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Mercredi des cendres – Homélie du Père Louis DATTIN

Quarante jours :

40 jours pour faire le ménage en nous, …

40 jours pour mieux regarder les autres, …

40 jours pour mieux regarder le Seigneur, …

Et d’abord pour faire le ménage en nous :

Il s’agit pendant le Carême, frères et sœurs, de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre, de tout ce qui nous alourdit et nous empêche de progresser, donc de vivre.

Le Carême évoque le désert. Quand on s’enfonce dans le désert, il faut accepter un certain mode de vie, une certaine discipline, que l’Eglise appelle « ascèse « . On ne trouve pas, chaque soir, un hôtel cinq étoiles pour vous accueillir.

Il faut prendre ce temps de Carême, pour vous alléger de toutes sortes de choses superflues. 40 jours pour faire le tri, pour vous délester de ce qui est inutile. Il ne faut pas traîner : 40 jours, c’est vite fait, 40 jours pour garder ‘’juste ce qu’il faut ‘’ et se contenter du strict minimum.

De même que les vignerons taillent leurs vignes à cette époque de l’année, non pas pour les abîmer et leur faire du mal, mais pour les débarrasser de toutes les branches inutiles et pour qu’elles donnent de plus belles grappes. De même, nous avons tous quelque chose à tailler en nous. Tailler quoi ?

C’est à chacun de réfléchir et à décider (silence)… dans mon emploi du temps : pertes de temps, dépenses inutiles, paroles inutiles, soucis futiles, …

Quarante jours pour regarder les autres :

– Devenir plus attentif aux autres : en famille, avec mon mari ou ma femme, avec mes  enfants, avec  mes parents, plus attentif à mon entourage ;

– Avoir le souci de partager, de dialoguer, de mieux comprendre ;

– Savoir, pendant ce Carême, être plus tolérant à l’égard de ceux qui ne pensent pas comme nous !

– Etre soucieux des pauvres : régions d’Afrique Noire où l’on meurt de faim et de soif.

Le Carême est un temps de solidarité avec les plus malheureux, un temps de partage : sommes-nous prêts à nous priver sur la nourriture ou sur d’autres dépenses ? Le jour du Vendredi Saint, à trois heures, au moment où vous allez embrasser le Christ crucifié et que vous aurez juste à côté le plateau qui va recueillir vos ‘’offrandes de Carême‘’, c’est-à-dire le montant de tout ce dont vous vous serez privés pour les autres, qu’apporterez-vous en vérité ? Un superflu ou le vrai montant de sacrifices que vous aurez faits, unissant vos privations aux douleurs du Christ en croix ?

– Dans nos rapports avec les autres, savoir écouter avant de parler : ne soyons pas trop sûrs d’avoir toujours raison ; et si nous sommes investis d’une certaine autorité, souvenez-vous de la parole du Christ « Que le plus grand parmi vous, soit comme celui qui sert ! »

–  Quarante jours pour vous éduquer le cœur à aimer, à apprendre à aimer d’une façon neuve, pour éduquer votre esprit, l’arracher à ses obsessions, ses idées reçues, l’ouvrir à la nouveauté, pour éduquer votre regard, dépasser l’usure, traverser l’écran des masques et des apparences. Les autres attendent de nous cette conversion. Ils attendent que nous puissions les regarder autrement, que nous ne restions pas figés sur des souvenirs anciens, sur de vieux griefs.

Jésus, attend cela aussi de nous ! Quand nous oublions nos frères, c’est lui que nous oublions. Quand nous  jugeons nos frères, c’est lui que nous jugeons.

40 jours pour marcher à un autre rythme, pour changer de style mais 40 jours aussi pour regarder le Seigneur : le Carême est un temps privilégié pour rencontrer le Seigneur. Bien souvent, nous prions peu ou nous prions mal. « Nous ne trouvons pas le temps » disons-nous. N’est-ce-pas plutôt que « nous n’en prenons pas le temps » ?

Une rencontre avec Dieu, la messe ou un temps de prière est toujours prioritaire pour grandir dans la foi et dans l’amour :

– 40 jours pour regarder Dieu, rencontrer le Christ par la méditation de l’Evangile : quel évangéliste allez-vous choisir, cette année, pour mieux comprendre les désirs du cœur de Dieu sur vous ? St-Jean, St-Luc ou St- Marc ?

– 40 jours pour être transfiguré

– 40 jours pour grandir avec l’Evangile, pour apprendre ou réapprendre à vivre, pour avoir un cœur moins centré sur moi-même, mais plus centré sur le salut du monde.

La grande  souffrance du cœur de Dieu, n’est-ce-pas de voir tant d’hommes et de femmes aux prises avec la misère, la souffrance, et la guerre et de voir si peu d’hommes et de femmes prêts à s’engager dans le grand combat pour la paix et pour un monde vraiment fraternel et solidaire ? Allons-nous laisser le Christ faire son œuvre de redressement en nous ?

      Nous allons recevoir les cendres, ce n’est pas un rite magique. C’est le signe que nous sommes décidés à profiter de ces quarante jours pour changer quelque chose dans nos manières de penser et de vivre. Ces cendres : c’est notre vie… éteinte et grise, aride parfois, et sans fruit, mais qui peut s’épanouir.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, elles peuvent nous faire du bien !

En les recevant, c’est ton appel à grandir, Seigneur, à produire du fruit, que tu places, pas seulement sur notre front, mais surtout dans notre cœur.

Qu’elles soient bénies, ces cendres, parce qu’elles deviendront le signe de notre existence qui change parce que nous voulons nous convertir et nous tourner vers l’Evangile du Christ !

Si vous n’y êtes pas décidés, restez à votre place, ne jouez pas la comédie ! Autrement, d’accord.

« Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle.

Dans 40 jours, vous pouvez ressusciter avec Jésus ! » AMEN




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 6,27-38)

« Aimez vos ennemis »

En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent.
Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient.
À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique.
Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas.
Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux.
Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant.
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent.
Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants.
Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux.
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés.
Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »

            Voilà certainement une des pages les plus folles de l’Evangile. Elle nous entraîne tout en même temps au cœur de Dieu et au cœur de nos incapacités. Et le pont entre les deux devrait être notre foi qui, petit à petit, devrait nous permettre de poser des actes que nous n’aurions jamais accomplis par nous‑mêmes… Et pour avancer sur ce chemin si déconcertant, nous pouvons prendre le Christ comme exemple… Tout ce qu’il nous demande est en effet révélation indirecte de ce qu’il fait déjà…

            Jésus a tout d’abord une confiance totale en son Père. Il sait qu’Il est là, avec lui ; il veille sur lui et lui donne instant après instant, jour après jour, par les uns et par les autres, tout ce dont il a besoin… Et Jésus cherchera à nous introduire dans le mystère de cette confiance : « Ne vous tourmentez pas de ce que vous mangerez ou boirez… Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le Royaume des Cieux et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît »… C’est à la lumière de cette certitude de foi que Jésus peut nous demander de donner à quiconque nous demande, de prêter sans rien attendre en retour, de laisser prendre notre tunique par celui qui nous a déjà pris notre manteau… Folie de foi…

            Et il est tout aussi humainement fou « d’aimer nos ennemis, de faire du bien à ceux qui nous haïssent »… Et pourtant, Dieu est ainsi… Avec son Fils et par son Fils, il s’est laissé insulter, mépriser, frapper, dépouiller, crucifier… Sans un mot, il a pris sur lui tout ce mal, et il l’a offert pour la guérison de ceux-là mêmes qui justement lui faisaient du mal… « C’étaient nos péchés qu’il portait dans son corps, sur le bois, afin que morts à nos péchés, nous vivions pour la justice. Par ses blessures, nous sommes guéris »…

            « Dieu est Amour », « et l’Amour avec lequel Dieu nous aime a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » au jour de notre baptême. C’est en s’appuyant sur cet Esprit de continuelle Bienveillance que nous sommes invités, petit à petit, à grandir dans cette folie de Dieu qui « Lui, est bon, pour les ingrats et les méchants »… DJF




6ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 40-45) – Francis Cousin

« De partout, on venait à lui. »

 

La semaine dernière, le passage de l’évangile se terminait par la parole de Jésus : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile. ».

Jésus va vers les gens …

Et aujourd’hui, c’est l’inverse : les gens viennent vers Jésus …

Vous allez dire : « C’est pas nouveau ! déjà la semaine dernière, dès le coucher du soleil annonçant la fin du sabbat, ’’La ville entière se pressait à la porte de la maison de la belle-mère de Simon-Pierre avec l’espoir que Jésus guérisse les gens atteints de toutes sortes de maladies.’’ »

Que s’est-il donc passé entre temps ?

N’oublions pas, Jésus est un juif, qui met en pratique la Loi juive et qui la respecte.

Or, on a entendu dans la première lecture les règles de la Loi juive concernant les malades de la lèpre : ils devaient se tenir à l’écart des villes et villages, et sur la route, quand quelqu’un arrivait, ils devaient se signaler en criant « Impur ! ». Ils étaient en fait exclus de la vie sociale de la communauté.

À l’époque, on pensait que toute maladie était une punition de Dieu à cause des fautes faites par la personne, qui de ce fait devenait impure.

Mais avec Jésus, tout change …

Le lépreux de ce passage d’évangile va, le premier, oser braver la Loi juive en s’approchant de Jésus et l’interpeller avec des mots autres que ’’Impur’’.

Il a entendu parler que Jésus qui guérissait des malades, et étant tombé à ses genoux, il lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. », ce qui est un acte de foi fort vis-à-vis de Jésus.

Jésus, qui est « venu pour les malades et les pécheurs », ne reste pas insensible à l’appel du lépreux. Et lui-même va à son tour braver la Loi juive en « le touchant », ce qui était interdit, disant : « Je le veux, sois purifié. ».

En le guérissant, Jésus lui redonne simultanément la possibilité de réintégrer la communauté, il lui redonne un statut social. En un certain sens, il lui redonne la vie !

Mais pour que cette guérison puisse avoir un statut social, il fallait qu’elle soit, selon la Loi juive, authentifiée par un prêtre, d’où la phrase de Jésus : « Ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi. ».

Jésus, fils de Dieu, peut guérir les personnes, mais pour leur permettre leur réinsertion dans la vie sociale, il sait qu’il faut que la Loi de Moïse soit appliquée, dans l’intérêt de la personne guérie.

Jésus met toujours en avant la personne humaine : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17). « Jésus ne vient ni détruire la Loi, ni la consacrer comme intangible, mais lui donner par son enseignement et son comportement une forme nouvelle et définitive, où se réalise enfin en plénitude ce vers quoi la Loi acheminait. » (note c, Bible de Jérusalem).

Mais le lépreux ne suit pas les recommandations de Jésus. Il s’en va, tout joyeux (et on le serait à moins), en proclamant la gloire de Dieu et la nouvelle de sa guérison.

Ayant touché le lépreux, Jésus est devenu impur lui aussi au mon de la Loi, et doit donc se tenir à l’écart des villes et villages …

Effet néfaste pour Jésus ? …

Arrêt de l’évangélisation ? …

Non, car si Jésus ne peut plus entrer dans les villages, ce sont maintenant les personnes qui viennent à lui …

Qu’en est-il pour nous ?

Jésus, Dieu sauve, est venu sur la terre pour nous sauver, nous ramener vers son Père. Ce qui compte pour lui, ce sont les personnes, et l’esprit de la Loi, et non la lettre de la Loi, comme il l’a dit lui-même à propos du sabbat : « le sabbat a été fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. » (Mc 2,27).

Si Jésus s’approche des lépreux, des malades, … s’il les touche, c’est par miséricorde, c’est pour prendre sur lui leurs lèpres, leurs péchés … pour les en débarrasser, pour leur rendre la vie …

Et il fait la même chose pour nous, pour chacun de nous, car Jésus, l’Emmanuel, Dieu avec nous, est toujours près de nous.

Quand nous crions vers lui, comme le lépreux, sans fioritures : « Vois ma misère, regarde mon péché. », Jésus vient vers nous, il nous touche le cœur. Et nos péchés n’ont aucun effet sur lui, il ne devient pas pécheur, mais il nous libère de nos péchés …

Parce que Jésus n’a pas d’autre désir que de purifier, de pardonner, de guérir, de nous rendre la vie …

A l’approche de ce carême qui nous mènera à la croix, où Jésus a porté nos péchés, puis à Pâques, pensons à faire comme le lépreux : aller vers Jésus, aller vers un prêtre, et lui dire tout simplement : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » …

Jésus n’attend que cela !

Seigneur Jésus,

ta compassion vis-à-vis du lépreux

passe avant la Loi de Moïse.

Tu vois sa misère

et tu veux lui rendre la vie.

Et tu es prêt à faire la même chose pour nous,

quand nous te demandons

pardon pour nos fautes.

Encore faut-il que nous le fassions …

Francis Cousin    

 

 

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5ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 29-39) – Francis Cousin

« Les préoccupations de Jésus »

L’évangile de cette semaine, que certains appellent ’’une journée-type de Jésus’’, nous permet surtout de voir en un seul lieu les trois composantes du ministère de la vie publique de Jésus : les guérisons ou les relèvements, la prière, et la prédication de la Bonne Nouvelle.

Cela a commencé avec l’évangile de la semaine dernière, dans la synagogue de Capharnaüm, où Jésus prie, dans une prière collective, où Jésus enseigne « en homme qui a autorité », et où Jésus guérit « l’homme tourmenté par un esprit impur » (Mc 1,22).

Il en est de même dans l’évangile de ce jour, qui suit immédiatement celui de dimanche dernier : « Aussitôt sortis de la synagogue » Jésus se rend avec ses quatre premiers compagnons chez la      belle-mère de Simon. Mais l’ordre n’est pas le même.

Ministère de Guérison.

La belle-mère de Simon est malade, allongée sur son lit avec de la fièvre. Maladie réelle : grippe … ou maladie psychosomatique à cause de l’enrôlement de Simon à la suite de Jésus avec toutes les conséquences que cela va avoir pour elle et sa fille en terme de présence ou d’absence, et surtout en terme de nourriture et de revenus … Nul ne le sait.

La réaction de Jésus est, là aussi, nouvelle : lui, un homme, va au-devant d’une femme qu’il ne connaît pas. Il ne parle pas, mais il va près d’elle, qui est malade, donc impure dans la mentalité de l’époque, et « la saisit par la main et la fit lever. ». En peu de temps, deux tabous sont transgressés par Jésus.

Ce qui s’est passé dans l’après-midi, on ne le sait pas … mais c’était le sabbat … donc pas grand-chose.

Par contre, dès que le soleil se couche, et donc le sabbat terminé, c’est la foule autour de la maison : « La ville entière se pressait à la porte. » avec toutes sortes de maladie …

Et Jésus les guérit et expulsa beaucoup de démons.

Ministère de la Prière.

« Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. »

Après la prière collective, c’est la prière personnelle de Jésus.

On ne sait pas ce qu’il dit … sauf à de rares moments, notamment lors de la Passion.

Mais on sait le lien indéfectible entre lui et son Père : « Le Père et moi, nous sommes un. » (Jn 10,30), et donc l’importance de la communication entre le Père et lui.

Raconter sa journée, comment cela s’est passé, les problèmes rencontrés, que faire à l’avenir …peut-être un peu comme ce qui se passe dans un couple …

Louange, remerciement … mais aussi : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » (Jn 11,41-42), avec ici l’explication de sa prière vis-à-vis de la foule.

Avec quand même un renseignement : elle a lieu « dans un endroit désert », loin de toute tentation, de tout bruit, afin de garantir la concentration sur le dialogue. Comme Jésus le dit pour nous : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret. » (Mt 6,6).

Ministère de l’évangélisation

C’est le ministère principal de Jésus, celui pour lequel il est venu sur terre. C’est la première phrase de Jésus dans l’évangile de Marc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1,15).

C’est ce qu’il avait déjà développé à la synagogue …

Et quand les gens de Capharnaüm le trouvent après sa prière, Jésus leur dit : « Je suis bien avec vous, mais ma mission ne s’arrête pas ici. Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. »

Cette mission de Jésus, elle est devenue celle des premiers apôtres … et c’est notre mission encore aujourd’hui, notre mission de baptisés : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples. » (Mt 28,19).

Le chrétien ne doit pas rester dans son église, il lui faut sortir, aller ailleurs. « Vers les périphéries de l’Église » comme dit le pape François. Il doit être en marche, dynamique, comme Jésus qui « passait en faisant le bien » (Ac 10,38).

C’est parfois difficile ; on n’a pas toujours envie de le faire ; et souvent on préfère rester chez soi, dans son petit confort, bien au chaud …

Écoutons encore le pape François :

« Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours ‘‘plus loin’’. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans ton cœur chaque geste, chaque attitude de miséricorde. Aller par les routes en suivant la ‘‘folie’’ de notre Dieu qui nous enseigne à le rencontrer en celui qui a faim, en celui qui a soif, en celui qui est nu, dans le malade, dans l’ami qui a mal tourné, dans le détenu, dans le réfugié et dans le migrant, dans le voisin qui est seul. Aller par les routes de notre Dieu qui nous invite à être des acteurs politiques, des personnes qui pensent, des animateurs sociaux. Il nous incite à penser à une économie plus solidaire que celle-ci. Dans les milieux où vous vous trouvez, l’amour de Dieu nous invite à porter la Bonne Nouvelle, en faisant de notre propre vie un don fait à lui et aux autres. Et cela signifie être courageux, cela signifie être libre. » (Pape François, JMJ Cracovie, 30-07-2016).

Seigneur Jésus,

tu invites les premiers apôtres

à quitter leur confort, à aller ailleurs,

vers d’autres personnes.

Mais ce message est aussi pour nous :

entendre ton appel à aller vers les autres,

et surtout vers les plus petits, les plus faibles.

Saurons-nous t’entendre chaque jour ?

Francis Cousin    

 

 

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

Commentaire du Samedi 30/1/2021 et dimanche 31/1/2021.

Deutéronome 18 15–20 ; 1Corinthiens 7 32–35 ; Marc 1 21–28

 Jésus et quatre de ses disciples – Simon, André, Jacques et Jean – entrent à Capharnaüm, une ville cosmopolite située au Nord-Ouest de la mer de Galilée, appelée encore Lac de Tibériade ou encore Lac de Gennésareth. C’est un lieu chargé d’histoire qui a été le théâtre de pêches miraculeuses, de la tempête apaisée, et c’est sur ces eaux que Jésus et Pierre ont marché, c’est sur une montagne environnante que Jésus a proclamé les Béatitudes. C’est déjà une église, en train de se constituer, qui se déplace pour évangéliser Capharnaüm, lieu symbolique de la « Galilée des païens ». L’évangélisation tient une place très importante dans la Bible et dans la mission de l’Eglise. Dans l’Ancien Testament, Dieu envoyait déjà des prophètes pour dire la parole de Dieu, annoncer la Bonne Nouvelle du salut par la conversion et le repentir, rappeler au peuple hébreux qu’il faut mettre en pratique les commandements du Dieu unique, faisant comprendre qu’il ne faut pas se tourner vers des idoles ainsi que nous le rappelle l’épisode du « Veau d’or » démoli par Moïse alors qu’il venait de recevoir les tables de la Loi. Devant la résistance de ce peuple à la « nuque raide », le premier texte d’aujourd’hui nous dit: « Yahvé ton Dieu suscitera pour toi, du milieu de toi, parmi tes frères, un prophète comme moi, que vous écouterez ». « Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. 19 Si un homme n’écoute pas mes paroles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c’est moi-même qui en demanderai compte à cet homme ». Dieu parle ainsi à la manière des hommes pour les mettre en garde, mais pour ceux qui veulent mieux connaître ce Dieu en lisant la Bible, en se formant, par exemple à un institut d’étude catholique ou au Sedifop, un service de formation bien de la Réunion, et qui est affiché à l’entrée de l’église, ils apprendront qu’il ne faut jamais avoir peur de Dieu, car Dieu qui est Amour est aussi d’une Miséricorde infinie. C’est pour cela que les expressions telles que « Dieu va punir à ou », ou bien « ou va partir en enfer » n’ont pas lieu d’être. C’est la personne qui s’éloigne de Dieu qui fait lui-même son propre malheur, justement parce qu’il s’éloigne de Dieu. Si Dieu nous envoie un prophète, c’est que nous avons besoin d’un médiateur, et le médiateur par excellence est Jésus, porte-parole parfait de Dieu auprès des hommes et porte-parole parfait des hommes auprès de Dieu. –

Enseigner c’est évangéliser. L’Eglise a pour mission d’évangéliser. Mt 28,19-20 : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du fils, et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit » ; Mc 16,15 : « Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » ; Lc 24,47 : « on prêchera en son Nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations… » ; Jn 20,21 : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » ; Ac 1,8 : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous…jusqu’aux extrémités de la terre ». Et tous les Papes depuis 1965 ont insisté sur l’évangélisation. L’Eglise, ce n’est pas seulement les prêtres, c’est aussi les membres de l’Eglise que nous sommes tous. Il nous revient à nous aussi d’évangéliser, chacun à sa manière et selon ses compétences. Et là, les catéchistes ont un rôle important dans la mission de l’Eglise au niveau de chaque paroisse. Mais encore faut-il que leurs idées soient claires concernant l’Eglise catholique : nous n’avons qu’un seul Dieu. Et il n’y en a pas d’autre. Cela aussi doit être enseigné aux jeunes enfants du catéchisme. Un seul Dieu, donc pratiquer une seule religion. Il faut tirer les leçons de l’acte de Moïse brisant le veau d’or. Ceux qui adoraient le veau d’or, cela signifie qu’ils ont adoré un autre dieu qui, en réalité, n’existe pas et qui a été fabriqué de toutes pièces. Ils ont donc inventé un nouveau dieu alors qu’ils ont appris par les prophètes qu’il n’existe qu’un seul Dieu.  Impossible donc de pratiquer deux religions à la fois alors que le chrétien reconnaît qu’il n’y a qu’un seul Dieu, celui que le Christ nous a enseigné dans les évangiles. Il faut que cela soit clair non seulement chez tous ceux qui évangélisent mais aussi chez les parents de ces enfants du catéchisme. Ils ont une grosse responsabilité pour que les enfants du catéchisme soient bien éclairés et bien informés. D’où l’importance de bien se former. C’est là une invitation à vous faire inscrire au Sedifop qui est l’organisme de formation de l’évêché.

Jésus, dès qu’il arrive à Capharnaüm, se dirige directement, comme à son habitude, à la synagogue. Dans l’évangile d’aujourd’hui, figurent en quatre fois le mot « enseigner – enseignement ». Pour Jésus, ce qui est premier c’est d’enseigner. Marc nous révèle rarement le contenu des enseignements de Jésus, mais il insiste sur l’originalité de l’enseignement de Jésus : son savoir surpasse largement celui de ces gens savants, de ces rabbins célèbres, de ces spécialistes des Ecritures que sont les Pharisiens et des scribes.  Jésus enseigne avec autorité. C’est-à-dire qu’il enseigne en faisant grandir ceux qui l’écoutent, mais en même temps, ils surclassent tous les prédicateurs de l’époque et c’est ce qui frappait l’auditoire. Faire connaître Dieu et ses commandements, voilà ce qui importe. Jésus enseigne donc et c’est seulement après qu’il va s’occuper de l’homme possédé du démon. D’abord Dieu et ensuite on s’occupera du démon. C’est pour cela que lorsque nous avons des tentations de toutes sortes, et nous en avons à chaque instant de notre vie, il ne faut pas s’occuper du démon en premier, il faut d’abord recourir à Dieu par la prière et demander son aide pour ne pas succomber à la tentation. Dieu d’abord, ensuite le démon disparaîtra de nos pensées, de nos paroles, de nos mauvais sentiments, de nos coeurs avec l’aide de Dieu, de la Parole de Dieu, de Marie, de l’ange gardien etc…Evangéliser, c’est aussi témoigner de sa vie, de son combat, de la manière d’être ou de rester avec Dieu par une prière continuelle, de la façon dont on peut faire pour repousser l’action du mal en nous, de ne pas passer son temps à épier les défauts des autres, mais plutôt de chercher en profondeur nos propres défauts pour les offrir à Dieu. Il faut penser aux autres pour les aimer, pour les aider, pour les soutenir, pour les faire grandir, et penser à soi pour reconnaître nos petites misères et faiblesses, nos propres défauts profondément enracinés en nous, difficiles à détecter parfois, pour les dénicher et les terrasser afin d’être purifiés et libérés par le Christ qui nous apprend à aimer même ceux qui ne nous aiment pas, ceux qui luttent à mort contre nous. C’est l’exemple même du Christ au moment de sa Passion : jamais il n’a eu de la haine pour ses adversaires. Il a connu toutes sortes d’humiliation sans broncher. C’est cela qui fait aussi sa grandeur et c’est un exemple pour nous tous. Ce qu’il faisait à ce moment-là : il priait le Père. Sœur Faustine nous dit (P.68 – §92) : « l’humiliation est ma nourriture de chaque jour…Je tâche de me taire, car je me méfie de ma langue qui, en de tels moments, est encline à parler de soi, alors qu’elle doit me servir à louer Dieu pour tant de bienfaits et de dons accordés. Quand je reçois Jésus dans la Sainte Communion, je Le prie avec ferveur de guérir ma langue pour que par elle, je n’offense ni Dieu, ni le prochain. Je veux qu’elle ne cesse de rendre gloire à Dieu. Les fautes que commet la langue sont graves. L’âme ne parviendra pas à la sainteté si elle ne maîtrise pas sa langue ». Maitriser sa langue c’est maîtriser sa pensée, son cœur, ses actions. S’il y a encore des chrétiens qui ne comprennent pas la valeur de l’humiliation, il leur faudra souvent méditer sur la Passion du Christ, ou même sur l’attitude de Padre Pio lorsqu’un faux rapport sur ses authentiques stigmates a été remis au Pape. Padre Pio n’a pas dit un seul mot pour se défendre contre le faux rapport, et malgré les sanctions subies, il est resté d’un calme parfait, comme si de rien n’était, c’est ce que l’on appelle « l’obéissance silencieuse ». Comme pour le Christ et Padre Pio, il faut savoir rester digne dans l’humiliation alors qu’on est accusé à tort. Une victime est souvent comme un agneau, il ne peut rien pour se défendre, mais en même temps il ressemble à l’Agneau, l’Autre, Celui qui enlève le péché du monde.

Jésus fait preuve d’autorité à la fois en enseignant, mais aussi en chassant un démon. Le démon existe donc bel et bien. On pourrait faire une conférence sur cette créature pendant une heure ou deux et même davantage. Si quelqu’un affirme qu’il n’existe pas, cela signifie qu’il a mordu au piège tendu par le démon lui-même : celui de faire croire qu’il n’existe pas. Il est bien le père du mensonge. Une chose est sûre : le Christ est son Maître, son unique maître. Mais il fuit également la Sainte Vierge Marie à qui le Seigneur a donné le pouvoir de l’écraser. D’une seule parole de Jésus, et l’homme est libéré du démon. A moins d’une situation exceptionnelle voulue par Dieu, comme dans le cas de Job et de certains saints, là où se trouve Dieu, le démon n’y est pas. Raison de plus pour prier constamment le Seigneur, et faire que notre vie de tous les jours soit prière, intérieurement et extérieurement, dans nos paroles, dans nos attitudes, dans nos actions. Disons-le tout de suite : les hommes possédés véritablement par le démon, c’est très, très rare, peut-être même exceptionnel. Et arrêtons d’avoir peur à cause de nos superstitions et à la Réunion, ce n’est pas ce qui manque. Padre Pio nous dit : « « Prenons bien garde de ne jamais nous troubler pour n’importe quel sinistre malheur qui pourrait nous arriver (et cela inclut les superstitions). Ce trouble n’est jamais séparé de l’imperfection, car il a toujours son origine dans l’égoïsme et l’amour-propre (et cela signifie que l’on ne fait pas confiance en Dieu). De plus, lorsque notre cœur s’inquiète, plus fréquentes et plus directes sont les attaques de l’ennemi. Il met à profit la faiblesse humaine qui nous empêche de suivre le droit sentier de la vertu. L’ennemi de notre salut sait trop bien que la paix du cœur est le signe certain de l’assistance divine, et c’est pourquoi il ne laisse perdre aucune occasion pour nous la faire perdre. A cause de cela, prenons toujours bien garde à ce point. Jésus nous sera en aide ». Un enfant qui a peur court souvent vers sa maman, c’est sa protectrice bien aimée.

De même, dans toutes les situations difficiles, ayons recours à Marie, notre Sainte Mère, à qui le Seigneur a confié la charge de nous protéger et de nous guider.




4ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 21-28) – Francis Cousin

« Que nous veux-tu ? »

C’est le récit du premier miracle de Jésus que saint Marc nous relate dans son évangile. Et ce miracle a lieu à Capharnaüm, un village de pêcheurs où se trouve la maison de Simon-Pierre, et dont le nom signifie « village de la consolation ».

Bizarre nom pour un village jusqu’alors anonyme, mais qui prend tout son sens quand Jésus y vient et en fait son point de chute en Galilée, lui qui est venu sur la terre pour consoler son peuple, comme l’annonçait le prophète Isaïe : « Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. » (Is 40,1-2).

Jésus qui est aussi le prophète annoncé par Dieu à Moïse : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. » (Première lecture).

C’est bien ce que fait Jésus. Il est le Verbe, la Parole de Dieu, « et le verbe était Dieu » (Jn 1,1), et il dit lui-même « Mon enseignement n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jn 7,16).

Comme tous les juifs, il va à la synagogue le jour du sabbat, et ce jour-là, il y enseigne, sans doute pour la première fois. Mais sa Parole qui vient de Dieu n’a pas la même saveur que celle des rabbins ou docteurs de la loi. Elle lui est bien supérieure, et dès ce premier jour, les gens sont surpris pas sa Parole : elle n’est pas celle de ceux qui rabâchent ce qu’ils ont déjà entendu, elle est neuve, car ce qu’il dit dans son enseignement, c’est ce qu’il est lui-même.

Parmi les présents, un homme est là, tourmenté par un esprit impur, comme nous le sommes parfois. La Parole de Jésus le dérange, car elle est claire, et va à l’encontre de ses interrogations-contradictions, et il s’écrit : « Que nous veux-tu ? Es-tu venu pour nous perdre ? » alors qu’il se rend bien compte que la parole de Jésus est vraie … Il parle au nom des autres, refuse de changer ses habitudes, il préfère rester « dans les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1,79) plutôt que d’accepter « la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » (Jn 1,9).

Mais ensuite son discours se fait personnel, et il parle en son nom propre : « Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. ». Un éclair de clairvoyance qui ne vient pas de lui … et qui ne signifie pas qu’il ait la foi en Dieu …

Ce que Jésus a bien compris, et il s’écrit pour le Malin : « Tais-toi ! sort de cet homme. ».

Ce qu’il fit.

Stupéfaction des assistants devant l’assurance de Jésus et la nouveauté de sa Parole, « donnée avec autorité », celle qui vient de la vérité. C’est la deuxième fois que ce terme est utilisé dans ce cours passage, ce qui montre son importance aux yeux de l’auteur.

La Parole de Jésus est ’’au-dessus de celle des hommes’’, comme tout ce qui vient de Dieu.

Et cette Parole agit sur nous comme sur les personnes présentes ce jour-là : stupéfaction, accord ou refus.

Il y a des moments où on se dit qu’on ne peut pas suivre cette Parole, car elle est trop exigeante, « trop dure » (Jn 6,60), des moments où on se reconnaît pécheur et où on voit la Parole à un niveau trop élevé pour nous, où on a envie de dire « Es-tu venu pour nous perdre » ou pour nous sauver ?

Et en même temps, on entend une voix intérieure qui nous dit : « Cesse d’être incrédule, sois croyant » (Jn 20,27), je suis venu pour toi, pour « les pécheurs. » (Mc 2,17), « j’ai gravée ton nom sur les paumes de mes mains » (Is 49,16), « suis-moi », « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » (Jn 14,6).

Seigneur Jésus,

bien souvent ta Parole

nous paraît inaccessible,

trop lointaine et trop exigeante.

Mais j’ai confiance en toi :

’Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;

il est pour moi le salut.’

Francis Cousin 

 

 

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3ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 1, 14-20) – Francis Cousin

« Venez à ma suite. »

La semaine dernière, dans l’évangile selon saint Jean, nous avions déjà vu André et son comparse, souvent identifié avec Jean, frère de Jacques de Zébédée, se mettre à suivre Jésus, suite à la remarque de Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de Dieu ». Ils étaient restés avec Jésus un bon moment de l’après-midi ; et le lendemain, André amène son frère Simon à Jésus : « Nous avons trouvé le Messie ! ». C’était au bord du Jourdain, là ou Jean-Baptiste baptisait, un peu au nord de la mer Morte.

Aujourd’hui, dans l’évangile de Marc (comme dans les autres synoptiques), nous retrouvons Jésus en Galilée, après avoir été baptisé dans le Jourdain et passé quarante jours dans le désert, commençant à prêcher la Bonne Nouvelle. Ce jour-là, il passe le long de la mer de Galilée. Et c’est là qu’il appelle ses quatre premiers apôtres : Simon et André, Jacques et Jean.

On pourrait se dire : « Il y a un problème ! les évangélistes ne disent pas la même chose ! »

À moins qu’ils disent tous vrai.

Faisons une hypothèse :

Cela commence avec André et Jean, puis quelques autres Galiléens, des amis, de la famille : il y a nommément cités : Simon-Pierre, Philippe, Nathanaël (Barthélémy), à Béthanie de Transjordanie, auprès du Jourdain. Ils ont été en relation avec Jésus de manières diverses, ont parlé avec lui. Ils ont fait connaissance …

Après le baptême de Jésus, dans les synoptiques, Jésus, poussé par l’Esprit, part dans le désert pendant quarante jours, pour y être tenté par le Diable … Et les autres Galiléens rentrent chez eux, reprennent leur métier ; la vie continue …

Après le désert, Jésus remonte en Galilée et commence à enseigner … il va de village en village …

(Ne tenons pas compte des jours indiqués dans l’évangile de Jean : cela lui permet de situer les noces de Cana le septième jour après le premier témoignage de Jean-Baptiste, en parallèle au septième jour de la création du monde où Dieu se reposa, et suggéré ainsi que ce repas de noces préfigure le banquet messianique de la fin des temps.)

Un jour, Jésus passe par Bethsaïde, le village d’André et de Simon. On peut estimer à environ deux mois la durée entre la rencontre de Béthanie et ce jour-là (quarante jours de désert, trois jours pour remonter en Galilée, et deux semaines d’évangélisation en Galilée).

Passant le long du lac, il voit André et Simon qui jettent leurs filets dans la mer. Il les reconnaît tout de suite et les interpelle : « Venez à ma suite. Je vous ferais devenir des pêcheurs d’hommes. ».

Les deux hommes se retournent. Voient Jésus. Ils reconnaissent aussitôt celui dont les paroles les avaient tant émerveillées, leur avaient donné l’espoir d’une autre vie. Ils avaient réfléchi, avaient ruminé dans leur cœur toutes ces pensées que ces paroles avaient fait naître, et ils n’avaient qu’une hâte : le revoir ! Entendre de nouveau ses paroles bienfaisantes, pleines d’amour, d’espoir et de bonté …

Et le voici devant eux !

Ils attendaient tellement ce jour !

Sans attendre, ils laissent tout ce qu’ils faisaient, et partent avec lui.

Un peu plus loin, Jésus rencontre Jean et son frère Jacques, qui étaient dans les mêmes dispositions d’André et Simon … Et le résultat est le même …

Bien sûr, ceci n’est qu’une hypothèse … mais elle permet de comprendre pourquoi les ’futurs apôtres’ ont été aussi prompts à suivre Jésus.

Cette parole de Jésus, elle continue à nous être adressée : « Venez à ma suite. »

Je n’ajoute pas « Je vous ferais devenir pêcheurs d’hommes » car on risquerait de penser que c’est réservé aux vocations sacerdotales … Encore que … Tout le monde est appelé à sortir les pécheurs de leur univers et à les ramener dans le droit chemin … à commencer par nous !

« Venez à ma suite. », ce n’est pas seulement pour ceux qui ne croient pas, qui ne connaissent pas Jésus.

Tous, nous avons à nous mettre, chaque jour, à la suite de Jésus. À faire que nous mettions ses paroles en applications … à commencer par le commandement d’amour de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimé. ».

C’est d’autant plus important en ce jour où se termine la semaine d’unité pour les Chrétiens. Baptisés du même baptême qui fait de nous des fils de Dieu, il est important que nous prions (et que nous fassions ce qu’il faut) pour que nos points de différences soient supprimés et que nous puissions nous dire véritablement comme frères en Jésus.

Et aussi que nous pensions à ceux qui ont (ou n’ont pas) d’autres religions … , qui ne pensent pas comme nous, mais qui sont aussi pour nous des frères (et des sœurs). Ainsi que nous l’a rappelé le pape François dans sa dernière encyclique : ’’Fratelli Tutti’’, ou en français ’’Tous Frères’’.

Seigneur Jésus,

Tu ne cesses d’appeler

les hommes à te suivre,

pour que ta Bonne Nouvelle

fleurisse sur la terre

et que la fraternité entre tous

soit quelque chose de réel,

que tu attends depuis longtemps.

Fais que nous te suivions …

en actes !

Francis Cousin 

 

 

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2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1, 35-42) – Francis Cousin

« Où demeures-tu ? »

Dans la première lecture, Samuel entend la voix de Dieu, mais ne sait pas que c’est lui : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. ».

Il va vers son maître Eli qui le renvoie se coucher. Et cela par trois fois.

Patience de Samuel qui répond à chaque appel, mais se trompe d’interlocuteur …

Patience de Dieu qui ne cesse d’appeler, jusqu’à ce qu’on lui réponde …

Et il le fait encore avec nous …

Oh, bien sûr, nous n’avons sans doute jamais entendu Dieu nous parler directement … mais il peut nous parler par la bouche (ou les écrits) d’autres personnes …

Ici, c’est Eli qui fera le lien entre la parole entendue et Dieu : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” », et qui amène Samuel à prendre contact directement avec Dieu … et de cette rencontre nocturne naîtra pour Samuel toute une manière de vivre au service de Dieu … même si cela doit lui coûter vis-à-vis de Eli …

Dans l’évangile, c’est Jean-Baptiste qui sera le déclencheur pour les futurs disciples de Jésus. La veille, il avait déjà dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était (…) Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.’’ ».

Sans doute ses disciples avaient-ils réfléchi pendant la nuit : « C’est quoi l’Agneau de Dieu ? Il y a celui qui a été donné par Dieu à Abraham pour remplacer son fils Isaac sur le bûcher … Il y a celui dont parle Isaïe, « un agneau conduit à l’abattoir … Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. ». Ils ne comprenaient pas bien … mais leurs esprits étaient éveillés …

Alors, ce jour-là, quand Jean-Baptiste revoit Jésus qui marche devant lui, et sans doute pris par l’émotion, il redit : « Voici l’Agneau de Dieu. », les deux disciples, André et son comparse veulent en savoir davantage sur cet homme, et se mettent à le suivre.

Jésus sent qu’on le suit. Il se retourne et demande : « Que cherchez-vous ? ».

Surpris par la question, pris au dépourvu, les deux disciples répondent : « demeures-tu ? ». Mais on sent malgré tout une volonté de mieux connaître celui qui est appelé Agneau de Dieu, de l’écouter, d’échanger avec lui …

La réponse est bien du style de Jésus : « Venez et vous verrez. »

C’est une invitation à faire connaissance, sans aucune contrainte : Jésus propose …

Et pour nous aussi il fait pareil : Jésus propose son discours, son Évangile …

Ensuite, c’est à chacun de faire son choix. Le voir amène à croire … ou pas …

Pour nous, bien sûr, le voir n’est pas possible, mais Jésus a dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29) …

On ne sait pas ce qu’ils se sont dit … mais ils ont été convaincu par Jésus, et ils ont quitté Jean-Baptiste pour suivre Jésus, pour demeurer avec lui.

La rencontre avec Jésus était primordiale pour le suivre … et c’est encore vrai aujourd’hui …

Mais les deux disciples n’en sont pas restés là : devenus disciples de Jésus, ils ont soif de faire connaître celui qu’ils ont rencontré, et le lendemain même, André voit son frère Simon pour lui dire : « Nous avons trouvé le Messie », et il le conduit à Jésus. Ils deviennent missionnaires

De cette rencontre, Simon ressort transformé. D’abord dans son cœur (mais on n’en dit rien), et surtout dans son nom : « Tu t’appelleras ’’Kèphas’’ – ce qui veut dire : pierre », ou rocher, roc …

« Que cherchez-vous ? »

La question nous est posée à nous aussi.

On cherche tous quelque chose, même si on ne sait pas toujours quoi …

Dans le domaine matériel, c’est assez facile … « Qui cherche trouve. » (Mt 7,8). Quoique !

Mais dans le domaine de la personnalité ou le domaine spirituel, c’est plus difficile.

Beaucoup de personnes ne sont pas satisfaites de telle ou telle chose, mais ils ne cherchent pas … pourquoi ? … comment ? … que faire ? …

Souvent, ils veulent bien chercher, mais ils n’ont pas la volonté de le faire ! Ils préfèrent attendre que les solutions viennent d’elle-même …

Ils préfèrent rester en chaussons dans leur canapé …

Quand on cherche, on ne cherche pas seul, et l’évangile nous le montre bien ! On va voir des personnes … on lit des livres … on réfléchit … on prie …

Des personnes nous mènent à Jésus … et Jésus nous invite à demeurer avec lui.

Et nous, que cherchons-nous en nous mettant à la suite de Jésus ?

Quelle recherche habite mon cœur ?

Pourquoi vais-je à la messe ? … et pour quel changement dans ma vie ?

Ai-je déjà rencontré Jésus, d’une manière ou d’une autre ?

Est-ce que je suis prêt à demeurer avec lui ? … chez lui … avec son Père …

Mais pour cela, il faut que j’accepte son amour … que je lui rende son amour … et que je le partage avec d’autres …

Seigneur Jésus,

Tu es comme un aimant qui attire

tous ceux qui te cherchent vraiment.

Quand ils te rencontrent,

ils ne veulent plus te quitter …

Mais il y a le Malin qui rode

et essaye de nous éloigner de toi…

et qui parfois y arrive.

Garde-nous fermes dans la foi.

Francis Cousin 

 

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Baptême de Notre Seigneur (Mc 1,7-11) – Francis Cousin

« Tu es mon fils bien-aimé, en toi, je trouve ma joie. »

L’épisode raconté par l’évangile de ce jour est important dans la vie de Jésus. Il est rapporté par les quatre évangiles, chacun à sa manière, dès le début de leur livre pour Marc et Jean, tandis que Luc et Matthieu parlent d’abord de l’enfance de Jésus.

Mais pour tous les quatre, c’est le point de départ de ce qu’on appelle la vie publique de Jésus : le baptême de Jésus par Jean-Baptiste.

Jean-Baptiste baptisait déjà depuis un certain temps dans le Jourdain, « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Mc 1,4), et beaucoup de gens venaient à lui pour recevoir ce baptême. Certains pensaient même qu’il était le messie attendu … et sa renommée était grande.

« En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée … »

Né comme tous les hommes, vivant comme tous les hommes, Jésus a entendu parler de Jean-Baptiste. Comme tous les hommes, Jésus vient écouter Jean-Baptiste et se faire baptiser par lui. Matthieu nous signale que Jean-Baptiste refuse de le baptiser : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3,14), mais Jésus le convainc de le baptiser.

Les quatre évangélistes insistent sur le décalage qu’il y a entre Jean-Baptiste et Jésus : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. ».

Défaire la courroie des sandales de quelqu’un était en effet réservé au plus petit des serviteurs, un travail d’esclave, pour laver les pieds des invités. Cela veut dire que Jean-Baptiste se considère comme inférieur à un esclave, devant Jésus qui est considéré comme un invité important.

« Je ne suis pas digne » … C’est ce que dit le centurion de Capharnaüm (Cf Mt 8,8) …

« Je ne suis pas digne » … C’est ce que nous disons avant de recevoir l’Eucharistie …

Ce qui montre la différence entre Jésus, Fils de Dieu, et les humains …

« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon (…) Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Première lecture).

Jean-Baptiste est conscient de cette différence entre Jésus et lui … comme nous-même le sommes aussi …

Et Jésus « fut baptisé par Jean dans le Jourdain. »

Cela aurait pu être comme pour tous ceux qui venaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, … mais c’était sans compter sur le dessein de Dieu le Père : « Les cieux se déchirent et l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : ’’Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.’’ »

Manifestation du Dieu trinitaire :

– La voix du Père qui vient des Cieux, et qui s’adresse à son Fils Jésus : « Tu es mon fils bien-aimé ». Voix qui est entendu par tous ceux qui étaient présents à ce moment-là.

– L’Esprit qui descend du ciel, comme une colombe, et se place sur Jésus. Et vu aussi par tous les présents.

– Et Jésus qui sort de l’eau …

Première théophanie trinitaire, au vu et à l’ouïe de tous les présents … qui n’ont sans doute pas manquer de raconter l’événement à leurs familles et voisins …

Et cette voix restera gravée dans l’esprit et le cœur de Jésus … lien indéfectible entre le Père et lui …

« Confiance du Père pour son envoyé se faisant ’’péché pour nous’’. Confiance de Dieu à laquelle a répondu la totale confiance du Fils, accomplissant sa mission jusqu’au bout. » (Christian Delorme).

Point de départ de la mission de Jésus, pour le salut des hommes …

Nous aussi, nous avons été baptisés, du baptême de Jésus … avec l’onction du saint Chrême, qui nous a fait enfants de Dieu. Nous ne l’avons pas entendu, mais sur nous aussi Dieu a dit : « Tu es mon enfant bien-aimé en qui je mets toute ma confiance » …

Mais qu’avons-nous fait de notre baptême ?

Qu’avons-nous fait de la confiance que Dieu a mise en nous ?

Sommes-nous conscients que nous avons une mission à remplir ?

Oh, Dieu ne nous demande pas l’impossible … il connaît nos faiblesses …

Mais il attend un minimum de nous : mettre l’amour autour de nous … le prier … lui rendre grâce …

Le faisons-nous ???

Dieu notre Père,

lors du baptême de ton fils Jésus, tu lui a dit :

’’Tu es mon Fils bien-aimé’’,

et tu dis la même chose sur chacun de nous :

’’Tu es mon fils bien-aimé’’,

’’Tu es ma fille bien-aimée’’.

Mais bien souvent, nous oublions

l’amour que tu nous portes …

Et même, nous t’oublions …

Pardonne-nous.

Francis Cousin

 

 

 




Fête du Baptême de Notre Seigneur – Homélie du Père Louis DATTIN

BAPTÊME DE JESUS

Devenir des fils

Lc 3, 15-16 ; 21-22

En cette fête du Baptême du Seigneur, nous pouvons, frères, réfléchir sur notre Baptême. Une fois par mois, nous avons, au presbytère, une réunion pour les parents qui demandent le Baptême pour leur enfant, et, à chaque fois, nous leur posons ces questions :

« Qu’est-ce qui vous pousse à faire baptiser cet enfant ?

 Quelles sont les raisons qui vous font demander le Baptême pour votre bébé et ce Sacrement, quel sens a-t-il pour vous ?

Vous rendez-vous compte à quoi vous vous engagez pour votre avenir ? Pour l’avenir de votre enfant ?

Est-ce une démarche grave et importante pour vous et votre fils, ou n’est-ce seulement qu’une habitude familiale, un rite d’enfance auquel il faut se sacrifier et qui, d’ailleurs, est une bonne occasion de faire une fête de famille ?

 Le Baptême n’est-il qu’un événement du passé, une date inscrite sur mon livret de famille, bien utile parfois pour avoir un extrait de Baptême à l’occasion d’une 1ère communion ou d’un mariage ? »

            Tout d’abord, frères, on ne devrait jamais dire « J’ai été baptisé » mais plutôt « Je suis un baptisé » car la grâce de mon Baptême, ce que j’ai reçu ce jour-là, je l’ai toujours. C’est une marque définitive qui me change et me fait changer pour toute ma vie.

Mon Baptême agit en moi, aujourd’hui. Il agira encore demain et tout au long de ma vie.

Mon Baptême n’est pas une cérémonie du passé, c’est une vie d’aujourd’hui.

Parce que je suis baptisé, j’ai en moi une nature différente qui va me faire vivre différemment de ceux qui ne sont pas baptisés. Il y a une « actualité » de mon Baptême qui influe et doit exercer une action aujourd’hui dans ma vie présente.

Rappelez-vous  Jean-Paul II  dire, sur le  parvis de Notre-Dame, le  1er jour de son voyage à Paris en France : « France, qu’as-tu fait de ton Baptême ? »

Et nous, frères, nous pouvons nous reposer la même question : « Qu’avez-vous fait de votre Baptême ? »

Vivez-vous en baptisés c’est-à-dire en « fils de Dieu » ? Car le Baptême, ce n’est pas rien, ce n’est pas moins que ceci : c’est entendre Dieu me dire, à moi aussi, comme au Christ, sur les rives du Jourdain :

 « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour ».

C’était vrai pour le Christ qui se voit, à partir de ce moment décisif, investi par le Père et par l’Esprit-Saint, pour sa mission auprès des hommes, mais c’est aussi vrai pour nous.

A notre Baptême, à nous aussi, Dieu a dit publiquement :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour ».

Rien moins que cela ! Fils de Dieu, fils du Père, animés par l’Esprit-Saint, aimés de Dieu comme des fils, considérés par lui comme ses enfants ! »

Est-ce-que nous réalisons, frères et sœurs, l’importance, la grandeur de ce moment décisif qui a tout changé dans notre vie, lorsque ces quelques gouttes d’eau qui coulaient sur notre front nous ont fait subitement devenir, non plus de simples créatures  pécheresses, non plus des enfants naturels, mais des enfants de Dieu lui-même, reconnus par lui, aimés infiniment par l’amour infini ! Oui, « fils de Dieu » !

Ce qui faisait crier d’admiration St-Jean dans sa 1ère lettre : « Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don ! Que nous soyons appelés « enfants de Dieu » et nous le sommes vraiment ! »

Voilà qui change tout, qui bascule et bouscule tout dans une vie. On parle parfois de la bergère qui épouse un prince, d’un vendeur d’allumettes qui devient milliardaire : le Baptême dans notre vie a fait bien plus que cela. Il nous a donné et il continue chaque jour, à épanouir, en nous, cette vie même de Dieu.

Loin d’anéantir notre vie humaine, il la valorise totalement et lui donne une dimension et une portée que nous avons du mal à réaliser. Nous sommes étonnés devant ce geste d’Origène, qui, après le Baptême de son enfant, se met à genoux devant lui et répète les paroles de St-Thomas devant le Christ ressuscité :

« Mon Seigneur et mon Dieu », et pourtant c’est lui qui avait raison !

Depuis notre Baptême, la vie de Dieu coule dans nos veines. Mais ce trésor, nous le portons en nos corps « comme dans des vases d’argile », nous dit St-Paul afin que ce soit la vie de Dieu qui soit manifestée par nos vies. Oui, nous pouvons maintenant nous reposer cette question que Jean Paul II adressait à chacun d’entre nous :

« Qu’avons-nous fait de notre Baptême ? » Le laissons-nous végéter en nous comme une plante mal soignée, comme un enfant dont on ne s’occuperait jamais ou bien avons-nous pris conscience que ce Baptême, cette vie baptismale qui nous habite est la vie de notre vie, l’âme de mon âme, qui donne sens et signification à toute mon  existence, qui nous confère une mission, celle même de Jésus : annoncer au monde le salut, que les hommes sont aimés de Dieu, qu’ils peuvent être sauvés par lui ?

C’est à partir de son Baptême dans les eaux du Jourdain que Jésus a commencé sa mission. C’est après avoir vu l’Esprit descendre sur lui, après avoir entendu la voix de son Père dire à la foule : « C’est toi, mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » que Jésus partit d’abord pour le désert y prier et vaincre les tentations successives, puis, ensuite, parcourir toutes les villes et les villages de Palestine et proclamer :

« Aujourd’hui, le salut est parmi vous. Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ».

Vous aussi, consacrés au Baptême par l’Esprit-Saint et remplis de sa force, nous avons, en « fils de Dieu », à accomplir notre mission dans notre famille, dans notre quartier, notre village.

« Là où il passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du mal car Dieu était avec lui ».

Nous aussi, en fils de Dieu, nous avons à faire le bien là où nous passons et à lutter contre le mal et toutes ses causes : l’injustice, la haine, la jalousie, la méchanceté, car Dieu est aussi avec nous. Cette vie que Dieu nous a donnée au Baptême, sa propre vie, il nous l’a donnée pour que nous en vivions nous-mêmes, mais aussi pour que nous en fassions vivre les autres : faire de tous les hommes une Eglise, un corps vivant de baptisés, une Famille vivant de l’Esprit de Dieu que Jésus puisse présenter à son Père avec les mots qu’il lui adressait juste avant sa mort :

« Père, je désire que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et eux en moi ».  AMEN