec mon voisin, mieux vaut tâcher d’arranger les choses avec lui plutôt que d’aller me confesser. Ces accusations de péché cataloguées, étiquetées, me semblent manquer de sérieux et de vérité. Bref, je ne me confesse plus et je ne m’en trouve pas plus mal ».

Tout cela peut se résumer en quelques phrases : « Je ne me confesse plus parce que « le péché, ça n’existe plus » ».

« « Repentir » –  » Conversion » : ces mots ne signifient plus grand-chose aujourd’hui ». Voilà qui est grave, car on risque d’être en pleine illusion : un peu comme une famille qui dort dans une pièce chauffée avec un poêle dont le tirage est mauvais.
Elle n’a pas l’impression de mourir, elle n’éprouve pas le besoin d’être sauvée et pourtant elle est en train de s’asphyxier à l’oxyde de carbone. Cette famille, il faut  d’urgence  la réveiller, lui ouvrir les yeux. Il faut la sauver et cela c’est pour nous, c’est notre cas ! Il faut nous réveiller, prendre conscience du mal qui nous mine, nous réveiller, ouvrir nos yeux, prendre conscience de notre péché qui nous fait mourir !

Revenons à Zachée : il est pécheur, mais ce qui le sauve, c’est qu’ « il cherche à voir qui était Jésus« . Il était de petite taille et la foule est devant, la foule fait écran.

Pour nous aussi, très souvent, la foule fait écran entre nous et Jésus : la foule, c’est-à-dire les mentalités, les idées reçues, le climat actuel dans lequel nous vivons, toutes ces idées païennes sur le confort, l’argent, la sexualité, l’éducation, la réussite dans la vie. Nous respirons un air vicié, un air toxique et nous ne nous en apercevons pas ! Et peu à peu il asphyxie notre conscience.

Zachée, lui, noyé dans cette foule, n’en prend pas son parti : « il court en avant », nous dit l’Evangile, dépasse les obstacles, grimpe dans un arbre, c’est-à-dire, prend de la hauteur et réussit, de cette façon, à voir Jésus. Nous aussi, si nous voulons retrouver Jésus et son idéal, reprendre conscience de notre situation, il nous faut « prendre de la hauteur » par rapport aux mentalités courantes.

Soyons nous-mêmes. Ne soyons pas des moutons à bêler à l’unisson du médiocre troupeau de la société actuelle. N’ayons pas peur, comme Zachée, de nous séparer de cette foule. Alors, et alors seulement, nous pourrons regarder Jésus, voir Jésus car c’est lui, bien lui, qu’il faut regarder si nous voulons comparer notre conduite, notre mentalité à la sienne.

Car le péché, n’est pas un manquement à un règlement, le péché,  c’est  un manquement à Jésus-Christ, un manque d’amour : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, tu aimeras ton prochain ».

Comme Zachée, en voyant Jésus, nous prenons conscience du mauvais sens que nous donnons à notre vie. Nous voyons, tout d’un coup, en voyant Jésus, en relisant l’Evangile, toute la distance, toute la différence, l’écart qui existe entre lui et nous, entre son attitude et la nôtre, entre ses paroles et les nôtres… Et voici que l’on entend maintenant un autre refrain dans la foule : « Mais alors, vous voulez nous culpabiliser ! » Sous prétexte de ne pas donner de complexe aux enfants ou même aux adultes, on ne parle plus de bien  et de mal, on renonce à former la conscience,  le « bien » et le « mal », ça  n’existe  plus, qu’ils voient eux-mêmes ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire, si bien que  les écrans et les médias nous font voir des criminels qui sourient, des défilés de femmes qui se font avorter en criant « notre ventre est à nous » et des drogués qui se demandent pourquoi on les empêche encore de se piquer.

On est là, en pleine confusion parce que l’on confond le remords et le repentir : * Le remords, c’est ce sentiment de dépit, de honte qu’on éprouve à l’égard de soi-même : on est vexé, on se croyait mieux que ça et l’on se décourage : « Je ne suis bon à rien ».

Le remords est déprimant et vous enfonce encore plus dans le péché.
* Le repentir, au contraire, c’est le regret d’avoir manqué à l’amour de Dieu, à l’amour des autres. On ne se regarde plus soi-même : on regarde Jésus qui vient à nous et qui nous dit comme à Zachée :       «  Aujourd’hui, il faut que j’aille chez toi ». Cela n’a rien de déprimant ! Au contraire, c’est stimulant ! Regardez Zachée qui accueille Jésus chez lui… est-il complexé ? Découragé ? Paralysé par le remords ? Au contraire, il est tout joyeux, il se sent libre enfin ! Il a pris conscience de la situation qui l’étouffait : cet amour de l’argent qui lui faisait faire n’importe quoi ! Et il ne s’en apercevait même pas ! Maintenant, le voilà éclairé, libéré, prêt à partir pour une vie toute neuve ! « Je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens ! » C’est ça, la conversion !

Le sacrement de Réconciliation, comme la rencontre de Zachée avec Jésus, c’est une rencontre d’amour. Le Christ vient à nous et nous allons à lui pour nous éclairer, pour nous libérer et, prenant conscience de cet amour de Dieu : Dieu qui nous cherche, nous reprenons notre confiance et nous repartons vers un nouvel avenir. Ça y est ! Nous sommes sauvés ! « Le Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

Grâce à lui, rien n’est jamais définitivement perdu. On peut toujours ressusciter à une vie nouvelle. Allons-nous, nous aussi, « courir en avant » comme Zachée ?

Allons-nous prendre de la hauteur comme lui, et regarder Jésus et l’accueillir et découvrir ainsi combien nous avons besoin de lui ! Lui, le Sauveur, sauveteur !  AMEN




31ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 19, 1-10)

« Descends vite »

(Lc 19,1-10)…

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche.
Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille.
Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur. »
Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham.
En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »

           

         « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire », dit Jésus (Jn 6,44.65). Zachée, transcription grecque de l’hébreu Zakkaï, « pur »,  est un homme de bonne volonté, droit, vrai, loyal, comme Syméon qui, « poussé par l’Esprit », rencontra Jésus enfant dans les bras de sa Mère (Lc 2,25-35). Ici, ce même Esprit a mis au cœur de Zachée le désir de le voir, un désir si fort qu’il n’hésitera pas une seconde, lui, le Chef des Publicains, à monter dans un arbre pour y arriver ! En agissant ainsi, comme un petit enfant, il manifeste déjà qu’il est non seulement « petit de taille », mais aussi « petit » de cœur, pauvre et humble. « Si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants », nous dit Jésus, « vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux » (Mt 18,3). Zachée est sur le bon chemin car « le Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32). Alors, « heureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5,3), un « Royaume qui est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Et « l’Esprit Saint » est le Don gratuit du Père qui, dans son Amour, ne cesse de le proposer à tout homme par Jésus, son Fils : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22)… Mais pour le recevoir vraiment, nous sommes tous invités, jour après jour, à nous détourner du mal, à nous repentir, pour nous tourner et nous tourner encore de tout cœur vers Dieu : « C’est pour vous que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités… Repentez-vous donc, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint Esprit » (Ac 3,26 ; 2,38).

            Alors « descend vite, Zachée, car aujourd’hui », maintenant, « il faut que j’aille demeurer chez toi » , en toi, dans ton cœur et dans ta vie, pour ta Vie… Et comment ? Par le don de l’Esprit Saint, cet Esprit que le Fils reçoit du Père de toute éternité, gratuitement, par Amour. Et c’est par ce Don de l’Esprit qui est Vie que le Père l’engendre en « vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Tous les deux sont alors unis de cœur l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3). Et voilà ce que Jésus est venu proposer à tout homme, au Nom de son Père, pour que tous, nous participions nous aussi à la Plénitude de ce même Esprit.

            « Descend vite »… Puis il « s’avança » vers Jésus et lui dit : « Voilà Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens », gratuitement, par amour… Zachée a vraiment accueilli le Don de Dieu, le Don de cet Esprit qui est Amour. Et déjà, l’Esprit porte en lui son fruit : « Amour, joie, paix, bienveillance » (Ga 5,22), partage… Oui, vraiment, lui dit Jésus, « aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison », car l’amour de Zachée saura bien entraîner aussi tous les siens sur le chemin du retour à la Maison du Père…               DJF




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 18, 9-14)

« Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! » 

Tout le monde connaît bien cette parabole de Jésus.

« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. ». Tous les deux font la démarche d’aller au temple pour prier. Jusque-là, c’est pareil.

Le pharisien est un homme respectueux de la Loi de Moïse, il porte les phylactères pour bien le montrer. Il « priait en lui-même », ce qui est heureux pour les autres personnes présentes, « Mon Dieu, je te rends grâce », s’adresser à Dieu par une formule de louange était une forme usuelle pour débuter sa prière, que d’ailleurs Jésus utilise aussi « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. » (Mt 11,25) … Jusque-là, c’est bien …

C’est ensuite que cela se gâte ; Le pharisien loue Dieu, mais en paroles (internes), mais pas avec son cœur ; il est imbu de lui, et commence sa prière en se comparant aux autres … qui bien sûr sont moins bien que lui … et il le dit à Dieu en citant ce qu’il fait en plus : le jeune deux fois la semaine, la dime …

Il se croit juste, il est sûr de lui … mais il méprise les pécheurs … et n’a pas besoin de conversion !

Il parle plus à lui-même qu’à Dieu !

Le publicain, lui, se sait mal vu, haï, méprisé, banni par les autres juifs …

Il se tient à l’écart. C’est difficile pour lui aller à la synagogue sans se faire insulter … voire jeté dehors … alors dans le Temple …

Il n’a rien à offrir à Dieu … sinon ce qu’il est … un pas grand-chose aux yeux des gens … et même à ses yeux …

Il ne lève pas les yeux vers le ciel, vers Dieu, … mais la tête inclinée, il se frappe la poitrine, et il parle, tout haut : « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! »

C’est la seule chose qu’il ose dire à Dieu : se reconnaître pécheur … car il sait qu’il peut compter sur la miséricorde de Dieu.

Et Jésus de conclure : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »

Tout oppose ces deux personnes …

Et quand on demande aux gens, ou aux enfants du catéchisme, laquelle des deux attitudes ils préfèrent, on a cent pour cent des personnes qui répondent : le publicain !

Et on ne peut être que d’accord avec eux !

Parce qu’il parle avec son cœur … alors que le pharisien est un hypocrite …

Et pourtant … si chacun regarde bien dans son cœur, … on se rend compte que nous sommes parfois les deux … et peut-être plus souvent comme le pharisien …

Combien de fois nous nous comparons aux autres … bien souvent à notre avantage … !

Combien de fois nous disons du mal des autres … en pensée ou en parole …

Combien de fois nous nous méfions des autres, nous n’avons pas confiance en eux … parce que : on dit que …

Tous les commérages, les ladi-lafés, les ragots, les fausses nouvelles qu’on colporte sans les vérifier …

 Toutes ces choses que le pape François ne cesse de nous dire d’arrêter de faire … et qui continuent comme avant !

Surtout en cette période de synode, où nous sommes invités à réfléchir sur l’Église, avec trois mots clés : communion, participation, mission … il semble évident que nous ne pouvons pas « Faire Église » si n’arrivons pas à construire le premier mot : communion.

N’accusons pas les autres, ne disons pas du mal des autres … mais faisons comme le publicain : frappons-nous la poitrine, reconnaissons nos propres fautes … alors nous aurons devant nous le Dieu de miséricorde et de pitié qui pourra nous pardonner … et nous donner envie de pardonner les fautes que les autres nous ont faites …

Il y a du bon et de mauvais en chacun …

Remercions Dieu de nous avoir donné ce qui est bon en nous … et demandons son pardon pour le mauvais !

Seigneur Jésus,

Nous sommes bien prompts

 à dire du mal des autres,

mais nous avons du mal à reconnaître

que nous ne sommes pas meilleurs qu’eux.

Aide-nous à reconnaître nos fautes

et à t’en demander pardon.

Prends pitié du pécheur que je suis !

 

Francis Cousin 

 

 

 

 

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30ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Pharisien et le Publicain

Lc 18,9-14

Dans cette parabole, du pharisien et du publicain, nous avons un petit chef-d’œuvre littéraire et religieux : en quelques lignes tout y est.

Tout d’abord les destinataires : « Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres ». Le récit met en scène les 2 extrémités de la société juive : le pharisien qui est le type du « bon pratiquant » et le publicain qui  est  le  « pécheur  public » (dans  le  catalogue  des  pécheurs, il est au même rang que les prostituées). La parabole les place tous les deux dans le Temple  et dans l’acte qui est le sommet de la rencontre avec Dieu : la prière.

 

Le pharisien, se tenait là, debout et priait en lui-même :

« Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme les autres hommes ». Je… Je… Je… Je… Il ne parle que de lui.

Il prie ? Non, il s’admire. Il rend grâce à Dieu de ce qu’il est un type bien et pire, il se vante devant Dieu, de ce qu’il a fait pour Dieu ! Tout juste s’il ne demande pas à Dieu de le remercier de tout ce qu’il fait pour lui ! « Non, je ne suis pas comme les autres qui sont tous des pauvres types : voleurs, injustes, faux, menteurs ou encore comme ce publicain ». Il est tourné vers lui-même et non pas vers Dieu. Il se regarde et s’écoute prier : il est tellement parfait que Dieu, devant lui, s’en trouve réduit à l’admirer.

 

 Passons au publicain : il se tient à distance, il n’ose même pas lever les yeux, il se frappe la poitrine :

« Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ». Il se situe comme  un pauvre devant Dieu et un pécheur, n’ayant d’autre solution que de mettre sa confiance en lui. Il ne parle pas de lui. Il regarde Dieu, de qui pourra lui venir le salut : le pardon.

Et  voilà la conclusion de Jésus : « Quand ce dernier rentre chez  lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, pas l’autre ». Cette conclusion invite tous les auditeurs, et nous aussi, à notre tour, à un retournement, à une conversion, à une réconciliation.

Ce qui permet à l’homme de se tenir devant Dieu, ce ne sont pas ses mérites, ses bonnes actions, ce qu’il a fait de bien, mais d’abord et avant tout le pardon de Dieu, sa bonté, sa miséricorde.

Rappelons-nous la prière de la messe, dans la prière eucharistique n°1 : « Et nous, pécheurs, qui mettons notre espérance en ta miséricorde inépuisable, admets-nous dans la communauté de tous les Saints, dans leur compagnie, sans nous juger sur le mérite, mais en accordant ton pardon par Jésus-Christ notre Seigneur ».

Le chrétien n’est pas un homme juste, mais un homme « justifié« , c’est-à-dire sauvé par la bonté de Dieu, par la Croix de son fils.

Il n’est pas un être « gracieux » mais un pécheur « gracié« .

Toute l’attitude chrétienne se résume dans ce passage de l’actif au passif, mais attention, il faut être rudement actif pour se laisser faire par Dieu, au lieu de s’agiter et de compter sur ses propres forces.

Telle est la conversion à laquelle nous invite Jésus : mobiliser notre activité pour nous en remettre à Dieu seul. Aussi, nous dit St-Luc : « Ne soyez pas tournés vers vous-mêmes, mais prenez conscience de votre faiblesse, de votre pauvreté pour vous ouvrir au pardon de Dieu, à son amour ».

C’est bien dans la prière que se révèle notre attitude profonde : « Dis-moi comment tu pries et je te dirai qui tu es ».

Dans le Temple, pharisien et publicain ne sont pas loin l’un de l’autre : l’un est en haut de l’église, l’autre est au fond, mais cette courte distance sépare deux univers.

 

Chez l’homme qui semble un modèle de santé religieuse, Jésus diagnostique le mal le plus profond : sa suffisance. Il est enfermé en lui-même, il est séparé de Dieu. Dieu n’est plus pour lui, la source de sa vie. Il ne parle que de lui, en parlant à Dieu. Sans le savoir, il refuse Dieu. Il se place à côté de Dieu pour juger le reste des hommes. Il a pris ses distances.

         On dit que les histoires doivent finir bien, avoir une fin heureuse. Inventons une fin à cette parabole du Seigneur :

« Tout à coup, le pharisien eut un frisson et il s’écria : « Seigneur, aies pitié du pharisien que je suis… Ah, je suis bien comme les autres hommes, si aveugles à regarder vers toi et à juger leurs frères ! Seigneur, que je connais si peu, enlève la poutre de mon œil ». Puis le pharisien descendit au fond du temple, près du publicain pour partager son silence ».

En franchissant cette courte distance, la prière devient chrétienne. Mais attention, il peut y avoir aussi des pharisiens parmi ceux qui ne sont pas là dans cette église et qui disent, eux : «  Moi, j’ai ma religion à moi. Je suis croyant, mais non pratiquant, d’ailleurs, vous n’avez qu’à voir ceux qui vont à l’église, ils ne sont pas meilleurs que les autres ». Ils disent avec fierté, pour se justifier : « Moi, je suis le publicain. Je ne suis pas comme  ces  gens-là. Je ne vais pas  à la messe, je ne communie jamais, je ne me confesse plus depuis longtemps et pourtant je ne suis pas moins bon que tous ces chrétiens qui s’affichent ».

Nous en connaissons tous de ces pharisiens-là : ils se vantent, ils sont contents d’eux, ils rendent grâce de ne pas être comme les autres, ils se disent les derniers, mais c’est pour pouvoir se considérer comme les premiers, ils s’abaissent, mais exprès, pour pouvoir se glorifier.

Le vrai publicain, c’est peut-être celui qui dit : « C’est vrai, je suis un pharisien, je n’attends pas assez de Dieu et je suis trop enclin à juger les autres, alors j’accepte ces humbles moyens de la confession, de la messe, de la communion puisque le Christ me les conseille. Je dépends entièrement de la miséricorde de Dieu qui sait que, par nature, je suis à la fois un pharisien et un publicain : les deux à la fois. Mais mon Sauveur est assez bon et assez puissant pour faire de moi, simplement  son  enfant ».

Or, un enfant avec son père et sa mère, il n’est pas fier, il sait qu’il dépend entièrement d’eux, il leur fait confiance d’ailleurs, l’enfant sent bien que tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, c’est d’eux que ça vient, pas de lui ! Alors, il compte sur eux et il les aime plus que tout et il aime ses frères qui sont dans la même situation que lui et, puisque nous sommes dans la semaine missionnaire, je rapporterai ce témoignage d’un prêtre en pays musulman :

« Ibrahim, un lycéen de notre quartier me demande de lire l’Evangile. Je m’étonne :

– Pourquoi veux-tu lire le livre des chrétiens alors que tu as ton propre livre : le Coran ?

– Parce que, répondit-il, l’Evangile nous apprend à vivre en frères, à nous aimer les uns les autres, et non pas à nous juger ».   AMENs une fausse idée de la prière : nous adressant à Dieu, nous croyons que notre prière va le fléchir, le faire changer d’avis, le mettre à notre service comme ce juge avec cette veuve qui insiste. En fait, ce n’est pas nous qui mettons Dieu à notre service, c’est le contraire qui se produit dans la vraie prière : nous nous mettons au service de Dieu. Nous ne changeons pas Dieu, c’est Dieu qui nous change, qui nous modifie, qui nous modèle à son image comme pour une nouvelle création intérieure. Ce n’est pas nous qui agissons sur Dieu, c’est Dieu qui agit sur nous, en nous, pour nous rendre un peu mieux, un peu plus : fils du Père. Si bien que dans une vraie prière, nous avons moins à parler qu’à écouter. « Parle Seigneur, ton serviteur écoute », disait Samuel à Dieu.

C’est à lui de parler, ce n’est pas tellement à nous ! Et Dieu n’attend que cette ouverture pour nous remplir de sa lumière, de son amour, de sa force. Julien Green, dans son journal, compare Dieu à l’eau arrêtée par le barrage de notre égoïsme et qui, dès que le barrage cède, s’engouffre avec force, avec fougue, dans la vallée de nos existences.
Mais c’est peut-être cela qui nous fait peur : n’être plus le maître de nos vies pour laisser le Seigneur l’envahir d’abord et ensuite la diriger : « Celui qui veut protéger sa vie la perdra, celui qui consent à l’exposer la sauvera ». Il sait de quoi nous avons besoin tout comme il savait pourquoi Moïse avait les bras levés tandis que Josué combattait mais il désire notre persévérance, notre insistance, notre foi dans la prière  comme cette veuve  avec ce juge qui pourtant n’est pas comme Dieu, puisque lui, c’est par lassitude qu’il consent à rendre justice à cette veuve, tandis que notre Père ne nous fera pas attendre pour nous rendre justice.

La prière est à la mesure de notre foi : elle se prolonge et dans ce cas, elle a raison du cœur de Dieu, comme pour Moïse qui avait bien de la peine à maintenir ses bras tendus vers Dieu. Dans la difficulté de la prière, aurions-nous tendance à baisser les bras ? Savons-nous nous ménager des moments de prière, seul, en foyer, mari et femme, en famille aussi avec les enfants ? Car ne l’oublions pas, il y a une grâce spéciale à prier ensemble : « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ».

Chaque dimanche, l’Eglise nous rassemble pour la prière par excellence, celle de la messe, celle de l’Eucharistie où c’est Jésus-Christ lui-même qui vient au milieu de nous pour prier pour nous son Père du ciel. Prière variée que celle de la messe qui nous rassemble aussi pour le pardon, la louange, l’action de grâces, l’adoration.

Chaque semaine, l’Eglise nous apprend à donner du temps à Dieu dans une prière communautaire : que cela nous entraîne à une prière personnelle chaque jour.  AMEN




30ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 18, 9-14)

L’Humilité de la vérité, chemin de Sainteté (Lc 18,9-14)…

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts).
Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.
Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’
Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »        

           

         Jésus oppose ici deux attitudes. La première vise « certains hommes qui sont convaincus d’être justes et qui méprisent tous les autres ». Voilà l’attitude de ceux qui « sont convaincus d’être » ‘des gens biens’, et qui, au même moment, critiquent et « méprisent tous » ceux et celles qui ne pensent pas comme eux, qui n’agissent pas comme eux… Cette attitude est caractéristique du péché le plus grave, l’orgueil, qui fait de la personne le centre du monde, la référence ultime. Et sa conséquence immédiate est l’aveuglement…

            Pour illustrer son propos, Jésus choisit ceux qui, à son époque, étaient regardés comme étant les religieux les plus fervents : ces Pharisiens qui s’imposaient le plus de renoncements… « Je jeûne deux fois par semaine », alors que la pratique habituelle ne demandait qu’une seule fois… « Je verse le dixième de tout ce que je gagne », alors que la dîme ne s’appliquait qu’aux récoltes principales, « le blé, le vin et l’huile » (Ne 13,10-13). Autrement dit, ces pratiques, bonnes en elles-mêmes, ne visent plus ni la gloire de Dieu ni le bien du prochain. Elles ne servent au Pharisien qu’à se construire une belle image de lui-même… « Tu te flattes d’être toi-même le guide des aveugles, la lumière de qui marche dans les ténèbres, l’éducateur des ignorants, le maître des simples… Voilà un être aveuglé par l’orgueil » (Rm 2,17-25 ; 1Tm 6,4)…

            A l’opposé, Jésus met en scène un publicain, un collecteur d’impôts. Comme cette charge s’achetait auprès des Romains, les publicains demandaient plus que ce qui était exigé pour rentrer dans leurs frais et gagner leur vie. Il leur était donc facile de déraper… Ici, ce publicain accepte de se regarder en face, il est de bonne foi : « Ô Dieu, montre-toi favorable à moi, pécheur ! ». Cette prière ne peut qu’être exaucée : Dieu est toujours favorable à tout homme, il ne poursuit que son bien. La Vérité de l’Amour va enfin pouvoir rencontrer la vérité de cet homme, une vérité de misère et de ténèbres, pour la changer en Lumière. C’est ce que veut le « Père des Miséricordes, le Père des Lumières » (2Co 1,3 ; Jc 1,17), Lui qui nous a tous créés pour nous combler par ce Don qui ne cesse de jaillir gratuitement de son Amour : une Plénitude d’Être et de Vie (Jn 10,10), de Bonheur, de Paix et de Joie (Jn 15,11). C’est ce que vit ici ce Publicain pardonné, « justifié », comblé par l’Amour. Hélas, le Pharisien, si parfait à ses propres yeux, restera dans les ténèbres glacées de sa perfection illusoire… Heureusement, l’Amour continuera à le chercher jusqu’à ce qu’il le trouve (Lc 15) !

                                                                                                                                  DJF

 

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – Père Rodolphe EMARD (St Luc 18, 1-8)

Ce dimanche encore, saint Luc évoque dans l’Évangile la place centrale de la foi.

Il y a trois dimanches de cela, les Apôtres demandaient au Seigneur d’augmenter en eux la foi. Jésus n’a pas manqué de rappeler la puissance de la foi : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : ‘Déracine-toi et va te planter dans la mer’, et il vous aurait obéi. » (Lc 17, 6).

Dimanche dernier, nous avons eu le beau témoignage de foi des dix lépreux guéris par Jésus et ce que Jésus dira de l’un d’entre eux qui va se jeter à ses pieds pour lui rendre grâce : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » (Lc 17, 19). Ce beau témoignage nous montre le bienfait qu’apporte la foi : la foi sauve, elle est source d’action de grâce.

Ce dimanche, nous avons une parabole qui nous interroge sur ce que nous faisons de cette foi que nous avons reçue, son devenir entre nos mains : « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Cette parabole nous invite à prendre conscience de l’importance capitale de la foi.

La foi va de pair avec la prière. La parabole a pour but d’enseigner « sur la nécessité (…) de toujours prier sans se décourager » nous dit saint Luc. La prière est indispensable pour demeurer, grandir et persévérer dans la foi.

Dans la parabole, Jésus évoque le cas d’une veuve qui ne cesse d’importuner un juge sans foi ni loi pour réclamer justice. Le juge finira par accéder à sa demande, non pas par cas de conscience mais pour ne plus être ennuyé par cette veuve, pour avoir la tranquillité. Si ce mauvais juge est capable de faire justice, ô combien Dieu qui est bon fera-t-il justice !

Mais alors, quand fera-t-il justice pour nous ? Nous pourrions penser qu’il suffirait simplement de demander pour être immédiatement exaucé. Ce serait croire qu’on aurait une certaine emprise sur Dieu. La foi est un chemin de patience et de persévérance. La prière doit en être autant : patiente et persévérante. Notre foi en Dieu a besoin parfois d’être éprouvée pour qu’elle puisse grandir.

Par ailleurs, ce que nous demandons ne nous donne pas droit à une réponse qui irait dans le sens de ce que nous avons demandé. Grandir dans la foi, c’est adopter une attitude de confiance en Dieu. Il s’agit bien d’entrer constamment dans cette disposition confiante à l’égard de Dieu et avec la conviction qu’il sait avant tout, avant nous, ce dont nous avons besoin. Qui nous dit que notre demande est nécessairement bonne ou la meilleure ? La prière est nécessaire pour entrer dans cette disposition confiante en Dieu.

Nous avons proclamé un extrait de la deuxième lettre de saint Paul à Timothée. Paul encourage son disciple à se référer sans cesse à l’Écriture, la Parole de Dieu : elle « est inspirée par Dieu », elle a « le pouvoir de (…) communiquer la sagesse », « elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien. ». Saint Paul nous révèle la puissance de la foi que nous sous-estimons parfois.

Comment grandir dans la foi, comment bien demander dans la prière si nous ne sommes par éclairés par la Parole de Dieu ? Nous devons apprendre à recevoir et entendre la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas simplement de la lire mais de la méditer, de l’écouter… laisser la Parole prendre racine en nous…

Frères et sœurs, que les lectures de ce dimanche nous apportent du réconfort dans les fardeaux que nous portons. Demandons au Seigneur de tenir bon dans la l’espérance du psalmiste, dans le Psaume 120 : « Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre ». Amen.

                                                                                               P. Rodolphe Emard

 




29ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 18, 1-8)

Confiance en l’Amour (Lc 18,1-8) !

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : “Rends-moi justice contre mon adversaire.”
Longtemps il refusa ; puis il se dit : “Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne,
comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.” »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice !
Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ?
Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

        

            « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), un Amour infini, sans limite… Et « c’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Pour nous inviter à cette confiance, le Seigneur va prendre ici l’image d’un juge « qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes ». Malgré sa fonction, rendre la justice était donc le dernier de ses soucis ! Mais une veuve, c’est-à-dire quelqu’un qui, dans sa vulnérabilité et sa fragilité, avait tout particulièrement besoin de justice, saura insister et insister encore pour que justice lui soit rendue. Et ce juge répondra finalement à sa demande, non pas pour être fidèle à sa charge, mais par pur égoïsme. Plus personne en effet ne viendra lui casser les oreilles, il sera enfin tranquille…

            Or Jésus emploie ici la technique du contraste pour faire grandir en nous la confiance en notre Dieu et Père. Si la justice a finalement été rendue dans un tel contexte, combien plus le sera-t-elle dans le cadre de notre relation à Dieu, Lui le seul vrai Juge, Lui qui n’est que Justice et qui n’a qu’un seul désir : accomplir toute justice. Or, ce qui est juste pour l’Amour, c’est que l’Être aimé soit bien, au sens fort du terme. Quelle que soit en effet la situation dans laquelle nous nous trouvons, l’Amour ne poursuit toujours qu’un seul et même but : notre bien le plus profond, un bien dont nous n’avons peut-être pas vraiment conscience et que nous découvrirons au fur et à mesure que nous l’expérimenterons. Et là nous comprendrons à quel point il est le fruit gratuit de l’Amour !

Le Seigneur nous invite donc ici à la confiance en son Amour : Lui sait mieux que nous mêmes ce qui est vraiment bon pour nous. Si nous demandons et demandons encore dans la prière ce qui nous semble bien pour nous ou pour un proche, et si ce que nous demandons n’arrive pas, osons nous remettre en question… Osons alors faire confiance en l’Amour : sa solution ne peut qu’être meilleure que la nôtre. Nous ne voyons souvent en effet que le bout de notre nez, alors que Dieu lui voit au-delà du temps et de l’espace… « Je vais prier pour que la Sainte Vierge diminue votre oppression », dit une Sœur à Thérèse de Lisieux, malade de la tuberculose. Réponse immédiate : « Non, il faut les laisser faire là haut »…

« À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles ! Amen » (Ep 3,20-21).

                                                                                                                                  DJF