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Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN (Jn 20, 1-9)

« Jésus est ressuscité ! »

 Jour de Pâques, … jour de la Résurrection … Jésus est ressuscité !

Il y a environ deux mille ans … C’est vieux …

Mais on ne dit pas : « Jésus a ressuscité ! il y a deux mille ans. »

Ce serait alors un événement passé, vieux … mais qui n’aurait plus de répercussion sur nos vies actuellement. Un événement fini ! Mort ! (si on peut le dire ainsi …), comme on dirait : « César a envahi la Gaule en 50 avant Jésus-Christ. ».

NON.

On dit bien : « Jésus est ressuscité ! » … et il est toujours ressuscité, pour tout le temps… et il est vivant … chaque jour, sans arrêt …

Où est-il ?

Il « est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père … », comme on l’affirme dans le credo … mais étant Dieu, il est partout !

Dans le ciel avec ceux qui sont auprès de son Père …

Sur la terre, dans notre cœur, … et dans le cœur des autres : ceux que j’aime, et ceux que j’ai du mal à aimer … ou que je n’aime pas du tout !

« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28,20).

Il est aussi dans le cœur des soldats russes, et dans celui des Ukrainiens, ceux qui combattent, ceux qui ont fui, et ceux qui sont restés … dont quasiment tous les prêtres, les religieux et les religieuses, quel que soit leur Église d’appartenance … et qui célèbrent Pâques aujourd’hui ou dimanche prochain …

Mais sommes-nous vraiment conscients que Jésus est présent en nous, qu’il est vivant en chacun de nous ?

Oh ! En théorie, oui, bien sûr ! … mais pratiquement … ?

Car il faut bien le dire, nos cœurs sont bien souvent obscurcis … et nous avons du mal à voir Dieu en nous … même juste après avoir communié … et il est rare que nous voyons Dieu dans les autres …

« Ouvre nos yeux, Seigneur aux merveilles de ton amour », l’amour inconditionnel que tu as pour nous … et pour les autres…

Nous ne sommes pas les seuls à ne pas reconnaître Dieu … même les disciples de Jésus ne l’ont pas reconnu …

Et pourtant il leur avait annoncé sa résurrection par trois fois …

Marie-Madeleine, en entrant dans le tombeau vide, ne comprend pas : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau … », et, ensuite, elle ne reconnaît pas Jésus ressuscité … elle le prend pour un jardinier …

Dans l’évangile de ce jour, Pierre entre dans le tombeau … mais ne comprend pas ce qui s’est passé … Seul Jean, en entrant, a compris tout de suite : « Il vit, et il crut (…) [qu’] il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.». C’est sans doute l’amour qu’il avait pour Jésus qui le lui a fait comprendre …

Les disciples d’Emmaüs aussi : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » ; « ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. » ; Et de retour à Jérusalem, avec les apôtres : « Ils croyaient voir un esprit. (…) Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! » (Lc 24,18.30-31.37.39).

Un peu plus tard, au bord du lac de Tibériade : « Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui. ». Ils ne l’avaient pas reconnu ! Ce n’est qu’après la pêche miraculeuse que Jean, encore lui, s’écria : « C’est le Seigneur ! » (Jn 21,7)

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » disait le renard au Petit Prince (Antoine de Saint Exupéry).

Mais avec un cœur qui aime … et non pas un cœur de pierre …

Ne nous trompons pas de participe !

Dans notre manière de voir Jésus, passons de « a ressuscité. » à « est ressuscité ». Jésus Christ est ressuscité, vraiment ressuscité … et il est vivant au milieu de nous

Que nos yeux et notre cœur s’ouvrent à sa présence !

Seigneur Jésus,

Tu es ressuscité, nous le savons bien,

mais dans notre manière de te voir,

en nous ou chez les autres,

nous nous comportons souvent

comme si tu avais ressuscité,

comme si c’était un événement passé

qui n’a plus d’existence maintenant,

qui ne nous concerne plus !

Change nos cœurs, Seigneur,

Mets en eux TON amour !

 

                                                                                   Francis Cousin

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Pâques C 1°




Vendredi Saint par P. Claude Tassin

Isaïe 52, 13 — 53, 12 (« C’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé »)

Le Quatrième Chant du Serviteur ouvre la célébration de la Passion. Ce texte difficile a fortement inspiré les auteurs du Nouveau Testament et nous le lisons pour cette raison. Ainsi «l’agneau conduit à l’abattoir» évoquait pour Jean Jésus, Agneau de Dieu.

La première figure du Serviteur

Selon une interprétation possible, le Serviteur représente à l’origine un groupe d’Israélites exilés à Babylone au 6° siècle avant notre ère et qui porte sur lui le poids du châtiment divin, alors que d’autres Israélites, non exilés, restés au pays, étaient tout aussi coupables. Mais, dans l’humiliation et la fidélité des déportés envers lui, Dieu voit un sacrifice volontaire qui a valeur d’absolution pour l’ensemble du peuple pécheur.

À travers ce personnage, le plus mystérieux de l’Ancien Testament se profile à la fois, au long des siècles, tous ceux dont la souffrance semble absurde et tous ceux qui donnent leur vie pour que d’autres vivent.

Gage d’avenir

Il y aura un avenir, une résurrection, une postérité du Serviteur, et le monde entier en sera témoin. «Le Serviteur justifiera les multitudes» : à cause de son sacrifice, Dieu tirera un trait sur le péché et, en vue d’un nouveau départ, il considérera son peuple comme juste. Ajoutons que le texte fait alterner des discours de Dieu («mon Serviteur») et d’autres, tenus par les Juifs ou par les nations, témoins de la destinée du Serviteur.

Le Serviteur et le Christ

En sa Passion, Jésus accomplit la figure du *Serviteur. «Mort pour nos péchés», il assume le sort de ceux «qui paient pour les autres» et leur apportent ainsi de nouvelles chances de vivre.

* Le Serviteur. Comme le Serviteur, Jésus «s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort» (dimanche des Rameaux, 2e lecture). Signalons le credo transmis en 1 Corinthiens 15, 3-5. Il proclame que «le Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Écritures» ; dans l’expression «conformément aux Écritures», il s’agit d’un renvoi à notre poème, comme aussi lorsque Matthieu 26, 28 évoque, pour la coupe eucharistique, le sang «répandu pour la multitude en rémission des péchés».

 

Psaume 30 (« En tes mains je remets mon esprit »)

Ce psaume est retenu par la liturgie du vendredi saint en raison de la dernière parole que Luc attribue au Crucifié : «Père, entre tes mains je remets mon esprit» (voir le problème ci-dessus, dimanche des Rameaux). Dans le monde juif ancien et sa culture orale, lorsqu’on cite un psaume, l’auditeur songe à l’ensemble du poème. Ainsi, Luc a perçu dans ce psaume le «climat» de la Passion du Seigneur : l’humiliation, la risée de la foule, les adversaires, les amis faux (Judas ?), les calomnies, le rejet («on m’ignore»). Bref, l’exécution de Jésus n’est qu’un fait divers, parmi tant d’autres.

On ne saura jamais qui a écrit ce psaume et dans quelles tragiques circonstances. Mais les oreilles chrétiennes du poème entendent la voix de Jésus. On entend l’espérance de sa résurrection («Sauve-moi par ton amour»). On entend, adressé à nous, le partage de son espérance : «Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur.» C’est quoi «la résurrection», terme aujourd’hui galvaudé ? Le Seigneur Jésus nous le dira quand nous le rejoindrons, quand l’histoire humaine et cosmique le rejoindra.

Bof ?

 

Hébreux 4, 14-16 ; 5, 7-9 (Jésus, le grand prêtre, cause de notre salut)

L’auteur de la Lettre aux Hébreux présente Jésus comme étant aujourd’hui notre grand prêtre, par *le sacrifice de la croix. Du pontife, les Juifs attendaient qu’il présente à Dieu leurs offrandes de manière irréprochable et qu’il leur obtienne ainsi la miséricorde et la grâce de Dieu. Mais, dans le Temple terrestre, le grand prêtre ne rencontrait pas Dieu face à face, tandis que Jésus «a traversé les cieux», dans le Temple véritable où Dieu réside. Et pourtant, il n’est pas devenu pour autant un étranger lointain : le vendredi saint nous rappelle qu’il a connu nos épreuves, sans céder au péché. Alors «tenons ferme», «avançons-nous avec assurance» et ne cherchons pas à atteindre Dieu autrement que par Jésus.

Après l’exhortation, l’auteur expose l’excellence de la médiation du Christ. «Pendant les jours de sa vie dans la chair», celui-ci a offert à Dieu sa prière instante et sa totale obéissance, comme dans la scène du jardin des Oliviers. Il a été paradoxalement exaucé, comme le montre sa résurrection, en cela qu’il a pu unir sa volonté au seul vouloir du Père. Il a ainsi accepté les souffrances de sa Passion et assumé une totale solidarité avec l’humanité mortelle. Ayant traversé la mort, il est désormais l’exemple et le guide parfait pour ceux qui comprennent le sens de son sacrifice et qui, avec lui, mettent leur confiance en Dieu.

* Le sacrifice de la croix. Sur l’arrière-fond du culte juif ancien, les chrétiens voient dans la mort de Jésus un sacrifice, et même, grâce à l’auteur anonyme de la Lettre aux Hébreux, le sacrifice unique et parfait. Offrir un sacrifice à Dieu, c’est s’offrir soi-même à Dieu, totalement : ce qu’on offre matériellement est le signe de l’offrande de soi-même. Mais cette offrande totale serait, portée à l’extrême, un suicide. C’est pourquoi, en manière de signe, on immolait des animaux. Seul Jésus, mort et ressuscité par Dieu, a pu réaliser parfaitement ce que signifie un sacrifice. Dès avant la ruine du Temple de Jérusalem, certains cercles juifs avaient mis ceci en avant : le seul sacrifice que Dieu attend de nous, c’est notre fidélité de chaque instant à sa volonté (comparer Romains 12, 1-2).

 

Jean 18, 1 – 19, 42 (La Passion du Seigneur)

La Passion du Seigneur selon Jean tient son éclat des symboles parsemés au long du texte. La ligne directrice est celle-ci : la Passion constitue le couronnement de la royauté du Christ, l’intronisation de celui-ci. Par le don total de lui-même, Jésus propose l’amour de Dieu sans limites comme seule Vérité, vérité de la nature de Dieu, vérité du sens de l’histoire du monde, comme un programme de règne offert à notre accueil. L’ensemble progresse en cinq lieux, la séquence centrale étant le dialogue de Jésus avec Pilate.

Au Jardin

Le jardin n’est pas nommé. La Passion commence dans un jardin et s’achèvera dans le jardin de l’ensevelissement. Nulle scène d’agonie, à la différence des autres évangiles (elle a été anticipée en Jean 12, 27-28), mais l’affrontement entre Jésus, lumière du monde, et le parti des ténèbres, muni de lanternes, conduit par Judas.

À dessein, saint Jean travestit l’histoire. Non ! les pharisiens n’ont pas trempé dans l’arrestatiton de Jésus. Ils s’opposaient vivement à lui sur le plan «doctrinal», mais n’en voulaient pas à sa vie. L’évangéliste veut simplement montrer que toutes les puissances du monde, politiques et religieuses se sonr liguées contre le Christ.

Jésus mène l’action : «Qui cherchez-vous ?» – «C’est moi», ou plus littéralement : «Je Suis», le nom par lequel Dieu se révéla à Moïse (Exode 3, 14). À cette révélation, les ennemis de Jésus s’effondrent. C’est Jésus, «sachant tout ce qui allait lui arriver», qui semble décider de son arrestation. On songe de nouveau à l’expression de la prière eucharistique n° 2 : «Au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa Passion…»

Chez Anne, le grand prêtre

Une opposition se dessine entre Jésus, qui proclame hautement son identité devant le grand prêtre, représentant d’Israël, et Pierre qui renie son maître. Au centre de la scène, une simple gifle signe la rupture.

Chez Pilate

Selon «l’ironie» de saint Jean, les Juifs en viennent à renier le Roi Messie : «nous n’avons pas d’autre roi que César.» Les entrées et sorties de Pilate divisent l’épisode en sept séquences. Dans la quatrième, centrale, selon la même ironie, Jésus est affublé des insignes du roi et salué comme tel. L’auteur donne l’impression que Jésus porte cet accoutrement jusque sur la croix. La septième séquence est décisive : Pilate *assied publiquement Jésus en juge et roi de son peuple («Voici l’homme» = le Fils de l’homme) qui le repousse.

Au Golgotha

Jean exprime, en un véritable feu d’artifice, la totalité du mystère de Pâques : l’inscription de la croix en trois langues souligne l’universalité du règne de Jésus ; la tunique non déchirée annonce l’unité des croyants ; dans la personne de Marie, «la Femme», Jésus confie aux disciples, spécialement au «disciple que Jésus aimait», auteur de cet évangile dit «de Jean», le nouveau peuple de Dieu. Dans la mort de Jésus, «tout est accompli» de son amour : déjà Jésus «remet (ou «transmet» l’Esprit» (la majuscule s’impose dans la théologie de Jean) aux témoins croyants. Tel le rocher frappé par Moïse (Nombres 20, 9-11), le soldat «frappe le côté du Christ» : il en jaillit l’eau vive de l’Esprit (cf. Jean 7, 38-39), don lié maintenant au sang versé par le Christ.

Au Jardin

Le récit s’achève dans un autre jardin, celui de l’ensevelissement car les rois d’Israël étaient ensevelis dans un jardin (cf. 2 Rois 21, 18). Les quelque trente kilos d’aromates apportés par Joseph l’emportent sur les funérailles de n’importe quel souverain. Jésus est entouré avec honneur de notables juifs qui se posent enfin en vrais disciples : l’histoire de la mission chrétienne commence déjà. Au terme du récit de la Passion, nous revenons à cette question essentielle : à qui donnons-nous le droit de régner sur nos vies ?

* Il le fit asseoir. Selon la subtilité caractéristique de Jean, le verbe grec est ambigu : «Pilate fit amener Jésus dehors et s’assit (ou le fit asseoir) au lieu appelé le Dallage, en hébreu Gabbata » (19, 13). Certes, c’est Pilate qui s’assied pour prononcer la sentence. Mais la vérité profonde, c’est que nous devons contempler en Jésus le juge et le roi de l’humanité.

 




Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Le grand passage

 Oui, c’est Pâques ! Vous qui êtes ici ce matin, vous le savez et en plus vous savez ce que c’est ! Mais dans le grand public qui sait ce qu’est Pâques ?

« C’est le jour où l’on fait ses pâques », m’a répondu ce petit futé.

« Un jour de fête où l’on sort une jolie robe à la mode », m’a répondu une jeune fille.

« Ce sont les petites vacances avant les grandes vacances », m’a répondu un écolier.

« La fin du Carême », m’a répondu quelqu’un qui ne connaissait du Carême que la « mi-carême ».

« La fin de la période cyclonique », m’a dit un autre (ce n’est pas si sûr que ça).

Eh oui, on avance dans la vie, accaparé par ses soucis quotidiens : le jardin à nettoyer, la belote du soir, la visite à rendre, l’enterrement à suivre, le déjeuner à cuire, la lessive à étendre, des courses à faire. On court à son travail, à ses plaisirs, à ses devoirs.

A-t-on le temps de lever la tête ? De voir un peu plus loin, un peu plus large ? Et la vie passe, lentement mais sûrement comme le grand fleuve pas toujours tranquille. Mais un jour, on s’aperçoit que les rives ont changé, que les horizons ne sont plus les mêmes, que le jour baisse et que dans le ciel passent des nuages lourds.

Est-il temps encore de s’arrêter,  de songer à sa situation, au sens de sa vie, à ce vers quoi Dieu nous appelle depuis si longtemps déjà ? Oui, c’est vrai, nous passons.

 

Mais, le mystère pascal, cette pâque de l’Ancienne et Nouvelle  Alliance, qu’est- il  au  juste, sinon  un  passage ? Passage de la mort à la vie ! Hier, nous avons contemplé Jésus, mort sur la croix, exsangue, le cœur percé par la lance du soldat, scellé dans son tombeau et devant : les gardes vigilants ! Mais cette nuit-là, il sort, il est vivant, il apparait aux disciples et aux apôtres traumatisés qui osent à peine y croire. Il les lance à la conquête du monde et voici, depuis ce moment, un immense courant de joie qui passe, l’univers devient frémissant d’une espérance énorme.

L’histoire change de sens et depuis 2 000 ans, les cœurs ne cessent de tressaillir. Oui, Pâques : c’est pour nous le mystère du passage, de notre passage. De toute façon, nous venons de le constater : nous passons.

Oui, c’est vrai, mais par quel itinéraire ?

Nous avons tous besoin de changer, vous l’avez encore éprouvé lors de votre dernière confession.

Nous avons tous besoin de passer de l’égoïsme à l’amour, du péché à la sainteté, de la nuit à la lumière, de la haine à la bonté, de la colère à la patience, de l’orgueil à l’humilité et cela nous ne le ferons pas tout seuls : nous en sommes bien incapables, si nous ne recourons pas à une autre énergie que la nôtre, à une autre force que la nôtre.

Nous savons bien notre faiblesse : c’est toujours dans les mêmes fautes que nous retombons, c’est toujours les mêmes aussi, que nous accusons et c’est normal : tous nous sommes faibles et pécheurs et pour sortir, pas seulement de notre péché, mais, même de notre routine, nous avons besoin d’un passeur.

Ce passeur, c’est celui qui, à notre tête, a déjà, lui, effectué le parcours : Jésus-Christ, passeur de la mort, ne se contente pas, à Pâques, de passer de la mort à la vie, il nous fait passer, tous, à sa suite, par cette même mort pour aller vers sa vie qui doit être la nôtre. Pâques :

– C’est Jésus-Christ, debout, vivant, marchant devant nous et nous indiquant le chemin.

– C’est le bon Pasteur qui indique la voie.

– C’est la Vérité.

– C’est la vraie Vie et définitive !

N’a-t-il pas dit : « “ Je suis la voie, la vérité, la vie ” ».

Pas pour lui, pour nous.

            C’est l’assurance que tout est vrai de ce qu’il a dit, que nous n’avons plus qu’à prendre le route derrière lui, et que, à l’heure qui approche, nous aussi, nous ressusciterons avec lui, puisque, cette vie-là, celle du Christ, elle est déjà là, présente, agissante en nous depuis notre Baptême. Nous sommes déjà ressuscités et nous attendons ce passage de la mort du péché, à la vie épanouie et définitive dans l’intimité de Dieu.

Voilà pourquoi, avant tout et c’est la priorité absolue de notre vie, il faut nous attacher à Jésus-Christ. Un grand savant Jaspers disait : « Plus je vais de la philosophie à la théologie, du droit à l’histoire, de la psychologie aux sciences humaines, plus j’ai envie d’ouvrir simplement  « mon évangile », et  plus les faits qui y sont relatés, plus les paroles qui y sont dites me parlent chaque jour et plus je me sens concerné par eux ».

Voilà le centre, le noyau de notre foi ; nous n’avons plus qu’une chose à savoir : le Christ est ressuscité et il nous entraîne tous vers lui, pour vivre de sa Résurrection, « notre grand passage ».  AMEN




Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 20, 1-9)

 « Christ est Ressuscité ! » 

(Jean 20, 1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

 

Jésus fut crucifié « le jour de la Préparation » de la fête de Pâque, c’est-à-dire la veille. Or cette fête tombait cette année-là un jour de Sabbat, un samedi. Jésus mourut donc un vendredi après-midi. Mais « comme c’était la Préparation, les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat – car ce sabbat était un grand jour -, demandèrent à Pilate qu’on leur brisât les jambes et qu’on les enlevât » (Jn 19,31). Mais lorsque les soldats arrivèrent, ils virent que Jésus était déjà mort. Pour s’en assurer, l’un d’entre eux « de sa lance, lui perça le côté, et il sortit aussitôt du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage – son témoignage est véritable, et celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez ».

            Jésus vient de mourir, et pourtant, St Jean, « le disciple que Jésus aimait », sait déjà reconnaître dans sa mort une promesse de vie. Comme tous ceux et celles qui étaient présents ce jour-là, il voit « le sang et l’eau » couler du cœur ouvert de Jésus… Mais il ne s’arrête pas au visible… Il en perçoit aussitôt la signification spirituelle. Si l’eau lave et purifie, elle est, en effet, indispensable à la vie. Et dans la culture biblique, « la vie de la chair est dans le sang », « la vie de toute chair, c’est son sang » (Lv 17,11.14). Le cœur de chair de Jésus était rempli de sang ; une fois transpercé, tout ce sang s’est répandu sur la terre. De même, le cœur spirituel de Jésus, le Fils Unique, est rempli de cette vie spirituelle qu’il reçoit du Père de toute éternité (Jn 5,26 ; 6,57). Or, « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). C’est ce que Jésus vient de vivre sur la croix. Il a tout donné, tout son sang, toute sa vie… Il nous a donné par son offrande cette vie spirituelle qu’il reçoit du Père par « l’Esprit qui vivifie », « l’Eau Vive » de l’Esprit qui donne la vie (Jn 4,1-14 ; 7,37-39) …

            Le lendemain du Sabbat, pour nous, dimanche matin, Marie Madeleine va au tombeau pour s’occuper du corps de Jésus qui avait été déposé là en toute hâte vendredi en fin de journée… Mais « la pierre a été enlevée »… et « on a enlevé le Seigneur de son tombeau », dit-elle à Pierre et à Jean. Les deux courent… Pierre entre, « regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place ». Aucune réaction de sa part ne nous est transmise. Il voit la réalité visible mais semble s’arrêter là, perplexe… Jean, lui, entre, et voit ce que Pierre a déjà vu mais comme pour « le sang et l’eau » coulant du cœur ouvert de Jésus, il perçoit aussitôt le sens spirituel de ce qui s’offre à ses yeux : « Il vit et il crut »… Le regard d’amour qu’il porte sur les réalités terrestres lui permet d’aller au-delà : alors même qu’il ne voit rien de plus que Pierre, il sait déjà que le Christ est Ressuscité, et que sa Présence, invisible aux yeux de chair, habite dorénavant notre histoire jusqu’à la fin des temps : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Il est « avec nous » « pour nous », pour nous pardonner, pour enlever notre péché, pour nous guérir spirituellement et nous faire sortir des ténèbres, pour nous communiquer la Lumière et la Vie du Père, pour nous donner de participer dès maintenant, dans la foi et par notre foi, à sa victoire sur le mal, la haine, la mort…

            « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! -, avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2,4-6)…

Jacques Fournier




Jeudi Saint par P. Claude Tassin (Messe du soir)

Exode 12, 1-8.11-14 (Prescriptions concernant le repas pascal)

Au seuil des trois jours célébrant la Pâque de Jésus, la première lecture rappelle l’institution de la Pâque d’Israël. C’est la première pâque, en lien étroit avec la libération d’Égypte, puisque l’auteur sacerdotal de la Bible la situe entre l’annonce du dernier fléau, la mort des premiers-nés égyptiens, et son accomplissement. Mais c’est aussi la mise en place des rites à accomplir à chaque génération comme le mémorial de la libération : chacun se rendra présent par la mémoire à l’antique événement en sorte d’obtenir d’un Dieu toujours à l’œuvre les grâces de *liberté.

Les Azymes étaient, à l’origine, la fête printanière des cultivateurs, et la Pâque celle des nomades. La Bible joint les deux festivités terriennes. Désormais on célébrera moins le cycle des saisons que l’intervention décisive de Dieu dans l’histoire : les rites traduiront la hâte de la libération (cf. Exode 12, 34) et le mot Pâque est compris comme le passage de Dieu qui épargne, saute par-dessus les maisons marquées du sang de l’agneau. Au matin de Pâques, nous rappellerons que le salut nous vient d’un autre sang, celui du Christ, versé par amour pour nous (cf. 2 Co 5, 8). Notons enfin, dans les préparatifs de la fête, le caractère familial de la pâque juive (cf. aussi Exode 12, 26).

* Liberté. « En toute génération, c’est une dette pour l’homme de se voir comme si lui-même était sorti d’Égypte. Car il est dit : « Et tu raconteras à ton fils, en ce jour-là, disant : En vue de tout ceci le Seigneur agit pour moi, quand je sortis d’Égypte. » Non point nos pères seulement, il les sauva, mais nous-mêmes, en eux, il nous sauva » (Rituel du repas pascal juif).

 

Psaume 115 (« La coupe du salut »)

Voici un psaume «d’action de grâce» (en hébreu un tôdâh ; en grec une eucharistia). Dans ce passage assigné à la liturgie du jeudi saint, nous reconnaissons les caractéristiques de ce genre de prière. Au milieu des siens, de «tout son peuple»), le poète, délivré de son épreuve, libéré des chaînes de la mort, partage une coupe de fête ; il l’appelle «coupe du salut», puisqu’elle est la preuve de sa survie. L’élévation de la coupe et l’invocation du Seigneur pourraient se traduire aujourd’hui ainsi, de manière fort vulgaire : « À la santé du Seigneur, et à la nôtre !» L’homme sauvé découvre en sa chair que, décidément, Dieu a horreur de la mort de ses fidèles serviteurs. Il veut leur vie.

Au-delà de la coupe des retrouvailles, le psalmiste va accomplir ses «promesses», un ex voto, le vœu qu’il avait fait ‘(«si je suis sauvé, je t’offrirai…» Il va immoler un animal en «sacrifice d’action de grâce», en tôdâh, en eucharistia, un animal dont le psalmiste et son entourage, selon le rite, vont partager joyeusement les morceaux, en signe de communion avec Dieu et avec les siens, devant toute l’assemblée, en signe public de reconnaissance.

Dans ce psaume, le chrétien voit symboliquement et réellement la coupe eucharistique. Il entend symboliquement et réellement la voix du Christ exprimant sa foi en sa résurrection, selon sa propre annonce : «Je vous le dis : désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, avec vous dans le royaume de mon Père» (Matthieu 26, 30).

Dans ce psaume, l’assemblée chrétienne lit sa participation à « la coupe de la nouvelle Alliance» (2ième lecture) et elle partage ainsi l’espérance du Christ en la vie. Nous le faisons «jusqu’à ce qu’il vienne»… et, autre traduction légitime : «pour qu’il vienne», de la manière que Dieu voudra.

 

1 Corinthiens 11, 23-26 (« chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur»)

Écrite avant les évangiles canoniques, la Première Lettre aux Corinthiens offre ici le récit le plus ancien de l’institution de l’Eucharistie. Paul le présente comme une tradition reçue ; il l’a sans doute recueillie de l’Église d’Antioche, où il a longuement séjourné au début de ses missions, et il la partage avec, à sa suite, l’évangile de Luc, dépendant de la même tradition d’Antioche.

Le pain

Le Seigneur accomplit d’abord les rites de bénédiction de la table juive lors des fêtes (prendre le pain, prononcer la bénédiction ou action de grâce et le partager aux convives). Ces gestes et paroles revenaient au chef de famille et signifiaient que l’on voyait dans ce pain le don de Dieu pour subsister et vivre ensemble. Mais Jésus, tragiquement, ajoute ceci : ce don de Dieu, c’est « mon corps, qui est pour vous ». Prenant ce pain comme étant le corps du Christ, bientôt livré à la croix, nous faisons l’expérience que *sa mort est pour nous source de vie et d’unité.

La coupe

Chez les Juifs, la coupe est signe de fête, surtout les quatre coupes du repas pascal. Elle est ici comprise comme celle de l’Alliance nouvelle annoncée par Jérémie 31, 31-34, nouvelle manière de vivre ensemble et avec Dieu. Elle est fondée sur le sang, non plus celui du sacrifice du Sinaï (Exode 24, 8), mais le sang versé par celui qui « a goûté la coupe de la mort », comme on disait alors chez les Juifs, pour parler du décès de quelqu’un.

En mémoire de moi

Accomplir ce mémorial, en chaque eucharistie, c’est proclamer devant Dieu le sens de « la mort du Seigneur », dans l’espérance qu’il vienne, « jusqu’à ce qu’il vienne ». La grammaire grecque permet aussi une autre traduction ; « pour qu’il vienne. » Qu’il vienne accomplir en plénitude le mystère d’une communion universelle, une communion mise à mal par les divisions sociales au sein de l’Église de Corinthe, et les nôtres, à travers les temps (voir 1 Corinthiens 11, 17-22).

* La mort du Christ. « Avec la mort, [le Seigneur] accepte tout le reste, tout ce qui fait partie de ce vide infini, inerte et mortel : l’opacité spirituelle de ses disciples, leur manque de foi, la douleur, la trahison, le rejet dont il est l’objet de la part de son peuple, la bêtise brutale et meurtrière du monde de la politique, l’échec de sa mission et de l’œuvre de toute sa vie. Il a devant lui le calice abyssal de sa vie : il le saisit à pleines mains, plonge son regard dans ses profondeurs ténébreuses et le porte à ses lèvres, anticipant avec une pleine conscience et un plein acquiescement ce que nous appelons sa Passion, la Passion du Fils de l’homme, sa mort, pour tout dire » (Karl Rahner).

 

Jean 13, 1-15 («Il les aima jusqu’au bout»)

Dans les écoles rabbiniques, le disciple devait rendre maint service à son maître, son rabbi, sauf celui de lui laver les pieds, tâche considérée comme même indigne d’un esclave (voir ci-dessous).

Les pieds !

Dans le judaïsme ancien, « les pieds » sont parfois un euphémisme pour désigner le sexe masculin. « Se couvrir les pieds », c’est s’accroupir pour faire ses besoins. D’autres expressions bibliques confirment cette métaphore. Nul ne saurait toucher mes « parties honteuses », les plus intimes, sans déshonneur pour lui et pour moi. Dans ce cadre culturel, on comprend la protestation de Pierre : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »

Cette page d’évangile brille par l’écart calculé entre la solennité de la longue phrase ouvrant la scène et la trivialité du « lavement » des pieds.

L’heure de Jésus

Chez Jean, nul récit sur l’institution de l’eucharistie. À la place, le lavement des pieds par lequel le Maître concrétise son affirmation : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27). Ce mime ouvre aussi le grand Testament que Jésus laisse dans ses discours d’adieu (Jean 13 – 17 : nous lirons ces chapitres au temps pascal). D’où la longue phrase solennelle d’introduction. Elle porte sur *l’Heure de Jésus : celui-ci entre délibérément dans les événements de la Passion, comme le résume la belle formule de la prière aucharistique n° 2 : «au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa Passion… ». C’est l’affrontement entre Dieu et le diable, par le truchement de Judas, et c’est la Pâque, à savoir, selon le sens du mot hébreu, le grand «Passage», ici le passage de Jésus de ce monde vers le Père.

L’amour jusqu’au bout

Par-dessus tout, c’est l’engagement de l’amour de Jésus envers ceux qui auront cru en lui : «il les aima jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la fin de son existance terrestre et jusqu’à l’extrême de l’amour, comme le lavement des pieds veut le signifier par anticipation. Car une vieille règle juive, rappelons-le, commandait ceci : «Un esclave hébreu ne doit pas laver les pieds de son maître ni lui mettre ses chaussures.» Jésus accomplit posément son rite étrange et incongru, se retrouvant avec un simple opagne, semble-t-il. Il «dépose» son vêtement et le «reprend», deux verbes par lesquels Jean a déjà évoqué le Christ déposant et reprenant sa vie dans le mystère de sa Passion (voir Jean 10, 17-18). C’est face à cet abaissement de la croix que, par avance et à son insu, Pierre exprime l’insuffisance de sa foi. «Plus tard tu comprendras», dit Jésus.

La difficulté est de nous laisser servir et sauver, sans nous choquer du mode que Jésus a choisi en fidélité au Père, lequel, en son Fils, pousse son amour pour nous à l’extrême. Certes, les disciples ont eu un premier bain, celui de la Parole du Christ qui, au long de sa vie, les a ainsi purifiés, à l’exception de Judas qui s’est laissé inspirer par le diable, c’est-à-dire par l’ensemble des forces opposées au projet de Dieu. Mais ils doivent à présent affronter le baptême de la mort qui fait partie de la mission de Jésus.

L’exemple du Serviteur

Après avoir «repris son *vêtement», symbole anticipé de sa résurrection, Jésus explicite le sens de son geste. Le Maître et Seigneur a choisi le comportement du Serviteur, au-delà de ce qu’on peut attendre d’un serviteur ordinaire, ce qui n’enlève rien à sa réelle autorité de seigneur. Il faut à présent tirer les conséquences. Jésus veut que la logique d’amour qu’il incarne se traduise chez ses disciples, en témoignage pour le monde, par un service mutuel empreint d’humilité.

Au soir du jeudi saint, trois paroles du Seigneur se renvoient l’une à l’autre pour dire en plénitude le sens de l’eucharistie : «C’est un exemple que je vous ai donné : afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous» (Jean 13, 15) ; «Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres» (13, 34) ; «Faites cela en mémoire de moi» (1 Corinthiens 11, 24,  2e Lecture).

* L’heure. Saint Jean évoque 26 fois «l’heure de Jésus» (Voir, par exemple, Jean 12, 23-24). La voici maintenant arrivée. Elle implique l’élévation du Christ sur la croix, sa glorification vers quoi a conduit toute sa vie. Car, en acceptant la mort, Jésus montre à la face du monde jusqu’où va l’amour de Dieu pour les hommes, amour incarné par celui qui «aima jusqu’au bout».

*Le vêtement. Jean est un maître dans l’art d’utiliser des symboles, de dire des réalités profondes à travers des détails matériels. Le fait de déposer son vêtement et de le reprendre renvoie à une déclaration précédente de Jésus : «Voilà pourquoi le Père m’aime : parce que moi je dépose ma propre vie pour la reprendre de nouveau» (Jean 10, 17). Dans le lavement des pieds, le Seigneur mime le mystère et le sens de sa mort et de sa résurrection. L’image n’est pas rare dans cette culture ancienne : lorsque Paul envisage sa mort, il parle de «se dévêtir» et il espère revêtir un vêtement céleste (voir 2 Corinthiens 5, 1-5).

 

 




Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Francis COUSIN (Lc 22, 14-23.56)

« Priez pour ne pas entrer en tentation. »

 

Le premier dimanche de ce carême, nous avons vu Jésus être emmené par l’Esprit dans le désert, et là, y être tenté par le diable. Mais le diable ne put rien faire contre lui car chaque fois Jésus lui répondait par une phrase de la bible qui citait la Parole de Dieu.

« Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. » (Lc 4,13)

Aujourd’hui, jour des Rameaux et de la Passion, nous voici arrivé à ce moment fixé pour lequel le diable va revenir influencer les uns ou les autres pour que Jésus ne puisse pas arriver au bout de sa mission sur terre … mourir sur la croix en portant nos péchés.

Et on le verra bien tout au long de cette semaine sainte, le diable sera toujours présent, même s’il n’apparaît pas directement … D’ailleurs, dans l’un des films sur la Passion de Jésus, tout au long du chemin de croix, on voit un homme tout en noir, toujours en arrière-plan, qui essaie d’influencer les gens … C’est le diable.

Ainsi, tout le carême est encadré par le diable et ses tentations, et cette Parole de Jésus : « Priez pour ne pas entrer en tentation. », qui donne la solution pour résister à la tentation.

Et je pense que beaucoup d’entre nous ont utilisé cette solution pour pouvoir tenir leurs promesses de carême …

Regardons ce qui se passe à partir du jeudi saint : Jésus annonce à ses disciples que l’un d’entre va le livrer. Qui est-ce ? Bataille entre les disciples : « Cela ne peut pas être moi, je suis meilleur que toi ! », « non, c’est moi… ». Le diable est là.

Jésus donne une bouchée à Judas, et dès qu’il eut pris la bouchée « Satan entra en lui. » (Jn 13,27).

Puis c’est l’annonce du reniement de Pierre. « Mais non, Seigneur, pas moi ! ». « Le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. ». Et trois fois Pierre nia connaître Jésus. Satan toujours !

A Gethsémani, Jésus prie son Père pour avoir la force d’aller jusqu’au bout, « Non pas ma volonté, mais la tienne. ». Et Dieu soutient Jésus.

Mais quand il retourne vers les apôtres, … ils dorment, et n’ont pas prié comme il l’avait demandé. Satan encore.

Arrivés au Golgotha, et Jésus mis en croix, on entend : « Si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même ! ». Ce sont les mêmes paroles que celle du diable lors des tentations au désert !

On a l’impression que quasiment tout le peuple est contre Jésus, sous l’impulsion du diable.

Pourtant, certains prennent la défense de Jésus … et ils sont peu nombreux …

D’abord Pilate, qui par trois fois va dire aux scribes et aux pharisiens : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. » et qui accepta à regret la condamnation, à cause de l’insistance des autorités juives. C’est lui qui fit installer l’écriteau : « Celui-ci est le roi des Juifs. ».

Le bon larron, dont les évangiles apocryphes nous donnent le nom : saint Dismas : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »

Il y avait aussi quelques femmes, dont Marie sa mère, et Jean.

Puis, après la mort de Jésus, la réaction du centurion : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15,39).

Enfin, Joseph d’Arimathie, qui demanda à Pilate l’autorisation de donner à Jésus une sépulture.

Sans doute Satan devait se réjouir : il avait réussi à monter quasiment tous les juifs contre Jésus, et celui-ci était mort …

Il pensait avoir gagné !

Mais c’était sans compter sur l’amour inconditionnel du Père pour son fils, et sur sa toute-puissance …

Satan a encore été vaincu !

Seigneur Jésus,

Satan t’avait donné rendez-vous

pour toute cette semaine.

Il pensait avoir gagné.

Mais ton Père t’a ressuscité,

et la vie a vaincu la mort.

Mais Satan est toujours à l’œuvre,

dans nos vies,

dans le monde,

pour permettre le chaos

physique et spirituel.

Prions pour ne pas entrer en tentation.

 

                                                                                   Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Carême C 6° Rameaux




Dimanche des Rameaux et de la Passion – Homélie du Père Louis DATTIN

Passion

Lc 22, 14-23.56

Nous avons lu successivement l’Evangile des Rameaux et celui de la Passion. Tout d’abord une foule enthousiaste qui acclame Jésus, tenant en mains des rameaux, étendant des vêtements sous ses pas, criant sa bienvenue à celui qu’elle veut mettre à sa tête. Ils sont là, des centaines, des milliers peut-être, à l’acclamer, à crier :

« Jésus Sauveur, vive le Messie ! Hosanna ! »

Ça, c’est la foule du dimanche. C’est notre assemblée d’aujourd’hui.

Cinq jours après : le vendredi, la même foule est massée devant le palais de Pilate et n’a qu’une réponse aux questions de Pilate qui veut délivrer cet innocent : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »

Plus de rameaux, mais des poings tendus. Plus d’hosannah, mais des blasphèmes. Plus de vêtements sous ses pas, mais un homme dépouillé, flagellé, couvert du sang des fouets romains. Ce n’est plus une entrée triomphale d’un roi reçu par son peuple, c’est la sortie lamentable d’un condamné rejeté par les siens.

Cinq jours, cinq jours seulement ont suffi pour effectuer ce renversement et pourtant il s’agit bien du même Christ et de la même foule ! Alors quoi ? Qu’en penser ? Pourquoi ce changement soudain ?

Face à cette foule d’aujourd’hui, combien serons-nous, vendredi à trois heures pour accompagner Jésus sur un chemin qui est celui de la Croix ?

Voilà sans doute, mes frères, la véritable explication, le fin-mot de l’énigme, la vraie raison de ce demi-tour. Nous sommes prêts à suivre Jésus et l’acclamer tant qu’il nous conduit  au  succès, à  la  joie, à  la facilité : les pains multipliés, la  pêche  miraculeuse, l’eau changée  en  vin. Ça, ça va!  Nous sommes d’accord, nous sommes volontaires. On est avec lui tant que  ça  va, tant que c’est la fête, tant que la religion est payante, qu’elle nous guérit, qu’elle nous arrange.

Mais, si cinq jours plus tard, le roi a sur la tête une couronne d’épines, s’il est hué, couvert de plaies et qu’au lieu d’être sur une monture, on le cloue à une croix, nu, couvert de crachats et accablé de moqueries, s’il faut souffrir, endurer et crier au Jardins des Oliviers « Père, que ce calice  s’éloigne  de  moi », ou à la Croix « J’ai soif » ou pire encore « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? », alors, nous faisons comme les apôtres qui, pourtant, avaient juré de ne pas l’abandonner : ils fuient, ils l’abandonnent et ne veulent plus le reconnaître.

Au pied de la Croix, il n’y a guère que trois personnes amies et fidèles : Jean l’apôtre, Marie-Madeleine à qui Jésus a pardonné et Marie, sa mère. Tous les autres sont partis sur la pointe des pieds.

Et nous, frères, qu’allons-nous faire ? En revenant à la maison, après cette messe, vous allez attacher ces rameaux au crucifix de votre chambre ou de votre salle de séjour, car j’espère bien que vous avez tous un crucifix dans votre maison.

 

Mettre ce rameau à la Croix de votre maison ou à la croix qui est sur la tombe d’un être cher, qu’est-ce-que cela veut dire ?

Cela nous rappelle que c’est de la Croix que naît la vie, la joie, la Résurrection et que, nous aussi, comme ce brin de buis accroché à la Croix, nous devons nous attacher à Jésus, vivre avec lui, dans la joie comme dans la peine, dans la souffrance comme dans le bonheur,  aussi  bien  quand  ça  va  mal  que lorsque ça va bien.

Comme ce rameau restera auprès de la Croix jusqu’à l’année prochaine où il sera renouvelé par un autre, nous aussi, nous devons rester fidèles à Jésus pendant toute l’année, et pas seulement de temps en temps quand tout va bien !

« Je suis le cep », dit Jésus, « vous êtes les rameaux ».

« Je suis le tronc, vous êtes les branches » : une branche, un rameau, s’il veut vivre, être aussi vert que les branches que vous tenez aujourd’hui, il doit rester attaché au tronc, au cep.

Nous aussi, si nous voulons vivre, nous devons rester attachés à Jésus, rester proches de lui, être fidèles, ne  pas être avec lui uniquement quand c’est facile, mais liés à lui, attachés à lui pour recevoir sa vie, son amour, son pardon.

Par la messe, par la prière, par le service des autres, en appliquant dans ma vie de tous les jours ce qu’il me demande de faire, nous serons fidèles à lui, aussi bien dans les jours de joie, comme celui d’aujourd’hui, que dans les jours de peine : il y a aussi des « Vendredis saints » dans notre vie.

Serons-nous avec lui, au pied de la Croix, pour le pire et pour le meilleur ?  AMEN




Dimanche des Rameaux et de la Passion – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 22,14-71.23,1-56.)

La Passion, pour le Salut de tous 

(Lc 22,14-71.23,1-56)…

Quand l’heure fut venue, Jésus prit place à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement accomplie dans le royaume de Dieu. »
Alors, ayant reçu une coupe et rendu grâce, il dit : « Prenez ceci et partagez entre vous.
Car je vous le déclare : désormais, jamais plus je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que le royaume de Dieu soit venu. »
Puis, ayant pris du pain et rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, après le repas, il fit de même, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Et cependant, voici que la main de celui qui me livre est à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme-là par qui il est livré ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres quel pourrait bien être, parmi eux, celui qui allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que toi, par trois fois, tu aies nié me connaître. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Non, de rien. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a une bourse, qu’il la prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les impies. De fait, ce qui me concerne va trouver son accomplissement. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, selon son habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé en ce lieu, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. S’étant mis à genoux, il priait en disant :
« Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre.
Puis Jésus se releva de sa prière et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Relevez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore, quand parut une foule de gens. Celui qui s’appelait Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, et si nous frappions avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Mais Jésus dit : « Restez-en là ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, grands prêtres, chefs des gardes du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous n’avez pas porté la main sur moi. Mais c’est maintenant votre heure et le pouvoir des ténèbres. »
S’étant saisis de Jésus, ils l’emmenèrent et le firent entrer dans la résidence du grand prêtre. Pierre suivait à distance.
On avait allumé un feu au milieu de la cour, et tous étaient assis là. Pierre vint s’asseoir au milieu d’eux.
Une jeune servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Non, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu es l’un d’entre eux. » Pierre répondit : « Non, je ne le suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et, dehors, pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le rouaient de coups.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres blasphèmes.
Lorsqu’il fit jour, se réunit le collège des anciens du peuple, grands prêtres et scribes, et on emmena Jésus devant leur conseil suprême.
Ils lui dirent : « Si tu es le Christ, dis-le-nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la Puissance de Dieu. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « Vous dites vous-mêmes que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes, nous l’avons entendu de sa bouche. »
L’assemblée tout entière se leva, et on l’emmena chez Pilate.
On se mit alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le trouble dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et il dit qu’il est le Christ, le Roi. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui le dis. »
Pilate s’adressa aux grands prêtres et aux foules : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient avec force : « Il soulève le peuple en enseignant dans toute la Judée ; après avoir commencé en Galilée, il est venu jusqu’ici. »
À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya devant ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
À la vue de Jésus, Hérode éprouva une joie extrême : en effet, depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa bon nombre de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les grands prêtres et les scribes étaient là, et ils l’accusaient avec véhémence.
Hérode, ainsi que ses soldats, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant il y avait de l’hostilité entre eux.
Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant d’introduire la subversion dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. »
[…]
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce Barabbas avait été jeté en prison pour une émeute survenue dans la ville, et pour meurtre.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils vociféraient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. »
Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur requête.
Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : “Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !”
Alors on dira aux montagnes : “Tombez sur nous”, et aux collines : “Cachez-nous.”
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Puis, ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée,
en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »
Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
C’était déjà environ la sixième heure (c’est-à-dire : midi) ; l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure,
car le soleil s’était caché. Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »
Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, se tenaient plus loin pour regarder.
Alors arriva un membre du Conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste,
qui n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le règne de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

 

 

                 La Passion est toute proche, Jésus le sait… « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir »… Et tout cela, il le supportera pour chacun d’entre nous, pour notre guérison profonde, pour que « nous cessions de faire le mal et apprenions à faire le bien » (Is 1,16). Le mal en effet tue en premier celui qui le commet… « Le péché m’a fait perdre mes forces, il me ronge les os ». « Oui, mes péchés me submergent, leur poids trop pesant m’écrase » (Ps 31(30),11 ; 38(37),5). « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal ». « Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 2,9 ; 6,23).

            Que ses créatures meurent, même par la suite de leurs propres fautes ? Voilà ce que Dieu ne supporte pas… Aussi est-il venu en son Fils s’unir à l’humanité perdue, qui se déchire et se mutile elle-même par la méchanceté et la violence qui l’habite. Ses disciples les plus proches le trahiront, le renieront, l’abandonneront, le laissant seul face à ses accusateurs et à ses tortionnaires… Et Jésus portera, supportera des souffrances extrêmes jusqu’à mourir crucifié… En agissant ainsi, il a ouvert tout grand ses bras à tous les hommes qui souffrent, quelle que soit l’origine de leurs souffrances, même si parfois elle peut être la conséquence directe de leurs fautes… Et il a tout porté, tout supporté sans jamais basculer du côté de la haine des ennemis, avec sa soif de vengeance… Il n’a cessé d’aimer, de chercher envers et contre tout le bien de tous. Le bien du tortionnaire, qu’il trouvera par sa conversion et sa repentance, aidé en cela par la Lumière et la Force de l’Esprit… Le bien de l’innocent écrasé qu’il rejoint aujourd’hui encore par la Puissance de ce même Esprit, pour le soutenir, l’encourager, le réconforter et lui donner de pouvoir sortir victorieux de son épreuve… « Le Christ lui-même a souffert pour vous… Couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c’est par ses blessures que vous avez été guéris » (1P 2,21‑24), guéris par celui qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,4-6), « les méchants comme les bons », « les justes comme les injustes » (Mt 5,45)… « Père, pardonne-leur »… « Que celui qui exerce la Miséricorde le fasse en rayonnant de joie » (Rm 12,8)… On pressent comment Jésus vécut ses derniers instants sur la Croix, et quelle fut l’admiration du Centurion romain qui se tenait en face de lui : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39) !

                                                                                                                                  DJF




5ième Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (Jn 8, 1-11)

« La femme adultère … et les autres. »

 

Quand on parle de ce passage d’évangile, on a l’habitude de parler de la femme et du bon tour que Jésus a joué aux scribes et aux pharisiens …

Mais on en reste au bon tour : Jésus les a eus !

Et si on s’intéressait un peu à ces gens-là ?

Pourquoi ces gens-là amènent-ils « une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. » ?

« Oui, elle a fait ceci …, c’est pas bien ! … »

Saint Jean nous dit que « Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve » …

Sans doute … mais aussi …

Peut-être y a-t-il aussi cette volonté de se montrer supérieurs aux autres, une certaine arrogance …

Comme une sorte de ladi-lafé … pas seulement en paroles … mais en acte : on amène la femme à Jésus !

Est-ce que je ne suis pas souvent comme ces gens-là de l’époque de Jésus ?

Est-ce que je n’ai pas trop souvent tendance à raconter ceci ou cela sur telle personne … mais sans que celle-ci soit là … ce qui n’est pas le cas dans le passage de l’Évangile … et c’est peut-être encore pire …

On parle … chacun ajoute son grain de sel … « Vous savez, madame unetelle a fait ça ! » … « Et monsieur untel, l’autre jour … »

On parle … on parle …

Dans quel but ?

Informer les gens de ce qui se passe dans le quartier … ?

Ou plutôt salir les gens … ?

Avec souvent un sous-entendu … « Mais moi, je ne suis pas comme cela ! Je ne fais pas de telles choses ! »

Est-ce bien vrai ?

Reprenons ce que nous dit le livret de chemin de croix de notre diocèse, page 25 :

« Combien de fois nous faisons des ’’commérages’’ sur l’une ou l’autre de nos relations, que ce soit dans le travail, la famille … ou dans notre paroisse ou dans notre mouvement.

Nous n’avons pas la volonté de faire mal … mais ça sort … et ça fait mal à la personne concernée quand elle l’apprend. Nous l’avons déshabillée et crucifiée.

La langue peut être meurtrière ! On voit des exemples sur les réseaux dits sociaux ces derniers temps …

Si nous voulons marcher ensemble, attention à nos paroles ! Pas de médisance ni de calomnies. »

Le pape François nous parle souvent de ces commérages … et ce depuis son élection … mais cela n’a pas l’air de changer grand-chose à nos comportements …

Pourquoi ?

« Le grand bavard c’est le diable, qui dit toujours de mauvaises choses sur les autres, car il est le menteur qui cherche à désunir l’Église, à éloigner les frères et à ne pas faire communauté. S’il vous plaît, frères et sœurs, faisons un effort pour ne pas médire. Les commérages sont un fléau pire que le COVID. » (Pape François, 6 septembre 2020)

Quels sont les remèdes qu’il propose ?

– « Pour qu’il y ait la paix dans une communauté, dans une famille, dans un pays, dans le monde, nous devons commencer par être avec le Seigneur. Et là où se trouve le Seigneur, il n’y a pas d’envie, il n’y a pas de criminalité, il n’y a pas de jalousies. Il y a la fraternité. Demandons cela au Seigneur : ne jamais tuer notre prochain avec notre langue et être avec le Seigneur comme nous tous serons au ciel ». (Pape François, 2 septembre 2013)

– « Deux remèdes : En premier lieu, lorsque la tentation de critiquer l’autre est imminente, « prie pour lui ». Ensuite, « mords-toi la langue … et bien fort ». (Pape François, 3 mars 2019)

Et n’oublions pas la Parole de Jésus : « Je vous le dis : toute parole creuse que prononceront les hommes, ils devront en rendre compte au jour du Jugement. D’après tes paroles, en effet, tu seras reconnu juste ; d’après tes paroles tu seras condamné..» (Mt 12,36-37)

            Comptons sur la miséricorde de Dieu, en n’oubliant pas ce que Jésus dit à la femme adultère : « Va, et ne pèche plus ! ».

Et on peut dire : « Va, et ne médit plus ! ».

Seigneur Jésus,

Tous les parents font de gros efforts

pour que leurs enfants apprennent à parler.

Et c’est la joie lors de leurs premiers mots !

Mais peut-être serait-il plus important

de leur apprendre ‘comment parler’ !

leur apprendre le respect dû aux autres,

« car ce que dit la bouche,

c’est ce qui déborde du cœur. » (Mt 12,34)

                                                                                    Francis Cousin

 

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5ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 8, 1-11)

« Je ne te condamne pas » (Jn 8,1-11)

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers.
Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. »
Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre.
Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? »
Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

 

            « Tu ne commettras pas d’adultère » (Ex 20,14 ; Dt 5,18). La Loi est formelle, d’autant plus que nous avons ici une des Dix Paroles données par Dieu à Moïse. A partir d’elles, les hommes avaient développé une justice très dure : « L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice » (Lv 20,10). Ici, une « femme a été prise en flagrant délit d’adultère. » Mais qui dit « flagrant délit » dit deux personnes pour le commettre. Où donc est l’homme ? La Loi le concerne lui aussi… Une injustice se laisse pressentir…

            Les Pharisiens veulent mettre Jésus à l’épreuve. S’il invite à obéir à la Loi, il perdra sa réputation d’extraordinaire bonté, et avec elle son crédit auprès du Peuple. S’il conteste la Loi, ils pourront l’accuser auprès du Grand Prêtre, le condamner et le faire périr…

            Comment « le juge » Jésus va-t-il donc réagir ? Surprise : il se baisse et se met à tracer des traits sur le sol. Il semble se retirer de la scène, laissant face à face les Pharisiens et la femme adultère… St Ambroise, St Augustin et St Jérôme ont proposé d’interpréter ce geste à la lumière de Jérémie 17,13 : « Espoir d’Israël, Seigneur, tous ceux qui t’abandonnent seront honteux, ceux qui se détournent de toi seront inscrits dans la terre, car ils ont abandonné la source d’eaux vives, le Seigneur ». D’après eux, Jésus écrirait sur le sol le nom de ces Pharisiens. Formidable renversement : les accusateurs deviennent les accusés… En effet, par la dureté de leur cœur, ils manifestent qu’ils ont abandonné le Père des Miséricordes. Ils se croient justes ? Ils sont en fait dans les plus épaisses ténèbres…

            Et Jésus va les aider à en prendre conscience. Il se lève, prononce une seule phrase, solennellement appuyée par ce brusque retour dans le débat, puis il se retire de nouveau en se baissant… « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Accusateurs et juges de la femme adultère, ils en viennent à devenir leurs propres accusateurs, et cette fois, ils se montrent des juges cléments à leur égard, bien obligés ensuite de faire de même pour cette femme… Mais elle seule recevra la Parole de libération : «  Je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus ». Ne te fais plus de mal, ni à toi, ni à ton prochain…                                       DJF