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5ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du 5ème dimanche de Pâques / Année C

15 mai 2022

Texte de référence : Jean 13, 31-33a. 34-35

Frères et sœurs, en ce cinquième dimanche de Pâques, Jésus nous donne un commandement : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

Resituons bien notre passage d’Évangile : nous sommes à la veille de la mort de Jésus, lors de son dernier repas avec ses disciples. Le commandement de Jésus est un véritable testament. Quel héritage ! Aimer ! Jésus fait de l’amour un commandement. Pourtant, on ne peut pas obliger personne à aimer.

L’amour est un don gratuit qui vient de Dieu. Un don qui doit être reçu pour être redonné constamment. Ce commandement de l’amour définit bien ce qu’est la vie chrétienne.

Aimer ! Un vaste programme et parfois « crucifiant » pour certaines relations. Il est plus facile quelques fois d’aimer des « étrangers » que les membres de sa propre famille. Nous connaissons les difficultés pour aimer…

Aimer demeure cependant une nécessité ! C’est ainsi que le monde nous reconnaîtra comme étant des disciples du Christ. C’est ainsi également que nous glorifions le Christ. En exerçant l’amour fraternel, c’est Dieu lui-même qui agit par nous. En nous aimant, nous faisons grandir le Règne de Dieu parmi nous.

Pour nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés, il y a trois « axes » à prendre en compte :

  • Il s’agit d’abord d’accueillir l’amour de Dieu en nous, nous laisser aimer par Dieu.

  • Accueillir cet amour de Dieu suppose de l’aimer en retour. C’est le premier des commandements : « Le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6, 4-5).

  • C’est ainsi que nous pourrons diffuser autour de nous cet amour que nous avons reçu de Dieu. Aimer notre prochain, tel est notre vocation chrétienne ! Chacun doit se rappeler que son premier prochain c’est lui-même : s’aimer déjà soi-même pour pouvoir aimer les autres. Comment aimer son prochain sans s’aimer soi-même ?

Laisser Dieu nous aimer, l’aimer en retour, s’aimer soi-même, aimer son prochain : voilà ce qu’est la vie chrétienne !

Aimer, un défi ! Les difficultés sont plus grandes lorsqu’on a été blessé. Le chemin peut être long si la blessure est profonde… Aimer va de pair avec pardonner. Tout comme l’amour, la miséricorde est un don de Dieu. Dieu seul est amour et miséricorde, de ce fait, sans lui, nous ne pouvons pas pardonner. Pardonner est bien une grâce à demander au Seigneur.

Tout comme l’acte d’aimer, celui de pardonner requiert aussi de prendre en compte deux « axes » :

  • D’abord, se laisser pardonner par Dieu, pour pouvoir vivre de sa miséricorde.

  • Savoir se pardonner pour pouvoir pardonner ou plus précisément, pour laisser Dieu faire son œuvre de pardon en nous et par nous.

Frères et sœurs, c’est bien la grâce que nous demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie : la grâce de pouvoir mettre en pratique le commandement de l’amour mutuel.

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine nous fait bien percevoir que ce commandement de Jésus n’est pas reçu par toute l’humanité. La haine, la négation, le mépris du prochain sont d’obscures réalités. Le désamour habite aussi nos cœurs…

Que le Seigneur nous donne de croire en la force de l’amour et en celle du pardon. L’amour et le pardon du Christ peuvent renouveler les cœurs des hommes. Se savoir aimé de Dieu, en faire véritablement l’expérience, est une véritable force spirituelle.

C’est à chacun personnellement de s’impliquer pour que l’amour fraternel grandisse autour de lui. Que le Seigneur ressuscité nous donne son Esprit et sa force pour y parvenir. Amen.

Père Rodolphe Emard




5ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 13, 31-35)

« Une nouvelle alliance. »

 

Judas part … il quitte Jésus pour Satan qui entre en lui … mais il n’en a pas conscience … Il était juste déçu par Jésus … il attendait autre chose … une gloire terrestre pour Jésus … et pour lui … et il part dans la nuit, dans les ténèbres.

C’est le point de départ de la Passion …

« Jésus déclara : ’’Maintenant le Fils de l’homme est glorifié’’ ».

L’apôtre Jean avait déjà parlé de sa gloire dans le prologue : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14).

« Dieu aussi le glorifierabientôt. »

Ainsi, Jésus est glorifié dans sa vie, dans sa naissance … dans sa mort sur la croix … et dans sa résurrection

Avec le départ de Judas, l’ancien monde s’achève … c’est la fin de l’ancienne alliance …

Un nouveau monde est en train de s’écrire, une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes qui se fera sur le bois de la croix : « Un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. » (Jn 19,34), le « sang de l’alliance nouvelle et éternelle … ».

Et Jésus commence son dernier enseignement par ces mots « Petits enfants … », une formule familière et pleine d’amour envers ceux à qui il s’adresse, comme un père avec ses enfants.

Et la première chose dont il parle, c’est de l’amour : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. »

Avec une reprise de la première phrase pour bien montrer que c’est quelque chose d’important, qu’il faut bien retenir.

La nouveauté de cette phrase, ce commandement, tient dans la référence, dans le ’’comme …’’

Dans l’ancien testament, Dieu disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19,18), alors que maintenant, Jésus dit « Comme je vous ai aimés. ». La référence est l’amour de Jésus, c’est-à-dire de Dieu, puisque les deux sont UN.

« Comme je vous ai aimés »

Comment faire pour aimer comme Dieu ?

Cela nous semble impossible … !

Eux, ils sont parfaits … et ils ne sont qu’Amour !

Saint Jean nous dit : « Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés. » (1Jn 4,10).

Oui, Dieu nous aime … et il nous a aimés le premier …

Et il ajoute : « Dieu, personne ne l’a jamais vu.  Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. » (1Jn 4,12).

Mais cela ne nous apprends pas comment aimer les autres … !

Parce qu’il n’y a pas de règles pour aimer comme Dieu …

Il n’y a pas de formules écrites ou à imiter … sinon de vivre totalement de l’Évangile

En se laissant aimer par Dieu …

Et ce n’est pas toujours facile de se laisser aimer par Dieu … parce que, finalement, c’est exigeant … et cela demande beaucoup d’humilité … parce que nous voulons tellement tout faire par nous-mêmes …

Seigneur Jésus,

Donne-moi beaucoup d’humilité

pour me laisser aimer par toi.

Je veux toujours faire ceci ou cela,

alors qu’il me suffit de se laisser guider par toi !

Et de faire ce que toi tu veux !

Fais de moi ce qu’il te plaira.

Je me remets entre tes mains !

 

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Pâques C 5°




5ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 13, 31-33a)

Aimer comme Jésus

(Jn 13,31-33a.34-35)…

Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. »
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »

 

                   « Qu’est-ce que la gloire de Dieu ? », écrit le P. Bernard Sesboüé ? « C’est Dieu lui-même qui manifeste au dehors de lui sa puissance, sa sainteté, son dynamisme ». Si « maintenant, le Fils de l’homme est glorifié, et si Dieu est glorifié en lui », c’est que, avec lui et par lui, le Mystère du Dieu « Amour » s’est pleinement manifesté…

            Juste avant cette déclaration, « il fut troublé en son esprit, et il attesta : « L’un de vous me livrera » » (Jn 13,21). Il le sait, Judas va le trahir… « Déjà, le diable avait mis en son cœur le dessein de le livrer » (Jn 13,2). Pourtant, il va lui donner la première bouchée du repas, le désignant ainsi à tous les convives comme son invité d’honneur (Jn 13,26)… A la trahison, Jésus répond par l’amour…

            Plus tard, Judas guidera les soldats au mont des Oliviers pour qu’ils puissent l’arrêter. L’un des disciples dégainera son glaive, frappera le serviteur du Grand Prêtre et lui enlèvera l’oreille droite. Mais Jésus leur dira : « « Restez-en là. » Et lui touchant l’oreille, il le guérira » (Lc 22,47-51). A la violence, Jésus répond par l’amour…

            Puis il sera crucifié, « ainsi que deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche ». Et Jésus dira : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,33-34). A la haine et à la cruauté, Jésus répond par l’amour…

            Ici, il invite ses disciples à faire de même : « Je vous donne un commandement nouveau : vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés. » Le « comme » est capital… Jésus est notre exemple. Lui, le Fils, il est toujours de cœur « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), accueillant son Amour de Père, « demeurant en son amour » (Jn 15,10). Or, « aimer » pour Dieu est synonyme de « se donner soi-même », en tout ce qu’Il Est. De toute éternité, le Père Amour est ainsi Don de Lui-même au Fils qu’il aime, Don de tout ce qu’Il Est en Lui-même, et Il Est Dieu, Il Est Lumière… Le Fils est ainsi éternellement « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière ». Tout ce qu’Il Est, il le doit à son Père… Sans son Père, il n’est rien, il ne peut rien… « Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19.30). Je ne peux donc « aimer » de moi-même. A la trahison, à la violence, à la haine et à la cruauté, je ne peux, par moi-même, répondre par l’amour… Et il en est de même pour nous : sans notre relation de cœur avec Jésus, tournés vers Lui dans la prière, sans ce Don d’Amour qui ne cesse d’être proposé à notre foi, nous ne pouvons rien par nous-mêmes…                               DJF




4ième Dimanche de Pâques :« Mes brebis écoutent ma voix… »

          « En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN » » (Jn 10,27-30).

            1- Lorsque Jésus, le Verbe fait chair, nous donne les Paroles qu’il a lui-même reçues du Père (Jn 8,28 ; 12,49-50 ; 17,7-8), il nous les donne avec sa voix d’homme, dans la chair, comme chacun d’entre nous…

          2-  Mais lorsqu’il nous parle ainsi, un autre joint sa voix à la sienne pour lui rendre témoignage, l’Esprit Saint, l’Esprit de Vérité, la Troisième personne de la Trinité : « C’est l’Esprit qui rend témoignage parce que l’Esprit est la Vérité » (1 Jn 5,6).

          3-  Où rend-il témoignage ? Dans nos cœurs… « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage en lui » (1Jn 5,10)…

          4-  Quelle est la nature de ce témoignage ? « Et voici ce témoignage : c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ». Ce témoignage est donc « Vie » (1Jn 5,11).

          Ainsi, Lorsque Jésus parle :

                    1 – Nous entendons sa voix d’homme avec nos oreilles de chair.

                  2 – Si notre cœur est ouvert, l’Esprit-Saint joint sa voix à la sienne, et elle est vie, vie éternelle. Autrement dit, en écoutant Jésus, l’Esprit-Saint nous donne la vie éternelle, de telle sorte que nous vivons « quelque chose » d’unique. Telle fut l’expérience de Pierre lorsqu’il dit un jour à Jésus : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68).

  Nous disons dans notre crédo : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie »… Telle est bien « la voix de l’Esprit » : elle est vie, et elle se joint toujours à celle de Jésus pour lui rendre témoignage. Ainsi, quiconque écoute Jésus de tout cœur, avec foi, reçoit ce Don de la vie, la vie éternelle, la vie même de Dieu… Il vit comme il n’avait jamais vécu auparavant : il vit pleinement, intensément, ayant bien du mal à trouver les mots pour le décrire…

          Jn 6, 47 : « En vérité, en vérité, je vous le dis. Celui qui croit à la vie éternelle »…

          Et Jésus parle aux pécheurs, pour les sauver, ces pécheurs qui sont blessés  « à mort » par suite de leurs fautes… « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6, 23). Jésus est donc venu parler à « des morts », des femmes et des hommes spirituellement « morts », et cela pour les inviter à la vie.

        Jn 6, 24-25 : « En vérité en vérité je vous le dis,

celui qui écoute ma Parole

et croit en celui qui m’a envoyé a la vie éternelle.

En vérité, en vérité je vous le dis, l’heure vient – et c’est maintenant – 

Où les morts entendront la voix du Fils de Dieu

et ceux qui l’auront entendu vivront. »

« Les morts », les pécheurs qui ouvrent grands leur cœur à Jésus – ce qui suppose au même moment la décision de se repentir, de se convertir, et donc de renoncer au mal – entendent la voix du Fils de Dieu et accueillent au même moment la voix de l’Esprit qui se joint à elle, une voix qui est vie : « ils vivent »… Il ne peut en être autrement…

C’est ce qui se passe ici : « Mes brebis écoutent ma voix… Je leur donne la vie éternelle » par la voix de l’Esprit Saint qui est vie et qui se joint toujours à la mienne… Et donc… « jamais elles ne périront »…

Reconnaître cette vie avec son intelligence, en toute conscience, c’est cela « connaître » en St Jean : telle est l’intelligence de la foi, qui peut se résumer en deux mots « aimer, comprendre ». Aimer, de tout cœur, en ouvrant son cœur à Jésus, et comprendre  « en vivant » ce « quelque chose » que l’Esprit Saint communique et qui est vie… Telle est « la lumière de la vie » (Jn 8,12), la lumière de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), la lumière qui, écrit St Paul , « illumine les yeux du cœur pour faire voir » (Ep 1,15-23)« Heureux vos yeux pour qu’ils voient » disait Jésus à ses disciples (Mt 13, 16) : « A vous, il a été donné », par le Don de l’Esprit de lumière et de vie, de « connaître » les mystères du Royaume de Dieu (Mt 13, 11)«  Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père, et je dépose ma vie pour mes brebis » (Jn 10,14‑15). Et la Bible de Jérusalem écrit en note : « Dans la Bible, (cf. Os 2, 22), la “connaissance” procède, non d’une démarche purement intellectuelle, mais d’une “expérience”, d’une présence (comparer Jn 10,14-15 et 14,20, 17, 21-22 ; cf. 14,17,   17,3 ; 2Jn 1-2) ; elle s’épanouit nécessairement en amour (cf. Os 6, 6 et 1Jn 1, 3) ».

Cet Esprit qui vivifie et éclaire les cœurs est aussi victorieux de toutes formes de ténèbres : « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5).

« Jésus remplit d’Esprit Saint » de toute éternité par le Père (Lc 4, 1) peut ainsi dire : « Sur moi, le Prince de ce monde n’a aucun pouvoir » (Jn 14, 30). Et il en est de même pour tous ses disciples qui reçoivent ce même Don de l’Esprit. « Personne ne les arrachera de ma main », personne ne les arrachera de ce Mystère de Communion qu’elles vivent avec Jésus dans l’unité d’un même Esprit (Ep 4, 1). Et puisque Jésus vit lui-même ce mystère de communion avec le Père de toute éternité, « moi et le Père nous sommes un », il peut aussi dire : « Mon Père est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi nous sommes un », en face à face, mais unis l’un à l’autre « dans la communion du Saint Esprit » (2 Co 13, 13).

C’est ce Mystère que le Christ Sauveur est venu offrir aux pécheurs, en les appelant à la conversion et en leur offrant « l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13) : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), eau pure qui purifie : « Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés,  vous avez été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11). La promesse de Dieu en Ezéchiel est accomplie : « Je vous prendrai parmi les nations », en « bon pasteur qui cherche sa brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve » (Lc 15,4-7), « je vous rassemblerai de tous les pays étrangers et je vous ramènerai vers votre sol. Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés; de toutes vos souillures et de toutes vos ordures je vous purifierai. Et je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j’enlèverai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et pratiquiez mes coutumes » (Ez 36,24-27). Et ce Don est pour tous : « « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur » (Ac 13,47-48), et « les disciples », eux aussi, « étaient remplis de joie et d’Esprit Saint » (Ac 13,52).

 

C’est aussi ce que dit le Livre de l’Apocalypse (Ap 7,9.14b-17) en présentant cette « foule immense » aux dimensions de l’humanité tout entière, « innombrable » ; en effet, l’auteur emploie quatre termes pour la décrire, un chiffre qui symbolise l’universalité (cf. les quatre points cardinaux) : « une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues» Ils viennent « de la grande épreuve », cette vie sur la terre, parsemée jour après jour de toutes sortes de souffrances… « Ils ont lavé leur robe », un vêtement qui, dans la Bible, renvoie à la personne qui le porte et qui, par ce Don de l’Esprit, a pu « laver » son cœur, « le blanchir par le sang de l’Agneau »… L’offrande du Christ sur la Croix, renouvelée à chaque Eucharistie, atteint son objectif de salut, de purification, de vivification par le Don de l’Esprit qui se joint toujours à elle : « La chair – et le sang – ne sert de rien », nous dit Jésus, « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63).

  Cet Esprit « eau pure qui lave et purifie » est au même moment « eau vive » qui « vivifie » : « Si tu savais le don de Dieu », disait Jésus à la Samaritaine, « et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jn 4,10-14). « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25)

Ce Don comble quiconque consent à le recevoir, car nous avons tous été créés pour participer, avec lui et grâce à lui, à la Plénitude même de Dieu (Col 2,9-10 ; Ep 5,18). Alors, nous dit encore le Livre de l’Apocalypse, « ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif » (cf. Jn 6,35)… Ce même Don est encore consolation et réconfort dans l’épreuve, douceur et force dans notre faiblesse : « Ni le soleil ni la chaleur ne les accablera » et « Dieu essuiera toute larme de leurs yeux »…

  Telle est ainsi toute la Mission du Christ Sauveur du monde : nous conduire tous, jour après jour, encore et encore, de pardon en pardon, de miséricorde triomphant de notre misère en miséricorde, « aux sources des eaux de la vie », c’est-à-dire à Dieu Lui-même… « Ils m’ont abandonné, moi, la Source d’eau vive » (Jr 2,13), se privant ainsi eux-mêmes de la seule Plénitude susceptible de les combler ? Si nous y consentons de tout cœur, nous la retrouvons, gratuitement, par amour, grâce au Christ « Bon Pasteur » de nous tous, qui nous cherche tous « jusqu’à ce qu’il nous retrouve », « nous mettant ensuite sur ses épaules », par le Don de l’Esprit Saint qui nous porte et nous soutient dans notre faiblesse, et nous « ramenant » ainsi « à la maison » (Lc 15,4-7), cette « Maison du Père » (Jn 14,1-4) qui est Mystère de Communion avec Lui dans « l’unité d’un même Esprit » (Ep 4,3), Esprit eau pure qui purifie, Esprit eau vive qui vivifie, Esprit Saint qui sanctifie et accomplit ainsi la volonté de Dieu à notre égard à tous… « C’est ainsi qu’Il nous a élus en lui, dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ. Tel fut le bon plaisir de sa volonté, à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-aimé. En lui nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes, selon la richesse de sa grâce » (Ep 1,4-7), selon la richesse de « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29)…

Jacques Fournier




4ième Dimanche de Pâques – par Père Rodolphe EMARD

Journée mondiale de prière pour les vocations

Dimanche 08 mai 2022

 

Textes de référence :

Ac 13, 14. 43-52 / Ps 99 / Ap 7, 9. 14b-17 / Jn 10, 27-30

 

Père Rodolphe Emard

Les lectures de ce quatrième dimanche de Pâques soulignent deux points fondamentaux :

  • Le Salut de Dieu est universel ;

  • Le Christ est notre Salut, de ce fait, il est notre berger.

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  • Le Salut de Dieu est universel

Les textes de ce dimanche nous rappellent que le Salut de Dieu est universel.

Dans la prière lecture, il est écrit : « Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants. » Le Salut est universel, il est pour les Juifs et les païens. Paul et Barnabé se tourneront vers les nations païennes pour annoncer le Christ ressuscité, « remplis de joie et d’Esprit Saint ».

Dans la deuxième lecture, saint Jean évoque « une foule immense,
que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau »
.

Le psalmiste illustre cette universalité en invitant la « terre entière » a acclamé le Seigneur et à le servir « dans l’allégresse ».

Les textes montrent bien ce point fondamental : Dieu veut sauver tous les hommes et nous sommes invités à ouvrir réellement nos cœurs à cette Bonne Nouvelle…

  • Le Christ est notre Salut, de ce fait, il est notre berger

Dans la deuxième lecture, saint Jean précise encore que la foule immense qui se tient devant le Trône et devant l’Agneau a été purifiée par « le sang de l’Agneau » : « ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu ».

Le mystère pascal du Christ est ici souligné : sa mort et sa Résurrection pour le Salut de l’humanité. Les « robes blanches » symbolisent la Résurrection.

Le Christ est notre Salut, c’est pourquoi il est notre berger, le « vrai berger ». Le berger a deux principales fonctions :

  • Il est la porte : c’est lui qui ouvre et ferme la porte de l’enclos. C’est lui qui permet d’entrer ou de sortir. C’est le berger qui rassemble les brebis, qui assure leur sécurité, qui les mène aux bons pâturages. Le Christ est notre sécurité !

  • Le berger est celui qui donne de la voix pour que tout se passe bien pour le troupeau. Dans un troupeau, toutes les brebis ne sont pas les mêmes, certaines sont plus dociles, d’autres sont plus distraites, d’autres encore ont davantage l’esprit d’aventure, plus rebelles… Le rôle du berger est de guider le troupeau par sa voix. Le Christ est bien celui qui a les justes paroles pour nous guider vers le Royaume.

Le Christ est le bon berger qui prend soin de ses brebis. Cela ne signifie pas que les brebis doivent rester passives ! Dans l’Évangile, Jésus nous dit : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. » Trois verbes nous sont donnés : écouter, connaître, suivre. Écouter le Christ pour pouvoir le suivre. Connaître le Christ et se laisser connaître par lui. Le Christ nous connaît ! Si nous pouvons tricher devant les hommes, nous ne le pouvons pas devant le Christ.

En appliquant ces trois verbes ; écouter, connaître et suivre, nous accomplissons notre vocation de baptisé et nous sommes garantis de demeurer dans la « main » du Christ. Demeurer dans sa main, c’est demeurer dans celle de Dieu le Père, car le Père et le Fils font « un ».

  • Journée mondiale de prière pour les vocations

Ce dimanche, c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. Rappelons-nous que notre première vocation est le Baptême. Nous avons reçu trois fonctions : prêtre, prophète et roi. La vocation de tout baptisé est bien de rendre un culte à Dieu, d’annoncer l’Évangile en paroles et en actes et de servir son prochain.

Cette vocation nous l’avons confirmée à la Confirmation. Nous avons reçu une nouvelle effusion de l’Esprit Saint pour témoigner du Christ et de l’Évangile.

Pour vivre pleinement cette vocation du Baptême, il y a des vocations spécifiques : prêtre, diacre, la vie consacrée, le mariage. Toutes les vocations sont belles car elles viennent de l’appel de Dieu. De ce fait, aucune vocation ne serait être plus importante qu’une autre. Les vocations sont complémentaires, elles sont des dons de Dieu pour son Église, pour faire grandir l’Église du Christ.

Sans les prêtres, la vie de Dieu ne pourrait pas être communiquée dans les sacrements. Sans les diacres, l’Église perdrait de précieux serviteurs qui rappellent à chaque baptisé sa fonction de roi : servir Dieu et son prochain. Sans les consacrés, l’Église perdrait de précieux témoins de Royaume de Dieu. Et sans des familles chrétiennes, il n’y aurait aucune de ces vocations. Les vocations naissent dans les familles. Le mariage est source de vocations…

Prions pour les vocations et demandons au Seigneur que nous puissions tous redécouvrir notre vocation baptismale pour mieux vivre nos vocations spécifiques. Que nous puissions nous attacher plus fermement à Jésus notre bon berger et nous remettre entre ses mains. Amen.




4ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 10, 27-30)

« Mes brebis écoutent ma voix. »

 

Cette première phrase de l’évangile de ce jour est une phrase choc … Elle devrait nous interpeller.

Venant de Jésus, c’est une affirmation qui ne mérite pas d’être controversée.

Alors pour chacun d’entre nous, la question se pose : « Est-ce que vraiment j’écoute la voix du Seigneur ? », tout le temps, sans arrêt ?

Toute la voix du Seigneur … c’est-à-dire toutes les Paroles de son Évangile … !

Sans vouloir être accusateur, je pense qu’on peut dire « NON, je ne l’écoute pas tout le temps. ».

La première lecture nous en donne un exemple : Paul et Barnabé arrivés à Antioche de Pisidie vont à la synagogue, lieu de rencontre de ceux « qui adorent le Dieu unique », Juifs ou convertis. On leur demanda de prendre la parole, et à la fin « beaucoup les suivirent ». La semaine suivante, « presque toute la ville se rassembla » pour les écouter. Les Juifs auraient dû être contents ! Mais non, « Ils s’enflammèrent de jalousie ».

Pourquoi ? Parce que leurs cœurs n’étaient pas ouverts à l’Amour, l’Amour de Dieu qui est pour tous : « J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

La jalousie, le goût du pouvoir, le désir de paraître, … ce sont toutes sortes de choses qui nous éloignent de la Parole de Jésus.

Alors, oui, de par notre baptême, nous faisons partie des enfants de Dieu, du troupeau des brebis de Jésus.

Jésus qui nous connaît chacun par notre nom, qui nous « donne la vie éternelle », qui nous tient dans sa main, et qui est aussi « la porte des brebis » : « Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » (Jn 10,9).

Il arrive parfois que nous trouvions un pâturage qui nous éloigne de Jésus, qui nous égare … Mais Jésus ne nous laisse pas tomber, ne nous laisse pas aux mains du Démon : « personne ne les arrachera de ma main. ». « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux » (Lc 15,4-5).

Restons dans l’amour de Dieu, « Soy[ons] toujours dans la joie, pri[ons] sans relâche » (1Th 5,16-17). Partageons l’amour du Seigneur avec les autres, comme Jésus nous l’a demandé : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12).

Et comme aujourd’hui, c’est la journée des vocations, prions pour que nous ayons des prêtres, des religieux, des religieuses, des diacres, des consacrés, … qu’ils soient actuels ou futurs … et nous espérons que les futurs seront nombreux …

– qui nous conduisent vers la vraie joie de l’Amour éternel

– qui soient de vrais pasteurs à l’image de Jésus.

Écoute la voix du Seigneur,

Prête l’oreille de ton cœur.

Qui que tu sois ton Dieu t’appelle,

Qui que tu sois il est ton Père.

Toi qui aimes la vie,

ô toi qui veux le bonheur,

réponds en fidèle ouvrier

de sa très douce volonté,

réponds en fidèle ouvrier

de l’Évangile et de sa paix.  

 

                                                    Saint Benoît et Didier Rimaud

 

                                                                                   Francis Cousin

 

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4ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 10, 27-30)

Le Christ Bon Pasteur

(Jn 10, 27-30)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

 

 

            « Mes brebis écoutent ma voix », dit Jésus.

Or en St Jean, le thème de la voix est lié à l’action de l’Esprit Saint, cette Troisième Personne de la Trinité qui travaille avec le Fils à l’accomplissement de la volonté du Père : le salut de tous les hommes. « L’Esprit souffle où il veut, et tu entends sa voix », dit Jésus (Jn 3,8). Et c’est ainsi qu’il rend témoignage à la Parole donnée par Jésus : il joint sa voix à la sienne. « L’Esprit de vérité me rendra témoignage » (Jn 16,26). Et comment fait-il, quel est donc le ‘contenu’ de sa voix ? Il est de l’ordre de la Vie. L’Esprit Saint parle en communiquant à celles et ceux qui écoutent la Parole de Jésus « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie éternelle : « C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Ecouter la voix de Jésus, c’est donc vivre de sa Vie… Jésus est en effet « le Chemin, la Vérité, et la Vie » (Jn 14,6). Il est le Chemin qui, par la Vérité qu’il nous dit, conduit à la Vie, car « l’Esprit de Vérité » rend témoignage à cette Vérité révélée par Jésus en communiquant justement la réalité de cette Vie que Jésus évoque par ses Paroles…

            Bien sûr, l’Esprit de Vérité ne rendra jamais témoignage à quelqu’un qui serait en désaccord, de cœur, avec cette Vérité. Jésus, « les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix » : elles vivent avec lui « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie, grâce à l’action de l’Esprit Saint dans leur cœur. Mais rien de tel pour « les étrangers » : « Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers »… Avec eux, pas de « Vie »…

            Ce Mystère de Vie est en fait un Mystère de Communion qui existe en Dieu de toute éternité. Le Père est Plénitude de Vie, et gratuitement, par amour car « Dieu Est Amour », il ne cesse de donner cette Vie à son Fils, l’engendrant ainsi en Fils « né du Père avant tous les siècles ». « Je vis par le Père », nous dit Jésus. Etant ainsi « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu », le Fils est lui aussi « Amour », et donc « Don de Lui-même ». Et du Don éternel du Père et du Fils « procède » l’Esprit Saint, comme nous l’affirmons dans notre Crédo. Les Trois vivent dans la Communion d’une même Plénitude, qui Est Amour, Lumière et Vie, le Fils la recevant du Père de toute éternité, l’Esprit Saint la recevant du Père et du Fils de tout éternité, en un Mystère d’Amour, de Don gratuit… Et Jésus affirme ici : « Moi et le Père, nous sommes un », bien différents l’un de l’autre, mais unis l’un à l’autre dans la Communion d’une même Lumière, d’une même Vie…                                                                                  DJF




4ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Bon berger

Jn 10, 27-30

Ce dimanche, vous le savez sans doute, mes frères, est celui de la journée mondiale de prière pour les vocations. Méditons ensemble sur ces deux belles images du « Bon Berger » et des « Brebis de son pâturage », pour mieux supplier Dieu qu’il nous fasse lever de nouveaux prêtres pour l’Eglise de demain.

L’image du « mouton » ou du « troupeau » aurait facilement aujourd’hui un sens péjoratif. On répète aux gens : « Ne soyez pas comme des moutons passifs », « N’ayez pas l’esprit grégaire », et nous avons, dans l’arrière fond de notre mémoire, l’histoire des « Moutons de Panurge ». Pourtant, cette image biblique, que Jésus réemploie après tant de prophètes, a une signification extrêmement moderne. Les verbes actifs utilisés par Jésus sont au contraire très personnalisant.

Le 1er verbe, c’est écouter : et voilà une des attitudes de base, disposition essentielle pour permettre la relation de deux êtres. L’écoute de l’autre est une des attitudes déterminantes dans toute communication, à plus forte raison dans la vie chrétienne qui, justement, n’est que le dialogue entre le chrétien fils et son Dieu-Père.

L’écoute de l’autre est la 1ère manifestation de l’intérêt que l’on porte à celui qui nous parle. C’est un signe d’amour authentique qui requiert une attitude éminemment active : que penserions-nous de deux fiancés qui ne s’écouteraient pas ?

On veut tout savoir de celui que l’on aime et l’on écoute, avec attention et avec avidité, ce qu’il est en train de nous confier.

Supposez deux époux qui ne s’écouteraient pas ! Quel drame ! Quelle impasse ! Quel échec de l’amour ! Apparemment, ils vivent ensemble sous le même toit mais, en fait, ils sont seuls, chacun enfermé dans sa propre personne, isolé : parce que sans écoute de l’autre, en imposant toujours son « point de vue », sans écouter l’avis de l’autre, ne demandant à l’autre que son obéissance passive. On ne parle plus parce qu’on sait que l’autre n’écoute plus ! Le désir le plus fort de l’amour, c’est le contraire : ce désir de « tout mettre en commun », et ce que nous souhaitons au plus profond de nous-mêmes, c’est l’attention de l’autre, son écoute.

Combien de fois, pas seulement les prêtres, mais aussi le professeur  dans  sa  classe, un père  dans sa famille,  un  enfant, a eu l’impression (et ce n’était pas seulement qu’une impression) de parler dans le vide parce que personne autour de lui n’écoutait !

Que de fois, même dans un groupe, autour de la même table, même dans un soi-disant dialogue, nous ne savons pas vraiment écouter l’autre, préoccupé à l’avance de lui donner notre réponse, notre point de vue, à nous ! Nous ne savons pas vraiment écouter. Combien de fois avons-nous dit: « Écoutez, mais écoutez donc ! »  « Je vous parle mais vous ne m’écoutez pas! »

Ce qui se passe en famille, en paroisse, dans la vie professionnelle, se passe aussi dans ma vie spirituelle, dans ma relation à Dieu.

Est-ce-que j’écoute vraiment Dieu ?

Suis-je assez attentif à ce qu’il va me dire, à ce qu’il veut me dire ?

Que de prières avons-nous commencé où tout de suite nous avons parlé, exposé nos motifs, dit à Dieu nos besoins, sans avoir même auparavant, fait un peu de silence en nous, pour l’écouter, pour nous mettre à son écoute et nous rendre attentifs à ce qu’il pourrait nous dire, lui !

Faisons-nous d’abord de notre prière, une écoute de ce que Dieu désire nous confier ?

J’ai des choses à dire à Dieu, c’est bien, c’est normal mais, lui, Dieu, n’a-t-il pas aussi, et en priorité, un message à nous donner, des consignes à passer, un mot tendre pour nous encourager ?

Dans votre prière, combien de temps consacrez-vous à l’écoute de la Parole de Dieu ? Ou bien n’êtes-vous encombrés que de ce que vous voulez confier au Seigneur ?

Jésus affirme : « Mes brebis écoutent ma voix », est-ce bien vrai pour nous ?

Faisons-nous assez de silence dans notre vie, dans notre prière pour nous mettre à son écoute ?

Le Seigneur emploie ici un langage de vrai amoureux : quand on aime quelqu’un, on l’écoute avec plaisir, on lui fait confiance. Rappelez-vous, Marie-Madeleine, assise aux pieds de Jésus, elle l’écoutait, elle buvait ses paroles et Jésus dit à Marthe :

 

« Marie a choisi la meilleure part ».

La foi, c’est d’abord cela : une écoute humble, confiante de la Parole de Dieu. Que répondent les prophètes et les serviteurs de Dieu lorsqu’ils sont interpellés par Dieu ? « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

Mais « écouter » ne suffit pas. Après avoir été attentifs à la Parole de Dieu, il faut, comme dit Jésus, la « mettre en pratique ».

« Les brebis écoutent ma voix » et elles me suivent.

Le 2e verbe est « Suivre » : voilà encore un verbe d’action, qui n’a rien de passif. Il exprime une attitude libre : « s’engager à sa suite », c’est l’adhésion d’une personne qui veut partager sa vie avec une autre qu’elle aime et qu’elle admire. Suivre :

  • c’est s’attacher à un autre que soi, se mettre dans le sillage de quelqu’un avec qui on veut partager sa vie ;

  • c’est aimer quelqu’un jusqu’à lier sa vie à la sienne : « Désormais ils ne feront plus qu’un » ;

  • c’est se lancer à deux dans une aventure commune. Là encore, nous nous retrouvons dans le registre de l’estime mutuelle de l’intimité amoureuse, de la communion de deux êtres et c’est bien de cela qu’il s’agit dans notre vie chrétienne : vivre avec le Christ, le suivre, partager sa vie et son destin.

Nous aimons tellement le Christ que nous décidons de partager sa vie, sa mentalité évangélique, sa manière de vivre.

Quand Jésus aime quelqu’un et qu’il le choisit, que dit-il ?

« Viens, suis-moi ». A chacun de nous, il dit cela !

Et que dit celui ou celle qui entend cet appel d’amour ? « Je te suivrai jusqu’au bout du monde ».

L’écoute doit déboucher sur la pratique : mettre ses pas dans les pas de Jésus. Sans pratique, la foi, n’est pas vérifiée.

A quelqu’un qui dit : « Je crois, mais je ne suis pas pratiquant », il est possible de répondre : « Tu dis, mais tu ne fais pas ! », « Tu parles, mais tu n’agis pas ».

La pratique du chrétien est la vérification de sa foi. Une foi sans action, sans pratique, nous rappelle St-Jacques, c’est une foi morte et inutile : « A quoi bon dire que tu es chrétien, si tu ne fais rien pour le faire voir et le mettre dans ta vie ». « C’est très beau de dire au Seigneur « Je t’aime, je t’aime »… encore faut-il le prouver et essayer de vivre comme lui ! »

Le chrétien croyant non-pratiquant est comme celui qui déclare : « Moi, j’aime le football »

« Ah bon ! Tu es dans quelle équipe ? A quelle place joues-tu ? »

« Ah non ! Je ne joue pas, je ne pratique pas ! Je regarde à la télé, dans mon fauteuil ».

Il croit au foot, mais il ne pratique pas. Beaucoup croient en Jésus Christ, mais ils ne le suivent pas.

Pour finir, après avoir vu les brebis :

1e – écouter le berger

2e – suivre le berger,

Voyons le bon pasteur lui-même. Jésus nous dit : 

« Je connais mes brebis ».

Jésus nous connaît, chacun d’entre nous. Il sait qui tu es, comment tu es, il te connaît comme s’il t’avait fait et de fait, c’est lui qui t’a créé et non seulement il nous connaît, mais il nous aime et il n’attend qu’une chose : c’est que nous nous confions à lui. Dieu nous connaît encore mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes.

Bien des personnes me disent : « Mon père, je vis seul, je suis dans la solitude ! » Comment un chrétien peut-il dire cela ! Un chrétien n’est jamais seul, il est toujours avec quelqu’un qui l’aime, qui l’accompagne, qui est toujours présent à sa vie.

Le Père de Foucault, ermite, en plein Sahara, n’était jamais seul, il vivait avec Jésus qu’il adorait pendant des heures, au pied du Tabernacle ou présent dans son cœur.

Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Non seulement Jésus nous aime, mais il a été, rappelez-vous le Vendredi Saint, jusqu’à donner sa vie pour nous ! Mes brebis, jamais, elles ne périront : « Personne ne peut les arracher de ma main ».

Le Bon Pasteur est capable de défendre chacun de nous contre les bêtes sauvages du péché : il s’expose à la mort pour nous sauver.

En cette journée pour les vocations, Seigneur, donne-nous des bons pasteurs.  AMEN




3ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 21, 1-19)

« Départ, retour, … et envoi. »

 La semaine dernière, nous étions encore à Jérusalem, avec des apôtres tout dans la joie de retrouver Jésus Ressuscité.

Dans le passage de ce jour, nous passons directement « sur le bord de la mer de Tibériade », donc en Galilée, et non pas avec les onze apôtres restants, mais avec seulement sept disciples.

Alors que souvent chez saint Jean on a des indications pour connaître le temps qui passe, ici on n’a rien qui nous permette de savoir depuis combien de temps l’épisode de Thomas a eu lieu. Ce qui laisse à penser que l’auteur n’est pas le même que celui des chapitres précédents, même s’il fait partie du même groupe.

On retrouve parmi les disciples Simon-Pierre et Thomas, et puis Nathanaël dont on apprend qu’il vient de Cana et dont on ne parlait plus depuis le chapitre 1; Il était parmi les premiers à avoir rencontré Jésus au bord du Jourdain, mais n’était pas parmi les douze recensés par les évangiles synoptiques, à moins de l’assimiler à Barthélémy. Puis les fils de Zébédée et deux autres … dont on ne nous dit rien !

Simon, qui est toujours en tête de liste, n’a pas encore, dans l’évangile de Jean, été désigné comme le responsable de l’Église … mais c’est pour bientôt … prend les choses en mains : « Je m’en vais à la pêche. » … et tout le monde le suit, … et ils montent dans la barque !

Pierre reprend son ancien métier … et peut-être sa barque ?

Mais pourquoi ? Attendaient-ils une rencontre avec Jésus, comme le dit saint Matthieu … ? Mais le rendez-vous devait avoir lieu sur une montagne, et non au bord d’un lac … !

En tout cas, c’est un retour en arrière ou aux sources …

Fin d’une parenthèse de trois ans pour les disciples ? Sans doute pas !

Ou l’attente d’un nouveau départ … qu’ils ne connaissent pas … ou pas encore …

Ils partent le soir et pèchent toute la nuit … la mer, symbole de mort … et dans les ténèbres, symbole du mal, du démon

Et « ils ne prirent rien. » …

« Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage », mais ils ne l’avaient pas reconnu …

Jésus, « Lumière du monde », « Soleil levant », qui vient pour dissiper les ténèbres et redonner la vie … Jésus, « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Jésus interpelle les pécheurs : « Les enfants… ». Un terme familier … et qui surprend. Qui peut appeler ainsi les apôtres, des hommes d’âge mûr ? Jésus, fils de Dieu, avait dit à Marie-Madeleine : « Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17). Est-ce pour dire que les apôtres sont enfants de Dieu, comme lui ?

« Auriez-vous quelque chose à manger ? » « Non ». Jésus le savait bien …

« Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. »

La droite : le côté du bien, le côté des choses bonnes … de la récompense … Lors de la parabole du jugement dernier, Jésus dit : « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde’’. » (Mt 25,34).

Effectivement, il y eut tellement de poissons qu’ils n’arrivaient pas à tirer le filet … mais sans que celui-ci ne se déchire …

On ne peut s’empêcher de penser à l’autre pêche miraculeuse, racontée par saint Luc, mais tout au début de l’évangile, et qui sera le point de départ du groupe des disciples : les circonstances sont les mêmes, toute une nuit sans rien prendre, « mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5,5), et ils prirent tellement de poissons que les filets se rompaient

C’était au début de la mission de Jésus, les pécheurs ne connaissaient pas encore Jésus … il n’y avait pas de liens entre eux … mais Jésus leur propose de « devenir pécheurs d’hommes » (Lc 5,10). Dans le texte d’aujourd’hui, les liens entre Jésus et les disciples se sont formés petit à petit, surtout après la résurrection, et le filet tient bon … et cela amènera à un envoi, d’abord pour Pierre « Soit le berger de mes brebis », et ensuite pour les apôtres embarqués dans la mission à la suite de Pierre.

À la vue de la quantité de poissons dans le filet, Jean s’exclama « C’est le Seigneur ! ». Comme au matin de Pâques …, il voit les poissons, et il croit …

Entendant cela, le fougueux Pierre saute dans l’eau et nage vers Jésus … Il n’a plus peur cette fois-ci, Il nage vers Jésus … une centaine de mètres à faire … et il retrouvera le Seigneur, son Seigneur, celui qui l’avait tiré de l’eau pendant la tempête (cf Mt 14,27-31) …

Arrivés sur le rivage, quelle ne fut pas la surprise des disciples de voir auprès de Jésus « un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. ». Jésus leur demande à manger … mais il a déjà tout préparé !

Jésus fait de même avec nous … il prépare notre route … il prépare notre place dans les cieux (Jn 14,2-3) … mais on ne se rend pas compte de ce qu’il fait pour nous … Nous sommes peut-être un peu comme Pierre qui a renié Jésus quand celui-ci a été arrêté …

D’ailleurs, Jean utilise le même mot grec pour désigner le feu du bord du lac et celui près duquel Pierre se chauffait avec les gardes du palais du grand prêtre avant qu’il ne renie Jésus … On voit bien ainsi que tout ce passage d’évangile est orienté vers Pierre !

Mais si Jésus prépare la route, il ne fait pas tout : il demande notre participation, et nos efforts … « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. ».

Alors, après avoir cuit ces poissons avec les siens, Jésus invite les disciples à manger : « Venez manger. », approchez-vous de moi …

Et aussitôt : « Jésus s’approche. ».

Dès que l’on s’approche de Jésus, on est sûr que Jésus se rapproche encore de nous … Il ne s’éloigne pas, il ne fait pas l’indifférent. Il est toujours avec nous … Et son amour pour nous amplifie toujours un signe d’amour que nous faisons vers lui (ou vers d’autres …).

Jésus « prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. »

On retrouve les mêmes ingrédients que lors de la multiplication des pains (et des poissons …), avec cette différence que lors de la multiplication des pains, c’est un enfant qui avait amené les cinq pains et les deux poissons. Ici, chacun amène une part, celle de Jésus : le pain (de vie ?) et des poissons, et celle des disciples : les poissons, fruits de la mer et du travail des pêcheurs (avec l’aide de Dieu !) … et en plus, c’était chaud !!!

Sans doute le dernier repas terrestre de Jésus … qui nous invite à la communion entre nous et à la proximité avec Jésus, avec la Trinité …

Seigneur Jésus,

tu es toujours près de nous,

même quand on ne s’attend pas à te voir.

Ouvre nos yeux

pour que nous sachions te reconnaître

dans le promeneur du lac …

Garde-nous unis dans ton amour.

 

                                                                                    Francis Cousin

 

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3ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 21, 1-19)

L’Eglise Missionnaire (Jn 21,1-19)…

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

 

           Cet épisode résume la vie de l’Eglise, jusqu’à la fin des temps… Au début, les disciples partent à la pêche avec Simon-Pierre ; ils sont sept, un chiffre symbole de plénitude : c’est vraiment toute l’Eglise qui est évoquée ici, et c’est à elle que le Christ ressuscité va se manifester. Mais « ils passèrent la nuit sans rien prendre » car le Christ « Lumière du monde » n’était pas avec eux, et « la nuit, nul ne peut travailler » au salut du monde, car « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 8,12 ; 9,4 ; 15,5) …

            Mais « au lever du jour, Jésus était là ». Le Ressuscité les a rejoints… Ce « lever du jour » évoque cette situation intermédiaire qui est la nôtre, dans la foi : « Les ténèbres s’en vont, la véritable Lumière brille déjà » (1Jn 2,8), mais Lui, nous ne le voyons pas encore. Pourtant, il est là, mais sa Présence n’est pas évidente. Au début, les disciples « ne savaient pas que c’était lui ». Mais St Jean saura leur donner l’exemple du regard de foi : « C’est le Seigneur ! »

            « Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez ». Ils obéissent, ils font tout simplement ce que le Ressuscité leur demande de faire. Ce filet peut symboliser la Parole de Dieu que l’Eglise, aujourd’hui encore, est invitée à lancer largement et par tous les moyens possibles jusqu’aux « extrémités de la terre » (Ps 2)… Et Jésus l’a promis, l’Esprit Saint rendra témoignage à cette Parole de Vie en communiquant justement à tous ceux et celles qui l’accueilleront « quelque chose » qui est de l’ordre même de la Vie éternelle… « L’Esprit me rendra témoignage, l’Esprit qui vivifie » (Jn 15,26 ; 6,63). St Pierre en a fait l’expérience : en écoutant Jésus de tout cœur, il vivait « quelque chose » d’unique, d’indescriptible, de formidable, une intensité de vie : « Tu as les Paroles de la vie éternelle ». De cette expérience est née sa foi : « Et nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,68-69).

            Les filets de la Parole sont donc lancés… Et ils se remplissent : « 153 gros poissons », un chiffre qui peut symboliser tout à la fois la Plénitude de l’humanité appelée au salut, et l’œuvre de Dieu. C’est en effet l’action de Dieu qui donne à la mission de l’Eglise de pouvoir porter du fruit, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6), et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait » (Ps 135,6), avec son Eglise et par elle. A nous maintenant de semer sa Parole le plus largement possible, et nous nous émerveillerons des fruits du travail du Seigneur…           DJF