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28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 17-30)

La Sagesse … ou la richesse ?

 

Le ton est donné dès la première lecture : « J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse. »

La Sagesse ne vient pas toute seule. On voit bien ici deux étapes.

D’abord la prière. Elle donne le discernement … entre le beau et le laid, entre le bien et le mal … C’est une première étape qui permet de classifier les choses.

Mais la Sagesse, c’est plus que cela : c’est donner des ordres de priorité, non pas entre le bien et le mal, mais à l’intérieur de ce qui est bien (parce qu’en ce qui nous concerne, on ne va pas choisir entre le ‘moins mal’ et le ‘plus mal’. Le mal, on le rejette : cf renouvellement des promesses du baptême lors de la veillée pascale.). Et pour l’obtenir, il ne suffit pas de prier, il faut supplier le Seigneur pour qu’il nous l’accorde ! Et ce n’est pas accordé à tout le monde. Même si on dit que la sagesse vient avec l’âge, ce n’est qu’une certaine forme de sagesse … et pas toujours la Sagesse.

La Sagesse est au-dessus des biens matériels, de la considération, du superflu …

Mais elle rend plus riche, mais d’une richesse spirituelle, ou philosophique, ou théologique. « Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable. »

Le psaume nous dit : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. »

Mais pour que le Seigneur nous apprenne, il ne suffit pas qu’il « fasse son boulot », et il le fait bien, … il faut que nous soyons prêts à l’écouter. Que nous disions comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ! » (1S 3,9).

Ou comme Salomon qui, lorsque le Seigneur lui demande en songe : « Demande ce que je dois te donner. » lui répondit : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal » (1 R 3,5.9), c’est-à-dire un cœur qui sait écouter. Et le Seigneur lui donna la sagesse …

Et c’est sans doute pour cela que saint Benoît, quand il écrivit la règle de son ordre, mit dans le préambule de celle-ci : « Écoute la voix du Seigneur, prête l’oreille de ton cœur », comme prémices à toute la règle.

« Écoute la voix du Seigneur », avec attention, car, nous dit la deuxième lecture : « Elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants … elle juge des intentions et des pensées du cœur … nous aurons à lui rendre des comptes. ».

Et les comptes, on le sait, on devra les rendre au jour du jugement dernier, car : « chaque fois que vous l’avez fait ( ou pas fait ) à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. ( ou ne l’avez pas fait ). » (Mt 25,40.45), et ce que nous avons fait (ou non), ce sont les œuvres de miséricorde … c’est-à-dire l’attention que nous avons vis-à-vis de ceux qui nous entourent.

C’est justement de ce dont Jésus parle quand il demande à celui que l’on appelle le jeune homme riche s’il connaît les commandements (on notera qu’il ne parle que des commandements vis-à-vis des autres, et non pas de ceux qui concernent notre relation à Dieu. Peut-être l’a-t-il fait parce justement il lui manquait cette relation aux autres … ?). À sa réponse positive, Jésus lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » ; mais lui s’en alla tout triste, car il n’avait pas pensé aux autres, il n’avait pas affuté l’oreille de son cœur !

Et Jésus de conclure : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! », entrainant la surprise des disciples. En effet, la richesse était considérée comme étant un don de Dieu …alors dire qu’il leur sera difficile d’entrer dans le royaume de Dieu … !! Difficile à comprendre.

« Alors, qui peut être sauvé ? »

La réponse est claire : cela dépend uniquement de Dieu, qui jugera si les actes de la personne ont montré une ouverture d’esprit vis-à-vis de ceux qui l’entourent, vis-à-vis de ceux dont il s’est fait le prochain.

Mais Jésus rassure ses disciples : nul n’aura quitté qui ou quoi que ce soit pour lui ou son Évangile, sans recevoir, peut-être des persécutions sur la terre, mais assurément, « dans le mon-de à venir, la vie éternelle. ».

Dieu est toujours plein d’amour et de miséricorde envers nous !

Mais il faut que nous écoutions sa Parole et la mettions en pratique !

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.

Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. » (Mt 5,6-7)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes de ne pas

oublier ceux qui vivent autour de nous.

Pas simplement en pensée,

mais en actions diverses,

en fonction de nos moyens.

Alors seulement, nous pourrons

entrer dans la Royaume de Dieu.

C’est la Sagesse que tu nous donnes

qui nous permet de le faire !

 

                                     Francis Cousin

 

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Prière dim 28° TOB




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le jeune homme riche

Mc 10, 17-30

En écoutant cette lecture de l’Evangile, beaucoup auront l’impression d’avoir reçu un choc en plein cœur. L’Evangile, ça dérange; l’Evangile, ça décoiffe, ça décape.

Saint-Paul, ailleurs, dans la 2e lecture, nous a dit : « La Parole de Dieu est une épée à deux tranchants qui pénètre jusqu’aux jointures de l’âme ». Avouez que ce n’est pas toujours agréable d’entendre : « Il est plus difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux qu’à un chameau d’entrer par le trou de l’aiguille ». Et cette regrettable histoire du jeune homme riche nous dérange, nous met mal à l’aise.

Il est sympathique cet homme (ce jeune homme précise Matthieu) : il arrive, après avoir couru, tout essoufflé, se jeter aux pieds de Jésus. Il a vraiment un désir au cœur. Visiblement, il en veut, et poli, par-dessus la marché: « Bon maitre ! ».

Jésus le calme :

«Tu m’appelles « bon », mais Dieu seul est bon! » 

« Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Déjà, il nous montre le bout de l’oreille : il aime l’argent. Il parle « d’héritage » : vocabulaire de la finance et de l’intérêt.

« Tu connais les commandements ? Ne pas léser le prochain ».

« Oh, là-dessus, je n’ai rien à me reprocher. Mes parents sont des gens bien, bienfaiteurs de la paroisse, dans les œuvres, dans les mouvements et je suis moi-même « bien élevé » ».

Du coup, Jésus intrigué, le regarde et il s’aperçoit que c’est vrai « posant son regard sur lui, il l’aima ». « Ah ! Quel bon garçon ! On pourrait peut-être en faire un prêtre, un évêque, un cardinal ! Quelle magnifique recrue il va faire! Voilà un futur 13e apôtre ».

 Alors Jésus n’hésite pas et il propose aussitôt : « Allons, ne rigole pas, une seule chose te manque : liquide tout ce qui t’empêche de décoller, ton compte en banque, tes propriétés. Donne tout aux pauvres et puisque tu veux investir pour le ciel, viens, suis-moi ! » C’est ce qu’avait fait St-François d’Assises.

Mais le jeune homme refuse. Le tragique de cette scène, c’est que Jésus ne fait pas un seul geste pour le récupérer. Il ne dit pas : « Tu ne donneras qu’une partie de tes biens, on s’arrangera avec l’économe de l’Evêché ! » Non, Il le laisse partir, il respecte sa liberté. Oh ! Bien sûr ! En faisant demi-tour, il n’est pas damné, mais il a loupé le coche.

Jésus jette un regard circulaire sur la foule qui l’entoure, sur les disciples médusés : « Les richesses, voyez-vous, c’est un terrible obstacle pour découvrir se trouve l’essentiel ».

 « Mes enfants, il est plus difficile à un riche d’aller dans le Royaume qu’à un chameau de passer par le trou de l’aiguille ». Heureusement, il ajoute, pour ne pas nous décourager :

« Oui, pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ».

Ouf ! Pour nous, parce que cet Evangile nous concerne ! Si nous nous comparons avec la plus grande partie des habitants du monde, nous sommes tous riches : un pauvre de la Réunion serait, avec les mêmes revenus, un riche, en Inde ou au Bengladesh ou en Haïti.

Des Malgaches, des Comoriens, des Mahorais le savent bien qui viennent s’installer ici : ils ne se trompent pas d’endroit. Un Rmiste ici gagne deux fois plus qu’un Mauricien, cinq fois plus qu’un Malgache.

J’ai envie, ce matin, de reprendre trois phrases de ce texte merveilleux et de vous les offrir :

1 – « Jésus, le regarda et l’aima ». Vous aussi, il vous regarde et vous aime, comme le jeune riche. Un curé ne fait pas souvent des compliments à ses paroissiens : il les exhorte à plus de rigueur et d’exigences. Bien mieux, les paroissiens, pendant l’homélie se font parfois attraper à la place de ceux qui ne viennent pas et que le curé ne voit pas. Eh bien, aujourd’hui, j’ai envie de vous dire, vous, les pratiquants du dimanche : « Vous êtes formidables ». Pourquoi ? Parce que vous avez le courage de faire l’effort de vous déranger pour une messe du dimanche. Parfois, vous avez été tentés de trouver une bonne excuse pour ne pas venir, les bonnes excuses de ceux qui n’y vont pas… et puis, vous y êtes allés quand même, comme le jeune homme riche. Vous avez été attirés, aspirés par lui.

Alors, à chaque fois, Jésus est touché de votre geste et il jette sur vous un regard d’amour. En outre, même s’il est bon de critiquer ceux qui pratiquent, vous faites partie de ceux qui ont une certaine moralité et Jésus est touché de votre droiture et puis, vous avez un désir de mieux faire. Ça vous arrive d’écouter les lectures et même les homélies et de vous laisser interroger et de vous remettre en question, vous êtes venus ici avec un désir profond de rencontrer Jésus, et il est touché de votre réponse à son invitation.

2 – Et pourtant une chose vous manque : Jésus regarde l’état de votre cœur et il a envie de vous dire, comme au jeune riche,

« Croyez-moi, vous pouvez mieux faire », ce que marquent les professeurs sur les bulletins de notes trimestriels, sur le livret scolaire « Peut mieux faire », « Peut tellement mieux faire ». Ah, si vous vouliez ! Ne sois pas rassasié, ne sois pas satisfait, ne dis pas : « c’est assez », ne dis pas : « Dieu n’en demande pas tant ! ».

Nous avons encore à découvrir que les biens terrestres, même s’ils sont nécessaires, peuvent nous détourner de l’essentiel : les sommets auxquels nous sommes appelés. Rappelons-nous qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir et qu’il nous faut nous désinstaller pour trouver notre vrai centre de gravité : Dieu lui-même.

Nous ne sommes pas programmés pour le provisoire de notre existence terrestre, nous sommes programmés pour l’absolu, en fonction de Dieu lui-même : ce qui explique nos faims et nos soifs d’ici-bas, faims et soifs d’une source meilleure, sinon nous sommes des frustrés, des insatisfaits, « en manque ».

 3 – Jésus vous regarde et vous aime. Une seule chose vous manque. Vendez tout.

Essayez donc de faire la différence entre vos vrais besoins, ceux qui, obtenus, vont vous épanouir et les faux désirs qui ne sont que des mirages de la consommation. Nous sommes un peu comme des montgolfières que l’on voit dans certaines fêtes : elles ne demandent qu’à s’élever, à monter, mais elles sont maintenues sur terre par tous les filins qui les retiennent au sol. Ce sont des ballons « captifs« . Nous aussi, nous devenons « captifs » par tous ces fils à la patte qui nous empêchent de décoller et qui nous empêchent de prendre notre envol ! Ces filins qui nous retiennent au sol :

  • – la peur de Dieu: si je me laisse faire par lui, où va-t-il nous conduire ?

  • – la paresse: on est déjà tellement pressés, sur-occupés dans la société : « Que Dieu n’en rajoute pas ! »

  • – mais surtout, l’argent et tout ce qu’il procure : le confort, le kit: les marques – le gadget – les modes, toute la batterie de tout ce qui n’est que fantaisie, surplus, superflus.

Oui, l’Evangile a raison : c’est difficile d’être riche et d’être pleinement chrétien. On le voit bien avec toutes les affaires financières : les traders, les banques véreuses, les comptes en Suisse, les paradis fiscaux, Wolkswagen ou Cahusac, la crise et les faillites : quatre millions d’euros, en France, chaque année, partent en fumée de cigarettes, 150 millions de bouteilles de champagne.

Frères et sœurs, recherchons le vrai bonheur. Souvent, nous passons à côté parce que nous nous sommes trompés de but. Repérons les filins qui nous empêchent de décoller.

Coupons-les et notre vie pourra s’élever vers Dieu, qui lui, est capable de tout nous donner. AMEN




28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 17-30)

« Accueillir avec Jésus la vraie Joie »

(Mc 10,17-30)

 

    En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements : ‘Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.’ »
L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »
Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit : « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? »
Jésus les regarde et dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. »
Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre
sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle.

        

            Un Juif fervent demande à Jésus : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Nous sommes bien dans la logique pharisienne : « faire pour avoir ». Mais après un « faire », « l’avoir » est souvent considéré comme un mérite, un salaire, un dû… Dans un premier temps, Jésus rejoint cet homme dans son système de pensée, et lui redit tout simplement quelques « commandements » extraits du cœur de la Loi, « les dix commandements » (Ex 20,1-17). « Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse ». Mais quel but a-t-il vraiment poursuivi ? Le faisait-il pour plaire à Dieu, ou pour se rechercher lui-même ? Accomplir de belles œuvres peut en effet être un moyen de se glorifier soi-même, comme « ceux qui sonnent de la trompette » quand ils font l’aumône, « afin que tout le monde les voit » (Mt 6)…

            Cette logique n’est pas celle de Dieu, et Jésus l’a suggéré dès le début quand cet homme l’a appelé « bon Maître » et qu’il lui a répondu : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul ». Pourtant Jésus, le Fils, est Dieu ! Mais il est « Dieu né de Dieu », « né du Père avant tous les siècles », et c’est de Lui qu’il tient de toute éternité l’Être et la vie… Sans Lui, il n’est rien, il ne peut rien (Jn 5,19-20 ; 5,26). Ainsi, avec Jésus, le Dieu Tout Puissant se révèle ainsi comme étant « pauvre de cœur » (Mt 5,3 avec Jn 15,11), « doux et humble » (Mt 11,29), …

            « Jésus le regarda et l’aima »… Or « aimer », pour Dieu, c’est « tout donner » (Jn 3,35), tout ce qu’il a, tout ce qu’il est (Jn 16,15 ; 17,10 ; Lc 15,31). « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), Dieu est Saint ? Avec ce « Jésus l’aima », le Don de l’Esprit Saint qui est Vie, Paix et Joie vient frapper à la porte de son cœur… Ouvrira-t-il ? Un choix s’impose… Ou bien la logique de l’argent : amasser pour soi au détriment des autres… Ou bien la logique de Dieu : donner, partager pour le bien des autres (Lc 3,11). Ici, Jésus est radical : « Va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel », le trésor de l’Esprit Saint offert dès maintenant à notre foi. « Puis viens, suis-moi », abandonne-moi ta vie et je te conduirai, pour le meilleur, car l’Amour ne peut que vouloir le meilleur pour celles et ceux qu’il aime… Aujourd’hui, « à ces mots, il devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens ». Mais demain, peut-être, avec le secours d’en haut, réussira-t-il à renoncer à ses biens ; alors il recevra « le centuple dès maintenant » avec ce Trésor de l’Esprit qui est Amour, Paix, Joie…                                                                                                                    DJF




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le couple et la famille

Mc 10, 2-16

Avant d’écouter l’Evangile du jour et de le commenter, il ne faut pas oublier la 1ère lecture : « la création du premier couple humain« . C’est la toile de fond sur la famille : le tableau idéal du plan de Dieu sur le couple. Si nous aimons les récits hauts en couleurs, nous sommes servis par ce vieux texte naïf et très ancien, où, sous la forme d’un conte savoureux, les vérités essentielles du couple humain sont abordées.

Or donc, il était une fois le premier homme ! Le Seigneur lui avait préparé un univers verdoyant, peuplé d’oiseaux et bêtes bien sympathiques et pourtant, l’homme n’était pas heureux. Il y avait bien le chien fidèle qui lui montrait plein de tendresse, mais il ne parlait pas. Alors Dieu dit :

« Non, il n’est pas bon que l’homme soit seul. Donnons-lui une compagne qui lui soit assortie ».

Et voilà la première leçon de ce texte. Dieu a voulu l’homme conjugal.

            Dieu pratiqua donc la première anesthésie totale (le conte continue) et l’homme tombe dans un sommeil profond et il n’assistera pas à la création d’Eve. Eve restera toujours un secret pour l’homme, la « radicalement différente« . L’action de Dieu est « mystère ». La sexualité est et reste un mystère malgré tous les bouquins modernes sur la sexualité, même Freud s’y casse les dents. C’est Dieu qui crée et non pas l’homme : Adam tiendra sa femme de Dieu : c’est la deuxième leçon.

 Après l’anesthésie, l’opération : « Il prit de la chair du côté d’Adam pour en façonner la femme, la fameuse « côte d’Adam ». Le symbole est merveilleux : la côte, c’est le côté, le cœur, le « côte à côte ». Eve est tirée du cœur de la tendresse de l’homme (ce qui suppose que l’homme possède bien cette tendresse), mais le scoop de ce conte, c’est de nous révéler l’identité absolue de nature entre l’homme et la femme. Elle est son EGALE, celle qui lui correspond pleinement : l’os de ses os. Lorsque ce conte a été écrit, dans tous les pays voisins, la femme était considérée comme la pièce la plus précieuse du cheptel de l’homme (ce texte devait passer pour être terriblement féministe) : c’est la troisième leçon de ce texte.

Mais voilà Adam qui se réveille : il pousse un cri d’admiration :

« Mais non ! Je ne rêve pas ! » Cri d’amour, cri d’admiration, premier cri de plaisir au début du monde. « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os ! La chair de ma chair ! On l’appellera « femme ».

Quatrième leçon de cette lecture : Dieu veut le couple heureux.

Il désire un couple épanoui et Dieu va maintenant leur faire une très profonde préparation au mariage et leur dit : « L’homme quittera son père et sa mère ». C’est clair : le mariage est rupture avec la vie précédente. Beaucoup de maris ont bien du mal à se libérer de l’emprise de leur mère. Il s’attachera à sa femme (c’est la fidélité), non pas avec des liens de domination, mais de tendresse, de douceur si bien que cette fidélité ne sera pas une « corvée », mais une « cordée » pour affronter à deux, les difficultés de la vie.

Unité indissoluble qui va s’exprimer dans l’union des corps :

« Ils ne feront plus qu’un, en une seule chair ».

Voilà le couple prototype du foyer selon le rêve de Dieu !

Mais, il y a souvent une grande distance entre le rêve et la réalité. C’était déjà vrai du temps de Moïse qui avait été obligé de lâcher du lest avec la « répudiation ». C’était toujours aussi vrai du temps de Jésus à qui on pose la question. C’est toujours aussi vrai dans notre époque où la famille semble tellement ébranlée et fragile, et pourtant, encore aujourd’hui, l’Eglise nous répète inlassablement, à la suite de Jésus, « que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni ».

« La famille fout le camp », ai-je lu dans un magazine. Regardons autour de nous : les unions libres, les pacsés, les concubinages, les divorces, la chute de la natalité, les familles « monoparentales » (comme si c’était encore une famille !), les familles dites « recomposées » qui supposent combien de familles « décomposées » !

Les causes, on les connaît :

– Disparition des valeurs morales, droit à la liberté sans entrave, droit au bonheur à tout prix ;

– Causes économiques : chômage, pauvreté, exclusion d’où l’apparition de familles qui ne sont plus que des « pensions de famille« , famille dortoir, famille « formule 1 » où l’on ne se retrouve que devant le frigo ;

– Juxtaposition de personnes qui ne se retrouvent ensemble que par intérêt : famille qui recherche avant tout le bien-être matériel, civilisation du caddie, du standing, où le programme est d’abord la maison à construire avant même de construire le couple et d’entretenir leur amour ;

Famille « mer morte » où le couple a peur de l’enfant et où l’on demeure dans un « narcissisme à deux » ;

Famille « café du commerce » où ne sont abordées que des banalités, mais jamais des sujets profonds. Un enfant de 12 ans déclare : « Quand mes parents m’ont demandé si j’ai bien dormi ou si j’avais de bonnes notes, ils ont tout dit ». Un autre : « Je n’ai jamais su si mon père avait la foi. Je le pense, mais je n’en suis pas sûr, il n’en parlait jamais ».

– A côté de cela, il y a aussi la « famille cocon« , celle qui se replie sur elle-même, refuge affectif et douillet avec parfois une surchauffe affective qui faisait dire à un autre enfant : « Mes parents m’étouffent », surprotection pesante ;

Famille Blockhaus » aussi où l’on s’enterre pour se protéger des agressions d’un monde que l’on déclare « pourri » : les fenêtres sont fermées sur l’extérieur.

Et pourtant, malgré toutes ces imperfections, tous, nous avons besoin d’une famille et Dieu aussi. Il est facile de critiquer la famille, pas facile de la remplacer. La Société a besoin de familles solides et fidèles. Les nations sans enfants disparaissent inexorablement.

La famille, c’est pour chacun, l’apprentissage de la solidarité, de la gratuité, du respect des différences, de la non-violence, du partage. La délinquance fleurit là où il y a un manque de vie familiale.

Les ENFANTS ont besoin de grandir entre un père et une mère qui s’aiment. Ils ont besoin de recevoir l’amour gratuit d’une mère, mais ils ont autant besoin de la présence d’un père. Il faut qu’ils se sentent le fruit d’un amour commun.

Les adolescents ont besoin de famille , une famille qui les aide à partir du nid où ils ont tendance à s’incruster. C’est tellement plus commode de se faire servir par des parents esclaves, domestiques de leurs enfants. Pour 90% d’entre vous, vous avez puisé votre vision du monde, votre foi, votre manière de vivre ? A la maison, là sont les sources, là sont les racines.

La famille a besoin de Dieu. La fidélité, c’est qui ? « Tu es le Dieu fidèle éternellement ». L’unité, c’est qui ? C’est Dieu : Trinité-famille, amour en trois personnes. La création, le Créateur, c’est qui ? « Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre ».

L’amour, c’est qui ? Amour du Père pour son Fils, du Fils pour son Père. Dieu seul est capable dans le Sacrement du Mariage d’offrir aux époux la capacité d’aimer son conjoint et ses enfants.

Puissions-nous, frères et sœurs, faire vivre nos familles sur le modèle de l’amour de Dieu, capable de donner sa vie pour ceux qu’il aime. Un proverbe indien dit que « nul n’est jamais perdu sur une route droite ».

Cette route de la famille chrétienne est ici-bas la seule route du « bonheur assuré », déjà maintenant et pour les noces éternelles.  AMEN




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 10, 2-16)

 » Que l’homme ne sépare pas

ce que Dieu a uni  »

(Mc 10,2-16).

 

    Des pharisiens l’abordèrent et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle.
Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme.
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère,
il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair.
Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question.
Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle.
Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.

     

             Ce passage doit être resitué dans son contexte : « Des Pharisiens abordent Jésus pour le mettre à l’épreuve ». Ils ne croient pas en lui. Ils veulent juste lui tendre un piège pour l’enfermer ensuite dans l’une de leurs catégories, laxiste ou rigoriste, et ainsi le condamner… « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

            Jésus va partir de leur Loi : « Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison » (Dt 24,1). Nous retrouvons ici un de ces nombreux textes que Jésus qualifie de « traditions humaines » car ils annulent la Parole de Dieu (Mc 7,1-13). Grâce à eux, ces « scribes et Pharisiens hypocrites » pouvaient justifier leurs pratiques scandaleuses…

            Alors, comme toujours, Jésus revient à la source : le projet de Dieu sur l’humanité. Et il cite le Livre de la Genèse (1,1.27 ; 2,24) : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair ». Et il insiste : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair ». Leur amour les unit, et cet amour, s’il est authentique, vient de Dieu. En effet, « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), et parce qu’il est Amour, il est Don de Lui-même, gratuitement, par amour… « L’amour de Dieu », « l’amour dont Dieu nous aime » précise en note la Bible de Jérusalem, « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et ceci est tout spécialement vrai pour un amour authentique entre un homme et une femme : chacun a reçu, pour l’autre, le Don de cet Amour et c’est ce Don qui les unit. Tel est donc le trésor qu’ils doivent cultiver jour après jour… « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » Que nul ne se permette donc de « renvoyer sa femme » pour toutes sortes de raisons futiles au nom d’une soi-disant Loi qui n’est en fait qu’une belle façade pour cacher son incrédulité et ses perversités… Qu’il se convertisse plutôt, et qu’il manifeste son choix sincère de Dieu en aimant sa femme !

            Telle est la réaction de Jésus face à l’hypocrisie qui montre beau visage et se flatte de bien agir… Mais telle n’est pas du tout son attitude envers les blessés de la vie qui, pour toutes sortes de raisons, se retrouvent dans des situations chaotiques. Son seul souci est alors de les aider à se relever en leur donnant de pouvoir prendre conscience de la volonté de Dieu pour qu’ils puissent vivre désormais de manière responsable en assumant leur passé… Et il sera toujours là, avec eux, pour que l’amour fleurisse enfin là où il n’y avait que des ruines. Et si un homme et une femme arrivent ainsi à se reconstruire, « ce que Dieu a uni », dans son infinie Miséricorde, là encore, « que l’homme ne le sépare pas »…                                                                          DJF.




27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 10, 2-16)

« Et tous deux ne feront plus qu’un. »

Une phrase écrite il y a plusieurs millénaires par un auteur inspiré par Dieu …

Et qui semble incongrue à beaucoup de personnes de notre époque … pour diverses raisons.

Ce rappel de Jésus du chapitre deux de la Genèse est venu d’une question des pharisiens pour le mettre à l’épreuve : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »

Ces pharisiens, qui connaissent bien les Écritures, connaissaient ce qui est écrit dans la Genèse, et bien sûr aussi ce qu’avait dit Moïse, et donc la différence entre deux positions. Quel que soit la réponse de Jésus, ils pouvaient le contrer par l’un ou l’autre des écrits, et lui rappeler qu’il avait dit que « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise. » (Mt 5,17-18).

A la question de Jésus, ils répondent : « Moïse le permet, avec un acte de répudiation. ».

« C’est à cause de la dureté de vos cœurs. » Et Jésus reprend le texte de la première lecture et il ajoute : « Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ». C’est le point de départ de l’indissolubilité du mariage.

Ce devait être un sujet déjà brûlant à l’époque puisque, sitôt rentrés à la maison, les apôtres reprennent le problème. Et Jésus a cette parole très forte : Si quelqu’un répudie son conjoint et se remarie, il devient adultère de son conjoint ». En clair, la répudiation ne met pas fin au premier mariage, qui reste le seul qui compte.

Cependant, l’acte adultérin est considéré par Jésus comme une faute grave, certes, mais qui est pardonnable, comme toutes les autres fautes. On se souvient qu’une femme avait été amené à Jésus par les pharisiens, associés aux scribes, prise en flagrant délit d’adultère, là encore pour le mettre à l’épreuve. Après un bon moment de silence, il leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » ; et tous s’en allèrent. Jésus ne condamnera pas la femme, et lui dira : « Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,7.11). L’amour de Dieu est plus fort que la haine des hommes.

Si on reprend le texte de la première lecture, on se rend compte que la venue de la femme est une manifestation de la bonté de Dieu qui ne veut pas que l’homme soit seul. Elle est donc le fruit de l’amour de Dieu pour l’homme, et l’homme la reconnait comme « l’os de mes os et la chair de ma chair ! », c’est-à-dire son égal.

Et l’amour de Dieu pour l’homme et la femme est égal.

Mais l’homme n’est pas la femme, et vice-versa. Les deux sont complémentaires.

Chacun et chacune a ses particularités physiques, biologiques, psychologiques … et vouloir à tout prix que l’homme et la femme aient les mêmes possibilités, les mêmes ’’droits’’ (sans qu’on parle des mêmes devoirs) est une aberration idéologique sans nom … qui malheureusement prend de plus en plus d’importance dans une certaine sphère.

Dieu a fait l’homme et la femme différents, avec des fonctions biologiques différentes notamment pour la naissance des enfants du couple, l’homme apportant la semence et la femme assurant la gestation de l’enfant et sa mise au monde … et le reste pouvant être partagé entre chaque membre du couple, avec la sensibilité et la psychologie propre à chacun d’entre eux …

Le droit à l’enfant, droit ( ?! ) égoïste, n’existe pas.

Comme disait une ancienne collègue : « Chaque naissance est un miracle que Dieu nous fait. ».

Mais Dieu ne travaille pas avec de éprouvettes !

Seigneur Jésus,

On parle beaucoup en ce monde

de droit à ceci, droit à cela …

On ne parle pas du droit à la vie éternelle …

parce que ce n’est pas un droit !

C’est un don d’amour que tu nous fais

si nous suivons tes commandements,

et grâce à ta miséricorde.

Merci Seigneur.

                                     Francis Cousin

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Prière dim 27° TOB




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 25 et Dimanche 26 septembre 2021

 

Nb 11,25–29 ; Jacques 5,1–6 ; Marc 9.38–43, 45, 47–48

Dans le premier texte d’aujourd’hui, Dieu descend de la nuée, parle à Moïse et prend l’Esprit qui repose sur lui pour le partager avec ceux qui accompagnaient Moïse, les soixante-dix anciens. Et, « quand l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent ». Pierre (2P 1,21) nous dit : « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussé par l’Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu ». Cet Esprit, reçu de Dieu le Père, est nécessaire pour une mission, pour porter la Parole de Dieu, pour annoncer la Bonne Nouvelle. Au sein de la communauté chrétienne et particulièrement dans l’Eglise catholique, n’importe qui ne peut pas décider, tout seul, de se charger lui-même d’une mission importante. Généralement c’est l’évêque du diocèse qui décide, en accord avec le curé, ou un directeur ou un responsable d’une organisation chrétienne, d’envoyer en mission une personne qu’ils jugent compétente. Pour une mission, il faut donc être envoyé, et c’est l’évêque qui envoie en mission. C’est pourquoi, avant d’aller écouter une personne faire un enseignement, ou des prières collectives, ou encore un exorcisme, il faut bien se renseigner auprès des autorités compétentes catholiques : évêque ou curé de la paroisse. Il ne suffit pas que la personne qui donne un enseignement soit catholique pour l’écouter, il faut absolument qu’il soit reconnu et désigné par l’évêque, en accord avec un curé de paroisse, ou un responsable d’une organisation diocésaine. Cela évite de tomber dans les mains d’une secte.

 Mais l’Esprit Saint, qui est Dieu, n’a pas besoin de l’aval de la hiérarchie catholique pour agir où Il veut et avec qui Il veut. Il est Dieu, et choisit la personne qu’Il veut, qu’il soit catholique ou non, qu’il soit croyant ou non, qu’il soit gentil ou méchant. Pour avoir dit du bien du Christ en Croix, le « bon larron » devait être animé de l’Esprit de Dieu. Personne ne peut dire du bien de Jésus s’il n’est pas lui-même animé de l’Esprit Saint: «…nul ne peut dire : «Jésus est Seigneur», s’il n’est avec l’Esprit Saint » (1Co 12,3). Paul lui-même, anti-chrétien et bourreau des chrétiens, a été choisi par Dieu pour une mission nouvelle, à l’antipode de ce qu’il faisait : il ne sera plus le bourreau des chrétiens mais sera en quelque sorte « apôtre » et annoncera la Bonne Nouvelle, formera des disciples de Dieu et mettra en place des églises sur son passage. Moïse lui-même a souhaité que tout le peuple de Dieu soit aussi prophète (Nb 11,29) après avoir reçu l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint, nous l’avons non seulement au baptême, à la Confirmation, à la Pentecôte, mais encore tous les jours lorsque nous prions dans l’Esprit Saint comme nous le dit Saint Jude (1,20). Tout chrétien est appelé à être « apôtre », c’est-à-dire à être « envoyé » et appelé à être « prophète », pour « annoncer la Bonne Nouvelle ». Tel est le cas pour les catéchistes, choisis pour éduquer, annoncer, expliquer la Parole de Dieu.

Le cas envisagé dans le texte d’Evangile est celui d’un exorciste qui, sans être disciple, se sert du nom de Jésus pour chasser les démons. Le cas devait être fréquent au premier siècle : « … quelques exorcistes juifs ambulants s’essayèrent à prononcer, eux aussi, le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui avaient des esprits mauvais » (Ac 19,13). De nos jours, ces cas de possession sont extrêmement rares. La croyance populaire sur la possibilité que certaines personnes puissent être possédées fait le bonheur des charlatans de toutes sortes qui vous font croire qu’ils peuvent guérir telle ou telle maladie incurable. Rien ne dit que c’est l’Esprit de Dieu qui les anime. Il vaut mieux aller voir le médecin en cas de maladie et en cas de nécessité formelle   d’un exorcisme, il n’y a que l’évêque qui puisse exorciser ou un prêtre nommé par lui, si c’est nécessaire.

Mais même sans faire allusion aux guérisseurs ou aux exorcistes, l’Esprit Saint agit sur les non-chrétiens dans leur vie courante car Il n’est pas lié uniquement à l’Eglise, aux seuls chrétiens, aux seuls sacrements. L’Esprit de Dieu souffle où il veut (Jn 3,8), se répand sur toute chair ( Ac 2,17) et renouvelle la face de la terre (Ps 104,30). Voici ce que nous dit Vatican II en LG 16 sur les non-chrétiens : « …pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont ordonnés au Peuple de Dieu » (ils sont unis au peuple de Dieu) et, en premier lieu, les juifs et les musulmans qui adorent le même Dieu que les chrétiens….Mais le dessein de salut de Dieu enveloppe également ceux …. qui cherchent encore, dans les ombres et sous des images, un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là même, Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les hommes au salut (cf. 1 Tm 2, 4). En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, avec la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie ». GS 22,5 : « …cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, …nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Autrement dit, si dans la forêt amazonienne, ou ailleurs, en un lieu où Dieu est inconnu des êtres humains, se trouve un groupe de personnes, où des hommes droits s’aiment les uns les autres, pratiquent l’entraide, la solidarité, la fraternité, cherchent le chemin de la paix, de la vérité, de l’amour, de la vie sans savoir que l’amour, la vérité, la paix et la vie, c’est Dieu (Jn 14,6 : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »), ces personnes sont des chercheurs de Dieu et sont animées de l’Esprit de Dieu, alors même qu’elles ne connaissent ni le Dieu des chrétiens, ni Jésus-Christ, ni l’Eglise, ni missionnaire. Elles peuvent donc être sauvées comme nous le dit Paul en 1 Tm 2,4 : 3 « Voilà ce qui est bon et ce qui plaît à Dieu notre Sauveur, 4 lui qui veut que tous les hommes soient sauvés… ». « Cela concerne donc tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce » (Th. Rey-Mermet, « Croire, vivre la foi dans les sacrements, Droguet & Ardant, p.68). Certains, comme le Père Théodule Rey-Mermet, appellent cela le « baptême de désir » appelé encore « baptême de sincérité » (Ibid. p.66) : « C’est le baptême de l’Esprit seul, qui souffle où Il veut et inspire à qui il veut un commencement de bonne volonté. Il atteint tous ceux qui ne se refusent pas obstinément ce qui leur parvient de lumière ».

 « Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau pour ce motif que vous êtes au Christ, en vérité, je vous le dis, il ne perdra pas sa récompense ». Toute personne qui aide, qui soutient, qui prend la défense d’un disciple du Christ sera récompensée. C’est le cas du « bon larron » qui se retrouve le jour même au Paradis car il a eu l’honneur de défendre le Christ en personne. Ce qui est valable pour le Christ le sera aussi pour son disciple.

A l’opposé, la deuxième partie du texte de l’Evangile traite du péché commis par l’homme. « Les petits qui croient » désignent les plus faibles, les plus humbles des chrétiens, disciples du Christ et dont la foi naissante est encore fragile. « Les scandaliser », c’est les pousser à faire des bêtises, c’est leur dresser des obstacles, les empêcher d’avancer à la suite du Christ ou de servir l’Eglise, c’est les entrainer dans la chute, les amener à pécher, et donc ne pas faire la volonté de Dieu. C’est tout l’inverse de l’évangélisation qui a pour but de les conduire au salut. Réfléchissez bien avant d’inciter des chrétiens à ne pas servir Dieu, à ne pas servir l’Eglise, à ne pas aider les gens dans le besoin, à ne pas assister les malades en leur mettant des bâtons dans les roues etc…« Si ta main est pour toi une occasion de péché, coupe-la ; si ton pied est pour toi une occasion de péché, coupe-le ; si ton œil est pour toi une occasion de péché, arrache-le », toutes ces expressions ne sont pas à prendre à la lettre car « jamais, nous dit Jacques Hervieux, l’Eglise n’a lu dans ce texte d’évangile un appel à la mutilation physique ( il ne s’agit pas de couper réellement une main, un pied ou arracher réellement un œil), mais c’est juste une invitation à se détacher de ce qui est mauvais en lui-même pour en assurer son salut ». C’est pourquoi, il nous faut lutter contre « les occasions de péché », c’est-à-dire contre toutes les tentations qui amènent aux actions mauvaises, au péché. Padre Pio nous raconte ce que Jésus lui a dit (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.82) :  « Les hommes lâches et faibles ne se font aucune violence pour se vaincre dans les tentations, bien plus, ils se complaisent dans leur péché ». Mais pour pouvoir lutter contre les tentations, encore faut-il être capable de les reconnaitre rapidement afin de lutter contre elles. C’est la raison pour laquelle, il faut prier le Seigneur pour qu’il nous donne la grâce de discerner les tentations et la force de lutter immédiatement contre elles. Ainsi, dès les premières secondes d’une tentation, on aura, de manière spontanée, recours à Marie, comme un enfant qui court dans les bras de sa mère, chargée de défendre ses enfants des dangers de l’Esprit du Mal et de nous diriger vers son Fils bien-aimé. En se tournant vers le Christ par Marie, et avec l’aide de Marie, c’est le Christ qui devient alors le point de mire de notre attention et non plus les tentations, profitez alors de ce moment pour lui dire que nous l’aimons pour tous les bienfaits qu’il nous offre depuis le début de la journée, parlez à Jésus comme à un ami, louez-le dans votre cœur. « La tentation ne peut pas mordre sur une âme occupée à dire son amour à l’unique Ami. Quand tu es uni (au Christ) , « le mal n’arrive pas jusqu’à toi » dit le psaume  (Ps 90 [91], 10) (Œuvres complètes – Saint Jean de la Croix – Tome I – p.44). L’Esprit du Mal s’enfuira de lui-même et vous laissera tranquille et la paix de Dieu reposera sur vous. Remerciez alors le Seigneur ! « Nous devons apprendre comment engager de manière efficace notre combat spirituel contre les puissances des ténèbres » (Pape François – « Le diable existe vraiment »- p.7). Méditez les textes de l’Evangile, en particulier les passages où l’on parle de l’Esprit du Mal, des combats contre le péché, mieux encore sur l’amour et la miséricorde de Dieu pour que soit encré dans notre esprit que Dieu ne nous abandonne jamais à travers toutes les épreuves que nous pouvons subir. Que Marie nous accompagne sur ce chemin de la méditation et du combat spirituel.




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 9, 38-48)

« Retournement. »

 

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Généralement, on a plutôt tendance à dire la phrase autrement : « Celui qui n’est pas pour nous est contre nous. », parce qu’on recherche l’adhésion des autres … à nos pensées, … à nos projets …

Orgueil !

Chacun sait que cette dualité ’’pour-contre’’ ne représente pas la réalité, car bien souvent on oublie que la grande majorité des gens sont indifférents … pour plusieurs raisons … par manque d’intérêt, … parce qu’ils ne sont pas (ou ne se sentent pas) concernés par la question, … parce que cela leur est égal …

On pourrait dire la même chose pour la phrase de Jésus !

Sauf que, s’il l’a dite comme cela, c’est que cela a un sens. Pour Jésus, si on ne se déclare pas opposé à ce qu’il dit, cela veut dire implicitement qu’on est d’accord avec lui, soit immédiatement, soit à un autre moment, plus tard … qui peut être les derniers instants de vie sur terre … et les nombreuses conversions ’’à l’article de la mort’’ le prouvent … quand ce ne sont pas des conversions au purgatoire … mais là, nul n’en sait quelque chose … mais elles doivent être nombreuses car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. » (1 Tim 2,4)

« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Pourquoi Jésus a-t-il dit cela ?

Suite à l’intervention de l’apôtre Jean : « Nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

On peut comprendre la réaction de l’apôtre, … car nous l’avons souvent, sans nous en rendre compte !

Deux choses :

1- Parler, et ici guérir de la possession démoniaque, au nom de Jésus.

Qui peut le faire ? Faut-il une attestation pour cela ? Signée par qui ?

Il n’est pas nécessaire d’être prêtre pour cela, et tous les chrétiens doivent parler de Jésus et au nom de Jésus. Et même des non-chrétiens peuvent le faire … car l’Esprit « souffle où il veut » et peut très bien se servir de non-chrétiens pour faire passer un message.

Bien sûr, on peut penser à certains qui utilisent le nom de Jésus, non pour la gloire de Dieu, mais à des fins personnelles, se faisant les gourous de ceux qui les écoutent. Et Jésus nous a prévenu : « Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis. » (Mt 7,15), mais il ajoute :« c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » (Mt 7,20).

Et si le démon est sorti de l’esprit de cet homme, c’est bien par l’action de Jésus, même si on le la voit pas !

2- « Il n’est pas de ceux qui nous suivent. »

C’est la tentation de faire des chrétiens des gens à part, de faire un ghetto, pour les meilleurs ! Il fut un temps où l’on disait : « Hors de l’Église, point de salut ! ». Ce qui revient à dire : « Faites-vous baptiser, sinon vous n’aurez pas la vie éternelle ! ».

Mais faut-il être chrétien, être baptisé, pour appartenir à Jésus ? Peut-on suivre les enseignements de Jésus sans en avoir entendu parler ? pourquoi pas ! L’esprit de Dieu peut parler à nos cœurs sans que nous le sachions ! Et Dieu qui veut le meilleur pour les hommes peut se servir de n’importe qui sans que celui-ci ne le sache !

« L’Esprit souffle où il veut », sur les chrétiens et sur les autres personnes, et ce que nous devons reconnaître, c’est si l’action des gens est en conformité ou non avec l’enseignement de Jésus, et non si ils ont leur ’’certificat de baptême’’, qui n’a jamais été une garantie de ’’bon chrétien’’ !

On n’est pas chrétien parce qu’on est baptisé, mais on est chrétien parce que, étant baptisé, on vit en conformité avec l’enseignement de Jésus, avec son Évangile.

Et ce n’est pas toujours facile à vivre !

Reprenons la prière de Moïse : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! » (Première lecture).

Alors, nous pourrions faire un retournement de notre phrase, à nous les humains, pour la mettre en conformité avec celle de Jésus, c’est-à-dire faire une conversion de notre pensée … conversion que nous avons à faire tous les jours.

Seigneur Jésus,

parce que nous sommes chrétiens,

nous pensons souvent

être supérieur aux autres personnes.

Mais c’est bien à tort,

car l’Esprit souffle où il veut,

sur les bons, comme sur les moins bons !

Donne-nous l’humilité de reconnaître

que nous ne sommes pas meilleurs

que les autres.

                                     Francis Cousin

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26ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Une Eglise sans frontières

Mc 9, 38-48

Vous avez pu le constater autour de vous, mes frères, les hommes sont très forts, souvent très habiles pour tracer entre eux des lignes de démarcation soit entre les races, entre les classes sociales, entre les idées politiques et même, parfois surtout, entre les religions. Ils décident, qu’ici triomphe le bien et que, , règne le mal. Ici, c’est la vérité et , l’erreur ; de ce côté-là, c’est le ciel et de l’autre, l’enfer. C’est un monde en noir et blanc, où tout est bon d’un côté, où tout est mauvais de l’autre. Ils en viennent même à incorporer Dieu, lui-même, dans leur camp. Ils le réquisitionnent à leur service. Les soldats allemands portaient un ceinturon, pendant la guerre, où était gravé « Dieu avec nous », tandis que les français chantaient « Sauvez, sauvez la France au nom du Sacré-Cœur », et les soldats s’entre-tuaient avec ardeur en se réclamant du même Dieu, lui demandant de les soutenir dans leurs « justes » combats.

Mais ne faudrait-il pas demander son avis à Dieu ? Or, justement, cet avis, il nous le donne aujourd’hui par deux textes de la liturgie.

Tout d’abord celui de l’Ancien Testament : Moïse s’est retiré pour prier avec soixante-dix Anciens et voici que l’Esprit vient sur eux et qu’ils se mettent à prophétiser, mais horreur ! On vient prévenir Moïse que deux anciens qui ne se sont pas joints à eux, se mettent à prophétiser eux aussi ! Il faut les arrêter ! Et Moïse intervient : « Seriez-vous jaloux ? » « Ah, si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur tous, pour faire de tout son peuple, un peuple de prophètes ! »

Le 2e texte est tiré de l’Evangile de Marc : cette fois, c’est un apôtre qui réagit violemment : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom, alors que cet homme n’est pas de ceux qui nous suivent et nous avons voulu l’en empêcher ».

Jésus, lui, se réjouit : « Ne l’empêchez pas ! Car celui qui n’est pas contre nous, est avec nous ».

Nul ne peut prétendre posséder, confisquer, monopoliser l’Esprit. « L’Esprit, il souffle où il veut », rappelle Jésus à Nicodème. « Nul ne sait, ni d’où il vient, ni il va » et ceux qui agissent par lui ne sont pas nécessairement des disciples patentés, des apôtres désignés, des chrétiens baptisés et mandatés.

 

Grâce à Dieu, l’Esprit n’est pas enfermé dans les registres de nos sacristies. « Dans l’Eglise catholique, écrivait St-Augustin, se trouve des non-catholiques, mais on peut trouver aussi du « catholique » en dehors de l’Eglise ». Beaucoup de ceux qui semblent être dehors sont dedans. Beaucoup de ceux qui paraissent être « en dedans » sont « en dehors ». Personne ne peut prétendre posséder tout seul la vérité de Dieu.

Les frontières du Royaume ne sont pas balisées et nul n’est assuré d’en être le citoyen !

Nous avons parfois, en face tel homme non-chrétien qui a forcé notre admiration et qui a eu une réaction plus évangélique que celle que nous aurions eue, la tentation de poser au Seigneur cette question : « Seigneur, dis-nous, « de quel camp tu es « ? Le camp du Seigneur ? » Frères, il n’est pas ici ou  : il est partout. Il n’est pas avec telle ou telle catégorie d’hommes. Il est avec tous les hommes ! Mais, rassurez-vous, j’ajoute immédiatement qu’il y a, en effet, des lieux ou des moments où l’Esprit du Christ agit, et d’autres où il n’agit pas. Oui, il y a des lignes de démarcation, des rideaux de fer, des ghettos, des clans… que sais-je.

Mais ces frontières-là ne sont pas nous les dressons. Elles ne se situent pas entre tel groupe et tel autre, pas même entre tel homme et tel autre. Cette frontière-là, elle passe dans le cœur de chacun et de tous les hommes sans exception !

 Le bien et le mal, il est dans notre cœur à nous. Nous le savons par expérience quotidienne : nous sommes partagés, divisés et si nous sommes loyaux, nous reconnaissons que si l’Esprit est capable de faire le bien par nous, un autre esprit, celui du mal, est aussi capable de nous entraîner vers le mal, vers l’égoïsme, vers l’orgueil, vers la haine et St-Paul avouait avec un rien de découragement : « Le bien que je désire, je n’arrive pas à le réaliser, tandis que le mal que je hais, je tombe dedans régulièrement ». St-Jean est catégorique : « Tout amour vient de Dieu : celui qui n’aime pas demeure dans la mort ». « S’il n’aime pas et qu’il prétend être dans la lumière, il se fait illusion : il est encore dans les ténèbres ».

Enfin, Jésus lui-même, nous rappelle dans l’Evangile du jugement dernier, que chacun de nous sera jugé sur son amour, son attitude envers les autres et spécialement les plus petits, les plus pauvres, et cela, qu’ils sachent ou non, qu’en les servant, c’est ce Jésus, lui-même, qu’ils servent.

Alors, frères, je vois déjà votre question sur vos lèvres : « Chrétiens ou non ? ».

Quelle est la différence ? Nous sommes un peu comme le fils aîné de la parabole du prodigue qui s’étonne que son fêtard de frère, qui a tout dépensé, soit aussi bien reçu par le père. Nous avons du mal à admettre que tous ces gens qui ne sont pas invités au festin soient installés les premiers à la table du Royaume et nous réagissons devant ces ouvriers de la onzième heure qui sont payés autant que nous, qui travaillons depuis la 1ère heure !…

Alors, pourquoi être chrétien ? Essayer péniblement de suivre Jésus-Christ sur cette terre, si certains qui ne le connaissent pas, vivent aussi bien que nous, sont quelquefois meilleurs que nous et qu’ils risquent de nous précéder au Royaume des cieux ? « Ce n’est pas juste ! Il y a sûrement une différence ! »

 Frères, rassurez-vous. Oui, il y a une différence ! Pour vous la faire sentir, permettez-moi une image : vous avez peut-être vu à la télévision, je ne sais plus quelle émission, un jardinier aveugle ; c’était impressionnant ! On le voyait, semant, plantant, faisant pousser des fleurs et des fruits et on ne nous disait pas que ces fleurs ou ces fruits étaient de moins bonne qualité que ceux que plantaient des jardiniers aux yeux ouverts.

La seule différence entre lui et les autres, terrible différence, c’est que l’aveugle, lui, travaillait dans la nuit totale !

Frères, nous, chrétiens, nous sommes des voyants. Que nous apporte la foi ? Un regard :

   * foi qui nous permet de reconnaître en Jésus de Nazareth, le fils du Dieu Vivant

   * foi qui nous permet de voir au cœur du monde, l’Esprit de Jésus ressuscité qui travaille au cœur des hommes

   * foi qui nous permet de voir, à travers les sacrements de l’église, Jésus, qui continue de s’offrir, vivant.

Parfois, hélas, notre vue baisse. Nous devenons des malvoyants et c’est encore notre foi qui nous permet de faire confiance à l’Eglise qui nous dit : « Ici travaille l’Esprit de Jésus, , non ».

Chrétiens, nous avons le privilège de travailler « les yeux ouverts »… Alors, nous sommes davantage responsables ? Oui, d’une certaine façon, mais tout homme, quel qu’il soit, est responsable de sa vie et de celle de ses frères. La vraie différence, c’est que, nous, nous voyons celui avec qui nous travaillons et, croyant en lui, nous ne pouvons pas nous décourager.

Aussi, nous devrions être, dans la paix et dans la joie parce que le phare de l’Evangile éclaire notre vie. AMEN




26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 9,30-37)

« Etre bienveillants les uns

envers les autres »

(Mc 9,38-43.45.47-48)

 

    En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. »
Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;
celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense.
« Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer.
Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas.
Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds.
Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas.

     

            Conséquences de notre humanité blessée, la communauté chrétienne n’est pas comme le Christ voudrait qu’elle soit : « Père, qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,22)… Et pourtant, catholiques, orthodoxes, protestants, anglicans, tous, nous avons reconnu en Jésus Christ le Fils Unique du Père, celui qui, en vrai homme et vrai Dieu, est « le Sauveur du monde », « l’unique médiateur entre Dieu et les hommes » (Jn 4,42 ; 3,16-171Tm 2,3-6). Et chacun d’entre nous, dans la barque qui est la sienne, peut être tenté de regarder les autres avec méfiance… « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser des démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’en empêcher parce qu’il ne nous suivait pas », disent ici les disciples. « Ne l’en empêchez pas », leur répond Jésus, « car il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après mal parler de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous ».

            L’important est donc avant tout la bienveillance mutuelle… En effet, nul homme ne peut « faire un miracle » par lui-même : c’est Dieu et Dieu seul qui l’accomplit… Et Jésus nous entraîne encore plus loin : Lui, qui est vrai homme et vrai Dieu, il ne peut rien par Lui-même ! « En vérité, en vérité, je vous le dis », dit-il solennellement, « le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait… Je ne puis rien faire de moi-même » (Jn 5,19-20.30). Les miracles de Jésus sont donc « les œuvres de mon Père », dit-il (Jn 10,37). Combien plus ce principe, vrai pour lui, le Serviteur du Père, est-il vrai pour tout disciple de Jésus ! Et c’est bien ce qu’il dira : « Je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5).

            C’est donc clair… Tout miracle authentique est l’œuvre de Dieu… Alors si quelqu’un, qui n’appartient pas « socialement » au groupe des disciples, accomplit une œuvre bonne, c’est Dieu en fait qui l’accomplit avec lui et par lui. Et c’est avant tout cela qu’il s’agit de reconnaître, de discerner : est-il, oui ou non, vraiment, un serviteur de Dieu et des hommes ? Si c’est « oui », alors tout va bien, dit ici Jésus… La communauté des serviteurs de Dieu est donc bien plus large que le seul petit cercle qui l’accompagnait alors… Et ce principe, là encore, est toujours valable aujourd’hui…                         DJF