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14ième Dimanche du Temps Ordinaire– par Francis COUSIN (Lc 10,1-12.17-20)

L’évangélisation …

 

Cela commence au temps de Jésus …

Avec des gens ordinaires … Comme nous !

Jésus envoie les soixante-douze disciples, « en avant de lui » … pour préparer le terrain … car ce n’est pas nous qui convertissons, mais lui, avec son Père, et l’aide de l’Esprit Saint : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » (Jn 6,44)

Il les envoie avec quelques consignes … relativement peu … qui nous concernent encore aujourd’hui.

– La première : « Vous, vous n’êtes pas tout seul … car seul, vous ne pouvez rien : Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. ».

La première chose à faire est de se mettre en prière, prier le Père pour qu’il nous aide, et nous envoie l’Esprit Saint.

– La deuxième : « Attention ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. ».

Et les loups sont féroces. Ils n’attaquent pas toujours … mais …

Le christianisme est la religion la plus persécutée en ce moment …

On a encore en mémoire le souvenir des deux jésuites assassinés au Mexique il y a une dizaine de jours … les massacres dans deux églises du Nigéria … et toutes les autres exactions effectuées en Inde, au Pakistan, en Afghanistan, en Chine … ou dans bien d’autres pays …

Mais Jésus refuse que l’on réponde à la violence par la violence … même en paroles … car c’est là souvent que nous nous laissons aller …

Nous devons être comme des brebis, comme Jésus lui-même l’a été, lui l’Agneau de Dieu !

– La troisième : « Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales ».

Passons sur les sandales … peu de gens actuellement marchent pieds nus …

Mais pour le reste, ne nous encombrons pas de choses inutiles … mais qui nous paraissent nécessaires …

Comptons sur la Providence, … en priant Dieu de nous aider de la manière qui lui semble la plus appropriée dans notre relation avec les autres pour les évangéliser, ou que les autres se laissent évangéliser …

C’est souvent très déroutant quand, par la suite, on voit comment les choses ont évoluées sans qu’on y soit pour quelque chose … mais Dieu était là … et œuvrait à notre insu …

Comptons aussi sur la bienveillance de ceux que nous rencontrons … pour la nourriture, pour le gite … cela ne nous concerne peut-être pas directement, mais il faut avoir à l’esprit que rien ne peut nous manquer … « Dieu pourvoira à l’agneau pour le sacrifice. » (Gn 22,8).

– La quatrième, qui peut nous paraître un peu incongrue : « Ne saluez personne en chemin. ».

Il ne s’agit pas d’être impoli, loin de là, mais de bien conserver l’esprit d’évangélisation. Car souvent nous perdons du temps en bavardant de choses et d’autres qui nous éloignent du but. Gardons le cap.

– La cinquième : « Dites d’abord : Paix à cette maison. »

Soyons des ambassadeurs de paix … Que la paix soit en nous pour que nous puissons la porter aux autres … dans chaque maison.

La paix qui nous fait aller vers les autres sans peur, sans complexe …

La paix qui nous vient de notre relation à Dieu.

– Enfin : « Guérissez les malades. »

Là, on est mal ! … parce-ce qu’on n’est pas médecin … et que Dieu seul peut guérir les malades !

Alors, on peut demander à Dieu d’intervenir pour guérir telle ou telle personne … mais peut-être que nous ne croyons pas assez à la puissance d’intercession auprès de Dieu pour cela …

Et pourtant, Jésus a dit : « Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » (Mc 16,18).

Et il n’y a pas que les guérisons physiques … mais aussi celles de l’esprit, ou de l’état d’esprit. On sait bien qu’après avoir vu un médecin, bien souvent on se sent soulagé, mieux en forme, avant même d’avoir pris un médicament …

On sait aussi qu’à Lourdes, s’il y a très peu de guérisons physiques reconnues, le nombre de guérisons psychiques ou de bien-être, bien qu’inquantifiables, sont de plusieurs centaines, voire milliers par an : des gens qui retrouvent la paix en eux …

Et cette paix-là, si on l’a en nous, on peut tous la donner aux autres …

En cette période où nous réfléchissons sur l’Église synodale, avec trois axes principaux : communion, participation, mission, l’évangélisation doit être totalement présente dans notre réflexion, au niveau interne (entre catholiques) et externe (vers les autres) … et à commencer par chacun de nous

Alors, nous pourrons entendre Jésus nous dire : « Réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »

Seigneur Jésus,

pour beaucoup d’entre nous,

évangélisation rime avec

« aller loin, vers l’étranger… »

alors que la première personne

que nous devons évangéliser,

                                                                c’est nous-même !

Donne-nous de faire l’effort

de notre propre évangélisation !

                                                                                   Francis Cousin

 

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14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 10,1-12.17-20)

« Le Règne de Dieu est tout proche »

(Lc 10,1-12.17-20).

En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin.
Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté.
Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : “Le règne de Dieu s’est approché de vous.” »
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites :
“Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.”
Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire.
Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. 

        

     Peu avant, Jésus avait choisi les Douze parmi ses disciples et il les avait envoyés « proclamer le Règne de Dieu et faire des guérisons » (Lc 9,1‑6). Ici, « il en désigne encore soixante-douze » en leur disant : « Guérissez les malades et dites : « Le Règne de Dieu est tout proche de vous » ». Leur mission est donc identique. Or, les deux chiffres additionnés, douze et soixante douze, font en tout quatre vingt quatre, soit sept fois douze, et « sept » dans la Bible est symbole de Plénitude. C’est donc toute l’Eglise qui est envoyée en mission : ses responsables, les Douze, aujourd’hui nos Evêques et nos prêtres, et avec eux, nous tous ensemble, laïcs, diacres, religieux religieuses…

            Et ils sont envoyés ici « deux par deux » car, à l’époque, il fallait être deux au minimum pour témoigner de quoique ce soit (Dt 19,15 ; Mt 18,16). Jésus nous appelle donc à être les témoins de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu, en nous soutenant les uns les autres. Souvenons-nous de St Paul : « Il m’a été fait miséricorde, et la grâce de notre Seigneur a surabondé… Elle est sûre cette parole et digne d’une entière confiance : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont je suis, moi, le premier. Et s’il m’a été fait miséricorde, c’est pour qu’en moi, le premier, Jésus Christ manifestât toute sa patience, faisant de moi un exemple pour ceux qui doivent croire en lui en vue de la vie éternelle » (1Tm 1,12-17).

            L’Eglise est donc envoyée en témoin du Pardon de Dieu offert en surabondance à notre foi. Ici, le Christ demande le dépouillement : « Ni argent, ni sac, ni sandales » car il désire voir grandir la foi de ses disciples en cette Présence invisible du Père à leurs côtés, un Père qui sait très bien de quoi nous avons besoin avant même que nous ne lui demandions (Mt 6,8). Et il ne permettra pas que les ouvriers de sa moisson manquent du nécessaire (Lc 12,22‑32). « Avez-vous manqué de quelque chose », leur demandera Jésus plus tard ? « De rien », répondront-ils, ce qui est un nouveau témoignage de la proximité de Dieu et de son action efficace, par les uns, par les autres (Lc 22,35-38)…

            Puis il les libère de toutes les prescriptions alimentaires en vigueur à l’époque, car une seule chose compte : l’Amour reçu, l’amour donné…  « Messagers de la Paix, la moisson vous attend… Pour réconcilier le monde, n’emportez que l’Amour… A ceux qui vous accueillent, comme à ceux qui vous chassent, annoncez la Nouvelle : le Royaume de Dieu est là, tout près de vous »…                                                                                       DJF




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Envoi des disciples

Lc 10, 1-20

Quand nous parlons des « disciples du Seigneur », tout de suite, ce sont les apôtres qui nous viennent à l’idée, les douze : Pierre et Jean, Jacques et André, … et les huit autres.

Aujourd’hui, le Christ désigne parmi ses disciples 72. Il devait donc en avoir beaucoup plus, toute une foule de personnes qui l’accompagnait, peut-être plusieurs centaines et ceux-là on n’en parle jamais, alors qu’on voit Jésus les envoyer deux par deux dans toutes les villes et les localités où il devait passer, pour dire aux habitants : « Paix à cette maison », « Le règne de Dieu est arrivé jusqu’à vous »

Nous aussi, quand nous pensons à l’Eglise, il nous arrive très souvent de dire : « le Pape, les évêques, les prêtres… alors que l’Eglise, c’est vous, c’est d’abord vous, toute cette foule de laïcs baptisés qui suivent le Christ, qui l’entourent, qui l’écoutent, qui se mettent à sa suite, et c’est vous aussi, qu’il envoie auprès des autres pour leur dire la paix et la tendresse de Dieu et leur annoncer que le règne de Dieu est arrivé jusqu’à eux.

Est-ce-que nous n’avons pas eu longtemps l’impression que l’Eglise c’était tous ceux qui portaient autrefois la soutane … le Vatican, l’évêché, le presbytère et que les laïcs, n’étaient au fond que des sympathisants, un brave troupeau de brebis bêlantes, qui n’avaient guère de droits au chapitre, guère de droits sinon celui de dire « Amen » et de se faire tondre… et de suivre les autres.

 Il fallait obéir aux pasteurs, suivre leur itinéraire ou obéir à leurs caprices et il était difficile ou hasardeux de prendre des initiatives, à plus forte raison de se sentir responsables, dans ce monde clérical et hiérarchisé à l’extrême. Ce point de vue est maintenant bien dépassé et chaque chrétien doit « se sentir membre à part entière » de la dynamique de l’apostolat de l’Eglise du Christ.

De douze, nous passons à 72. Or ce chiffre, dans la Bible, correspond à « la totalité du monde à évangéliser « . La Bible pensait, en effet, qu’il y avait dans le monde 72 nations païennes : elles sont énumérées au chapitre 10 de la Genèse et si Jésus a choisi 12 apôtres, pensant aux 12 tribus d’Israël qui devaient apprendre la Bonne Nouvelle, il envoie également 72 disciples devant lui, nous rappelant par ce nombre que c’est le monde entier qui doit être le bénéficiaire de l’annonce du Christ. 72 = toutes les nations, tous les pays, tous les continents, le monde entier. Telle est l’ambition missionnaire du Seigneur. Voilà pourquoi il dit aussitôt: « La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux » ; « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à la moisson ».

C’est non seulement l’univers tout entier qu’il désire sauver, mais aussi toutes les générations, les moissons successives, d’année en année, toutes les récoltes de siècle en siècle, toutes atteintes par l’annonce de la Parole de Dieu, toutes sauvées par elle.

Le Christ voit grand, le Seigneur voit loin. De 12, il passe à 72, il passe à la totalité des hommes : moisson abondante qui exige, à toutes les époques, des milliers et des milliers d’annonceurs de l’Evangile. Il est évident qu’il ne s’agit plus seulement d’évêques ni même de prêtres quand on parle « d’ouvriers pour la moisson » divine, mais de chaque chrétien baptisé et surtout confirmé.

Chacun doit se sentir investi de cette mission divine et tout laïc doit se sentir responsable de l’apostolat de l’Eglise et du travail de  l’évangélisation. Cette tâche n’est plus réservée à quelques-uns : elle  nous  concerne tous et tous, nous  avons  à la prendre en charge. Le Baptême déjà nous a appelé à participer aux pouvoirs du Christ : prêtre, prophète et roi ; la Confirmation, notre Pentecôte à nous, nous a rendus aptes à remplir ce rôle de témoins, de messagers de Dieu : l’Esprit Saint agit en nous.

Sommes-nous persuadés que, à nous, laïcs, chrétiens baptisés et confirmés, le Christ nous confie un rôle, une mission, une place irremplaçable ?

Et savons-nous quel est notre rôle ? Nous chantons : « Peuple de prêtres, peuples de rois, assemblée des saints, peuple de Dieu, chante ton Seigneur ! » Mais qui sont ces prêtres, ces rois, cette assemblée de saints, ce peuple de Dieu qui doit chanter son Seigneur ?

Frères et sœurs, c’est nous, c’est nous tous, c’est nous tous ensemble. L’apostolat, l’annonce de l’Evangile et du Royaume n’est pas réservé à quelques-uns, il est confié à chacun, et tous, nous devons nous en sentir responsables.

« Il les envoya devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller pour y préparer sa venue ».

Or, que faisons-nous pour être ses envoyés ? Que faisons-nous pour préparer sa venue ?

Est-ce-que dans les milieux où nous vivons, dans les quartiers que nous habitons, auprès des personnes que nous fréquentons, nous sommes sûrs que Jésus y sera bien accueilli parce que nous serons déjà passés auparavant et que nous aurons tout fait pour préparer cet accueil ?

Est-ce-que nous ne faisons pas de notre foi, et de notre vie chrétienne, une affaire trop 30personnelle qui ne regarde pas les autres, une  pratique  à usage interne au lieu d’un témoignage à usage externe ?

Ne sommes-nous pas trop timides, trop réservés, trop hésitants dès qu’il faut annoncer notre couleur, dire nos convictions et exprimer notre foi ?

Sur le chemin qui nous a conduit au Christ et que d’autres peut-être pourraient prendre, n’avons-nous pas mis cette pancarte : « chemin privé », chemin secret et herbeux qui mène à une bicoque parce que je suis seul à l’habiter ?

Au lieu de cela, pensons à une foule qui, ayant remporté la victoire, passe massivement, glorieusement, sous l’Arc- de- Triomphe et descend les Champs-Elysées, à toute cette foule qui acclame et qui  suit leurs héros. C’est plutôt cela l’Eglise !

C’est ce Peuple de Dieu victorieux depuis Pâques et qui avance en clamant sa joie et qui entraîne avec elle tous ceux qui ont faim et soif de vrai bonheur.

Ne nous dit-on pas à la fin de l’Evangile, que « les 72 disciples revinrent tout joyeux et qu’ils étaient étonnés eux-mêmes de ce qu’ils avaient pu faire ». A quoi le Seigneur leur répond :

« Réjouissez-vous parce que vos noms sont déjà inscrits dans les cieux ».  AMEN

 

 




13ième Dimanche du Temps Ordinaire– par Francis COUSIN (Lc 9, 51-62)

« Je te suivrai, Seigneur … »

 

Nous avons tous dit cela, à un moment ou à un autre … dans nos prières, … au moment de la première communion, … pour la confirmation, … et plusieurs fois encore … !

Et sans doute n’avons-nous pas compris tout ce que cela signifiait, dans l’immédiat …, mais surtout pour la suite !

Déjà, dans l’évangile de ce jour, Jésus répond à celui qui lui dit cela : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. », manière de dire : « Tu ne sais pas à quoi tu t’engages. ». Plus tard, il dira : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16,24) …

Se mettre à la suite de Jésus demande une certaine exigence vis-à-vis d’un avenir que l’on ne connait pas …

Et Jésus nous dit encore : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. » (Mt 5,37).

Il y en a qui ont répondu ’’oui’’ : les apôtres, … Matthieu, qui est surpris par l’appel de Jésus, mais qui le suit, et qui donne pour l’occasion « une grande réception dans sa maison ; il y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux. » (Lc 5,29), ce qui fit scandale pour les juifs « Comment Jésus peut-il manger avec les pécheurs ? » … comme s’il n’y avait que les publicains qui péchaient !

Il y en a qui ont répondu ’’non’’ : par exemple le jeune homme riche, il faisait tout bien depuis sa jeunesse, mais quand Jésus lui dit : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. », alors il partit car il avait de grands biens …

Mais souvent, dans le cœur des humains, il y a : « Oui … mais » ; et parfois « Non … mais ».

Déjà dans l’ancien testament on voyait cela : quand Elie va voir Élisée pour lui succéder, il jette son manteau vers lui, une manière de dire : « Viens, suis-moi, tu es à moi maintenant. ». Alors, quand Élisée lui dit « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère. », Elie lui signifie qu’il n’y a rien entre eux : « Je n’ai rien fait. ».

Bien sûr, Elie aurait pu attendre le lendemain quand tout le champ aurait été labouré, puisqu’il était au dernier jour ! … mais la mission de Dieu n’attends pas !

Mais quand Elie voit que Élisée immole les deux bœufs avec le bois de l’attelage, et qu’il partage la viande du sacrifice avec les gens d’alentour, il l’attend parce que Élisée a d’abord pensé à Dieu, puis aux autres personnes !

À ceux qui disent « Oui … mais », Jésus leur répond : « Toi, pars, et annonce le règne de DieuQuiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. ».

C’est une parole exigeante … que Jésus ne cesse de nous rappeler, de différentes manières, … en fonction des circonstances … et qu’il continuera à nous rappeler jusqu’à ce que nous acceptions d’entrer dans son amour, cet amour inconditionnel qu’il a pour tous les humains … jusqu’à ce que nous lui ouvrions la porte de notre cœur pour répondre à son amour …

            « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20).

Garde-moi, mon Dieu :

j’ai fait de toi mon refuge.

J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !

Seigneur, mon partage et ma coupe :

de toi dépend mon sort.

Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;

il est à ma droite : je suis inébranlable.

Tu m’apprends le chemin de la vie :

devant ta face, débordement de joie !

À ta droite, éternité de délices !

                           Ps 15

 

                                                                                   Francis Cousin

 

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13ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Suis-moi

Lc 9, 51-62 

Il y a quelques années, frères et sœurs, nous étions en promenade paroissiale avec les fidèles de l’Assomption. Arrivés au pont de la « Rivière de l’Est », il nous a été proposé de nous lancer par-dessus le parapet, avec un élastique qui nous protégerait et nous rattraperait dans notre descente.

Nous sommes restés prudemment sur le pont, attendant de voir une ou deux personnes basculer, et puis, nous sommes repartis parce qu’elles attendaient trop longtemps pour prendre leur décision.

Tous les textes de ce dimanche nous proposent une aventure semblable : pour vivre à plein notre vie chrétienne, il nous faut, nous aussi, faire le saut, tenter l’aventure, lâcher nos petites sécurités et s’engager dans un risque que Jésus lui-même a assumé et qu’il nous propose à son tour. Mais, nous aussi, conscients de ce danger de la vie chrétienne qui doit passer par la Croix, par l’abandon de toutes certitudes humaines, de toutes nos sécurités matérielles, nous sommes là, sur le pont, à regarder s’il y en aurait peut-être un à se lancer, en attendant d’y aller nous-mêmes…

Reprenons la 1ière lecture : Elie, le prophète, est à la recherche d’un disciple pour lui succéder. Il croise Elisée, en train de labourer avec ses deux bœufs, il allait finir. Elie jette sur lui son manteau : c’est-à-dire, le choisit. Aussitôt, Elisée quitte ses bœufs, se met à courir derrière Elie et lui demande la permission d’aller embrasser son père et sa mère avant de partir ; demande bien naturelle, non ? Alors, Elie répondit : « Va, retourne à tes bœufs. Je n’ai rien fait ».

Le choix de Dieu, sa demande sur nous, est exigeante, immédiate, totalitaire. « Exécution immédiate ». Elisée comprend. Il sacrifie son gagne-pain, tue ses bœufs et les fait cuire avec le bois de la charrue et donne à manger à ses gens en signe de départ.

Tout choix de Dieu est un renoncement. Dieu ne veut, pas plus qu’Elie, d’un homme qui tergiverse, hésite, se donne et puis se reprend, un homme qui regarde son passé et qui attend avant de se lancer. Elisée renonce à sa profession pour suivre Elie, pour se lancer dans l’inconnu : inévitablement, l’appel de Dieu arrache l’homme à ses sécurités familiales, sociales, mutuelles, professionnelles. En notre siècle d’assurances renforcées,  de caisses de retraite, de réassurances et de protection de toutes sortes, Dieu exige pour l’homme qui le suit, une liberté totale, le saut dans l’inconnu de Dieu, sans même un élastique pour le retenir dans le vide.

Avons-nous fait, au moins une fois dans notre vie, cette expérience de lâcher nos sécurités pour suivre Dieu alors que notre raison et nos raisonnements nous prêchaient de faire le contraire ?

Dieu va-t-il trouver en chacun de nous cette disponibilité telle que dès sa demande, sans égoïsme, sans regard sur soi, sans regard sur le passé, je puisse lui répondre : « Oui, Seigneur, tout, et tout de suite ».

En  résumé  et  pour faire vite, posons-nous la question gênante : « Suis-je disponible à tout appel de Dieu ? Suis-je capable de lui  répondre « Bien sûr, Seigneur, je le fais immédiatement » ou vais-je me retirer, à pas feutrés, me mettre à réfléchir pour trouver des raisons  qui  vont  contrer  ma  générosité, des justifications de mon égoïsme et de mon inertie ?

Quand on vous demande un service, voyez-vous d’abord le service à rendre ou les obstacles qui vont vous empêcher ou vous permettre de ne pas rendre le service ? Toutes les raisons que nous trouvons et que nous accumulons pour faire écran à la demande de Dieu qui pourtant est insistante ?

 

 

 

Actuellement, sur le diocèse, il n’y a plus de séminaires, faute de vocations parait-il ! Je suis persuadé, que, des vocations, il y en a autant qu’avant et que bien des jeunes se sont entendus poser la question : « Veux-tu me suivre ? »

La question  est aussi présente et aussi pressante qu’autrefois. C’est la réponse qui fait défaut : « Oui, Seigneur, ce ne serait pas mal…mais, dans ton évangile, tu es trop exigeant, il faut tout quitter : mes bœufs, ma charrue, ma maison, mon écran, mes proches, ma petite amie, mon compte en banque et tout cela pour me conduire « Dieu sait où ? « Oui, « Dieu sait où » et nous, nous ne le savons pas ! C’est l’aventure, le risque, le pari de Pascal, le saut dans l’inconnu, la vie extraordinaire de St-Paul, d’un St-François d’Assise, d’un François Xavier, d’un père de Foucauld, de Martin Luther King, de la Vierge Marie qui a dit « Oui ».

Quant à Jésus, l’évangile de Luc nous dit : « Comme le temps approchait où il allait être enlevé de ce monde (et nous savons comment : par la Croix) il prit avec courage la route de Jérusalem : cette route, il sait où elle le mène : à Gethsémani, au prétoire de Pilate, au Golgotha, « il prit avec courage la route de Jérusalem ».

Si Dieu tient à vous, ce dont je suis sûr, et si vous, vous tenez à Dieu, ce qui  reste  à démontrer, malgré  votre bonne  volonté, il arrive toujours un moment, un moment crucifiant où il faut faire un choix : « le monde ou Dieu », « ma vie ou celle de Jésus ».

Est-ce un « chemin de promenade » ou la « route de l’aventure » ?

A voir certains chrétiens, si tranquilles, si peu inquiets du sort de leur société, si peu soucieux de leur avenir, on peut se demander :

– ou bien s’ils ont déjà fait ce choix et qu’ils ont tout largué,

– ou bien s’ils ne l’ont jamais fait et qu’ils ont tout gardé.

– S’ils ont eu le courage de dire oui et de tout laisser pour suivre le Seigneur, alors ils ont rompu les chaînes de l’esclavage dont nous parle St-Paul aujourd’hui. Ils  sont devenus des hommes libres car, oui, c’est vrai et nous devons le rappeler plus fortement à l’occasion de ce jubilé de la Miséricorde, le chrétien est un homme libéré par le Christ, au moment du Baptême. Alors, ne reprenons pas les chaînes de notre ancien esclavage : égoïsme, orgueil, mensonge, vengeance, rivalités, désunions, mépris des autres.

La véritable liberté intérieure, c’est dans l’Evangile, et c’est par la pratique évangélique que vous la trouverez. Ils me font sourire ceux qui croient que la liberté est une invention du 18e siècle et que les droits de l’homme datent de 1789 !

Il y a longtemps que le Christ et les chrétiens en vivent. Relisez l’évangile et St-Paul : vous y trouverez tous ces principes et ce n’est pas par hasard qu’ils ont été rédigés dans un pays qui a macéré dans 18 siècles de christianisme. Au pays d’un St-Irénée, St-Louis, Ste-Jeanne d’Arc, St-Vincent-de-Paul, d’un curé d’Ars, d’un frère Scubilion ou de l’abbé Pierre, de Jean Vanier, c’est facile de cueillir des fleurs sur l’arbre du christianisme et de les offrir au monde en disant : « Regardez comme c’est beau, c’est nous  qui  les  avons  produites : coupées  de  leurs racines, ces fleurs du christianisme que sont la liberté, l’égalité (vous êtes fils de Dieu), le fraternité (vous êtes tous frères), que vont-elles devenir sans l’esprit qui les anime ? Laïcisées, elles ne sont plus que des inscriptions gravées sur le fronton de nos mairies, avec en dessous, des hommes enchaînés, inégaux, et bien peu fraternels.

Contentons-nous, pour finir, de relire ce que St-Paul nous disait tout à l’heure : « Vous avez été appelés à la liberté », mais attention ! Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme.

Au contraire : « Mettez-vous par amour au service les uns des autres car toute la loi atteint sa perfection dans un seul commandement : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Si vous vous mordez, si vous vous dévorez les uns les autres, prenez garde…Vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis. « Vivez sous la conduite de l’Esprit,  « l’Esprit de Dieu », alors vous n’obéirez pas aux tentations égoïstes du monde ».

En effet, vous le savez, frères et sœurs, il y a en nous, et il y a entre nous, un frein qui nous empêche de faire ce que nous voudrions. Mais si vous répondez « oui » ,de tout cœur, à l’invitation de l’Esprit qui est en vous, à l’appel du Christ qui vous dit : « Viens et suis-moi », à l’appel d’un Dieu qui vous dit : « Vivez en frères, car vous êtes tous mes fils », alors, prenez la route, prenez votre bâton de pèlerin de la vie pour aller vous aussi, en compagnie du Christ jusqu’à la Jérusalem Céleste, celle qui est au-delà de la croix.

« En cours de route, un homme dit à Jésus :

Maître, je te suivrai partout où tu iras ».

Sommes-nous capable de dire et de faire comme lui ? AMEN




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 9, 51-62)

L’Amour des ennemis, illustré par Jésus

(Lc 9,51-62)

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem.
Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? »
Mais Jésus, se retournant, les réprimanda.
Puis ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »

        

 

          En 931 avant JC, à la mort du roi Salomon, le fils de David, Israël se coupa en deux, avec le Royaume du Nord et le Royaume du Sud. Puis, en 721 avant JC, le roi assyrien Sargon II annexa le Royaume du Nord. Beaucoup de païens vinrent alors s’installer au milieu des Juifs, apportant avec eux leurs pratiques idolâtriques qui, petit à petit, s’infiltreront jusques dans le culte rendu au Dieu d’Israël. Le Royaume du Sud, resté partiellement indépendant, se mettra donc à regarder avec beaucoup de méfiance ce Royaume du Nord, ces Samaritains, appelés ainsi du nom de leur capitale « Samarie ». Et à l’époque de Jésus, « les Juifs n’avaient pas de relation avec les Samaritains » (Jn 4,9). Les deux s’évitaient soigneusement… Et pourtant, à l’origine, ils ne formaient qu’un seul Peuple, le Peuple d’Israël, le Peuple de Dieu…

            Mais Jésus est venu réconcilier toute la famille humaine avec Dieu, et donc tous les hommes entre eux… Pour aller à Jérusalem, il n’évite donc pas la Samarie comme le faisaient ses compatriotes qui passaient par la mer ou par la Transjordanie. Il traverse leur territoire, s’approche d’un village et envoie des messagers devant lui. Délicatesse du Christ qui prévient de sa venue et ne s’impose pas. Mais en apprenant qu’il se « dirige vers Jérusalem », ils refusent de l’accueillir. Réaction immédiate et si humaine des disciples : colère, violence, que « le feu tombe du ciel et les détruise ». Mais Jésus les interpelle vivement : pas question… Eux aussi sont ses bien-aimés… Il reviendra plus tard, avec son Eglise « Corps du Christ » (1Co 12), pour leur proposer à nouveau avec elle et par elle son Amour, sa Paix, sa Lumière, sa Vie et sa Joie… Ressuscité, il dira en effet à ses disciples : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Et il est le premier à espérer que cette fois, ils accepteront de l’accueillir, pour leur seul bien. Car « à tous ceux qui l’ont accueilli, il leur a donné de pouvoir devenir » pleinement ce qu’ils sont déjà : « des enfants de Dieu » (Jn 1,12), « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28) et appelés à vivre de la Plénitude de sa Vie…

            Jésus va ensuite inviter ses disciples à le suivre avec encore plus de proximité. Qu’ils se dépouillent de tout attachement aux biens matériels, car « le Fils de l’Homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »  Qu’ils veillent avant tout à « annoncer le Règne de Dieu », car « là » est le vrai Trésor. « Le Royaume des Cieux est en effet justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17), « l’Esprit qui vivifie » et apporte avec lui le vrai bonheur… DJF




Dimanche du corps et sang du Christ – par Francis COUSIN (Lc 9, 11-17)

« Bénir et partager. »

 

Les trois textes de ce jour nous en parlent : d’abord bénir, puis partager.

Les situations ne sont pas toujours les mêmes, mais on retrouve ces deux actions.

Dans la première lecture, Melchisédech apporte du pain et du vin à Abram et bénit celui-ci. Ensuite, Abram partage ce qu’il avait conquis avec Melchisédech.

Dans la deuxième lecture, le récit de la cène où Jésus rend grâce à Dieu, le bénit, puis rompt le pain, et le partage avec ses disciples, et de même pour le vin.

Et enfin dans l’évangile où Jésus prononce la bénédiction sur les pains et les poissons et les donne aux apôtres pour qu’ils les partagent avec ceux qui étaient là.

Bénir et partager … et on pourrait ajouter : de nouveau bénir, en ce qui nous concerne, puisqu’après avoir communier à la messe, nous remercions Dieu de nous avoir donné le pain de vie, Jésus, sous la forme de l’hostie consacrée, et notre prière est une bénédiction puisque nous disons du bien de Jésus et de Dieu.

 Dans l’évangile de ce jour, comme souvent, Jésus nous surprend. Alors que le soir tombe, les apôtres disent à Jésus : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. »

Le désert est un endroit de la rencontre avec Dieu, et les gens sont nombreux pour y écouter Jésus ; et il a encore beaucoup de choses à leur dire. Alors, les renvoyer, Jésus ne peut y penser …

C’est là qu’il dit aux apôtres : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. ».

Réaction des apôtres : « Mais tu n’y pense pas : on n’a rien : juste cinq pains et deux poissons, c’est déjà pas assez pour nous. On ne peut quand même pas aller acheter à manger pour tous ces gens ! ».

Jésus ne répond pas à leur récrimination, mais il leur demande : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. ». Ce que font les apôtres. Ils ne cherchent pas à comprendre, ils obéissent.

 Ne nous arrive-t-il pas parfois devant une difficulté de ressentir une idée dans notre tête, et de se dire : « Mais non, on ne peut pas faire cela, c’est impossible … cela ne marchera jamais ! »

À nos yeux humains, sans doute … mais aux yeux de Dieu … « rien n’est impossible à Dieu. » (Lc 1,37).

Et les apôtres vont en avoir la preuve : Jésus bénit les pains et les poissons, et les leur donne pour qu’ils les partagent avec tous ceux qui sont là.

Et tous furent rassasiés … et même il en resta suffisamment pour emplir douze corbeilles, une pour chacun des       apôtres.

Pour toutes les personnes présentes ce jour-là, cette multiplication, comme on l’appelle, leur a permis de continuer à vivre … mais pour un instant, dans une vie ayant une fin …

Il n’en est pas de même avec le pain et le vin consacrés lors de la messe : pour tous ceux qui les consomment, cela leur permet de continuer à vivre, mais dans la vie éternelle …

« Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,53-56).

C’est ce que nous dit le pape François : « Dans notre ville affamée d’amour et d’attention, qui souffre de dégradation et d’abandon, face à de nombreuses personnes âgées seules, à des familles en difficulté, à des jeunes qui ont du mal à gagner leur vie et à alimenter leurs rêves, le Seigneur te dit : “ Donne-leur toi-même à manger”. Et tu peux répondre : “J’ai peu de choses, je n’en suis pas capable”. Ce n’est pas vrai, ton peu de choses est beaucoup aux yeux de Jésus, si tu ne le gardes pas pour toi, si tu le mets en jeu. Et tu n’es pas seul : tu as l’Eucharistie, le Pain du chemin, le Pain de Jésus. Même ce soir nous serons nourris par son Corps donné. Si nous l’accueillons avec le cœur, ce Pain libèrera en nous la force de l’amour : nous nous sentirons bénis et aimés, et nous voudrons bénir et aimer, en commençant par ici, par notre ville, par les rues que ce soir nous emprunterons. Le Seigneur vient dans nos rues pour dire-du bien, dire du bien de nous et pour nous donner du courage, nous donner du courage. Il nous demande d’être bénédiction et don. » (Homélie du 23-06-19)

Seigneur Jésus,

comme nous sommes timorés,

incapables de croire en ta parole,

de suivre les indications de l’Esprit

qui ne cesse de nous dire :

« Vas-y, fais ceci ou cela … »

et nous restons scotchés dans notre

« Je n’en suis pas capable ! »

Donne-nous la force d’agir !

 

                                                                                   Francis Cousin

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Le Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 9, 11b-17)

Le Corps et le Sang de Jésus

donnés pour notre Vie (Lc 9,11b-17)

En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu et guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. »
Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. »
Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. »
Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde.
Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule.
Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.        

        

            Jésus vient d’envoyer les Douze en mission « annoncer la Bonne Nouvelle » du Royaume de Dieu « et faire partout des guérisons » (Lc 9,6). Et c’est à leur retour, après avoir parlé une fois de plus du « Règne de Dieu » et « guéri ceux qui en avaient besoin », qu’il va vivre avec eux cette multiplication des pains qui annonce l’institution de l’Eucharistie : son corps et son sang donnés pour la vie du monde… Jésus sent que sa fin approche… Et de fait, juste après, lors de sa Transfiguration, Moïse et Elie, « apparus en gloire, parleront de son départ qu’il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9,31). Jésus annoncera alors par deux fois sa Passion (9,22.44), et il invitera ses disciples à « se charger de leur croix chaque jour, à sa suite » (9,23). Puis il prendra « résolument le chemin de Jérusalem » (9,51) pour se livrer aux pécheurs, et mourir, de leurs mains, pour leur salut…

            La Fête du Corps et du Sang du Christ est donc, une fois de plus, celle de l’Amour. Jour après jour, la célébration de l’Eucharistie actualise en effet le don de Jésus « jusqu’à l’extrême de l’amour » (Jn 13,1). Il va « prendre sur lui nos infirmités, il va se charger de nos maladies » (Mt 8,17), il va « souffrir pour nous » en « portant lui-même nos fautes dans son corps » (1P 2,21-25). En silence, sans un mot, il va « enlever le péché du monde » (ce péché qui nous écrase, nous opprime, nous blesse et nous tue) en le prenant sur lui ! « Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes », disait un des deux criminels crucifiés avec lui. « Mais lui n’a rien fait de mal… Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume ». Et il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23,39-43). La prophétie d’Isaïe s’accomplissait : « Il a été compté parmi les criminels, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les criminels » (Is 53,12).

            Ouvrir aux criminels repentants les portes du Royaume ! Tel est le Mystère qui se renouvelle en chaque Eucharistie où nous commençons tous par nous reconnaître pécheurs. Puis nous écoutons la Parole de Vie, la Bonne Nouvelle du Salut, et nous recevons gratuitement de l’Amour, le corps et « le sang de Jésus versé pour la multitude en rémission des péchés », ce sang qui symbolise sa Vie… Alors, purifiés par l’Esprit « Eau Pure » (Ez 36,25-27 ; 1Co 6,11), nourris de sa Vie par « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), nous repartons fortifiés dans la vie pour mieux mener avec Lui le combat de la Vie !

DJF




Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité – Homélie du Père Louis DATTIN

Transformation des cœurs

Lc 9, 11-17

 

Avez-vous remarqué, frères et sœurs, toute l’importance que notre époque, accorde, à tort ou à raison, au corps, corps humain que notre siècle précédent, le XXe, avait méprisé, le soupçonnant d’être à l’origine de toutes nos fautes. Et nous savons, et nous avons à nous en souvenir, combien notre corps peut tourmenter, souiller, avilir, quelles lourdes pensées, quels tristes désirs, quelle lamentable curiosité, quelles avidités sourdes, il peut engendrer.

 Aujourd’hui, il semble que le corps soit exorcisé et que non seulement il est accepté, mais plus encore, glorifié, soigné, exalté.

Allez dans un magasin de revues hebdomadaires et comptez tous les magazines qui, d’une façon ou d’une autre, s’intéressent au corps : elles sont en majorité. Nous n’en sommes plus au temps de Verlaine qui disait : « Seigneur, donnez-moi de pouvoir contempler mon corps et mon cœur, sans dégoût ».

Les mannequins, top-modèles de la mode, sont actuellement payés plus cher que les actrices de cinéma : indice et signe que notre génération tient le corps pour une valeur primordiale.

Plus une civilisation est matérialiste, plus ce sera le ‘’corporel’’ qui prendra de la valeur. Les valeurs de l’intelligence, de l’affectivité, de la spiritualité seront reléguées au dernier plan. En fait, nous le savons bien, notre corps ne mérite ni cet excès d’honneur ni ce dégoûtant mépris.

Mon corps est neutre : il peut me permettre de faire un bien énorme et aussi de faire le mal le plus répugnant. Tout dépendra de la façon dont l’homme en fera usage. Il ne doit y avoir ni mépris, ni exaltation de ce corps qui m’est donné par Dieu pour accomplir ma destinée terrestre.

C’est à cause de cette bivalence et de cette importance de notre corps  que Dieu, le plus aimant, le plus pur, le plus tendre des êtres a voulu, en s’incarnant, c’est-à-dire en prenant à son tour un corps humain, nous livrer, nous rassasier à jamais d’un corps, de son corps.

Il a voulu que son corps soit une fête, un festin, une pure joie.

Jusque-là, dans la vie spirituelle, tout était trop dur pour nous, trop compliqué, trop abstrait : Jésus ne voulait pas que notre religion soit trop cérébrale, ce Dieu devant lequel il fallait rassembler ses idées pour y penser, qu’il fallait raisonner pour le connaître.

 

Dieu a voulu que la religion soit simple. Il a fait une religion pour des gens simples. Il a mis la religion à notre portée : à portée de mains, à portée de lèvres ; c’est cela l’incarnation.

C’est pour cela que cette fête du Corps du Christ, que nous célébrons aujourd’hui ‘’Et Verbum caro factum est’’ : ‘’le Verbe, la Parole de Dieu s’est faite chair’’, la révélation de Dieu, sa manifestation consiste en ce que nous l’avons vu de nos yeux, nous l’avons entendu, nos mains l’ont touché, lui, le Verbe de Vie et cette incarnation continue dans les sacrements. Les sacrements, c’est le corps, c’est la chair, c’est la voix de Jésus, étendu, perpétué jusqu’à nous pour nous atteindre.

L’incarnation, les sacrements :

– c’est Dieu qui entre en nous par les sens,

– c’est Dieu qu’on avale et qu’on boit,

– c’est Dieu qui nous envahit par le chemin le plus ordinaire, le plus fréquenté, le plus apte à nos capacités et à nos goûts.

Ces gens, trop simples, trop pauvres, Dieu a voulu les enrichir avec une prodigalité joyeuse. Quelle joie de pouvoir refermer ses mains comme Siméon, sur ce qu’il y a de meilleur au monde !

Dieu est là, le plus actif, le plus agissant, le plus aimant de tous les êtres. Dieu est devenu quelqu’un qu’on peut toucher, à qui on peut s’accrocher, à qui le curé d’Ars disait, en étreignant l’hostie entre ses mains et ses pauvres doigts raidis :

« Ah ! Si je savais que je dusse être damné, séparé de vous pour l’éternité, je ne vous lâcherais plus ! »

Dieu est devenu quelqu’un qu’on peut aimer, contre qui on peut se blottir, sur qui on peut fermer ses mains et ses yeux : ce que la pauvre femme  païenne  a pu  faire, en une seconde, dans la bousculade  de la foule :

« Si je  touche seulement  un pan de son manteau, je serai guérie ».

Nous pouvons le faire, nous, sans cesse et encore et toujours : c’est là, notre chance à nous. Tant de messes où nous pourrons l’entendre dire : « Ceci est mon Corps » ! Tant de communions à venir, de confessions à répéter : « Il est là, mon pèlerinage est fini, je n’ai plus rien à faire d’autre que de l’aimer ». Il est là pour l’éternité ! Mieux penser à ce que l’on fait, à ce que l’on va faire, à celui qui est là.

« Venez voir, venez, vous tous, tourmentés, affamés de corps brutaux et violents, dans vos désirs où vous précipitent fureurs et dégoûts. Venez-vous rassasier d’un Corps : il vous est offert, livré pour vous. Osez étreindre ce Corps, et voilà que votre Corps s’apaise, se purifie, s’adoucit, devient léger, délicat, tendre et pur ».

Ce Corps que vous mangez est une chair surnaturelle, une chair mortifiée, purifiée, glorifiée, qui a fait le grand passage : elle est ‘’ressuscitée’’, pénétrée de lumière, soulevée de joie, remplie d’Esprit Saint. Quand vous mangez ce Corps, vous mangez la mort et la vie de Jésus.

Pendant que vous mangez ce Corps, meurt en vous tout ce qui doit mourir et ressuscite en vous, tout ce dont vous devriez vivre. La présence réelle sera l’occupation réelle de votre chair et même votre solitude sera peuplée, comblée, vivante.

Simplement quelqu’un sera là qui comble toute la capacité de votre être. Vous continuerez votre vie ; on lit, on travaille, on cause avec un ami, mais un moment de recueillement suffit. C’est comme une main furtivement pressée, un bref regard d’amour, un clin d’œil, un signe de connivence. Il est là et me place dans une miraculeuse sécurité.

Si vos communions deviennent sérieuses, conscients que vous êtes, de la merveilleuse présence de Jésus en vous, vous ne serez jamais plus le même : un autre s’est mis à vivre en vous, avec vous et il vous ouvre aux autres, qui, eux aussi, l’ont reçu à leur tour. Vous retrouvez en lui :

– tous ceux que vous croyiez avoir quittés,

– tous ceux que vous aimiez si mal auparavant,

– tous vos morts dont vous pensiez être séparés.

Voilà que dans la communion, nous nous retrouvons tous ouverts, transparents, accessibles comme un fleuve qui circule d’eux à vous et de vous à eux.

 

Comme le pain qui est sur l’autel est fait de froment dont les épis étaient auparavant épars sur les collines, comme le vin qui est sur l’autel est fait de grains de raisins clairsemés sur les coteaux et réunis maintenant en un seul vin, un seul pain, ainsi tous ceux qui communient sont rassemblés en un seul Corps devenant le Corps du Christ vivant, le grand Corps des enfants de Dieu.

Et quand vous serez devenus ce Corps, quand vous aurez pris votre place et votre vie dans ce Corps, voilà que vous comprendrez à votre tour que ce Corps mystique du Christ, il faut de nouveau l’offrir, le donner, le livrer aux autres qui ont besoin, eux aussi, de se purifier, de se consoler, de se convertir.

Vous aussi, par votre rayonnement, celui du Christ à travers vous, vous leur livrerez ce Corps du Christ et vous sentirez naître en vous les gestes d’amour et de générosité avec lesquels, lui, le premier, nous a rassasiés, enivrés, et accompagnés par son corps et son sang.   AMEN




Dimanche de la Sainte Trinité– par Francis COUSIN (Jn 16, 12-15)

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire … »

 

« … mais pour l‘instant, vous ne pouvez pas les porter. »

Cela fait trois ans que les apôtres sont avec Jésus, qu’ils le voient vivre, faire des miracles, et surtout l’entendre parler, aux autres, mais aussi à eux personnellement … et au dernier soir de sa vie terrestre, voilà ce qu’ils entendent !

La première partie de la phrase, cela se comprend, … on a toujours des choses à dire, surtout si on parle de Dieu …

Mais la seconde partie de la phrase est plus difficile à entendre par les apôtres. Seraient-ils immatures, ou incapables de comprendre ce que Jésus leur dit. D’ailleurs Jésus leur avait déjà posé la question : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? » (Mc 7,18).

En fait, cette phrase n’est pas simplement destinée aux apôtres …

Elle s’adresse à chacun de nous.

Car il y a beaucoup de questions que l’on se pose sur Jésus et Dieu … sur la Trinité … sur la vie éternelle … la résurrection …

Mais Jésus donne une solution … pour plus tard : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. ».

L’Esprit Saint, envoyé par le Père à la demande du Fils, Jésus, redira et expliquera les Paroles du Fils. Et comme le Père et le Fils sont Un, et que le Fils « ne cherche pas à faire [sa] volonté, mais la volonté de Celui qui [l]’a envoyé » (Jn 5,30), on voit bien que le Père, le Fils, et l’Esprit sont intimement liés, dans ce que nous appelons la Trinité : le Père, le Fils, et l’Esprit, trois personnes en un seul Dieu.

Et Jésus continue, en parlant de l’Esprit : « et ce qui va venir, il vous le fera connaître. ».

Attention, ne nous trompons pas de sujet. L’Esprit n’a rien à voir avec Nostradamus ou une quelconque cartomancienne. La Vérité vers laquelle il nous conduit n’est pas la pierre philosophale ; Ce n’est pas la transformation de tout objet en or qu’il nous promet, mais un trésor encore plus grand que nous ne pourrons pas connaître sur terre : … voir la Trinité en œuvre … c’est-à-dire voir l’Amour en œuvre …

Cette connaissance que l’Esprit Saint va nous apporter n’est pas du tout du domaine intellectuel, faite de concepts et de théories … qu’il nous faudrait apprendre par cœur …

Cette connaissance vient du cœur, du cœur d’Amour du Père, passant par les Paroles d’amour de Jésus et par l’action d’amour de l’Esprit.

C’est une connaissance sensible qui nous vient de la Trinité et qui nous mènera dans la vie éternelle.

Comment ?

En se laissant conduire par l’Esprit Saint … mais pas comme un voyageur se laisse mener par le train, sans rien faire.

Il faut se laisser aller par l’amour, être sensible à ce qui se passe dans notre environnement, aux petits gestes des uns et des autres, dans un esprit d’humilité …

Alors nous pourrons vivre l’Évangile …

Seigneur Jésus,

pour vivre de l’Évangile,

pour suivre ta Parole,

tu nous donnes un bon conseil :

écouter ce que nous dit l’Esprit.

La difficulté, c’est de le reconnaître

quand il nous parle …

Mais on sait où il nous mène :

vers la vie éternelle.

 

                                                                                   Francis Cousin

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