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Présentation du Seigneur au Temple – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 22-40)

Obéir au Dieu Sauveur …

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,
selon ce qui est écrit dans la Loi : ‘Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur.’
Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : ‘un couple de tourterelles ou deux petites colombes.’
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui.
Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.
Car mes yeux ont vu le salut
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction
– et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,
demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

Marie, Joseph et l’enfant Jésus montent au Temple pour accomplir ce qui était « prescrit par la Loi du Seigneur ». Or la Loi était à l’époque l’expression de la volonté de Dieu. Obéir à la Loi, choisir de la mettre en pratique, c’était garder la  Parole de Dieu, et en définitive l’aimer…

            « Voici la servante du Seigneur » avait déjà dit Marie à l’Ange Gabriel. Tout en elle était « oui » à Dieu… La Loi disait : « Si une femme est enceinte et enfante un garçon, elle sera impure pendant sept jours… et pendant trente-trois jours encore elle restera à purifier son sang. Elle ne touchera à rien de consacré et n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce que soit achevé le temps de sa purification ». Et « quand sera achevée la période de sa purification » (« Lorsque furent accomplis les jours pour leur purification », écrit St Luc), « elle apportera au prêtre, à l’entrée du Temple un agneau d’un an et un pigeon ou une tourterelle… Si elle est incapable de trouver la somme nécessaire pour une tête de petit bétail, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeons… Le prêtre fera sur elle le rite d’expiation et elle sera purifiée » (Lv 12,2-4.6-8).

            Voilà le rituel qui la concernait et auquel elle obéit parfaitement. Toutes ces prescriptions sont maintenant révolues, mais l’important n’est pas tel ou tel geste en lui même, mais l’amour avec lequel on l’accomplit…

            Et son obéissance va lui permettre de vivre ce qu’elle n’avait pas prévu : la rencontre avec Syméon. Lui aussi a obéi de tout cœur à l’Esprit qui l’a poussé au Temple, sans rien lui dire en cet instant du pourquoi de cette démarche… Et la prophétie qu’il avait reçue autrefois, « tu ne verras pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur », s’accomplit. « Le Christ », c’est, en grec, « celui qui a reçu l’onction ». Plus tard, grâce à l’épisode du baptême, beaucoup pourront prendre conscience que l’onction de l’Esprit Saint repose en plénitude sur Jésus (Lc 3,21-22). Ce même Esprit « reposait » sur Syméon, nous dit St Luc. « Dieu est Esprit, Dieu Est Lumière ». « Par ta Lumière, nous verrons la Lumière » (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5 ; Ps 36,10). Grâce à la Lumière de l’Esprit qui illumine son cœur, Syméon peut « voir » le Christ Lumière du monde (Jn 8,12 ; 12,46), alors que cette Lumière, spirituelle, est, par nature, invisible à nos seuls yeux de chair… « Mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples : Lumière pour éclairer les nations païennes, et Gloire d’Israël ton peuple. »                                                                           DJF

 




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Matthieu 4, 12-23)

« Galilée des nations ! »

 

Voilà bien un terme péjoratif dans la bouche des Judéens, ceux qui habitent dans le sud de la Palestine, pour désigner cette partie de la Palestine, au nord de la Samarie, pays où se croisent différents mouvements entre des peuples divers ; mouvements commerciaux, intellectuels, religieux …

Et pourtant c’est dans cette région-là que Jésus va commencer son enseignement, loin de l’orthodoxie religieuse de Jérusalem.

On pourrait dire que c’est logique, puisqu’il a vécu une grande partie de sa vie à Nazareth, en Galilée.

Mais il en était parti pour aller à la rencontre de Jean-Baptiste, au bord du Jourdain, peu avant l’entrée de celui-ci dans la mer Morte, à la limite de la Judée … pour ensuite être poussé par l’Esprit au désert.

Le premier paragraphe de l’évangile d’aujourd’hui nous donne une raison de son retour : l’arrestation de Jean-Baptiste. La Judée n’est pas une région sure pour accueillir l’annonce du Messie … encore moins pour l’accueillir lui-même !

Il retourne donc en Galilée, mais sur les bords du lac de Tibériade, à Capharnaüm, au plus près des nations, dans une région méprisée par les gens du Temple.

Ainsi, dès le départ, Jésus montre son attachement aux plus petits, aux humbles, aux mal considérés : « Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. » (Lc 5,32). Il s’intéresse à « ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort », de manière qu’avec lui, « une lumière soit levée ».

Là, il enseigne dans les synagogues : « Convertissez-vous ! », reprenant à son compte la parole de Jean-Baptiste.

Mais la démarche de Jésus n’est pas solitaire. Dès le début, il a voulu associer à sa mission des hommes. Non pas des intellectuels, des rabbins, mais là encore des gens peu considérés, des pécheurs, ne sachant ni lire ni écrire, des gens du peuple, … et qui plus est, travaillaient sur la mer, le siège des mauvais esprits.

Pourquoi ces pécheurs l’ont-ils suivi ?

Le regard franc, pénétrant, … la force émanant de se personne … pour certains une parole forte, mais énigmatique : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » …

Est-ce suffisant ? Peut-être.

Une attirance envers Jésus qui existe, certes, mais qui ne s’explique pas. Une attirance brutale qu’on appelle communément un « coup de foudre ».

L’inconvénient d’un coup de foudre, c’est qu’il ne dure qu’un instant, et qu’il faut de temps en temps le revigorer.

Et si on suit la vie des quatre apôtres appelés ce jour-là (et aussi pour les autres), on voit qu’il y a dans leurs relations avec Jésus des hauts et des bas : Pierre qui se fait remettre en place : « Passe derrière moi, Satan ! … Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16,23) ou son reniement ; les fils de Zébédée qui se voient déjà premier et deuxième ministres (cf Mt 20,20), … et toutes les fois où Jésus leur dit qu’ils sont lents à croire, « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? » (Mc 7,18).

Il leur faudra la résurrection de Jésus, et surtout le formidable coup de tonnerre de la Pentecôte pour qu’ils n’aient pas peur d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus au monde.

L’action de l’Esprit Saint est un moteur qui met en route.

D’ailleurs, on peut se demander si l’Esprit Saint n’est pas pour quelque chose dans la réponse immédiate des quatre premiers apôtres appelés au bord du lac. On a vu l’action de l’Esprit qui fait venir le vieillard Siméon et la prophétesse Anne au temple, le jour même où Marie et Joseph présentent Jésus à Dieu. Ou encore la voix qui indique à Jean-Baptiste comment reconnaître le Messie parmi ceux qui viennent lui demander le baptême.

L’Esprit aurait pu préparer le cœur des apôtres à accueillir et à accepter la demande de Jésus.

Alors, pour nous, que retenir ?

L’action de l’Esprit sur les apôtres sans qu’ils ne le connaissent, et à leur insu.

Cela veut dire deux choses :

– L’Esprit « souffle où il veut » (Jn 3,8) sur tous les hommes, les bons comme les méchants, sans que ceux-ci s’en rendent compte. Ainsi, un ’’méchant’’ peut avoir une réaction (ou une action) qui soit dans le sens de l’évangile : l’amour des autres, sinon de Dieu. L’Esprit n’est pas réservé aux chrétiens !

– Nous devons, en tant que chrétiens, être attentifs à l’action de l’Esprit en nous, et nous comporter comme il nous le demande, et pour cela, peut-être ne pas tout quitter, mais tout au moins quitter quelque chose qui nous tient à cœur, pour suivre Jésus où il veut nous conduire.

 Seigneur Jésus,

on est toujours étonné de voir les apôtres

tout quitter pour te suivre,

toi qu’ils ne connaissent pas.

Nous, nous te connaissons,

et pourtant il nous est difficile

de partir à ta suite sans réserve ;

nous sommes trop pris par les biens matériels.

Aide-nous à reconnaître l’essentiel.

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 3°




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN

2e dimanche ordinaire – Commentaire du Samedi 18/1/2020 et Dimanche 19/1/2020

Isaïe 49 3, 5–6 ; 1Corinthiens 1 1–3 ; Jean 1 29–34

Dans ce passage de saint Jean, il est cité deux animaux : l’Agneau de Dieu pour désigner Jésus-Christ et la colombe pour désigner l’Esprit Saint, deux animaux, deux symboles de paix. Dieu désire donc la paix pour notre monde. Et Padre Pio nous dit que « la Paix est signe certain de la présence de Dieu ». Ce qui nous empêche d’avoir cette paix de Dieu, c’est le péché du monde. Et voilà que Jean Baptiste nous dit à propos de Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Il n’y a pas deux Agneaux de Dieu qui puissent enlever le péché du monde. Il est Unique. Il est le seul qui soit capable d’enlever le péché du monde, et donc de nous sanctifier. Si le Christ est le seul capable de nous conduire au Royaume de Dieu, il nous faut donc suivre que le Christ et aucun autre soi-disant « dieu » qui n’existe pas. Et celui qui suit le Christ, le chrétien, il s’associe au sacrifice du Christ qui a lieu au moment de la messe, et non pas au sacrifice d’animaux qu’on peut faire ailleurs.

Dans l’Ancien Testament, pour atténuer la colère de Dieu, le peuple continuait à sacrifier des animaux, et particulièrement des agneaux. Souvent, c’était des sacrifices faits aux idoles, comme le cas du veau d’or. Et Dieu leur dit :

  • 2R17,35-36: « 35 Vous ne révérerez pas les dieux étrangers, vous ne vous prosternerez pas devant eux, vous ne leur rendrez pas de culte et vous ne leur offrirez pas de sacrifices. 36 C’est seulement à Yahvé, qui vous a fait monter du pays d’Égypte … qu’iront votre révérence, votre adoration et vos sacrifices ».

  • (Am 5,21-22) : « 21 Je hais, je méprise vos fêtes et je ne puis sentir vos réunions solennelles. 22 Quand vous m’offrez des holocaustes (sacrifices)… vos oblations (offrandes), je ne les agrée pas (= cela ne me plait pas), le sacrifice de vos bêtes grasses, je ne le regarde pas » ;

  • Is 1, 11-20 : 11 Que m’importent vos innombrables sacrifices, dit Yahvé. Je suis rassasié des holocaustes (sacrifices) de béliers et de la graisse des veaux; du sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je ne prends pas plaisir. …13 N’apportez plus d’oblation (d’offrande) vaine : c’est pour moi une fumée insupportable!  Néoménie (= fêtes), sabbat, assemblée, je ne supporte pas fausseté et solennité. 14 Vos néoménies (fêtes), vos réunions, mon âme les hait; elles me sont un fardeau que je suis las de porter. 15 Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux; vous avez beau multiplier les prières, moi je n’écoute pas… ».

  • He 10,1.4: « 1..la Loi est absolument impuissante, avec ces sacrifices, toujours les mêmes, que l’on offre perpétuellement d’année en année, à rendre parfaits ceux qui s’approchent de Dieu. …4 En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés ». On a donc beau sacrifier des milliers d’animaux, cela ne sert absolument pas à enlever le péché du monde, ni à être saints, ni à être en accord avec Dieu.

Tout cela pour dire qu’il n’y a qu’un seul Dieu. Ex 20,2-3 : « 2 Je suis le Seigneur, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude. 3 Tu n’auras pas d’autres dieux que moi »; et Mt 4,10 nous le rappelle:  » C’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un culte« . Il n’est pas possible d’avoir deux dieux, et donc deux religions à la fois.

« Le péché du monde » désigne ce qu’il y a de commun à tous les péchés : la désobéissance à Dieu, car tout péché est une désobéissance à Dieu. C’est le refus de faire la volonté de Dieu, c’est le refus même de Dieu. « C’est refuser de reconnaître le Christ pour l’Envoyé de Dieu, Lui qui est venu nous révéler la « vérité » (Note de la BJ). Et ce péché du monde met le chaos dans le monde : guerres, crimes, violence, maltraitance des êtres humains, des animaux, de l’environnement, guerre entre races, entre riches et pauvres, et bien d’autres, mais aussi le désordre dans les familles, le désordre à l’intérieur de chaque être humain. C’est pourquoi, Dieu a choisi un peuple pour se révéler comme étant l’unique Dieu. Et comme ce peuple a eu du mal à suivre les prophètes qui sans cesse leur rappelaient qu’il fallait n’adorer que le Dieu unique, et pas les idoles, Dieu a fini par envoyer son propre Fils, Jésus-Christ et c’est de Lui que Jean nous dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Saint Paul nous dit en He 10,10 : « …nous sommes sanctifiés par l’oblation du corps de Jésus Christ, une fois pour toutes ». Oblation du corps du Christ signifie l’offrande du corps du Christ en sacrifice : Il est mort pour nous sur la Croix. Cela signifie que normalement, puisque nous sommes pécheurs tous les jours, c’est nous qui devrions subir les conséquences de nos péchés : nous péchons, nous devons payer, parce que « nous avons péché ». C’est une logique toute humaine. Eh bien, comme Dieu est Amour et Miséricordieux, Il ne peut pas nous laisser subir les conséquences de nos propres fautes. Dieu le Père envoie donc son Fils sur terre pour nous sauver. Et comme le Fils est lui aussi Amour, c’est Lui qui s’offre à notre place pour subir les conséquences de nos péchés, alors que Lui-même n’a fait aucune faute. Il va donc souffrir dans sa Passion et sur la Croix, à notre place. Son sacrifice, son unique sacrifice, est pleinement efficace puisqu’une fois ressuscité, le Christ se trouve à la droite du Père : il se retrouve dans la Gloire du Père. A cause de son sacrifice, tous les hommes sont sauvés. Ne seront pas sauvés ceux qui refusent obstinément de suivre le Christ et qui le rejettent. C’est donc la foi en Jésus seul qui sauve et non la foi en d’autres dieux inexistant.

    Jean Baptiste baptisait dans l’eau. Note Osty (Jn 1,26) : « Par ce rite symbolisant le repentir (et la BJ parle d’un « baptême de repentir »), le rôle de Jean est de témoigner de la présence effective du Messie ». Et comment Jean est-il témoin de la présence du Messie ? Par la vision qu’il a eue : « J’ai vu l’Esprit descendre, tel une colombe venant du ciel, et demeurer sur lui. 33 Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit :  Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint.  34 Et moi, j’ai vu et je témoigne que celui-ci est l’Élu de Dieu ». – Le baptême d’eau est un baptême déjà limité en lui-même. L’eau de pluie par exemple mouille tout ce qui est extérieur : des collines et montagnes, l’eau descend jusqu’à la mer, mais n’atteint pas ceux qui sont à l’intérieur des maisons. Par contre dans le baptême dans l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu touche tout le monde, il est comme un souffle léger qui pénètre dans les moindres recoins. Et l’Esprit de Dieu souffle sur tout le monde sans exception : sur les Catholiques, les Chrétiens mais aussi sur les non-chrétiens, et même sur ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est pour cela que nous ne pouvons pas dire que les non-chrétiens ne seront pas sauvés. Tout le monde peut être sauvé. Car s’il n’y a qu’un seul baptême, il y a trois types de ce même baptême : le baptême d’eau et d’Esprit, le baptême de martyr et le baptême de désir.

Le baptême d’eau et d’Esprit, c’est le baptême que nous avons une fois par mois dans l’église, avec parents, parrains et marraines et les familles. – Le baptême de martyr est l’exemple du Christ mort pour nous. De même, lorsqu’une personne, même s’il n’aime pas Dieu, donne sa vie pour sauver quelqu’un qu’il ne connaît même pas, et qu’il meurt en essayant sauvé l’autre, il est baptisé, c’est le baptême de martyr. Le baptême de désir ! Cette expression se retrouve par exemple dans le « manuscrit du Purgatoire » écrit par le Sanctuaire de Montligeon – P. 63 : « L’Anglaise qui s’est noyée au Mont Saint-Michel est allée au Ciel directement. Elle a eu la contrition voulue au moment de la mort et en même temps le baptême de désir. Tout est arrivé par l’intervention de Saint-Michel. Heureux naufrage ». Deux textes du Vatican II en parle mais sans que soit noté l’expression « baptême de désir » :

1 – LG (Lumen Gentium) 16 : « En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, eux aussi peuvent arriver au salut éternel [33]. À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut ». Autrement dit, si au fin fond d’une grande forêt, une tribu vit encore de manière primitive alors que les personnes de cette tribu ne connaissent ni Bible, ni Christ, ni Eglise, et qu’elles vivent dans l’amour des uns envers les autres, dans la fraternité, la solidarité, tout en cherchant la lumière, la vérité, la sagesse, la paix, ces personnes peuvent être sauvées, car Lumière, Vérité, Sagesse, Paix, c’est le Christ. Elles vivent donc comme un chrétien devrait vivre. « En effet, nous dit encore LG 16, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique [34] et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie ».

GS (Gaudium et Spes) 22,5 : « Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce [38]. En effet, puisque le Christ est mort pour tous [39] et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine (= notre fin dernière est de vivre éternellement avec Dieu), nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu (seul) connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal », c’est-à-dire d’être sauvé par les mérites de Jésus-Christ, mort pour tous, sans exception. Et dans tous les cas, il faudra passer par le Christ. Et uniquement Lui. Rappelons simplement que c’est au moment des messes, que nous récoltons les conséquences du sacrifice du Christ mort et ressuscité. C’est à la messe que nous recevons les grâces, les bénédictions, les bienfaits que Dieu le Père accorde à son Fils pour qu’il nous les redistribue par les mains de Marie, dispensatrice des grâces divines, et qui sont les conséquences du sacrifice du Christ. Merci Marie de nous distribuer les grâces divines.




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Jean 1, 29-34)

 « Et moi, je ne le connaissais pas. »

 

Phrase plutôt surprenante de la part de Jean-Baptiste. En effet, l’évangile selon saint Luc nous a bien montré les liens de parenté existant entre Marie et Élisabeth, et donc entre Jean-Baptiste et Jésus qui étaient cousins issu-germains, et la réaction de Jean-Baptiste lors de la visitation de Marie à sa cousine : « Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. » (Lc 1,44).

Mais si Jean-Baptiste connaissait Jésus comme son cousin, il ne savait pas encore vraiment qui il était, il ne le connaissait pas comme le Messie, ou comme il le dit à la fin de cet évangile : « C’est lui le Fils de Dieu. »

Il avait fait le même reproche aux envoyés des pharisiens venus de Jérusalem, prêtres et lévites : « Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » (Jn 1,26), c’est-à-dire : « Le Messie que j’annonce est déjà là, au milieu de vous, et vous qui êtes les plus à même de le reconnaître, vous ne savez rien de lui. »

Jean-Baptiste rend témoignage en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. ». Cette scène étant relaté dans les trois évangiles synoptiques lors du baptême de Jésus par Jean-Baptiste, on est tenté de situer celle-ci avec le baptême de Jésus … Mais alors, quand celui-ci a-t-il eu lieu ? On ne le sait pas exactement, mais on peut penser qu’il a eu lieu avant que Jean-Baptiste ne puisse dire : « Voici l’Agneau de Dieu. ».

Encore que rien dans le texte ne dise que Jésus ait été baptisé par Jean-Baptiste.

La vision de L’Esprit qui descend sur Jésus et y demeure a pu se produire au moment même où Jésus arrive auprès de Jean-Baptiste, en dehors de tout contexte baptismal.

Et cette vision est une preuve pour Jean-Baptiste que celui dont il annonce la venue, celui qu’il proclame comme étant le Messie, celui que le monde juif attend (mais que les chefs religieux ne reconnaissent pas) est bien le Fils de Dieu. Et c’est aussi pour ses auditeurs une preuve que Jean-Baptiste ne s’est pas autoproclamé prophète : il a eu une révélation que celui sur qui l’Esprit demeure est le Messie, celui qui baptise dans l’Esprit, et non plus dans l’eau.

Dans cet évangile, on a quatre fois le verbe voir, la première fois dans le sens courant, et les autres fois dans un sens de démarche de foi. Et la dernière fois : « Moi, j’ai vu [l’Esprit], et [je crois, et] je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. ».

La vision de l’Esprit invite Jean-Baptiste à rendre témoignage de ce en quoi il croit. Nous aussi, même si nous n’avons pas vu l’esprit, nous l’avons reçu à notre baptême, et nous devons, comme Jean-Baptiste, rendre témoignage de ce en quoi nous croyons. Nous avons, nous aussi, à devenir missionnaires de la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus auprès de ceux que nous rencontrons.

Mais cela n’est pas facile, et cela peut nous entrainer là où on ne voudrait pas aller. Et notre peur humaine est souvent plus forte que le Souffle de l’Esprit qui nous entraine … on ne sait pas où …

Comme le dit le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine : « L’esprit humain n’aime pas emprunter les sentiers non battus et rien n’est plus aisé que de suivre la grand-route au tracé impeccable avec lignes jaunes et trottoirs. Un raccourci se présente (et le prophétisme en est un qui conduit droit à l’essentiel) et on n’ose pas le prendre, de peur de s’égarer, et pire encore, on empêche les plus valeureux de s’y risquer. Prudents et apeurés sommes-nous, dans l’Église et hors de l’Église, toujours tentés d’enfiler les charentaises de nos anciens ! »

 Dieu notre Père,

tu nous as envoyé ton Esprit Saint,

reçu à notre baptême.

Aide-nous à être attentifs à ses conseils

et à les mettre en pratique

sans chercher à savoir

quel sera le résultat de l’action.

Toi seul sait ce qui est bien

pour nous et pour l’Église.

 

Francis Cousin

  

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Prière dim ordinaire A 2°




Le Baptême du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 3, 13-17)

 « Alors paraît Jésus …

pour être baptisé par Jean. »

 

De ce passage de l’évangile, très court, parlant du baptême de Jésus, on peut dire qu’il y a deux choses importantes à retenir : ce qui se passe avant le baptême, et ce qui se passe après le baptême.

Du baptême lui-même, on n’en parle pas, simplement une petite phrase introductive : « Dès que Jésus fit baptisé … »

Qu’y a-t-il juste avant le baptême ? Après le retour d’Égypte et l’établissement à Nazareth (Mt 2), on fait un grand saut dans le temps d’une trentaine d’année : « En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste » (dont Matthieu ne dit pas qu’il est apparenté avec Jésus), qui crie dans le désert un appel à la conversion vers Dieu et baptise dans le Jourdain.

« Alors paraît Jésus … pour être baptisé par Jean. ». Jésus vient de la Galilée. Après le baptême, il y retournera … pour ne la quitter que pour aller à Jérusalem et y être crucifié.

Mais Jean refuse : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi … »

« Jésus lui répondit : ’’Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.’’ »

Cette phrase peut nous sembler obscure, car on voit difficilement le lien entre le baptême et la justice, notre justice. Parce qu’ici, il ne s’agit pas de la justice humaine, mais de la justice au nom de Dieu : faire en sorte que ce que nous fassions soit reconnu juste au yeux de Dieu, que nous fassions la volonté de Dieu, que nous soyons témoins de l’amour incommensurable de Dieu.

Ici, Jésus invite Jean à ce que, ensemble, ils réalisent la volonté d’amour de Dieu pour le salut des hommes : Jésus, étant baptisé (ce dont il n’a effectivement nul besoin puisqu’il est sans péché, parfait comme le Père est parfait (cf 1 P 2,22)) comme les autres humains auxquels il s’identifie, pourra emmener avec lui dans le royaume des cieux ceux qui ont cru en lui et qui ont été baptisés en son nom, après sa résurrection : « Ainsi, pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, il n’y a plus de condamnation. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a libéré de la loi du péché et de la mort. » (Rm 8,1-2). Dès le début de sa vie publique, Jésus se fait proche des hommes pour les amener vers son Père.

Après le baptême, il y a la première théophanie de Dieu : « Les cieux s’ouvrirent » permettant à l’Esprit de descendre sur Jésus, et à la voix du Père d’affirmer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

L’un des rares moments où l’on trouve associés les trois personnes de la Trinité, sous des formes différentes : le Père par sa voix, le Fils sous la forme corporelle, humaine, et l’Esprit sous une autre forme corporelle, comme une colombe.

Si le texte suggère que seul Jésus ait pu voir l’Esprit descendre sur lui, il ne dit rien de particulier concernant la voix du Père. On peut donc penser que tous les personnes présentes ce jour-là ont pu entendre cette voix qui ne dit pas comme dans le texte d’Isaïe « Mon serviteur … qui a toute ma faveur » (première lecture), mais qui désigne Jésus comme le Fils de Dieu, qui vient pour apporter le salut à son peuple.

Cette théophanie annonce la mission de Jésus, dans la lignée des textes de l’ancien testament. Mais malgré cela, il faudra bien du temps à Jésus pour qu’il soit reconnu comme le Messie. Il lui faudra le reste de sa vie terrestre. Ce n’est qu’à sa mort et sa résurrection que les gens comprendront qu’il était vraiment le fils de Dieu.

Pour nous, c’est l’occasion de réfléchir à notre baptême, qui nous a été donné au nom des trois personnes de la Sainte Trinité.

Si pour Jésus, le baptême a été le point de départ de sa mission sur terre, il en est de même pour nous. Et d’ailleurs cela nous a été rappelé au mois d’octobre dernier pendant le Mois Missionnaire Extraordinaire dont le thème était : « Baptisés et Envoyés ». Tout baptisé doit être missionnaire à son niveau, mais il ne peut le faire seul.

Et c’est ce que nous disait le pape François dans l’exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel : « Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission. Et permets-lui de forger en toi ce mystère personnel qui reflète Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. » (GE n° 23)

 « Dieu notre Père,

Ton Fils Unique Jésus-Christ

Ressuscité d’entre les morts

A confié à Ses disciples Sa mission :

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». (Mt 28,19)

Tu nous rappelles que par le baptême

Nous participons tous à la mission de l’Église.

Par le don de Ton Esprit-Saint, accorde-nous la grâce

D’être témoins de l’Évangile,

Courageux et ardents,

Pour que la mission confiée à l’Église,

Soit poursuivie en trouvant des expressions nouvelles et efficaces

Qui apportent la vie et la lumière au monde. »

Pape François (prière pour le MME, extraits)

 

Francis Cousin

  

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Fête du Baptême de Notre Seigneur – Homélie du Père Louis DATTIN

Mission du Christ

Mt 3, 13-17

Isaïe dans la première lecture nous dit que « la Parole est descendue du ciel « . « Le Verbe s’est fait chair  » : ainsi s’achève le temps de Noël et nous retrouvons le guide de cette année St-Matthieu.  Quand commence son Evangile, Jésus a déjà quitté Nazareth pour recevoir son ordre de mission.  Déjà avec Siméon au temple, nous avons vu le salut.  Avec les mages à Bethléem, nous avons vu se lever son étoile et reconnu dans un enfant, le roi des juifs.  Cependant ce n’est pas par une huile sainte que sera consacré le roi de l’univers mais avec de l’eau du Jourdain, une eau simple, pure, limpide, transparente.

Rien ne nous est donné à voir : Jésus, seul, voit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre. Mais pour ceux qui écoutent, prêtent l’oreille, cherchent le Seigneur, une voix se fait entendre, une parole qui s’adresse à Jésus, mais que l’Esprit murmure au plus profond de chacun :

« C’est toi, mon fils bien-aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour ». Cette parole, elle va résonner tout au long du parcours que nous propose St-Matthieu jusqu’au moment où, non pas dans les cieux, mais au temple, le voile se déchirera et qu’avec le centurion au pied de la croix, nous nous écrierons :

« Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! »

Avec Matthieu, nous voici introduits d’emblée dans la phase adulte de Jésus : il a trente ans environ et c’est Jean-Baptiste qui nous l’annonce : « Voici venir derrière moi, celui que vous attendez. Sa venue est imminente ! Tenez-vous prêts ! »

Matthieu nous avertit : cet inconnu est attendu, avant même de paraître sur la scène. Qui est-il donc ? Jean-Baptiste n’oserait même pas se courber devant lui !

Mais le grand opérateur de cette scène, ce n’est ni Jean-Baptiste, ni Jésus, c’est l’Esprit Saint, trois fois nommé ici : « Lui, il vous baptisera dans l’Esprit » ; « A l’instant où il remontait de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui » ; « Aussitôt, l’Esprit pousse Jésus au désert ».

Il est tout proche celui qui va répandre l’Esprit pour faire naître à une humanité nouvelle. « Il vous baptisera, il vous plongera dans l’Esprit ».

Avons-nous conscience que notre Baptême chrétien c’est cela ! Nous sommes très loin de vivre la profondeur de notre Baptême qui nous a changés radicalement. Nous sommes tous tentés, à cause d’un milieu païen, athée dans lequel nous sommes immergés, de mettre le salut de l’humanité dans le prolongement de nos efforts, de nos attitudes humaines les plus chargées de valeurs.

La mentalité scientifique et technique nous habitue à penser que le salut de l’homme est dans et par l’homme.

« Devenons plus solidaires, disent les humanistes, maîtrisons davantage la nature, disent les écologistes, partageons davantage, disent les humanitaires ».  « Très bien », mais cela, n’importe quel païen peut le dire et tenir ce discours : ce n’est pas faux.

Mais la Bible, elle, va bien plus loin : elle prétend que le sens dernier de l’homme n’est pas l’homme ; l’univers, si grand soit-il, n’a pas sa fin en lui-même. « L’homme, disait Bossuet, dépasse l’homme ; il ne s’accomplit totalement qu’en s’ouvrant à une réalité supérieure ». « A quoi sert à l’homme de maitriser l’univers et d’aller sur la lune si c’est pour s’y suicider ? »

La dimension de la transcendance, c’est-à-dire la dimension spirituelle et divine de l’homme devient de plus en plus évidente.   Il y a en l’homme, une faim, une soif, autre chose qui va beaucoup plus loin que ce que la terre toute seule peut lui offrir, ainsi donc, la réponse dernière à toutes les questions que se pose l’homme : « Qu’est-ce-que la vie ? Qu’est-ce-que la mort ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi l’amour ? Pourquoi le mal ? Pourquoi suis-je sur la terre ? Est-ce un hasard ? Ou une destinée ? »

Toutes ces questions-là ne peuvent être résolues par la raison seule… Il n’y a que la dimension spirituelle de l’homme qui peut lui donner une piste, une direction.  C’est ce qui faisait dire à Malraux que « le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas ! » en réponse à toutes ces interrogations.  Un  » inconnu  » se présente, dans cette foule qui entoure Jean, il a déjà vécu trente ans dans l’obscurité d’un petit village dont ne parle jamais : ni la Bible, ni le Talmud, ni la géographie, ni l’histoire, avant que ce Jésus ne devienne mondialement   célèbre.  Nazareth comptait, à cette époque, selon les   fouilles archéologiques, une vingtaine de maisons, donc une centaine d’habitants à peu près. C’est de cette étonnante obscurité que va sortir le plus grand mouvement historique qui a modifié la face de la planète !

Qui est-il donc ce Jésus de Nazareth ? Il donne l’apparence d’un homme ordinaire qui doit recevoir un Baptême de pénitence.

Mais, voilà, nous dit St-Matthieu, que devant cet homme, le ciel  » se déchire  » : il vient faire une déchirure dans cet univers clos. Désormais l’humanité aura une  » brèche  » pour communiquer avec le monde divin.  Déjà, avant St-Matthieu, Isaïe, en avait exprimé le désir : « Ah ! Si tu déchirais les cieux ! »

Et c’est ce qui a lieu ! Jésus est soudain saisi dans son être humain lui-même, de la certitude de son rôle grandiose.

« Et du ciel, une voix se fait entendre ». « C’est toi, mon Fils bien aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ».

Voilà donc une expérience unique de tendresse.  Déjà, depuis des années, Jésus vivait une aventure merveilleuse de filiale affection, et cela éclatait maintenant comme un carillon dans son cœur :

« Tu es mon amour ; tu es mon Fils unique, je me complais en toi ». Ces mots sont déjà présents dans la Bible, bien sûr, mais il nous est bon de retrouver ces phrases que Jésus avait dû méditer, qu’il savourait depuis des années dans sa prière ou dans sa vie de chaque jour, dans sa petite maison, avec Marie et Joseph, au cours de son travail.

Et vous, les chrétiens, vous les baptisés, non pas seulement dans l’eau mais aussi dans « l’Esprit Saint », dans l’eau qui sortit du côté du Christ avec son sang lorsque le soldat Romain lui perça le cœur, avez-vous parfois fait cette expérience ? De vous sentir aimé et de répondre à cet amour ? … Quelque chose de fort et de doux qui remplit de paix et de bonheur, toutes vos minutes ?

« Je serai pour lui un père et il sera pour moi, un fils » (2e livre de Samuel). Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils : aujourd’hui, je t’ai engendré » (Psaume 2e).   « Voici mon serviteur, mon élu, en qui je me complais » (Isaïe). « Jérusalem ! On t’appellera d’un nom nouveau. On ne dira plus  » l’abandonnée ‘’. On dira ‘’celle en qui je me complais”.

Les eaux du Jourdain, comme celles de notre baptême, sont les eaux de la naissance, celles de notre création, celles de notre déluge, celles de notre passage du péché à la grâce, celles de la Mer Rouge à la terre Promise : il en sort toujours des hommes nouveaux !

Oui, « les cieux se déchirent » pour nous aussi : comme le voile du temple au moment de la mort du Christ.  Cette déchirure est l’occasion pour chacun de découvrir le vrai visage du Seigneur.  AMEN




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 3, 13-17)

« Jésus avec les pécheurs,

pour les pécheurs »

 

Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire.
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

 


         Jean-Baptiste proposait « un baptême de repentir en vue de la rémission des péchés » (Mc 1,4). Par cette démarche, il invitait à se reconnaître pécheur, en vérité. Plus tard, il s’agira de faire de même en présence de Jésus. C’est ainsi que Jean Baptiste « préparait le chemin du Seigneur » (Jn 1,23), car c’est Lui et Lui seul qui offre, au Nom de son Père, le pardon des péchés et le Don de l’Esprit Saint qui lave, purifie, sanctifie, justifie (Lc 5,20 ; 1Co 6,11)…

            Jean-Baptiste est pécheur, comme tout le monde (Rm 3,9-26) et il le sait bien… Ce serait donc à lui d’aller en premier à Jésus pour confesser, à travers Lui : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils »… Mais, surprise… « C’est moi » qui ai péché, « c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi », purifier par toi, « et c’est toi qui viens à moi » ! La démarche de Jésus est bien celle du Bon Pasteur qui prend l’initiative d’aller à la rencontre de toutes ses brebis perdues. Dieu veut notre Vie, notre Plénitude, notre vrai Bonheur plus que nous-mêmes. Il est le Vrai Ami de l’homme…

            De plus, « tu viens à moi » pour une démarche qui n’a d’autre but qu’un repentir sincère ! Mais Jésus est « l’Agneau sans tache », il n’a jamais péché ! Humilité de Jésus qui ne se préoccupe pas du tout de son image, de ce que l’on pourrait dire de lui en le voyant au milieu des pécheurs, mais qui ne poursuit qu’un seul but : le bien de ces hommes et de ces femmes blessés qu’il est venu sauver en leur montrant le Chemin qui conduit à la Vie… Et pour que ce but puisse être atteint, il n’hésitera pas à se donner tout entier sur une Croix, au milieu de deux pécheurs condamnés à mort par suite de leurs crimes…

            Dans les eaux du Jourdain, Jésus nous appelle tous à venir à sa suite.  Et quiconque lui offrira l’obéissance de sa foi, se retrouva avec Lui dans les eaux du baptême, tourné avec Lui de tout cœur vers le Père, recevant avec Lui ce qu’il reçoit du Père de toute éternité, ce Don de l’Esprit qui le constitue en Fils « né du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé, de même nature que le Père » (Crédo). Et il entendra le Père lui dire à lui aussi : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Mais « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) ! Autrement dit, j’ai mis en toi tout ce que Je Suis (Ex 3,14) ! Voilà donc notre vocation à tous : devenir par grâce ce que Dieu est par nature ! « Ainsi, Dieu nous a fait don des grandes richesses promises, et vous deviendrez participants de la nature divine, en fuyant la dégradation que le désir produit dans le monde » (2P 1,4).        DJF

 




Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 16-21)

Marie, Mère du Sauveur (Lc 2,16-21)

(Mercredi 1° janvier)

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.


           Un peu plus de neuf mois se sont écoulés depuis la visite de l’Ange à Marie, chez ses parents, à Nazareth… « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus », un nom qui, en araméen, signifie « Dieu sauve »… Cette rencontre fut, pour Marie, un moment intense de Lumière et de Joie. Elle s’en souviendra avec sa cousine Elisabeth en disant : « Mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur ». Et elle le louera, car il lui a été donné de percevoir « Qui » Il Est : « Miséricorde Toute Puissante » (Lc 1,46-55)…

            Mais maintenant, cet instant de Lumière est fini, et Marie chemine comme nous tous, « dans la foi et non dans la claire vision » (2Co 5,7)… En toute liberté, elle a dit « Oui ! » à l’Ange et Dieu a commencé son œuvre… Avec elle et par elle, le Fils, présent au monde depuis qu’il existe, est entré dans l’histoire en vrai homme, et Marie, fidèle servante du Seigneur, a obéi aux Paroles transmises par l’Ange et l’a appelé « Jésus », « Dieu sauve »… Maintenant, son cœur est brûlé d’attention, ses yeux sont tournés vers ce Mystère de Salut qui, pas à pas, s’accomplira avec son enfant et par lui. Mais elle le découvrira au fur et à mesure qu’elle le vivra. Et l’aventure tout commence tout de suite avec les bergers…

            Voici donc des bergers qui viennent la visiter. Les Pharisiens les méprisaient car ils les considéraient comme des voleurs. Ils disent avoir vu eux aussi un Ange qui leur a dit : « Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le Peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur »… Cette fois, Marie n’a rien vu, rien entendu, mais elle se souvient de la joie qu’elle a vécue elle aussi en accueillant l’Ange, et de ce nom qu’il fallait donner à l’enfant à naître : « Jésus, Dieu sauve »… Alors, « elle médite dans son cœur »… Littéralement, elle « met ensemble tous ces éléments » : déjà, alors même que son Fils vient de naître, et qu’il n’est encore qu’un tout petit bébé dans ses bras, des bergers viennent à lui et commencent à vivre en leur cœur la lumière et joie du salut. Oui, vraiment, Dieu le Père est déjà à l’œuvre avec et par son Fils, pour sauver tous les hommes qu’il aime. Plus tard, Jésus dira : « Nul ne peut venir à moi si mon Père qui l’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44). Et lorsque Pierre lui dira : « Tu es le Christ », le Messie, le Sauveur, Jésus lui répondra : « Bienheureux es-tu Pierre, car cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les Cieux » (Mt 16,17). Et « c’est bien la volonté de mon Père que quiconque », Pierre, les bergers, « voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » (Jn 6,40). Il aura suffi aux bergers de voir ce petit bébé qui ne pouvait encore que gazouiller, de lui ouvrir leur cœur, et la joie du salut les inondait… Joie des bergers, joie de Marie qui constate déjà à quel point son Fils est « le Sauveur du monde »…                          DJF




L’Epiphanie du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 2, 1-12)

 « Nous avons vu son étoile à l’orient. »

 

Ils viennent de loin, ces mages ! On ne sait pas exactement d’où, on ne sait pas non plus combien ils sont, ni leurs noms !  La tradition veut qu’ils étaient trois, et qu’ils venaient de trois régions différentes : l’Europe, l’Asie et l’Afrique (ce qui semble en contradiction avec l’évangile qui suggère des personnes qui travaillaient ensemble en un même lieu).

Pourquoi viennent-ils à Jérusalem ? Pour venir se prosterner devant « le roi des Juifs qui vient de naître », et ils l’ont su parce qu’ils ont « vu son étoile à l’orient ».

Mais voilà que l’étoile disparait à leurs yeux.

Alors, bien sûr, ils arrivent à Jérusalem, dans la capitale des Juifs, et se présentent au palais du roi Hérode !

Un roi, habituellement, cela habite dans un palais ! Logique !

Mais la logique de Dieu n’est pas celle des hommes ! « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Et quand ils se renseignent au palais d’Hérode, c’est le branle-bas de combat : on s’affole. Pour plusieurs raisons : pour Hérode, c’est un futur opposant qui risque de mettre à mal sa situation et qu’il faut éliminer le plus vite possible ; pour les grands prêtres et les scribes, c’est comme une insulte : eux qui connaissent tout (ou qui pense connaître tout) de la foi juive, apprennent une nouvelle de la part de personnes qui ne connaissent rien de la foi juive …

Finalement, les scribes trouvent la réponse : « c’est à Bethléem, en Judée ».

Et Hérode trouve un stratagème pour pouvoir éliminer son ’’opposant’’ : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. ».

Mais en sortant du palais : surprise ! L’étoile qui avait disparue est revenue et elle guide les mages vers Jésus. La lumière de Dieu guide les mages vers celui qui est « la vraie lumière » (Jn 1,9), « La lumière [qui] brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,5), vers celui qui dira un peu plus tard : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8,12)

La lumière qui brille pour les mages, mais pas pour les juifs, mettant déjà en œuvre la prophétie du sage Syméon : « lumière qui se révèle aux nations » (Lc 2,32).

Et cette lumière remplit les mages « d’une très grande joie ».

Cette joie des mages doit aussi être la nôtre, car nous aussi nous avons vu et connu Jésus, « lumière né de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu … de même nature que le Père », lumière qui, dans la suite des temps, est arrivée jusqu’à nous par la révélation aux nations.

Mais on doit aussi se poser la question : « Pourquoi les mages se sont-ils mis en route, avec autant de persévérance, pour trouver ce petit roi et lui offrir leurs présents ? ». Il y avait de leur part un désir profond d’honorer le « roi des juifs », de se « prosterner devant lui. » ; une passion de la rencontre pour ces hommes qui a priori ne portaient pas en eux l’espérance d’un Messie annoncé par les prophètes.

Et dans cet évangile, le moins que l’on puisse dire est que les mages sont les seuls à être animés de ce désir de la rencontre avec Jésus, avec le Messie.

En face, que voit-on ?

Hérode, qui n’a aucun désir de rencontrer Jésus, ou plutôt qui n’a qu’un désir : l’éliminer. Un désir on ne peut plus mortifère. Rien de positif dans son attitude.

Les grands prêtres et les scribes, eux, sont tranquillement installés dans leurs connaissances et leur suffisance : ils savent que le Messie doit venir, à Bethléem, mais c’est comme la pluie sur la feuille songe : cela ne les émeut pas qu’on leur dise qu’il est né. Ils n’ont, contrairement aux mages, aucune envie de se déplacer de Jérusalem à Bethléem (environ une dizaine de kilomètres ! ). Ils sont dans le non-désir, le non-déplacement, aussi bien physique qu’intellectuel, spirituel ou moral …

Alors nous : Avons-nous un désir profond, comme les mages, d’honorer Jésus et de lui apporter nos humbles cadeaux …

Ou bien sommes-nous dans le non-désir de la rencontre avec Jésus ?

Attention : D’une vraie rencontre, qui nous touche totalement, qui nous amène à une conversion, qui fait qu’après cette rencontre, on ne peut plus vivre comme avant, on ne peut plus prendre les mêmes chemins qu’on avait l’habitude de prendre … comme l’on fait les mages …

C’est la vraie question que nous pose cet évangile !

Et elle nous demande une vraie réflexion !

Seigneur Jésus,

c’est un long voyage que firent les mages

pour se prosterner devant toi.

Et tout le monde en parle.

Mais on oublie souvent de se poser la question :

« Est-ce que, moi aussi,

 je viens me prosterner devant toi ?

Pour t’adorer, te remercier d’être venu

pour nous donner la Vie Éternelle ? »

 

Francis Cousin

  

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Image dim Epiphanie A




La Sainte Famille- Homélie du Père Louis DATTIN

   SAINTE  FAMILLE   A 

Matthieu 2, (13-15 ; 19-23)

  

                    Même   si elle n’a que 120 ans (1892), la fête de la Sainte Famille fait partie du paysage liturgique de Noël‘’. La Sainte Famille ‘’, comme on l’appelle, est proposée aux chrétiens comme un modèle à vivre, à leur tour, dans leurs familles.

La famille, c’est, comme dit le dictionnaire, le Père, la Mère, les enfants mais c’est aussi, dans nos mentalités modernes, la structure sociale, l’institution, la cellule de base de la société et c’est ce second sens qui apparait le plus souvent dans les médias où l’on parle de politique de la famille, de la famille éclatée, de famille recomposée, de famille monoparentale. Et alors, dans ce cas-là, la Ste-Famille ne saurait me servir de référence : difficile de présenter comme modèle, un foyer où l’homme n’est pas le père, où la mère est vierge et où l’enfant prétend venir d’ailleurs.

Dans l’Evangile lui-même, il est dit à Joseph : non pas « ‘’Prends ton fils et ton épouse’’ » mais « ‘’ Prends l’enfant et sa mère ‘’ ».   Que de gens anticléricaux ou mécréants, (mécréants= mal-croyants), ont moucaté le couple Joseph-Marie : cela blesse notre sensibilité religieuse mais, c’est vrai, nous sommes ici, en présence d’un mystère de foi et c’est, comme tel, qu’il faut le prendre.  On peut penser, vu le silence des Evangiles sur le sujet, que les relations étaient harmonieuses dans la maison de   Nazareth : ce qui ne veut pas dire, tout comme dans nos familles, qu’elles aient été toujours faciles.  Une imagerie pieusarde et mièvre a trop présenté la Sainte Famille comme des extra-terrestres à cent lieues des difficultés de la vie de tous les jours.

Comme dans toute famille, il y a eu, à Nazareth, des moments de tension, d’incompréhension, (rappelez-vous l’épisode de Jésus au temple, sa fugue, le désarroi des parents, l’explication, la réconciliation).

La sainteté n’est pas la perfection.  Mais on n’imagine pas Jésus, Marie et Joseph autrement que recherchant inlassablement à répondre, au mieux, à ce que  Dieu  attendait  d’eux.  En  cela, ils  sont  nos  maîtres  pour nos familles.

                    Faute de pouvoir s’établir à Bethléem, le pays originaire de Joseph, ils se réfugient, à cause d’Hérode, non pas en Judée mais en Galilée , région cosmopolite où toutes les races étaient mélangées, à Nazareth, le pays de Marie où ils peuvent être à l’abri du pouvoir.

Vie ‘’ cachée ‘’, selon la formule traditionnelle, ‘’ cachée ‘’ parce que menacée dès le départ : rappelez-vous le massacre des innocents.

                    Et pendant plus ou moins 30 ans, Jésus se tait.  Plus ou moins 30 ans de silence pour, plus ou moins 30 mois de parole, le temps de préparer sa mission, d’en mesurer l’enjeu, d’en définir le projet… Le temps surtout de ‘’ VIVRE AVANT ‘’ ce que l’on ‘’ DIRA APRES ‘’.

Dieu n’est pas bavard et ça nous gêne.  Parce que nous parlons beaucoup, nous aimerions que Dieu en fasse autant !  Mais le silence des Évangiles sur la vie cachée de Jésus en dit beaucoup plus que les récits qu’ils auraient pu en faire.

  • Si  nous  savons  écouter  ce  silence  et  l’écouter  dans  la  foi, ce silence, il en dit long sur le sérieux de l’Incarnation.

S’il n’y a rien à dire sur la vie privée de Jésus, c’est qu’elle fut vraiment une vie privée, marquée comme la nôtre par la simplicité et la monotonie du quotidien : un garçon comme les autres, dans une famille sans histoire, dans un trou perdu de Palestine occupée (Nathanaël dira plus tard en apprenant que Jésus est de ‘’ Nazareth ‘’ : « ‘’Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? ’’ »)  Jésus apprend à marcher, manger, parler, lire, écrire, prier, faire la fête, travailler, rendre service, participer à la vie communautaire, respecter les coutumes, les lois, les règlements.

On serait tenté de conclure: « Circulez, y’a rien à voir».  Et quand Jésus, à plus  de  30 ans, commencera  à  connaitre  la  renommée, une certaine réputation ; qui seront les plus étonnés, les plus surpris ? Les habitants de Nazareth : « ‘’ N’est-il pas le fils de Joseph, le charpentier  de Nazareth, le fils de Marie, nous connaissons sa famille’’. »

Il faudrait se dire, et c’est vrai, à propos de nos expériences humaines : « Dieu a connu ça, Dieu a vécu ça, Dieu aussi est passé par là. »  Gommer de nos esprits le mauvais réflexe de nous dire : « Oui, mais il était Dieu ! » pour ne pas vider de son contenu l’expression de notre foi : « ‘’Et il s’est fait homme ‘’».  Il en dit long, ce silence, sur la valeur du quotidien, pour Jésus et pour nous !

Pendant  30  ans, le salut  du monde  s’est  réalisé  dans un enfant qui grandit, dans un adolescent qui s’épanouit, dans un adulte qui prend sa place dans une communauté de famille, de village… autant que dans le prophète qui parle, guérit, fait  ses  miracles, avant  d’être  crucifié et de ressusciter.  C’est  toute la vie de Jésus ‘’ de la crèche au crucifiement’’ = 30 ans et 30 mois qui nous livrent le profond mystère de Dieu-Sauveur.

                     A la lumière de cette vie de Nazareth, mon quotidien à moi, mon ‘’jour le jour’’, prend toute sa valeur.  Dans la foi, rien de ce qui fait ma vie, aussi minime soit-il, aussi insignifiant soit-il, n’est nul, indifférent ou neutre par rapport au Royaume.   St-Paul vient de nous le rappeler : « ‘’Tout ce que vous dîtes, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus’’ ». Un beau cantique nous le rappelle :  « c’est Noël chaque fois qu’on essuie une larme dans les yeux d’un enfant, qu’on dépose les armes, chaque fois qu’on s’entend, qu’on arrête une guerre et qu’on ouvre ses mains, qu’on force la misère à reculer plus loin, dans les yeux du pauvre qu’on visite, sur un lit d’hôpital, dans le cœur de tous ceux qu’on invite pour un bonheur normal ! » Et pas seulement dans l’extraordinaire ou l’exceptionnel ! Mais dans le banal, le monotone, le quotidien ; si bien sûr, j’ai en moi « ‘’les sentiments qui étaient dans le Christ Jésus’’ », à commencer, bien sûr, par ce lieu privilégié du quotidien : la famille.

L’Evangile  d’aujourd’hui  nous crie  que cette famille,  contemplée avec attendrissement dans la crèche ou à Nazareth, est une vraie famille et non pas je ne sais quelle famille irréelle. Très vite, elle fut jetée sur les chemins des réfugiés de l’exil par la violence de ce temps-là qui était pire que le nôtre.  Je vous l’assure, jeunes foyers ou foyers moins jeunes, vous  qui  vous  battez  contre  des  conditions    difficiles  de vie

( santé, budget, difficultés d’orientation, chômage, dialogues difficiles, conflits de générations), vous pouvez regarder la famille de Joseph et de Marie : comme toutes les familles, un jour ou l’autre, elle a connu des déchirements, des angoisses ; elle a été ballotée dans les tourbillons de l’histoire et nous revient en mémoire le mot célèbre de Péguy : « ‘’Les pères et mères de famille sont les grands aventuriers du monde moderne ‘’ ».

  • Pour nous, comme pour Joseph, quelle responsabilité ! Il lui est dit : « ‘’Lève-toi ! ‘’ » Dieu veut des hommes debout. Dieu suscite, comme en Joseph, des hommes actifs.  Dans cette page d’Evangile où Joseph, chef de famille a tant d’importance, il est à l’avant-scène, en gros plan ; tous les messages du ciel lui parlent. Mais lui, ne parle pas : il agit, il est responsable. On n’a pas une seule parole de Joseph dans l’Evangile : « ’’Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère ‘’ ».

Dieu veut la vie, Dieu veut l’action dans la responsabilité et il nous a confié, à nous, pères et mères de famille, cette tâche de famille, nous, les parents, en première ligne.  Oh ! Pères et mères de la terre, voyez comme Dieu vous désire debout et responsables, même au sein des situations les plus difficiles à vivre.

Prions, pendant cette messe pour que nous puissions, dans nos familles, apprendre à vivre en responsables, au milieu même des difficultés, comme ‘’ la Sainte Famille’’ !

                                                               AMEN