1

3ième Dimanche Temps Ordinaire (Mc 1, 14-20) – Homélie du Père Louis DATTIN

Conversion

Mc 1, 14-20

Sans doute, avez-vous remarqué, frères et sœurs, le thème commun aux trois lectures de cette liturgie. Dans les trois, on vous dit :

« Dépêchez-vous, le temps vous est compté » ; « Il est grand temps de vous convertir ».

Nous avons d’abord le prophète Jonas qui se promène dans une ville païenne, énorme puisqu’il faut trois jours pour la traverser, en criant : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ! ».

« Aussitôt » (retenons ce mot « aussitôt », nous le retrouverons dans d’autres lectures), les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne et voyant leur réaction, Dieu renonça au châtiment.

« Encore quarante jours », proclamait Jonas.

St-Paul, dans la seconde lecture, est encore plus alarmiste : « Frères, je dois vous le dire : le temps est limité », « Ce monde tel que nous le voyons est en train de passer » et St-Paul, au lieu d’employer le mot « chrono » pour le temps, emploie le mot grec « Kaipos ». Carguer : on cargue ses voiles, c’est-à-dire qu’on les replie parce que le bateau arrive devant le port. St-Paul veut nous faire sentir par là que le chrétien doit être un homme en attente d’un événement ultime qui va arriver.

Il y a eu déjà le mystère pascal, le don de l’Esprit, les derniers temps sont advenus ; l’évènement ultime de notre histoire : la Résurrection du Christ après sa mort a déjà eu lieu. Dès lors, toute valeur, toute situation de vie concrète comme le mariage, la douleur, la joie, la possession de biens sont à situer par rapport à cette situation essentielle :

« Ce monde tel que nous le voyons est en train de disparaître ». Ce doit donc être aussi, par voie de conséquence, la mort du péché et la mort de la mort. Or, la mort de la mort, c’est la vie éternelle.

Passons à l’Evangile : Jésus ne va pas dire autre chose. Il disait (ce sont ses premières paroles en public dans l’Evangile de St-Marc celui que nous étudions cette année) : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ».

 

Quatre marins pêcheurs étaient là : « aussitôt » (voici que nous retrouvons ce mot), « aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent ». Ils partirent derrière lui.

En sélectionnant ces trois textes, l’Eglise, dans la liturgie d’aujourd’hui, a un message à nous livrer, quelque chose à nous dire, à nous les chrétiens de 2015 : “ Vous n’avez qu’une vie ”.

Frères, nous le savons bien, mais il faut parfois y penser, y repenser. Nous ne sommes pas éternels sur la terre, nous y sommes de passage, un « certain temps« , depuis le moment de notre naissance jusqu’à celui de notre mort et ce temps qui, de toute façon, est très court en regard de l’éternité, même si nous mourons centenaires, nous est donné par Dieu pour y faire nos preuves, pour nous préparer à vivre dans un temps sans temps où, comme dit le psaume « mille ans sont comme un jour ».

Jusqu’ici, la mort : ce fut toujours la mort des autres, mais il arrivera un jour où ce sera la mienne, la vôtre et nous ne savons pas quand cela doit arriver ; ça peut être dans trente ans, dans un an, ça peut être demain. On a comparé le temps à un sablier. Vous savez, ces deux sphères, l’une sur l’autre, où le sable de celle du dessus, grain par grain, tombe dans celle du dessous.

Mais le drame, c’est que nous ne pouvons pas voir le volume de celle du dessus, elle nous est cachée.

Y a-t-il encore beaucoup de sable à tomber ? Ou encore seulement quelques grains ? Nous n’en savons rien !

 En tous cas, quel qu’en soit son volume, les trois prophètes d’aujourd’hui nous disent tous les trois d’un seul cœur, Jonas, St-Paul, Jésus-Christ : « Les temps sont accomplis ». Le temps est limité « Encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Et c’est vrai que la plupart du temps, nous remettons à demain parce que disons-nous « Nous avons toute la vie devant nous ». Qu’en sais-tu ? Elle est peut-être toute entière derrière toi ? Combien as-tu à vivre dans cette situation provisoire ? En cette situation d’attente ? Tu n’en sais rien ! Et c’est pourquoi nos trois prophètes insistent : « Si le temps est si court, si nous ne savons même pas sa longueur, alors quelles conclusions en tirer ? »

« Encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Les habitants de cette ville païenne se convertissent : ils pratiquent un jeûne, du plus petit jusqu’au plus grand et prirent des vêtements de deuil. « Frères, je dois vous le dire, le temps est limité », répète à son tour St-Paul. Alors, tirez-en les conséquences : triez, éliminez, choisissez entre « les choses qui passent et celles qui ne passent pas« . Nous vivons tous les jours avec des éléments de notre vie : les uns sont éternels, les autres sont provisoires. Qu’allons-nous choisir ? Allons-nous arriver, surpris, dénudés, démunis sans aucune ressource parce que jusqu’ici, nous nous sommes attachés à du toc, à des fantaisies, à ce qui, demain, nous paraîtra sans valeur, sans consistance ? Ou bien avons-nous choisi d’arriver riches, équipés de toutes les valeurs évangéliques : pauvreté, douceur, justice, pureté, amour de Dieu et des autres, pardon sans condition, don de soi, lumière et vérité, liberté et discernement ?

Un chrétien témoignait qu’après son infarctus du myocarde, il ne voyait plus du tout la vie avec le même regard :

« Autrefois, disait-il, le temps pour moi n’était rien. Maintenant que je suis passé si près de la mort, j’accorde au temps beaucoup plus d’importance. Je goûte la vie avec plus d’intensité et je me mets à voir les autres avec un autre regard : ils ont une beaucoup plus grande importance à mes yeux ».

Et l’un d’eux, un professeur des beaux-arts, disait : « Depuis cette crise, la vie éternelle devient pour moi beaucoup plus présente et le sens de ma vie a changé ».

« Le sens de ma vie a changé » : c’est cela, ce que l’on appelle dans l’Eglise « la conversion ».

Quel est le sens de votre vie ? Avez-vous fait votre conversion ? Votre vie, où va-t-elle ? Dans quelle direction ? Quel est son cap ? Ou bien voulez-vous remettre encore à demain cette mise au point qui vous fait décider une vie différente, une décision, une vision différente de votre regard sur l’univers ? Essayez par exemple de prendre une journée ordinaire et de voir quel est votre emploi du temps.

Votre emploi du temps est une manière de dévoiler ce que vous êtes à l’intérieur de la vie actuelle. « Dis-moi quel est ton emploi du temps et je te dirai qui tu es ». Tous, depuis notre Baptême, nous sommes appelés par Jésus, à changer de vie, tout comme les apôtres sur le bord du lac : « Aussitôt laissant là leurs filets, ils le suivirent », Un peu plus loin, il vit deux autres disciples qui préparaient leurs filets, Jésus les appelle. « Aussitôt« , laissant dans la barque leur père et ses ouvriers, ils partirent derrière lui.

Tout comme pour nous : Dieu ne regarde pas la longueur d’une vie. Pour lui, le temps n’a pas d’importance si ce n’est pour attendre la conversion de quelqu’un.

Il regarde surtout sa qualité et sa dynamique. Des centenaires ont pu mener des vies médiocres et des jeunes, présenter au Seigneur une vie bien remplie, pleine de valeurs exploitées.

« N’essayons pas d’ajouter des années à notre vie, essayons plutôt d’ajouter de la vie à nos années ». AMEN




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Marc 1, 14-20)

 » Dieu Amour est tout proche « 

(Marc 1, 14-20)…

Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ;
il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
Passant le long de la mer de Galilée, Jésus vit Simon et André, le frère de Simon, en train de jeter les filets dans la mer, car c’étaient des pêcheurs.
Il leur dit : « Venez à ma suite. Je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
Jésus avança un peu et il vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque et réparaient les filets.
Aussitôt, Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partirent à sa suite.

 

         Nous avons ici les premières paroles de Jésus dans ce qui fut le premier Evangile jamais écrit, celui qui servira de modèle à Matthieu et à Luc : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15).

            « Les temps sont accomplis »…  Avec Jésus et par Lui, Dieu est intervenu de manière décisive dans l’histoire de l’humanité : toutes les prophéties de l’Ancien Testament qui annonçaient la venue du Messie sont désormais réalisées. Et Dieu est allé au-delà, car avec Jésus, c’est le Fils en personne, « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu » qui s’est fait homme. Avec Lui, c’est donc Dieu Lui-même qui nous adresse la Parole et qui nous dit tout ce qui est nécessaire à notre salut… Et que nous dit-il ici ? « Le Règne de Dieu est tout proche ». La Bible l’affirmait depuis longtemps déjà, notamment dans le Livre de la Genèse (Gn 9,8-17), où, pour la première fois, Dieu emploie le vocabulaire de l’Alliance pour évoquer ses relations avec les hommes. Et il déclare qu’il vit en « alliance éternelle » avec « toute chair ». Dieu est donc proche de tout homme depuis que l’homme existe, et cela gratuitement, pour son seul bien…

            Tel est « l’Evangile », un mot qui en grec signifie « Bonne Nouvelle », car ce Dieu « tout proche » « est Amour » (1Jn 4,8.16) et le propre de l’Amour est de se répandre, de se donner, gratuitement, par amour… « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il Est Amour, et l’Amour tend de nature à se répandre, à se donner » (Pape François, 14 juin 2017). Et nous avons tous été créés pour accueillir ce « Don de Dieu » (Jn 4,10), et trouver avec Lui une Plénitude de Vie et de Paix…

            Pour accueillir ce « don gratuit », encore faut-il que nous acceptions de nous tourner de tout cœur vers Celui qui nous le propose, ce qui, au même moment, ne peut qu’être renoncement à tout ce qui lui est contraire. D’où l’appel lancé ici par Jésus : « Repentez-vous », retournez-vous de tout cœur, et « croyez à la Bonne Nouvelle », accueillez le Don de Dieu… Et ce retournement, cette ouverture seront encore en nous, pécheurs, le fruit de la grâce. « Pour exister, la foi requiert la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que les secours intérieurs du Saint Esprit qui touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne à tous la douceur de consentir à la vérité » (Concile Vatican II, Dei Verbum &5). Et comme l’écrit St Bernard, « consentir, c’est être sauvé »…      DJF

 

           




2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1,35-42) – par D. Alexandre ROGALA

Comme vous le savez probablement, notre diocèse de Saint Denis est l’un des diocèses de France où il y a le moins de vocations presbytérales et religieuses.

Cette semaine j’ai fait une retraite dans un monastère bénédictin. L’abbé du monastère qui prêchait la retraite nous a raconté que lorsqu’il rencontre un jeune qui ne sait pas quoi faire de sa vie, il lui dit : « Dans ta prière demande avec insistance au Seigneur de t’appeler ! Dis-lui : « Seigneur, s’il te plaît appelle moi ! » ». Évidemment, ce père abbé ne pense pas qu’à la vocation presbytérale ou à la vocation monastique. Les missions dans l’Église sont variées.  Quoiqu’il en soit, le message que père abbé de ce monastère veut nous transmettre est simple : puisque c’est Dieu qui appelle, notre rôle en tant que chrétiens est d’essayer de créer des situations favorables pour que Dieu puisse parler à nos jeunes, et qu’il puisse éventuellement en appeler certains d’entre eux à la prêtrise ou à la vie religieuse.

Dans les lectures d’aujourd’hui, nous voyons des personnes en position de responsabilité créer des situations favorables à l’appel du Seigneur pour une autre personne. Nous pouvons nous en inspirer si nous voulons que nos enfants et nos jeunes entendent l’appel du Seigneur, et qu’il sache quelle est la mission à laquelle ils sont appelés dans l’Église et dans le monde.

La première lecture est tirée du Premier Livre de Samuel, plus précisément du chapitre 3. Au chapitre 1 que nous avons lu cette semaine, Anne la mère de Samuel qui était stérile, a fait un vœu dans sa prière : « Seigneur de l’univers ! Si tu veux bien regarder l’humiliation de ta servante, te souvenir de moi, ne pas m’oublier, et me donner un fils, je le donnerai au Seigneur pour toute sa vie, et le rasoir ne passera pas sur sa tête. » (1 S 1, 11).

Le Seigneur lui a accordé un fils à qui elle a donné le nom de Samuel.  Anne a tenu sa promesse en conduisant son fils Samuel à la maison du Seigneur à Silo et le confiant au prêtre Éli. Après quelques péripéties, nous arrivons à l’épisode de l’appel de Samuel que nous avons entendu. Pour une raison que j’ignore la liturgie fait débuter le texte au verset 3, pourtant le premier verset est intéressant pour nous puisque le texte nous dit : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, et la vision, peu répandue » (3, 1).

Au temps de Samuel, ceux qui avaient des visions et à qui la Parole du Seigneur était adressée, c’étaient les prophètes.  Donc ce que le texte nous dit, c’est qu’il n’y avait plus de prophètes en ces jours-là. C’était un réel problème ! Comment le peuple pouvait-il faire la volonté du Seigneur sans prophètes pour leur faire connaitre sa Parole ? Nous pouvons peut-être rapprocher ce problème du temps de Samuel et la pénurie actuelle de prêtres en occident, mais aussi plus largement du désintérêt de nos contemporains pour Dieu.

Revenons à notre texte. Le prêtre Eli est bien conscient du problème de l’absence de prophète, et décide d’agir. Il va créer des circonstances favorables pour que la Parole du Seigneur soit adressée à Samuel.

Au verset 3, nous lisons : « La lampe de Dieu n’était pas encore éteinte. Samuel était couché dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu ».

Le texte mentionne deux éléments : la « lampe » et « l’arche » de Dieu qui sont tous les deux des symboles de la présence de Dieu. Éli savait bien que si Dieu choisissait de parler, il le ferait dans le sanctuaire, près de son arche.

Nous avons donc des raisons de penser que c’est avec l’espoir que le Seigneur s’adresse à Samuel, et de ce fait, qu’il fasse de ce jeune homme un prophète, que le prêtre Eli lui avait demandé de se coucher dans le sanctuaire près de l’Arche du Seigneur.

Comme nous l’avons entendu aujourd’hui, le plan d’Éli a fonctionné, puisque le Seigneur a parlé à Samuel et en a fait un prophète. Le prêtre Éli a su créer une situation favorable pour que son serviteur Samuel soit appelé par le Seigneur.

Le texte d’évangile de ce dimanche relate l’appel des premiers disciples dans l’évangile selon Jean. Lorsque nous pensons à l’appel des Douze par Jésus, nous nous rappelons en général, du schéma des évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc). Jésus interpelle un personnage, l’invite à marcher à sa suite, et l’homme appelé abandonne tout pour suivre Jésus. Dans l’évangile johannique, ça se passe différemment.

Au départ, André et l’autre disciple ont déjà un maître : Jean le Baptiste. Ensuite, Jean désigne Jésus avec une expression énigmatique, mais riche de sens : « Voici l’agneau de Dieu » (Jn 1, 36). C’est la deuxième fois que Jean désigne Jésus par cette expression, la première fois c’était quand Jésus est venu vers lui alors qu’il baptisait : « Voyant Jésus venir vers lui, Jean déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).

Cette expression peut faire allusion à plusieurs choses : au poème du Serviteur Souffrant d’Isaïe (Is 52-53), à l’agneau pascal (Ex 12), mais peut-être aussi à la Nouvelle Alliance (Jr 31) qui implique un pardon gratuit des péchés…

L’évangéliste ne nous dit pas si André et l’autre disciple ont compris tout ce qu’impliquait la désignation de Jésus comme « Agneau de Dieu ». Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils ont compris que ce Jésus était très estimé par leur maître Jean le Baptiste. Ainsi, sans que Jésus ne les ait appelés, les deux disciples se mettent à le suivre.

Si cette scène se passait aujourd’hui, la personne suivie aurait sans doute appelé la police ! Imaginez si vous étiez suivi par deux hommes que vous ne connaissez pas, et au moment où vous leur demanderiez ce qu’ils veulent, au lieu de vous répondre, ils chercheraient à savoir où vous habitez : « Où demeures-tu ? ».

Je plaisante.

Mais nous pourrions dire que d’une certaine manière, dans l’évangile de Jean, André et son compagnon forcent Jésus à les accepter comme disciples. Ils font comprendre à Jésus qu’ils souhaitent marcher à sa suite en l’appelant d’emblée « Rabbi », c’est à dire « Maître » (Jn 1, 38). Grâce à leur culot, ils obtiennent l’invitation tant attendue. Jésus leur répond : « Venez, et vous verrez ».

 

 

Il me semble que la méthode du père abbé du monastère qui incite les jeunes à demander avec persévérance à Dieu de les appeler est proche de la méthode des deux disciples dans ce texte d’évangile. Au lieu d’attendre l’appel du Seigneur de manière passive, il faut parfois prendre les choses en main, et provoquer cet appel du Seigneur.

Dans la deuxième lecture tirée de la Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens, Paul nous exhorte à fuir la débauche (1 Co 6). Au premier abord, il s’agit d’une exhortation morale qui n’a aucun lien avec la vocation. Et pourtant, si on y réfléchit, fuir le péché et essayer de mener une vie vertueuse font aussi partie des efforts que nous devons faire si nous voulons créer une situation favorable pour entendre l’appel du Seigneur qui nous est adressé. Dans une lettre plus tardive, un disciple de l’Apôtre écrira que « nos péchés attristent le Saint Esprit » (Ep 4, 30-32). Or, c’est par ce même Saint Esprit que nous pouvons entendre et accueillir l’appel du Seigneur. Même si évidemment, le Seigneur peut outrepasser le péché pour appeler qui il veut quand il veut, il est tout de même préférable de mettre toutes les chances de notre côté en nous efforçant à avoir un cœur disposé à entendre son appel.

Dans cette eucharistie, demandons au Saint Esprit de nous rendre aussi créatif que le prêtre Eli, et aussi audacieux qu’André et son compagnon, afin que nous puissions aider nos frères et sœurs les plus jeunes à entendre l’appel que le Seigneur ne manquera pas de leur adresser.

Amen !

                                                                        D. Alexandre ROGALA

 

 

 

 




Baptême du Seigneur (Mc 1, 7-11) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

Lecture : Marc 1, 7-11

Nous fêtons aujourd’hui le Baptême du Seigneur. Cette fête clôture le temps de Noël. Traditionnellement, cette fête a lieu le dimanche qui suit la solennité de l’Épiphanie du Seigneur. Cependant, le Missel romain prévoit que si le dimanche de l’Épiphanie tombe un 07 ou un 08 janvier, la fête du Baptême du Seigneur sera célébrée aussitôt le lundi qui suit[1]. C’est le cas pour nous en 2024 puisque l’Épiphanie a été célébrée hier, le 07 janvier.

 

Cela montre le lien entre ces deux célébrations du Seigneur. De ce fait, nous sommes propulsés de « Jésus enfant » (avec l’Épiphanie) à « Jésus adulte » (avec son baptême). Nous passons de la sphère « privée » autour de la Sainte Famille et des mages[2] à la sphère « publique », avec Jean le Baptiste, la foule des pécheurs venus se faire baptiser par lui dans le Jourdain.

Jean le Baptiste faisait un baptême de conversion, pour préparer ses contemporains à accueillir le Messie, le Sauveur : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales ».

Jésus est le bien le Messie, le Sauveur attendu alors pourquoi ce baptême par Jean ? Nous pouvons souligner trois points :

  • Ce baptême marque le début du ministère public de Jésus. Il est relaté dans les quatre évangiles. La prière d’ouverture de la messe précise que c’est Dieu le Père qui a « manifesté solennellement » Jésus « comme [son] Fils bien-aimé » lorsqu’il « fut baptisé dans le Jourdain, et que l’Esprit Saint descendit sur lui ».

Cette première manifestation publique est Trinitaire et elle atteste que cet homme Jésus appartient bien à la Sainte Trinité, l’unique Dieu. La divinité de Jésus est ainsi révélée.

  • Ce baptême de Jésus marque aussi la solidarité de Jésus avec l’humanité qu’il est venu sauver. Ce baptême marque une profonde intimité entre Dieu et l’humanité. Jésus est « reconnu comme le messager de la Bonne Nouvelle aux pauvres » nous dit la préface de la messe.

  • Ce baptême préfigure « le baptême nouveau »[3] dont nous participons. Jean le Baptiste a bien exprimé concernant Jésus : « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Cette fête nous rappelle que nous avons « reçu la nouvelle naissance de l’eau et de l’Esprit » pour reprendre les termes de la prière d’ouverture. En ce début d’année, nous pouvons sincèrement nous demander comment considérons-nous le baptême que nous avons reçu ? Ce baptême qui nous a plongé dans la mort et la Résurrection du Christ pour avoir part à la Vie éternelle. Ce baptême qui nous a donné la plus grande et inégalable dignité, celle de fils et de fille de Dieu. Et ce baptême qui nous engage plus que jamais.

Par le baptême, nous sommes faits prêtre, prophète et roi :

  • Prêtre pour rendre un culte à Dieu.

  • Prophète pour annoncer en paroles et en actes la Parole de Dieu, l’Évangile du Christ.

  • Roi pour servir. La royauté du chrétien s’exerce sur le mode du service. Pour le chrétien régner, c’est servir.

Demandons au Seigneur la grâce de mieux vivre de notre baptême en cette nouvelle année 2024. Puissions-nous nous donner les moyens d’y répondre…

Belle fête à tous !

 

[1] Voir Missel romain, page 75.

[2] Les mages sont parmi les quelques privilégiés (avec les bergers) à qui Dieu a révélé l’identité de son Fils à sa naissance.

[3] Préface.




2ième Dimanche du Temps Ordinaire (Jn 1, 35-42) – par Francis COUSIN

 « La rencontre avec Jésus. »

La semaine dernière, nous nous sommes posé la question de savoir quelles étaient les personnes, événements ou mouvements qui avaient été nos étoiles pour notre rencontre avec Jésus.

Cette semaine, nous allons voir comment cela s’est passé pour la première rencontre des premiers disciples de Jésus.

Tout commence par Dieu … ce qui ne surprendra personne puisque tout vient de Dieu : « Pour nous, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui tout vient et vers qui nous allons. » (1 Co 8,6).

Dieu a envoyé Jean le Baptiste pour préparer la venue de Jésus : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.” Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (Jn 1, 32-34).

Jean-Baptiste est le premier à reconnaître Jésus, fils de Dieu.

Le lendemain, voyant Jésus passer, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. ». Deux de ses disciples l’entendirent, et ils comprirent qu’il parlait du Messie, ils connaissaient le texte d’Isaïe (cf Is 53,2-10). Ils le suivirent.

Jésus s’en rendit compte, et se retournant questionna : « Que cherchez-vous ? ». Il ne dit pas « Qui cherchez-vous ? ». Autrement dit : « Quel sens désirez-vous donner à vos jours ? quel trésor imprenable, inviolable, cherchez-vous ? » (Anne Lécu).

C’est une question que nous devons nous poser nous-même. Comme chrétiens, nous suivons le Christ, mais pourquoi ? Pour obtenir la vie éternelle ? Pour être respecté ? Pour être bien vu ? Pour notre satisfaction personnelle ? Si c’est pour cela, on se trompe …

Après la multiplication des pains, les gens cherchaient Jésus. Quand ils le retrouvèrent vers Capharnaüm, il leur dit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. » (Jn 6,26-27).

Saint Augustin disait : « Vous me cherchez pour la chair et non pour l’Esprit. Combien rare est la recherche de Jésus pour lui-même. Vous me chercher pour autre chose. Cherchez-moi pour moi. ».

La réponse des deux disciples est surprenante : ce n’est pas une réponse, mais une question : « Maître, où demeures-tu ? », une manière de dire « Qui es-tu vraiment ? Explique-nous ! », et la réponse est simple : « Venez, et voyez. », une manière de les faire entrer dans son intimité, dans ce qu’il est vraiment. Et ce devait être très intéressant puisqu’ils sont restés avec lui tout le reste de la journée. Et ils ont tout compris : Jésus est le Messie.

Dès le lendemain, André va voir son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie. », et il amène son frère à Jésus.

Et là, Jésus n’y va pas par quatre chemins, et directement lui dit : « ’’Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas’’, ce qui veut dire : Pierre. ».

Il l’appelle par son nom et celui de son père, et change son nom en Pierre, ou Roc, le rocher sur lequel il bâtira son Église …

Sa rencontre avec Jésus est déterminante … Il devint aussi disciple de Jésus.

C’est cette rencontre qui renforce les gens dans leur conviction que Jésus est le Messie.

Pour nous, la question de savoir si Jésus est le Messie ne nous concerne plus … mais de reconnaître que Jésus est le fils de Dieu, égal à son Père, qu’il nous aime et qu’il nous attend … c’est cela qui doit nous préoccuper …

Et cherchons Jésus pour lui-même, pour ce qu’il est … et non pour ce qu’il peut nous donner !

« Qui a Jésus a tout. » (Ste Thérèse de l’Enfant Jésus).

Seigneur Jésus,

À nous aussi tu dis :

« Venez et voyez ».

C’est plus difficile pour nous

qui ne pouvons te rencontrer face à face,

et nous ne pouvons t’entendre comme

André, Simon-Pierre, Philippe ou Nathanaël.

Mais nous pouvons entendre ta Parole

dans les différents évangiles,

et aussi dans la prière …

Parle-nous, Seigneur, nous t’écoutons.

 

Francis Cousin

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image dim ordinaine B 2°

 




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 1, 35-42)

 » Que cherchez-vous ? « 

(Jean 1, 35-42)…

En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? »
Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Jean-Baptiste, avec deux de ses disciples, regarde Jésus qui passe tout près d’eux… Il va alors poser sur lui un regard de foi, un regard qui l’implique tout entier, « corps, âme et esprit » (1Th 5,23)… Et qui regarde-t-il ainsi ? Jésus, le Fils Unique qui « a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme »… « Né du Père avant tous les siècles, il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière » (Crédo). Il est cette « Lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,9 ; 1Jn 1,5), qui se donne à tout homme… « Moi, Lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres, mais ait la Lumière de la Vie » (Jn 12,46 et 8,12). Sa Lumière illumine donc le cœur grand ouvert de Jean-Baptiste. Or, « par ta Lumière », nous dit le Psalmiste, « nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). Grâce à elle, «  les yeux de son cœur sont illuminés » (Ep 1,17-18) et peuvent percevoir l’invisible : Jésus est « le Seigneur de la Gloire » (1Co 2,8), « l’Astre d’en Haut venu nous visiter dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu pour donner à » tous les hommes qui accepteront de l’accueillir de « connaître le salut par la rémission de leurs péchés » (Lc 1,76-79). Comme le déclare Jean-Baptiste, il est « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29)…

            Les deux disciples entendent cette Parole de Vérité à laquelle se joint toujours le témoignage silencieux mais doux et joyeux de l’Esprit de Vérité (Jn 15,26). Ils sont de bonne volonté, leur cœur est grand ouvert, ils accueillent cette « Joie de l’Esprit » (1Th 1,6) et se mettent à suivre Jésus… Pour l’instant, ils ne le voient que de dos, mais soudain, il se retourne : ils peuvent voir « sa face »… Or, dans la Bible, lorsque Dieu « montre sa face », il se révèle, il se dévoile, il se manifeste (Ps 4,7 ; 16,11 ; 17,15 ; 21,7…). Après Jean Baptiste, le Mystère du Fils Unique, « Lumière du monde » (Jn 8,12), s’offre donc à eux aussi au regard de leur foi. Mais est-ce bien Lui qu’ils cherchent ? « Que cherchez-vous » ? leur demande Jésus… « Maître, où demeures-tu ? ». Oui, c’est bien Lui qu’ils cherchent… Alors, « venez et vous verrez »…

            Or « venir à » Jésus prend souvent en St Jean le sens de « croire en lui » comme le suggère ce parallèle : « Je Suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35). « Ils vinrent donc », ils crurent, « et ils virent où il demeurait ». Mais où demeure Jésus ? Dans « la Maison du Père » qui est Mystère de Communion avec le Père dans l’unité d’un même Amour (1Jn 4,8.16), d’un même Esprit (Jn 4,24), d’une même Lumière (1Jn 1,5)… Puisqu’ils ont cru, et donc accueilli ce Don que l’Amour ne cesse de faire de lui-même, l’Esprit de Lumière leur a permis de reconnaître l’invisible. Ils sont donc déjà, dans la foi et par leur foi, en communion avec Lui dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3), et c’est là qu’ils décident de « demeurer auprès de lui ce jour‑là ». Heureux sont-ils, car « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)…                                                                                                                      DJF

 

           




2ième Dimanche Temps Ordinaire (Jn 1, 35-42) – Homélie du Père Louis DATTIN

Appel des 1ers disciples

Jn 1, 35-42

Vous avez certainement senti, frères et sœurs, toute la beauté et la richesse de ce texte. Reprenons-le et essayons d’en dégager toute la leçon spirituelle : il s’agit de la rencontre de Jésus avec ses premiers disciples. Avez-vous rencontré quelqu’un cette semaine ? Sans doute avez-vous croisé plusieurs personnes, causé avec quelques-unes, jasé avec votre voisin : cela a porté sur le sport, la politique, le climat, le cyclone, le coût de la vie. Il se peut aussi que vous ayez fait quelques mauvaises rencontres… Oui, sans doute, vous avez entrevu pas mal de monde, mais avez-vous « rencontré » quelqu’un ? Ce n’est pas si facile ! Très souvent, les gens vivent ensemble des semaines, des années même et ne se rencontrent pas vraiment!

Ils s’entrevoient seulement, « Bonjour-Bonsoir », ils coexistent. Même dans les familles, maris et femmes ont de la difficulté à se rencontrer ! Pareil entre parents et enfants : car « rencontrer » quelqu’un, c’est plus que causer, c’est communiquer vraiment avec une autre personne dans ce qui fait le fond de nos vies, nos projets, nos joies, nos peines ; dans ce qui nous fait vivre … C’est avoir confiance en l’autre pour pouvoir se montrer à lui sans masque. D’une telle rencontre, on en sort plus confiant dans la vie. On en sort changé.

C’est de telles rencontres qu’il s’agit dans l’Evangile d’aujourd’hui : Jean-Baptiste se trouve au bord du Jourdain, comme la veille, en compagnie de deux de ses disciples, André et Jean. Le prophète alors lève le regard, il le pose sur Jésus et dit ensuite : « Voici l’Agneau de Dieu ».

Qu’est-ce-que ça veut dire pour un Juif ? Chaque famille juive, au jour de Pâques, immolait un agneau et marquait de son sang les portes de sa maison au cours d’un repas du soir qui s’appelait « Cène » : c’était le symbole de la libération d’Israël. En outre, le mot « agneau », en araméen, la langue de Jésus, veut dire aussi « Serviteur » et chaque Juif avait en tête le « Serviteur de Dieu » qui « comme un agneau était conduit à la boucherie sans ouvrir la bouche, c’était nos péchés qu’il portait ». Cet agneau est couvert du sang qu’il a versé pour nous sauver du malheur. Les deux disciples entendirent cette parole et que font- ils ? Au lieu de rester avec Jean-Baptiste, « ils suivirent Jésus ». Voilà, très exactement le moment précis où l’on passe de l’Ancien Testament avec Jean-Baptiste, son dernier prophète, au Nouveau testament avec Jésus : « ils le suivirent », sans doute timidement, le cœur battant. Ils ne l’ont encore jamais vu. C’est un inconnu ! Que va-t-il se passer ?

C’est bien risqué de suivre un inconnu, c’est peut-être une aventure ? Jésus, à quelques mètres devant, a entendu les graviers sous leurs pas. Il se retourne : voici le 1er regard de Jésus posé sur des inconnus, « Que cherchez- vous ? ». Voici le 1er mot de Jésus : c’est une question ! Une question posée à tout homme, à chacun d’entre nous. Cette question, il me l’adresse encore aujourd’hui : « Que cherches-tu ? » Quel est le sens que tu donnes à ta vie ? Quel est ton désir ?

Le 1er mot de Jésus, c’est une interrogation ! Pour aborder Jésus, il faut être ouvert, en recherche d’un plus, en recherche d’un mieux. Il ne faut pas être enfermé dans un univers clos. Si on ne cherche rien, le dialogue tourne court.

Le début de la foi, c’est une recherche, c’est une question : « Qui es-tu, Seigneur ? » Celui qui sait tout, celui qui est bloqué dans ses certitudes, n’avancera jamais ! Tout ce que vous croyez… en êtes-vous bien sûrs ? Il y a un certain doute qui est la condition même de l’avancée de ma foi. Il y a aussi une certaine interrogation en nous-mêmes qui est la condition même de l’avancée de ma foi.

Péguy traduisait : « Il y a des âmes qui sont fermées, parfaites, il n’y a en elles aucun passage possible pour la grâce : elles sont imperméables ».

 Ils lui répondirent : « Rabbi, c’est-à-dire « Maître« , où demeures-tu ? ». Chercher, suivre, demeurer : trois attitudes essentielles de l’amour. Est-ce-que je continue à chercher Dieu ? Est-ce-que je suis à la trace de Dieu ? Est-ce-que je demeure avec Dieu ? Jésus leur répond : « Mais regardez ! » combien il respecte la liberté de ces deux jeunes : « Venez et voyez ! » Jésus ne m’embarque pas de force. Jésus n’est pas un propagandiste, un publiciste qui veut convertir à tout prix et de force si c’est nécessaire. Quelle différence avec les démarcheurs des témoins de Jéhovah, ou autres sectes !

Et moi, quelle est ma manière de proposer ma foi, si toutefois, j’ai eu l’occasion et le courage de la proposer ? « Ils l’accompagnèrent et ils virent où il demeurait et ils demeurèrent près de lui, ce jour-là, c’était environ la 10e heure ». Relisez ces mots que St-Jean ne cesse de répéter : ce n’est pas par pauvreté de vocabulaire, ce sont les mêmes mots qui désignent la recherche des étapes du chrétien : « chercher« , « venir voir« , « voir« , « trouver« , « suivre« , « demeurer« .

Jean s’en souvient d’une façon précise : comme l’heure d’un 1er rendez-vous de deux amoureux : « C’était la dixième heure ! (environ quatre heures de l’après-midi) ». Que se sont-ils dit, ce jour-là ?

Ils ont dû raconter leurs vies, leurs aspirations, leurs désirs, leur recherche ; lui, a dû dire ses projets, ses propres désirs.

Alors, André, qui était l’un de ces deux disciples et qui avait suivi Jésus va trouver son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie », autrement dit : « Le Christ ». Remarquez, frères et sœurs, une des caractéristiques de l’appel de Dieu : il se fait toujours par des relations humaines, par une troisième personne.

Le petit Samuel, dans la 1ère lecture, aurait-il pu dire : « Parle Seigneur ton serviteur écoute », si auparavant, le prêtre Elie ne lui avait dit : « C’est le Seigneur ». Il a fallu qu’il soit là !

André et Jean auraient-ils suivi Jésus si auparavant il n’y avait eu Jean-Baptiste pour leur dire :

« Voici l’agneau de Dieu ». Il a fallu qu’il soit là !

Et Pierre, qui ne s’appelle encore que Simon, aurait-il été mis en contact avec Jésus si André ne lui avait pas dit : « Nous avons trouvé le Messie ».

Après ce sera Philippe qui invitera Nathanaël.

La pensée me vient-elle que je pourrais éventuellement conduire quelqu’un à une rencontre avec Jésus ? Y a-t-il quelqu’un aujourd’hui qui est devenu chrétien grâce à mon témoignage, à mon intervention ? Pour cela, il faudrait que je sois préoccupé de ne pas garder pour moi ma découverte de Jésus. Jésus dit à Simon :

« Tu es Simon, tu t’appelleras « Képha » ce qui veut dire « Pierre » ». Pourquoi lui changer son nom ? Parce qu’il va changer de vie ; or « nommer » quelqu’un, dans la Bible, c’est lui donner une mission.

Etre disciple, c’est changer de vie, c’est devenir un être neuf : ce changement de vie a été pour les disciples un moment fantastique, ils avaient fait la rencontre de leur vie.

Notre foi à nous ne sera vivante que si elle procède d’une « rencontre » personnelle avec Jésus. La prière, la méditation de la Parole de Dieu, l’adoration sont des lieux de rencontre, car alors, nous rentrons en contact avec sa pensée, nous acceptons que sa Parole nous interroge. Cette rencontre, c’est aussi celle de notre Eucharistie où le Christ me dit : « Que cherches-tu ?». Je lui réponds : « Maître, où demeures-tu ? », « Venez et voyez », « et ils demeurèrent avec lui ce jour-là ».

Notre foi vaut ce que valent nos rencontres avec le Christ. AMEN




Dimanche de l’Epiphanie du Seigneur (Mt 2,1-12) – par Francis COUSIN

« Qui est notre étoile ? »

Celle qui nous fait vivre, celle qui nous amène vers Dieu … ?

Oh, il y en a eu sans doute beaucoup, depuis notre naissance …

À commencer par nos parents, pour ceux qui sont nés dans une famille chrétienne. Ils nous ont parlé de Jésus, appris à faire le signe de croix, appris quelques prières, dont le Je vous salue Marie et le Notre Père …

Puis il y a eu les catéchistes, les prêtres, des religieuses … d’autres personnes que nous avons rencontrées, des amis qui nous ont parlé de Jésus … des mouvements : scoutisme, Guétali, MEJ …

Et puis sans doute quelques événements qui nous ont marqués : un pèlerinage, la visite d’une église, une marche …

Qui a été notre étoile à un moment de notre vie ?

Les mages avaient vu une étoile dans le ciel, à l’orient, dans la direction du soleil levant, là où se lève un jour nouveau, une nouvelle ère …

Pour eux, c’était le signe, la manifestation, l’épiphanie de quelque chose de grand : un nouveau roi, celui des juifs, qui venait de naître …

Les mages étaient des savants, plutôt tournés vers l’astronomie, qui étudiaient le mouvement des étoiles, mais pas seulement.

Ce n’étaient pas des rois, comme nous le fait penser la première lecture ou le psaume. On ne sait combien ils étaient. La tradition dit trois, en lien avec les trois cadeaux amenés : l’or, l’encens et la myrrhe.

Il leur a fallu du temps pour préparer leur expédition, plus le temps du voyage … et comme on ne sait pas d’où ils venaient … Ils ne pouvaient arriver une semaine après les bergers. Mais on est dans le temps liturgique de Noël, qui n’est pas le temps chronologique.

Ils ne voient plus l’étoile ! Ils se renseignent, ils cherchent … et ils retrouvent l’étoile …

Il nous arrive parfois, dans notre recherche de Dieu, de ne plus savoir où nous en sommes, d’avoir des doutes … Il faut faire comme les mages : chercher, se renseigner … et une étoile nous apparaitra …

Sous quelle forme ?

On ne le sait pas … Mais Dieu ne nous laissera pas tomber si nous le cherchons avec foi.

Ce pourra être une rencontre … impossible à nos yeux … ou quelqu’un de connu qui pourra nous parler sans détour … et nous remettre dans le bon chemin, nous éclairer …

Mais pour trouver notre étoile, … il faut commencer par se mettre en relation avec Dieu, dans la prière … dans la lecture de la bible, ou d’autres textes …

Si on ne pense jamais à Dieu, dans la prière, et non dans la revendication : « Dieu, donne-moi de croire ! », on n’arrivera à rien …

N’ayons pas peur de montrer notre petitesse, notre faiblesse …

Dieu sait ce que c’est, et son fils Jésus aussi, lui qui s’est fait toujours humble … et qui nous demande de l’être aussi, comme lui !

Le pire serait de croire que Dieu ne s’intéresse pas à nous : « Même si [ta mère t]’oubliait, moi, je ne t’oublierai pas. Car je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49,15-16)

            « Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. »

Toute rencontre vraie avec Dieu ne peut nous laisser indifférent, elle nous oblige à changer notre vision des choses, à prendre un autre chemin que celui que nous avions suivi jusqu’à présent, ou nous conforter dans ce qui nous semble être notre mission sur terre, avec quelques petites améliorations …

Faisons comme les mages : n’ayons pas peur d’emprunter un autre chemin … si nous pensons que c’est Dieu qui nous le demande …

Notre route vers Dieu n’est pas encore achevée, et si nous voulons aller jusqu’au bout avec Dieu, il nous faut chaque jour nous convertir pour être plus proche de lui, chaque jour prendre un autre chemin …

C’est parfois difficile … On n’aime pas trop changer nos habitudes …

Seigneur Jésus,

Tu n’as sans doute pas gardé

souvenir de la visite des mages,

et encore moins de leurs présents.

Mais ils nous ont appris

une grande chose :

se laisser guider par une étoile,

une bonne étoile

qui nous ramène vers toi …

par un autre chemin !

 

Francis Cousin

Cliquer sur le lien ci-dessous pour accéder à l’image illustrée : Image Epiphanie B

 




Épiphanie du Seigneur, Solennité – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 2, 1-12)

« Dieu veut que tous les hommes

soient sauvés »

 

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalemet demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »
En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.
Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.
Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :
‘Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.’ »
Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ;
puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »
Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.
Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.
Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.


           Mi-savants, mi-magiciens, les « mages » de l’Antiquité pratiquaient la divination et l’astrologie… Or la Loi était claire : « On ne trouvera chez toi personne qui pratique divination ou magie » (Dt 18,10) « car c’est une rébellion le péché de divination, c’est de la présomption ! » (1Sm 15,23). Mais ces mages ne connaissaient pas encore leur Dieu et Père, Celui qui s’est révélé à Abraham, à Jacob et à Moïse… Ils ont été élevés dans la culture de leur pays, avec ses croyances, ses idoles… Mais ils sont de bonne volonté, ils cherchent la vérité… Aussi, Dieu va-t-il leur parler un langage qu’ils peuvent comprendre : une « étoile » nouvelle s’est levée dans le ciel… Aussitôt, ils l’interprètent selon leurs habitudes comme annonçant la naissance d’un grand roi et décident d’aller lui rendre hommage. Le Livre de la Sagesse présentait déjà l’exemple de ce marin païen qui s’engage sur les flots en « invoquant à grands cris un bois plus fragile que le bateau qui le porte » : son idole qu’il a sculptée à l’avant ou à l’arrière. « Mais c’est ta Providence, ô Père, qui le conduisait », comme ici pour les mages (Sg 14,1-3).

            Magnifique visage d’un Dieu Père de tous les hommes, qui s’occupe de tous avec Amour et leur parle le langage qu’ils peuvent comprendre… « La divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires au salut à ceux qui ne sont pas encore parvenus, sans qu’il y ait de leur faute, à la connaissance claire de Dieu et s’efforcent, avec l’aide de la grâce divine, de mener une vie droite. En effet, tout ce que l’on trouve chez eux de bon et de vrai, l’Eglise le considère comme un terrain propice à l’Évangile et un don de Celui qui éclaire tout homme, pour qu’il obtienne finalement la vie » (Concile Vatican II, LG 16).

            Guidés par l’étoile et l’Esprit de Lumière qu’ils n’ont pas encore reconnu, les mages ont marché vers le Christ « Lumière du monde », « Astre d’en Haut venu nous visiter pour nous donner de connaître le salut par la rémission de nos péchés » (Jn 8,12 ; Lc 1,76-79)… Les Ecritures leur donneront le lieu précis où il est né : Bethléem (Mi 5,1). Et l’étoile le confirmera en s’arrêtant au dessus du lieu où le Christ se trouvait. L’Esprit leur donnera alors d’éprouver une très grande joie… Et par sa Lumière, ils verront la Lumière de Dieu rayonner de cet enfant… Ils tomberont à genoux, ils se prosterneront, ils adoreront et offriront de l’or au Roi, de l’encens à Celui qui tout en étant vrai homme est vrai Dieu, et de la myrrhe, une gomme-résine aromatique qui annonce déjà sa Passion : les soldats lui en proposeront sur la Croix, mélangée à du vin, et Nicodème apportera pour sa sépulture « un mélange de myrrhe et d’aloés d’environ cent livres » (330 kg ; Mc 15,23 ; Jn 19,39)…

            Cette fois, ils vivent le précepte de la Loi : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte » (Dt 6,13). Ils étaient venus en mages idolâtres, guidés par une étoile. « Ils regagneront leur pays par un autre chemin », celui de la confiance et de la foi en ce Dieu Père de tous les hommes qui vient de se révéler à eux dans son Fils, et qui leur parle désormais en songe, un des multiples dons de l’Esprit Saint…        DJF

 




Épiphanie du Seigneur, Solennité- Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 2, 1-12)

Le peuple de Dieu

Mt 2, 1-12

Voilà dans cet Evangile, frères et sœurs, un récit qui n’a pas l’air, à première vue, de nous concerner directement : une histoire de savants à la recherche d’un prince, une étoile qui les guide, une ville qui en savait long sur un Messie qu’elle était censée attendre, un roi qui semble vrai et qui est le faux et un enfant qui, lui, est reconnu comme le vrai. Il y a aussi une capitale qui semble ne pas être au courant de ce qui se passe, et un petit village, où s’épanouit l’adoration finale. Bref, un vrai conte oriental que nous écoutons avec intérêt, mais qui, à première vue, ne semble pas nous concerner : pas plus que « Ali Baba et les 40 voleurs » ou les « Contes des mille et une nuits ».  Et voilà comment on peut passer à côté des plus grandes leçons spirituelles sans même s’en apercevoir.  Alors, chers amis, décortiquons cette belle histoire et faisons-en une leçon qui va, peut-être, modifier notre vie.

Tout d’abord, remarquons que ce récit est basé sur des contrastes, des oppositions : * il y a les mages : ce sont des savants en recherche, prêts à tout quitter pour suivre une étoile singulière ;

* il y a les savants de Jérusalem que fait venir Hérode : eux aussi, ils sont savants et disent tout de suite au roi, où le Messie doit naitre.  Les uns se mettent en route à partir d’un pays très lointain, les autres, à Jérusalem, ne se déplacent même pas jusqu’à Bethléem qui n’est qu’à quelques kilomètres de la capitale.

Et déjà, voilà une première leçon qui s’applique très bien à nous tous : il y a aussi, chez les chrétiens, ceux qui cherchent à savoir et qui sont capables de bouger, de se déplacer, de mener une enquête, de suivre une étoile aussi loin qu’elle les mène, des chrétiens en recherche qui ne se contentent pas de voir les choses de loin, fut-ce une étoile, mais qui partent, qui suivent une trace, qui se posent des questions.

Sommes-nous de ces chrétiens-là, pour qui, l’étoile de Dieu ne se contente pas d’être regardée mais va les engager dans une aventure qui va les prendre tout entiers.

Notre foi nous mobilise-t-elle ? Nous entraine-t-elle vers une aventure ? Nous engage-t-elle dans une vie autre ? Notre foi est-elle assez puissante pour nous mettre en route, nous arracher à notre fauteuil, nous faire partir en voyage ? Est-ce-que je considère ma vie chrétienne comme une expédition ? Avec des étapes, des imprévus, des enquêtes ?

Posons-nous la question : si nous n’étions pas chrétiens, est-ce-que nous mènerions la même vie que celle que nous menons maintenant ? Et puis, posons-là à l’envers : si vous étiez de vrais chrétiens, votre existence serait-elle différente de celle que vous menez aujourd’hui ?

En face de ces aventuriers : les mages, il y a d’autres savants, les Docteurs de la loi qu’Hérode fait venir pour les consulter sur l’endroit présumé de la naissance du fils de David.  Ces savants-là, sont aussi des savants.  La Bible ? Ils connaissent ! Ce sont des spécialistes ! D’ailleurs quand on leur pose la question :

« Où le Christ doit-il naître ? »

Pas une minute d’hésitation : « A Bethléem de Judée ».

Mais quelle différence avec les mages ! Eux, ils savent mais ne bougent pas. La loi, ils la connaissent, dans leurs mémoires, mais jamais dans les mains ni les jambes.  Les mages, sont partis, eux, ils restent. Les mages continuent à chercher, eux, ils savent.  Les mages se posent des questions, eux, ils répondent aux questions sans s’en poser eux-mêmes.

            Vous les connaissez aussi ces chrétiens-là : ces chrétiens, eux qui savent, eux qui ne bougent pas, pour qui la religion n’est pas une vie, une dynamique mais un état, permanent, statique, une petite synthèse idéologique dans laquelle ils sont assis comme sur un divan.

Ils ont réponse à tout, ils sont suffisants, ils sont du clan de ceux qui savent, qui ont fait définitivement des options qui ne vont nullement les mettre en cause.

La foi, ma foi, est-elle un confort qui me rassure lorsque je me pose des questions sur ma vie ou celle des autres ? Ou bien un tremplin, comme pour les mages : foi, qui va me faire aller plus loin, d’étapes en étapes pour, finalement, aller jusqu’à Bethléem trouver l’Enfant Jésus.

« Père, dira Jésus, plus tard, je te rends grâce de ce que tu as caché ton message aux sages, à ceux qui se croient intelligents et suffisants, pour la donner aux petits, aux simples, à ceux qui sont capables de se mettre en route derrière une étoile plutôt que de rester dans leur fauteuil ».  Car ce n’est pas tout de savoir, il faut se lever, il faut se mettre en route, il faut suivre l’étoile, il faut poser des questions, avoir des difficultés : parfois l’étoile disparaît.

Il y a donc ceux qui savent et ceux qui ne bougent pas, et ceux qui cherchent et qui vont se déplacer.   Dans quelle catégorie vous rangez-vous ? Où en est votre foi ? Est-elle mobile ou fixe ? Vous contentez-vous de votre petit savoir ou vous posez-vous des questions ?

Foi du charbonnier (il travaille beaucoup au noir) ou celle du pionnier qui lui, ne sait pas ce qui l’attend mais est toujours prêt à aller plus loin jusqu’à ce qu’il ait trouvé ?

Nous nous heurtons, ici, vous le sentez bien, à deux mentalités différentes :

–   la 1ière est conservatrice, possessive et théorique : je me replie sur ce que je sais, sur ce que je suis, sur ce que j’ai et j’en fais un paquet que je conserve précieusement dans un tiroir.

Rappelez-vous le 3ième serviteur dans  » la parabole des talents ». Il va enterrer son lingot d’or dans le jardin en attendant le retour du maitre : pas de danger pour lui qu’il perde son argent mais pas de danger non plus qu’il produise quoi que ce soit.

Beaucoup de croyants disent : « J’ai la foi ! » Mais de quelle foi s’agit-il ? Celle qu’ils ont cachée dans un coin ? Ou bien d’une autre qu’ils ont risquée au contact des autres avec leurs convictions et leurs positions et leurs contradictions ?  Notre foi a-t-elle déjà servi aux autres, comme de l’argent prêté, comme du feu communiqué, comme un élan communicatif, comme une épaule sur laquelle on peut appuyer ?  Et puis, dites, votre foi est-elle vraiment à vous ? En êtes-vous vraiment le propriétaire ? N’est-ce-pas plutôt ce que l’on vous prête à vous aussi pour pouvoir vivre plus, pour pouvoir vivre mieux mais qu’il faut passer à votre tour aux autres afin que, eux aussi, ils puissent en profiter ?

–     La   2ième   mentalité   est   apostolique, oblative   et   pratique ;

Apostolique : si j’aime ceux qui m’entourent, j’essaie de leur donner ce que j’estime le plus précieux, ce qui fait le trésor de ma vie et ma raison de vivre.  Votre foi, si vraiment vous en vivez, c’est ce que vous avez de plus précieux.

Que penseriez-vous d’un gagnant de loto à plusieurs millions,
qui garderait tout pour lui, sans en faire profiter sa famille ? Votre foi vaut beaucoup plus que cela. Voulez-vous la partager ?

Foi oblative : parce que toute notre vie chrétienne est basée sur le don de soi, don de Dieu qui nous donne son Fils, qui se donne au Père, Fils qui se donne en croix pour le salut du monde.

« Celui qui veut garder sa vie, il la perd ; celui qui consent à la donner, il la gagne ».

Apostoliques, oblatifs, les aventuriers de Dieu ne sont pas des théoriciens mais des praticiens : c’est dans la vie et non dans des spéculations qu’ils greffent leur foi en Dieu.

« Ce ne sont pas ceux qui diront “ Seigneur, Seigneur ” qui seront accueillis dans le Royaume de Dieu, mais ceux qui font, qui appliquent, qui mettent leur foi dans leur vie et leur vie dans leur foi ».

Alors ? De quel côté vous rangez-vous ? Du côté des savants d’Orient qui partent à la suite d’une étoile mystérieuse et qui vont poursuivre leur enquête ? Ou du côté des savants de Jérusalem qui, eux, savent beaucoup de choses, mais pour en discuter avec Hérode ?

  Il y a ceux qui cherchent et ceux qui savent déjà. Il y a les sédentaires et les nomades. Il y a les  » debout » et les  » assis « . Il y a les captatifs et les oblatifs.

Demandons au Seigneur la grâce de savoir le trouver, là où il est : à Bethléem, dans une crèche non pas à Jérusalem, l’orgueilleuse qui le mettra à mort mais à Bethléem, l’humble bourgade.

On ne trouve Jésus que dans l’humilité, la simplicité mais aussi dans le mouvement et la recherche.   AMEN