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2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1, 35-42) – Francis Cousin

« Où demeures-tu ? »

Dans la première lecture, Samuel entend la voix de Dieu, mais ne sait pas que c’est lui : « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. ».

Il va vers son maître Eli qui le renvoie se coucher. Et cela par trois fois.

Patience de Samuel qui répond à chaque appel, mais se trompe d’interlocuteur …

Patience de Dieu qui ne cesse d’appeler, jusqu’à ce qu’on lui réponde …

Et il le fait encore avec nous …

Oh, bien sûr, nous n’avons sans doute jamais entendu Dieu nous parler directement … mais il peut nous parler par la bouche (ou les écrits) d’autres personnes …

Ici, c’est Eli qui fera le lien entre la parole entendue et Dieu : « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” », et qui amène Samuel à prendre contact directement avec Dieu … et de cette rencontre nocturne naîtra pour Samuel toute une manière de vivre au service de Dieu … même si cela doit lui coûter vis-à-vis de Eli …

Dans l’évangile, c’est Jean-Baptiste qui sera le déclencheur pour les futurs disciples de Jésus. La veille, il avait déjà dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était (…) Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu.’’ ».

Sans doute ses disciples avaient-ils réfléchi pendant la nuit : « C’est quoi l’Agneau de Dieu ? Il y a celui qui a été donné par Dieu à Abraham pour remplacer son fils Isaac sur le bûcher … Il y a celui dont parle Isaïe, « un agneau conduit à l’abattoir … Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. ». Ils ne comprenaient pas bien … mais leurs esprits étaient éveillés …

Alors, ce jour-là, quand Jean-Baptiste revoit Jésus qui marche devant lui, et sans doute pris par l’émotion, il redit : « Voici l’Agneau de Dieu. », les deux disciples, André et son comparse veulent en savoir davantage sur cet homme, et se mettent à le suivre.

Jésus sent qu’on le suit. Il se retourne et demande : « Que cherchez-vous ? ».

Surpris par la question, pris au dépourvu, les deux disciples répondent : « demeures-tu ? ». Mais on sent malgré tout une volonté de mieux connaître celui qui est appelé Agneau de Dieu, de l’écouter, d’échanger avec lui …

La réponse est bien du style de Jésus : « Venez et vous verrez. »

C’est une invitation à faire connaissance, sans aucune contrainte : Jésus propose …

Et pour nous aussi il fait pareil : Jésus propose son discours, son Évangile …

Ensuite, c’est à chacun de faire son choix. Le voir amène à croire … ou pas …

Pour nous, bien sûr, le voir n’est pas possible, mais Jésus a dit : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29) …

On ne sait pas ce qu’ils se sont dit … mais ils ont été convaincu par Jésus, et ils ont quitté Jean-Baptiste pour suivre Jésus, pour demeurer avec lui.

La rencontre avec Jésus était primordiale pour le suivre … et c’est encore vrai aujourd’hui …

Mais les deux disciples n’en sont pas restés là : devenus disciples de Jésus, ils ont soif de faire connaître celui qu’ils ont rencontré, et le lendemain même, André voit son frère Simon pour lui dire : « Nous avons trouvé le Messie », et il le conduit à Jésus. Ils deviennent missionnaires

De cette rencontre, Simon ressort transformé. D’abord dans son cœur (mais on n’en dit rien), et surtout dans son nom : « Tu t’appelleras ’’Kèphas’’ – ce qui veut dire : pierre », ou rocher, roc …

« Que cherchez-vous ? »

La question nous est posée à nous aussi.

On cherche tous quelque chose, même si on ne sait pas toujours quoi …

Dans le domaine matériel, c’est assez facile … « Qui cherche trouve. » (Mt 7,8). Quoique !

Mais dans le domaine de la personnalité ou le domaine spirituel, c’est plus difficile.

Beaucoup de personnes ne sont pas satisfaites de telle ou telle chose, mais ils ne cherchent pas … pourquoi ? … comment ? … que faire ? …

Souvent, ils veulent bien chercher, mais ils n’ont pas la volonté de le faire ! Ils préfèrent attendre que les solutions viennent d’elle-même …

Ils préfèrent rester en chaussons dans leur canapé …

Quand on cherche, on ne cherche pas seul, et l’évangile nous le montre bien ! On va voir des personnes … on lit des livres … on réfléchit … on prie …

Des personnes nous mènent à Jésus … et Jésus nous invite à demeurer avec lui.

Et nous, que cherchons-nous en nous mettant à la suite de Jésus ?

Quelle recherche habite mon cœur ?

Pourquoi vais-je à la messe ? … et pour quel changement dans ma vie ?

Ai-je déjà rencontré Jésus, d’une manière ou d’une autre ?

Est-ce que je suis prêt à demeurer avec lui ? … chez lui … avec son Père …

Mais pour cela, il faut que j’accepte son amour … que je lui rende son amour … et que je le partage avec d’autres …

Seigneur Jésus,

Tu es comme un aimant qui attire

tous ceux qui te cherchent vraiment.

Quand ils te rencontrent,

ils ne veulent plus te quitter …

Mais il y a le Malin qui rode

et essaye de nous éloigner de toi…

et qui parfois y arrive.

Garde-nous fermes dans la foi.

Francis Cousin 

 

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Baptême de Notre Seigneur (Mc 1,7-11) – Francis Cousin

« Tu es mon fils bien-aimé, en toi, je trouve ma joie. »

L’épisode raconté par l’évangile de ce jour est important dans la vie de Jésus. Il est rapporté par les quatre évangiles, chacun à sa manière, dès le début de leur livre pour Marc et Jean, tandis que Luc et Matthieu parlent d’abord de l’enfance de Jésus.

Mais pour tous les quatre, c’est le point de départ de ce qu’on appelle la vie publique de Jésus : le baptême de Jésus par Jean-Baptiste.

Jean-Baptiste baptisait déjà depuis un certain temps dans le Jourdain, « un baptême de conversion pour le pardon des péchés » (Mc 1,4), et beaucoup de gens venaient à lui pour recevoir ce baptême. Certains pensaient même qu’il était le messie attendu … et sa renommée était grande.

« En ces jours-là, Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée … »

Né comme tous les hommes, vivant comme tous les hommes, Jésus a entendu parler de Jean-Baptiste. Comme tous les hommes, Jésus vient écouter Jean-Baptiste et se faire baptiser par lui. Matthieu nous signale que Jean-Baptiste refuse de le baptiser : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! » (Mt 3,14), mais Jésus le convainc de le baptiser.

Les quatre évangélistes insistent sur le décalage qu’il y a entre Jean-Baptiste et Jésus : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. ».

Défaire la courroie des sandales de quelqu’un était en effet réservé au plus petit des serviteurs, un travail d’esclave, pour laver les pieds des invités. Cela veut dire que Jean-Baptiste se considère comme inférieur à un esclave, devant Jésus qui est considéré comme un invité important.

« Je ne suis pas digne » … C’est ce que dit le centurion de Capharnaüm (Cf Mt 8,8) …

« Je ne suis pas digne » … C’est ce que nous disons avant de recevoir l’Eucharistie …

Ce qui montre la différence entre Jésus, Fils de Dieu, et les humains …

« Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon (…) Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Première lecture).

Jean-Baptiste est conscient de cette différence entre Jésus et lui … comme nous-même le sommes aussi …

Et Jésus « fut baptisé par Jean dans le Jourdain. »

Cela aurait pu être comme pour tous ceux qui venaient se faire baptiser par Jean-Baptiste, … mais c’était sans compter sur le dessein de Dieu le Père : « Les cieux se déchirent et l’Esprit descend sur Jésus comme une colombe. Il y eut une voix venant des cieux : ’’Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.’’ »

Manifestation du Dieu trinitaire :

– La voix du Père qui vient des Cieux, et qui s’adresse à son Fils Jésus : « Tu es mon fils bien-aimé ». Voix qui est entendu par tous ceux qui étaient présents à ce moment-là.

– L’Esprit qui descend du ciel, comme une colombe, et se place sur Jésus. Et vu aussi par tous les présents.

– Et Jésus qui sort de l’eau …

Première théophanie trinitaire, au vu et à l’ouïe de tous les présents … qui n’ont sans doute pas manquer de raconter l’événement à leurs familles et voisins …

Et cette voix restera gravée dans l’esprit et le cœur de Jésus … lien indéfectible entre le Père et lui …

« Confiance du Père pour son envoyé se faisant ’’péché pour nous’’. Confiance de Dieu à laquelle a répondu la totale confiance du Fils, accomplissant sa mission jusqu’au bout. » (Christian Delorme).

Point de départ de la mission de Jésus, pour le salut des hommes …

Nous aussi, nous avons été baptisés, du baptême de Jésus … avec l’onction du saint Chrême, qui nous a fait enfants de Dieu. Nous ne l’avons pas entendu, mais sur nous aussi Dieu a dit : « Tu es mon enfant bien-aimé en qui je mets toute ma confiance » …

Mais qu’avons-nous fait de notre baptême ?

Qu’avons-nous fait de la confiance que Dieu a mise en nous ?

Sommes-nous conscients que nous avons une mission à remplir ?

Oh, Dieu ne nous demande pas l’impossible … il connaît nos faiblesses …

Mais il attend un minimum de nous : mettre l’amour autour de nous … le prier … lui rendre grâce …

Le faisons-nous ???

Dieu notre Père,

lors du baptême de ton fils Jésus, tu lui a dit :

’’Tu es mon Fils bien-aimé’’,

et tu dis la même chose sur chacun de nous :

’’Tu es mon fils bien-aimé’’,

’’Tu es ma fille bien-aimée’’.

Mais bien souvent, nous oublions

l’amour que tu nous portes …

Et même, nous t’oublions …

Pardonne-nous.

Francis Cousin

 

 

 




Fête du Baptême de Notre Seigneur – Homélie du Père Louis DATTIN

BAPTÊME DE JESUS

Devenir des fils

Lc 3, 15-16 ; 21-22

En cette fête du Baptême du Seigneur, nous pouvons, frères, réfléchir sur notre Baptême. Une fois par mois, nous avons, au presbytère, une réunion pour les parents qui demandent le Baptême pour leur enfant, et, à chaque fois, nous leur posons ces questions :

« Qu’est-ce qui vous pousse à faire baptiser cet enfant ?

 Quelles sont les raisons qui vous font demander le Baptême pour votre bébé et ce Sacrement, quel sens a-t-il pour vous ?

Vous rendez-vous compte à quoi vous vous engagez pour votre avenir ? Pour l’avenir de votre enfant ?

Est-ce une démarche grave et importante pour vous et votre fils, ou n’est-ce seulement qu’une habitude familiale, un rite d’enfance auquel il faut se sacrifier et qui, d’ailleurs, est une bonne occasion de faire une fête de famille ?

 Le Baptême n’est-il qu’un événement du passé, une date inscrite sur mon livret de famille, bien utile parfois pour avoir un extrait de Baptême à l’occasion d’une 1ère communion ou d’un mariage ? »

            Tout d’abord, frères, on ne devrait jamais dire « J’ai été baptisé » mais plutôt « Je suis un baptisé » car la grâce de mon Baptême, ce que j’ai reçu ce jour-là, je l’ai toujours. C’est une marque définitive qui me change et me fait changer pour toute ma vie.

Mon Baptême agit en moi, aujourd’hui. Il agira encore demain et tout au long de ma vie.

Mon Baptême n’est pas une cérémonie du passé, c’est une vie d’aujourd’hui.

Parce que je suis baptisé, j’ai en moi une nature différente qui va me faire vivre différemment de ceux qui ne sont pas baptisés. Il y a une « actualité » de mon Baptême qui influe et doit exercer une action aujourd’hui dans ma vie présente.

Rappelez-vous  Jean-Paul II  dire, sur le  parvis de Notre-Dame, le  1er jour de son voyage à Paris en France : « France, qu’as-tu fait de ton Baptême ? »

Et nous, frères, nous pouvons nous reposer la même question : « Qu’avez-vous fait de votre Baptême ? »

Vivez-vous en baptisés c’est-à-dire en « fils de Dieu » ? Car le Baptême, ce n’est pas rien, ce n’est pas moins que ceci : c’est entendre Dieu me dire, à moi aussi, comme au Christ, sur les rives du Jourdain :

 « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour ».

C’était vrai pour le Christ qui se voit, à partir de ce moment décisif, investi par le Père et par l’Esprit-Saint, pour sa mission auprès des hommes, mais c’est aussi vrai pour nous.

A notre Baptême, à nous aussi, Dieu a dit publiquement :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour ».

Rien moins que cela ! Fils de Dieu, fils du Père, animés par l’Esprit-Saint, aimés de Dieu comme des fils, considérés par lui comme ses enfants ! »

Est-ce-que nous réalisons, frères et sœurs, l’importance, la grandeur de ce moment décisif qui a tout changé dans notre vie, lorsque ces quelques gouttes d’eau qui coulaient sur notre front nous ont fait subitement devenir, non plus de simples créatures  pécheresses, non plus des enfants naturels, mais des enfants de Dieu lui-même, reconnus par lui, aimés infiniment par l’amour infini ! Oui, « fils de Dieu » !

Ce qui faisait crier d’admiration St-Jean dans sa 1ère lettre : « Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don ! Que nous soyons appelés « enfants de Dieu » et nous le sommes vraiment ! »

Voilà qui change tout, qui bascule et bouscule tout dans une vie. On parle parfois de la bergère qui épouse un prince, d’un vendeur d’allumettes qui devient milliardaire : le Baptême dans notre vie a fait bien plus que cela. Il nous a donné et il continue chaque jour, à épanouir, en nous, cette vie même de Dieu.

Loin d’anéantir notre vie humaine, il la valorise totalement et lui donne une dimension et une portée que nous avons du mal à réaliser. Nous sommes étonnés devant ce geste d’Origène, qui, après le Baptême de son enfant, se met à genoux devant lui et répète les paroles de St-Thomas devant le Christ ressuscité :

« Mon Seigneur et mon Dieu », et pourtant c’est lui qui avait raison !

Depuis notre Baptême, la vie de Dieu coule dans nos veines. Mais ce trésor, nous le portons en nos corps « comme dans des vases d’argile », nous dit St-Paul afin que ce soit la vie de Dieu qui soit manifestée par nos vies. Oui, nous pouvons maintenant nous reposer cette question que Jean Paul II adressait à chacun d’entre nous :

« Qu’avons-nous fait de notre Baptême ? » Le laissons-nous végéter en nous comme une plante mal soignée, comme un enfant dont on ne s’occuperait jamais ou bien avons-nous pris conscience que ce Baptême, cette vie baptismale qui nous habite est la vie de notre vie, l’âme de mon âme, qui donne sens et signification à toute mon  existence, qui nous confère une mission, celle même de Jésus : annoncer au monde le salut, que les hommes sont aimés de Dieu, qu’ils peuvent être sauvés par lui ?

C’est à partir de son Baptême dans les eaux du Jourdain que Jésus a commencé sa mission. C’est après avoir vu l’Esprit descendre sur lui, après avoir entendu la voix de son Père dire à la foule : « C’est toi, mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » que Jésus partit d’abord pour le désert y prier et vaincre les tentations successives, puis, ensuite, parcourir toutes les villes et les villages de Palestine et proclamer :

« Aujourd’hui, le salut est parmi vous. Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ».

Vous aussi, consacrés au Baptême par l’Esprit-Saint et remplis de sa force, nous avons, en « fils de Dieu », à accomplir notre mission dans notre famille, dans notre quartier, notre village.

« Là où il passait, il faisait le bien et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du mal car Dieu était avec lui ».

Nous aussi, en fils de Dieu, nous avons à faire le bien là où nous passons et à lutter contre le mal et toutes ses causes : l’injustice, la haine, la jalousie, la méchanceté, car Dieu est aussi avec nous. Cette vie que Dieu nous a donnée au Baptême, sa propre vie, il nous l’a donnée pour que nous en vivions nous-mêmes, mais aussi pour que nous en fassions vivre les autres : faire de tous les hommes une Eglise, un corps vivant de baptisés, une Famille vivant de l’Esprit de Dieu que Jésus puisse présenter à son Père avec les mots qu’il lui adressait juste avant sa mort :

« Père, je désire que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et eux en moi ».  AMEN




Baptême de Notre Seigneur (Mc 1,7-11) – Père Louis DATTIN

Conversion

Mc 1, 7-11

Quand on est en avion, on oublie vite que l’on vole à 10 000 mètres d’altitude, à plus de 900 km/h et par moins 50°. Et puis tout à coup, sans que l’on s’y attende, et c’est en général le moment où les plateaux-repas sont servis, la voix feutrée d’une hôtesse de l’air vous annonce une zone de turbulence : il arrive alors que ce soit le charivari. Au fond, c’est une bonne occasion de réaliser qu’il n’est tout de même pas ordinaire de braver ainsi l’espace et le temps. Bienheureuse alerte qui nous donne l’occasion de comprendre qu’il faut s’adapter à la situation : attacher sa ceinture, ne plus fumer, arrêter de se promener. Bref, il faut changer de comportement.

Dans ce voyage sur terre qui est notre vie, c’est un peu pareil : passagers distraits, nous prenons de l’âge sans tellement nous étonner de vivre. Il est vrai que beaucoup ont des soucis énormes mais combien se comportent en enfants gâtés, en résignés, en indifférents, et puis voilà que survient un coup dur : une déception cinglante, échec traumatisant, amour manqué, grave maladie, accident. Intensément alors, on réalise le fait extraordinaire d’exister. On voit la vie autrement et la mort aussi. On n’a plus le même regard. On change de mentalité et la vie elle-même change !

« Changer de vie » : c’est cela la « conversion ». Puisqu’en ce dimanche, nous célébrons le Baptême : « Baptême de conversion », voulez-vous que nous nous demandions : « La vie que je mène, (ou qu’on me fait mener), ça mène à quoi ? », « Se convertir, qu’est-ce-que ça veut dire pour moi ? »

On parle souvent de conversion comme si c’était réservé aux non-chrétiens. Or, tout homme, toute femme qui désire vivre en plénitude est appelé à se convertir c’est-à-dire qu’il doit s’interroger sur le sens de sa vie pour se tourner autrement vers la vie, car tous, nous risquons d’être détournés du but de notre voyage sur la terre par des radars qui captent le pire ou le meilleur de nous-mêmes.

Prenons en exemple : le radar de l’argent. Combien mènent une vie pour gagner toujours plus d’argent ! Combien sacrifient une vie de famille ou un bonheur limpide pour une situation, une carrière, une ambition dont ils ne récolteront pas toujours les fruits !

Dans ce cas, se convertir, c’est retourner son cœur vers d’autres valeurs. Il y a, nous dit l’Evangile, des valeurs « qui passent » et celles « qui demeurent« . Il y a des valeurs humaines et des valeurs d’Evangile sur lesquelles il faut miser à tout prix. J’ai une nièce qui a comme situation d’être « analyste financière ». Tout son travail consiste à détecter les valeurs financières qui sont solides et qui ont de l’avenir, de celles qui se gonflent momentanément, mais qui sont hasardeuses ; tout cela pour conseiller « les agents de change  » et leur dire “achetez plutôt telle valeur et débarrassez-vous de telle autre qui n’est qu’une fausse valeur”.

Chrétiens, sommes-nous assez analystes, assez avisés pour faire le tri entre ce qui passe et qui n’est pas pour nous, et ce qui demeure et dont nous sommes toujours preneurs ?

Dans le langage de l’Eglise on appelle ça le « discernement« . Avons-nous assez d’esprit critique pour trier ce qui passe et ce qui doit rester ? On disait autrefois dans un langage populaire qu’il ne fallait pas « confondre les enfants du Bon Dieu avec les canards sauvages ». La télé, les médias, la pub nous ont tellement habitués à prendre des canards sauvages pour des enfants du Bon Dieu !

 

Ayons du bon sens. Ne soyons pas emballés par la dernière mode, la dernière vedette ou la dernière théorie. Soyons analystes, nous aussi.

 Et ne croyons pas qu’une conversion c’est l’affaire d’un jour, ça peut arriver : un St-Paul, un Père de Foucault, un St-François- d’Assise en sont les témoins. Claudel ou Clavel-Frossard ont eu ce genre de conversion spectaculaire : ils ont eu des coups de foudre à la manière d’une grande turbulence de l’Esprit en eux.

Mais l’Esprit de notre Baptême, de notre Confirmation ne souffle pas toujours à « force 9 » dans la tempête : Dieu peut être également une petite brise et parler ainsi sans bruit, à tel point que l’on est obligé de faire silence, de s’arrêter de parler, pour l’écouter. Le plus souvent, la conversion est un délai de longue durée qui peut continuer une vie entière. Il faut parfois toute sa vie pour se laisser pénétrer par l’Esprit qui convertit pour que Dieu devienne réellement quelqu’un : quelqu’un de crédible, quelqu’un qui compte pour moi.

Donc, à chacun son bonhomme de chemin ; se convertir, c’est déjà se mettre en marche, prendre le chemin de celui qui est le chemin et petit à petit se laisser faire, se laisser conduire par l’Evangile. Sachez que ça n’ira pas toujours tout seul : il y aura des ruptures. On ne peut pas y arriver du jour au lendemain.

Vous le voyez, se convertir, c’est, sans se cabrer, prendre le pli des Béatitudes, un peu comme les arbres au bord de la mer qui penchent tous vers l’est parce que le vent dominant est à l’ouest. Se convertir, c’est prendre le vent de l’Esprit pour que ce soit lui qui nous donne un cœur nouveau. C’est ouvrir son cœur à Dieu et lui dire : « dispose-le comme vous voudrez ».

Il ne s’agit pas seulement de se défaire de ces défauts de fabrication que sont nos travers de caractère, ces inévitables penchants d’égoïsme, de vanité ou de colère. La conversion traverse tout cela et va bien plus loin ! Il s’agit d’acquérir les réflexes du Royaume, se mettre en forme, être en forme, en forme d’Evangile.

Or ce n’est pas facile car il n’est pas habituel d’avoir un cœur de pauvre, de présenter la joue droite quand on vous frappe sur la joue gauche et en dépit de nos idées généreuses de partage et de solidarité que nous affichons, notre compte en banque, notre épargne, nos vacances, nos loisirs, nos soucis parlent plus fort que les Béatitudes, que les appels de l’Evangile : pas facile de convertir notre cœur !

De nos jours, ce n’est plus le ciel qui se déchire pour faire entendre la voix du Père « celui-ci est mon Fils bien-aimé », c’est la terre, nos cinq continents qui s’ouvrent à nous pour faire sourdre au creux de notre désir de vivre, le murmure de cette source qu’est le Baptême :

   « Dis-moi, à travers ta quête de bonheur

     Quel voyage sur terre veux-tu faire ?…

     Que désires-tu vivre qui t’emmène loin, très loin ?…

     Car, au nom de Jésus-Christ, je te le dis…

     Si tu es sans désir,

     Si tu n’es pas cet homme de désir,

     Que signifie se convertir » ?       AMEN




Epiphanie du Seigneur – par Francis COUSIN (Math 2, 1-12)

« Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

Par un autre chemin ??

Phrase banale, qui peut paraître superflue …

Leur chemin, surtout celui du retour … c’est pas notre problème …

À moins que …

De quel chemin parlons-nous ?

Le chemin géographique … celui qu’on suit sur une carte routière … ou à l’époque, en se guidant sur la position des étoiles … ?

Peut-être est-ce cela … Mais j’en doute !

Quel intérêt pour l’évangéliste de nous dire cela ? … À mon avis, il faut chercher ailleurs !

Le fait de ne pas retourner voir Hérode pour lui indiquer où vit l’enfant ne me semble pas une raison suffisante.

Voyons qui sont ces mages … des savants, des chercheurs, qui veulent trouver des réponses à leurs questions … qui veulent aller jusqu’au bout des choses …

Des gens capables de quitter leur confort … (rien qu’à voir les présents apportés à Jésus, … ils devaient avoir un bon standing de vie …) pour aller où ? …

Ils ne le savent pas … ils suivent l’étoile …

Pendant combien de temps … ? On ne le sait pas … une semaine, deux semaines, un mois, trois mois, … peut-être plus … puisqu’après leur départ, Hérode décide de tuer tous les enfants de moins de deux ans … On a du mal à imaginer la longueur des voyages à l’époque … Ils n’avaient pas d’automobiles, et encore moins d’avions …

Quand l’étoile disparaît, ils vont au premier palais qu’ils trouvent … c’est là que naissent les rois …

Mais il n’était pas là ! Malgré tout on leur donne une indication : à Bethléem !

En sortant du palais d’Hérode, l’étoile est de nouveau là ! « Ils se réjouirent d’une très grande joie. ».

« Ils entrèrent dans la maison ». La famille n’est plus dans une étable … Jésus doit avoir un peu moins de deux ans. Sans doute Joseph avait repris son travail de charpentier, de constructeur de maisons, et s’en était fait une pour sa famille …

Que voient les mages ? … une famille simple … vivant chichement, … mais où règne l’amour … entre les parents, … entre l’enfant et ses parents … une atmosphère sans doute peu ordinaire …

Ils cherchaient un roi … et ils trouvent un enfant … sans doute souriant … comme ses parents …

Ils s’attendaient au luxe … ils trouvent la simplicité …

Ils pensaient trouver un peu d’arrogance … ils trouvent l’amour …

Et sans doute ont-ils été un peu gênés, devant la magnificence de leurs cadeaux …

Ils auraient pu se fâcher : « C’est quoi ce roi ? » … mais ils ont été subjugués par cette famille que les accueille avec chaleur …

Ils ne pouvaient pas rester indifférents …

Cette rencontre a changé leurs cœurs … elle leur en a fait des « cœurs de chair » …

Sans doute ont-ils compris que ce ’’roi-là’’, c’était celui qui « délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. » (Psaume)

Ils sont repartis chez eux autrement qu’ils étaient arrivés … Ils ont été transformés …

« Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. » … une autre chemin humain … peut-être même un autre chemin spirituel …

Et nous, quand nous regardons l’enfant dans la crèche : que voyons-nous ?

Un petit enfant bien sage entre ses parents ? … ou le fils de Dieu qui vient nous sauver, … qui nous a déjà sauvés par sa mort sur la croix … qui nous mène vers son Père par son évangile, par son enseignement … ?

Voyons-nous le tout-puissant dans le tout-petit ?

Faisons comme les mages … laissons-nous transformer le cœur … repartons chez nous par un autre chemin, un chemin de vie, un chemin qui nous mène vers le haut … vers le Père …

« Ne rentrez pas chez vous comme avant,

Ne vivez pas chez vous comme avant.

Changez vos cœurs, chassez vos peurs,

Vivez en hommes nouveaux ! »

Seigneur Jésus,

tu as transformé le cœur des mages,

tu as donné à ces savants

un cœur de tout petit.

Fais que moi aussi,

je ne laisse transformer le cœur

pour qu’il devienne un cœur de chair,

un cœur de petit,

attentif à ceux qui m’entourent.

                                            Francis Cousin

 

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Epiphanie du Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Math 2, 1-12)

« Jésus, Lumière du monde »

(Mt 2, 1-12)…

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem
et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
‘Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.’ »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

 

 

 

 

            La Loi est claire : « On ne trouvera chez toi personne qui pratique la divination, l’incantation ou la magie » (Dt 18,10). En effet, « idolâtrie et magie, voilà ce que produit le péché » (Ga 5,20), car ces réalités prennent la place de Dieu. En effet, à travers elles, l’homme cherche à maîtriser son destin… Dieu et ses imprévus n’y ont plus leur place…

            Ces mages païens qui viennent d’Orient sont peut-être dans l’erreur, mais ils n’en ont pas encore conscience… Ils cherchent la vérité, ils sont de bonne volonté, et c’est cela que Dieu regarde. Aussi va-t-il leur parler, dans un premier temps, ce langage des astres qu’ils connaissent si bien : « Nous avons vu se lever une étoile »… Et Il les guidera avec elle jusqu’à Jérusalem… Merveilles de la Miséricorde de Dieu…

            Mais l’étoile ne peut donner le lieu précis de la naissance du Messie. Seule la Parole de Dieu, avec ses prophéties, pourra le leur dire. Mais eux ne l’ont jamais lue ! Les scribes de Jérusalem, par contre, la connaissent par cœur. Le roi Hérode, brutalement inquiet pour son pouvoir à l’annonce de la naissance d’un possible rival, va les convoquer pour « leur demander en quel lieu devait naître le Messie ». Et ils vont bien répondre en citant le prophète Michée (vers 750 av JC) : « Et toi, Bethléem en Judée, c’est de toi que sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple » (Mi 5,1). Et les mages partiront aussitôt à Bethléem. Les scribes, eux, ne bougeront pas…

         Avec toute leur bonne volonté, ils avaient obéi à ce qu’ils avaient compris grâce à l’étoile. Avec la même bonne volonté, ils vont obéir maintenant à la Parole de Dieu…  Et l’étoile la confirmera en « s’arrêtant » à Bethléem « au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant ». Ils en éprouvèrent « une très grande joie », comme plus tard celles et ceux qui « accueilleront la Parole de Jésus avec la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).

            « Ils virent l’étoile »… « Ils virent l’enfant avec Marie sa Mère »… Et grâce à la Lumière de ce même Esprit que Dieu donne à ceux qui lui obéissent, ils virent aussi, de cœur, « l’Astre d’en Haut venu nous visiter dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour nous donner de connaître le salut par la rémission de nos péchés. Il est apparu à ceux qui demeuraient dans les ténèbres et l’ombre de la mort, pour guider nos pas sur le chemin de la paix » (Lc 2,76-79) Ils étaient autrefois dans les ténèbres, mais ils n’en avaient pas conscience. Maintenant, ils vont rentrer chez eux « par un autre chemin », non plus en suivant une étoile mais guidés par leur foi en Jésus « Lumière du monde »…         DJF




La Sainte Famille par Francis Cousin (Lc 2,22-40)

« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle. »

 

Deux familles dans les lectures de ce jour. Deux familles à des moments clefs de l’histoire du peuple hébreux, avec à chaque fois l’intervention de Dieu pour que la famille prenne forme, c’est-à-dire qu’elle soit constituée d’un père, d’une mère, et d’un enfant.

La première famille est celle constituée d’Abram (qui deviendra Abraham) et de Saraï (qui deviendra Sara après la naissance d’Isaac), leur fils commun.

Tous les deux étaient âgés et n’avaient pas pu avoir d’enfant. Abraham avait toujours répondu aux demandes de Dieu, et se désolait de ne pouvoir donner ses biens à un enfant de lui et de Sara. Alors Dieu lui promit une descendance plus grande que les étoiles dans le ciel (première lecture).

Abraham voulait un enfant, non pas pour sa satisfaction personnelle (il avait déjà eu un fils Ismaël avec la servante de Sara, mais cela ne s’était pas bien passé entre les deux femmes …), mais pour pouvoir donner ses biens. Il ne pensait pas à lui, mais à un éventuel fils … Quant à Sara, elle n’y croyait plus, vu son âge …

Mais Dieu permit qu’ils aient un enfant. Et quand bien même, plus tard, quand Dieu demanda à Abraham de lui sacrifier son fils, il accepta, pensant que Dieu ressusciterait son fils : « Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu. » (deuxième lecture). Sa foi et sa confiance en Dieu étaient totales. Mais Dieu a choisi plus simple, et il a arrêté le geste d’Abraham à temps !

Quand on voit la foi d’Abraham, on se dit que la nôtre est vraiment toute petite … et qu’on n’est pas grand-chose par rapport à lui (et à beaucoup d’autres aussi …).

La deuxième famille est celle constituée par Marie, Joseph et Jésus. Elle est toute récente puisque Jésus avait environ un mois quand, selon les prescriptions de la loi de Moïse, il fut présenté au temple de Jérusalem pour être présenté au Seigneur, pour être ’’racheté’’ à Dieu. Bizarrerie de la loi, puisque Jésus est venu sur terre pour racheter les hommes … Mais cela montre surtout que Marie et Joseph se sont comportés comme tous les juifs pratiquants en respectant la loi.

Ce qui est surprenant dans ce passage de l’évangile, c’est qu’il situe bien les événements, mais sans parler du tout de la présentation de l’enfant, sans qu’on ne parle d’un prêtre qui présenterait l’enfant à Dieu. Aucun élément sur la cérémonie …

Par contre, dans les souvenirs de Marie qui ont servi à l’écriture de l’évangile de Luc, elle qui gardait « tout dans son cœur », ce sont deux rencontres dont elle se souvient, avec deux habitués du temple, mais qui ne sont pas des prêtres.

La première rencontre, c’est avec Syméon, qui vient au temple, poussé par l’Esprit, et qui reconnait, par l’action de l’Esprit, le sauveur du peuple d’Israël parmi tous les enfants présents à cet instant et qui le prend dans ses bras, comme quelqu’un de familier. Et il loue Dieu de lui avoir permis de vivre cet instant avant de mourir, « Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. ».

Surprise de Marie et Joseph, on le serait à moins, … puis Syméon s’adresse à eux, non pas pour les féliciter, mais pour les mettre en garde sur l’avenir de Jésus qui « sera un signe de contradiction », et de Marie : « et toi, ton âme sera traversée d’un glaive », figure symbolique de ce qu’elle vivra au pied de la croix de son fils …

La seconde rencontre, avec Anne, prophétesse, âgée de 84 ans, une habituée du temple où elle vivait dans le jeune et la prière. Voyant l’enfant, elle proclame des louanges à Dieu parce qu’il va délivrer Jérusalem.

Il y avait de quoi être étonné et de se poser des tas de questions. Mais là encore, la foi et la confiance en Dieu leur permirent de rentrer tranquillement chez eux, à Nazareth.

Que retenir ?

Que par rapport à ces deux familles, notre foi et notre confiance en Dieu est vraiment petite, malgré tous les efforts que nous faisons. Et pourtant, notre vie est souvent plus simple que celle de ces deux familles.

Et puis remarquer que dans les deux cas, les enfants sont véritablement des dons de Dieu. C’est une chose que l’on oublie souvent, même dans les familles où il n’y a pas de problèmes d’infertilité, et peut-être surtout dans celles-là …

Parce que la vie est toujours un don de Dieu. Et il faut la respecter.

 

 

Seigneur Jésus,

tu es né dans une famille aimante,

et toujours tournée vers Dieu ton Père.

Ce n’est pas le cas pour beaucoup

de familles de notre entourage …

et parfois il est difficile d’y voir une famille,

première Église domestique …

Nous te prions pour que ces familles

deviennent des visages de ton amour.

 

                                                                              Francis Cousin

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Solennité de la Nativité du Seigneur par Francis COUSIN (Lc 2,1-20)

« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle. »

 

Après deux dimanches où nous avons insisté sur l’humilité de Jean-Baptiste, puis sur celle de Marie, et celle de Joseph qui accepte la naissance de Jésus, voyons l’humilité de Dieu et celle de Jésus, même s’il ne l’a pas voulu de lui-même.

À cause du recensement, celui-ci naît à Bethléem, en français : la maison du pain. Lui qui s’était proclamé « le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jn 6,51), ne sera compris en ce sens effectivement qu’après le jeudi saint.

Après un long voyage, Marie montée sur un âne mené par Joseph, selon l’iconographie habituelle (mais rien n’est moins sûr, et il y a plus de chance qu’ils aient voyagé à pied, comme c’était l’habitude à l’époque), les voilà arrivés à Bethléem.

La fin du voyage a dû être pénible pour Marie, et voilà que l’enfant manifeste les signes de sa naissance …

Impossible pour Marie d’accoucher dans la salle commune de l’auberge, car cela aurait rendu impurs toutes les personnes de la salle … Et prendre un logement particulier, comme pour la plupart des jeunes ménages, cela n’est pas financièrement possible …

Il fallait s’isoler … et dans une étable, parmi les animaux, cela ne posait pas de problème, à part le confort …

Jésus naît dans la nuit … Et Marie le dépose dans une mangeoire …

Dieu, Jésus naît humblement, réchauffé par le foin des animaux …

Dès sa naissance, « la dernière place, Jésus, tu l’as prise : personne après toi n’a pu ta ravir la dernière place ! »

Histoire banale. Une situation qu’on a du mal à imaginer aujourd’hui. Mais qu’on peut retrouver malgré tout dans des camps de migrants … ou dans des villages isolés de certains pays …

Histoire banale ?

Non, car elle est accompagnée d’autres signes …

D’abord « l’ange du Seigneur » qui apparaît aux bergers qui paissaient leurs troupeaux dans les environs … « et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. ».

Frayeur des bergers !

« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. »

L’ange du Seigneur s’adresse à des bergers ! Des moins que rien ! des mercenaires (Jn 10,12-13) à l’hygiène incertaine … et mal vus des gens des villages !

L’ange s’adresse à ceux à qui on ne parle pas ! des oubliés !

Et se sont eux qui sont les premiers informés de la naissance de Jésus !

Et l’ange n’est pas seul ! Avec lui, « une troupe céleste innombrable » … des « Chœurs angéliques » qui louent Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. », la première phrase du Gloria que nous n’avons pas chanté pendant tout le mois de l’avent …

Dieu ’’met le paquet’’ pour annoncer la naissance de son fils, Jésus, aux plus petits … « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25). La préférence de Dieu envers les plus petits, envers les humbles, envers les pauvres

Comme Jésus l’a fait …, comme l’Église essaye de le faire …, comme nous devons tous essayer de le faire …

Et déjà, aujourd’hui même, posons-nous la question : « Si la Nativité de Jésus était aujourd’hui … est-ce que nous aurions été parmi les premiers avertis par l’ange du Seigneur ? »

Et dans notre façon de vivre ce jour de Noël, est-ce nous faisons œuvre d’humilité … ou de vantardise (mais qui ne dit pas son nom …)

Terminons par une prière de saint Bernard de Clairvaux :

Seigneur,

voici que la Paix n’est plus promise

mais envoyée.

Un petit enfant nous est donné.

En Lui habite la plénitude de la Divinité.

Quelle grande preuve de Ton Amour

Tu nous donnes,

en ajoutant à l’humanité le nom de Dieu.

Ainsi soit-il.

 

                                                              Francis Cousin

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4ième Dimanche de l’Avent (Jean 1, 6-8 ; 1-28) – Francis COUSIN)

« Que tout m’advienne selon ta parole. »

L’évangile de ce jour nous fait le récit de l’annonciation de l’incarnation de son fils Jésus dans le sein de Marie, répondant à l’annonce, dans la première lecture, du prophète Nathan au roi David : « Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison. … je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi … Moi, je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils. ». À David qui voulait construire une maison de pierre pour l’arche de Dieu, celui-ci refuse, mais lui annonce, dans sa maisonnée¸ dans sa descendance, un successeur qui affirmera pour toujours sa royauté.

Le Dieu tout-puissant, Seigneur du ciel et de la terre, le très-haut, envoie son fils sur la terre pour renouveler l’alliance qu’il avait faite avec les hommes.

Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi !?

La religion des Chrétiens est la seule où Dieu ’’s’abaisse’’ pour devenir homme !

Alors que d’autres croient en l’homme, … en l’argent, … en la puissance, … ou en plusieurs dieux, … quand ils ne croient pas seulement en eux !

Jésus incarné, ce n’est plus le Dieu d’en haut, le tout-puissant qu’on craint de peur, mais un Dieu ’’concret’’, qu’on peut toucher, à qui on peut parler, que l’on peut aimer. C’est un Dieu qui s’approche de nous, qui est proche de nous, et qui nous aime tout autant que son Père …

Un Dieu dont saint Irénée dira : « À cause de son amour infini, le Christ est devenu ce que nous sommes, afin de faire de nous pleinement ce qu’il est. », ce que d’autres pères de l’Église ont traduit par la suite en : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ».

Et cela si nous ressuscitons à la fin des temps dans le Royaume de Dieu dont il nous a ouvert le chemin.

On voit bien comment l’annonciation et Noël sont liés avec Pâques et la résurrection de Jésus. Ce que nous rappelle d’ailleurs l’oraison de l’Angélus : « Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé ; conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. ».

L’incarnation est quelque chose qui nous surprend ; d’abord que Dieu veuille que son fils prenne chair humaine ! Et sous quelle forme ! Il aurait pu apparaître directement comme un adulte, « Deus ex machina » ! Mais non, Dieu préfère le faire naître comme tous les humains, d’une maman, avec neuf mois de grossesse. Et là encore, il aurait pu le faire naître chez des gens riches, de la ’’bonne société’’, dans un château ou chez une reine …

Mais non ! Dieu préfère le faire naître dans le corps d’une jeune fille, Marie, non encore mariée, mais fiancée, en promesse d’alliance (… comme Jésus qui vient pour établir une nouvelle alliance avec les croyants ! ) … dans un petit village inconnu de Galilée, dans le royaume du nord de la Palestine, loin de Jérusalem … à Nazareth, un village dont on n’attend rien : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,46).

C’est la manière de faire de Dieu : toujours privilégié les petits, les humbles : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11,25). (Et c’est encore le cas depuis pour les différentes apparitions de Jésus ou de Marie …).

Marie, qui a bénéficié d’une préparation spirituelle, qu’elle n’a peut-être pas connu, mais qui existe dès avant sa conception puisqu’elle est conçue sans le péché originel (ce que nous avons fêté il y a une dizaine de jours) et qui a continué toute sa vie.

D’ailleurs, quand l’ange la visite, après un moment de stupeur et un long monologue de Gabriel lui expliquant le projet de Dieu, Marie répond très calmement, dans une phrase où on sent déjà le consentement à ce projet : « Comment cela va-t-il se faire … ». Et après les explications de l’ange, elle dit : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. ».

Marie se fait vraiment l’humble servante : elle laisse faire Dieu ; C’est Dieu qui est actif, et Marie reste totalement passive : « que tout m’advienne ».

On avait montré la semaine dernière l’humilité de Jean-Baptiste. On voit cette semaine l’humilité de Marie … et si on ajoute l’humilité de Joseph qui accepte tout, on voit combien la venue de Jésus est entourée de personnes humbles, que ce soit dans la conception et la naissance de Jésus que dans son démarrage dans sa vie publique.

On pourrait traduire la parole de Marie d’une autre manière, qui veut dire la même chose : « Que ta volonté soit faite », qui montre bien que c’est la volonté de Dieu qui prime.

On a la même chose lors de l’agonie de Jésus à Gethsémani, dans une dernière prière à son Père, et de manière encore plus nette : « … cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42).

On a aussi cette même phrase dans le Notre Père : « … que ta volonté soit faite… ».

Ce qui doit se traduire pour nous : « Que ta volonté soit faite … en moi … par moi … »

Y avons-nous déjà pensé ? Quelle est cette volonté de Dieu pour moi ?

Oh bien sûr, nous n’avons pas d’ange pour nous expliquer …

Encore que … ? Cela peut être une personne … un livre … (la Bible !) … un évènement … ou notre ange gardien … ou l’Esprit Saint !

Sommes-nous prêts à dire, comme Marie, comme Jean-Baptiste, comme Jésus, avec humilité : « Que, par moi, ta volonté soit faite » ?

Et c’est une question qui ne se pose pas seulement pour les jeunes …

Les plus âgé(e)s ont aussi à réfléchir sur cette volonté de Dieu dans leur vie …

Car Dieu attend toujours quelque chose de nous … quel que soit notre âge …

Dieu est toujours en attente que nous fassions sa volonté, que nous le laissions entrer en nous … que nous le laissions agir par nous … jusqu’au bout de notre vie …

Terminons avec la fin de la prière du père Christian Delorme, sur la fiche de réflexion de l’avent de cette semaine proposée par le diocèse :

Moi aussi, Seigneur,

je veux savoir te faire une place.

À toi, au Père et à l’Esprit !

Moi aussi je veux devenir écrin,

tabernacle de ta Présence.

Moi aussi je veux te sentir grandir en moi,

pour pouvoir de donner aux autres.

Francis Cousin

 

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3ième Dimanche de l’Avent (Jean 1, 6-8 ; 1-28) – Francis COUSIN)

« Qui es-tu ?  … Que dis-tu de toi-même ? »

 

La question n’est pas : « Comment t’appelles-tu ? »

D’ailleurs, sans doute le savaient-ils ! « Son nom était Jean ».

Le questionnement est autre !

Car cet homme, qui vivait dans le désert, qui se nourrissait « de sauterelles et de miel sauvage », simplement vêtu d’un « vêtement de poils de chameau, et [d’]une ceinture de cuir autour des reins » (Mt 3,4) et qui proposait un baptême de conversion dans les eaux du Jourdain, citant des paroles du prophète Isaïe annonçant la venue du Messie, attirait une foule de gens venant de toute la Judée, mais aussi d’autres juifs venant de la Galilée.

On peut se demander comment les foules venaient à lui, dans un endroit désert : il n’y avait pas de radio, encore moins de ‘réseaux sociaux’ pour attirer les personnes …

Et puis, comment être attiré par un homme qui vivait de cette manière-là ? À moins que ce ne soit son vêtement qui rappelait celui du prophète Elie (2R 1,8) ?

En effet tous les juifs attendaient le Messie, et d’après le prophète Malachie, le Messie serait précédé par le retour du prophète Elie : « Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que vienne le jour du Seigneur, jour grand et redoutable. » (Ml 3,23).

En tout cas, beaucoup allaient vers lui, des gens ordinaires, des lévites, des pharisiens, des soldats … et ses paroles touchaient leurs cœurs …

Sans doute, le Saint Esprit y était aussi pour quelque chose …

Alors, la question : « Qui es-tu ? » était une manière de demander si Jean-Baptiste était le Messie, ou à tout le moins, le prophète Elie …

Jean-Baptiste a bien compris la question, et il répond tout net : « Je ne suis pas le Christ. », puis pour Elie : « Je ne le suis pas. ».

« Alors, qui es-tu ? ».

Cette fois-ci, Jean ne répond pas par la négative, mais il reprend une phrase du prophète Isaïe : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur. »

Il ne dit pas qui il est. Il ne se définit pas. Il n’est pas quelqu’un … Il est seulement une voix. Ce qu’il est n’est pas important, ce qui compte pour lui, c’est le message qu’il est venu proclamer.

Jean-Baptiste s’efface devant son message. Humilité ! …

Pareil pour ce qu’il fait, à part sa voix : il baptise … mais seulement dans l’eau … alors que celui qu’il annonce « celui-là baptise dans l’Esprit Saint. Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1,33-34).

Jean-Baptiste s’efface devant le Messie, devant Jésus. Humilité ! …

Il dira même à ses disciples : « Un homme ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel. … Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3, 27.30). Humilité parfaite ! …

Nous avons deux choses à recevoir de Jean-Baptiste : son message, et sa manière d’être …

Son message : Redressez le chemin du Seigneur … Repentez-vous ! … « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est proche ! » (Mt 3,2). Et c’est un message dont nous devons nous rappeler chaque jour, et pas seulement pendant l’avent … car « vous ne savez ni le jour, ni l’heure … » (Mt 25,13)

Sa manière d’être : l’humilité ! Ne pas se montrer, se faire valoir, … accepter qu’en tant que chrétiens nous devons être des témoins, comme l’a été Jean-Baptiste, et s’effacer devant ce que nous faisons, en sachant que quand c’est bon, l’Esprit Saint a mis son ’’grain de sel’’ …

Et puis retenir une chose : Jean-Baptiste n’avait l’air de rien, il ne ’’présentait’’ pas bien … mais son message était important … et nous, nous avons souvent tendance à écouter les personnes présentant bien, ayant des diplômes, sachant parler … et à ne pas tenir compte des paroles ’’d’un monde’’ en savate deux doigts …

On a encore beaucoup de progrès à faire, chaque jour …

Seigneur Jésus,

tu te fais annoncer par quelqu’un

qu’on dirait presque

comme un va-nu-pieds …

Toujours mettre en avant

les plus petits, les humbles …

Humble comme Jean

qui s’efface devant toi …

Aide-nous à être humble

comme Jean et toi.

Francis Cousin

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