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5ième Dimanche du Temps Ordinaire année B (Mc 1, 29-39) par D. Jacques FOURNIER

Jésus Sauveur du Monde (Mc 1,29-39)

En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André.
Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade.
Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.
Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons.
La ville entière se pressait à la porte.
Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.
Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait.
Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche.
Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. »
Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »
Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

jésus guérit 4

            Cette page d’Evangile est un résumé de toute la mission de Jésus : sauver tous les hommes, s’ils acceptent bien sûr, en toute liberté, de se repentir et de se laisser sauver. Jésus vient d’enseigner dans la synagogue de Capharnaüm : « Le temps est accompli », toutes les prophéties de l’Ancien Testament s’accomplissent avec lui, « et le Royaume de Dieu est tout proche » : le « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) est là, invisible mais présent à la vie des hommes, en Seigneur Tout Puissant, et il se propose de régner en nos cœurs et en nos vies par le Don de son Esprit. Si nous consentons à cette Présence et à son action en nous, « la Lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 1,5) : elle règne ! Alors, « la paix du Christ règne dans vos cœurs » (Col 3,15) et sa Parole se réalise : « Que votre cœur ne se trouble pas » (Jn 14,1). En effet, « c’est Lui qui est notre paix : en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,14-18) : l’Amour règne… « Tout est pardonné »… En effet, tous les hommes, « Juifs et grecs, tous sont soumis au péché… Le monde entier est coupable devant Dieu » (Rm 3,9-20) ? « Par le péché, la mort est entrée dans le monde et passé en tous les hommes, puisque tous ont péché » (Rm 5,12) ? « Vous qui étiez morts du fait de vos fautes, Il vous a fait revivre avec lui! Il nous a pardonné toutes nos fautes ! » (Col 2,13). « Le Don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) : la Vie règne ! Et « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), qui a tout créé par amour (Sg 11,24), veut que toutes ses créatures aient une vie réelle, solide, durable (Sg 1,14). En Jésus Christ, il est donc venu, dans la paix, déclarer la guerre à tout ce qui abîme, blesse, tue la vie, luttant par amour contre le mal, et cela pour le bien même de ceux qui le commettent ! « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ! » (1Tm 2,3-6). Tous, sans aucune exception, et il invite avec le plus de force les pires criminels à se repentir pour que ces derniers, ses enfants eux aussi, aient la vie (Jn 10,10). Et rien ne lui est impossible (Mt 19,26), car « là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20). Qui pourrait prétendre tarir l’infini de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu ?

            Voilà ce qui est dit en actes ici : guérison de la belle-mère de Simon Pierre, juive, puis guérison de tous les habitants de Capharnaüm qui venaient à Jésus, Juifs et païens, sans aucune distinction… Dieu appelle tout homme au salut…                 DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Moïse disait au peuple : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18, 15).

Commençons par définir ce qu’est un prophète

Un prophète est d’abord une personne homme ou femme, choisie par Dieu pour parler en son nom.

Ce ministère prophétique est nécessaire, et la première lecture (Dt 18) nous rappelle pourquoi. Avant l’entrée en Terre Promise, Moïse a fait un dernier discours au Peuple d’Israël, et lui a remis en mémoire l’origine de cette « médiation prophétique ». Sur le mont Horeb, lorsque Dieu s’était manifesté de manière spectaculaire et avait parlé lui-même au Peuple, celui-ci a pris peur et a dit à Moïse : « Parle nous toi-même et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous mourrions » (Ex 20, 19).

Deuxièmement, la mission du prophète est de comprendre la Parole de Dieu pour son temps, et de la transmettre fidèlement à ses contemporains, dans le but de les conduire à une conversion, à un changement de comportement quand cela est nécessaire.

En ce sens, nous pouvons dire que saint Paul était un prophète. Il a compris la Parole du Seigneur pour son temps et l’a transmise fidèlement à ses contemporains.

L’Apôtre a écrit le passage de la Première Lettre aux Corinthiens que nous avons  entendu en deuxième lecture vers 53 (1 Co 7, 32-35). À cette époque, les croyants pensaient que le retour glorieux du Christ était proche : « le temps se fait court » écrit saint Paul quelques versets avant notre passage (7, 29). C’est donc d’abord dans la perspective d’une fin des temps imminente que nous pouvons comprendre l’exhortation à rester célibataire. Évidemment, cela n’a plus vraiment de sens aujourd’hui.

Toutefois, cela ne signifie pas pour autant que saint Paul n’a rien à nous dire ce matin. En conseillant le célibat, le but que poursuit l’Apôtre est « que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » (7, 35). Si le célibat n’est pas la meilleure option pour tout le monde, saint Paul nous invite à nous interroger personnellement : « Est-ce que ma relation amoureuse (ou mon célibat) renforce ou affaiblit mon attachement au Seigneur ? ».

Le texte d’évangile de ce dimanche se trouve au début de l’évangile selon saint Marc (Mc 1, 21-28). Son thème central est celui de l’identité de Jésus. La liturgie oriente notre lecture en nous indiquant que Jésus est le prophète qui a été annoncé par Moïse et le Seigneur.

Dans la première lecture, le Seigneur à dit : «  Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 18-19).

Il me semble que cette annonce se vérifie dans notre texte d’évangile.

Au v. 22 nous lisons « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

L’autorité de Jésus vient du fait que « Dieu le Père a mis dans sa bouche ses paroles » (Dt 18, 18). Nous savons que pour Dieu « dire c’est faire ». Un verset du Livre d’Isaïe l’exprime très bien : « Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55, 11).

C’est cette Parole performatrice, c’est-à-dire cette Parole qui accomplit ce qu’elle exprime, que Dieu le Père a mis en Jésus.

L’exorcisme qui est relaté est le signe confirmant l’autorité de Jésus et l’efficacité de sa parole : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » (Mc 1, 27).

L’exorcisme renvoie directement à l’enseignement de Jésus. Nous pourrions dire que l’exorcisme prouve la véracité de ce que dit Jésus.

Et que dit Jésus ? Quel était le contenu de sa prédication ?

Quelques versets avant l’évangile d’aujourd’hui nous lisons : « (Jésus) disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1, 15)

Le fait qu’un esprit impur soit contraint de sortir d’un homme qu’il tourmentait est la preuve que « le Règne de Dieu s’est approché ».

Maintenant que nous avons pris conscience de l’origine divine des Paroles de Jésus, considérons que Dieu s’adresse à chacun d’entre nous quand il nous donne cet avertissement dans la première lecture : « Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte » (Dt 18, 19)

Une fois que la Parole est donnée, chacun est responsable devant Dieu de la façon dont il la reçoit, et de la façon dont il la met en pratique dans sa vie.

Le psaume que nous avons chanté tout à l’heure nous interroge : « Aujourd’hui, écouterez-vous sa Parole ? » (Ps 95, 7)

Et moi, quelle est la place que je donne à la Parole de Dieu dans ma vie ? La messe dominicale, est-elle pour moi, un moment privilégié de rencontre avec le Seigneur et d’écoute de sa Parole ?

Demandons au Seigneur la grâce d’être attentif à sa Parole. Nous savons que si nous écoutons vraiment sa Parole, « elle ne retournera pas à Dieu sans avoir accompli en nous ce qui lui plaît » (cf. Is 55, 11). Amen !




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – par Francis COUSIN

« Les premiers disciples. »

Tout va très vite dans l’évangile de Marc, accentué par l’utilisation fréquente de l’adverbe aussitôt.

Jésus vient d’appeler ses quatre premiers disciples : deux pécheurs à l’épervier et deux pécheurs en barques, à la traîne, sans doute pour montrer qu’il s’adresse à tous, quel que soit leur rang social, la pêche à l’épervier étant accessible à tous (il suffit d’un filet), tandis quel la pêche en barque nécessite plus d’investissements.

Ils arrivent à Capharnaüm, le village de Simon et André, et le premier jour de sabbat qui suit, « Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. ».

On ne parle plus des quatre premiers disciples … mais on les retrouvera juste après ce passage pour la guérison de la belle-mère de Simon. Sans doute parce que l’attention doit être portée sur Jésus seul.

Jésus enseigne …

Qu’a-t-il dit ? On ne le sait pas …

Ce qu’on sait, ce sont les réactions de ceux qui l’ont écouté : « Il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. ».

Pourtant les scribes avaient une autorité reconnue pour parler, ils avaient étudié les écritures …

D’où venait donc l’autorité avec laquelle Jésus parlait ?

On peut peut-être trouver la réponse dans l’intervention de l’homme « tourmenté par un esprit impur », quand il dit de Jésus qu’il est « le saint de Dieu », expression peu utilisée dans la bible et donc le sens est variable, sinon qu’il est reconnu par Dieu comme un homme pieux. La seule chose que l’on puisse est que son enseignement est en relation avec Dieu, que son autorité vient de Dieu.

Cet homme tourmenté par un esprit impur s’était mis à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ».

Les esprits impurs sont des opposants à Dieu. Ils connaissent des choses que les autres hommes ne savent pas.

L’homme appelle Jésus par son nom et sa ville d’origine, alors qu’il vient juste d’arriver à Capharnaüm. C’est la vérité.

« Es-tu venu pour nous perdre ? ». C’est une question dont il ne donne pas la réponse, mais ce faisant, il jette le doute sur les intentions de Jésus pour tous les auditeurs. Alors qu’il sait que les intentions de Jésus sont totalement différentes : il est venu pour sauver les humains et leur donner la vie éternelle. Son discours est fallacieux.

Avec le démon, il n’y a pas trente-six solutions : il faut le faire taire, l’envoyer bouler.

Ce que fait Jésus : « Tais-toi ! Sors de cet homme. ».

Devant la puissance de Jésus, le démon ne peut pas tenir : « L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. ».

Voyant cela, tout le monde est stupéfié, et la réaction est unanime : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». On ne parle plus de l’enseignement de Jésus, comparé à celui des scribes, mais d’un enseignement nouveau, toujours donné avec autorité, non pas en paroles, mais en action : « Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. ».

« Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée. »

Seigneur Jésus,

tu es venu pour nous sauver,

mais l’esprit impur veut mettre

 le doute en nous,

nous faire croire l’inverse.

Garde-nous de nous laisser

prendre au piège du démon,

nous t’en prions.

 

Francis Cousin

 

 

 

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4ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – Homélie du Père Louis DATTIN

Jésus parle avec autorité

 Mc 1, 21-28

Dans cet Evangile, frères et sœurs, voici donc Jésus face à face avec le mal, c’est l’affrontement. Mais le Christ est le plus fort : le démon est vaincu, il sort du cœur de l’homme. C’est un combat que Jésus engage pour une libération totale de l’homme.

Eh bien, puisque Jésus a vaincu le mal, sommes-nous encore concernés ? Oui, parce que cet esprit du mal, il est toujours présent au cœur de l’homme, et Jésus, et nous aussi, nous avons toujours à lutter contre lui. C’est ce que nous allons essayer de comprendre.

Vous avez certainement déjà entendu cette question :

« Pourquoi Dieu permet-il le mal ? » Qui n’a jamais entendu cette réflexion : « Si Dieu existait, il n’y aurait pas de mal ? »

Essayons de réfléchir : si Dieu nous aime vraiment, il nous respecte et s’il nous respecte, il va nous laisser libres c’est-à-dire capables de « choisir » ; la grandeur, la dignité de l’homme, c’est son pouvoir de construire, de lutter, de décider, de maîtriser la nature par la science, la technique, un travail qui va le mettre au service de ses frères.

Si Dieu, sous prétexte de bonté, intervenait sans cesse nous disant d’une certaine façon : « Pousse- toi de là, marmaille, tu ne sauras pas élever l’homme, bâtir le monde. Assieds-toi, je vais m’en occuper ». Dieu serait « paternaliste » et non pas « Père« . Un enfant qui a des parents qui font tout à sa place, sous prétexte qu’il n’est pas capable de le faire, est un enfant qui, devenu adulte, sera nul : ses parents ont tout fait à sa place.

Si sous prétexte de faire notre bonheur, on fait tout à notre place, nous devenons des incapables parce que nous n’avons jamais vraiment exercé notre responsabilité personnelle.

Si Dieu concentre tous les pouvoirs entre ses mains, nous ne sommes que des marionnettes, des robots, des esclaves et Dieu devient un dictateur.

– A un alpiniste qui veut gravir une montagne et aller, avec des fatigues et des souffrances, jusqu’au sommet, Dieu ne va pas lui envoyer un hélicoptère pour le déposer sur le sommet qu’il voulait vaincre.

– Dieu ne fournira pas aux patrons, aux ouvriers, des usines clefs en mains fonctionnant sans efforts, avec, en prime, la garantie absolue que tous les problèmes sociaux seront réglés.

– A l’amoureux, il ne donnera pas une belle qui ne pourrait que dire : « Je ne peux pas faire autrement que de t’aimer et te rester fidèle ».

– Aux parents, il ne donnera pas des enfants « bien élevés », sans aucun problème.

Sinon, il n’y aurait plus d’homme et plus de « Dieu-Amour ». Quand nous disons « Je crois en Dieu tout puissant », nous ne croyons pas qu’il est un « tout-puissant » dominateur, un « Napoléon » céleste, mais le « tout-puissant de l’amour » risquant tout par respect pour l’homme.

Le MAL et la souffrance dans le monde sont le prix de la LIBERTÉ et donc de la dignité de l’homme car l’homme n’est pas une BÊTE. Dieu l’a voulu responsable puisque créé par amour et pour l’AMOUR. Ainsi, l’homme est libre. Il le sait. C’est sa grandeur, mais c’est aussi son drame : créé à l’image de Dieu, il voulait être Dieu. Mais il est limité comme la main qui ne peut agir que si elle est reliée au poignet, au coude, à l’épaule, au cœur, au cerveau.

Alors nous voudrions tout pouvoir et tout avoir, comme un petit Dieu qui possède tout pour lui : sa maison, sa voiture, sa télé mais aussi posséder les autres : ma femme, mon mari, mes enfants, mes amis.

 Alors, nous proclamons : « Je ne demande rien aux autres. Je me suffis à moi-même ! » « Allons donc », « Ça me suffit » « Cher petit Dieu » Est-ce toi qui t’es donné la vie ? Est-ce toi qui as construit la maison que tu habites ? Le poste de télé que tu regardes ? Est-ce toi qui as élevé le bœuf dont tu vas manger le carri à midi et écrit les livres dans lesquels tu as étudié ? Tu n’es souvent qu’un parasite qui vit sur le dos des autres. Tu t’enfermes sur tes biens ! ENFERMÉ→ENFER… Ça ne te dit rien ?… Malheureux ! Tu crois posséder tes biens, en fait tu es possédé par eux ! La voilà, la véritable possession ! Tu es ligoté, tu t’es fait posséder !… tout comme Adam et Eve : « Mangez du fruit défendu et vous serez comme des dieux ».

Alors, mes amis, qui va chasser de notre cœur cet esprit du mal ? Qui va nous sauver ? Qui nous libérera ? Ce ne sont pas les guérisseurs et les voyantes : ils se trompent d’adresse en désignant ceux qui nous font du mal. Ce ne sont pas non plus nos seuls efforts, ni nos seules luttes, si justifiées soient-elles. Nous ne sommes pas assez forts contre le mal et nous avons du mal à l’admettre. Nous essayons et nous échouons ! Pourquoi ? Parce que notre cœur n’est pas changé !

Jésus et Jésus seul est assez fort pour transformer notre cœur de pierre en cœur de chair. Jésus seul est le vrai libérateur, le seul qui peut nous rendre la liberté, en nous délivrant de l’Esprit mauvais qui trop souvent nous « possède », nous rend « captif ». Mais jamais Jésus ne nous délivrera pas de force. Il chemine dans nos vies, il continue à interpeler avec autorité.

 

C’est son Esprit qui murmure au creux de notre conscience : « Tu ne vas pas faire cela » ; « Tu ne vas pas continuer à vivre ainsi ».

C’est son Esprit qui, par l’Eglise, nous invite à rejoindre ceux qui luttent et qui travaillent concrètement à bâtir un monde de communion, comme le possédé de la synagogue, un jour ou l’autre, nous reconnaissons Jésus et l’Esprit mauvais en nous se débat :

« Que me veux-tu Jésus de Nazareth ? », « Je sais fort bien qui tu es », « Ce n’est pas possible de vivre comme tu me le demandes : c’est trop dur, trop exigeant…et ma tranquillité ? Et mes petites satisfactions ? Et mes biens ? Si je te donne un peu, tu demandes davantage et si je donne davantage, tu réclames tout ! », « Cesse de me tourmenter ! »

C’est la lutte en nous, le combat spirituel et autour de nous l’Esprit du mal et l’Esprit du Christ : combat mille fois renouvelé dans nos vies partagées.

Frères et sœurs, il n’y a pour nous qu’une seule issue : accueillir la Parole et nous ouvrir à l’Esprit d’amour. Alors, nous aussi, comme le possédé de l’Evangile, nous pousserons un grand cri : le cri de la liberté retrouvée ! AMEN




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) par D. Jacques FOURNIER

« Jamais homme n’a parlé comme cela »

(Mc 1,21-28)…

Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.
Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :
« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »
Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »
L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.
Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

4DAB2

Jésus surprend ici son auditoire car « il enseigne en homme qui a autorité ». Contrairement aux scribes qui ne cessaient de se référer à tel ou tel Maître célèbre, son discours n’est pas le fruit d’une sagesse tout humaine ; il ne cherche pas à briller d’une manière ou d’une autre. Son seul souci est de « rendre témoignage à la vérité ». Et cette vérité n’est pas avant tout d’ordre intellectuel : elle est Mystère d’une vie vécue en communion avec le Père, une vie qu’il reçoit du Père de toute éternité par le Don de l’Esprit de Lumière et de Vie, que le Père ne cesse de lui offrir par Amour, et rien que par Amour. Et c’est ainsi qu’il l’engendre en « Dieu né de Dieu »…

Ainsi, avant de dire quoi que ce soit, Jésus vit cette relation avec son Père, et sa Parole n’est que le témoignage de ce qu’il vit : « De même que le Père qui est vivant a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57)… Il aurait pu dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Père qui vit en moi », comme le dira plus tard St Paul, par le « Oui ! » de sa foi au Christ Jésus, devenu « Esprit vivifiant » par sa Résurrection : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (1Co 15,45 ; Ga 2,20).

Sa Parole a donc force de témoignage : si Jésus dit ce qu’il vit, et grâce à qui il le vit, rien ni personne ne pourra lui faire dire le contraire… « Je dis la vérité », affirme-t-il par deux fois en St Jean (Jn 8,45-46). De plus, sa Parole ne vient pas de lui : « Je dis au monde ce que j’ai entendu de lui… Ainsi donc, ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis ». L’autorité de Jésus s’enracine donc dans l’autorité du Père Lui-même…

Et que ne cesse de lui dire le Père ? « Tu es mon Fils bien-aimé » (Mt 3,17 ; 17,5), et en lui disant cela, il ne cesse de se donner tout entier à lui, l’engendrant ainsi en Fils « de même nature que le Père ». « Père », dira Jésus juste avant sa Passion en pensant à ses disciples : « Tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,24) ! Telle est toute la Bonne Nouvelle, la seule Parole d’Amour et de Vie que le Fils reçoit du Père de toute éternité, et qu’il est venu nous transmettre, au Nom de son Père… Si nous acceptons de l’accueillir par le « Oui ! » de notre foi, nous vivrons alors nous aussi de cette Vie qu’il reçoit du Père, et ce « trésor » (2Co 4,7) sera, dès ici-bas, dans l’aujourd’hui de notre foi, la Vie de notre vie, cette seule vraie Joie que rien ni personne ne pourra nous enlever…                              DJF




Prédication pour le dimanche 28 janvier 2024 Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion par Fr. Manuel Rivero O.P.

« Les nouveaux colons »

L’Évangile nous fait voyager aujourd’hui à , ville de la Galilée, dans le nord d’Israël, tout près du lac de Tibériade. Jésus, qui n’a pas de maison à lui, séjourne souvent chez l’apôtre Pierre.

C’est le jour du sabbat. Jésus se rend à la synagogue. Les Juifs justes qui connaissent la Loi peuvent y prendre la parole pour commenter en araméen le texte hébreu de l’Ancien Testament, en particulier les prophètes.

Jésus n’est pas un rabbin ; il n’a pas suivi la formation pour le devenir qui exige des années d’étude. Il n’a pas été ordonné rabbin par l’imposition des mains du collège des rabbins. Jésus ne porte pas non plus la longue tunique des rabbins.

Le voilà qui parle avec autorité : « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7, 46). Quand il parle, Jésus fait et il fait grandir ceux qui l’écoutent avec foi. Le mot autorité vient du latin « augere », « faire grandir ». Prophète, le plus grand des prophètes, Jésus non seulement révèle la volonté de Dieu mais il l’accomplit à travers des miracles qui sont des signes de la présence aimante de Dieu : les malades sont guéris ; les esprits tourmentés par le diable en sont libérés. Jésus rend libre. Lui, le Saint de Dieu, remplit d’amour divin les corps et les âmes.

L’histoire du monde converge vers Jésus. En lui se trouve la clé du mystère de Dieu et du sens de l’existence humaine. Maître de la création et de l’histoire, Jésus enseigne, oriente et il sauve. Les esprits diaboliques le reconnaissent et ils le fuient.

Saint Marc a construit son évangile autour de la question capitale : « Qui est cet homme, Jésus ? ». 

Qui est Jésus pour moi ? Saint Marc nous aide à trouver la réponse juste en donnant la parole aux différents témoins de la vie de Jésus : la création, les malades, les possédés, les pécheurs et même aux païens comme le centurion romain qui s’est exclamé sur le Calvaire, devant Jésus qui transmet son dernier souffle avant de mourir sur la croix : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ! » (Mc 15, 39).

Nous voici devant Jésus. Qu’attendons-nous de lui ? Qu’attend-il de nous ?

Malheur à nous si nous le regardons comme des spectateurs sceptiques, méfiants, arrogants, assoiffés de nouveautés et consommateurs d’émotions sans fin. Malheur à nous si nous mettons Dieu à l’épreuve en disant : « Où est Dieu ? Est-il vraiment au milieu de nous ? ».

Heureux sommes-nous si Jésus devient notre maître, notre force et notre soutien, notre sauveur du mal et de la mort.

La finale de l’Évangile de saint Matthieu nous dévoile la volonté de Jésus pour les apôtres et pour l’humanité. Il s’agit de devenir « disciple » et non spectateur curieux ; se laisser enseigner, façonner et conduire par la Parole de Dieu et par les sacrements : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde »  (Mt 28, 18-20).

Jésus nous aime, il nous appelle pour nous envoyer vers les autres, en quittant nos zones de confort. Le disciple du Seigneur Jésus vit de lui, avec lui et pour lui, au service de l’Église et de l’humanité.

L’art chrétien montre le diable avec des doigts crochus. Au lieu de se tourner vers Dieu, le diable se replie sur lui-même.

Dans sa lettre aux Corinthiens, saint Paul exhortait les chrétiens à se donner à Dieu sans partage. Le don à Dieu se déploie dans la charité ; il n’y a rien d’automatique. Célibataires ou mariés, tous les chrétiens sont appelés à devenir disciples et à se donner à Dieu. Sans la charité, le célibat peut tourner au repli sur soi et à l’amertume. Sans la charité, les relations amoureuses peuvent devenir « l’égoïsme à deux ». Mais par la foi, des couples et des familles prennent des risques pour servir les pauvres dans des pays étrangers. Qu’il est beau de constater l’engagement chrétien des jeunes mariés et des familles dans des pays comme Haïti.

Les Missions Étrangères de Paris, les MEP, organisent des séjours de volontariat en Asie. Les jeunes filles sont plus nombreuses et plus courageuses que les garçons à se lancer dans l’inconnu pour accomplir la volonté de Jésus ressuscité : « Allez ! ». Dans la vie religieuse, les sœurs arrivent souvent avant les frères dans les pays de mission.

Que proposons-nous aujourd’hui à la jeunesse ? Quels sont les idéaux, les modèles et les projets que nous offrons à ceux qui commencent à vivre ?

Nous constatons la dictature du relativisme. Nos nouvelles générations réunionnaises sont relativistes, façonnées par Internet, qui met tout sur le même plan. Sur Internet, il n’y a pas de vérité, uniquement des opinions.

Nous assistons à une nouvelle colonisation culturelle massive. Les nouveaux colons n’arrivent pas sur des bateaux. Ils rentrent dans nos maisons et surtout dans nos cerveaux et dans nos esprits à travers Internet. Ces nouveaux colons gèrent des multinationales financières. Ils développent le formatage des mentalités à travers des feuilletons télévisés et des réseaux sociaux.

L’esclavage est aussi pratiqué de manière subtile par le déversement de la pornographie, addiction qui ramollit les esprits, invasion ineffaçable de l’imaginaire par des images chocs, qui provoquent le mimétisme dans la soumission de la liberté personnelle aux modèles matérialistes.

Après la théologie de la libération en Amérique latine, une nouvelle approche théologique cherche la décolonisation. Il me semble que la décolonisation la plus importante concerne nos modèles médiatiques de consommation qui poussent toujours à prendre et à profiter, afin de vivre dans la plénitude de notre humanité par la foi en Jésus, « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20), comme l’écrivait saint Paul, apôtre. Amen.

 

 

 

 

 




3ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 14-20) – par Francis COUSIN

« Les premiers disciples »

« Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu. ».

Pourquoi Jean-Baptiste a-t-il été arrêté ? On ne le sait pas … du moins pour le moment … et on ne le connaîtra que plus tard, en Mc 6,17.

La Galilée, carrefour des nations, où depuis longtemps les influences d’autres pays, et donc d’autres religions se mêlent à la religion juive … et il y va pour « proclamer l’Évangile de Dieu. ».

Ce n’est pas simplement parce qu’il y a passé toute son enfance qu’il y retourne … mais dans un esprit missionnaire … et il ne va pas à Nazareth, chez ceux qu’il connaît …

Il va vers la mer de Galilée …

La mer … un lieu qui représente dans la bible le lieu où habitent les forces du mal … celles qui sont contraires à ce que veut Dieu.

Et c’est là qu’il rencontre Simon et son frère André, deux pécheurs adeptes de la pêche à l’épervier, une pêche où on lance le filet dans la mer, et on récupère les poissons qui sont dessous.

Jésus leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. ».

Sur le coup, ils n’ont sûrement pas com pris ce que Jésus voulait dire : ’’pécheurs d’hommes’’, et il leur faudra sans doute du temps pour qu’ils le comprennent …

Néanmoins, sans semble-t-il se poser des questions … et sans en poser à Jésus … « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. ».

« Laissant leurs filets », leur seul outil de travail, ce qui leur permettait de vivre, eux et leurs familles …

Fallait-il que l’attitude de Jésus, le ton de sa voix, son regard, soient persuasifs pour qu’ils le suivent ainsi …

Un peu plus loin, Jésus rencontre de nouveau deux frères : Jacques et Jean, fils de Zébédée, pêcheurs eux aussi, mais d’une forme différente : ils pêchent en barque, avec leur père et des ouvriers. Chacun à son rôle à remplir en fonction des moments …

Ce jour-là, ils réparent les filets … Jésus les invite à le suivre …

Et laissant tout : leur père, les compagnons de travail, ils suivent Jésus …

Dans les deux cas, ils s’en vont sans tenir compte des autres de leur entourage ou de leur famille …

L’appel de Dieu est plus important que tout ce qui fait leur vie !

Mais à ce moment-là, du moins dans les évangiles synoptiques … ils ne savaient pas encore que cet homme était le Messie … Et il faudra encore du temps pour que Pierre s’écrie « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16,16).

On peut être surpris de ce manque d’attention pour les familles des apôtres de la part de Jésus …

Bien sûr, comprend bien avec Jeanne d’Arc que : « Messire Dieu, premier servi ! » …

Bien sûr, on sait que Jésus a guéri la belle-mère de Pierre …

Peut-être est-ce pour cela que Pierre « se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. ». Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions [??!…], et, dans le monde à venir, la vie éternelle. » (Mc 10,18-30)

La certitude d’avoir la vie éternelle … c’est bien ! C’est sûr ! Même s’il doit y avoir des persécutions …

A l’heure actuelle, il y a encore (heureusement !) des personnes qui sont appelées à se mettre au service de Jésus, de Dieu …

Peut-être n’y en a-t-il autant qu’on en voudrait … mais il faut prier pour cela …

Heureusement que maintenant, on laisse à ces personnes plus de temps que Jésus pour qu’ils puissent vérifier leur vocation …

Prions pour que « les soucis du monde, la séduction de la richesse et toutes les autres convoitises [ne] les envahissent [pas] et [n’] étouffent [pas] la Parole, celle qui donne du fruit. » (d’après Mc 4,18-19).

Seigneur Jésus,

tu n’as pas eu de mal

à trouver tes premiers disciples …

mais nous avons du mal actuellement

à leur trouver des descendants !

Nous te prions, Seigneur,

pour que des femmes et des hommes

écoutent ton appel à te suivre.

 

Francis Cousin

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3ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 14-20) – Homélie du Père Louis DATTIN

Conversion

Mc 1, 14-20

Sans doute, avez-vous remarqué, frères et sœurs, le thème commun aux trois lectures de cette liturgie. Dans les trois, on vous dit :

« Dépêchez-vous, le temps vous est compté » ; « Il est grand temps de vous convertir ».

Nous avons d’abord le prophète Jonas qui se promène dans une ville païenne, énorme puisqu’il faut trois jours pour la traverser, en criant : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ! ».

« Aussitôt » (retenons ce mot « aussitôt », nous le retrouverons dans d’autres lectures), les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne et voyant leur réaction, Dieu renonça au châtiment.

« Encore quarante jours », proclamait Jonas.

St-Paul, dans la seconde lecture, est encore plus alarmiste : « Frères, je dois vous le dire : le temps est limité », « Ce monde tel que nous le voyons est en train de passer » et St-Paul, au lieu d’employer le mot « chrono » pour le temps, emploie le mot grec « Kaipos ». Carguer : on cargue ses voiles, c’est-à-dire qu’on les replie parce que le bateau arrive devant le port. St-Paul veut nous faire sentir par là que le chrétien doit être un homme en attente d’un événement ultime qui va arriver.

Il y a eu déjà le mystère pascal, le don de l’Esprit, les derniers temps sont advenus ; l’évènement ultime de notre histoire : la Résurrection du Christ après sa mort a déjà eu lieu. Dès lors, toute valeur, toute situation de vie concrète comme le mariage, la douleur, la joie, la possession de biens sont à situer par rapport à cette situation essentielle :

« Ce monde tel que nous le voyons est en train de disparaître ». Ce doit donc être aussi, par voie de conséquence, la mort du péché et la mort de la mort. Or, la mort de la mort, c’est la vie éternelle.

Passons à l’Evangile : Jésus ne va pas dire autre chose. Il disait (ce sont ses premières paroles en public dans l’Evangile de St-Marc celui que nous étudions cette année) : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ».

 

Quatre marins pêcheurs étaient là : « aussitôt » (voici que nous retrouvons ce mot), « aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent ». Ils partirent derrière lui.

En sélectionnant ces trois textes, l’Eglise, dans la liturgie d’aujourd’hui, a un message à nous livrer, quelque chose à nous dire, à nous les chrétiens de 2015 : “ Vous n’avez qu’une vie ”.

Frères, nous le savons bien, mais il faut parfois y penser, y repenser. Nous ne sommes pas éternels sur la terre, nous y sommes de passage, un « certain temps« , depuis le moment de notre naissance jusqu’à celui de notre mort et ce temps qui, de toute façon, est très court en regard de l’éternité, même si nous mourons centenaires, nous est donné par Dieu pour y faire nos preuves, pour nous préparer à vivre dans un temps sans temps où, comme dit le psaume « mille ans sont comme un jour ».

Jusqu’ici, la mort : ce fut toujours la mort des autres, mais il arrivera un jour où ce sera la mienne, la vôtre et nous ne savons pas quand cela doit arriver ; ça peut être dans trente ans, dans un an, ça peut être demain. On a comparé le temps à un sablier. Vous savez, ces deux sphères, l’une sur l’autre, où le sable de celle du dessus, grain par grain, tombe dans celle du dessous.

Mais le drame, c’est que nous ne pouvons pas voir le volume de celle du dessus, elle nous est cachée.

Y a-t-il encore beaucoup de sable à tomber ? Ou encore seulement quelques grains ? Nous n’en savons rien !

 En tous cas, quel qu’en soit son volume, les trois prophètes d’aujourd’hui nous disent tous les trois d’un seul cœur, Jonas, St-Paul, Jésus-Christ : « Les temps sont accomplis ». Le temps est limité « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Et c’est vrai que la plupart du temps, nous remettons à demain parce que disons-nous « Nous avons toute la vie devant nous ». Qu’en sais-tu ? Elle est peut-être toute entière derrière toi ? Combien as-tu à vivre dans cette situation provisoire ? En cette situation d’attente ? Tu n’en sais rien ! Et c’est pourquoi nos trois prophètes insistent : « Si le temps est si court, si nous ne savons même pas sa longueur, alors quelles conclusions en tirer ? »

« Encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Les habitants de cette ville païenne se convertissent : ils pratiquent un jeûne, du plus petit jusqu’au plus grand et prirent des vêtements de deuil. « Frères, je dois vous le dire, le temps est limité », répète à son tour St-Paul. Alors, tirez-en les conséquences : triez, éliminez, choisissez entre « les choses qui passent et celles qui ne passent pas« . Nous vivons tous les jours avec des éléments de notre vie : les uns sont éternels, les autres sont provisoires. Qu’allons-nous choisir ? Allons-nous arriver, surpris, dénudés, démunis sans aucune ressource parce que jusqu’ici, nous nous sommes attachés à du toc, à des fantaisies, à ce qui, demain, nous paraîtra sans valeur, sans consistance ? Ou bien avons-nous choisi d’arriver riches, équipés de toutes les valeurs évangéliques : pauvreté, douceur, justice, pureté, amour de Dieu et des autres, pardon sans condition, don de soi, lumière et vérité, liberté et discernement ?

Un chrétien témoignait qu’après son infarctus du myocarde, il ne voyait plus du tout la vie avec le même regard :

« Autrefois, disait-il, le temps pour moi n’était rien. Maintenant que je suis passé si près de la mort, j’accorde au temps beaucoup plus d’importance. Je goûte la vie avec plus d’intensité et je me mets à voir les autres avec un autre regard : ils ont une beaucoup plus grande importance à mes yeux ».

Et l’un d’eux, un professeur des beaux-arts, disait : « Depuis cette crise, la vie éternelle devient pour moi beaucoup plus présente et le sens de ma vie a changé ».

« Le sens de ma vie a changé » : c’est cela, ce que l’on appelle dans l’Eglise « la conversion ».

Quel est le sens de votre vie ? Avez-vous fait votre conversion ? Votre vie, où va-t-elle ? Dans quelle direction ? Quel est son cap ? Ou bien voulez-vous remettre encore à demain cette mise au point qui vous fait décider une vie différente, une décision, une vision différente de votre regard sur l’univers ? Essayez par exemple de prendre une journée ordinaire et de voir quel est votre emploi du temps.

Votre emploi du temps est une manière de dévoiler ce que vous êtes à l’intérieur de la vie actuelle. « Dis-moi quel est ton emploi du temps et je te dirai qui tu es ». Tous, depuis notre Baptême, nous sommes appelés par Jésus, à changer de vie, tout comme les apôtres sur le bord du lac : « Aussitôt laissant là leurs filets, ils le suivirent », Un peu plus loin, il vit deux autres disciples qui préparaient leurs filets, Jésus les appelle. « Aussitôt« , laissant dans la barque leur père et ses ouvriers, ils partirent derrière lui.

Tout comme pour nous : Dieu ne regarde pas la longueur d’une vie. Pour lui, le temps n’a pas d’importance si ce n’est pour attendre la conversion de quelqu’un.

Il regarde surtout sa qualité et sa dynamique. Des centenaires ont pu mener des vies médiocres et des jeunes, présenter au Seigneur une vie bien remplie, pleine de valeurs exploitées.

« N’essayons pas d’ajouter des années à notre vie, essayons plutôt d’ajouter de la vie à nos années ». AMEN




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Marc 1, 14-20)

 » Dieu Amour est tout proche « 

(Marc 1, 14-20)…

Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

 

         Nous avons ici les premières paroles de Jésus dans ce qui fut le premier Evangile jamais écrit, celui qui servira de modèle à Matthieu et à Luc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15).

            « Les temps sont accomplis »…  Avec Jésus et par Lui, Dieu est intervenu de manière décisive dans l’histoire de l’humanité : toutes les prophéties de l’Ancien Testament qui annonçaient la venue du Messie sont désormais réalisées. Et Dieu est allé au-delà, car avec Jésus, c’est le Fils en personne, « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu » qui s’est fait homme. Avec Lui, c’est donc Dieu Lui-même qui nous adresse la Parole et qui nous dit tout ce qui est nécessaire à notre salut… Et que nous dit-il ici ? « Le Règne de Dieu est tout proche ». La Bible l’affirmait depuis longtemps déjà, notamment dans le Livre de la Genèse (Gn 9,8-17), où, pour la première fois, Dieu emploie le vocabulaire de l’Alliance pour évoquer ses relations avec les hommes. Et il déclare qu’il vit en « alliance éternelle » avec « toute chair ». Dieu est donc proche de tout homme depuis que l’homme existe, et cela gratuitement, pour son seul bien…

            Tel est « l’Evangile », un mot qui en grec signifie « Bonne Nouvelle », car ce Dieu « tout proche » « est Amour » (1Jn 4,8.16) et le propre de l’Amour est de se répandre, de se donner, gratuitement, par amour… « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il Est Amour, et l’Amour tend de nature à se répandre, à se donner » (Pape François, 14 juin 2017). Et nous avons tous été créés pour accueillir ce « Don de Dieu » (Jn 4,10), et trouver avec Lui une Plénitude de Vie et de Paix…

            Pour accueillir ce « don gratuit », encore faut-il que nous acceptions de nous tourner de tout cœur vers Celui qui nous le propose, ce qui, au même moment, ne peut qu’être renoncement à tout ce qui lui est contraire. D’où l’appel lancé ici par Jésus : « Repentez-vous », retournez-vous de tout cœur, et « croyez à la Bonne Nouvelle », accueillez le Don de Dieu… Et ce retournement, cette ouverture seront encore en nous, pécheurs, le fruit de la grâce. « Pour exister, la foi requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne à tous la douceur de consentir à la vérité » (Concile Vatican II, Dei Verbum &5). Et comme l’écrit St Bernard, « consentir, c’est être sauvé »…      DJF

 

           




2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1,35-42) – par D. Alexandre ROGALA

Comme vous le savez probablement, notre diocèse de Saint Denis est l’un des diocèses de France où il y a le moins de vocations presbytérales et religieuses.

Cette semaine j’ai fait une retraite dans un monastère bénédictin. L’abbé du monastère qui prêchait la retraite nous a raconté que lorsqu’il rencontre un jeune qui ne sait pas quoi faire de sa vie, il lui dit : « Dans ta prière demande avec insistance au Seigneur de t’appeler ! Dis-lui : « Seigneur, s’il te plaît appelle moi ! » ». Évidemment, ce père abbé ne pense pas qu’à la vocation presbytérale ou à la vocation monastique. Les missions dans l’Église sont variées.  Quoiqu’il en soit, le message que père abbé de ce monastère veut nous transmettre est simple : puisque c’est Dieu qui appelle, notre rôle en tant que chrétiens est d’essayer de créer des situations favorables pour que Dieu puisse parler à nos jeunes, et qu’il puisse éventuellement en appeler certains d’entre eux à la prêtrise ou à la vie religieuse.

Dans les lectures d’aujourd’hui, nous voyons des personnes en position de responsabilité créer des situations favorables à l’appel du Seigneur pour une autre personne. Nous pouvons nous en inspirer si nous voulons que nos enfants et nos jeunes entendent l’appel du Seigneur, et qu’il sache quelle est la mission à laquelle ils sont appelés dans l’Église et dans le monde.

La première lecture est tirée du Premier Livre de Samuel, plus précisément du chapitre 3. Au chapitre 1 que nous avons lu cette semaine, Anne la mère de Samuel qui était stérile, a fait un vœu dans sa prière : « Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. » (1 S 1, 11).

Le Seigneur lui a accordé un fils à qui elle a donné le nom de Samuel.  Anne a tenu sa promesse en conduisant son fils Samuel à la maison du Seigneur à Silo et le confiant au prêtre Éli. Après quelques péripéties, nous arrivons à l’épisode de l’appel de Samuel que nous avons entendu. Pour une raison que j’ignore la liturgie fait débuter le texte au verset 3, pourtant le premier verset est intéressant pour nous puisque le texte nous dit : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue » (3, 1).

Au temps de Samuel, ceux qui avaient des visions et à qui la Parole du Seigneur était adressée, c’étaient les prophètes.  Donc ce que le texte nous dit, c’est qu’il n’y avait plus de prophètes en ces jours-là. C’était un réel problème ! Comment le peuple pouvait-il faire la volonté du Seigneur sans prophètes pour leur faire connaitre sa Parole ? Nous pouvons peut-être rapprocher ce problème du temps de Samuel et la pénurie actuelle de prêtres en occident, mais aussi plus largement du désintérêt de nos contemporains pour Dieu.

Revenons à notre texte. Le prêtre Eli est bien conscient du problème de l’absence de prophète, et décide d’agir. Il va créer des circonstances favorables pour que la Parole du Seigneur soit adressée à Samuel.

Au verset 3, nous lisons : « La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte. Samuel était couché dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu ».

Le texte mentionne deux éléments : la « lampe » et « l’arche » de Dieu qui sont tous les deux des symboles de la présence de Dieu. Éli savait bien que si Dieu choisissait de parler, il le ferait dans le sanctuaire, près de son arche.

Nous avons donc des raisons de penser que c’est avec l’espoir que le Seigneur s’adresse à Samuel, et de ce fait, qu’il fasse de ce jeune homme un prophète, que le prêtre Eli lui avait demandé de se coucher dans le sanctuaire près de l’Arche du Seigneur.

Comme nous l’avons entendu aujourd’hui, le plan d’Éli a fonctionné, puisque le Seigneur a parlé à Samuel et en a fait un prophète. Le prêtre Éli a su créer une situation favorable pour que son serviteur Samuel soit appelé par le Seigneur.

Le texte d’évangile de ce dimanche relate l’appel des premiers disciples dans l’évangile selon Jean. Lorsque nous pensons à l’appel des Douze par Jésus, nous nous rappelons en général, du schéma des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Jésus interpelle un personnage, l’invite à marcher à sa suite, et l’homme appelé abandonne tout pour suivre Jésus. Dans l’évangile johannique, ça se passe différemment.

Au départ, André et l’autre disciple ont déjà un maître : Jean le Baptiste. Ensuite, Jean désigne Jésus avec une expression énigmatique, mais riche de sens : « Voici l’agneau de Dieu » (Jn 1, 36). C’est la deuxième fois que Jean désigne Jésus par cette expression, la première fois c’était quand Jésus est venu vers lui alors qu’il baptisait : « Voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).

Cette expression peut faire allusion à plusieurs choses : au poème du Serviteur Souffrant d’Isaïe (Is 52-53), à l’agneau pascal (Ex 12), mais peut-être aussi à la Nouvelle Alliance (Jr 31) qui implique un pardon gratuit des péchés…

L’évangéliste ne nous dit pas si André et l’autre disciple ont compris tout ce qu’impliquait la désignation de Jésus comme « Agneau de Dieu ». Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont compris que ce Jésus était très estimé par leur maître Jean le Baptiste. Ainsi, sans que Jésus ne les ait appelés, les deux disciples se mettent à le suivre.

Si cette scène se passait aujourd’hui, la personne suivie aurait sans doute appelé la police ! Imaginez si vous étiez suivi par deux hommes que vous ne connaissez pas, et au moment où vous leur demanderiez ce qu’ils veulent, au lieu de vous répondre, ils chercheraient à savoir où vous habitez : « Où demeures-tu ? ».

Je plaisante.

Mais nous pourrions dire que d’une certaine manière, dans l’évangile de Jean, André et son compagnon forcent Jésus à les accepter comme disciples. Ils font comprendre à Jésus qu’ils souhaitent marcher à sa suite en l’appelant d’emblée « Rabbi », c’est à dire « Maître » (Jn 1, 38). Grâce à leur culot, ils obtiennent l’invitation tant attendue. Jésus leur répond : « Venez, et vous verrez ».

 

 

Il me semble que la méthode du père abbé du monastère qui incite les jeunes à demander avec persévérance à Dieu de les appeler est proche de la méthode des deux disciples dans ce texte d’évangile. Au lieu d’attendre l’appel du Seigneur de manière passive, il faut parfois prendre les choses en main, et provoquer cet appel du Seigneur.

Dans la deuxième lecture tirée de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, Paul nous exhorte à fuir la débauche (1 Co 6). Au premier abord, il s’agit d’une exhortation morale qui n’a aucun lien avec la vocation. Et pourtant, si on y réfléchit, fuir le péché et essayer de mener une vie vertueuse font aussi partie des efforts que nous devons faire si nous voulons créer une situation favorable pour entendre l’appel du Seigneur qui nous est adressé. Dans une lettre plus tardive, un disciple de l’Apôtre écrira que « nos péchés attristent le Saint Esprit » (Ep 4, 30-32). Or, c’est par ce même Saint Esprit que nous pouvons entendre et accueillir l’appel du Seigneur. Même si évidemment, le Seigneur peut outrepasser le péché pour appeler qui il veut quand il veut, il est tout de même préférable de mettre toutes les chances de notre côté en nous efforçant à avoir un cœur disposé à entendre son appel.

Dans cette eucharistie, demandons au Saint Esprit de nous rendre aussi créatif que le prêtre Eli, et aussi audacieux qu’André et son compagnon, afin que nous puissions aider nos frères et sœurs les plus jeunes à entendre l’appel que le Seigneur ne manquera pas de leur adresser.

Amen !

                                                                        D. Alexandre ROGALA