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Epiphanie – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-12)

« Où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

 

Par rapport à l’évangile de dimanche dernier, nous repartons environ onze ans en arrière, à Bethléem où la Sainte Famille s’est installée, le temps que Jésus grandisse et puisse supporter le voyage de retour à Nazareth.

Pourquoi environ onze ans ? À partir du moment où Hérode, qui a peur pour son trône, veut faire « tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages » (Mt 2,16), et en considérant qu’il prenne une marge, cela fait environ onze ans.

Or, voici qu’un groupe de voyageurs (synode en grec ! … ), des mages nous dit l’évangile, des savants, sans doute des astrologues qui étudient le mouvement des étoiles, arrivent à Jérusalem, et s’enquièrent du lieu où se trouve « le roi des juifs qui vient de naître. Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

Ces mages, on ne connaît pas leurs noms. C’est une tradition ultérieure qui leur a donné leur nombre (trois … parce qu’il y a trois cadeaux : or, encens, myrrhe), des noms, et des origines différentes : Asie, Europe, et Afrique (ce qui est impossible puisque l’Afrique est à l’occident de Jérusalem …), ce qui correspond à l’ensemble du monde connu à l’époque

Pourquoi cette tradition ? Sans doute pour cela aille avec les autres textes de ce dimanche :

Première lecture :

– « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi (…) Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. ». Lumière : « Dieu est lumière » (1Jn 1,5), « Le verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9), Jésus : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8,12) … Rois, d’où l’appellation de Rois-Mages ! La clarté de ton aurore : le soleil se lève à l’orient !

– « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront (…) apportant l’or et l’encens. ».  Il n’y a que la myrrhe qui manque … Et les chameaux, c’est le moyen de transport des mages pour la plupart des iconographes, parfois aussi des chevaux, … mais ils ne viennent jamais à pied ! Des rois-mages à pied ? Cela ne va pas !

Psaume :

« Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui. »

Deuxième lecture :

« Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. ». Toutes les nations, donc des mages représentant tout le monde connu à l’époque, engagés dans un même projet … par l’annonce de l’évangile.

Mais ce qui fait la force de ces mages, c’est qu’ils cheminent ensemble, qu’ils marchent ensemble, qu’ils cherchent ensemble, qu’ils réfléchissent ensemble, qu’ils se prosternent ensemble, qu’ils adorent ensemble, qu’ils donnent ensemble, mais aussi qu’ils reçoivent ensemble … quoi ? un avertissement donné en songe, auquel tous croient, et qu’ils repartent ensemble chez eux … par un autre chemin …

Nous, qui sommes engagés, à la demande du pape François et de notre évêque, dans une démarche synodale, nous devrions prendre exemple sur ces mages, qui se sont engagés ensemble dans une même démarche : saluer le roi des juifs qui vient de naître, et qui repartent chez eux … par un autre chemin, un chemin qui n’est pas géographique, mais un chemin qui est différent de celui d’avant, … parce que ce sont eux qui ont changé, qui sont devenus autres après la rencontre avec ce petit enfant, avec Jésus … qui pourtant n’a pas pu leur dire grand-chose … mais a-t-on besoin de mots quand on se trouve face-à-face avec Dieu : un  regard suffit !

Alors, allons-y !

Mettons-nous ensemble de différents groupes : Communion !

Réfléchissons ensemble à l’avenir de notre Église : Participation !

Traçons des chemins pour aller vers les périphéries de l’Église : Mission !

Et nous en sortirons transformés par le regard de Dieu, de Jésus, qui sera avec nous tout au long de cette démarche : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,20).

Seigneur Jésus,

permet que nous soyons comme les mages

qui sont venus d’adorer à Bethléem :

que nous sachions nous mettre ensemble

pour réfléchir ensemble

afin que notre Église soit accueillante,

ouverte aux autres,

et où règne l’amour,

l’amour dont tu nous aimes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

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Fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph- Homélie du Père Louis DATTIN

SAINTE  FAMILLE

Vraie vie de famille

 Luc 2, 41-52

Au risque de vous étonner, je vais vous dire aujourd’hui que toute messe est une messe de mariage. A chaque messe, on célèbre un mariage, une Alliance nouvelle et éternelle : l’Alliance de Dieu et de l’homme. Dans chaque messe, Dieu se donne à l’homme et l’homme à Dieu. Toute la Bible nous raconte la saga de l’union de Dieu et de l’homme. Elle nous redit que Dieu aime l’Humanité comme un homme aime sa femme. Voilà pourquoi, l’Eglise place, juste après Noël, cette fête de la Sainte Famille.

Dieu est « famille » et veut être et vivre en famille avec nous.

Et nous, les familles chrétiennes, nous sommes chargées de revivre dans chacune de nos familles, le mystère de la Sainte Famille. Nous devons nous aimer, en famille, avec tout l’amour dont le Christ a aimé son père et sa mère.

. Dans une famille, le mari est responsable du salut de sa femme, et la femme devient responsable du salut de son mari, et les parents sont responsables du salut de leurs enfants, de les aimer assez pour les sauver.

. Cette fête célèbre la valeur contenue dans nos actes les plus ordinaires de la vie de famille. Qui, parmi vous, oserait dire, que sa famille est la Sainte Famille ? Comment voir le Seigneur, comme me le demande St-Paul, dans mon mari, dans ma femme, dans mes enfants ? Il nous faut la Foi pour cela !

Foi dans le Baptême, foi dans le mariage, foi dans l’amour, foi dans cette présence de Dieu dans chacune de nos familles.

Même dans la Sainte Famille, il fallait cette foi ! Joseph a dû faire foi en Marie. Il a dû croire en elle et Marie a dû croire en Joseph, faire confiance en son amour, à son respect, et Marie et Joseph ont eu foi dans leur enfant. Ils croyaient au mystère qui l’habitait. Ils ne comprenaient pas toujours.

. L’Evangile d’aujourd’hui le montre bien ! Mais ils faisaient confiance ! Jésus a montré lui aussi sa confiance à ses parents, puisqu’on nous dit : « Il leur était soumis », trente ans de vie commune à Nazareth, en famille, en vivant affectueusement une vie familiale toute simple, toute ordinaire.

Et nous ? Croyons-nous assez dans les autres ? Leur faisons-nous confiance ? Pour aimer, il faut la foi. Pour s’aimer, il faut se faire confiance à travers les désillusions, les crises, les épreuves : croire aux possibilités, à la richesse des différents membres de votre famille.

Toute la vie de famille est basée sur la foi. Si vous aimez votre mari, ce n’est pas parce que c’est l’homme le plus compréhensif, le plus tendre, le plus patient, le plus généreux. Non, car si votre amour ne s’adressait qu’à ces valeurs, vous seriez tentée de changer. Mais vous  devez  aimer  votre  mari  parce  que c’est le VÔTRE, parce que vous êtes liée à lui par le Sacrement de Mariage comme à une source indéfinie de mérites et de sainteté.

. Messieurs, si vous aimez votre femme, ce n’est pas nécessairement parce qu’elle est la plus belle, la plus douce, la plus tendre et la moins nerveuse du monde, mais parce qu’elle est votre femme, celle dont vous êtes responsable et dont vous aurez à rendre compte pour votre salut.

Et les parents, si vous aimez vos enfants, c’est parce que Dieu vous en  donne la charge. Vous ne les avez pas choisis à un concours des plus beaux bébés ou à une distribution des prix.

Vous les acceptez, comme Dieu vous les a envoyés et, comme de vrais parents, vous sentez, tous, dans votre cœur ce qu’il faut faire pour qu’ils réussissent leurs vies.

De même les enfants, si vous aimez vos parents, ce n’est pas parce qu’ils n’ont aucun défaut ou sont les meilleurs parents de la terre, mais vous les aimez parce que c’est votre père, c’est votre mère, parce qu’ils sont le 1er témoignage que Dieu a donné de sa paternité.

Voyez-vous, tout ceci est libérateur : l’amour que nous devons nous témoigner les uns les autres, dans une famille, au-delà des plaintes et des  reproches, doit  donner  libre  cours  à  une  carrière  indéfinie  de sainteté quotidienne, ordinaire, dans l’accomplissement de nos tâches conjugales et familiales.

C’est quand on aime et qu’on est aimé de cette façon-là que l’on devient le plus épanoui, le plus heureux.

. Il n’y a pas de bonheur qui approche le bonheur d’une vraie famille !

. Si vous avez, chez vous, un bébé, un petit enfant, vous avez fait l’expérience d’un amour gratuit, désintéressé : on l’aime sans mérite de sa part, sans condition et on lui pardonne son égoïsme, ses pleurs, ses caprices, ses cris qui empoisonnent tout le monde. Le travail qu’il donne, les inquiétudes qu’il cause : on ne songe même pas à lui pardonner, on s’en réjouit, on est rempli de joie et d’espoir.

C’est  dans  la  période  où  vous  avez  été  le plus aimé que vous avez   le plus grandi. On ne grandit  bien que  pour  et  par  les  êtres  qui nous aiment. Nous ne pouvons connaître croissance, épanouissement, harmonie que dans un milieu où nous nous sentons totalement compris et « AIMÉS ».

En vous disant cela, je vous dis, du même coup quel est le moyen le plus sûr de détruire une famille : c’est de la juger.

. A partir du moment où vous oubliez son caractère sacré et où vous jugez sans aimer, selon les apparences, les faiblesses, les cicatrices, les misères, les égoïsmes, vous détruisez la famille : ce qui explique peut-être pourquoi, il y a si peu de vraies familles chrétiennes.

. Il nous faut un motif absolu d’aimer les autres, sinon nous ne retrouverons jamais une raison proportionnée aux incroyables sacrifices que va vous demander dans une famille, la fidélité, la persévérance d’un amour conjugal et familial.

Une sainte famille est celle :

–   où l’on accepte de ne pas tout comprendre, comme Joseph et Marie au Temple de Jérusalem, mais de surmonter conflits et incompréhensions ;

–  où l’on accepte de toujours croire, de toujours s’aimer, malgré les déceptions et les souffrances.

. Un être n’est jamais perdu tant qu’il reste quelqu’un pour croire en lui et pour l’aimer. L’époux le plus indigne, la mère la plus misérable peuvent être sauvés s’il reste dans le cœur de son conjoint ou de ses enfants assez de foi pour reconnaître en lui le fils de Dieu au service de son Père, cette présence de Dieu que Jésus a voulu instaurer depuis Noël, depuis son Baptême, en chacun de nous.

Le monde a été sauvé, la Rédemption a pu se faire parce que pendant trente ans, dans une famille, on a cru les uns dans les autres et qu’on s’est aimé.

Notre  monde, à son tour, ne trouvera  son salut, son  sens, que si, dans  nos familles, il y a assez de foi, assez d’amour, assez de présence de Dieu dans nos maisons.   AMEN




La Sainte Famille par le Diacre Jacques FOURNIER

« L’enfant Jésus dans le Temple de Jérusalem » (Lc 2,41-52)…

 

Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque.
Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume.
À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents.
Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances.
Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions,
et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses.
En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! »
Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »
Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements.
Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.

 Jésus a grandi, il a douze ans, l’âge où l’on devient un adulte en Israël, l’âge où il est permis de lire publiquement la Parole de Dieu dans la Maison de Dieu : le Temple de Jérusalem… C’est d’ailleurs là où il est resté alors que ses parents, pensant qu’il était avec le reste de la famille, ont déjà repris le chemin du retour à Nazareth… Mais Jésus, lui, discute avec les Docteurs de la Loi, les spécialistes des Écritures. Et « tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. » La Plénitude de l’Esprit l’habite et l’inspire, « Esprit de Sagesse et d’Intelligence, Esprit de Conseil, de Force et de Connaissance » (Is 11,1-3)… Il parlait « non pas avec des discours enseignés par la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, exprimant en termes spirituels des réalités spirituelles » (1Co 2,13). Et « l’Esprit de vérité, qui vient du Père, lui rendait témoignage » dans les cœurs (Jn 15,26). Il en est déjà ici comme il en sera, quelques années plus tard, dans la synagogue de Nazareth : « Tous lui rendaient témoignage et ils étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4,22). Même les soldats venus l’arrêter repartiront, dans un premier temps, sans mettre la main sur lui : « Jamais homme n’a parlé comme cela ! » diront-ils aux Grands Prêtres et aux Pharisiens qui les avaient envoyés (Jn 7,46).
Ces derniers l’avaient pourtant bien accueilli au tout début, mais beaucoup, jaloux de son succès, chercheront ensuite à le faire périr : « Alors les Pharisiens se dirent entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà le monde parti après lui ! » (Jn 12,19). Même Pilate « savait bien que c’était par jalousie qu’on le lui avait livré » (Mt 27,18). Jésus ne leur opposera que son silence, car il le sait, ils ne veulent pas entendre… Ils le tueront, et un « glaive transpercera le cœur de Marie », présente à ses côtés jusqu’au pied de la Croix. Et puis, ce sera à nouveau le silence… Et « c’est au bout de trois jours » qu’ils le retrouveront, lorsqu’il leur apparaîtra, Ressuscité, dans la splendeur de sa Gloire. « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant », dit ici Marie. Mais « comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être », car « c’est de Lui que je viens » et c’est « là où Je Suis »… Nous le constatons : cet épisode, juste avant le récit du ministère de Jésus, annonce déjà ses souffrances futures et la victoire de sa Résurrection.

 




Fête de la Sainte Famille – par Francis COUSIN (Lc 2, 22-40)

« Le pèlerinage de Jérusalem. »

 

Entre l’évangile d’hier et celui d’aujourd’hui, douze ans se sont passés …

La sainte famille vit sa vie, comme toutes les familles de Nazareth … Avec peut-être une différence, c’est qu’elle est très religieuse et respectueuse de la Loi. On apprend celle-ci à Jésus, on lui apprend les prières, les psaumes, l’histoire du peuple juif, et peut-être Joseph commence à l’emmener à la synagogue pour préparer sa Bar-Mitzvah l’année suivante. Et les parents faisaient tous les ans le pèlerinage de la Pâque à Jérusalem.

Cette année-là, Jésus fait partie du voyage. Un honneur, et sans doute une grande joie pour Jésus : aller à Jérusalem, voir, et entrer dans le Temple de Dieu.

Au retour, le premier soir, Marie et Joseph ne retrouvent pas Jésus. Bien souvent, les enfants se retrouvaient ensemble, entre copains et connaissances, pour marcher à leur rythme, et la famille se retrouvait le soir …

Il doit bien être quelque part ! On demande dans le convoi, dans la caravane des pèlerins (L’évangéliste Luc utilise le mot grec synodia, qui a donné synode : « communauté en marche » !).

Pas de Jésus ! On demande, on cherche … Toujours pas de Jésus … Premier jour !

Le lendemain, Marie et Joseph reprennent le chemin de Jérusalem … Deuxième jour !

Au matin, Marie et Joseph le cherchent, … et finissent par le trouver … Troisième jour !

Trois jours d’attente et d’angoisse pour les parents … comme les trois jours d’attente et d’angoisse pour tous les disciples de Jésus, entre sa mort et le jour de sa Résurrection …

Trois jours où Jésus manque !

Alors, quand Marie et Joseph le retrouvent « dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions », le sang de Marie ne fait qu’un tour, et comme l’aurait fait toute maman, elle houspille son fils : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! ».

Ce à quoi Jésus réplique : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »

Ton père : Joseph, le père nourricier …

Mon Père : Dieu, … chez mon père : dans le Temple de Jérusalem … et Jésus doit être chez son Père …

« Ainsi devient-il clair que ce qui apparaît comme désobéissance ou comme liberté inopportune à l’égard de ses parents, en réalité, est vraiment l’expression de son obéissance filiale. Il est dans le Temple non comme rebelle à ses parents, mais précisément comme celui qui obéit, avec la même obéissance qui le conduira à ma Croix et à la Résurrection. » (Benoît XVI, L’enfance de Jésus).

Ton père, mon Père … Cela a dû faire un choc dans l’esprit de Marie et de Joseph : « De quoi il parle ? » … et saint Luc nous dit : « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. »

Malgré l’incompréhension, les choses s’arrangent : « Jésus descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. ».

Mais cela reste gravé dans le cœur de Marie : « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. ».

On a une phrase semblable dans le même chapitre de saint Luc, juste après la visite des bergers à la crêche : « Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur. » (Lc 2,19). C’était douze ans avant …

Seigneur Jésus,

on ne sait comment tu as su

que tu étais chez ton Père dans le Temple.

Sentiment inné ou communication

fréquente entre ton Père et toi

depuis ta naissance ?

Peu importe !

Mais tu es reparti avec Marie et Joseph

grandir devant ton Père et les hommes.

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

 

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Noël – par Francis COUSIN (Lc 2, 1-14)

« Il est né le divin enfant … 

depuis plus de quatre mille ans

nous attendions cet heureux temps !»

 

C’est l’un des grands classiques des chants de Noël … qui a l’avantage de nous remettre dans l’histoire du peuple de Dieu, même si quatre mille ans est exagéré … puisque Abraham n’arrive en Palestine que vers -1850 ans, la Loi est donnée à Moïse vers -1250 … et l’annonce d’un Messie est encore beaucoup récente …

Et ce Messie attendu est avant tout un sauveur politique qui va rendre sa force à Israël …

Alors, quand les bergers entendent de l’Ange du Seigneur que : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ [l’oint], le Seigneur. », ils sont un peu surpris : Pourquoi l’Ange du Seigneur vient leur annoncer cela, en pleine nuit, à eux, des pauvres bergers qui vivent à l’écart des villes et villages, des gens peu recommandés …

Et cela s’aggrave quand ils entendent la suite : « Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. ». Alors, là, ils n’y croient plus du tout : Un nouveau-né, dans une mangeoire ! Cela ne correspond pas du tout avec celui qu’ils attendaient : un chef de guerre !

Heureusement, voici qu’arrive « une troupe céleste innombrable », les ’’chœurs angéliques’’ qui chantent ou disent « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. ».

Ils sont tellement nombreux, et ils disent ’’Gloire à Dieu’’, alors, ça doit être vrai. « Allons vérifier ! Allons à Bethléem ! »

Et c’était vrai !

Le Messie, le Fils de Dieu, vient sur terre comme tous les enfants, dans le ventre d’une mère !

Abaissement !

Que voient les bergers en arrivant : une jeune femme qui sourit à son enfant, qui le cajole, le caresse, lui fait des bizous … et un jeune homme qui prépare la mangeoire pour que l’enfant puisse dormir, qui mets un peu de paille, de l’herbe sèche, tout en souriant de ce qu’il a fait, par amour pour le petit … Et Marie qui donne le sein …

Attitude normale qu’ont tous les parents vis-à-vis de leur enfant ! On se plie aux exigences de l’enfant … mais on n’a pas l’impression que ce sont des exigences … c’est normal, il faut bien qu’il vive cet enfant … et il n’a que les parents pour l’aider.

Jésus, le nouveau-né, le Messie, ne peut rien faire sans l’aide de ses parents !

Dépendance !

Jésus, le Messie, vient sur terre par l’amour infini que son Père du Ciel a pour tous les humains.

Jésus, le Messie, est accueilli sur terre par l’amour que Marie et Joseph lui portent.

Dès le début, Jésus est une histoire d’amour !

Vous direz, « C’est normal, puisqu’il est fils du Dieu d’Amour ! »

Alors, que cet amour se déverse sur nous ! Et que chacun devienne une source d’amour, dans notre famille, dans nos relations, dans notre travail, dans nos activités sociales, … politiques ( !?) …

Et puis aussi … dans notre Église, dans notre paroisse, dans notre mouvement spirituel ou d’Église …

Tout le temps, mais surtout en ce moment où nous réfléchissons dans notre démarche synodale :

Que nous sachions quitter nos fonctions, nos titres, nos responsabilités, pour réfléchir avec tous ceux qui le veulent, tous au même niveau, comme simple baptisés …

Abaissement !

En sachant que nous marchons ensemble, dans une même direction qui est ultimement la même pour tous : le Royaume de Dieu, mais en attendant nous devons bâtir une Église qui tienne compte des uns et des autres, où chacun à son rôle à tenir, dans l’action, dans la réflexion, dans la prière ( et nous pensons plus particulièrement en ce jour de Noël à nos sœurs Carmélites et Dominicaines …). Nous ne pouvons rien faire sans les autres …

Dépendance !

Et rien ne pourra se faire sans l’amour des uns vis-à-vis des autres …

Abaissement !

Dépendance !

Amour !

Appliquons-nous ces termes qui sont ceux qui entourent la naissance de Jésus.

Seigneur Jésus,

Toi qui viens sur terre comme un enfant,

fais que notre comportement

devienne comme celui d’un enfant,

car c’est toi qui nous as dit :

« Si vous ne changez pas

pour devenir comme les enfants,

vous n’entrerez pas dans

le royaume des Cieux. »

 

                                     Francis Cousin

 

 

 

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Nativité du Seigneur Jésus-Christ (messe de la nuit)- par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 1-14).

 « Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

(Lc 2,1-14)…

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre –
ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie.
Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem. Il était en effet de la maison et de la lignée de David.
Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.
Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.
Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

            Un recensement ordonné par Auguste, qui fut empereur de 30 av JC à 14 ap JC, obligea Joseph à quitter Nazareth, en Galilée, au Nord, avec Marie pour aller à Bethléem, la ville de David, au sud, près de Jérusalem, car il était un lointain descendant de David. Mais les jours où Marie devait enfanter étaient arrivés, et elle mit au monde son fils premier-né qu’elle coucha dans une mangeoire d’animaux par manque de place dans la salle commune où ils se trouvaient.

            D’un point de vue humain, cet événement est d’une incroyable simplicité, mais tout ici est « Parole de Dieu ». Grâce à un païen, Jésus, Sauveur des Juifs et des païens, naîtra dans la ville de David, et par Joseph, son père adoptif, il sera pleinement « fils de David ». Or, le Messie attendu devait être « fils de David » : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur » (Is 11,1-9 ; Mc 1,9-11).

            Michée avait prophétisé dès le 8° s av JC que « celui qui doit régner sur Israël naîtra à Bethléem », qui signifie en hébreu : « la maison du pain ». Or Jésus dira de Lui-même qu’il est le « pain de vie qui descend du ciel et donne la vie au monde » (Jn 6,32-63). Et à peine né, Marie le dépose dans une mangeoire, comme elle l’offrira plus tard en acceptant sa mort en Croix !

            Jésus est appelé ici « le fils premier né », et il est de fait le « premier né » d’une humanité nouvelle appelée à renaître du Don de l’Esprit qu’il est venu proposer à tout homme : « Personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair n’est que chair ; ce qui est né de l’Esprit est esprit ». « C’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu » (Jn 3,5-72 ; Co 5,17-18). Par sa résurrection, il sera aussi « le premier né d’entre morts » (Col 1,18), et par là l’exemple déjà accompli de ce que nous sommes tous appelés à vivre au dernier jour du monde… Et Marie recevra  au pied de la Croix la pleine révélation de sa vocation : être la Mère de l’humanité tout entière appelée elle aussi à renaître de la mort (Jn 19,25-27)…

Dans la crèche, Jésus est « enveloppé de langes » comme il sera « enveloppé d’un suaire » avant d’être mis au tombeau. Et St Luc parle ici d’une « salle », un mot qui ne reviendra qu’une seule fois dans son Evangile, juste avant la Passion, lorsque Jésus instituera l’Eucharistie dans cette « salle » que lui ont préparée Pierre et Jean (Lc 22,11). Là se révèlera le sens profond de toute sa vie : « Ceci est mon corps, donné pour vous », pour le salut de tous les hommes pécheurs représentés ici par ces « bergers » considérés autrefois comme des voleurs… Et c’est bien à eux que les Anges transmettent la Bonne Nouvelle : « Voici que je vous annonce une grande joie qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime », à tous les hommes qu’il aime et qu’il appelle à la conversion et au salut (Lc 5,31 ; 1Tm 2,3-6) !

                                                     DJF




Solennité de la Nativité du Seigneur- Homélie du Père Louis DATTIN

NOËL

Jésus vient vers nous

« Il est venu chez les siens, nous rappelle St-Jean, et les siens : c’est-à-dire, nous, les chrétiens, ne l’avons pas reçu ».

Aussi ces refus de Bethléem, ce Dieu mis sur la paille, doit-il me faire réfléchir et me poser cette question : le Christ est-il reçu chez moi ? Présent dans ma conscience, dans ma famille, dans mes affaires, dans mes projets ? Suis-je capable de lui dire à tout moment : « Mais Seigneur, c’est vous, entrez donc ».

A chaque fois, qu’un évènement heureux ou malheureux survient, qu’il y a un acte à poser, un geste à faire, chaque fois, c’est une demande de Dieu à pénétrer dans ma vie : est-il le bienvenu ? Ou un gêneur ?

Trop souvent, notre prudence humaine, nos sécurités, notre souci de confort intérieur, vont l’obliger comme avec les habitants de Bethléem, à faire ce porte à porte inutile, qui le chasse de chez moi, puis de ma ville, enfin de mon époque et de ma civilisation qui devient païenne.

Au XXIe siècle, quelle place fait-on au Christ ? Oh ! Pas dans le tabernacle, ni dans nos églises, mais dans nos conversations, nos bureaux, nos hôpitaux, nos médias, nos tribunaux, nos écoles, nos journaux, au foyer, dans le monde des affaires, dans la vie conjugale, dans l’éducation des enfants ?

Le Christ c’est toujours le petit pauvre, éconduit, chassé, que l’on pourrait faire naitre maintenant dans une vieille case de la banlieue, abandonné de tous.

 

Ainsi, à Noël, Dieu se fait voir tel qu’il est : un petit, un faible, un pauvre, un Dieu qui ne s’impose pas, qui ne forcera pas notre porte mais qui, chez nous, demande l’hospitalité, en nous, demande à être accueilli…Ce n’est pas sa manière d’entrer de force. Il frappe discrètement et attend qu’on lui ouvre. Jamais il ne s’imposera : car il nous a créés libres, c’est-à-dire capables de l’accueillir ou de le chasser. Il désire avant tout notre amour, et l’amour de l’autre, ça ne se force jamais…Le Christ n’est pas comme nous à vouloir posséder des choses. Ce qu’il désire, lui, c’est attirer les personnes… des personnes libres et aimantes. Les choses peuvent être belles et précieuses comme l’est un diamant au doigt d’une femme… mais il est sans amour : lui, le Messie ;

C’est notre amour qu’il recherche, un amour libre qui lui dise ‘’d’entrer dans notre vie’’.

C’est donc toute ma vie chrétienne qui est basée sur cet accueil.

            Le Christ a-t- il sa place chez nous ou reste-t-il à la porte ?

« Voilà, nous dit-il, dans le livre de l’Apocalypse, que je me tiens à ta porte et que je frappe et si quelqu’un (admirez la discrétion de ce ‘’si’’) si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui, et lui près de moi ».

Dieu n’est pas quelqu’un vers qui l’on va ou vers qui l’on monte ; il est à la fois trop loin et trop haut pour qu’on puisse l’aborder :

« Mes voies ne sont pas vos voies. Vos chemins ne sont pas les miens ».

C’est bien pour cela, qu’à Noël, c’est lui qui vient vers nous, qui se fait homme pour vivre avec nous, pour s’établir parmi nous et demeurer en nous.

Tout donc, dans la vie spirituelle du chrétien est une question d’accueil. Dieu est le maître du ‘’Dedans’’. Tant qu’il n’a pas pénétré dans notre vie, il reste impuissant comme le bébé réfugié dans l’étable. Mais « si quelqu’un m’aime, il écoutera ma parole et mon Père l’aimera : nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre Demeure ».

« Nous établirons chez lui notre demeure ». A quoi donc allons-nous le reconnaître pour l’accueillir lui et non pas un autre ? « Ceci vous servira de signe, disent les anges aux bergers, vous trouverez un nouveau-né couché dans une crèche ». Signe éclatant, merveilleux, inouï ? Non pas ! Il va falloir reconnaitre Dieu dans notre vie la plus ordinaire, celle de tous les jours à chaque fois que vous aurez :

–   gardé le sourire dans une difficulté

–   acquiescé sans rien dire à une réflexion désobligeante

–   dit ‘’bien sûr’’ à un service que l’on vous demandait

–   dominé votre colère qui allait éclater

–   surveillé votre langage devant vos enfants

–   essayé de comprendre votre femme ou votre mari

–   évité de juger votre collègue ou votre voisine…

A chaque fois, c’est à Dieu que vous avez ouvert votre porte, c’est au Christ que vous avez dit ‘’Entrez’’.

Mais ce sont des petits riens, des détails auxquels nous ne faisons pas attention. Vous le reconnaitrez à ce signe : « Un tout petit couché dans une mangeoire ».

Si petit soit-il, si pauvre qu’il paraisse, il pourra vous dire au dernier jour : « J’étais un étranger et tu m’as accueilli ».  AMEN




4ième Dimanche de l’Avent – par Père Rodolphe EMARD

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1, 39-45)

En ces jours-là,
Marie se mit en route et se rendit avec empressement
vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.

Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie,
l’enfant tressaillit en elle.
Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes,
et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné
que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles,
l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles
qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

HOMÉLIE

À quelques jours de Noël, en ce dernier dimanche de l’Avent, l’Église nous donne de méditer sur la visitation de la Vierge Marie à Élisabeth. Toutes les deux inaugurent la foi en Jésus. Elles révèlent son identité hors du commun.

Aussitôt après la visite de l’ange, Marie « se mit en route et se rendit avec empressement » chez Élisabeth. Entendons-nous bien : Marie a cru au message de l’ange à l’annonciation. Elle n’a pas besoin de vérification ou de confirmation ! D’ailleurs a elle pleinement prononcé son fiat, son oui à Dieu, à l’annonce de l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38).

Parfois, nous avons besoin de voir pour croire… Pas Marie ! L’ange lui avait donné un signe : « Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils » (Lc 1, 36). Marie est animée de la foi et de la confiance en Dieu d’où son empressement. Elle accourt finalement pour accueillir le signe donné. En même temps, Marie vient annoncer l’immense grâce qui lui a été faite de la part de Dieu, sa joie d’avoir été choisie pour être la mère du Fils de Dieu. Elle ne pouvait pas garder cela pour elle d’où son Magnificat (Cf. Lc 1, 46-55).

Marie est un modèle de foi unique et exemplaire. Notre foi est parfois voire souvent tiède. Il nous arrive de penser que nous l’avons perdue ou du moins en partie… La pandémie ne nous aide pas… Que Marie nous aide à nous réveiller dans notre foi, à redécouvrir la beauté et l’unicité de notre foi chrétienne, à nous imprégner réellement de cette foi.

La naissance du Christ n’est pas celle d’un enfant parmi d’autre. Jésus n’est pas qu’un simple homme qui a vécu dans notre histoire humaine. On le résume parfois -et à tort- comme un grand sage, un bon humaniste… Jésus est le Fils de Dieu, le Verbe, la Parole de Dieu qui a pris de la Vierge Marie, par l’action de l’Esprit-Saint, pour sauver les hommes. On pointe ici le mystère de l’incarnation de Dieu, singulier et propre aux chrétiens.

Ce mystère révèle la grande proximité de Dieu avec les hommes. Nous pensons parfois être loin de Dieu ou nous pensons que Dieu est loin de nous. Pourtant en la personne de Jésus, il se fait proche… Apprenons, réapprenons à le redécouvrir, en communauté, dans la prière commune, la Parole de Dieu et les sacrements.

Élisabeth fut remplie de l’Esprit-Saint lors de cette visitation de Marie. Elle va inaugurer la foi de l’Église en Jésus en reconnaissant Marie comme la mère de son Seigneur. Ce terme Seigneur souligne bien la divinité de l’enfant qui naîtra de Marie : Marie est bien Mère de Dieu. Élisabeth reconnaît aussi Marie comme la femme la plus bénie, celle qui est « heureuse » pour avoir cru aux paroles du Seigneur qui lui ont été adressées.

Marie et Élisabeth rappellent à toute l’Église sa mission de prendre le relais dans l’annonce de la foi, notre mission de porter le Christ aux autres. Nous l’avons reçu depuis notre Baptême. L’Esprit-Saint nous a été donné pour proclamer la Bonne Nouvelle. Dieu se rend visible aux hommes par nous !

Je pense plus particulièrement à ceux qui visitent et portent la communion aux malades, aux personnes âgées, aux prisonniers… Par l’intermédiaire de ces personnes, Dieu se rend présent au cœur de l’existence de ces malades, de ces personnes âgées, de ces prisonniers… Je pense aussi -plus simplement- aux visites les plus simples mais tant nécessaires de notre quotidien : nos voisins les plus isolés, les personnes hospitalisées ou en maison de retraite…

Nous n’avons pas toujours conscience que par nous, c’est Dieu qui visite ces personnes car nous sommes porteurs du Christ. Et cela, même si nous ne parlons pas systématiquement (ou pas du tout) de Dieu, de l’Église, de la foi, parce que nous vivons des actes de charité au nom de Jésus. Croyons-nous suffisamment que lors de ces rencontres Dieu vient également nous visiter ?

À l’approche de Noël, que la prophétie d’Élisabeth nous stimule : Christ est notre Seigneur ! Laissons enfin Marie nous visiter, qu’elle nous montre son Fils et qu’elle nous aide à mieux l’accueillir dans nos vies. Belle montée vers Noël !




4ième Dimanche de l’Avent – par Francis COUSIN (Lc 1, 39-45)

« Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. »

 

 Dans le verset précédent le début du passage de l’évangile d’aujourd’hui, Marie dit à l’ange Gabriel : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »

J’ai toujours été surpris de cette parole dans la bouche d’une jeune fille d’environ quinze, d’abord parce qu’elle ne sait pas vraiment à quoi elle s’engage, sinon d’être la mère de Jésus, et ensuite parce qu’une révélation venue d’un ange, on peut se permettre d’être circonspect.

Bien sûr, l’Esprit Saint est venu sur elle, … Mais elle accepte sa venue …

Et nous, est-ce que nous sommes aussi docile à l’action de l’Esprit Saint ?

Et aussitôt, Marie partit « avec empressement … dans une ville de Judée. ».

On ne dit rien de ses proches : ses parents, Joseph …

Ont-ils été prévenus de son départ ? On ne sait pas !

Mais Marie s’en va, avec empressement, et sans doute avec grande joie.

Quand l’Esprit Saint touche une personne, elle ne peut pas rester chez elle à se demander ce qui se passe, à se poser des questions, à réfléchir, à tergiverser … Il faut aller de l’avant, bouger ! L’Esprit Saint veut des personnes en marche, parce qu’elles sont investies d’une mission qu’il faut mettre en œuvre, même si on ne la connaît pas, ou pas totalement ! Même si on la découvre au fur et à mesure … « Le vent souffle où il veut : tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi pour qui est né du souffle de l’Esprit. » (Jn 3,8)

Quand Marie arrive à destination, elle salue sa parenté.

Qu’a-t-elle dit ? On ne le sait pas …

Marie, elle, savait qu’Élisabeth était enceinte (et à six mois de grossesse, cela se voyait …), mais pas Élisabeth au sujet de Marie … Mais voici que son enfant tressaillit en elle … et l’Esprit Saint lui fait comprendre que ce n’est pas un gigotage normal, mais qu’il est dû à la rencontre entre les deux fœtus de Jean-Baptiste et de Jésus, entre deux fœtus initiés par l’Esprit de Dieu, entre le fœtus du dernier prophète de l’Ancien Testament et celui du Messie annoncé …

Élisabeth aussi se laisse ’’pousser’’ par l’Esprit Saint, elle accepte de croire à ce qui paraît inconcevable pour quelqu’un qui n’est pas poussé par l’Esprit Saint …

Alors elle entre en grande joie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ».

Marie et Élisabeth ont cru à l’action de l’Esprit Saint en elles et entre elles.

Elles ont cru à l’action de l’Esprit en elles …

Et nous ? Est-ce que nous croyons à l’action de l’Esprit Saint en nous ?

Oh bien sûr, nous ne sommes certainement pas appelés à donner naissance à un prophète !

Encore que … ? Un prophète comme Jean-Baptiste, avec comme vêtement une peau d’animal ? … Assurément pas ! Cela ne se fait plus à notre époque !

Mais, que l’on soit homme ou femme, donner naissance à un prophète, c’est-à-dire à quelqu’un qui parle au nom de Dieu … Oui, c’est toujours possible … un enfant qui peut devenir un prêtre, un moine, une religieuse, … ou un simple laïc, homme ou femme, … mais quelqu’un qui ose parler de Dieu avec ceux qu’il rencontre …

C’est cela être prophète …

C’est-à-dire que, d’une certaine manière, tout baptisé devrait être un prophète … dans sa famille, son travail, ses relations …

Et si on regarde bien les choses : à chaque fois que nous allons communier, nous recevons le corps du Christ en nous … C’est Jésus qui vient dans notre cœur … Pour nous aider à vivre en chrétien dans notre vie de tous les jours … mais pas seulement pour nous : pour aider tous ceux que nous rencontrons à vivre en chrétien ou selon l’évangile de Jésus, selon qu’ils sont baptisés ou non. Pour être des témoins de Jésus …

C’est d’ailleurs ce que nous dit le prêtre à la fin de la messe : « Allez porter l’Évangile du Seigneur ! ».

C’est le rappel de notre mission de baptisés …

Une mission qui devrait nous mettre dans la joie, comme Marie et Élisabeth … une mission que devrait nous obliger à nous déplacer, physiquement, spirituellement, intellectuellement … pour accueillir le don de Dieu en nous … et dans les autres …

A quelques jours de Noël, gardons dans nos cœurs l’émerveillement d’Élisabeth et celui de Marie : « Le Seigneur a fait pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! ».

Et soyons prêts à accueillir Jésus dans nos vies, chaque jour, et lui donner la première place. C’est cela Noël … et c’est chaque jour !

Seigneur Jésus,

dans nos préparatifs de Noël,

que nous ne t’oublions pas !

C’est toi notre invité d’honneur,

et c’est à toi que nous devons penser en premier,

mais sans oublier que tu es présent

en chacun de nous,

et surtout dans les plus pauvres.

 

                                     Francis Cousin   

 

 

 

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant : Image dim Avent C 4°




4ième Dimanche de l’Avent – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 1, 39-45).

 » Avec le Don de l’Esprit, le Ciel est déjà là … « 

(Lc 1,39-45)

En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

 

            « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30), nous dit le Fils, unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit qui est aussi Amour, Lumière et Vie. Cette Révélation peut s’étendre à l’Esprit Saint, Personne divine, qui lui aussi est « un » avec eux… Et ce Dieu « un », Mystère éternel de relations et de communion de Trois Personnes divines, a créé l’humanité « à son image et ressemblance » (Gn 1,26) pour qu’elle aussi soit « une » dans l’unité de ce même Amour, de cette même Lumière, de cette même Vie. Tel sera le Royaume des Cieux (Rm 14,17 ; 1Co 1,9). Et ce récit de la Visitation illustre à quel point il est tout proche, déjà présent, vécu, dans la vie de celles et ceux qui ont accueilli par leur foi « le Don de Dieu », le Don de l’Esprit Saint…

            Marie vient de recevoir l’annonce de l’Ange : par l’Esprit, elle donnera bientôt au monde le Fils du Très Haut, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14). Elisabeth, sa cousine, attend elle aussi un enfant, Jean-Baptiste, et elle en est à son sixième mois, lui a dit l’Ange. Aussitôt, la toute jeune Marie part « rapidement » lui rendre visite…

            « Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth ». Rien de plus simple apparemment… Et pourtant, Marie est « la Comblée de Grâce » (Lc 1,28), l’Immaculée Conception. En elle, « Dieu est tout », et Il Est « Esprit » et « Lumière » (1Co 15,28 ; Jn 4,24 ; 1Jn 1,5)… De plus, elle porte en son sein « Celui en qui habite corporellement la Plénitude de la Divinité » (Col 2,9), Jésus, « la Lumière du monde » (Jn 8,12)…

            Lorsque Marie entra chez elle, Elisabeth fut « remplie de l’Esprit Saint », cet Esprit qui est Lumière et qui, par sa simple présence, « illumine les yeux du cœur » (Ep 1,18). « Par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10)… Marie vient de concevoir, rien ne se laisse deviner à l’œil nu et elle n’a encore rien dit. Mais Elisabeth, illuminée de l’intérieur, peut maintenant reconnaître ce que l’œil seul ne peut voir : sa petite cousine est désormais « la Mère de mon Seigneur, bénie entre toutes les femmes ».

            Au même moment, Jean-Baptiste, six mois, a bougé en elle, et Elisabeth le sait : ce tressaillement n’est pas anodin. Il est le fruit de « l’Esprit Saint » qui « remplit » son enfant « dès le sein de sa mère » et qui le pousse à réagir en la Présence du Fils de Dieu dans le sein de Marie… Nous le voyons : tous sont habités par le même Esprit, en communion déjà ici-bas comme Dieu nous appelle à l’être tous pleinement au Ciel…

                                                     DJF