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1er Dimanche de Carême – par Francis COUSIN (St Matthieu 4, 1-11)

 « Alors le diable le quitte. »

 

Oh ! comme nous aimerions qu’il en soit de même pour nous !

Pèche, colère, emportement, rixe, mensonge, fausseté …, « en pensée, en parole, par action et par omission », oui, vraiment, nous sommes pécheurs, et plus souvent qu’on ne le voudrait.

La plupart du temps, on le regrette aussitôt, mais parfois le mal est fait, … et il est bien difficile de revenir à l’état antérieur d’unité, de respect de l’autre, d’amour, envers Dieu et envers les autres …

Mais si le diable a quitté Jésus, au bout des quarante jours que celui-ci a passé dans le désert, en communion avec son Père, avant même qu’il n’entame sa vie publique, il n’en n’a pas pour autant fini avec lui … et il n’aura de cesse d’attiser la haine dans le cœur des ’’bons juifs’’, les docteurs de la loi, les scribes, les pharisiens … pour contrer Jésus, essayer de le déstabiliser, … et enfin en les décidant à mettre Jésus à mort.

Et pendant la Passion, Il se vengea en instrumentalisant Judas : « Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui. » (Jn 13,27), le sanhédrin, des faux témoins, même Pierre qui renie Jésus … et jusqu’à Jésus dans l’esprit duquel il « met le trouble » pour l’empêcher d’aller jusqu’au bout de sa mission : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » (Mt 26,39a), ou encore : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? » (Jn 12,27a).

Mais la tentation de Jésus n’est que fugace, et il n’entre pas en elle, et vite il se reprend : « Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39b) et « Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! » (Jn 12,27b).

Cela n’a pas eu d’influence sur Jésus parce qu’à chaque fois, il s’en remet à son Père et à sa mission. Il n’empêche que Jésus a connu la tentation, comme nous, et de ce fait, il peut compatir à nos faiblesses : « En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. » (He 4,15). C’est la relation constante avec son Père, l’unité entre lui et son Père, qui permet à Jésus de déjouer les désirs du Démon ; c’est son obéissance à son Père qui lui donne raison : « De même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste. » (deuxième lecture).

Il en était de même lors de la tentation au désert.

« Si tu es le Fils de Dieu … »

La tactique préférée du Malin est de mettre le doute dans l’esprit des gens. Et il en fait de même avec Jésus. Or le Père venait juste de dire à Jésus, juste avant qu’il entre au désert, à l’issu de son baptême : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » (Mt 3,17), et tous ceux qui étaient là l’avait entendu.

Mais Jésus reprend le Malin en utilisant une phrase de la Torah, mettant par là-même toute son action dans la ligne définie par Dieu à travers la Loi.

Au début de ce carême qui nous mène vers Pâques, prenons conscience des tentations qui sont mises devant nous, et pour certaines desquelles nous ne pensons même pas que ce sont des tentations. Mais chacune peut être assimilée à l’une de celles qu’a subi Jésus :

– La tentation de notre bien-être personnel. Nécessaire, mais qui peut aussi amener à de la suffisance envers les autres, à l’égoïsme …

– La tentation de la richesse, du pouvoir … qui concerne tout le monde, et pas seulement ceux qu’on appelle les ’’grands de ce monde’’. On la trouve dans les couples, dans nos familles, dans les paroisses, dans nos quartiers, dans notre vie sociale, politique, ou économique …

– la tentation de vouloir être comme des dieux (première lecture), qui existe encore, qui est peut-être plus sournoise. Notamment avec le développement des connaissances et les avancées de la science, avec tous les problèmes liés à la dignité de l’homme : eugénisme, euthanasie, réalité augmentée, PMA, GPA … mais pas seulement … quand on demande à Dieu de faire nos volontés.

Les tentations existent pour tous. Et d’un sens, heureusement, car elles nous permettent de réfléchir sur ce que nous devons faire, d’avancer … dans un sens ou dans l’autre, en souhaitant que ce soit dans le sens de la dignité, de l’amour ’’vrai’’ des autres et non pas égoïste.

C’est ce que nous dit saint Jacques : « Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves (de tentations). Vous le savez, une telle vérification de votre foi produit l’endurance, et l’endurance doit s’accompagner d’une action parfaite, pour que vous soyez parfaits et intègres, sans que rien ne vous manque. » (Jc ,1,2-4), ou encore saint Antoine, le père des moines : « Supprimez les tentations, et personne ne sera sauvé. ». En effet, alors il n’y aurait plus de remise en causes de nos actions, d’adhésion réelle à l’enseignement du Christ, de désir de vouloir être sauvé.

Alors, quand vous ressentez une tentation devant vous, un seul remède, se mettre en face de Dieu et le prier de nous aider, « prenez l’humilité comme tenue de service. En effet, Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce. Abaissez-vous donc sous la main puissante de Dieu, pour qu’il vous élève en temps voulu. Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, puisqu’il prend soin de vous. Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer. Résistez-lui avec la force de la foi, car vous savez que tous vos frères, de par le monde, sont en butte aux mêmes souffrances. » (1P 5,5-9).

La prière est la seule solution. D’ailleurs Jésus le disait à ses apôtres : « Priez pour ne pas entrer en tentation. » (Lc 22,40.46).

Seigneur Jésus,

Tu as été tenté par le Démon,

mais tu n’as jamais succombé

parce que tu étais toujours en lien

avec ton Père qui te soutenait.

Fais qu’à chaque fois que nous sommes tentés

 nous ayons le réflexe de nous mettre

 en relation avec ton Père,

qui saura bien nous aider.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim carême A 1°




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 1-11).

Dans la vie du Fils,

le Père est à la première place …

 

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable.
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Mais Jésus répondit : « Il est écrit : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.’ »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple
et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : ‘Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.’ »
Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : ‘Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.’ »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire.
Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. »
Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : ‘C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte.’ »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

« Jésus fut conduit au désert par l’Esprit » et donc par Dieu son Père qui fait tout pour son Fils par l’Esprit. Jésus est docile, obéissant : « J’aime le Père et je fais comme le Père m’a prescrit » (Jn 14,31). Le but visé ici est de manifester la victoire de Dieu sur le mal car si « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14) par l’Esprit (Lc 1,35), c’est pour « arracher » tous les hommes « à l’empire des ténèbres et nous transférer dans son Royaume » (Col 1,13-14) de Lumière et de Paix, par le Don de ce même Esprit. Au désert, la Lumière du Christ va donc briller dans les ténèbres et celles-ci ne pourront rien contre elle (Jn 1,5). Cette victoire est appelée désormais à devenir la nôtre si nous acceptons de l’accueillir par le libre consentement de notre foi… « Il faut les laisser faire là haut » (Ste Thérèse de Lisieux)…

Jésus jeûne « quarante jours et quarante nuits »… Vrai homme, il est fragilisé, il a faim… Le démon le sait. Pour soulager sa faiblesse, et il va l’inviter à adopter l’image pervertie de Dieu qui est la sienne : un Dieu Tout Puissant qui utilise sa Force pour Lui même, pour son propre avantage… Logique de l’égoïsme… Mais telle n’est pas celle du Fils qui demeure dans l’Amour du Père (Jn 15,10) et qui, jour après jour, attend tout de sa Bonté… Aux pains destinés à entrer dans « sa » bouche, Jésus oppose « la parole qui sort de la bouche » du Père pour lui dire tout son Amour : « Tu es mon Fils bien‑aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11). Elle est son Pain de Vie, car cette Parole est un acte : le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père engendre le Fils de toute éternité en Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, lui donnant ainsi de partager sa Plénitude d’Être, de Vie, de Joie et de Paix…

            Puis le démon, en citant par ruse la Parole de Dieu, va inciter Jésus à se mettre à la première place en sommant le Père d’agir pour lui… Mais le Fils n’a pas besoin de le provoquer pour savoir qu’Il est là avec Lui (Jn 8,29), invisible mais actif, et cela toujours pour son bien… « Le Seigneur fait tout pour moi, Seigneur, éternel est ton Amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).

            Troisième tentation, celle du pouvoir. Pour le démon, la puissance sert à dominer, à écraser, à s’imposer pour se glorifier aux dépends d’autrui. Jésus le sait : il est le Messie, le Roi promis par les prophètes. Il a reçu du Père « les nations en héritage », pour les sauver (cf. Lc 3,21-22 et Ps 2,7-8 ; Jn 3,16-17 ; 4,42). En lui mentant, car c’est « Dieu » seul qui « donne au roi ses pouvoirs » (Ps 72,1 ; Jn 19,11), le démon va essayer de faire naître en lui la convoitise pour le pousser à accomplir sa vocation selon sa logique à lui… « Tout cela, je te le donnerai »… Mais non, ce n’est pas le démon qui donne quoique ce soit ; lui, il ne sait que « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). C’est le Père qui, dans son Amour, ne cesse de se donner entièrement à son Fils, de Lui donner tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi d’être « Lumière née de la Lumière », une Lumière qui est Plénitude de Vie et de Joie. « Moi, je suis sûr du Seigneur. Ton amour me fait danser de joie » Ps 31(30),7-8). C’est donc Lui que Jésus écoute, « tu es mon Fils bien-aimé », c’est vers Lui qu’il se tourne (Jn 1,18), se laissant combler par le Père (Jn 5,26) qui, de son côté, ne cherche, ne désire et ne poursuit que le meilleur pour son Fils… A nous, maintenant, de faire de même…                                DJF

 




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

 

7e dimanche ordinaire

Lévitique 19 1–2, 17–18 ; 1Corinthiens 3 16–23 ; Matthieu 5 38–48

 

Le premier texte d’aujourd’hui nous dit ceci : « Soyez saints », c’est-à-dire « restez unis au Christ » à chaque moment de notre vie. Et pour cela, Dieu nous dit : « 17 Tu n’auras pas dans ton cœur de haine pour ton frère. 18 Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. » … Pourtant, bon nombre de chrétiens, au sein même de la messe, vont communier avec le cœur rempli de haine, de rancune, de médisance. Marthe Robin nous dit : « On trouve des chrétiens qui communient tous les jours et qui sont en état de péché mortel ».  Mt 5,23-24: « Quand donc tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis, reviens, alors présente ton offrande ». De même, le Pape François écrit dans « la Joie de l’Evangile » (§98) : « A l’intérieur du peuple de DIEU et dans les diverses communautés, que de guerres! Dans le quartier, sur le lieu de travail, par envies et jalousies, et aussi entre chrétiens, que de guerres! La mondanité spirituelle (§93) « qui se cache derrière des apparences de religiosité et même d’amour de l’Église, et qui consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine et le bien être personnel », porte certains chrétiens à être en guerre contre d’autres chrétiens (parce qu’ils font) obstacles à leur recherche de pouvoir, de prestige, de plaisir …. De plus, certains vivent sous une apparence cordiale à l’Eglise, pour nourrir un esprit de controverse. Plutôt que d’appartenir à l’Eglise entière, avec sa riche variété, ils appartiennent à tel ou tel groupe qui se sent différent ou spécial ». (§99) : – « Le monde est … blessé par un individualisme diffus qui divise les êtres humains et les met l’un contre l’autre dans la poursuite de leur propre bien-être….Je désire demander, nous dit encore le Pape François, spécialement aux chrétiens de toutes les communautés du monde un témoignage de communion fraternelle qui devienne attrayant et lumineux. Que tous puissent admirer comment vous prenez soin les uns des autres, comment vous vous encourager mutuellement et comment vous accompagnez ». (§101) : « Nous avons tous des antipathies, et peut-être justement en ce moment sommes-nous fâchés contre quelqu’un. Disons au moins au Seigneur: « Seigneur, je suis fâché contre celui-ci ou celle-là. Je te prie pour lui ou pour elle ». Prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation ». Mais il y en a qui s’entête   dans leur rancune. Et voici ce que nous raconte Maria Simma.

Maria Simma, une Autrichienne morte en 2004, qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire, nous dit dans son entretien avec Sœur Emmanuel Maillard (P.20-21) : « Contre la charité (= contre l’Amour), il y a les péchés tels que nos rejets de certaines personnes que nous n’aimons pas, nos refus de faire la paix, nos refus de pardonner et toutes les rancunes que nous entretenons ». Et Sœur Emmanuel nous raconte : « une femme que Maria Simma connaissait très bien mourut. Elle se retrouva dans le Purgatoire le plus terrible, avec d’affreuses souffrances. Quand elle (son âme) est venue voir Maria, elle lui a raconté pourquoi: elle avait une amie avec laquelle il y avait une inimitié très grande, c’est-à-dire un sentiment d’antipathie, d’hostilité, de haine. Cette inimitié était due à elle-même. Elle avait entretenu cette inimitié pendant des années alors que cette personne à plusieurs reprises était venue lui demander la réconciliation et la paix. Elle avait refusé chaque fois, jusque sur son lit de mort ». Et c’est pour cette raison que cette âme se retrouve dans le Purgatoire le plus terrible qui soit. Ce fait est très significatif: la rancune entretenue mène au pire. Lorsque le 5ème commandement nous dit : « tu ne tueras pas », cela concerne tous les sentiments qui viennent en amont de l’acte de « tuer » : depuis la parole méchante, la colère, la dispute, la haine, la violence (physique ou verbale), la rancune qui peuvent mener vers l’acte de « tuer » soit physiquement soit moralement. Avoir des sentiments de ce genre ne vient pas de Dieu. Et dire qu’il y a des gens qui viennent communier dans cet état de mauvais sentiments qui n’arrêtent pas de les ronger depuis des jours et des jours sinon des mois ou des années. On ne peut pas garder rancune envers des personnes et communier ensuite comme si de rien n’était. Saint Jean Paul II écrivait dans « Ecclesia de Eucharistia – §36 » : « Avec toute la force de son éloquence, saint Jean Chrysostome exhortait les fidèles: « Moi aussi, j’élève la voix, je supplie, je prie et je vous supplie de ne pas vous approcher de cette table sainte avec une conscience souillée et corrompue. Une telle attitude en effet ne s’appellera jamais communion, même si nous recevions mille fois le corps du Seigneur, mais plutôt condamnation, tourment et accroissement des châtiments ». Si quelqu’un a de la haine pour une personne, c’est que son regard ne se porte que rarement, trop rarement, sinon jamais, sur le Christ. Mettons le Christ dans nos cœurs et cela évitera d’avoir de la rancune.

Et dans l’Evangile d’aujourd’hui, Matthieu nous rappelle qu’il a été dit « œil pour œil, dent pour dent ». Quand les gens prennent cela à la lettre, ils ont tout faux. Car cette expression va dans le sens de la paix et de l’amour et non pas de violence. Avant même que Dieu se révèle au peuple juif, les divers peuples de cette époque connaissaient des guerres de clan, un peu comme la « vendetta » connue en Corse, en Sardaigne ou en Sicile et qui consiste à dire : « Si vous tuez un membre de ma famille, je tuerai deux ou trois membres de la vôtre, et on viendra de nouveau tuer cinq ou six de ma famille, etc…ce qui multiplie rapidement le nombre de morts. En appliquant la consigne « œil pour œil, dent pour dent », le nombre de morts est limité. Après « œil pour œil et dent pour dent », Dieu leur fait savoir dans les dix commandements, qu’il ne faut pas tuer. Plus tard, Dieu leur dira qu’il ne faut pas tenir tête au méchant; puis aimer son prochain, puis encore aimer son ennemi, et enfin être même prêt à donner sa vie pour son ennemi à l’exemple du Christ lui-même mort pour ses propres bourreaux, pour ceux qui l’ont condamné à mort et pour tous les pécheurs du monde entier.

Si le Christ nous dit d’aimer nos ennemis, c’est que c’est possible. Le Christ ne nous demandera jamais de faire une chose qui soit au-dessus de nos moyens. « Aimer nos ennemis » n’est pas possible si nous comptons seulement sur nos sentiments purement humains, c’est-à-dire sans Dieu, car il est évident que si nous nous laissons prendre au jeu des sentiments, personne n’aimera ses ennemis. « Aimer ses ennemis » est surtout une question de volonté offerte par Dieu à qui le demande et qui est forcément donnée par le Christ à qui veut « aimer ses ennemis ». C’est à nous de répondre à l’amour de Dieu en disant au Seigneur « oui, je désire aimer untel que je n’aime pas ». Et il nous donnera force, courage et humilité pour le faire, et le tout en même temps que la paix et l’amour divin. Il nous faudra prier beaucoup pour que notre cœur change et soit réellement rattaché au Christ car il n’y a que Lui qui peut changer nos cœurs. Et si nous ne voulons pas changer notre cœur de haine, de rancune, c’est que nous avons fait aussi le choix de rejeter le Christ, seul capable de nous donner le salut et de continuer à nous enfoncer dans notre orgueil, premier des péchés capitaux. N’oublions pas que nous ne sommes pas grand-chose, encore bien moins qu’un petit chef voulant dominer les autres, mais seulement de la poussière, et que nous ne vivons que par le souffle de Dieu qui dépose en nous la Vie. Et ne pas suivre le Christ en refusant de mettre en pratique ses commandements, en refusant d’aimer, en refusant de pardonner, en refusant de combattre la rancune, ou la haine, c’est refuser la Vie, en tout cas la Vie que Dieu lui-même veut pour nous. Vivre avec le Christ, c’est vivre une vie nouvelle en Dieu. Mettons en pratique ce que nous dit le Lévitique, 1er texte d’aujourd’hui : « N’aie aucune pensée de haine contre ton frère, n’hésite pas à réprimander ton compatriote pour ne pas te charger d’un péché à son égard, ne te venge pas et ne sois pas rancunier : c’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Tout cela s’obtient par la prière qui nous unit au Christ. Sœur Faustine nous dit dans son Petit Journal (§665) : « …toute tendance à la perfection, et toute sainteté consistent à accomplir la volonté de Dieu. …. Recevoir la lumière de Dieu, savoir ce que Dieu veut de nous et ne pas le faire, est un grand outrage envers la Majesté Divine. L’âme qui fait cela mérite que Dieu l’abandonne complétement. Elle ressemble à Lucifer, qui avait une grande lumière mais ne faisait pas la volonté de Dieu. (§1106) Sœur Faustine nous dit encore : « Ce ne sont ni les grâces, ni les apparitions, ni les ravissements, ni aucun don accordé qui mèneront mon âme à la perfection, mais son intime union avec Dieu…. Dieu ne fait jamais violence à notre libre arbitre (Il ne nous forcera jamais à faire sa volonté). Il dépend de nous, d’accepter ou non, la grâce divine, de nous dépend de collaborer avec elle ou de la laisser se perdre. »… Is 55,7 : « Que le méchant abandonne sa voie et l’homme criminel ses pensées, qu’il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon ».

Le deuxième texte d’aujourd’hui nous dit que l’être humain est temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en lui. v.17 : « Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, – et c’est ce que fait celui qui a l’esprit de haine, de vengeance et de rancune – celui-là, Dieu le détruira. Car le temple de Dieu est sacré, et ce temple c’est vous ». Que personne ne se trompe lui-même en se croyant plus sage que les autres, car « le Seigneur connaît les pensées des sages de ce monde, il sait qu’elles sont vaines ». Personne ne doit se glorifier de ses succès dans le mal. Sg 1,12:  12 « Ne recherchez pas la mort par les égarements de votre vie et n’attirez pas sur vous la ruine par les œuvres de vos mains ». Saint-Paul dans Col 3,13 : «…supportez-vous les uns les autres et pardonnez-vous mutuellement, si l’un a contre l’autre quelque sujet de plainte; le Seigneur vous a pardonné, faites de même à votre tour ». Il faut savoir reconnaître nos propres faiblesses, nos propres fautes, nos propres péchés pour pouvoir suivre le Christ. Et le remède, c’est la prière et le sacrement de réconciliation, autrement dit la confession afin de sortir de l’être ancien ou du vieil homme que l’on a été pour s’être éloigné de Dieu et avoir de relations nouvelles envers les autres. C’est la vie nouvelle en Jésus-Christ que nous devons mener et y demeurer.

Avec Marie, notre Mère, demandons au Seigneur la grâce de l’humilité pour que jamais nous ne nous considérons comme meilleur que les autres, que nous sachions reconnaître nos faiblesses et d’avoir la force de pardonner afin de renouer avec la capacité d’aimer.




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,38-48)

 « Vous donc, vous serez parfaits

comme notre Père céleste est parfait. »

 

Tout le monde a en tête l’ancienne traduction de ce verset : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ».

La nouvelle traduction que nous entendons aujourd’hui est plus proche du texte grec d’origine : « Ainsi, vous, vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait. »

Cela change le sens du texte que nous entendons aujourd’hui. Ce n’est plus une invitation à être parfait comme le Père céleste, avec le verbe être à l’impératif, invitation que l’on sait ne pas pouvoir être suivie car nous savons tous que nous sommes pécheurs, et qu’on ne peut pas atteindre la perfection.

Il y a un changement d’objectif en utilisant le futur, comme dans le texte grec : l’objectif n’est pas d’être parfait, mais il est dans ce qui précède cette phrase, c’est-à-dire l’amour inconditionnel envers tous, y compris envers ceux pour lesquels c’est le plus difficile pour nous, ceux que nous n’aimons pas parce qu’ils nous ont fait du tort, parce qu’ils nous persécutent, parce qu’ils ont de la haine pour nous …

Et il faut non seulement les aimer, mais prier pour eux, appeler la bénédiction de Dieu sur eux, lui qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » afin que nous soyons « vraiment les fils de [n]otre Père qui est aux cieux ».

Vous allez dire : « Cela ne change pas grand-chose parce que, si on sait qu’on ne peut pas atteindre la perfection, on sait aussi qu’on ne peut pas aimer nos ennemis, prier pour eux. C’est au-dessus de nos moyens ! Nous sommes des humains ! Il faut être réaliste ! »

Sans doute, nous sommes tous des humains, et la difficulté d’aimer nos ennemis est la même pour tous (ou presque …), moi y compris.

Mais si nous sommes humains, nous sommes aussi chrétiens (ou d’abord chrétiens).

Nous avons tous été baptisés « de l’eau et de l’Esprit » (Jn 3,5), nous avons accueilli le Christ, le saint de Dieu, le Verbe qui nous « a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12).

Et cela nous engage, même s’il fait reconnaître que c’est bien difficile.

Comme cela l’a été pour Jésus lui-même, quand il est mort sur la croix pour nous : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42), et par la suite il a dit : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34).

Jésus est allé jusqu’au bout, fidèle au commandement qu’il nous avait donné : « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. » (Jn 15,12-14).

Si nous voulons être amis de Jésus, amis de Dieu, il nous faut suivre le commandement d’amour de Jésus.

Et c’est sans doute le moyen le plus efficace pour témoigner de notre foi : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Et les uns pour les autres, c’est tout le monde !

Et puis, n’oublions pas ce que nous dit saint Jean : « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1Jn 4,20-21).

Alors peut-être que nous devrions dire que nous sommes tous des menteurs, à un moment ou à un autre ! …

Heureusement que nous savons pouvoir compter que la miséricorde de Dieu, si nous nous repentons !

Seigneur Jésus,

Ce que tu nous demandes

est vraiment difficile :

aimer même nos ennemis.

Aimer les autres n’est déjà pas facile, alors là !

Sans ton aide, nous n’y arriverons jamais … 

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 7°




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,17-37)

« Je ne suis pas venu abolir,

mais accomplir ! »

 

Nous continuons la lecture du chapitre 5 de saint Matthieu, le sermon sur la montagne, qui commence par les Béatitudes, phrases chocs sur ce que doit être le comportement des disciples de Jésus.

Sans doute ces phrases avaient-elles suscités quelques remous dans la foule pour que Jésus soit obligé de dire : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. », et il va donner dans ce long passage quelques exemples de situations qui risquent de nous concerner tous plus ou moins, à certains moments de notre vie.

Qu’est-ce qui va changer entre la loi précédente, celle qui a été donnée par Dieu à Moïse au mont Sinaï, et ce que dit Jésus ? Sur le fond : rien ! En effet, comment Jésus, Fils de Dieu, pourrait-il changer ce que son Père a établi comme nécessaire depuis deux mille ans ? Impossible, Dieu ne se contredisant jamais ! Par contre, dans la forme, dans l’esprit des recommandations, c’est totalement différent.

Surtout que depuis l’annonce des ’’dix paroles’’ de Dieu, elles avaient été modifiées, triturées, étendues ou étouffées par toutes sortes de commentaires rabbiniques aboutissant à une longue liste d’obligations et d’interdits que certains, notamment les pharisiens, se contentaient de suivre, pensant en cela être dans le bon droit et être agréable à Dieu ! Mais leurs manières de faire, totalement extérieures à leur cœur, de faisaient que donner le change aux hommes, mais pas à Dieu : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mt 15,8).

« La tentation de l’interprétation guette et poursuit inlassablement l’esprit humain toujours attiré par le dicté plus que par le discernement. Il est si facile de suivre ce qui est indiqué. Nul besoin de réfléchir, de peser les choses. Le travail est déjà fait. (…) Le Christ ne mange pas de ce foin-là ! (…) Le christianisme est subtil. Il appelle l’intelligence. » (Michel-Marie Zanotti-Sorkine).

En effet pour nous, les disciples du Christ, Jésus nous demande d’avoir un autre comportement, de faire en sorte que ce que nous faisons ne soit pas pour épater la galerie, pour le paraître, mais qu’il soit guidé par ce qui est le plus important pour les humains, par le cœur éclairé par l’âme.

Et qu’il n’y ait pas de différence entre ce que nous pensons et ce que nous faisons !

Et c’est là la grosse difficulté pour la plupart des gens : qu’il y ait une correspondance totale entre nos pensées et nos actions, entre nos pensées et nos paroles … et entre nos pensées et la Parole de Jésus …

Cela ne date pas d’hier ! Saint Paul nous le confie : « Mais moi, je suis un homme charnel, vendu au péché. En effet, ma façon d’agir, je ne la comprends pas, car ce que je voudrais, cela, je ne le réalise pas ; mais ce que je déteste, c’est cela que je fais. Or, si je ne veux pas le mal que je fais, je suis d’accord avec la Loi : je reconnais qu’elle est bonne. Mais en fait, ce n’est plus moi qui agis, c’est le péché, lui qui habite en moi. » (Rm 7,14-17).

Ce que nous demande Jésus, c’est une conversion pour changer nos cœurs, pour que nos cœurs sont en accord avec la Bonne Nouvelle de Jésus, et pour que nos actions soient en accord avec notre cœur ’’nouveau’’.

Vouloir changer son cœur, c’est reconnaître qu’il est ’’malade’’, qu’il est sous l’emprise du Mauvais. Et nous avons un choix à faire entre le bien et le mal, entre « l’eau et le feu », « la vie et la mort », selon « la sagesse du Seigneur » (première lecture). Et une fois que le choix est fait, il faut y rester fidèle : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. ».

L’exigence de Jésus est importante, et elle ne peut s’accomplir qu’avec l’aide de Dieu, avec l’aide du cœur de Dieu, c’est-à-dire avec l’aide de l’Esprit Saint, le défenseur.

C’est aussi ce que nous demandons chaque jour dans le Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. ».

N’oublions pas ce que nous dit Ben Sira le Sage : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle. » (Première lecture)

Seigneur Jésus,

tu veux que notre acceptation à ta Parole

soit le résultat d’un choix de notre part

de te suivre ou non,

dans la vérité de notre cœur.

Que ton Esprit nous aide

à vivre de ton amour chaque jour.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 6°




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 5,17-87).

Aller avec Jésus

aux racines de notre cœur 

 

 

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir.
Amen, je vous le dis : Avant que le ciel et la terre disparaissent, pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi jusqu’à ce que tout se réalise.
Donc, celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux. Mais celui qui les observera et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le royaume des Cieux. »
Je vous le dis en effet : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne commettras pas de meurtre’, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi, car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également : ‘Si quelqu’un renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de répudiation’.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui renvoie sa femme, sauf en cas d’union illégitime, la pousse à l’adultère ; et si quelqu’un épouse une femme renvoyée, il est adultère. »
Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : ‘Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.’
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu,
ni par la terre, car elle est son marchepied, ni par Jérusalem, car elle est la Ville du grand Roi.
Et ne jure pas non plus sur ta tête, parce que tu ne peux pas rendre un seul de tes cheveux blanc ou noir.
Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. »

             Après avoir donné sur la montagne la Loi Nouvelle de l’Alliance Nouvelle, ces huit Béatitudes qui révèlent le chemin du Vrai Bonheur (Mt 5,1-12), Jésus revient ici sur la Loi de Moïse, fondement de l’Ancienne Alliance (Ex 20,1-17 ; Dt 5,6-21). Et il va tout de suite affirmer que l’esprit de cette Loi est toujours valable… En ce sens, il n’est pas venu « l’abolir », la supprimer. Il est venu « l’accomplir », la porter à sa perfection. Certes, les rites vont changer, et Jésus, en instituant le sacrement de l’Eucharistie, fera bien du nouveau… Mais avec lui, le rite n’a de valeur que par l’amour qu’il exprime…

            Changer le précepte ne signifie donc pas « violer le précepte », lui faire violence, nier son intention… Un précepte nouveau, même s’il prend la place d’un plus ancien, peut inviter à un réel progrès. En reprenant la direction, l’intention de l’ancien, il peut conduire à aller beaucoup plus loin. Et celui qui acceptera de se laisser ainsi guider constatera par lui-même que l’ancien est non seulement accompli mais encore largement dépassé…

            Et Jésus va prendre le temps de multiples exemples… Le premier, avec « tu ne commettras pas de meurtre », est le plus fondamental, car il touche à la vie même de l’individu et à la sauvegarde de la société tout entière… Ce sommet de violence, quand il n’est pas généré par la folie ou l’intégrisme, commence souvent par des « insultes ». Jésus s’attaque ainsi aux tous premiers germes de violence pour les condamner aussitôt et il nous invite de suite à une attitude positive : quelque soit le motif de la discorde, va vers ton frère, parle lui, cherche à te réconcilier avec lui, autant qu’il t’est possible…

            Avec « tu ne commettras pas l’adultère », il sait bien que tout commence par un « regard » et un « désir » intérieur. Le laisser grandir, le cultiver, c’est risquer un jour de passer à l’acte… Une réelle ascèse du cœur, qui passe par la garde des sens, est donc indispensable… Il s’agit de couper net, dès le début, tout ce qui peut conduire au mal…

            Jésus passe donc du regard extérieur sur tel ou tel précepte, accompli ou non, et telle est « la justice des Pharisiens », au regard intérieur… Il nous entraîne au plus profond de notre cœur, là où naissent les pensées, les impulsions, les désirs… Avec l’aide de l’Esprit, il est possible de prendre du recul par rapport à tout cela, pour discerner à sa Lumière ce qui est bon ou pas, et ensuite passer ou non à l’acte, avec le secours de sa Force… D’où l’invitation de St Paul : « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit… mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal » (1Th 5,17-22).

                                                                                                                                              DJF

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 5,13-16)

 « Vous êtes le sel de la terre !

Vous êtes la lumière du monde ! »

 

Voilà une affirmation de Jésus que sans doute beaucoup de chrétiens n’appliquent pas à eux ; « C’est réservé à quelques-uns d’entre nous, c’est pour les saints, peut-être les prêtres, mais pas pour moi, je ne suis qu’un pauvre chrétien ordinaire ! »

Pourtant, c’est une affirmation forte de Jésus qui s’adresse à tous des disciples !

Il ne dit pas : « Soyez le sel de la terre …, essayez d’être la lumière du monde … »

Pour lui, ce n’est pas une option facultative, c’est une obligation, une réalité que nous devons tous atteindre.

Et ce passage de l’évangile de ce dimanche est la suite directe de l’énoncé des Béatitudes, c’est-à-dire la feuille de route de ce que nous devons faire.

Heureusement que nous pouvons compter sur la miséricorde de Dieu, qui sait combien nous ne sommes que de pauvres pécheurs !

Être le sel de la terre !

Du temps de Jésus, le sel était un aliment précieux, pour donner un goût aux autres aliments, mais surtout pour conserver ceux-ci, principalement la viande. Il n’y avait pas de réfrigérateurs ou de congélateurs pour cela, ni non plus de plats tout prêts (dans lesquels on dit maintenant qu’il y a trop de sel !).

Le sel qu’on met dans les aliments à cette particularité de se dissoudre totalement : il imprègne ceux-ci, mais on est incapable de le retrouver ou le voir.

Être le sel de la terre, c’est avoir des paroles qui n’obligent pas, des actions qui ne se voient pas vraiment, mais qui ont une influence sur notre environnement, notre entourage. Mais une influence positive. Une influence basée et guidée par l’enseignement de Jésus, qui donne du sens à la vie de notre entourage, et qui nous demande d’être dans le vrai, dans la foi en Jésus.

Être la lumière du monde !

À l’époque de Jésus, la lumière était rare, et elle se limitait à la lueur d’un feu, à une torche, ou à des lampes à huile. Et on vivait surtout à la lumière du soleil. Maintenant, la lumière est omniprésente, et on travaille de jour comme de nuit, elle sert pour travailler, mais aussi pour les loisirs, … et aussi pour faire de la pub dans des débauches de néons et autres spots.

Ce n’est pas de cette lumière-là dont parle Jésus ! Il parle de lumière pour faire réfléchir les gens, pour éclairer les consciences, pour dire ce que nous pensons être vrai et bon pour ceux qui nous entourent, là encore en suivant l’enseignement de Jésus.

C’est une manière d’être présent auprès des gens qui est plus visible que ’’la fonction sel’’, mais qui doit quand même se faire dans la discrétion, avec tact et circonspection.

On retrouve dans ces deux affirmations les deux tendances qui animent toute action pastorale, ou toute action missionnaire. Mais toute action pastorale est missionnaire et vice-versa !

L’action de l’intérieur, discrète (le sel), qui fut très en vogue après le concile Vatican II, et l’action plus extérieure, plus visible et ouverte (la lumière), qu’on revoit depuis quelques années.

Les deux manières de faire sont bonnes. Sinon Jésus n’aurait pas donner ces deux affirmations : être sel et lumière. En fonction des circonstances, l’une est préférable à l’autre. Il faut savoir doser.

Mais il n’y a pas que notre action à nous à considérer de ces deux points de vue.

Il y a aussi l’action des autres, de ceux qui ne sont pas chrétiens, ou qui n’agissent pas en tant que tel !

Il y a saveur et saveur ! Lumière et lumière !

Combien de personnes se satisfont de la lumière qui leur est donnée par la société mercantile qui propose les objets les plus divers, à grand renfort de publicité, qui sont sensés nous combler ?

Combien de personnes se satisfont du ’’sel’’ donné par les mêmes sociétés qui apportent tous les ans un petit plus à leur produit, et qui achètent ce dernier ?

Saveurs superficielles ! Lumières artificielles !

Et il n’y a pas que les sociétés commerciales qui prônent des délices (soi-disant …) pour satisfaire tout le monde. Je ne parle pas des élections municipales …, mais du gouvernement et du parlement où on nous propose comme un bien-pour-tous des lois qui vont amener l’eugénisme et/ou l’euthanasie des plus faibles …, dans une société sans repères quant à la procréation … qui n’est même plus capable de dire ce qu’est une vraie famille !

Ne nous laissons pas berner ! Le progrès n’est pas dans les lois-là !

N’ayons pas peur d’être sel de la terre ! D’être lumière du monde !

On n’est pas obligé de faire de grands discours pour être témoin.

Et on peut être témoin sans le savoir ! Cela arrive … et c’est encore mieux ainsi, parce qu’on n’est pas tenté de se faire valoir …

C’est seulement Dieu qui parle ou agit à travers nous … et c’est cela l’essentiel !

Seigneur Jésus,

être le sel de la terre, …

être la lumière du monde …

Mais c’est toi qui as dit :

« Je suis la lumière du monde »,

et tu voudrais qu’on soit comme toi ?

C’est un sacré challenge !

Mais tous ensemble,

et surtout avec toi,

on devrait y arriver …

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 5°




Présentation de Jésus au Temple – par Francis COUSIN (St Luc 2, 22-40)

« Ouvre nos yeux, Seigneur ! »

 

Faisons un retour en arrière d’environ 2000 ans, et mettons-nous dans le Temple de Jérusalem … pour voir ce qui s’y passe.

À l’époque, les villes ne sont pas trop peuplées. On parle de 50 000 habitants à Jérusalem. Nous sommes à un jour tout à fait ordinaire, pas de fête particulière ou d’évènements quelconque.

Arrive un jeune couple avec un enfant, pour faire la présentation de celui-ci à Dieu, comme le veut la loi de Moïse : « Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : ’’Consacre-moi tous les premiers-nés parmi les fils d’Israël, car les premiers-nés des hommes et les premiers-nés du bétail m’appartiennent.’’ » (Ex 13,2). Marie et Joseph viennent à la rencontre de leur Dieu pour présenter leur fils nouveau-né Jésus, et pour la purification de la mère. Ils n’étaient sans doute pas les seuls …

Ils viennent incognito, pour une célébration officielle, mais intime : pas de grand-prêtre, de lévite, de scribe pour les accueillir … Et pourtant, c’est le Fils de Dieu qui vient dans la maison de son Père … Ils connaissaient la prophétie de Malachie (première lecture) … Ils étaient censés être proche de Dieu … Ils étaient sur place …

Ils ne l’ont pas vu !

Et nous, l’aurions-nous vu ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

Pourtant un homme l’a reconnu ! Syméon. Il ne faisait pas parti du ’’staff’’ du temple, mais « c’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. ». Il vint au temple, « sous l’action de l’Esprit », pour rencontrer « le Christ, le Messie du Seigneur ».

Mais on ne lui en avait pas dit plus. Pouvoir rencontrer le Messie, c’était ce qui le faisait encore vivre … Mais voir le Messie en un petit enfant de quarante jours … Qui l’eut cru ? On aurait plutôt pensé à quelqu’un dans la force de l’âge, sérieux, présentant bien …

Mais lui n’a pas hésité ! Il avait l’Esprit en lui, il était proche de Dieu, il ne vivait que pour cela ! « Syméon reçu l’enfant dans ses bras ».

Et nous, l’aurions-nous reconnu ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

 Une femme aussi l’a reconnu ! Anne, fille de Phanuel. Elle aussi était âgée : 84 ans. 84 = 7 x 12 ; 7, perfection dans le domaine spirituel ; 12, perfection dans le domaine temporel. Elle avait tout pour elle ! D’ailleurs, elle servait « Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. ». Sa préparation spirituelle lui avait ouvert le cœur, et elle pouvait voir ce que nous ne pouvons pas voir, avec le cœur de Dieu : « Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ».

Et nous, aurions-nous proclamer les louanges d’un petit enfant ?

Ouvre nos yeux, Seigneur ! 

Cet évangile est une histoire de rencontres : rencontre entre Marie et Joseph avec Dieu, rencontre entre son Père et Jésus, rencontre entre Syméon et Jésus, rencontre entre Anne et Jésus …

Mais c’est aussi de non-rencontres : non-rencontre entre les grands-prêtres et Jésus, non-rencontre entre les lévites et Jésus, non-rencontre entre les scribes et Jésus, non-rencontre entre la foule et Jésus.

Pourquoi y a-t-il parfois rencontre, et parfois pas …

Tout est une question de cœur. Cœur ouvert ou fermé, cœur plein d’amour ou non, cœur disponible à l’amour de Dieu ou non, cœur répondant à l’amour de Dieu ou non …

Et nous avons tous à nous poser la question : Quel est l’état de mon cœur ?

Oh, bien sûr, on sait très bien qu’il n’est jamais parfait ! Nous sommes tous des pécheurs, et nous avons tous à nous convertir pour devenir plus proches de Dieu … et des hommes …

Mais aujourd’hui, dans notre église (revenons sur terre, malheureusement, on n’est pas à Jérusalem), est-ce que je rencontre vraiment Dieu dans sa Parole, est-ce que je l’entends, est-ce qu’elle me bouscule ?

Quand je vais communier tout à l’heure, est-ce que je suis conscient que c’est Jésus, « le pain vivant qui est descendu du ciel » (Jn 6,41) qui vient en moi, qui vient à ma rencontre ? … que « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,56) ? La rencontre parfaite !

Qu’à la fin de la messe, quand le prêtre dit : « Allez dans la paix du Christ », c’est que le Christ est en moi, « lumière qui se révèle aux nations », et que je dois être porteur de cette lumière !

Ouvre nos yeux, Seigneur ! … les yeux de nos cœurs !

Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour,

Je suis l’aveugle sur le chemin,

Guéris-moi, je veux te voir !   …  et en chacun de tous mes frères humains …

Francis Cousin

  

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Image dim Présentation au Temple A




Présentation du Seigneur au Temple – Homélie du Père Louis DATTIN

Mes yeux ont vu ton salut

Lc 2, 22-40

Il y a souvent, dans l’Evangile, des récits qui se complètent les uns les autres.

–   Ainsi, rappelez-vous, après le récit de l’Annonciation à la Vierge Marie, il y eut celui de la Visitation. De même, ici, après le récit de la naissance de Jésus, il y a le récit de la Présentation au temple : récit qui clôture aujourd’hui le temps de Noël.

–   Nous sommes à 40 jours de Noël et à quelques jours de l’entrée en Carême : le mercredi des Cendres qui, lui-même, est à 40 jours de Pâques. Tout cela veut nous montrer, bien que la vie du Christ est cohérente, qu’elle s’unifie dans un seul but : celui du salut des hommes par la Passion et la Résurrection dont Noël était déjà l’annonce.

Aujourd’hui, nous sommes au temple : ce temple qui était le « signe de la présence de Dieu » parmi les hommes ; désormais, ce temple, il est inutile, déclassé, il a perdu son rôle. Il est à classer « monument historique », car désormais, le vrai temple, c’est Jésus. C’est lui : la présence de Dieu parmi les hommes :

« Détruisez ce temple, dit Jésus, en parlant de lui-même, et je le rebâtirai en trois jours ».

Temple définitivement consacré par la Passion-Résurrection : Jésus, tête de l’Eglise ; c’était-là, dans le temple, qu’avait commencé l’Evangile avec l’annonce à Zacharie, le père de Jean-Baptiste et c’est là aussi qu’il s’achève lorsque la prière des disciples célèbre la Résurrection de leur Seigneur : lui, le nouveau temple de Dieu.

Luc est tout d’abord soucieux de souligner l’obéissance parfaite de Joseph et de Marie à la loi juive.

.  « Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification »

« Selon ce qui est prescrit dans la loi »

.  « Le sacrifice prescrit par la loi de Moïse »

.  « Pour accomplir les rites de la loi qui le concernaient »

. « Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur ».

Jésus, fils de Dieu, n’est pas au-dessus des lois. Elles ne sont pas faites pour lui mais il est devenu homme et il se met totalement dans la condition de l’homme juif soumis à la loi : lui, le seul qui n’avait pas besoin d’être baptisé, s’avance vers Jean-Baptiste pour y recevoir l’eau versée sur sa tête et la Trinité Sainte en profite pour manifester sa divinité.

Il n’est pas pécheur mais il prend nos péchés.  De même, en cette fête de la Présentation : s’il y en avait un qui n’avait pas besoin d’être présenté au Père, c’était bien lui, le Fils ! Et s’il y en avait une qui n’avait pas besoin d’être purifiée, c’était bien elle, la Vierge Marie, Immaculée Conception.

Cependant, l’obéissance à la loi, même pour eux, est prioritaire :

« Nul n’est exempté de la loi », nous rappelle le code civil. Il semble bien que dans la Bible, Dieu pense également la même chose.

A peine né, Jésus est conduit au temple, et c’est le temple, plus tard, qui le conduira à la mort. Jésus se soumet au sacrifice imposé par la croix.

Pour lui, enfant de pauvres, ce sera le prix de deux tourterelles : le sacrifice offert par les nécessiteux, le prix des pauvres. Désormais, Jésus fait partie du peuple des rachetés, lui le rédempteur. Au prix de deux tourterelles, Jésus entre dans l’histoire, l’histoire d’un peuple ayant été ainsi racheté. Jésus pourra donc être revendu, 33 ans plus tard, pour trente pièces d’argent et c’est ce même temple qui sera l’acheteur et le bénéficiaire. Pour l’instant, c’est un vieillard qui accueille Jésus à la porte du temple, un vieillard en état d’attente ; à tel point que nos frères orientaux appellent cette fête de la Chandeleur : la fête de la « rencontre », rencontre du Vieux Testament, du peuple élu, avec le Nouveau Testament, le Fils élu.  Dans cette rencontre du vieil homme et de l’enfant se joue tout le projet de l’amour de Dieu : rencontre du désir et de la réalisation, celle de l’attente avec l’arrivée.

« Il attendait la consolation d’Israël » : et l’Esprit (c’est l’Esprit Saint qui est l’organisateur de cette rencontre) lui avait révélé qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie.

 « Poussé par l’Esprit, Siméon vint au temple … ». Depuis le temps qu’il attendait ! Depuis le temps qu’il criait son attente ! Dieu l’a entendu ! Ce Siméon est un guetteur de Dieu.  Il est toute l’attente du monde et il n’a pas attendu Dieu en dormant, mais debout, sentinelle de garde, à la porte du temple : un homme du seuil, un homme du guet.

Sur combien de visages a-t-il dû se pencher, en se demandant si par hasard ce ne serait pas lui ? Maintenant, il peut mourir, car « ses yeux ont vu le salut », dit-il, pas seulement « pour le peuple hébreu » : « le salut que tu as préparé à la face des peuples, lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple ».

Les paroles du vieillard « plongent dans l’étonnement le père et la mère de l’enfant » : une étape de plus pour réaliser peu à peu qui est cet enfant qui leur a été confié ; étape dans le pèlerinage de leur foi.  D’ailleurs, Siméon s’adresse maintenant à Marie pour lui dire combien cet enfant sera un signe de contradiction : facteur de division, écartèlement qui s’opérera à propos de lui.

Les uns opteront pour lui, ce sera leur « relèvement » ; les autres opteront contre lui et ce sera leur chute. Jésus ne s’impose pas : il doit être librement accepté par la foi, salut non imposé mais proposé.

Tous, nous avons à prendre parti pour ou contre et lorsque nous-mêmes, nous parlons de Jésus aux autres, nous n’avons pas à faire comme les témoins de certaines sectes, de terrorisme spirituel, en voulant imposer de force, nos convictions.

Nous avons à proposer Jésus : signe offert à la foi et à la liberté des hommes. Nous le savons, en Israël, beaucoup refuseront ; d’autres accepteront de le suivre et à ceux-là, le Seigneur ne va pas leur annoncer la réussite et le bonheur immédiats, au contraire. Ecoutez ce que Siméon dit à Marie :

« Et toi-même, ton cœur sera transpercé par une épée ».

Ceux qui vont le suivre doivent passer par la Croix. Il n’y a rien de moins démagogique que la religion chrétienne qui annonce à ceux qui vont y entrer, qu’ils devront en baver en suivant Jésus jusqu’à la mort.

Nous sommes loin des promesses électorales et de leurs miroirs aux alouettes, mais la Passion n’est que l’entrée et l’aurore de la Résurrection.

Elle arrive aussi cette joie en la personne d’Anne. Cette pieuse veuve, fort avancée en âge et qui conclut sur une perspective radieuse : « Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël ».

A la suite de cet évènement, notre regard se tourne vers l’avenir : dans quatre semaines, nous entrons en Carême et comme Siméon, nous avons le regard de Marie dans notre cœur ; elle le tourne vers la Croix. Ce regard contient toutes les souffrances des femmes, des enfants, des hommes du monde entier car Jésus, devenu notre frère, vit les mêmes souffrances pour pouvoir nous en sauver.

Mais au-delà de ce salut, il y a la lumière : Anne et Siméon ont tous les deux des yeux usés, qui pourtant voient plus loin que les nôtres.

–   Comment ont-ils pu reconnaître en ce petit enfant pauvre d’un couple anonyme, la « gloire de Dieu » ? Pour détecter ce qui se cachait dans ce petit paquet de chair humaine, il ne fallait rien moins qu’une révélation de l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu lui-même.

Par trois fois, Luc répète que ce n’était pas seulement des yeux humains qui voyaient mais une  » lumière » plus haute : celle de l’Esprit Saint.

.  La foi seule, pour nous aussi, peut permettre, si nous l’acceptons librement, de voir au-delà des apparences « comme si nous voyions l’invisible »

.  Dans la foi, ces deux vieillards, aux yeux lumineux ont vu plus loin

.  Par la foi, nos yeux nous permettront de voir plus loin, dans notre vie quotidienne, dite « ordinaire » et qui nous permet de voir l’extraordinaire de Dieu.

C’est bien ce qui va arriver maintenant à Marie et à Joseph : que font-ils après toutes ces révélations qui les étonnent ?

« Lorsqu’ils eurent accompli ce que prescrivait la loi, ils retournèrent en Galilée, dans leur village de Nazareth ».

« L’enfant grandissait et se fortifiait » : c’est le retour au quotidien, à l’ordinaire de nos vies. Tout apparait si normal, que les habitants de Nazareth seront choqués lorsqu’ils entendront Jésus parler dans leur synagogue :

« L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse et la grâce de Dieu était sur lui ».

C’est cette grâce de Dieu, vue par Siméon, devinée par Anne, ignorée des habitants de son village qui, pendant 30 ans, va se condenser, puis éclater dans sa Passion et sa Résurrection. C’est elle qui va changer le sort du monde et lui promettre le bonheur total. AMEN




Présentation du Seigneur au Temple – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 22-40)

Obéir au Dieu Sauveur …

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,
demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Marie, Joseph et l’enfant Jésus montent au Temple pour accomplir ce qui était « prescrit par la Loi du Seigneur ». Or la Loi était à l’époque l’expression de la volonté de Dieu. Obéir à la Loi, choisir de la mettre en pratique, c’était garder la  Parole de Dieu, et en définitive l’aimer…

            « Voici la servante du Seigneur » avait déjà dit Marie à l’Ange Gabriel. Tout en elle était « oui » à Dieu… La Loi disait : « Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours… et pendant trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce que soit achevé le temps de sa purification ». Et « quand sera achevée la période de sa purification » (« Lorsque furent accomplis les jours pour leur purification », écrit St Luc), « elle apportera au prêtre, à l’entrée du Temple un agneau d’un an et un pigeon ou une tourterelle… Si elle est incapable de trouver la somme nécessaire pour une tête de petit bétail, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons… Le prêtre fera sur elle le rite d’expiation et elle sera purifiée » (Lv 12,2-4.6-8).

            Voilà le rituel qui la concernait et auquel elle obéit parfaitement. Toutes ces prescriptions sont maintenant révolues, mais l’important n’est pas tel ou tel geste en lui même, mais l’amour avec lequel on l’accomplit…

            Et son obéissance va lui permettre de vivre ce qu’elle n’avait pas prévu : la rencontre avec Syméon. Lui aussi a obéi de tout cœur à l’Esprit qui l’a poussé au Temple, sans rien lui dire en cet instant du pourquoi de cette démarche… Et la prophétie qu’il avait reçue autrefois, « tu ne verras pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur », s’accomplit. « Le Christ », c’est, en grec, « celui qui a reçu l’onction ». Plus tard, grâce à l’épisode du baptême, beaucoup pourront prendre conscience que l’onction de l’Esprit Saint repose en plénitude sur Jésus (Lc 3,21-22). Ce même Esprit « reposait » sur Syméon, nous dit St Luc. « Dieu est Esprit, Dieu Est Lumière ». « Par ta Lumière, nous verrons la Lumière » (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Ps 36,10). Grâce à la Lumière de l’Esprit qui illumine son cœur, Syméon peut « voir » le Christ Lumière du monde (Jn 8,12 ; 12,46), alors que cette Lumière, spirituelle, est, par nature, invisible à nos seuls yeux de chair… « Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : Lumière pour éclairer les nations païennes, et Gloire d’Israël ton peuple. »                                                                           DJF