1

4ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 10, 27-30)

Le Christ Bon Pasteur

(Jn 10, 27-30)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

 

 

            « Mes brebis écoutent ma voix », dit Jésus.

Or en St Jean, le thème de la voix est lié à l’action de l’Esprit Saint, cette Troisième Personne de la Trinité qui travaille avec le Fils à l’accomplissement de la volonté du Père : le salut de tous les hommes. « L’Esprit souffle où il veut, et tu entends sa voix », dit Jésus (Jn 3,8). Et c’est ainsi qu’il rend témoignage à la Parole donnée par Jésus : il joint sa voix à la sienne. « L’Esprit de vérité me rendra témoignage » (Jn 16,26). Et comment fait-il, quel est donc le ‘contenu’ de sa voix ? Il est de l’ordre de la Vie. L’Esprit Saint parle en communiquant à celles et ceux qui écoutent la Parole de Jésus « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie éternelle : « C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Ecouter la voix de Jésus, c’est donc vivre de sa Vie… Jésus est en effet « le Chemin, la Vérité, et la Vie » (Jn 14,6). Il est le Chemin qui, par la Vérité qu’il nous dit, conduit à la Vie, car « l’Esprit de Vérité » rend témoignage à cette Vérité révélée par Jésus en communiquant justement la réalité de cette Vie que Jésus évoque par ses Paroles…

            Bien sûr, l’Esprit de Vérité ne rendra jamais témoignage à quelqu’un qui serait en désaccord, de cœur, avec cette Vérité. Jésus, « les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix » : elles vivent avec lui « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie, grâce à l’action de l’Esprit Saint dans leur cœur. Mais rien de tel pour « les étrangers » : « Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers »… Avec eux, pas de « Vie »…

            Ce Mystère de Vie est en fait un Mystère de Communion qui existe en Dieu de toute éternité. Le Père est Plénitude de Vie, et gratuitement, par amour car « Dieu Est Amour », il ne cesse de donner cette Vie à son Fils, l’engendrant ainsi en Fils « né du Père avant tous les siècles ». « Je vis par le Père », nous dit Jésus. Etant ainsi « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu », le Fils est lui aussi « Amour », et donc « Don de Lui-même ». Et du Don éternel du Père et du Fils « procède » l’Esprit Saint, comme nous l’affirmons dans notre Crédo. Les Trois vivent dans la Communion d’une même Plénitude, qui Est Amour, Lumière et Vie, le Fils la recevant du Père de toute éternité, l’Esprit Saint la recevant du Père et du Fils de tout éternité, en un Mystère d’Amour, de Don gratuit… Et Jésus affirme ici : « Moi et le Père, nous sommes un », bien différents l’un de l’autre, mais unis l’un à l’autre dans la Communion d’une même Lumière, d’une même Vie…                                                                                  DJF




4ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Bon berger

Jn 10, 27-30

Ce dimanche, vous le savez sans doute, mes frères, est celui de la journée mondiale de prière pour les vocations. Méditons ensemble sur ces deux belles images du « Bon Berger » et des « Brebis de son pâturage », pour mieux supplier Dieu qu’il nous fasse lever de nouveaux prêtres pour l’Eglise de demain.

L’image du « mouton » ou du « troupeau » aurait facilement aujourd’hui un sens péjoratif. On répète aux gens : « Ne soyez pas comme des moutons passifs », « N’ayez pas l’esprit grégaire », et nous avons, dans l’arrière fond de notre mémoire, l’histoire des « Moutons de Panurge ». Pourtant, cette image biblique, que Jésus réemploie après tant de prophètes, a une signification extrêmement moderne. Les verbes actifs utilisés par Jésus sont au contraire très personnalisant.

Le 1er verbe, c’est écouter : et voilà une des attitudes de base, disposition essentielle pour permettre la relation de deux êtres. L’écoute de l’autre est une des attitudes déterminantes dans toute communication, à plus forte raison dans la vie chrétienne qui, justement, n’est que le dialogue entre le chrétien fils et son Dieu-Père.

L’écoute de l’autre est la 1ère manifestation de l’intérêt que l’on porte à celui qui nous parle. C’est un signe d’amour authentique qui requiert une attitude éminemment active : que penserions-nous de deux fiancés qui ne s’écouteraient pas ?

On veut tout savoir de celui que l’on aime et l’on écoute, avec attention et avec avidité, ce qu’il est en train de nous confier.

Supposez deux époux qui ne s’écouteraient pas ! Quel drame ! Quelle impasse ! Quel échec de l’amour ! Apparemment, ils vivent ensemble sous le même toit mais, en fait, ils sont seuls, chacun enfermé dans sa propre personne, isolé : parce que sans écoute de l’autre, en imposant toujours son « point de vue », sans écouter l’avis de l’autre, ne demandant à l’autre que son obéissance passive. On ne parle plus parce qu’on sait que l’autre n’écoute plus ! Le désir le plus fort de l’amour, c’est le contraire : ce désir de « tout mettre en commun », et ce que nous souhaitons au plus profond de nous-mêmes, c’est l’attention de l’autre, son écoute.

Combien de fois, pas seulement les prêtres, mais aussi le professeur  dans  sa  classe, un père  dans sa famille,  un  enfant, a eu l’impression (et ce n’était pas seulement qu’une impression) de parler dans le vide parce que personne autour de lui n’écoutait !

Que de fois, même dans un groupe, autour de la même table, même dans un soi-disant dialogue, nous ne savons pas vraiment écouter l’autre, préoccupé à l’avance de lui donner notre réponse, notre point de vue, à nous ! Nous ne savons pas vraiment écouter. Combien de fois avons-nous dit: « Écoutez, mais écoutez donc ! »  « Je vous parle mais vous ne m’écoutez pas! »

Ce qui se passe en famille, en paroisse, dans la vie professionnelle, se passe aussi dans ma vie spirituelle, dans ma relation à Dieu.

Est-ce-que j’écoute vraiment Dieu ?

Suis-je assez attentif à ce qu’il va me dire, à ce qu’il veut me dire ?

Que de prières avons-nous commencé où tout de suite nous avons parlé, exposé nos motifs, dit à Dieu nos besoins, sans avoir même auparavant, fait un peu de silence en nous, pour l’écouter, pour nous mettre à son écoute et nous rendre attentifs à ce qu’il pourrait nous dire, lui !

Faisons-nous d’abord de notre prière, une écoute de ce que Dieu désire nous confier ?

J’ai des choses à dire à Dieu, c’est bien, c’est normal mais, lui, Dieu, n’a-t-il pas aussi, et en priorité, un message à nous donner, des consignes à passer, un mot tendre pour nous encourager ?

Dans votre prière, combien de temps consacrez-vous à l’écoute de la Parole de Dieu ? Ou bien n’êtes-vous encombrés que de ce que vous voulez confier au Seigneur ?

Jésus affirme : « Mes brebis écoutent ma voix », est-ce bien vrai pour nous ?

Faisons-nous assez de silence dans notre vie, dans notre prière pour nous mettre à son écoute ?

Le Seigneur emploie ici un langage de vrai amoureux : quand on aime quelqu’un, on l’écoute avec plaisir, on lui fait confiance. Rappelez-vous, Marie-Madeleine, assise aux pieds de Jésus, elle l’écoutait, elle buvait ses paroles et Jésus dit à Marthe :

 

« Marie a choisi la meilleure part ».

La foi, c’est d’abord cela : une écoute humble, confiante de la Parole de Dieu. Que répondent les prophètes et les serviteurs de Dieu lorsqu’ils sont interpellés par Dieu ? « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

Mais « écouter » ne suffit pas. Après avoir été attentifs à la Parole de Dieu, il faut, comme dit Jésus, la « mettre en pratique ».

« Les brebis écoutent ma voix » et elles me suivent.

Le 2e verbe est « Suivre » : voilà encore un verbe d’action, qui n’a rien de passif. Il exprime une attitude libre : « s’engager à sa suite », c’est l’adhésion d’une personne qui veut partager sa vie avec une autre qu’elle aime et qu’elle admire. Suivre :

  • c’est s’attacher à un autre que soi, se mettre dans le sillage de quelqu’un avec qui on veut partager sa vie ;

  • c’est aimer quelqu’un jusqu’à lier sa vie à la sienne : « Désormais ils ne feront plus qu’un » ;

  • c’est se lancer à deux dans une aventure commune. Là encore, nous nous retrouvons dans le registre de l’estime mutuelle de l’intimité amoureuse, de la communion de deux êtres et c’est bien de cela qu’il s’agit dans notre vie chrétienne : vivre avec le Christ, le suivre, partager sa vie et son destin.

Nous aimons tellement le Christ que nous décidons de partager sa vie, sa mentalité évangélique, sa manière de vivre.

Quand Jésus aime quelqu’un et qu’il le choisit, que dit-il ?

« Viens, suis-moi ». A chacun de nous, il dit cela !

Et que dit celui ou celle qui entend cet appel d’amour ? « Je te suivrai jusqu’au bout du monde ».

L’écoute doit déboucher sur la pratique : mettre ses pas dans les pas de Jésus. Sans pratique, la foi, n’est pas vérifiée.

A quelqu’un qui dit : « Je crois, mais je ne suis pas pratiquant », il est possible de répondre : « Tu dis, mais tu ne fais pas ! », « Tu parles, mais tu n’agis pas ».

La pratique du chrétien est la vérification de sa foi. Une foi sans action, sans pratique, nous rappelle St-Jacques, c’est une foi morte et inutile : « A quoi bon dire que tu es chrétien, si tu ne fais rien pour le faire voir et le mettre dans ta vie ». « C’est très beau de dire au Seigneur « Je t’aime, je t’aime »… encore faut-il le prouver et essayer de vivre comme lui ! »

Le chrétien croyant non-pratiquant est comme celui qui déclare : « Moi, j’aime le football »

« Ah bon ! Tu es dans quelle équipe ? A quelle place joues-tu ? »

« Ah non ! Je ne joue pas, je ne pratique pas ! Je regarde à la télé, dans mon fauteuil ».

Il croit au foot, mais il ne pratique pas. Beaucoup croient en Jésus Christ, mais ils ne le suivent pas.

Pour finir, après avoir vu les brebis :

1e – écouter le berger

2e – suivre le berger,

Voyons le bon pasteur lui-même. Jésus nous dit : 

« Je connais mes brebis ».

Jésus nous connaît, chacun d’entre nous. Il sait qui tu es, comment tu es, il te connaît comme s’il t’avait fait et de fait, c’est lui qui t’a créé et non seulement il nous connaît, mais il nous aime et il n’attend qu’une chose : c’est que nous nous confions à lui. Dieu nous connaît encore mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes.

Bien des personnes me disent : « Mon père, je vis seul, je suis dans la solitude ! » Comment un chrétien peut-il dire cela ! Un chrétien n’est jamais seul, il est toujours avec quelqu’un qui l’aime, qui l’accompagne, qui est toujours présent à sa vie.

Le Père de Foucault, ermite, en plein Sahara, n’était jamais seul, il vivait avec Jésus qu’il adorait pendant des heures, au pied du Tabernacle ou présent dans son cœur.

Le bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Non seulement Jésus nous aime, mais il a été, rappelez-vous le Vendredi Saint, jusqu’à donner sa vie pour nous ! Mes brebis, jamais, elles ne périront : « Personne ne peut les arracher de ma main ».

Le Bon Pasteur est capable de défendre chacun de nous contre les bêtes sauvages du péché : il s’expose à la mort pour nous sauver.

En cette journée pour les vocations, Seigneur, donne-nous des bons pasteurs.  AMEN




3ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 21, 1-19)

« Départ, retour, … et envoi. »

 La semaine dernière, nous étions encore à Jérusalem, avec des apôtres tout dans la joie de retrouver Jésus Ressuscité.

Dans le passage de ce jour, nous passons directement « sur le bord de la mer de Tibériade », donc en Galilée, et non pas avec les onze apôtres restants, mais avec seulement sept disciples.

Alors que souvent chez saint Jean on a des indications pour connaître le temps qui passe, ici on n’a rien qui nous permette de savoir depuis combien de temps l’épisode de Thomas a eu lieu. Ce qui laisse à penser que l’auteur n’est pas le même que celui des chapitres précédents, même s’il fait partie du même groupe.

On retrouve parmi les disciples Simon-Pierre et Thomas, et puis Nathanaël dont on apprend qu’il vient de Cana et dont on ne parlait plus depuis le chapitre 1; Il était parmi les premiers à avoir rencontré Jésus au bord du Jourdain, mais n’était pas parmi les douze recensés par les évangiles synoptiques, à moins de l’assimiler à Barthélémy. Puis les fils de Zébédée et deux autres … dont on ne nous dit rien !

Simon, qui est toujours en tête de liste, n’a pas encore, dans l’évangile de Jean, été désigné comme le responsable de l’Église … mais c’est pour bientôt … prend les choses en mains : « Je m’en vais à la pêche. » … et tout le monde le suit, … et ils montent dans la barque !

Pierre reprend son ancien métier … et peut-être sa barque ?

Mais pourquoi ? Attendaient-ils une rencontre avec Jésus, comme le dit saint Matthieu … ? Mais le rendez-vous devait avoir lieu sur une montagne, et non au bord d’un lac … !

En tout cas, c’est un retour en arrière ou aux sources …

Fin d’une parenthèse de trois ans pour les disciples ? Sans doute pas !

Ou l’attente d’un nouveau départ … qu’ils ne connaissent pas … ou pas encore …

Ils partent le soir et pèchent toute la nuit … la mer, symbole de mort … et dans les ténèbres, symbole du mal, du démon

Et « ils ne prirent rien. » …

« Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage », mais ils ne l’avaient pas reconnu …

Jésus, « Lumière du monde », « Soleil levant », qui vient pour dissiper les ténèbres et redonner la vie … Jésus, « Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Jésus interpelle les pécheurs : « Les enfants… ». Un terme familier … et qui surprend. Qui peut appeler ainsi les apôtres, des hommes d’âge mûr ? Jésus, fils de Dieu, avait dit à Marie-Madeleine : « Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jn 20,17). Est-ce pour dire que les apôtres sont enfants de Dieu, comme lui ?

« Auriez-vous quelque chose à manger ? » « Non ». Jésus le savait bien …

« Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. »

La droite : le côté du bien, le côté des choses bonnes … de la récompense … Lors de la parabole du jugement dernier, Jésus dit : « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde’’. » (Mt 25,34).

Effectivement, il y eut tellement de poissons qu’ils n’arrivaient pas à tirer le filet … mais sans que celui-ci ne se déchire …

On ne peut s’empêcher de penser à l’autre pêche miraculeuse, racontée par saint Luc, mais tout au début de l’évangile, et qui sera le point de départ du groupe des disciples : les circonstances sont les mêmes, toute une nuit sans rien prendre, « mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5,5), et ils prirent tellement de poissons que les filets se rompaient

C’était au début de la mission de Jésus, les pécheurs ne connaissaient pas encore Jésus … il n’y avait pas de liens entre eux … mais Jésus leur propose de « devenir pécheurs d’hommes » (Lc 5,10). Dans le texte d’aujourd’hui, les liens entre Jésus et les disciples se sont formés petit à petit, surtout après la résurrection, et le filet tient bon … et cela amènera à un envoi, d’abord pour Pierre « Soit le berger de mes brebis », et ensuite pour les apôtres embarqués dans la mission à la suite de Pierre.

À la vue de la quantité de poissons dans le filet, Jean s’exclama « C’est le Seigneur ! ». Comme au matin de Pâques …, il voit les poissons, et il croit …

Entendant cela, le fougueux Pierre saute dans l’eau et nage vers Jésus … Il n’a plus peur cette fois-ci, Il nage vers Jésus … une centaine de mètres à faire … et il retrouvera le Seigneur, son Seigneur, celui qui l’avait tiré de l’eau pendant la tempête (cf Mt 14,27-31) …

Arrivés sur le rivage, quelle ne fut pas la surprise des disciples de voir auprès de Jésus « un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. ». Jésus leur demande à manger … mais il a déjà tout préparé !

Jésus fait de même avec nous … il prépare notre route … il prépare notre place dans les cieux (Jn 14,2-3) … mais on ne se rend pas compte de ce qu’il fait pour nous … Nous sommes peut-être un peu comme Pierre qui a renié Jésus quand celui-ci a été arrêté …

D’ailleurs, Jean utilise le même mot grec pour désigner le feu du bord du lac et celui près duquel Pierre se chauffait avec les gardes du palais du grand prêtre avant qu’il ne renie Jésus … On voit bien ainsi que tout ce passage d’évangile est orienté vers Pierre !

Mais si Jésus prépare la route, il ne fait pas tout : il demande notre participation, et nos efforts … « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. ».

Alors, après avoir cuit ces poissons avec les siens, Jésus invite les disciples à manger : « Venez manger. », approchez-vous de moi …

Et aussitôt : « Jésus s’approche. ».

Dès que l’on s’approche de Jésus, on est sûr que Jésus se rapproche encore de nous … Il ne s’éloigne pas, il ne fait pas l’indifférent. Il est toujours avec nous … Et son amour pour nous amplifie toujours un signe d’amour que nous faisons vers lui (ou vers d’autres …).

Jésus « prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson. »

On retrouve les mêmes ingrédients que lors de la multiplication des pains (et des poissons …), avec cette différence que lors de la multiplication des pains, c’est un enfant qui avait amené les cinq pains et les deux poissons. Ici, chacun amène une part, celle de Jésus : le pain (de vie ?) et des poissons, et celle des disciples : les poissons, fruits de la mer et du travail des pêcheurs (avec l’aide de Dieu !) … et en plus, c’était chaud !!!

Sans doute le dernier repas terrestre de Jésus … qui nous invite à la communion entre nous et à la proximité avec Jésus, avec la Trinité …

Seigneur Jésus,

tu es toujours près de nous,

même quand on ne s’attend pas à te voir.

Ouvre nos yeux

pour que nous sachions te reconnaître

dans le promeneur du lac …

Garde-nous unis dans ton amour.

 

                                                                                    Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Pâques C 3°




3ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Jean 21, 1-19)

L’Eglise Missionnaire (Jn 21,1-19)…

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

 

           Cet épisode résume la vie de l’Eglise, jusqu’à la fin des temps… Au début, les disciples partent à la pêche avec Simon-Pierre ; ils sont sept, un chiffre symbole de plénitude : c’est vraiment toute l’Eglise qui est évoquée ici, et c’est à elle que le Christ ressuscité va se manifester. Mais « ils passèrent la nuit sans rien prendre » car le Christ « Lumière du monde » n’était pas avec eux, et « la nuit, nul ne peut travailler » au salut du monde, car « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 8,12 ; 9,4 ; 15,5) …

            Mais « au lever du jour, Jésus était là ». Le Ressuscité les a rejoints… Ce « lever du jour » évoque cette situation intermédiaire qui est la nôtre, dans la foi : « Les ténèbres s’en vont, la véritable Lumière brille déjà » (1Jn 2,8), mais Lui, nous ne le voyons pas encore. Pourtant, il est là, mais sa Présence n’est pas évidente. Au début, les disciples « ne savaient pas que c’était lui ». Mais St Jean saura leur donner l’exemple du regard de foi : « C’est le Seigneur ! »

            « Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez ». Ils obéissent, ils font tout simplement ce que le Ressuscité leur demande de faire. Ce filet peut symboliser la Parole de Dieu que l’Eglise, aujourd’hui encore, est invitée à lancer largement et par tous les moyens possibles jusqu’aux « extrémités de la terre » (Ps 2)… Et Jésus l’a promis, l’Esprit Saint rendra témoignage à cette Parole de Vie en communiquant justement à tous ceux et celles qui l’accueilleront « quelque chose » qui est de l’ordre même de la Vie éternelle… « L’Esprit me rendra témoignage, l’Esprit qui vivifie » (Jn 15,26 ; 6,63). St Pierre en a fait l’expérience : en écoutant Jésus de tout cœur, il vivait « quelque chose » d’unique, d’indescriptible, de formidable, une intensité de vie : « Tu as les Paroles de la vie éternelle ». De cette expérience est née sa foi : « Et nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,68-69).

            Les filets de la Parole sont donc lancés… Et ils se remplissent : « 153 gros poissons », un chiffre qui peut symboliser tout à la fois la Plénitude de l’humanité appelée au salut, et l’œuvre de Dieu. C’est en effet l’action de Dieu qui donne à la mission de l’Eglise de pouvoir porter du fruit, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6), et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait » (Ps 135,6), avec son Eglise et par elle. A nous maintenant de semer sa Parole le plus largement possible, et nous nous émerveillerons des fruits du travail du Seigneur…           DJF




3ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

La foi

Jn 21, 1-19

Rappelons-nous, frères et sœurs, pour une meilleure écoute de cet évangile, que cette belle scène, au bord du lac, se passe en Galilée. La Résurrection, elle, a eu lieu en Judée. Mais Jésus avait dit à Marie Madeleine et aux apôtres :

« Partez en Galilée, c’est là que vous me verrez ».

Et Pierre retrouve son pays et ses vieilles habitudes et dit aux autres : « Je m’en vais à la pêche ».

Et les disciples lui répondent : « Nous allons avec toi ».

C’est Pierre qui prend l’initiative, c’est Pierre qui dirige la manœuvre tout comme c’est le pape qui donne les grandes impulsions et directives de l’église.

Hélas, « ils passèrent la nuit sans rien prendre ».

Notre activité apostolique, à nous aussi, est bien vaine, bien improductive si nous nous mettons au travail sans la présence du Seigneur. Sans lui, ils sont bredouilles, ils ne prennent rien. Au lever du jour, la jeune Eglise est fatiguée, démoralisée surtout, pas à prendre avec des pincettes, quand un inconnu pose la question, justement celle qu’il ne faut pas poser à des pêcheurs qui n’ont rien pris :

« Oh ! Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »

C’est la honte. Sèchement, ils répondent : « Non, rien ! »

Et voilà le pire : cet étranger qui veut leur donner des conseils, à eux, les professionnels ! Mais de quoi se mêle-t-il !

« Jetez le filet à droite de la barque, vous trouverez ! »

Malgré toute leur rancœur, leur lassitude, ils le font cependant.

C’est Jésus qui dirige l’Eglise. C’est Jésus qui en est son inspirateur et l’Eglise, même Pierre, n’a qu’à obéir aux inspirations de l’Evangile, aux désirs de l’Esprit Saint, s’ils veulent faire de l’Eglise un instrument efficace au service du salut.

A chaque fois que l’Eglise n’a pas écouté les conseils de Jésus, à chaque fois qu’elle n’a pas fait exécuter les inspirations de l’Esprit Saint, elle est bredouille, elle ne prend rien, elle s’agite en vain. Mais dès qu’elle obéit à son Seigneur et Maître, l’Eglise peut tirer son filet, il est plein : ces poissons multiples qu’ils n’arrivent même pas à ramener sur le rivage, tous ces hommes sauvés que l’Eglise a bien du mal à tirer jusqu’au Royaume de Dieu, en proximité de Jésus, tellement il y en avait.

C’est Jean qui identifie le premier Jésus : Jean, c’est l’amour qui devine, l’amour intuitif, qui va au-delà des apparences :

« Cet inconnu, mais, c’est le Seigneur ! Ce ne peut être que lui ».

De même, ce n’est pas toujours l’autorité de l’Eglise, mais plutôt les prophètes, les charismatiques, les contemplatifs, qui discernent dans les « signes des temps », la présence du Seigneur et ses nouvelles directives. Mais c’est le rôle de Pierre de les authentifier, de les déclarer divines. Dès que Pierre entend Jean, il se jette à l’eau pour aller à la rencontre du Seigneur.

Pierre, le pape, en tête de l’Eglise, est le premier à se mouiller, à prendre position officiellement pour reconnaître dans le maquis du monde actuel, ce qui est divin et ce qui ne l’est pas, ce qui mène vers Dieu ou ce qui l’en écarte.

Les disciples suivent en barque, amenant sur le rivage du ciel, tous ces hommes rassemblés dans le filet de l’Eglise sous la conduite des apôtres, pêcheurs d’hommes. Arrivés sur la rive, Pierre voit un feu déjà préparé par Jésus avec du poisson posé dessus. Tous les hommes ne sont pas sauvés par l’Eglise : ils sont d’abord sauvés par la Croix du Christ et sa Résurrection. Mais Jésus veut faire participer les apôtres à cette œuvre de salut :

« Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre ».

L’homme a l’honneur de participer à l’œuvre de Dieu et d’y apporter sa part, sa contribution. Il y avait aussi du Pain ! Rappelez-vous, le pain d’Emmaüs, le pain du Cénacle, le pain de la Cène, le pain qu’il va rompre et qui est le signe, non seulement du partage mais aussi de la Révélation.

Il y a « Eglise », dès qu’il y a partage : repas avec Jésus, pain rompu, repas fraternel. Le filet est tiré à terre, c’est la mission de l’Eglise : pouvoir présenter à Jésus l’ensemble de l’Humanité, rassemblée dans les filets de Pierre et des apôtres à la gloire du Père.

« Il y en avait 153 ». Peut-être êtes-vous intrigués par ce chiffre : St-Augustin a jonglé avec et en a fait toute une mathématique spirituelle. On nous dit plus simplement que l’antiquité connaissait 153 espèces de poissons, si bien que ce chiffre indique la totalité, la plénitude. C’est toute l’Humanité qui doit être sauvée par le Christ et par l’église.

« Et le filet ne s’était pas rompu ». Ce n’est pas la quantité des disciples qui menace l’unité de l’Eglise, c’est leur discorde, leurs tiraillements et divisions intérieures.

Et les voilà maintenant qui déjeunent avec Jésus : un déjeuner avec une ambiance toute particulière, un déjeuner dans la foi.

Personne n’ose demander au Seigneur : « Qui es-tu ? »

Ils savaient que c’était le Seigneur et, en même temps, ils savent que c’est une certitude intérieure, mais pas uniquement visuelle, ni évidente.

Nous aussi, à certains moments de notre vie, nous avons dit :

« C’est le Seigneur », nous en étions sûrs, sans en avoir une évidence visuelle. Après ce travail d’Eglise accompli sur l’ordre de Pierre, mais aussi sur le conseil de Jésus, tout comme aujourd’hui, où l’Eglise travaille toujours sous les ordres de Pierre, mais aussi sur le conseil du Seigneur, Jésus estime qu’il est temps de donner à Pierre son investiture, de le faire pape c’est-à-dire de lui donner la primauté qu’il lui avait annoncée quelques temps auparavant :

« Tu es Pierre et, sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ».

            Mais une ombre persiste, un mauvais souvenir : personne n’a oublié le triple reniement de Pierre, comme personne n’a oublié la vie de certains papes dans l’histoire de l’Eglise.

On a beau être pape, investi par le Seigneur d’une mission capitale, on en est pas moins un homme avec ses faiblesses, ses lâchetés, ses humiliations, tout comme notre Eglise elle-même, dont nous faisons partie, n’est pas toujours la fiancée sans ride et sans tâche que le Seigneur voudrait présenter au Père. Heureusement nous dit St-Jean :

« Dieu est plus grand que notre cœur et notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu balaie tout par son amour ».

Et de fait, c’est bien d’amour qu’il s’agit, malgré nos faiblesses. C’est pourquoi le Seigneur va poser à Pierre la triple question opposée au triple reniement. Il n’est plus question maintenant de demander à Pierre s’il connaît Jésus. Mais le Christ lui demande : « M’aimes-tu ? »

Connaître Jésus, c’est bien, mais l’aimer, c’est tout autre chose ! Et notre service, celui du pape, comme le nôtre, n’est pas la base de connaissance du Christ (bien qu’il faille le connaitre toujours un peu mieux) mais l’amour, pour celui qui, le premier, nous a aimé sans mesure.

Trois fois de suite Jésus pose la question, nous pose la question, à nous aussi, ce soir (ce matin) :

« Toi, Pierre, Jean, Georges ou Madeleine, m’aimes-tu ? »

Qu’allons-nous répondre à notre tour ? Nous n’avons pas de meilleure réponse que d’emprunter à notre tour, la réponse de Pierre, nous aussi pauvres pêcheurs :

« Seigneur, tu me connais et même tu me connais bien mieux que je ne peux me connaître moi-même, alors tu le sais bien »

« Oui Seigneur, oui Seigneur, je t’aime ».

Et cependant, parce qu’il avait renié trois fois, une fois de plus et une fois encore, le Seigneur lui demande :

« Simon est-ce-que tu m’aimes vraiment ? »

Pierre fut peiné par cette troisième demande :

« Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime vraiment ».

Il lui dit alors :

« Sois le berger de mes brebis »,

Comme il nous dit à nous aussi :

« Puisque tu dis que tu m’aimes vraiment, deviens apôtre, deviens ouvrier de l’Eglise, moissonneur dans le champ du Père, pêcheur d’hommes dans la mer du péché ».

Pape, évêques, prêtres ou laïcs, nous sommes tous embauchés pour ramener le filet de l’Humanité jusqu’à la rive de Dieu. AMEN




Christ Ressuscité : quelles conséquences pour nous 2000 ans après ?

Christ est mort le 7 avril 30, ou le 3 avril 33 car ces deux années-là, la Pâque coïncidait avec le jour du Sabbat.

Le lendemain, les femmes découvrent que le tombeau a été ouvert… Elles n’entrent pas et Marie Madeleine court trouver Simon Pierre et Jean pour leur dire : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé ».

Aujourd’hui, nous pouvons dire avec St Pierre (Ac 2, 24) : « Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort ». Et avec la note de la Bible de Jérusalem pour Rm 8, 11, nous pouvons encore être plus précis :  « Le Père a ressuscité le Fils par la puissance et le Don de l’Esprit » et il agira de même pour notre résurrection à tous. « Et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». (Rm 8, 11)

Mais pour nous, maintenant deux mille ans après. Qu’est-ce que la Résurrection de Jésus nous apporte, très concrètement dans le quotidien de notre vie ? Rm 8, 11 nous donne aussi la réponse : « Si l’Esprit habite en vous… » Tel est le grand Don que le Ressuscité propose à tout homme, gratuitement, par amour : « Paix à vous », dit-il peu après le passage de l’Evangile de Jean que nous venons d’entendre… « Puis, ayant dit cela, il souffle sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20, 22), le souffle de vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6, 63 ; 2 Co 3, 6), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8, 2-11), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5, 25).

Ce Don accomplit toutes les promesses, très concrètement, très réellement, d’une manière « vitale »

« Que votre cœur ne se trouble pas », disait-il à ses disciples peu avant sa Passion. « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures, sinon je vous l’aurais dit… Je pars vous préparer une place, et lorsque je vous l’aurais préparé, à nouveau, je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis, vous aussi vous soyez » (Jn 14, 1-3).

Mais où est Jésus ? « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 10, 38), autrement dit, je suis uni au Père dans la communion d’un même Esprit. Ce Mystère de communion, tel est le Royaume des Cieux (Rm 14, 17), « la Maison du Père », « le ciel »… Autrement dit, dans la foi, par le Don de l’Esprit, Jésus nous ouvre dès maintenant, très concrètement parlant, les portes du Ciel, qui est Mystère de Vie de cœur à cœur avec Dieu dans l’unité d’un même Esprit (Jn 12, 26 ab). « Je ne vois pas trop ce que j’aurai de plus, après ma mort, que je n’ai maintenant », disait Ste Thérèse de Lisieux. « C’est vrai, je verrai le bon Dieu, mais pour ce qui est être avec Lui, j’y suis déjà tout à fait sur cette terre »…

Ce Don de l’Esprit accomplit aussi cette grande promesse de Jésus : « Je ne vous laisserai pas orphelins. Je viendrai vers vous. Encore un peu de temps et le monde ne me verras plus. Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi vous vivrez. Ce jour-là, vous reconnaitrez que je suis en mon Père et vous en moi et moi en vous » Jésus n’a pas dit : Vous me verrez tous ressuscité comme les Douze et les disciples d’Emmaüs… Mais « Vous verrez que je vis », vous verrez que je suis vivant, vous prendrez conscience que je suis vivant et comment ? Car « vous aussi vous vivrez »… C’est donc en reconnaissant un vivre nouveau, une qualité de vie nouvelle, une intensité de vie nouvelle que nous prendrons aussi conscience que le Christ est Ressuscité, vivant de cette même vie… C’est donc très concrètement par notre expérience spirituelle que nous pouvons dire, être sûr, que le Christ est ressuscité…

Mais encore une fois, comment être sûr ? Nous sommes dans la foi nous ne voyons rien avec nos yeux de chair, et nous sommes si lents à croire ! Là encore, c’est une promesse de Jésus qui se réalise jour après jour par le Don de l’Esprit, et cela encore et encore pour que petit à petit nous le reconnaissions vraiment, avec de plus en plus de fermeté, de conviction…

« Celui qui a mes commandements, et qui la garde, c’est celui là qui m’aime et celui qui m’aime serai aimé de mon Père et je l’aimerai et je me manifesterai à lui » (Jn 14, 21)…

« Je me manifesterai à lui » par le Don de l’Esprit Saint, l’Esprit de lumière, qui suscitera en nous un « voir » nouveau, cet Esprit qui est aussi Esprit de vie qui suscitera aussi en nous un vivre nouveau… « voir nouveau », « vivre nouveau ». Vous verrez que je vis, car vous vivrez vous aussi….

C’est l’expérience qu’a vécu St Paul sur le chemin de Damas lorsqu’une lumière venue du ciel l’enveloppe de sa clarté, et une Parole de Dieu vivant l’a interpellé… Et toute sa mission consistera à faire en sorte que nous aussi nous vivons la même expérience : « Voici pourquoi je te suis apparu : pour t’établir serviteur et témoin de la vision dans laquelle tu viens de me voir et de celles où je me montrerai encore à toi. C’est pour cela que je te délivrerai du peuple et des nations païennes vers lesquelles je t’envoie, moi, pour leur ouvrir les yeux afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière, et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiendront par la foi en moi la rémission de leurs péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés » (Ac 26, 16-18).

Et « le salaire du péché, c’est la mort, mais le Don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6, 23). Et pour l’instant cette vie, notre vie reste cachée avec le Christ, en Dieu. Quand paraîtra le Christ votre vie, vous paraîtrez alors vous aussi dans la gloire. (Col 3, 1-4)

Diacre Jacques Fournier




2e dimanche de Pâques – Dimanche de la Divine Miséricorde – par Claude WON FAH HIN

Commentaire d’Evangile du samedi 23/04/2022 et Dimanche 24/042022

 

Actes 5.12–16 ; Apocalypse 1.9–13, 17–19 ;

Jean 20.19–31

Jésus est ressuscité, trois jours après sa mort. Et « le soir, ce même jour, le premier de la semaine » ( c’est-à-dire « dimanche »), onze de ses disciples rassemblés se sont enfermés dans un lieu par peur de la persécution faite par les autorités juives. Disons tout de suite que huit jours après, il y a une nouvelle assemblée. Il est fort probable que ce rassemblement régulier tous les huit jours soit à l’origine de nos rassemblements à la messe chaque samedi ou dimanche. « Les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, Jésus vint au milieu d’eux ». A cause de la résurrection, Jésus peut venir dans une pièce verrouillée. On ne dit pas qu’il traverse les murs ou les cloisons, mais il peut apparaître là où sont ses disciples. Le corps glorifié de Jésus ressuscité est un corps, le même qu’avant sa mort, mais avec un « plus », avec de nouvelles spécificités. Il peut apparaître où il veut, comme il veut et parfois sans même que ses disciples ne puissent le reconnaître. Ainsi, Marie de Magdala, alors qu’elle est à deux pas de Jésus ressuscité, le prend pour un jardinier. Elle ne le reconnait pas d’elle-même. Il a fallu que Jésus se fasse reconnaître pour qu’elle réalise que c’est bien Jésus.

De même, les disciples d’Emmaüs ne le reconnaissent pas alors qu’ils les accompagnent et discutent avec eux. Il a fallu un signe de Jésus, la fraction du pain, pour qu’ils le reconnaissent mais il a déjà disparu. Même aujourd’hui, il est difficile à certains catholiques pratiquants d’affirmer que l’hostie est réellement corps du Christ, alors que Jésus l’affirme lui-même en disant : « ceci est mon corps », pas le symbole de son corps, mais son corps réel vivant. – Voilà donc Jésus au milieu de ses disciples. En premier lieu, Jésus leur montre ses mains et son côté pour bien leur faire comprendre que c’est bien le Jésus mort sur la croix qui est de nouveau avec eux, et qu’il ne s’agit pas d’un fantôme ou d’un esprit comme il est dit en Luc 24,37, car un esprit n’a pas de corps. Jésus est donc bien ressuscité, il a encore les stigmates de la crucifixion. Et la joie éclate parmi les disciples. Rappelons que tous, nous ressusciterons. Peu importe que certains corps restent introuvables, que d’autres ont fini en mer, ou brûlés, tous ressusciteront, mais n’auront pas tous le même destin. – Jésus vient parmi ses disciples pour leur envoyer en mission : « comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». L’envoi en mission est fait par Jésus. De nos jours, dans un diocèse, celui qui envoie en mission, et selon l’importance de la mission, c’est le représentant du Christ, l’évêque ou au niveau de la paroisse, le curé qui envoie en mission. C’est pour cela que les chrétiens ne doivent pas suivre les personnes qui décident d’eux-mêmes, d’aller prêcher le Christ, de faire des enseignements, des prières collectives ou encore des soi-disant exorcismes à leur manière, en dehors de l’Eglise, sous prétexte qu’ils sont des catholiques alors qu’elles n’ont reçu aucune mission de ce genre par l’évêque. C’est comme cela que se crée ce qui va devenir des sectes, à partir de personnes qui se disaient catholiques, mais non envoyées et non reconnues par l’évêque pour telle ou telle mission.

Après, chaque chrétien, dans sa vie quotidienne essaie de mettre en pratique les commandements et les enseignements donnés par Jésus : aimer, pardonner, servir, partager, aider, secourir, évangéliser, baptiser etc…Ce sont des missions du niveau de chaque chrétien sans besoin d’un envoi spécial de l’évêque. Mais de tout cela, nous avons besoin de ce que le Christ nous donne : l’Esprit Saint, sans qui nous ne pouvons rien faire. L’Esprit Saint nous est donné pour toutes sortes de raisons dont la liste pourrait être très longue, mais on peut citer quelques raisons : Il est notre défenseur face à l’Esprit du mal, face à nos contradicteurs, il est l’Esprit de vérité, il nous enseigne toute chose, nous permet de rendre témoignage au Christ, il nous rappelle ce que nous connaissons déjà du Christ, Il est souffle de vie, il nous fait tourner vers le Christ, Il est donné à ceux qui le demandent, Il parle pour nous le moment venu et nous aide à prier comme il faut, Il habite en nous et nous sommes temples de Dieu, il vient au secours de nos faiblesses etc… Le souffle de l’Esprit Saint nous anime en tant qu’envoyés de Dieu et nous associe à son œuvre de salut. Les disciples deviennent en quelque sorte des intimes du Seigneur et tout en étant dans l’imperfection, ils poursuivent la mission divine, ils peuvent le faire car leur autorité vient de Dieu : « donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt14,16) ; « faites ceci en mémoire de moi » (1Co11,24-25) – A ses disciples, Jésus leur dit : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Remettre les péchés, c’est en quelque sorte les effacer ou les enlever. Cela s’adresse surtout à ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre quand nous allons nous confesser, mais cela s’adresse aussi à tout chrétien. Le Pape François nous dit (La joie de l’Évangile – §100) : « A ceux qui sont blessés par d’anciennes divisions il semble difficile d’accepter que nous les exhortions au pardon et à la réconciliation, parce qu’ils pensent que nous ignorons leur souffrance… Par conséquent, cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? Et le Pape ajoute [§101] : « Il faut prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation » à l’exemple du Christ qui, « insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice ».

La prière et la relation constante avec le Christ nous libèrent de toute tentation d’une mauvaise action et libèrent également celui qui nous a irrité et qui finira par s’apercevoir qu’on n’a pas de rancune ou de mauvaise intention envers lui. Dieu continue son œuvre de salut en donnant le pouvoir de pardonner à ses disciples. Le refus de pardonner aura des conséquences même après la mort. Voici ce que nous raconte Maria Simma, une autrichienne décédée en 2004 – qui était soutenue par son curé et trois évêques  – et qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire (P.20 – Derniers témoignages de Maria Simma – Nicky Eltz) :  « Après avoir longuement parlé avec le veuf, il est bientôt devenu très clair que sa femme avait entretenu une animosité avec une autre femme durant une trentaine d’années, alors que cette dernière avait désiré faire la paix entre elles. Ce refus de pardonner lui avait valu les profondeurs du Purgatoire d’où j’avais été incapable de la délivrer ». L’expression  « les profondeurs du Purgatoire », selon Maria Simma, encore appelée « le Grand Purgatoire » selon le Sanctuaire de Montligeon, spécialiste des âmes du Purgatoire, signifie que l’âme de cette personne se trouve dans le « niveau inférieur du Purgatoire », et là, les prières qu’on fait pour ces âmes ne leur sont point appliquées (« Manuscrit du Purgatoire – Sanctuaire de Mont- ligeon – P.49) et où l’âme de la dame devait expier d’abord ses péchés commis (tout le temps qu’il faudra et cela peut prendre des années et des années) avant que nos prières, messes et bonnes actions puissent lui profiter (« Derniers témoignages de Maria Simma » – P.20). Ceci dit, en ce dimanche de la Miséricorde Divine, il est bon de rappeler que Dieu est Miséricordieux non pas jusqu’à la mort mais même après la mort et même jusqu’aux portes de l’enfer. Jésus dit à sœur Faustine (§638) : « …beaucoup d’âmes reviendront des portes de l’Enfer et adoreront ma Miséricorde ». Revenir des portes de l’Enfer signifie que des âmes se dirigent vers l’Enfer, mais parce qu’elles crient vers le Seigneur ou qu’elles l’implorent au tout dernier moment avant d’entrer en Enfer, Dieu peut encore les entendre et les pardonner, et cela tant que ces âmes ne sont pas encore passées définitivement derrière les portes de l’Enfer. Et c’est toute l’histoire de Gloria Polo, chirurgienne dentiste en Colombie et qui avait témoigné à Fatima en Février 2007, où les responsables religieux du lieu ont dû certainement faire des enquêtes avant de donner leur autorisation pour témoigner en public. Lisez le livret « Gloria Polo a frôlé l’enfer » ou bien écoutez son témoignage sur Youtube.- Je vais juste vous donner quelques exemples de la Miséricorde divine. Voici ce que dit Sœur Faustine (§377) : « Dieu m’a promis une grande grâce particulière ainsi qu’à tous ceux qui proclameront la grandeur de Sa Miséricorde. Il les défendra à l’heure de la mort. Lorsqu’un pécheur se tourne vers Sa Miséricorde, même si ses péchés étaient noirs comme la nuit, il Lui rend la plus grande gloire et fait honneur à Sa Passion…Au cours d’une adoration, Jésus m’a promis : « J’agirai, à l’heure de leur mort, selon Mon infinie Miséricorde, envers les âmes qui auront recours à Ma Miséricorde, et envers celle qui la glorifieront et en parleront aux autres ». Un peu plus loin, sœur Faustine raconte (§1697) : « J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine, je supplie Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est toujours victorieuse. La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures ». Maria Simma nous raconte (Derniers témoignages de Maria Simma – P.205-206) qu’un homme est venu la consulter pour savoir où se trouvait l’âme d’une femme. Cette femme avait mené une vie fort misérable, ayant péché sur péché. Maria Simma a demandé à une âme du Purgatoire si elle savait où était son âme. La réponse est que son âme était allée directement au Ciel à sa mort. L’explication est la suivante : La femme avait perdu la vie sous un train. Ce n’était pas un suicide ; elle avait dû trébucher ou glisser et tomber. Au moment de s’apercevoir que sa mort était inévitable, elle dit à Dieu: « C’est très bien que tu me prennes, parce qu’au moins maintenant je ne pourrai plus t’insulter. » Ce simple repentir, ce simple regret a permis à Dieu de tout effacer et elle est montée au Ciel directement sans passer par le Purgatoire.  C’est cela la Miséricorde de Dieu. Cependant, même si la Miséricorde divine est très grande, elle est limitée par le choix de l’être humain. Si celui-ci refuse totalement Dieu, Dieu ne pourra rien faire. De même, inutile de jouer au plus malin avec Dieu en se disant : « je vais mener ma vie comme je l’entends et au dernier moment je vais faire un acte de regret pour avoir la miséricorde de Dieu ». Vous n’aurez peut-être pas le temps d’avoir ce temps de regret. Le Cardinal Walter Kasper (La Miséricorde – P. 107) nous dit : « L’amour de Dieu qui nous a élus et appelés à la vie par pure miséricorde est définitif et ne peut pas s’arrêter simplement à la mort. [Mais] on ne peut pas non plus conseiller d’attendre une « fin heureuse » selon la devise « pas de souci, tout ira bien ». L’amour de Dieu pour nous… appelle l’amour de l’homme pour Dieu. Demandons à Marie la foi en la Miséricorde divine qui nous donne l’assurance d’une vie éternelle au Royaume de Dieu.




2ième Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 20, 19-31)

« Seul ! »

 

Le jour de la Résurrection, Thomas n’était pas là !

Pourquoi ?

Il aurait dû rester avec les autres apôtres, dans la salle haute, pour ’’ruminer’’ sur la mort de Jésus …

Mais non, il ne pouvait pas !

Il préférait être seul … pour se rappeler tout ce qu’il avait fait avec Jésus … Pourquoi il l’avait suivi …

Pour se rappeler tout ce que Jésus avait dit …

Et il en avait dit des choses … qui lui avait mis au baume du cœur … des choses qu’il n’avait pas bien comprises … d’autres qui l’avait surpris … mais il aimait l’écouter …

Pour se rappeler ce que les apôtres avaient vécu avec Jésus … ses gestes prophétiques … ses miracles … et la joie qu’il voyait sur le visage des gens …

Sans Jésus auprès de lui, il se sentait perdu … seul …

Alors, il préférait être seul !

Plus tard, quand Thomas rejoint les autres apôtres, ils lui annoncent la nouvelle : « Nous avons vu le Seigneur ! »

Thomas, en bon galiléen qui a les deux pieds sur terre répond : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

En fait, Thomas ne demande qu’à voir ce que Jésus a donné comme preuve aux autres apôtres : « Il leur montra ses mains et son côté. ». Et même saint Luc est encore plus précis : « Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moiAvez-vous ici quelque chose à manger ? » (Lc 24,39.41) … Thomas n’est pas le seul à avoir du mal à croire …

Alors, une semaine plus tard, quand Thomas est avec les apôtres et que Jésus se rend présent à eux, celui-ci apostrophe Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. ».

Thomas de bouge pas ! Il est hypnotisé ! Et il ne peut que dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ».

Ce qui est l’exacte vérité !

On a souvent considéré Thomas comme un incrédule, c’est même son surnom …

Pourtant, il ne faisait que suivre les recommandations de Jésus : « Prenez garde que personne ne vous égare. Car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi le Christ” ; alors ils égareront bien des gens. » (Mt 24,4-5).

Ne critiquons pas Thomas … car bien souvent nous réagissons comme lui : « Je veux bien te croire, mais donne-moi une preuve de ce que tu avances. » … et c’est normal ! On ne peut pas croire n’importe qui sur ses seules paroles … « Les paroles s’envolent … »

L’important, c’est ce que Jésus dit à la fin : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Cela nous concerne … Encore faut-il que nous croyons vraiment !

Une dernière chose : Jésus a montré ses blessures … et c’est ce qui a permis aux apôtres de le re-connaître … puis à Thomas …

Nous, nous connaissons les blessures de Jésus par les évangiles, Paroles de Dieu … blessures données par les hommes …

Mais nous, … est-ce que nous montrons nos blessures à Dieu ?

Blessures d’amour propre … blessures de la vie … blessures d’amour … ?

Mettre nos blessures devant Dieu demande une certaine humilité … ce que Demande Jésus : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mt 20,26).

Certains diront : « Ce n’est pas la peine de les lui dire, il connaît tout ! ».

Oui, mais c’est quand même mieux de les lui dire. Cela permet que Dieu, Jésus, et nous, nous nous re-connaissions mutuellement. Comme les apôtres avec Jésus.

On peut le faire dans notre prière personnelle … mais aussi, et surtout, dans le sacrement de la réconciliation, nos blessures étant souvent la cause ou la conséquence de nos péchés …

Laisser voir nos blessures est toujours une manière de nous rapprocher de Dieu … et des autres.

Seigneur Jésus,

Malgré trois avertissements,

les apôtres n’arrivaient pas

à te reconnaître comme ressuscité.

Alors tu as montré tes blessures,

ce que ne font pas les humains,

par pudeur, par honte !

Alors seulement ils t’ont reconnu.

Fais que nous puissions te montrer nos blessures,

pour que nous nous re-connaissions.

                                                                                    Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Pâques C 2°




2ième Dimanche de Pâques – Dimanche de la Miséricorde par le Diacre Jacques FOURNIER

 « Vivre du Ressuscité »

(Jn 20,19-31)  

 

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

          

                   Cette manifestation du Ressuscité s’adresse ici à tous les disciples, c’est-à-dire à toute l’Eglise, et donc à travers eux, à chacun d’entre nous…

            Jésus accomplit ici ses promesses… Il avait dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai vers vous »… Ici, « Jésus vint »… Il avait encore dit : « D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus. Mais vous, vous verrez que je vis et vous aussi, vous vivrez » (Jn 14,18-23). Ici, « il leur montra ses mains et son côté », une expérience fondatrice qui lancera l’Eglise sur les chemins de la mission universelle. Mais si nous, nous ne les avons pas vus, nous sommes par contre tous appelés à vivre nous aussi une rencontre avec le Ressuscité. Comment cela se fera-t-il ? A nouveau par l’accomplissement de sa promesse qu’il mettra lui-même en œuvre : « Vous aussi, vous vivrez »… C’est donc en vivant cette Vie nouvelle, en l’expérimentant dans la foi, que nous prendrons conscience que le Christ est Vivant de la même vie… Et sans l’avoir vu, nous pourrons dire : « Il est ressuscité. »

            Cette vie nouvelle en nous sera le fruit de l’accueil par notre foi de l’Esprit Saint, le Souffle créateur et vivifiant de Dieu par lequel nous avons tous été créés : « Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Dieu ayant de toute éternité « Souffle de vie » nous a donc tous créés en nous donnant à notre tour d’avoir un souffle de vie. Or l’image du Souffle de Dieu dans la Bible renvoie à l’Esprit Saint, ce que Dieu est en Lui-même (« Dieu Est Esprit » (Jn 4,24)), ce qui le constitue de toute éternité, ce qui fait de Lui l’éternel Vivant… Tout homme, par le simple fait qu’il est ce qu’il est, participe donc à l’Esprit de Dieu, à son Être et à sa vie, une réalité qui est à l’origine même du mystère de sa vie…

            Le Christ Ressuscité reprend ici ce geste créateur : « Il répandit sur eux son souffle et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint » ». Avec lui et par lui, le projet de Dieu s’accomplit donc pleinement : l’homme déjà « esprit », déjà participant à ce que Dieu Est de toute éternité, voit cette dimension spirituelle qui le constitue déjà se déployer jusqu’à participer à la Plénitude même de Dieu, Plénitude d’Être et de Vie. Telle est la vocation de tout homme sur cette terre. « Vous vous trouvez en Lui associés à sa Plénitude », et « par votre plénitude, vous entrerez dans toute la Plénitude de Dieu ». « Cherchez donc dans l’Esprit votre Plénitude » (Col 2,10 ; Ep 3,19 ; 5,18). Quelle aventure ! Quelle espérance !    DJF




2ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Thomas

Jn 20, 19-31

Un apôtre incroyant ! Telle est l’histoire de Thomas que nous venons d’écouter à l’instant ! Il ne voulait pas croire ! Il refuse la Résurrection, alors que tous les autres lui assurent le contraire.

Il s’appelait Thomas, ce qui veut dire « Jumeau » !

Ne nous ressemblerait-il pas, ce Thomas, comme un jumeau ?

Oh !  Ce n’est pas le courage qui lui manque : quand Jésus veut monter à Jérusalem pour le sacrifice final, au risque d’être lapidé, c’est Thomas, généreux, qui a entraîné les autres apôtres qui hésitaient :

« Allons-y, nous aussi et nous mourrons avec lui ».

Thomas, prêt à mourir martyr (et de fait, il mourra martyr) mais Thomas qui refuse de croire, qui veut des preuves matérielles, Thomas, l’esprit fort, à qui on ne la fait pas !

Thomas qui refuse de se laisser prendre dans un engouement, dans une psychose collective !

Et notre sympathie va immédiatement à lui. Ne sommes-nous pas, à notre époque, terriblement rationnels, refusant, à priori, tout ce qui est impossible de démontrer et de démonter soit avec nos mains ou  notre  esprit,  fils  du  philosophe  français « Descartes » ? Nous refusons tout ce qui ne s’enchaîne pas de façon rigoureuse, tout ce qui aurait une origine dont nous ne contrôlons pas la véracité, comme si nous étions déjà dans un monde de connaissance désormais établi et clos. Alors que chaque jour, de nouvelles théories se lancent, de nouvelles hypothèses s’établissent, de nouveaux mondes mentaux s’échafaudent : Thomas, lui, a besoin pour croire qu’on lui explique et c’est son côté sympathique.

Est-ce-que nous ne sommes pas de son côté ? « Expliquer », en latin, cela veut dire « Déplier ». Déplier ce qui est caché et  c’est vrai que les mystères de la foi doivent être expliqués, déployés et maintenant, à notre époque, plus que jamais.

La Foi ne fera jamais l’économie de la réflexion, de la critique, de l’examen. La foi du charbonnier, à notre époque, est périmée : elle doit déplier « les mystères », car ne l’oublions pas, un mystère n’est pas un mur au pied duquel on s’assoit parce qu’il est trop haut pour le franchir ; c’est plutôt une forêt immense qu’on n’a jamais fini d’explorer, un grand pays que l’on découvre tous les jours un peu plus.

Comment l’homme pourrait-il faire autrement en face de la grandeur et de la réalité divine !

Le mystère, c’est ce qu’on n’a jamais fini de comprendre, tellement c’est riche ! Ou si vous voulez, que l’on comprend toujours un peu mieux.

Que diriez-vous d’un laboratoire où, un jour, les ingénieurs iraient à la pêche à la ligne, en déclarant :

« Maintenant, on a tout compris, nous avons fait le tour de la question ; ce n’est pas la peine de chercher, il n’y a plus rien à trouver ? »

Même le monde naturel est tellement plein de mystères que les laboratoires de l’infiniment grand ou de l’infiniment petit seront éternellement en chantier pour de nouvelles recherches de l’homme ! Que dire alors du monde surnaturel qui nous échappe encore bien plus et dont nous ne savons pas grand-chose, sinon par ce que nous en a dit Jésus-Christ dans l’Evangile !

En ce sens, croyants et savants ne sont pas opposables, mais bien plutôt comparables parce que ce sont des chercheurs qui ne se contentent pas des découvertes acquises, mais qui, sans cesse, continuent leur recherche pour saisir et appréhender des réalités nouvelles, qu’elles soient naturelles ou surnaturelles. C’est bien pour cette raison que Thomas nous est sympathique.

Thomas donc questionne, tout comme chaque chrétien doit questionner souvent sa foi. Ainsi, la veille de mourir, Jésus dit :

« Du lieu où je vais, vous connaissez le chemin ».

Thomas proteste :

« Seigneur, nous ne savons pas où tu vas, comment pourrions-nous connaître le chemin ? » Enfin, voilà un réaliste ! Et du coup, Philippe ose dire tout haut ce que les autres pensent tout bas :

« Montre-nous le Père, et cela nous suffit! »

Thomas avait aussi besoin de toucher pour croire, et Jésus, à cause de cela, s’est volontiers laissé toucher :

« Avance ton doigt ; mets ta main ici, là, dans mon côté, ne sois pas incrédule, mais croyant ».

Aujourd‘hui encore, parce que nous sommes crédules, parce que nous ne nous fions qu’à notre sensibilité, aux choses concrètes, aux formes visibles, Jésus donne le signe du pain, nous donne son corps à toucher, l’eau du Baptême, l’huile du Sacrement des Malades, l’Onction de la Confirmation et de l’Ordination et nous réentendons ses paroles par la bouche du prêtre :

« Ceci est mon Corps – ceci est mon Sang, faites ceci en mémoire de moi ».

Chaque fois que nous adorons ou communions, de huit jours en huit jours, selon le rythme des apparitions de Jésus, nous aussi, comme  Thomas, nous touchons  réellement  le Corps crucifié et glorieux de Jésus et à ce moment-là, Dieu et notre communauté ne forment plus qu’un seul Corps : « Ils ne seront plus deux, mais une seule chair » ; unité de Dieu et des hommes qu’il fait vivre : ce qu’on appelle « l’Eglise ».

C’est alors qu’un second signe est donné après celui de l’Eucharistie : le signe de l’Eglise. L’Eglise, Corps mystique du Christ est aussi, aujourd’hui, offerte aux hommes pour qu’ils touchent Jésus, voient son œuvre et reçoivent sa foi, par nous des chrétiens qui devenons, à notre tour, les signes de Dieu.

« De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ».

C’est aussi par nous et à cause de nous, en nous voyant vivre, en constatant et comprenant notre foi, que des milliers de Thomas, autour de nous, qui nous entourent, pourront, eux aussi, accéder à la foi.

Les autres disciples disaient: « Nous avons vu le Seigneur ». En plus de l’action du Seigneur sur le cœur de Thomas, il faut nous aussi, le témoignage de l’Eglise, cette Eglise qu’on peut voir, toucher, voir vivre et témoigner.

Nous sommes, à notre époque, les signes, les témoins, le Corps du Christ à voir et à toucher pour les centaines de Thomas qui nous entourent et qui, en fin de compte, ne demandent qu’à croire, lorsqu’ils auront vu vivre une Famille faite d’enfants de Dieu, fraternelle et vivante, selon l’Evangile.

Beaucoup d’incroyants, surtout parmi les jeunes, disent :

« Je crois en Jésus-Christ, mais pas en l’Eglise », parce qu’ils ne se sont pas rendus compte que l’Eglise c’était justement le Corps de Jésus maintenant et que ce Corps ne correspondait pas assez  à son esprit, à celui de son Evangile : que par l’Eglise, ils puissent, eux aussi, voir et toucher le Christ à travers nous, à travers nos assemblées dominicales.

C’est l’honneur et la raison d’être de nos églises locales que de pouvoir dire aux autres, à notre tour : «  Viens, avance et vois ». Parce que s’ils ont quelques chances de rencontrer Jésus, c’est, comme pour les apôtres, au milieu de nous :

« Et il était là, au milieu d’eux ».

Voilà pourquoi il faut absolument se rassembler le dimanche :

« Comme ils étaient réunis, Jésus était là au milieu d’eux. Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient réunis de nouveau dans la maison, Thomas en plus : Jésus vient alors que les portes étaient fermées et il était là au milieu d’eux ».

Chaque dimanche, c’est l’Evangile d’aujourd’hui qui se répète : Jésus se tient au milieu de nous :

– il nous donne et redonne sa paix,

– il nous remplit de joie,

 – il souffle sur nous comme lors de la première création,

– il nous donne son Esprit Saint et Thomas est là aussi, qui se met à croire, pas seulement à cause de Jésus seul, mais à cause de toute la communauté des apôtres réunis autour de lui.

Alors, notre foi ne devient plus une confiance aveugle,

elle nous situe au niveau de la plénitude de la communication et de l’amour. AMEN