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24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 8, 27-35)

« La foi et les œuvres. »

 

Le passage de la lettre de saint Jacques qui constitue la deuxième lecture de ce dimanche est tout à fait décapant !

Et c’est un passage qui est à relire … à relire … souvent.

Souvent on a une idée faussée de la foi.

« Je crois en Dieu, … je crois en Jésus-Christ, … je crois en l’Esprit-Saint … »

On connaît notre credo par cœur …

On ’’fait’’ ses prières régulièrement, on ’’va’’ à la messe chaque dimanche, parfois en semaine …

Mais, qu’est-ce que Jésus pour nous ? (C’est la question de l’évangile).

C’est le Christ, bien évidemment, … le Messie que les juifs attendaient, …

Celui qui a donné sa vie pour nous sur la croix, …

Celui qui nous a donné son corps à manger dans le pain de l’eucharistie, …

Celui que Dieu a ressuscité et qui nous ouvre le chemin du Paradis …

On a tout bon ! … On peut être fier ! …

Comme le pharisien de la parabole qui disait : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes … Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Lc 18,11-12)

Saint Jacques nous dit : « Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? ».

Le problème est que bien souvent, on ne dit pas la première partie de la phrase … on ne voit pas que les gens ont froid … on ne voit pas que les gens ont faim … on ne dit rien, on ne fait rien.

Bien sûr, ’’on ne peut pas soulager toute la misère du monde’’ … mais on peut essayer de faire quelque chose …

Mais souvent, on reste indifférent … (quand on ne dit pas : ’’Ils n’ont qu’à travailler’’ ! …).

A l’inverse, il ne s’agit pas de mettre en valeur ce que l’on fait … Comme Jésus l’a dit : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. » (Mt 6,1).

Faire quelque chose pour les autres … les œuvres dont parle Jacques, qu’elles soient matérielles (corporelles) ou spirituelles (voir les quatorze œuvres de miséricorde), cela fait partie aussi de ce que Jésus appelle « prendre sa croix » …

Et ce n’est pas une croix trop difficile à porter …

Si nous ne faisons rien, on risque fort de se faire interpeller par Jésus comme l’a fait avec Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Essayons, à tout le moins, de dire avec foi, comme le publicain de la parabole : « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !” » (Lc 18,13) … car alors Jésus pourra dire : « [Celui-là est] devenu un homme juste ! ».

Seigneur Jésus,

aide-nous à renoncer à nous-même,

et à penser aux autres.

Aide-nous à porter nos croix,

certaines sont faciles à porter,

d’autres beaucoup moins …

Alors nous pourrons te suivre

en vérité !

                                     Francis Cousin

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Prière dim 24° TOB




23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 7, 31-37)

« Effata ! »

 Jésus fait un long voyage … surtout quand on le fait à pied !

Il part de la région de Tyr, territoire païen (non-juif) à l’ouest de la Galilée, pour aller directement dans la Décapole, autre territoire païen, à l’est de la Galilée … sans que Marc ne parle de son passage en Galilée …

Peut-être pour montrer que le discours et les actes de Jésus ne concernent pas que les Juifs, mais tout le monde …

À Tyr, c’est une maman qui vient voir Jésus pour qu’il guérisse sa fille.

En Décapole, ce sont des gens qui lui amène un sourd-muet pour qu’il lui impose la main.

Ce sont d’autres personnes que les malades … qui avaient entendu parler de Jésus et qui avaient cru en son pouvoir … qui avaient foi en lui !

Cela les avait mis en route … pour rencontrer Jésus

Cela a l’air tout simple …

Mais nous, qui avons entendu parler de Jésus, à la maison, au catéchisme, à l’église, ou ailleurs … Est-ce que cela nous a mis en route pour rencontrer Jésus ?

Il ne suffit pas d’entendre ! Il faut aussi écouter, … manger la Parole de Jésus (cf Ez 3,1-3) … pour qu’elle nous fasse changer nos comportements …

Entendre Dieu … avec son cœur

Facile ?

Certainement non pour la plupart d’entre nous …

On dit souvent : « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! » …

Et c’est bien souvent notre cas. On entend ce qu’on veut bien entendre … ce qui ne nous touche pas …ce qui ne nous dérange pas … ou ce qui nous arrange … mais on reste bien souvent sourd à la Parole de Jésus, parce qu’elle nous oblige à changer …

« Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! » (Mt 11,15) … avec son cœur …

Et on pourrait dire la même chose pour d’autres sens … C’est d’ailleurs de que dit Jésus aux pharisiens après la guérison de l’aveugle-né : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Ce passage de l’évangile nous est lu au moment où ont lieu les jeux paralympiques, après les jeux olympiques. Et chacun aura pu constater la différence de traitement entre ces deux « jeux » au niveau de l’information : une information en continu sur plusieurs chaînes de télévision du matin au soir et des pages nombreuses dans les journaux et les magazines pour les sportifs dits « normaux » … et quelques bribes d’informations pour les personnes handicapés …

Ce qui pose la question : « Quel est le regard de la société sur les personnes porteuses de handicap ? » … mais aussi la question : « Quel est mon regard sur les personnes porteuses de handicap ? ».

Ceux qu’on voit à la télévision … c’est-à-dire ceux qui gagnent des médailles … on est de tout cœur avec eux, on les admire …

Mais les autres … ceux qui restent chez eux … ceux qui boitent, qui n’ont qu’un bras, qui sont en fauteuil roulant, les muets … les trisomiques, les malades mentaux … Au mieux, on les plaint, ou on plaint leur parents … mais quand on les rencontre au supermarché (ou ailleurs), on a du mal à les regarder, on fait comme si on ne les voyait pas …

Cela nous renvoie à la deuxième lecture : « Cela, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon de faux critères ? Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? »

Au jour du jugement, où nous serons jugés sur l’amour … Qui passera devant ? …

Seigneur Jésus,

ouvre mes yeux !

Fais que j’entende …

d’abord ta Parole …

et puis les plaintes des autres,

leurs questionnements,

leurs désirs, leurs envies …

Effata !

Ouvre mon cœur, Seigneur,

aux merveilles de ton amour …

                                     Francis Cousin

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Prière dim 23° TOB




22ième Dimanche du Temps Ordinaire (29 août 2021 – Mc 7, 1-8.14-15.21-23 ; DJF)

Ecouter la Parole de Dieu

et la mettre en pratique pour entrer dans la Vie…

          Ce n’est pas si fréquent : les trois lectures de ce jour évoquent un seul et même thème, celui de la Parole de Dieu qu’il s’agit d’accueillir de tout cœur…

          Pour nous, aujourd’hui, cette Parole nous a été transmise par Jésus, le Fils. Lui même l’a accueillie, entendue auprès de son Père : « Ma doctrine », nous dit-il, « n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jn 7,16). En effet, « le Père qui m’a envoyé m’a lui-même prescrit ce que j’avais à dire et à faire connaître. Ainsi donc, ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 12,49-50).

          Et puisque, dit-il encore, « je dis la vérité que j’ai entendue de Dieu » (Jn 8,40), Jésus sait que « l’Esprit Saint, l’Esprit de vérité qui vient du Père lui rend témoignage » (Jn 15,26). Et comment fait-il ? Quand Jésus nous parle de la vie avec Dieu, de la vie éternelle, l’Esprit Saint communique à tous ceux et celles qui l’écoutent de tout cœur le Don même de cette vie en étant ainsi tout simplement, comme nous le disons dans notre Crédo, « Seigneur qui donne la vie ». C’est ainsi qu’en écoutant Jésus, St Pierre ne pouvait que lui dire : « Tu as les Paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Il vivait, en l’écoutant, « quelque chose » qu’il n’avait jamais vécu auparavant avec personne d’autre : une vie nouvelle, une Plénitude nouvelle, une douceur nouvelle…

          En effet, le Don de l’Esprit se joint toujours à la Parole du Christ, comme nous l’explique Jean Baptiste : « Celui que Dieu a envoyé prononce les Paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), « l’Esprit qui est vie » (Ga 5,25). C’est ainsi que St Jacques déclare dans la seconde lecture : « Le Père des lumières a voulu nous engendrer par sa Parole de vérité » (Jc 1,18), c’est-à-dire par le Don de cet « Esprit qui est vie », un Don qui se joint toujours à la Parole de Dieu et qui nous engendre à cette vie nouvelle et éternelle qui est la vie même de Dieu. Et puisque « le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,22), il nous invite à « accueillir dans la douceur la Parole semée en vous » et donc au même moment ce Don de l’Esprit de Douceur qui se joint à elle et qui nous rejoint au plus profond de nous-mêmes…

          Mais cette Vie nouvelle semée en nous par la Parole de Dieu et le Don de l’Esprit Saint demande tout simplement à « vivre », c’est-à-dire à s’exprimer par des actes qui lui correspondent. « Mettez donc la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion » (Jc 1,22). C’est exactement l’invitation que lançait Moïse dans la première lecture : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique… vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique » (Dt 4,1.6)…

          En effet, puisque « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), cette vie de Dieu semée en nous est de l’ordre de l’amour (Rm 5,5 ; Ga 5,22) : elle ne peut donc qu’être ouverture à l’autre, écoute de l’autre, attention à l’autre et action pour l’autre, pour son bien. C’est ce qu’écrit St Jacques avec un exemple particulier : il s’agit de « visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse » (Jc 1,27). Et il s’agit aussi de mourir à tout ce qui s’oppose à cette logique de l’amour, c’est-à-dire à tout ce qui nous ramène à nous-mêmes, nous replie sur nous-mêmes et nous empêche ainsi de nous ouvrir aux autres : « Gardez vous sans tache au milieu du monde » (Jc 1,27)…

          C’est l’invitation que lance Jésus aux Pharisiens. Ils s’attachaient en effet à toutes sortes de pratiques qu’ils présentaient comme étant « le comportement religieux pur et sans souillure » (Jc 1,27) : « Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ;  et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats » (Mc 7,3-4). Le grand danger d’une telle attitude est en fait une subtile recherche de soi. En effet, quand ils constataient qu’ils avaient effectivement pratiqué tout ce qui leur était demandé, ils pouvaient se dire en eux‑mêmes : maintenant, je suis « pur et sans souillure », contrairement à mon voisin qui, ne mettant pas en pratique tous ces préceptes, ne peut qu’être impur et souillé… St Luc nous présente ainsi un Pharisien qui « se tenait debout et priait ainsi en lui-même : “Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.” » (Lc 18,11-12). Hélas, une telle attitude, sur la base même d’une Loi qui peut être « sainte, juste et bonne » (Rm 7,12), n’est qu’orgueil, mise en avant de soi au détriment des autres, exaltation de soi et mépris des autres, rejet des autres, refus de vivre en relation avec les autres et donc fermeture aux autres… Or, notre cœur n’a qu’une seule porte : la fermer aux autres que nous voyons, c’est aussitôt la fermer au même moment à l’Autre que nous ne voyons pas, et donc à Dieu et au Don de sa Lumière et de sa Vie… Etre habité par un tel orgueil revient donc à se condamner soi‑même, à vivre non pas dans la Lumière mais dans les ténèbres, non pas dans la pureté de cœur mais dans la pire des souillures, alors même que l’on peut prétendre avec force être tout le contraire !

         L’important, nous dit ici Jésus, n’est pas de pratiquer ceci ou cela en pensant que cette pratique fera de nous des justes… Non, Dieu veut notre cœur, et Lui seul le voit et le connaît à fond… Il s’agit donc d’un appel à une conversion radicale et profonde : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur » (Mc 7,20-23). St Paul écrit exactement la même chose : « Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage ? Ne vous y trompez pas : ni les débauchés, les idolâtres, les adultères, ni les dépravés et les sodomites, ni les voleurs et les profiteurs, ni les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, aucun de ceux-là ne recevra le royaume de Dieu en héritage » (1Co 6,9-10).

          En effet, tout ce mal qui nous replie sur nous-mêmes dans une inlassable recherche de nous-mêmes nous empêche de nous ouvrir à un Autre que nous-mêmes pour recevoir ce qui ne peut venir que de Lui : le Don de sa Lumière, le Don de sa Vie, le Don de son Esprit… Mettre sa Parole en pratique, vivre l’amour de l’Autre et des autres, c’est demeurer dans cette dynamique d’ouverture de cœur à Dieu qui, Lui, de son côté, n’est qu’Amour et donc « Don gratuit de tout ce qu’il est en Lui-même » : « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner » (Pape François). Alors, si « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), il est ainsi éternellement Don de l’Esprit, « Source d’Eau Vive » (Jr 2,17 ; 17,13), cette « Eau Vive » de l’Esprit (Jn 4,10-14 ; 7,37-39)  « qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6), tous les hommes de bonne volonté qui l’accueillent (Lc 2,14)…

          Alors, « si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds » (Mc 9,43-45). Et dans le dernier exemple, avec « l’œil », Jésus parlera cette fois non pas de « la vie éternelle » mais du « Royaume de Dieu » : « Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Mc 9,47-48). « En effet, le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Il est mystère de communion dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), dans « la communion du Saint Esprit » (1Co 13,13), un Esprit qui est Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et vie…

 

          Tel est « le Don de l’Amour » qui englobe tous « ces dons parfaits, qui proviennent tous d’en haut, et descendent d’auprès du Père des lumières » (Jc 1,17). Et rien ni personne ne pourra empêcher Dieu d’être ce qu’Il Est (Ex 3,14), c’est à dire « Amour inconditionnel » (Pape François), Amour gratuit (1Jn 4,8.16), Amour Don de Lui-même (Jn 3,35 ; 4,10 ; Ac 8,20 ; Rm 6,23 ; 2Co 9,15 ; Ep 2,8 ; 1Th 4,8) : « Il n’est pas en effet, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses » (Jc 1,17). Nous, pécheurs instables, malades, blessés, nous pouvons toujours compter sur Lui. Il ne nous manquera jamais : « Si nous sommes infidèles, Dieu, lui, reste fidèle car il ne peut se renier lui-même » (2Tm 2,13). « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,45). Et c’est par le Don de la Lumière de son Esprit aux « méchants », le Don de cette « pluie » « d’Eau Vive » de son Esprit sur « les injustes » qu’il « frappe à la porte de leur cœur » fermé (Ap 3,20) pour les inviter à la conversion : qu’ils se détournent du mal et s’ouvrent à Lui ! Ils ne pourront qu’être comblés par la Plénitude de son Esprit, source du seul vrai Bonheur durable, paisible…

          Alors, « cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien » (Is 1,16), « mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter » (Jc 1,22). Avec elle et par elle, « recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Alors, « vous vivrez, et vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères » (Dt 4,1), ce Royaume de Dieu qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17) car, en vous donnant l’Esprit Saint, « votre Père s’est complu à vous donner le Royaume » (Lc 12,32)… Nous avons tous été créés pour vivre de la Plénitude de cet Esprit… Alors, « cherchez dans l’Esprit votre plénitude » (Ep 5,18)…

                                                                                         DJF

 

 

 

 

 

 

 

 

 




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 28/8/2021 et Dimanche 29/8/2021

22e dimanche ordinaire – Année B – Deutéronome 4,1–8 ; Jacques 1,17–27 ; Marc 7.1–23

 

Les textes du jour nous parlent de la pratique des commandements de Dieu. Le 1er texte nous apprend que les lois qui viennent du Dieu-Amour nous sont données pour que nous vivions. Ne pas les appliquer – surtout le commandement de l’amour – nous conduira à la mort, c’est-à-dire à la mort éternelle (= enfer) parce que dans ce lieu, il n’y a pas d’amour.  Dieu donne son amour à son peuple et le peuple doit n’aimer que Lui. «  » Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » (Dt 6,5).  « Je vous ai enseigné des lois et des coutumes, pour que vous les mettiez en pratique » (Dt 4,5). « Gardez-les et mettez-les en pratique » (Dt 4,6).  Pratiquer les commandements de Dieu est une manière au peuple de dire à Dieu qu’il l’aime. Mais à l’époque où ce texte a été écrit, le peuple juif avait une très longue pratique de l’idolâtrie : on adorait toutes sortes de dieux ou ce qui pour eux constituait des dieux : les astres, les montagnes, les lacs, les arbres, les animaux, et de nombreux objets fabriqués localement. Après la révélation, les Israélites avaient du mal à n’adorer que Lui. Ils étaient souvent infidèles et retournaient à l’idolâtrie comme à Baal-Péor.  Baal-Péor était à la fois le nom d’un lieu et le nom d’une idole locale. Et le peuple de Dieu s’est prosterné devant Baal-Péor, ce qui constitue une infidélité vis-à-vis du Dieu unique.  « Ce peuple m’honore des lèvres; mais leur cœur est loin de moi ». Et « la colère de Dieu s’enflamma contre le peuple» (Nb 25,3). Il nous faut donc comprendre qu’il est impossible d’être dans deux religions à la fois puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, Celui qui s’est révélé à Abraham, Moïse, David et qui s’est incarné en la personne de Jésus. Un chrétien n’a qu’une seule religion : il ne suit que le Christ et personne d’autre.  Le Christ est celui qui est venu accomplir la Loi. Mt 5,17: 17 « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ».  « Accomplir la loi » évoque l’idée de plénitude (de totalité), d’achèvement, de perfection et il faut la mener à bonne fin. Et Saint Paul ajoute (Rm 13,8) : « celui qui aime son prochain a pleinement accompli la Loi ». Pour que nous puissions nous aussi accomplir pleinement la loi divine, il nous faut aimer toutes les personnes que nous rencontrons. C’est-à-dire les aimer tels qu’elles sont, avec leurs faiblesses et défauts, sans aucune arrière-pensée, sans jugement intérieur que l’on pourrait faire parfois dans son cœur sans le dire à voix haute. Is 5,21 : « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux et s’estiment intelligents ». Jc 1,19 : « …que chacun soit prompt à écouter la Parole de Dieu, lent à parler et lent à la colère ». « Contre la charité, il y a les péchés…tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas…parfois secrètement, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons…La rancune entretenue mène au pire » (Sœur Emmanuel Maillard – L’étonnant secret des âmes du Purgatoire » – Entretien avec Maria Simma – P.20-21). Jc 1,21 (2ème lecture) : « Rejetez donc toute malpropreté, tout reste de malice ». Les Pères de l’Eglise, tels que Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, n’ont pas cessé de dénoncer le manque d’amour entre chrétiens. Grégoire de Nazianze se plaint amèrement des manques d’amour et des disputes dans l’Eglise. Pour Jean Chrysostome, le manque d’amour entre chrétiens est tout simplement honteux… Il est nécessaire pour le chrétien d’observer méthodiquement et scrupuleusement son propre état de conscience et sa propre vie intérieure afin d’extirper, si nécessaire, et avec la grâce de Dieu, le mal qui s’y trouve : tendance à juger intérieurement les autres, rancune secrète et tenace contre telle ou telle personne, mauvaises paroles. Jc 1,26 (2ème lecture d’aujourd’hui) : « Si quelqu’un s’imagine être religieux sans mettre un frein à sa langue et trompe son propre cœur, sa religion est vaine ». Dans nos rapports avec les autres, surtout quand on a à faire à quelqu’un qui ne nous aime pas, il ne faut jamais répondre du « tac au tac », et être lent à la colère, et même ne pas être en colère du tout. Celui qui dit du mal de nous n’est pas animé de l’Esprit de Dieu, mais de l’Esprit du Mal.

Et il ne faut jamais discuter avec l’Esprit du mal, on ne discute pas avec Satan, on le combat par la Parole de Dieu comme le Christ l’a fait dans la tentation au désert ou par la prière. Il arrive souvent que les personnes qui sont constamment dans le péché ne peuvent pas voir qu’ils pêchent, car ils s’y sentent bien et ne veulent rien changer. Pour voir ses propres péchés, il nous faut être éclairés de la lumière de Dieu. « Le meilleur et l’unique moyen pour conserver sa fidélité à Dieu est que cette personne, qui se trouve presque toujours en contact avec des gens sans foi ni loi, qui a toujours le blasphème à la bouche et la haine de Dieu dans le cœur, s’approche chaque jour de la Table des Anges pour recevoir Jésus… ». Et ce conseil de Padre Pio demeure toujours valable (Saint Pio de Pietrelcina – « Transparent de Dieu » – P. 88). Il nous faut donc demander à Dieu la grâce de l’écoute de la Parole, la force et le courage pour la mettre en pratique…et cela se reçoit surtout à la table de l’Eucharistie.

L’Evangile d’aujourd’hui nous parle de ce qui est pur et impur. La société juive , au temps de Jésus, rangeait sous le nom de « pécheurs » des gens de toutes sortes. Certains ont une conduite immorale (adultères, prostituées, faussaires, etc…), d’autres exercent des métiers poussant à la malhonnêteté, comme ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots) ou ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions qui mettent en rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, etc…). Ainsi, par le jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouve exclu des relations humaines et religieuses. Pour les Juifs très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était prohibé. A plus forte raison, un repas partagé créait une souillure grave, punie d’expulsion. Et Jésus, ainsi que ses disciples, mange avec toutes sortes de personnes.

« 18 Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, 19 parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance  (ainsi il déclarait purs tous les aliments). 20 Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme ». C’est lorsque nous disons ou lorsque nous avons de mauvaises pensées sur les autres, et que nous les mettons en pratique que nous nous souillons nous-mêmes. Sœur Faustine nous dit (§118) :  « Dieu ne se donne pas à une âme bavarde … : l’âme bavarde est vide à l’intérieur. Il n’y a en elle ni vertu fondamentale, ni intimité avec Dieu. Il n’est pas question pour elle, d’une vie plus profonde, d’une douce paix, ni du silence où demeure le Seigneur. Celui qui n’a jamais goûté à la douceur du silence intérieur est un esprit inquiet qui trouble le silence d’autrui. J’ai vu beaucoup d’âmes qui étaient dans les gouffres de l’enfer pour n’avoir pas su garder le silence. Elles me l’ont dit elles-mêmes, lorsque je les questionnais pour savoir ce qui avait causé leur perte ». Elle ajoute : « Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous (c’est-à-dire « aimer Dieu et son prochain » ) et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu ». Et pour que notre intérieur change, il faut d’abord le vouloir, désirer ardemment changer son propre cœur. Et comme nous ne pouvons pas le faire seul, avec notre seule force, il faut demander à Dieu cette grâce d’avoir un cœur qui lui plaise. « S’il y a dans mon cœur les racines de tous les péchés possibles (Mc 7, 21), c’est donc sans cesse que je dois demander à Dieu de me préserver de l’orgueil et de me purifier, par son Esprit, de toutes mes tendances au mal. D’ailleurs, plus les saints se laissent envahir par l’Esprit du Seigneur, plus ils s’aperçoivent de leur condition de pauvres pécheurs » (L’Abbé Pierre Descouvemont – Guide des difficultés de la foi chrétienne – P.482).  Il nous faut donc prier tous les jours pour que le cœur de tous les chrétiens change en mieux. Et ne dites pas que nos prières ne servent à rien. C’est complètement faux. Je vous donne un seul témoignage – parmi tant d’autres – de l’efficacité de la prière, raconté par Maria Simma à Sœur Emmanuel Maillard (L’étonnant secret des âmes du Purgatoire – Maria Simma – Sœur Emmanuel Maillard – P.33-34) : Hermann Cohen, un artiste juif converti au catholicisme et qui a beaucoup vénéré l’Eucharistie. En 1864, il quitte le monde pour rentrer dans un ordre religieux très austère et adorait très fréquemment le saint Sacrement pour lequel il avait une grande vénération. Pendant ses adorations, il suppliait le Seigneur de convertir sa mère qu’il aimait beaucoup. Mais sa mère mourut sans s’être convertie. Hermann en devint fou de douleur. Il se prosterna devant le Seigneur et, donnant libre court à ses plaintes, pria ainsi: Seigneur, je vous dois tout, il est vrai, mais que vous ai-je refusé? Ma jeunesse, mes espérances dans le monde, le bien-être, les joies de la famille, un repos peut-être légitime? J’ai tout sacrifié dès que vous m’avez appelé. Mon sang? Je l’eusse donné de même, et vous Seigneur, vous l’éternelle Bonté, qui avez promis de rendre au centuple, vous m’avez refusé l’âme de ma mère. …Mon Dieu, je succombe à ce martyr, le murmure va s’exhaler de mes lèvres ». Les sanglots étouffaient ce pauvre coeur. Tout à coup, une voix mystérieuse frappe son oreille et dit : « Homme de peu de foi, ta mère est sauvée, sache que la prière a tout pouvoir auprès de moi. J’ai recueilli toutes celles que tu m’as adressées pour ta mère et ma Providence lui en a tenu compte à son heure dernière. Au moment où elle expirait, je me suis présenté à elle, elle m’a vu et s’est écriée: « Mon Seigneur et mon Dieu ». Relève donc ton courage, ta mère a évité la damnation et tes supplications ferventes délivreront bientôt son âme de la prison du Purgatoire ». Toutes nos prières sont prises en compte par Dieu. Jn 14,13 : “…tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils”. Prions le Seigneur, avec Marie, pour que les êtres humains soient réceptifs à l’amour dont Dieu nous comble en permanence.




21ième Dimanche du Temps Ordinaire (22 août 2021 – Jn 6,60-69 ; DJF)

Dans la première lecture du Livre de Josué, ce dernier pose la question au Peuple d’Israël : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vous pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays »…

La question est donc posée : « Servir Dieu ou servir les idoles »… Or « servir une idole », quelle qu’elle soit, c’est « se rechercher soi-même », c’est « se replier sur soi-même », c’est vouloir et vouloir encore la satisfaction immédiate qu’elle procure, d’une manière ou d’une autre… Or, comme ce bonheur passager qu’elle apporte ne dure pas, mais s’estompe aussi vite qu’il est venu, laissant derrière lui un grand vide plus douloureux encore, il s’agira, pour le retrouver, de servir et de servir encore cette idole, pour que cette satisfaction passagère se renouvelle et se renouvelle encore… C’est donc en fait devenir l’esclave de l’idole que l’on sert…

C’est ce que déclare le Seigneur dans ces « Dix Paroles » qu’il donne à Moïse au sommet du Mont Sinaï, en disant : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas » (Ex 20,5)… En effet, littéralement, en hébreu, la langue de l’Ancien Testament, pour une minime variation de la voyelle, nous n’avons pas ici une conjugaison normale, mais, grammaticalement, « le causatif passif » du verbe « servir », ce qui peut se traduire par : « Tu ne te laisseras pas faire serviteurs d’eux » c’est-à-dire, « Tu ne te laisseras pas asservir par eux. » Cette nuance est importante car « servir une idole » est équivalent à « se laisser rendre esclave par elle ». Nous retrouvons ainsi dans la Parole de Dieu les simples constatations que nous pouvons tous faire à partir de l’expérience de nos vies quotidiennes…

De plus, une idole à travers laquelle l’homme se recherche lui-même, n’a pas d’existence réelle… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or, ce ne sont pas même des dieux », dit le Seigneur dans le prophète Jérémie (Jr 2,11). Et le Psalmiste écrit : « Leurs idoles, or et argent, ouvrage de mains humaines ! Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narines et ne sentent pas. Leurs mains ne peuvent toucher, leurs pieds ne peuvent marcher, pas un son ne sort de leur gosier ! » (Ps 115(113B),4-7).

Et il poursuit en déclarant : « Qu’ils deviennent comme elles, tous ceux qui les font, ceux qui mettent leur foi en elles. » Autrement dit, puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui les adorent deviennent à leur tour des « rien »… Et c’est exactement ce que Dieu déclare dans le Prophète Jérémie : « Ainsi parle le Seigneur : En quoi vos pères m’ont-ils trouvé injuste pour s’être éloignés de moi, pour marcher derrière la Vanité et devenir eux-mêmes vanité ? » (Jr 2,5). Or, le mot hébreu traduit ici par « vanité, hévél », signifie « souffle, ce qui n’est rien, sans consistance ; ce qui est vain, vanité »… Puisqu’une idole n’est rien, celles et ceux qui se tournent vers elle ne peuvent en fait recevoir d’elle quoique ce soit, sinon du vide, du « rien », et voilà ce dont leur cœur est « rempli »… Là aussi, cette constatation rejoint notre expérience lorsque nous constatons à quel point, en empruntant tel ou tel chemin, notre vie peut être vide, sans consistance, ne laissant au cœur que trouble, dégoût, désespoir, amertume… « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui fait le mal » (Rm 2,9)…

Or, c’est précisément ce que Dieu ne veut pas… « Une nation change-t-elle de dieux ? Or ce ne sont pas même des dieux ! Et mon peuple a échangé sa Gloire contre l’Impuissance ! Cieux, soyez-en étonnés, horrifiés, saisis d’une grande épouvante, oracle du Seigneur. Car mon peuple a commis deux crimes : Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau. Israël est-il un esclave ? Est-il un domestique pour qu’on en fasse un butin ? (…) N’as-tu pas provoqué cela pour avoir abandonné le Seigneur ton Dieu, alors qu’il te guidait sur ta route ? Comprends et vois comme il est mauvais et amer d’abandonner le Seigneur ton Dieu… Ah ! comme tu t’es tracé un bon chemin pour quêter l’amour ! » (Jr 2,12-19.33).

En se détournant des idoles qui ne sont rien, et qui ne peuvent qu’apporter en retour du « rien », du « vide », du « néant », de « l’amertume », du « désespoir », et en se tournant vers Dieu, Israël ne pourra que se tourner vers l’Amour qui est éternellement recherche du seul bien de l’autre, de son bonheur, de sa Plénitude… C’est ce que déclare St Paul dans la seconde lecture : « le Christ a aimé l’Église », et à travers elle l’humanité tout entière : « il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier », elle, la pècheresse, « en la purifiant », elle, la souillée, « par le bain d’eau qu’une parole accompagne », c’est-à-dire le baptême et avec lui le Don de l’Esprit Saint. « Car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27). Or, « le fruit de l’Esprit est joie, paix » (Ga 5,22), c’est-à-dire bonheur profond et durable, plénitude… Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes…

Et il est « avec nous », « tout proche » (Mc 1,15), et cela « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20) pour nous aider à faire les bons choix, à nous détourner des idoles pour nous tourner vers lui… Et il sait à quel point, pour nous, pécheurs, l’attrait de ces idoles peut être fort, irrésistible même, si nous sommes laissés à nos pauvres forces qui ne se révèlent finalement qu’être faiblesses… Le Don gratuit de l’Esprit Saint, reçu au baptême, renouvelé à chaque eucharistie, nous est justement proposé pour que, avec Lui et grâce à Lui, nous puissions, jour après jour, encore et encore, faire le bon choix, celui non pas de l’égoïsme mais de l’Amour, non pas du repli sur soi mais de l’ouverture aux autres, non pas du « tout pour soi » mais aussi du don pour les autres… Renoncer à nos égoïsmes, aux idoles de ce monde, aux plaisirs éphémères qu’elles peuvent apporter, d’une manière ou d’une autre, telle est la seule vraie Croix : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? » (Lc 9,23-25).

Et avec cette démarche de renoncement à l’égoïsme, à la seule recherche de soi, à l’orgueil, nous ne pouvons que passer de l’esclavage à la liberté (Jn 8,31-32; Ga 5,1), du mal-être à la perception, bien réelle car elle est « vie » et « paix », d’une Plénitude qui n’est pas de ce monde : « Que le péché ne règne donc plus dans votre corps mortel de manière à vous plier à ses convoitises. Ne faites plus de vos membres des armes d’injustice au service du péché; mais offrez-vous à Dieu comme des vivants revenus de la mort et faites de vos membres des armes de justice au service de Dieu. Car le péché ne dominera pas sur vous : vous êtes sous la grâce » (Rm 6,12-15), sous « l’Esprit de la grâce » (Hb 10,29), sous « l’Esprit Saint », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), le Don gratuit de ce Dieu qui est Amour, qui n’est qu’Amour et donc « Don de Lui-même » pour notre seul vrai bien… « Ils m’ont abandonné, moi la Source d’Eau Vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau »… Alors, « si quelqu’un a soif », nous dit Jésus, « qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! selon le mot de l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui » (Jn 7,37-39)…

                                                                                                 D. Jacques Fournier




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Textes bibliques : Jos 24, 1-2a. 15-17. 18b ; Ep 5, 21-32 ; Jn 6, 60-69

Frères et sœurs, la liturgie de ce 21ème dimanche du Temps Ordinaire nous rappelle que toute vie, telle qu’elle soit, est amenée à faire des choix. Nous avons des choix à faire dans tous les domaines de notre existence : professionnel, familial mais aussi spirituel. Il y a un choix libre et ferme à poser, nous ne pouvons pas servir tous les dieux.

 

 

Dans la première lecture, nous avons un passage du livre de Josué. Resituons ce passage : les fils d’Israël ont conquis la terre promise par Dieu, 40 ans après leur marche au désert, suite à leur libération de l’esclavage en Égypte. Les tribus commencent à s’installer.

Dans notre passage, Josué les réunit pour raviver cette mémoire de la libération d’Égypte, l’Alliance que Dieu a conclue avec eux. Josué les invite alors à choisir entre les divinités étrangères ou le Seigneur. Nous sommes invités clairement à nous décider délibérément pour le Seigneur comme le firent les Hébreux.

Nous voyons que la foi du peuple est portée par celle de Josué et des siens : « Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Le peuple se rallie : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! »

N’oublions pas frères et sœurs que notre foi chrétienne repose sur celle des Apôtres, une foi qui nous précède (de plus de 2000 ans), que nous avons toujours à accueillir et à approfondir avec humilité. Nous savons que bien des chrétiens quittent l’Église pour d’autres « courants » qui peuvent remettre en question la foi catholique. Mais discernons : de quelle autorité agissent ces « courants » ? Sur quoi s’appuient-ils pour remettre en cause une foi de plus de 2000 ans ?

Attention de ne pas nous égarer. Si la plupart de ces « courants » s’écroulent plus ou moins rapidement, ils peuvent faire des dégâts, notamment sur les familles… Nous avons à faire un choix libre et ferme de la foi catholique qui repose sur celle des Apôtres.

Dans l’Évangile, nous sommes confrontés encore plus à ce choix ferme du Seigneur. Sur plusieurs dimanches, nous avons écouté le récit de la multiplication des pains et l’enseignement de Jésus sur le pain de vie. Des juifs ont récriminé contre lui. Dans notre passage, des disciples vont quitter Jésus car ils trouvent sa parole trop rude. Jésus invite les Douze à se prononcer. Pierre, au nom du groupe, affirme que les paroles de Jésus donnent la vie éternelle. Ils croient que Jésus est le « Saint de Dieu. »

Le mystère de l’Eucharistie relève profondément de la foi. C’est une vérité centrale de la foi : Jésus donne son pain de vie, sa propre vie, dans l’Eucharistie. Si nous ne faisons pas une expérience profonde et réelle du Christ, cette vérité de foi ne signifie rien, on en reste qu’au stade rationnel. Quand cette rencontre avec le Christ a eu lieu, l’Eucharistie devient une évidence, une vérité de foi que nous pouvons adhérer de toute notre personne.

Une adhésion qui ne signifie pas qu’on a tout compris du mystère ! Il y a un choix libre et ferme à faire, celui d’entrer dans un mystère qui nous dépasse et qui échappe en partie à notre raison. Nous ne pouvons pas tout comprendre ! Il y a aussi un choix libre de se fidéliser à ce RDV de l’Eucharistie, ne pas se contenter de quelques gestes religieux de temps en temps.

Je termine avec la deuxième lecture de saint Paul aux Éphésiens. Ce texte a fait des polémiques avec ce verset mal interprété : « Femmes, soyez soumises à vos maris. » Si on en reste là, on fait de saint Paul un misogyne, ce qu’il n’est pas ! Paul a associé à son ministère plusieurs femmes : Lydie, Phoebé, Priscille, une certaine Marie et bien d’autres…

Il nous faut lire ce texte en entier. Paul exige tout d’abord que tous les chrétiens soient « soumis les uns aux autres ». Dans la bouche de Paul, le terme « soumission » n’a rien de péjoratif. Le terme a une connotation positive : Paul invite les chrétiens à être interdépendants et responsables les uns des autres. Il en va de la loi de l’amour du prochain.

Le verbe « soumettre » reconnaissons-le n’est pas très plaisant ou peut paraître réducteur. Comprenons-le comme « écouter » : celui qui écoute soumet son attention, son intelligence à celui qui parle. Le chemin d’écoute réciproque, de soumission les uns aux autres, permet de diminuer cette volonté de puissance et de domination. Il y a un choix libre ferme à faire, celui de s’écouter…

Ensuite, dans un deuxième temps, Paul fait le lien avec le mariage. Les femmes sont invitées à être soumises dans le sens que nous avons évoqué et Paul profite pour faire une leçon aux hommes : « Aimez votre femme à l’exemple du Christ » qui « a aimé l’Église ». Il y a un choix libre et ferme d’aimer comme le Christ dans le mariage, dans une réciprocité mutuelle.

Je terminerai sur ce point : le Christ « a aimé l’Église ». Il y a enfin le choix libre et ferme d’aimer l’Église du Christ dont nous ne sommes pas toujours des grands défenseurs. Parfois, nous pouvons rester passifs ou indifférents face aux critiques à l’encontre de l’Église.

Oui il y a le choix libre et ferme d’aimer l’Église au-delà des critiques et en nous rappelant que le Christ veut son Église « sainte et immaculée ». Cela concerne chacun d’entre nous ! Chacun doit apporter sa goutte d’eau, C’est la conversion personnelle qui est ici visée avant même de voir celle de l’autre.

Nous l’aurons compris frères et sœurs, nous sommes conviés à faire des choix libres et fermes. Que le Seigneur nous aide à faire ces choix en ce début de rentrée scolaire. Très belle rentrée à tous et que le Seigneur vous accompagne !




L’Assomption de la Vierge Marie – par Francis COUSIN

« Il s’est penché sur son humble servante » (Lc 1,39-56)

 

Humble servante : c’est ainsi que se définit Marie dès le début de son chant d’action de grâce envers Dieu. Et c’est sans doute ce qui la définit le mieux. Et cela dès la première fois dont on parle d’elle dans le Nouveau Testament.

Quand l’ange Gabriel la visite, il lui dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut. (…) L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. (…) Marie dit alors : ’’Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole.’’ » (Lc 1,30-38).

On ne peut être que surpris et interloqué (en bien) par cette deuxième parole de Marie dans l’évangile, une toute jeune fille puisque l’on pense qu’elle n’avait pas plus de quinze ans quand elle l’a prononcée.

Elle se définit comme servante du Seigneur, c’est-à-dire qu’elle se reconnaît comme dépendante de Dieu et accepte tout ce qu’il demande. Elle anticipe, dès avant la naissance de Jésus, ce qu’il dira par la suite : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. » (Mt 23,11). Elle vit, dès le début, tout ce qui fera l’enseignement de Jésus !

Mais elle n’a jamais cherché à être la plus grande, simplement à être l’humble servante du Seigneur.

Son humilité est avant tout une manière de vivre habituelle : elle se fait petite devant Dieu, toute petite, un abaissement total !

Et c’est en cela qu’elle est grande !

Servante du Seigneur, mais aussi servante des humains. Marie avait bien compris qu’il ne suffit pas de se préoccuper de Dieu, mais qu’il faut aussi s‘occuper des humains.

À l’annonce de l’ange Gabriel que sa cousine Élisabeth est aussi enceinte de manière extraordinaire, vu son âge, elle n’hésite pas à se rendre « avec empressement … dans une ville de Judée » pour se mettre à son service.

Et c’est la rencontre entre deux femmes enceintes, une très âgée et l’autre très jeune … et la rencontre entre les deux enfants, Jean-Baptiste et Jésus, le premier tressaillant d’allégresse dans le sein de sa mère.

Et c’est le chant du Magnificat où elle reconnaît l’action de Dieu en elle : « Le Puissant fit pour moi des merveilles (…) désormais tous les âges me diront bienheureuse. ». Non pas qu’elle en tire gloire, mais c’est bien ce que chacun peut dire d’elle avec la naissance de Jésus …

Dans tout son Magnificat, elle loue Dieu qui prend soin des pauvres et des petits, et qui « déploie la force de son bras, disperse les superbes, renverse les puissants de leurs trônes … et renvoie les riches les mains vides » alors qu’il « élève les humbles et comble de biens les affamés » … en esprit

C’est tout l’évangile de Jésus qui est résumé ici !

Marie fait partie des pauvres du Seigneur, pas pour des questions matérielles, mais parce qu’elle est pauvre en esprit, pauvre de cœur ; et la première des béatitudes s’applique bien à elle : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. » (Mt 5,3).

Et c’est ce que nous fêtons aujourd’hui, l’assomption de Marie … l’entrée de Marie dans le Royaume de Dieu.

« Celle qui était la Mère du Ressuscité, fût la première parmi les hommes à participer à la plénitude puissante de sa Résurrection. Il fallait que celle, en qui le Fils de Dieu, auteur de la victoire sur le péché et sur la mort, est venu habiter, fût aussi la première à habiter en Dieu, libre du péché et de la corruption du tombeau : du péché par l’Immaculée Conception ; de la corruption du tombeau, par l’Assomption ». (Jean-Paul II)

Tout a commencé par l’annonce de l’ange Gabriel … et se termine avec l’assomption de Marie … encore que … l’action de Marie n’a jamais cessé depuis … et n’est pas prête de s’arrêter …

La prière de l’Angélus est quelque peu passée de mode. La plupart des gens ne connaissent de l’Angélus que la peinture de Jean-François Millet, sans comprendre le sens du tableau …

Et c’est bien dommage. La prière de l’Angélus est celle qui nous met au plus près de la conception de Jésus, de la naissance de l’Église … et qui nous emmène à la résurrection : « Conduis-nous, par sa Passion et par sa Croix, jusqu’à la gloire de sa résurrection. » (Oraison de l’angélus).

Essayons de le prier au moins une fois par jour !

Vierge Marie,

depuis l’annonce de l’Ange Gabriel,

tu n’as cessé de te préoccuper

des pauvres et des faibles de cœur,

et tu nous invites à prier le chapelet,

et pour les pécheurs.

Aide-nous à rester fidèles à tes invitations,

notamment celle de Cana :

« Faites tout ce qu’il vous dira. »

                                     Francis Cousin

 

Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le lien suivant :

Priere dim Assomption B




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD

La liturgie de ce 19ème dimanche tombe à pic en ce temps de vacances pour réveiller certaines tiédeurs de notre foi. L’aventure de la foi n’est pas un long fleuve tranquille – loin de là -, nous devons consentir à mener un combat, avec cette conviction que Dieu ne nous abandonne pas.

Première lecture : le prophète Élie (1 R 19, 4-8 )

Dans la première lecture, le prophète Élie est obligé de fuir à cause de « l’hostilité de la reine Jézabel ». Il se réfugie au désert, épuisé, voire déprimé, à un point qu’il confie à Dieu son désir de mourir.

Dans un songe, l’ange du Seigneur le réveille et lui ordonne de manger : Dieu ne veut pas qu’il meure ! Une seconde fois, l’ange l’appelle à prendre des forces pour la route.

Qui d’entre nous n’a pas fait une fois dans sa vie l’expérience d’Élie ? Les déceptions, l’absence du goût de vivre, la tentation du désespoir… Oui, il faut mener un combat pour trouver des forces pour surmonter la lassitude.

Des forces peuvent réellement nous aider si nous les laissons agir : le soutien de nos proches et de nos amis, une parole qui croit en nous, un regard qui nous espère… Il y a aussi la force de la Parole de Dieu qui nous invite à ne pas baisser les bras…. Ces forces peuvent nous aider à rebondir pour sortir du marasme.

Psaume 33

Dieu n’est pas insensible à ce que nous vivons de pénible. Le psalmiste dans le Psaume 33 nous le rappelle. Dieu n’abandonne aucun de ses enfants dans les épreuves à condition de s’en remettre vraiment à lui.

« Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! » Dieu entend toujours le cri de détresse du « pauvre » et le « délivre » de ses « frayeurs ».

 

Deuxième lecture : l’exhortation de l’apôtre Paul (Ep 4, 30 – 5,2 )

Dans la deuxième lecture, Paul nous invite à mener un autre combat, celui pour l’unité. Pour cela, nous devons éliminer toutes les attitudes contraires au « Saint Esprit de Dieu » : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes (…) ainsi que toute espèce de méchanceté. » De même, Paul nous invite à vivre la « générosité », la « tendresse » et le pardon mutuel.

Chacun a son examen de conscience à faire en vérité. Chacun sait ce qui lui pèse le plus dans ces attitudes… Paul nous invite clairement à ne pas nous habituer ou nous résigner de ces attitudes.

Trop de méchancetés en nous, en les autres et autour de nous ! Trop de refus de pardon qui nous rongent un peu plus chaque jour… Il nous faut agir et ne pointons pas systématiquement trop vite les autres comme « bouc émissaire ». Nous pouvons aussi avoir notre part !

Alors oui, il nous faut agir ! Cela n’est possible que dans une remise radicale de soi. Il convient alors de dépasser son orgueil, ses « à priori », ses rancœurs, ouvrir son cœur… Nous devons tous agir ! C’est la contribution de chacun qui fera la différence ! À sens unique, nous ne pourrons rien faire !

Évangile : le discours de Jésus (Jn 6, 41-51)

Dans l’Évangile, les Juifs contestent l’affirmation que Jésus fait de lui : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » la symbolique de l’Eucharistie est ici très forte !

Les Juifs en restent aux origines « modestes » de Jésus : « fils de Joseph » et de « sa mère » (Marie, dont le nom n’est pas prononcé). Jésus réplique en invoquant son lien intime avec le Père et le témoignage des prophètes : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. »

Jésus est bien de la nature de Dieu et il se donne à nous dans l’Eucharistie, en vue de « la vie éternelle », de notre propre résurrection. En sommes-nous convaincus ? Le combat à mener réside sans doute dans la fidélité à ce rendez-vous. Quelle est l’attitude de notre cœur dans l’accueil du Christ dans sa Parole et son pain de vie ?

C’est chaque jour que Dieu nous donne que nous devons choisir et dire « oui » au Christ. Jésus nous dit : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ». Avons-nous toujours conscience de cela ? C’est le Père qui nous attire au Christ ! Cela signifie que ce que Dieu veut pour nous, avant toute chose, c’est que nous nous attachions constamment au Christ !

« Jésus, fils de Joseph »

Avant de conclure, je ne peux pas ne pas faire un écho à Joseph mentionné dans l’Évangile, en cette année qui lui est consacrée. Dans sa lettre Patris Corde (« Avec un cœur de Père »), le pape François rappelle que Joseph a joué un rôle majeur dans le projet de Salut de Dieu.

Joseph a exercé une réelle paternité vis-à-vis de Jésus. Il a aimé Jésus avec un cœur de Père. Le pape écrit : « Jésus a vu en Joseph la tendresse de Dieu » ou encore : « Dans la vie cachée de Nazareth, Jésus a appris à faire la volonté du Père à l’école de Joseph. »

La paternité de Joseph renvoie à une paternité plus haute, celle de Dieu. François précise à ce titre : Joseph « a toujours su que cet Enfant n’était pas le sien mais avait été simplement confié à ses soins. »

Joseph a joué un vrai rôle protecteur vis-à-vis de Jésus et de Marie. Le pape écrit : « Dieu fait confiance à cet homme, comme le fait Marie qui trouve en Joseph celui qui, non seulement veut lui sauver la vie, mais qui s’occupera toujours d’elle et de l’Enfant. En ce sens, Joseph ne peut pas ne pas être le Gardien de l’Église ».

Alors confions-nous à sa prière. Que Joseph nous aide dans le combat de la foi. Le pape nous invite à avoir le courage créatif de Joseph « qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence. » Voilà une attitude que nous devons apprendre à opter…

Je termine avec ces derniers mots du pape : « Joseph nous enseigne ainsi qu’avoir foi en Dieu comprend également le fait de croire qu’il peut agir à travers nos peurs, nos fragilités, notre faiblesse. Et il nous enseigne que, dans les tempêtes de la vie, nous ne devons pas craindre de laisser à Dieu le gouvernail de notre bateau. Parfois, nous voudrions tout contrôler, mais lui [Dieu] regarde toujours plus loin. » Ainsi soit-il !

                                                                                           P. Rodolphe Emard




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 41-51)

« Moi, je suis le pain vivant. »

 

Dans la première lecture, le prophète Élie est complètement désabusé : la reine Jézabel veut le tuer pour avoir fait tuer les prophètes de Baal. Il a peur et s‘enfuit, et demande à Dieu de le laisser mourir : « Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. ».

Ce n’est pas l’option de Dieu, qui, au contraire, lui envoie un ange pour lui présenter du pain et de l’eau : « Lève-toi et mange ! », et cela par deux fois.

Du pain et de l’eau, c’est une nourriture essentielle, mais qui est mal vue de nos jours. Être « au pain (sec) et à l’eau », c’est considéré comme une punition, un peu comme une déchéance. Pourtant pour Élie, c’est ce qui va lui permettre d’aller jusqu’à la montagne de l’Horeb et y rencontrer Dieu, après quarante jours et quarante nuits de marche …

Dans l’évangile aussi, il est question de pain … mais pas de pain issue de farine et d’eau !

Ce pain, c’est Jésus : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. ».

Incompréhension de ceux qui l’écoutent … et on les comprend. Cela parait tellement inimaginable …

Mais au lieu de demander des explications, ils se butent et refusent la parole de Jésus : « Nous connaissons bien son père et sa mère. Il nous raconte n’importe quoi ! ».

Leur attitude est totalement contraire à ce que demande saint Paul aux Éphésiens : « Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. » (Deuxième lecture).

La réponse de Jésus n’a sans doute pas été comprise par la foule : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » … ou que nous nous laissions attirer par le Père … Reproche fait souvent par Jésus à ceux qui l’écoutent, mais ne l’entendent pas …

Et Jésus continue : « Moi, je suis le pain de la vie. ». Il ne s’agit plus de Jésus tout seul, mais de Jésus qui donne la vie, et même la vie éternelle … ce que nous, nous pouvons comprendre avec l’allusion faite aussitôt par Jésus à la manne qui n’a pas empêché les hébreux de mourir.

Il le confirme en disant : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » et ce pain dont il parle, « c’est sa chair qu’il donnera pour la vie du monde. ».

Tout le monde est concerné … si nous nous laissons attirer par Dieu, par Jésus !

Mais est-ce que nous sommes vraiment attirés par Dieu ?

C’est à chacun de répondre …

Dans la première lecture, l’ange de Dieu dit : « Lève-toi et mange ! » …

Se lever, se réveiller … pour se mettre en chemin vers Dieu, vers la vie éternelle …

Quand, à la messe, nous nous levons pour aller communier, sommes-nous éveillés ?

Il nous arrive certainement de nous lever par habitude, c’est-à-dire sans que nos sens soient éveillés à ce que nous faisons.

Est-ce que nous sommes prêts à manger le corps du Christ, la chair de Jésus … et non pas simplement l’hostie, la pastille de pain azyme … pour aller vers Dieu, vers la vie éternelle … « car il est long, le chemin qui te reste. ».

Et bien souvent, ce n’est pas « quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. », mais pour une durée que nous ne pouvons pas connaître jusqu’à notre mort, pour que nous puissions rencontrer Dieu !

Peut-être est-ce une réflexion que nous devons faire à chaque fois que nous allons communier … ?

Seigneur Jésus,

fais que nous soyons éveillés

à chaque fois que nous allons communier.

Que notre communion soit vraiment

une union totale avec toi

qui a souffert la Passion

pour que nous puissions rencontrer Dieu

au bout de notre chemin sur la terre.

                                                                                                    Francis Cousin

 

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Prière pour le 19° Dimanche TOB




18ième Dimanche du Temps Ordinaire – Francis COUSIN (Jn 6,24-35)

« Conversion »

 

Les textes de ce jour nous parlent tous de conversion … comme beaucoup de textes de la Bible. Cela n’est pas une surprise, car c’est ce que Dieu nous demande chaque jour, dans des modalités différentes … et avec des résultats qui ne dépendent que de nous …

Dans la première lecture, les hébreux récriminent contre Moïse et Aaron : « Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! », regrettant les viandes et les pains du pays d’Égypte. En fait, ces récriminations s’adressaient à Dieu lui-même. Mais Dieu écoute et entend : « J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël. », et il leur donne les vols de cailles le soir et le matin la manne. Dieu n’abandonne jamais ceux qui ont mis leur confiance en lui et veut que cela continue ; il demande au peuple de quitter leur mode de vie antérieur et d’accepter des mettre leurs espoirs dans le don qu’il leur donne chaque jour.

Sacrée conversion : accepter que quitter un mode de vie où la nourriture est assurée pour celui d’une dépendance à l’action de Dieu !

« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).

Dans la deuxième lecture, saint Paul invite les éphésiens convertis à persévérer dans leur conversion : « Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur … Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. ». Mettre toute sa vie en conformité avec la Parole de Dieu.

« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).

Dans l’évangile, Jésus mets les choses au point : à ceux qui venaient de manger le pain multiplié par Jésus et qui avaient changé de rive pour le suivre, il leur dit que la conversion qu’il attend n’est pas celle qu’ils croyaient : une conversion politique en voulant le faire roi : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme ». Comment faire pour suivre l’œuvre de Dieu ? « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. ». Les intentions étaient bonnes au départ, mais quand ils demandent quel signe il allait faire, surtout après la multiplication des pains, on est quelque peu surpris … n’était-ce pas un signe ?

Jésus demande de croire en lui, en sa Parole.

« Je mets mon espoir dans le Seigneur, je suis sûr de sa parole. » (Ps 129,5).

Pour nous, qu’est-ce que cela veut dire ?

Bien souvent, nous sommes comme les Hébreux ou les Juifs du temps de Jésus : les premiers avaient quittés l’Égypte à la suite de Moïse, en pensant qu’ils allaient tout de suite se retrouver dans le pays « où coulent le lait et le miel », sans aucun effort de leur part … les seconds pensaient avoir trouvé celui qui allait les libérer de l’occupation romaine …

La Parole de Jésus est claire : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. ».

Et croire, ce n’est pas seulement entendre une parole. « Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Car si quelqu’un écoute la Parole sans la mettre en pratique, il est comparable à un homme qui observe dans un miroir son visage tel qu’il est, et qui, aussitôt après, s’en va en oubliant comment il était. » (Jc 1,22-24).

Croire, c’est passer sur l’autre rive : quitter nos préoccupations personnelles pour se mettre au service de celle de Dieu, quitter nos faims personnelles pour goûter au pain de Dieu. C’est « revêtir l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité. » (Deuxième lecture).

Seigneur Jésus,

nous croyons souvent que la conversion

est la question d’un moment …

alors qu’elle est la mise en pratique

de ta Parole.

Et cela demande l’attention

de chaque instant

pour ne pas être tenté par le Malin.

                                     Francis Cousin

 

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Priere dim 18° TOB