1

18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,24-35)

« Jésus, Pain de Vie par le Don de l’Esprit » (Jn 6,24-35)

En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. » Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » – Acclamons la Parole de Dieu.

     

               Après la multiplication des pains, ceux qui étaient venus en barque repartirent de même à Capharnaüm. Et ceux qui retournaient à pied avaient bien vu qu’il ne restait plus qu’une seule barque au bord du lac, celle que prirent les disciples de Jésus, et eux seuls. Lui était parti dans la montagne pour prier… Alors, ils prennent l’unique route pour rejoindre la ville. A leur arrivée, les disciples y étaient déjà. C’est normal, en bateau le chemin est beaucoup plus court. Mais Jésus était là lui aussi ! Et ils en sont sûrs et certains, il ne les a pas doublés en chemin ! Ils ne comprennent plus rien… Aussi lui demandent-ils : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »

            Mais Jésus ne répond pas à leur question. S’il leur disait qu’il a marché sur la mer, il ne les croirait pas ! Aussi va-t-il essayer à nouveau de leur ouvrir les yeux à l’invisible de cette vie éternelle offerte à la foi : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, celle qui se voit, mais pour celle qui ne se voit pas, la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme », gratuitement, par amour. Et quelle est-elle ? Jésus le suggère en rajoutant juste après : car c’est « lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau », « le sceau de l’Esprit » précise en note la Bible de Jérusalem. Nous sommes ici au cœur de son Mystère : de toute éternité en effet, « avant tous les siècles », le Père engendre le Fils en « Dieu né de Dieu », et il le fait en lui donnant la Plénitude de son Esprit. Et c’est ainsi, puisque Dieu est tout à la fois « Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5), que Jésus est « Lumière née de la Lumière ». Or, c’est précisément ce Don de l’Esprit que Jésus est venu proposer gratuitement, à tout homme, car nous sommes tous appelés à « reproduire l’image du Fils » (Rm 8,28-30), en recevant avec le Fils la réalité même qui l’engendre en Fils : « le Don de Dieu » (Jn 4,10), le Don de l’Esprit Saint ! Si nous l’acceptons, par le « oui » de notre foi, ce Don accomplira en nous ce qu’il accomplit dans le Fils de toute éternité : « A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu », « à l’image » de Celui qui est « né du Père avant tous les siècles » (Jn 1,12-13). En effet, « ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit… Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3,3-8). Et c’est encore ce Don de l’Esprit que Jésus se propose de nous communiquer ici en se présentant comme « le pain de vie », « le pain de Dieu, qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » en lui communiquant le Don de « l’Esprit qui vivifie », car « la chair n’est capable de rien, c’est l’Esprit qui fait vivre » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6)…    DJF




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis COUSIN (Jn 6,1-15)

« Il les distribua aux convives. »

 

Dans cet évangile, nous continuons à voir une facette de Jésus que nous avons déjà rencontrée ces deux dernières semaines : la sollicitude de Jésus vis-à-vis des personnes ; d’abord envers les apôtres, pour les laisser se reposer après leur retour de mission ; puis envers la foule qui était « comme des brebis sans berger » en les « enseignant longuement ».

Jésus avait pris soin d’eux en leur donnant ce qui leur manquait le plus : donner un sens à leur vie, leur redonner de l’espoir dans leur propre vie sur terre, mais aussi dans leur vie après la mort. Maintenant, après la nourriture spirituelle, il s’enquiert de leur nourriture physique.

Mais ici, nous quittons l’évangile selon saint Marc, qui est celui de l’année B, pour aller prendre la version de saint Jean. Or, celle-ci a deux grosses différences avec celles des écrits synoptiques.

La première est que c’est Jésus qui s’inquiète de cette foule à nourrir, et non les apôtres : « Il dit à Philippe : ’’Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ?’’ »

La seconde est que la distribution des pains et des poissons est faite par Jésus lui-même, et non par les apôtres : « Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. »

Tout l’accent est mis sur Jésus qui est véritablement le maître d’œuvre, « car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. ». Les apôtres, eux, sont là pour permettre à Jésus de faire le « signe » de la multiplication des pains et des poissons : ce sont eux qui s’inquiètent de la nourriture existante sur place, qui font asseoir les gens, et surtout qui « rassemble[nt] les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » et qui « remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus. », un panier pour chacun d’eux, manière de dire : « Moi, j’ai fait le plus gros de travail, mais maintenant à vous de faire le reste, de continuer la mission d’assouvir la faim des gens comme je l’ai fait, spirituellement et humainement. ».

Le fait que saint Jean situe l’évènement peu avant « la Pâque, la fête des juifs » nous oblige à penser à ce qui s’est passé le jeudi saint, et à la phrase de Jésus : « Faites cela en mémoire de moi. » (Lc 22,19) pour la nourriture spirituelle, ou « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13,14) pour la nourriture humaine.

Et puis aussi à cette phrase de Jésus, que saint Jean place un peu plus loin, dans le même chapitre, à la synagogue de Capharnaüm : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » (Jn 6,53).

Nous aussi, nous sommes comme les apôtres des personnes qui doivent accepter de n’être que des ’’utilités’’, des personnes qui sont là pour permettre à Jésus, à Dieu, de faire le bien pour les gens, tout en restant humble, à savoir se reconnaître ’’tout petit’’ devant Dieu qui agit … et que nous devons remercier de nous aider à participer à son œuvre, dans la mesure des moyens qu’il nous donne.

Quand nous faisons quelque chose de bien, nous sommes tellement persuadés que c’est grâce à nous que nous nous en enorgueillissons … alors que c’est Dieu qui agit à travers nous.

Préférons la pensée du publicain à celle du pharisien. (cf Lc 18,10-14)

Seigneur Jésus,

aide-nous à rester humble,

à ne pas nous croire au-dessus

de toi ou des autres.

C’est ainsi que tu nous aimes,

faisant la volonté de ton Père.

                                                                                             Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Priere dim 17° TOB




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (Jn 6,1-15)

Jésus se rend de l’autre côté de la mer de Galilée. Une foule le suit à la vue des signes qu’il opérait. Les signes, ce sont les miracles. Les gens le suivent à cause de ses miracles. Parmi eux, il y a ceux qui n’ont pas la foi, les sceptiques, qui le suivent pour voir si les miracles sont réels, ou encore les curieux qui recherchent le merveilleux, le surnaturel. D’autres ont une foi qui demandent à être consolidée et ils ont besoin de voir pour croire. Les miracles peuvent aider ceux qui n’ont pas la foi ou ceux qui ont une foi primaire à avancer davantage dans la foi. Parce qu’ils voient, ils croient. A ceux qui ont besoin de voir le Christ opérer des miracles, ou encore à ceux qui ont besoin d’entendre le Christ leur parler, ou encore d’être touché intérieurement, on dit qu’ils ont une foi « sensible », une foi qui s’appuie sur les sens : l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, le toucher, mais aussi sentir sa présence intérieurement, être touché au cœur par l’amour du Christ, avoir une grande paix etc… Il faut toujours que le Christ se manifeste à eux de manière sensible pour que leur foi ne s’éteigne pas. Et à partir du moment où le Christ ne leur donne plus aucun signe pendant un long moment, alors leur foi se met à décliner. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi.

Concernant le sacrement de l’Eucharistie, le Seigneur ne se manifeste pas à nous par les sens: nous ne voyons pas le Christ en personne, nous ne percevons pas non plus sa présence intérieurement, mais parce qu’il nous l’a enseigné, nous savons qu’il est là, présent sous forme de pain et de vin. Et c’est Lui qui nous dit : « ceci est mon Corps, ceci est mon sang ». « C’est donc sur la Parole du Christ que notre foi repose pour croire à une autre réalité que ce que nos yeux voient. Saint Pierre-Julien Aymard résume admirablement cette démarche : « la foi, c’est l’acte pur de l’esprit, dégagé des sens. Or, ici les sens ne servent à rien, ils n’ont pas d’action. C’est le seul mystère du Christ (et on parle ici de l’Eucharistie) où les sens doivent absolument se taire; dans tous les autres, dans l’Incarnation, les sens voient un Dieu enfant, dans la Rédemption, on imagine un Dieu mourant. Ici (à l’Eucharistie), rien qu’un nuage impénétrable pour les sens. La foi doit agir seule: c’est le royaume de la foi. Ce nuage nous demande un sacrifice bien méritoire, le sacrifice de notre raison et de notre esprit ; il faut croire même contre le témoignage des sens (à l’Eucharistie, nous ne voyons qu’une hostie, mais notre foi nous donne l’assurance que c’est le Seigneur !), il faut croire également contre les lois ordinaires des êtres (un être humain a une tête, un corps et des membres, et ici, la présence de Dieu se fait autrement que sous forme humaine, sous forme d’hostie, et nous croyons que c’est le Seigneur !), il faut croire même contre sa propre expérience (et mon expérience me dit que je voie une hostie, mais ma foi me dit incontestablement que c’est bien le Christ puisqu’il l’a dit lui-même : Ceci est mon corps, et donc je me base sur la parole même du Christ qui est la Vérité); il faut croire sur la seule parole de Jésus-Christ…Devant le mystère de l’Eucharistie, le Christ nous appelle à capituler à toutes nos raisons pour rentrer dans sa Raison paradoxale. Paradoxale parce qu’informée par l’Amour (parce que notre raisonnement est basé non pas à partir de la réalité sensible, mais sur l’Amour). Dieu nous appelle à nous rendre. A nous rendre à l’Amour plus fort que la mort. L’Eucharistie et la Croix sont des pierres d’achoppement» (Nicolas Buttet – L’Eucharistie à l’école des saints – P.31). Le chrétien, celui qui a une foi profonde n’a pas besoin de miracles pour croire aux signes du Christ, il se base sur la simple Parole de Dieu. Dieu dit et je crois. Dieu fait et je crois. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit (L’amour de la Sagesse Eternelle – §187): « La pure foi est le principe et l’effet de la Sagesse en notre âme (et traduit en clair, cela signifie : la foi pure nous vient de la présence du Christ en notre âme et cette présence divine en notre âme nous permet d’avoir une foi pure) : plus on a de foi, et plus on a de sagesse (= présence du Christ) ; plus on a de sagesse (= présence du Christ), plus on a de foi. Le juste, ou le sage (en qui vit le Christ), ne vit que de la foi sans voir, sans sentir, sans goûter et sans chanceler. … Le sage ne demande point à voir de choses extraordinaires comme les saints ont vu, ni à goûter des douceurs sensibles dans ses prières et ses dévotions. Il demande, avec foi, la divine Sagesse, c’est-à-dire la présence du Christ en nous”.

Devant cette foule qui est venue à la suite de Jésus, ce dernier semble s’inquiéter et dit à Philippe : « Où achèterons-nous des pains pour qu’ils aient de quoi manger ?  En parlant ainsi, il le mettait à l’épreuve ; il savait quant à lui, ce qu’il allait faire ». Ainsi, Dieu, parfois, nous met tous à l’épreuve : nous prions beaucoup, et Dieu semble ne pas exaucer nos prières ; nous venons à la messe et nous devrions recueillir, à cause du sacrifice du Christ, les bénédictions et les grâces données par le Père, mais de notre côté, rien ne semble changer et on finit par se dire : à quoi servent nos prières ? à quoi cela sert-il de venir à la messe ? En la matière, l’ignorance est notre pire ennemie, et c’est pour cela que Saint Pierre-Julien Aymard nous dit : « il faut croire même contre le témoignage des sens, contre les lois ordinaires des êtres, contre sa propre expérience ». Robert Spaemann, un laïc allemand (Athéisme et foi – XXIV-1 – 1991) nous dit avec juste raison : « Croire signifie : laisser tomber toutes les conditions… La foi est un acte raisonnable dont chacun est responsable. Cela signifie que la foi est un acte raisonnable d’obéissance (à la Parole de Dieu), une capitulation inconditionnelle des opi­nions propres et des désirs propres devant Dieu qui se manifeste, une capitula­tion dont chacun porte la responsabilité. Un croyant qui pose des conditions pour croire ne mérite pas ce nom. […]». Il s’agit de croire que nos prières comptent énormément pour Dieu qui n’arrête pas de nous dire qu’il faut « prier sans cesse sans se décourager » (Lc 18,1) , et que la messe est la plus grande et la plus importante prière adressée à Dieu, c’est pour cela que le Christ nous a dit : « faites ceci en mémoire de moi » ( 1Co 11,24 ; Lc 22,19). De même, il faut croire que l’amour, le pardon, l’humilité etc…tout ce que le Christ nous a enseigné, tout cela aussi a son importance pour que nous les mettions en pratique et cela sans se poser de questions. La foi est obéissance à la parole de Dieu. – On finit par trouver un enfant qui a cinq pains et deux poissons. Pas besoin de faire des études pour comprendre ce n’est pas grand-chose par rapport à la foule immense qui a faim. A ce moment-là, c’est la foi en Jésus-Christ qui est mise à l’épreuve. Notre raison nous dit qu’il est difficile de croire qu’on pourra nourrir plus de cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. Mais notre foi nous dit aussi qu’en toutes circonstances, nous devons garder fermement notre confiance en Dieu. Jésus trouvera forcément une solution à nos problèmes. Avec la foi, les problèmes vont s’estomper petit à petit, sans bruit, comme on dit en créole, « en douce et sans secousse ». Dieu nous donnera suffisamment de patience pour que les choses s’arrangent au fur et à mesure, mais gardons notre confiance en Dieu. Pour nos prières de demande, on s’apercevra à un moment donné, que ce que nous avons demandé à Dieu, il y a un an ou deux ou même plus, a déjà été exaucé depuis plusieurs mois déjà, sans que nous en ayons pris conscience et on commencera alors à croire en la puissance de la prière. Celui qui priait à peine, à force de demander à Dieu la grâce et l’amour de la prière, voit petit à petit qu’il s’est mis à prier sans peine tous les jours et durant toute la journée, bien longtemps après que Dieu l’ait exaucé. Nous sommes parfois stupéfaits de ce que la foi peut faire. – « Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua aux convives, de même aussi pour les poissons, autant qu’ils en voulaient ». Les moyens humains sont souvent faibles, et il nous est impossible de partager cinq pains et deux poissons entre cinq mille personnes, mais le Christ lui-même nous affirme en Mt 19,26 : « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible » et en Mc 9,23 : « tout est possible à celui qui croit ». Si Jésus le dit, il n’y a aucune raison de ne pas le croire sur parole. Et voilà que les gens pouvaient manger « autant qu’ils en voulaient ». Dieu ne peut pas voir son peuple mourir de faim, Il a pitié de nous et veille sur nous en permanence. Mais la nourriture du Seigneur n’est pas seulement constituée de pain et de poissons, Il nous offre aussi sa Parole en nourriture. Mt 4,4 : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » et la Parole est Dieu ( Jn 1,1). « La Parole est devenu un homme » (Jn 1,14 – bible en français courant), et cet homme, le même à la Cène comme à l’Eucharistie, qui est à la fois prêtre et victime, nous dit du pain appelé encore « hostie » : « Ceci est mon Corps ». Notre nourriture, c’est à la fois la Parole et le Pain vivant que nous retrouvons à la messe, et ces deux mots désignent le Christ. La multiplication du pain nous mène à l’Eucharistie. A la messe, Jésus-Christ multiplie son Corps en quantité suffisante pour que chacun puisse recevoir Dieu. Et nous pouvons en recevoir autant que nous voulons, c’est-à-dire tous les jours de la vie si nécessaire, jusqu’au moment où nous irons le rejoindre dans son Royaume. Ce Pain nous est nécessaire, et le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit (CEC 1416) : « La sainte Communion au Corps et au Sang du Christ accroît l’union du communiant avec le Seigneur, lui remet les péchés véniels et le préserve des péchés graves ». Le Cardinal Walter Kasper ( « La Miséricorde » – P.161), Président du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, affirme également ceci: « A chaque Eucharistie, la puissance de la Miséricorde divine – venant du sang du Seigneur, versé sur la Croix (Mt 26,23) – est agissante et pardonne les péchés. Ainsi la participation à l’Eucharistie nous obtient le pardon des fautes quotidiennes ». CEC 1393 : « l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés futurs ».  Faisons tout notre possible pour communier au Corps du Christ après avoir réuni toutes les conditions demandées par l’Eglise : se convertir, aller se confesser, et recevoir le Christ le plus souvent possible. – Et rappelons-nous que les personnes qui ont été en totale communion avec le Christ sont les Saints. Il nous faut lire la Vie des saints. [Inspiré de l’introduction à Saint Jean de la Croix (Tome I – P.7 et 8)]: « Beaucoup d’âmes sont si faibles qu’il est impossible de leur parler de perfection de l’amour, parce qu’ils sont incapables de sortir d’une vie de péché ou d’accepter la moindre souffrance, si minime soit-elle. Pour sauver ces âmes, il n’y a que l’amour, et cet Amour a pour nom « Jésus Christ » qui a fait sa demeure chez tous les saints. Des âmes enfoncées dans des habitudes de péché ne pourront se relever périodiquement et reprendre la lutte que lorsqu’elles sont stimulées par l’air vif des cimes que le saint découvre à notre regard. Pour certains êtres humains tombés très bas, seules les splendeurs de l’intimité divine que l’on retrouve chez les saints pourront efficacement faire contrepoids aux attraits violents de l’abîme d’en bas ». Il nous faut plonger dans la vie des saints, témoins de l’union intime de l’être humain avec Dieu, qui, tous, nous parlent du Christ ou de Marie de la manière la plus belle qui soit pour être capable d’élever notre âme vers Dieu et nous donner cette envie, si nécessaire, de mieux le connaitre.  Que Marie nous aide à avoir une plus grande foi, et un plus grand amour envers Dieu et les êtres humains.

                                                                                                  Claude Won Fah Hin




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 6,1-15)

 » Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde  »

(Jn 6,1-15)

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. – Acclamons la Parole de Dieu. 

                  

     Les foules suivent Jésus, attirées par les signes qu’il accomplit… Elles sont en cheminement vers cette vie de foi où il veut les conduire : un Mystère de Communion avec Lui, dans l’invisible de cet Esprit qui ne demande qu’à jaillir en Fleuves d’Eau Vive au plus profond de leurs cœurs (Jn 4,1-14 ; 7,37-39)… Les disciples eux aussi cheminent, et Jésus va les inviter ici à aller plus loin…

         « Où pourrions-nous acheter du pain ? » leur demande-t-il. Mais l’endroit est désert, c’est impossible ! Et pourtant, ils ne réagissent pas… Ils évaluent bien la somme qui serait nécessaire pour tant de monde : « le salaire de deux cents journées » de travail, une somme énorme qu’ils n’ont pas, bien sûr, avec eux… Mais ils ne réagissent toujours pas… Et Jésus, qui nulle part ailleurs ne se préoccupe « d’acheter » quelque chose, fait ici allusion au prophète Isaïe qu’ils connaissent bien : « Même si vous n’avez pas d’argent, venez, achetez et mangez ; venez, achetez sans argent… Ecoutez-moi et mangez ce qui est bon » (Is 55,1-3)… Mais toujours pas de réaction… Certes, « il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »

         Alors Jésus prend les choses en main, jusques dans les moindres détails : comme « il y a beaucoup d’herbe à cet endroit », il les fait asseoir… « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer… Tu prépares la table pour moi » (Ps 23)… Puis, « il prit les pains, rendit grâces » et les leur « donna » en Serviteur de Dieu et des hommes… L’Eucharistie est annoncée. Bientôt, lors de « la Pâque, la grande fête des Juifs », il se donnera en « Pain de Vie » car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6). C’est pourquoi il dira peu après : « Je suis descendu ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or c’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné » (le monde entier) « mais que je le ressuscite au dernier jour ». Aussi, « ramassez les morceaux qui restent » et partez les offrir à tous les hommes « pour que rien ne soit perdu »…

                                                                                                        DJF




17ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Multiplication des pains

Jn 6, 1-15

Pendant quatre dimanches de suite, frères et sœurs, nous allons aborder le thème de l’Eucharistie : le Pain Vivant, nourriture de nos cœurs, de nos esprits et de nos âmes. Dans l’Evangile de Jean, vous le savez, ce récit de la multiplication des pains se situe juste avant que Jésus ne déclare : « Je suis le Pain Vivant… celui qui mange ce pain-là, vivra pour toujours ».

 

 

Aujourd’hui, il s’agit de pains et de poissons pour apaiser la faim de nos corps, de nourriture terrestre, en quelque sorte.

Ainsi, nous est donnée la clef du miracle : la multiplication des pains annonce l’Eucharistie. Dans ce récit, on nous parle, bien sûr, de Jésus, de Philippe à qui Jésus demande : « Comment pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? », d’André aussi, qui intervient pour faire une remarque un peu ridicule semble-t-il : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains et deux poissons ! » et puis, se rendant compte que c’est disproportionné, il ajoute : « Mais qu’est-ce-que cela pour tant de monde ! » Et pourtant c’est de là que tout va partir, que tout va se déclencher : à partir justement de ces cinq pains et de ces deux poissons !

Qui était-il, ce jeune garçon ? Appelons-le « Hamar » pour plus de commodité.

– « Hamar, où vas-tu ? » C’est sa maman qui le voit suivre tout un groupe de curieux à la recherche de Jésus, le prophète de Nazareth qui guérit les malades et qui raconte des histoires merveilleuses qui gonflent le cœur d’espérance et d’amour.

– Mais, maman, je pars avec les autres, écouter Jésus, le voir guérir les malades.

– Tu es fou, il va s’en aller de l’autre côté du lac, s’enfoncer dans la montagne. Reste ici.

– Oh maman, laisse-moi y aller. Je suis avec mon oncle Yukal. Je ne crains rien.

– Soit, mais avant de partir, prends ces cinq pains et ces deux poissons. Il n’y a rien à manger sur l’autre rive, c’est désert : d’ailleurs cette foule est folle de partir comme ça, à sa suite, sans provisions. Tiens, prends ça… »

Et Hamar se trouve depuis longtemps avec sa bertelle, assis dans l’herbe à écouter Jésus : c’est merveilleux, tellement qu’il n’a même pas pensé à manger son casse-croûte. Et voici qu’un des compagnons de Jésus, s’avance droit sur lui, oui, lui, Hamar et lui demande : « Veux-tu donner tes cinq pains et tes deux poissons ? Le Seigneur en a besoin ! » Dites, si c’était vous, ce jeune garçon, qu’auriez-vous fait ? Bien sûr, sans ses pains et sans ses poissons, le Christ aurait pu nourrir la foule : mais l’aurait-il fait ? Chaque fois que Jésus accomplit un miracle, il répond à un appel, à une proposition.

Rappelez-vous Cana, la Vierge qui lui dit : « Ils n’ont plus de vin », ça ne suffit pas : « Remplissez d’eau ces jarres ». Six cents litres à verser dans les outres, seau après seau ! Quel va et vient ! On doit faire la chaîne comme pour un incendie.

Jésus ne fait jamais un miracle s’il n’y a pas eu auparavant un effort de l’homme, un apport quelconque, une offrande, un cadeau, si minime soit-il ! Regardez à la messe, il n’y a pas d’Eucharistie, pas de Corps et de Sang du Christ, sans qu’auparavant les servants de messe n’aient présenté à l’autel un peu de pain, un peu de vin. Ici, cinq pains et deux poissons.

Hamar aurait très bien pu garder pour lui ses cinq pains et ses deux poissons ! C’est lui qui les avait apportés, sa mère lui avait donné pour lui. Il aurait pu faire une soustraction au lieu de faciliter une multiplication !

C’était une chance pour lui, d’avoir, de quoi manger dans le désert ! Lui, au moins, il était prévoyant ; sa mère l’avait été pour lui. Il ne mourra pas de faim. Eh bien, pas du tout !

Voici qu’Hamar donne tout, tout ce qu’il a… Il aurait pu en garder un peu pour lui : un pain, un poisson. Non ! Tout : les cinq pains et les deux poissons, il les donne au Christ qui, par son pouvoir, va multiplier.

            Raisonnons, réfléchissons : pour multiplier, il faut avoir dès le départ quelque chose. Si je n’ai « rien », multiplier par 10 ou multiplier par 100, c’est toujours « rien« , ça fait toujours zéro… Mais à partir du moment où l’homme offre au Christ quelque chose, oh, pas grand-chose ! Ce « pas grand-chose-là », va pouvoir, avec la force du Christ, être multiplié et nourrir une foule entière. Pour nous, c’est pareil. C’est avec ce que je donne au Seigneur, c’est à partir de ce que je lui offre, que le Seigneur va pouvoir aider les autres, les nourrir, les rassasier. Mais il faut, au départ, ce geste d’offrande : tout comme à la messe, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de communion s’il n’y a pas auparavant l’offertoire des hommes :

Notre pauvre pain, notre pauvre vin qui vont devenir Corps et Sang du Christ versés « pour vous et pour la multitude ».

Le Christ, souvenez-vous aussi de Cana, est toujours celui qui multiplie, mais à partir de ce qui lui est offert.

Hamar, c’est nous ! C’est tout chrétien. Devant l’immensité de la misère du monde – misère physique, misère morale encore bien plus – nous pensons souvent que nos ressources sont bien peu de choses, et c’est vrai ! Mais, si peu que ce soit, si nous donnons, le miracle aura lieu : la générosité entraîne la générosité, le partage entraîne le partage, l’amour entraîne l’amour, la goutte d’eau devient ruisseau puis rivière et le fleuve s’engage dans la mer.

C’est comme cela que se construit le Royaume de Dieu ! Rappelez-vous les émissions télévisées comme le téléthon pour aider les myopathes : au départ, il y a un petit don de celui qui donne le premier et au fur et à mesure, sur l’écran, on voit le chiffre des offrandes qui devient addition et multiplication. Il en est ainsi dans toute l’histoire de l’Eglise.

Regardez le « petit pauvre » d’Assise. François a tout donné, il a tout partagé, puis, avec des milliers de frères mendiants, atteint Rome pour remettre au pape un message d’amour et de charité qui sauvera l’Eglise de cette époque.

Plus près de nous, relisons la vie de St-Vincent-de-Paul avec tous ceux qu’il a entrainés dans son sillage d’amour !

Celle de St-Jean Bosco fondant partout, avec des sommes dont il n’avait pas, au départ, le moindre sou, des orphelinats, des patronages, des sanctuaires, des collèges techniques pour ses apprentis adolescents. Retrouvons le visage de mère Theresa ! Autant de miracles de multiplications dont nous sommes les témoins ; où l’amour de l’homme, multiplié par Dieu, permet de transformer le monde, à partir de quelques pains, de quelques poissons mais aussi de beaucoup d’amour, de détachement, de confiance en Dieu. Le Seigneur, au départ, ne nous demande pas de faire des miracles.

C’est lui qui s’en charge. Il nous demande seulement de donner tout simplement ce que nous avons : nos cinq pains, nos deux poissons. Il se charge du reste. Encore faut-il qu’au départ, nous lui ayons offert ce que nous avons.

Jésus attend le 1er geste de l’homme pour faire le geste de Dieu. Il multiplie ce que nous lui donnons. Mais auparavant, il faut avoir donné, offert nos pauvretés.

Payons de notre personne, humblement, petitement, et les grandes causes s’épanouiront parce que la main de Dieu fera le reste. AMEN




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 30-34)

 » Le Seigneur est mon berger « 

(Mc 6, 30-34)

 

          En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.

                        

       

          Les Apôtres reviennent de mission. Ils sont fatigués… Jésus le voit, et il va aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit… Son attitude confirme ici ce qu’il leur avait dit un jour : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas. Car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l’ayez demandé ». Or, « moi et le Père, nous sommes un » (Mt 6,7-8 ; Jn 10,30)), unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit. La Lumière de l’Amour qui brille dans les yeux de Jésus est la même que celle du Père… Ils sont fatigués, ils n’ont rien demandé : « Venez à l’écart et reposez vous un peu »… « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer » (Ps 23)…

         « Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart »… Mais en regardant la direction qu’ils prennent, les gens devinent l’endroit où ils vont accoster. Ils courent sur le bord du lac et arrivent avant eux… Dans leur vie d’hommes et de femmes, ils sont « comme des brebis sans berger », perdus dans ce monde si souvent difficile, ne sachant sur qui compter. Lorsque Jésus débarque, il voit cette grande foule, il perçoit leur détresse, et, littéralement, écrit St Marc, « il fut remué jusqu’aux entrailles », bouleversé de compassion jusqu’au plus profond de lui-même… Aussi va-t-il aller au-devant de leurs besoins avant même qu’ils lui aient demandé quoique ce soit, et « il se mit à les instruire longuement. » 

         Un autre jour, Jésus va croiser près de la porte de la ville de Naïn une veuve qui partait enterrer son fils unique… « En la voyant », Jésus fut à nouveau « remué jusqu’aux entrailles ». Cette femme ne le connaissait pas, elle ne lui demandait rien. Jésus va s’approcher d’elle et lui dire : « Ne pleure pas. » Puis, il va toucher le cercueil en disant : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi. » Le mort se redressa et Jésus le remit à sa mère. Tel est l’Amour de Dieu qui connaît nos vrais besoins avant même que nous lui ayons demandé quoique ce soit…                          DJF




16ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Repos spirituel

Mc 6, 30-34

« Reposez-vous un peu ». Eh oui ! « Reposez-vous un peu », c’est une parole de l’Evangile et même l’Evangile d’aujourd’hui ! Nous connaissons l’Evangile du « renoncement« , celui de la « pauvreté« , celui de « l’amour« , celui de la « vigilance« . L’Evangile du « repos » nous est moins familier, comme si le chrétien devait toujours vivre sous pression, le front plissé, anxieux du Royaume de Dieu, tendu et à l’affût de la moindre occasion ! Un homme sérieux : le chrétien !

Il est porteur d’un tel message ! Si vous demandiez à un indifférent de vous dessiner « le portrait- robot » du chrétien, aurait-il, ce chrétien, un visage souriant, détendu, reposé ? Ce n’est pas sûr…et pourtant !

Dimanche dernier, dans l’Evangile, nous avons vu les apôtres partir deux par deux, sans sacs, sans vêtements de rechange, sans argent ; un bâton seulement, une seule tunique, une paire de sandales. Aujourd’hui, ils reviennent et ils racontent à Jésus tout ce qu’ils ont fait et dit. Ce qui est certain, c’est que Jésus les trouve fatigués et qu’il veut les emmener à l’écart, dans un coin tranquille. « Reposez-vous un peu ».

En effet, nous dit St-Marc, « la foule des arrivants et des partants était si grande qu’on n’avait même pas le temps de manger » et c’est certainement d’autorité que Jésus les embarque de l’autre côté du lac. Soulignons au passage, cette délicatesse du Seigneur : il les accueille, il les rassemble, les prend à l’écart et les écoute parler. Il perçoit leur fatigue et aussitôt il organise leur repos.

Oui, il est bien le véritable berger dont nous parle Jérémie dans la première lecture, il s’occupe de ses brebis, il les rassemble et les mène dans un lieu tranquille. « Elles ne seront plus apeurées et accablées et aucune ne sera perdue », déclare le Seigneur. Nous l’avons chanté tout à l’heure : « Sur de frais pâturages il me laisse reposer, je ne manque de rien », « Il me mène auprès des eaux tranquilles, il me fait revivre, il me conduit par les bons sentiers et je ne crains aucun danger, sa houlette me guide et me rassure ».

Il est là, le bon berger, qui veille sur nous, attentif à ce qu’il nous faut. Et sans doute, cet Evangile tombe bien ! Au moment où vous êtes en vacances, où vous vous apprêtez à y partir : le Seigneur vous dit aussi : « Reposez-vous un peu».

En quoi va consister ce repos pour un chrétien ? Comment va-t-il l’organiser, le remplir, le rendre effectivement reposant ? Détendant ? En quoi sa vie chrétienne va-t-elle différer pendant ces semaines de congé ?

N’oublions pas tout d’abord que Jésus n’est pas un entraîneur de performances athlétiques, un soigneur de champions, il n’est pas non plus un chef d’entreprise lointain, toujours prêt à sanctionner nos efforts ou nos insuffisances. C’est un ami avec son ami, un berger avec sa brebis.

Pendant les vacances, il faudrait pouvoir retrouver cette proximité, cette intimité, cette simplicité que nous devrions avoir avec le Seigneur : lui raconter, comme les apôtres, ce que nous avons fait ; faire le point, lui dire ce que nous désirons faire, ce qui marche et ce qui ne marche pas ; prendre du temps pour reprendre conscience que, même invisible, le Christ est au centre de notre action passée et future. Cette vie du Seigneur, elle est d’abord en nous, comme la sève dans la branche, comme l’air dans nos poumons, comme le sang dans nos veines.

La sève, le sang, l’air : nous ne les voyons pas et nous savons cependant qu’ils nous font vivre. Parfois, dans l’action, dans l’agitation, nous ne sommes pas attentifs à cette présence de Dieu… Que de fois durant l’année, nous avons dit à propos de la prière, de l’attention aux autres : « Je n’ai pas le temps » et c’était souvent vrai ! Mais pendant les vacances, si nous n’avons pas le temps, c’est que nous ne voulons pas le prendre et que nous voulons continuer à nous agiter, seulement d’une autre manière. Eh oui, prendre du temps, prendre son temps, vivre à un autre rythme, lever le pied et commencer à regarder autour de nous et en nous, redécouvrir les autres aussi.

Un père de famille me disait au retour des vacances : « Pendant celles-ci, j’ai fait du bateau avec mon fils. Il n’y avait pas de vent, alors je discutai avec lui. Je n’ai pas fait beaucoup de bateau mais j’ai découvert mon fils ! »

Deux jours après, le fils en question me disait : « J’ai découvert mon père ! Il est tout autre que je ne l’imaginais ».

Quel était le plus important ? Faire du bateau ou connaître son fils ? Et pourtant, il ne l’aurait jamais connu s’il n’avait pas fait du bateau avec lui.

Essayons pendant les vacances de reprendre en main notre vie. Nous vivons habituellement immergés dans une existence dont nous ne maîtrisons plus le déroulement ni l’orientation. Nous sommes « emportés », souvent « à la dérive », physiquement, psychologiquement, moralement, spirituellement. « Refaire surface », « se reprendre en main », « reprendre son souffle » : toutes ces expressions disent bien que nous avons conscience qu’il y va de la qualité de notre être.

Les écologistes parlent, ainsi que les syndicalistes de la « qualité de la vie » : qualité de ce que nous mangeons, mais aussi de ce que nous faisons ; qualité de notre existence chrétienne aussi : prendre « le temps de vivre » en chrétien, avec un certain recul pour juger et apprécier ce que je fais tous les jours. Le bon berger m’invite à me reposer sur de frais pâturages. Il veut me conduire auprès des eaux tranquilles pour me faire revivre et me diriger par les bons sentiers. Il désire pour moi du loisir, du repos.

 Du reste, l’invitation du Christ est formelle :

« Venez à moi, vous tous qui peinez et moi je vous procurerai le repos », « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos ».

Un  jardinier me disait  que lorsque ses plantes végétaient, il les changeait de terrain pour les mettre dans une terre riche.

Il appelait ce coin de son jardin « le jardin de la Résurrection ».

Les vacances, le lieu et la façon dont nous les prenons, ce devrait cela : un « jardin de la Résurrection » pour reposer notre corps, apaiser nos nerfs, pour que se renouvelle notre capacité de penser, d’aimer ; un temps pour reconnaître qu’à l’intérieur de ce mouvement de Recréation, de surrection, le Seigneur est vivant ! Voici pourquoi aujourd’hui, le Seigneur nous dit, comme aux apôtres : « Reposez-vous un peu », changez de vie, changez de rythme et vous serez plus vivants de cette vie même de Dieu que l’on appelle « la grâce ».

            Que cette messe elle-même, temps spirituel fort de nos vacances, remette en contact tout notre être, en recherche d’une meilleure forme avec « le Christ Ressuscité » qui est sa « forme définitive » et la nôtre bientôt. AMEN




16ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 30-34) – Francis Cousin

« On n’avait même pas le temps de manger. »

 

L’évangile de ce jour nous parle du retour auprès de Jésus des douze apôtres que celui-ci avait envoyé en mission dimanche dernier.

Il y avait déjà du monde près de Jésus, et les gens allaient et venaient, interrogeaient Jésus … tellement de monde qu’il était impossible aux apôtres de dire ce qu’ils avaient fait et de donner leurs impressions …

Tellement de monde qu’on « n’avait même pas le temps de manger. »

On peut en tirer deux remarques :

La première est l’attention que Jésus a pour ses apôtres : il prend soin d’eux et est bienveillant pour eux … comme il l’est aussi envers nous !

Le problème est que bien souvent nous ne nous en rendons pas compte … nous voyons Dieu trop loin de nous, trop distant … alors que c’est le contraire : il est tout proche de nous … et nous l’appelons comme s’il était loin : « Moi, dit le Seigneur, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49,16).

La seconde est cette assertion sur « le temps de manger ».

Jésus aurait pu dire : « Il y a trop de bruit ici … on ne peut pas s’entendre … ce que vous avez à dire ne les concerne pas … ».

Mais non, Jésus parle du temps de manger … comme si c’était sa préoccupation principale. Alors que ce n’était certainement pas le cas … même si dans les évangiles on parle souvent de manger, de repas … ce qui donne pour Jésus l’occasion d’enseignements sur le pur et l’impur (Lc 16,39sv), sur l’attention aux autres (Lc 16,19sv), sur le rôle du sabbat (Mc 2,23sv), ou sur l’accueil des pécheurs (Mc 2,13sv ; Lc 7,36sv) …

Il est vrai que le repas est souvent un moment de convivialité, en communion entre les personnes, comme par exemple le repas offert par Abraham aux trois messagers du chêne de Mambré ; ou le repas de Pâque : « Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. » (Ex 12,4). Ce qui va dans le sens de la première remarque, étendue à l’ensemble des participants réunis autour de Jésus.

Si l’évangéliste nous parle à ce moment de manger, c’est sans doute pour annoncer ce qui va passer après : la multiplication des pains … et ensuite la cène où Jésus partagera le pain et la coupe de vin en leur disant : « Ceci est mon corps, … ceci est mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle ».

Cette compassion de Jésus est clairement dite à la fin du récit : « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement. »

Et Jésus, Fils de Dieu, lui qui a dit : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger » (Jn 10,11), réalise la parole du Seigneur rapportée par Jérémie dans la première lecture : « Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis … Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. … Voici venir des jours – oracle du Seigneur–, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. ».

Seigneur Jésus,

on oublie trop souvent

que tu es toujours proche de nous,

que tu penses à nous

plus souvent que nous ne pensons à toi.

N’oublions pas :

« qui mange ma chair et boit mon sang

a la vie éternelle ».

 

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci après :

Prière dim 16° TOB




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6, 7-13) – Francis Cousin

« L’envoi en mission. »

 La semaine dernière, l’évangile se terminait par la phrase suivante : « Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant. ». Jésus enseigne et guérit.

La suite de cet évangile est celui de ce jour, où Jésus envoie les apôtres deux par deux pour la mission : celle de continuer ce que Jésus avait commencé dans les villages à l’entour de Nazareth.

Il leur avait montré comment faire, mais il commence par leur donner quelques consignes pour qu’ils puissent réussir leur mission.

La première chose qu’il leur donne, c’est d’avoir autorité sur les esprits impurs. Ces esprits qui n’ont de cesse de forcer ceux qui sont sous leur coupe à faire le mal, d’inviter au mal … et qui sont souvent des fardeaux pour ceux qui les subissent.

Et avoir autorité sur eux, c’est donner aux apôtres la possibilité de les anéantir, de leur enlever leurs pouvoirs pour que le bien et le beau prennent le dessus.

Cela fait partie de la mission … et donc aussi de la nôtre comme baptisés …

Mais bien souvent, on pense que cela ne nous concerne pas. Bien sûr, n’importe quel baptisé n’a pas la possibilité de lutter contre le démon … il faut réserver cela aux exorcistes … c’est préférable … Mais il y a tout un tas de choses pour lesquelles n’importe qui peut dire : « Ne fais pas cela, ce n’est pas bien. » … et on ne le fait pas toujours … par peur de passer pour un ’’réactionnaire’’, pour un ’’vieux jeu’’, … et on laisse s’installer le mal autour de nous !

La première chose que Jésus donne à ses apôtres après sa résurrection et le don de l’Esprit, c’est : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20,23) : Le pardon ! Demander à l’autre de ne pas faire le mal, c’est une manière de proposer le pardon …

La deuxième chose qu’il leur donne, c’est un ensemble de conseils qu’on pourrait traduire par : « Dépouillez-vous de tout ce qui est matériel, faites-vous pauvres, sans rien qui puisse vous donner de l’assurance, pour ne conserver qu’une chose : les Paroles que je vous ai dites, et le fait que je suis toujours avec vous. ». En fait, c’est ce que disait saint Paul la semaine dernière : « Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, [Jésus] qui est mort et ressuscité pour eux. » (2Co 5,15).

Avoir sa vie centrée sur Jésus !

C’est une autre manière de dire ce que Jésus demande à tous eux qui veulent le suivre : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mc 8,34) …

Il leur autorise quand même deux choses : un bâton, pour aider à marcher, et une paire de sandales, pour pouvoir marcher loin…

C’est ce que conseillait le pape François aux jeunes des JMJ de Cracovie, de manière plus actuelle, et avec les mots de maintenant : « Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours ‘‘plus loin’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le canapé contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire que celle-ci. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres. Et cela signifie être courageux, cela signifie être libre. »

Cette manière de faire est aussi celle qui a été présentée à ses frères par saint François d’Assise, se faire pauvre pour annoncer l’évangile, et qui continue à l’être à l’heure actuelle. On peut en trouver l’expérience dans le livre « Marcher vers l’inconnu » du frère Jack Mardesic, franciscain, qui vient de sortir et qui sera bientôt en vente à l’AROD.

On aurait tort de penser que ce passage de l’évangile ne concerne que les douze apôtres. Il nous concerne tous.

Car il est de notre mission de baptisés d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus à tous ceux que nous rencontrons.

Ce n’est pas facile … et on l’oublie souvent … Mais … c’est notre mission !

Seigneur Jésus,

les conseils que tu donnes aux douze apôtres

sont toujours valables pour nous.

Mais la société de consommation

dans laquelle nous vivons

nous invite plus à nous prélasser dans le canapé

qu’à chausser nos chaussures de marche

pour aller sur les routes

où le vent de l’Esprit nous portera.

Mais la joie de la rencontre avec les autres

ne viendra jamais du canapé.

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre ci-après:

Prière dim 15° TOB




15ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mc 6, 7-13)

 » L’envoi en mission… »

(Mc 6, 7-13)

 

          En ce temps-là,  Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs,  et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture.  « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. »   Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.

                     

      Parmi ses disciples, Jésus en avait choisi Douze « pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec pouvoir de chasser les démons » (Mc 3,13-19). Aujourd’hui, les Evêques sont leurs successeurs. Leur mission première, avec toute l’Eglise locale dont ils ont la charge, est donc de « prêcher » à la suite du Christ : « Le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15). Et c’est bien ce qu’ils font ici : « Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils chassaient beaucoup de démons »…

Les Douze ont ainsi commencé par rencontrer le Christ « Lumière du monde » (Jn 8,12), et dans la Lumière de son Amour, ils ont pris conscience de leur besoin d’être sauvés : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur », lui dit un jour Simon-Pierre. Et c’est justement à ce moment-là que le Christ le confirma dans sa vocation : « Tu seras pêcheur d’hommes » (Lc 5,1-11).

Attirés, enveloppés et soutenus par la Tendresse et la Miséricorde du Père, les Douze ont consenti à faire la vérité dans leur vie. Ils ont alors reçu le pardon de toutes leurs fautes et la force de se détourner petit à petit du mal pour trouver, avec le Christ, la Plénitude de cette Vie éternelle que le Père veut offrir à tous les hommes, ses enfants. Ce qu’ils ont vécu avec le Christ, voilà donc ce qu’ils doivent annoncer au monde entier en « témoins ». C’est pour cela que le Christ « les envoie deux par deux » car en ce temps-là, « toute affaire devait être instruite sur la base de deux ou trois témoins ». L’annonce de l’Evangile est une aventure vécue en équipe : « Pierre et Jean », « Paul et Barnabé », « Jude et Silas »…

De plus, en cet apprentissage de leur mission future, Jésus veut qu’ils fassent l’expérience de la Providence du Père. Aussi les envoie-t-il sans « pain, ni sac, ni pièces de monnaie ». Et à leur retour, ils constateront par eux-mêmes qu’ils n’ont jamais manqué de rien (Lc 22,35)… Dieu était là et il veillait sur eux… Plus tard, ils partiront sur les routes du monde avec ce qu’ils auront, mais si un jour ils venaient à manquer du nécessaire, ils n’oublieront jamais que le Père est là et s’occupe très concrètement d’eux jusques dans les moindres détails de leur vie. DJF