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6ième Dimanche de Pâques ( Jean 14, 23-29) :  « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Francis Cousin)

« Si quelqu’un m’aime,

il gardera ma parole. »

Le premier verbe est au présent, le second au futur. Au futur, comme une implication, une conséquence obligatoire de la première partie de la phrase.

Ce qui veut dire que le plus important est le début de la phrase, et son verbe : aimer.

Aimer, qui est la motivation principale, et sans doute la seule, de toutes les actions du Père : la création du monde, de l’homme à son image, de son alliance faite avec les hommes, d’abord avec le peuple hébreu puis avec tous les hommes quand il envoya son Fils sur la terre : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3,16).

Et Jésus, le Fils, « fait pareillement ce qu’il voit faire par le Père » (cf Jn 5,19), car « le Père et moi nous sommes UN. » (Jn 10,30).

Mais il y a un si.

Dieu, Jésus, nous laissent toujours libres de nos actions.

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. »

Garder la Parole, ce n’est pas simplement l’entendre, l’apprendre, la connaître (au sens d’une leçon apprise), la mettre dans sa poche avec son mouchoir par-dessus, ou dans une boite bien serrée. C’est bien plus que cela : c’est faire que cette Parole devienne le moteur de notre vie, la référence de nos actions, de telle manière que l’on puisse dire : « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » (Ga 2,20).

Et c’est là où nous devons nous remettre en question.

Parce que vivre ainsi, comme saint Paul, nous avons du mal à nous en sentir capable, même si « rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37), et bien souvent, nous en sommes loin.

C’est d’autant plus important de réfléchir à cette situation quand on lit la phrase suivante : « Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. » qu’on pourrait lire aussi comme « celui qui ne garde pas mes Paroles ne m’aime pas ! » (cf Jn 14,21). Or, nous aimons Jésus ! Ou tout au moins, nous voulons l’aimer ! …

Serait-ce que nous n’ayons que l’illusion d’aimer Jésus ?

Sans doute non !

Mais cela veut dire que nous sommes sur un chemin, sur le chemin qui est Jésus, qui nous amène vers son Père, vers la vie éternelle … et que nous avons encore à nous perfectionner, peu à peu, pas après pas sur ce chemin de sainteté, sur ce chemin de perfection : « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5,48).

Dieu nous prend tels que nous sommes, et il nous fait avancer avec lui sur ce chemin de perfection, et il est toujours avec nous pour nous aider, nous faire prendre les bonnes décisions …

Et Jésus nous l’a dit, à plusieurs reprises. Notamment dans l’évangile de ce jour : « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. », pour que nous puissions prendre les bonnes décisions au bon moment.

Ainsi, ce sont les trois personnes de la Trinité qui sont toujours avec nous, à chaque instant de notre vie.

Et Jésus ajoute encore : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. »

Jésus veut que nous soyons dans la paix. Tout le temps ! Une paix profonde ! Une paix intérieure ! C’est d’ailleurs la première chose qu’il dira à ses apôtres quand il leur apparaitra ressuscité !

Alors essayons de faire de notre mieux pour garder la Parole de Jésus et la mettre en pratique (Mt 7,24), même si c’est parfois difficile, même s’il nous fait faire des efforts pour y arriver …

Ce sera notre manière de lui montrer que nous l’aimons, malgré tout, malgré nos imperfections …

 

Seigneur Jésus,

Je suis comme saint Pierre,

toujours prêt à te répondre :

« Tu sais bien que je t’aime ! »,

parce que je le crois.

Mais bien souvent, je suis obligé d’admettre

que je ne mets pas toujours en pratique ta Parole.

Que ton Esprit m’aide à le faire.

Francis Cousin    

 

 

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5ième Dimanche de Pâques ( Jean 13, 31-45) :     « Amour, Gloire … et Jésus. » (Francis Cousin)

 « Amour, Gloire … et Jésus. »

 

Même si Jésus est beauté (parce qu’il est bon…), il ne s’agit pas ici de l’amour et de la gloire dont on nous parle dans ce feuilleton télévisé.

C’est la fin pour la vie terrestre de Jésus. Judas a pris le pain tendu par Jésus, et il est parti pour livrer Jésus.

On pourrait penser que Jésus soit dans une grande tristesse, dans un désespoir on ne peut plus fort, après avoir envoyé Judas faire « ce qu’il devait faire ». Lui seul savait alors ce qu’il allait faire : le trahir pour trente pièces d’argent.

Et bien non !

On a l’impression qu’en fait, cela lui a redonné du courage, et qu’il voit tout ce qui va lui arriver sous un aspect positif (?). Il sait que c’est la fin, et ce qui va arriver : la trahison, l’abandon des disciples, l’humiliation, la torture, la croix …

Mais il voit aussi plus loin que la croix … Il voit la résurrection dont son Père va lui faire bénéficier, parce qu’il sait que le Père ne peut pas l’abandonner. Il sait qu’il peut compter sur l’amour de son Père, un amour fort et réciproque. Il le sait parce que « Le père et moi, nous sommes Un. » (Jn 10,30).

Il l’avait d’ailleurs dit lui-même auparavant : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » (Jn 12,27-28), c’est-à-dire, ’’en me glorifiant par ma résurrection, c’est toi qui est glorifié, parce que tu montres que tu as pouvoir sur la mort et la vie’’.

Et le Père lui répond alors, par une voix qui vient du ciel : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » (Jn 12,28).

C’est cet amour entre le Père et Jésus, connu depuis le baptême de Jésus (« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » Mt 3,17) qui est le moteur de l’action de Jésus et qui lui fait dire : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » (Jn 15,9).

C’est pour cela que Jésus va donner à ses apôtres un nouveau commandement : « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. ». Ce n’est pas un simple conseil que l’on peut suivre ou pas, mais un commandement, une obligation pour ceux qui veulent le suivre.

C’est un changement radical par rapport à la loi de Moïse qui disait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19,18) , mais une obligation d’aimer (agapé) les autres à l’image de l’amour du Père et du Fils.

Et c’est un commandement nouveau parce qu’il n’y a que Jésus, Fils de Dieu, qui peut le dire ainsi : « Comme je vous ai aimés », ce qui est équivalent à « comme le Père m’a aimé, aimez-vous les uns les autres. ».

L’amour du prochain devient celui du Christ, celui de Dieu. Ce commandement nouveau nous entraîne sur une voix qui nous mène à la vie éternelle, celle d’un « ciel nouveau et d’une terre nouvelle » où « Dieu demeure avec les hommes » (2° lecture).

Alors bien sûr, on sait très bien, malheureusement, qu’on n’arrive pas (pour la plupart d’entre nous) à aimer tous les autres comme Dieu nous aime. Et même dans l’Église, on sait que ce n’est pas toujours une réalité.

Comment faire pour aimer comme Jésus ? Se laisser aimer par Jésus.

Cela paraît facile … Mais ce n’est pas si simple qu’on le pense. Être aimer, oui ! Se laisser aimer, c’est plus difficile ! Surtout s’il nous arrive de faire des choses que l’on sait mauvaises ! Accepter malgré cela d’être aimé par Jésus … cela met mal à l’aise …

Trop souvent dans nos relations avec Dieu, nous voulons faire ceci ou cela. Nous voulons être actifs, et on a plein de projets … Alors que Dieu nous demande d’abord d’être passifs, de se laisser aimer par lui … « en ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui, le premier, nous a aimés. » (1 Jn 4,10).

Seigneur Jésus,

Tu sais comme il est difficile

pour un humain d’être passif.

Nous voulons toujours faire quelque chose,

pour montrer ce que l’on sait faire,

pour paraître aux yeux des autres.  

Et toi, tu nous demandes d’accepter

 d’être aimé par toi en premier,

pour pouvoir mieux aimer les autres …

comme toi tu nous aimes !

Francis Cousin    

 

 

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4ième Dimanche de Pâques ( Jean 10, 27-30) :   « Mes brebis écoutent ma voix … et elles me suivent. » (Francis Cousin)

 

« Mes brebis écoutent ma voix …

et elles me suivent. »

 

Ce dimanche est appelé le dimanche du Bon Pasteur. C’est aussi celui où l’on prie plus particulièrement pour les vocations sacerdotales ou religieuses.

Mais cet évangile ne concerne pas seulement ces vocations particulières, il concerne la vocation de tous les hommes.

« Mes brebis écoutent ma voix ». L’utilisation de l’adjectif possessif montre que ce n’est qu’une partie des brebis, et qu’il en existe d’autres, des personnes qui ne font pas partie de ses disciples. Mais il ne s’agit pas pour Jésus d’une situation définitive. Il le dit lui-même : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. » (Jn 10,16).

Bien sûr, Jésus n’est plus là sur terre, et on constate que tout le monde ne le suit pas encore. Cela ne veut pas dire que Jésus s’est trompé. Cela veut dire que maintenant, c’est à nous, qui le suivons déjà, de faire en sorte que, par nos paroles et nos actes, nous soyons de vrais témoins de Jésus, comme l’on fait Paul et Barnabé : « Beaucoup de Juifs et de convertis qui adorent le Dieu unique les suivirent. » (1° lecture), et beaucoup d’autres par la suite.

« Mes brebis écoutent ma voix ». On ne peut pas être chrétien si on n’écoute pas la voix du Seigneur. On peut l’écouter dans son cœur, dans la prière … ou l’entendre sans qu’on s’y attendre, comme Samuel. Mais ça reste quand même exceptionnel. Le plus simple est de lire la Parole de Dieu dans la bible, et surtout dans le nouveau testament. Une lecture intelligente, réfléchie, qui permette que l’on s’en imprègne pour pouvoir la redire aux autres. « Ouvre la bouche, et mange ce que je te donne. Puis, va ! Parle à la maison d’Israël.  … Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. » (Ez 2,8-3,3).

On peut parfois être comme Jérémie, et se dire qu’on n’est pas capable de parler de Dieu aux autres : « Je ne sais pas parler, je suis un enfant ! » (Jr 1,6). Mais ce n’est que compter sur soi, et non sur Dieu : « Ouvre la bouche, moi, je l’emplirai » (Ps 80,11), et avec l’Esprit Saint, on a tout ce qu’il faut ! Mais souvent, nous sommes trop craintifs, nous avons peur de parler. Avec ceux qui croit en Dieu Trinité, cela peut encore aller, … mais avec les autres … ceux des ‘périphéries’, des autres religions …

Parmi les brebis de Jésus, il y en a parfois qui se perdent … Des fois à cause des paroles de Jésus, parce qu’ils ne la comprennent pas, qu’ils la trouvent trop « rude », « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. » (Jn 6,66). Des fois à cause des paroles ou des actes des hommes … parfois de religieux … Mais Jésus ne les laisse pas tomber. Au contraire ! Il va à la recherche de « celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve. Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux. » (Lc 15,4-5), parce que « personne ne les arrachera de ma main. »

Mais qu’elle est la source qui nous permet de devenir des brebis du Seigneur ?

C’est toujours la même chose : l’amour de Dieu pour les hommes. Et à cet amour, chaque humain est appelé à répondre librement : « J’accepte ton amour et je t’aime » ou « Je vois que tu m’aimes, mais il y a d’autres choses que j’aime davantage que toi ». C’est accepter « d’aimer Dieu comme il nous a aimé », c’est-à-dire par-dessus tout !

C’est la question que pose Jésus à Pierre dans l’évangile de dimanche dernier : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? », « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. », « Sois le berger de mes brebis. » (Jn 21,15.17), c’est-à-dire sois mon représentant sur terre : « J’ai été le ‘Bon Berger’, maintenant c’est à toi de guider mes disciples ».

Et pour nous, c’est la même chose : nous devons répondre à l’amour de Dieu par un amour pour lui.

A contrario, le jeune riche qui voulait savoir ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle (ce que Jésus promet à ceux qui le suivent : « Je leur donne la vie éternelle ».), l’évangéliste nous dit que Jésus l’aima, mais le jeune homme riche n’a pas répondu à son amour, lui préférant ses « grands biens ».

Aimons Dieu, entretenons notre relation avec lui par la prière et la lecture de la Parole, et cessons d’être craintifs. Avec l’aide de l’Esprit Saint, soyons témoins de Jésus ressuscité afin que « le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est entré victorieux » (prière d’ouverture), c’est-à-dire dans la vie éternelle

Seigneur Jésus,

Nous voulons tous faire partie de ton troupeau,

mais ton exigence d’amour envers toi

plus que toute autre chose

est parfois difficile pour nous.

Tant de tentations s’offrent à nous !

Heureusement que tu viens vers nous

pour nous ramener dans ton troupeau !

Francis Cousin    

 

 

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3ième Dimanche de Pâques ( Jean 21, 1-19) :  « Auriez-vous quelque chose à manger ? »(Francis Cousin)

 

« Auriez-vous quelque chose à manger ? »

Jésus est là, au bord du lac de Tibériade … mais les disciples ne le savaient pas. Ils avaient passé toute la nuit à pécher … sans rien prendre. Ils étaient dans l’échec.

Jésus les hèle : « Auriez-vous quelque chose à manger ? ». Ils répondent par la négative.

Jésus leur donne alors un conseil pour la pèche. Ils auraient pu l’envoyer balader : « De quoi se mêle-t-il, celui-là ? On est des pros ! y’a rien, point barre. ». Malgré tout, désabusés, ils suivent ses conseils …

Bonne initiative ! Le filet est plein !

Mais c’est anormal. Cela ne devrait pas arriver, surtout comme cela, tout de suite. Il n’y en a qu’un qui peut faire cela : « C’est le Seigneur ! ». Jean l’a compris, et le dit.

Pierre, toujours impétueux, plonge dans l’eau et nage vers le rivage … tandis que les autres ramènent péniblement la barque freinée par le poids du filet.

En arrivant au rivage, surprise ! celui qui demandait de quoi manger a déjà mis des poissons à griller sur le feu !! Et il y a même du pain !

Mais pour que cela ne gêne pas ceux qui viennent de pécher selon ses indications, Jésus demande aux disciples de lui donner quelques-uns de leurs poissons.

On ne sait pas ce qu’ont pensé les disciples en voyant cela. Peut-être certains se sont dit : « Il se moque de nous ! Il nous demande à manger, nous fait pêcher des poissons, et quand on arrive, il y en a déjà sur le feu ! ».

En fait, ce n’était pas pour lui que Jésus demandait à manger, mais pour eux-mêmes. Jésus ne pensait pas à lui ; il pensait à eux. Comme il le fait tout le temps.

Jésus ne pense jamais à lui : il pense à son Père, et il pense aux hommes, pour donner aux hommes ce que son Père veut pour eux. Jésus fait un peu le rôle d’une interface entre le Père et nous … interface ô combien efficace … bien plus que nos modules d’ordinateur …

Puis Jésus les invite à manger : « Venez manger. ». Ils partagent le poisson grillé … et ils « partagent le pain » … que seul Jésus avait amené. Après la cène du jeudi saint, le pain partagé n’a plus tout à fait la même signification pour les disciples qu’avant …

Que retenir ?

Que Jésus est toujours là, présent, auprès de nous ; même quand on ne s’y attend pas. Même quand nous sommes au cœur de nos nuits, quand rien ne marche pour nous, quand nous sommes perdus, désabusés, déboussolés … Jésus est toujours à côté de nous … mais on n’y pense pas toujours, on l’oublie … ou alors on dit : « Seigneur, je n’en peux plus, viens m’aider, fait quelque chose pour moi ». Mais on ne l’entend pas quand il nous parle, nous donne des conseils … ou alors on les trouve superflus et inadaptés : « cela ne marchera jamais ». On attend que Jésus fasse pour nous, alors que c’est nous qui devons faire avec lui, selon ses conseils …

Que Jésus prend soin de nous, tout en nous donnant l’impression que c’est nous qui prenons soin de lui … et c’est parfois ce que nous pensons …

Que Jésus nous donne toujours plus qu’il ne faut. Il le fait par amour pour nous (Quand on aime, on ne compte pas !), et le don de Dieu n’est jamais du gaspillage. 153 poissons pour seulement 8 personnes ! C’est pareil que pour la multiplication des pains : douze paniers de restes ! Et c’étaient les mêmes ingrédients que pour ce repas-là : du pain et des poissons … même si les proportions ne sont pas les mêmes …

Que c’est lui qui nous invite à partager le repas, à l’Eucharistie, mais il nous demande de participer à l’apport des victuailles … fruits de la terre et du travail des hommes …

Jésus nous laisse une place. Il ne veut pas tout faire seul. Il veut que nous travaillons avec lui, pour lui. Que nous soyons véritablement co-créateurs. La venue du règne de Dieu sur terre, c’est notre affaire : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples … » (Mt 28,19) … enfin, pas vraiment car c’est lui qui fait presque tout, en nous aidant, en nous aiguillant, en nous aiguillonnant aussi parfois, … avec l’aide de l’Esprit Saint.

Sachons reconnaître son action, et n’ayons pas peur de dire, à l’instar de Jean, quand quelque chose d’inattendu nous arrive, qui nous guérit d’un travers ou nous sauve d’un accident (ou nous l’évite) : « C’est le Seigneur ! », ou « C’est la Providence ! Le Saint Esprit ! » … et ensuite de dire : « Merci Seigneur ! Merci mon Dieu ! »

Seigneur Jésus,

merci d’être toujours présent près de nous

dans nos nuits de désert, de tracas ;

de nous donner des conseils

tout en nous laissant libres de les suivre ;

de nous inviter à ta table maintenant

et au banquet des noces de l’Agneau.

Permet que nous entendions ta voix

et que nous te suivions.

Francis Cousin    

 

 

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2ième Dimanche de Pâques ( Jean 20, 19-31) :  « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Francis Cousin)

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

L’évangile de ce jour nous parle du ‘doute’ de Thomas, passage de l’on connaît bien.

Mais, en se remettant dans la situation de l’époque, on peut se poser la question : « Thomas est-il un incrédule ? ou quelqu’un rempli de bon sens, les pieds sur terre ? »

Et d’abord, pourquoi n’était-il pas avec les autres apôtres le soir de Pâques ?

Comme beaucoup, comme Cléophas et son compagnon, la mort de Jésus a été un coup rude pour lui : trois ans de vie commune avec lui ! Tout ça pour rien !

Espoir brisé … Rêves évanouis … il préfère rentrer chez lui.

Peut-être a-t-il entendu parlé de la nouvelle : Jésus serait revenu auprès des apôtres … ?

Une petite lueur d’espoir se fait jour … même s’il n’y croit pas trop …

Il reprend contact avec les autres apôtres : « J’ai entendu dire que le Maître vous est apparu ? ». « Bien sûr ! Tu aurais vu ça : nous étions enfermés dans la peur, inconsolables de sa mort. Les femmes nous avaient prévenus que le tombeau était vide ; Pierre et Jean sont allés vérifier. C’était vrai ! Pierre ne savait que penser ! Soudain, il était là, avec nous. Les portes fermées ! On était tous suffoqués. Alors il a dit : ’’Soyez dans la paix. Je ne suis pas une vision ou un fantôme : voyez mes mains et mes pieds ; voyez les traces des blessures que j’ai acceptées pour vous sauver’’. Tu aurais vu notre joie !! ». « Ah oui ! Vous êtes sûrs que ce n’est pas une hallucination collective ? Ses blessures, vous avez mis votre doigt dedans pour vérifier ? Moi, c’est ce que je ferai, alors je serai sûr que c’est bien lui, sinon je ne crois pas ! Faut pas me prendre pour un gogo ! »

Une semaine plus tard, Jésus revient vers ses apôtres. C’est un autre ‘premier jour de la semaine’, de ces jours qu’on appelle depuis ’’dimanche’’, le jour du Seigneur. Il aurait pu venir un autre jour … mais il a choisi de commémorer ce ‘premier jour de la semaine’, celui où il est ressuscité, pour de nouveau rencontrer ses apôtres … instituant par là une rencontre régulière entre lui et ses disciples.

  Après la salutation, Jésus invité Thomas à mettre à exécution son désir.

Mais Thomas n’a pas besoin de le faire : C’est vraiment lui, Jésus, qui est là devant lui, qui connaît ses désirs, les paroles qu’il a dites, qui le connaît au tréfonds de lui, « qui connaît le fond des cœurs » (Ps 43,22), comme Dieu … qu’il reconnaît en Jésus.

Alors c’est un élan de foi qui lui fait s’écrier : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Jésus le reprend : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Cette béatitude, c’est à nous qu’elle s’adresse, nous les Chrétiens. C’est la foi seule qui nous donne ce regard ’’nouveau’’ qui nous permet de croire à la résurrection de Jésus, le regard des baptisés, de ceux qui sont nés « de l’eau et de l’Esprit » (Jn 3,5).

Mais ce regard de foi a besoin d’être entretenu, par la lecture de la Parole de Dieu, par la prière et par les sacrements.

Et cette béatitude ne s’adresse seulement à nous : c’est à l’ensemble des habitants de la Terre. Et là aussi les chrétiens ont un rôle à jouer. N’oublions pas la grande prière universelle à laquelle nous avons participé le vendredi saint : « donne-nous de mieux nous aimer les uns les autres et d’ouvrir davantage notre vie à la tienne, pour être dans le monde de meilleurs témoins de ton amour » (n° 8 pour ceux qui ne croient pas en Jésus-Christ), « que tous puissent discerner les signes de ta bonté et rencontrer des témoins de ton amour » (n° 9 pour ceux qui ne croient pas en Dieu) ; faisant écho à la Parole de Jésus : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

Et là, il y a encore à faire …

Seigneur, « augmente en nous la foi » (Lc 17,5) que nous puissions avoir ce regard de foi de Thomas.

Seigneur Jésus,

Il nous arrive parfois de douter,

de toi, de tes Paroles,

sous l’influence du Malin.

Donne-nous de nous ressaisir,

comme Thomas,

devant ton amour bienveillant,

et d’affirmer du fond du cœur :      

Mon Seigneur et mon Dieu.

 

Francis Cousin    

 

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Dimanche de Pâques ( Luc 20, 1-9) :  « Absent … mais toujours présent. » (Francis Cousin)

« Absent … mais toujours présent. »

Marie-Madeleine court prévenir Pierre et Jean, sans doute au cénacle où ils avaient pris logement avec les autres disciples : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau. »

A-t-elle prévenu tout le monde par une annonce à la ronde, ce qui semblerait le plus juste, ou a-t-elle pris à part Pierre et Jean pour cela ? On ne le sait.

Toujours est-il qu’ils ne sont que deux à partir vers le tombeau, en courant.

Quoiqu’il en soit, voir arriver Marie-Madeleine de bonne heure, et que deux apôtres, dont Pierre, partent précipitamment, et en voyant l’expression de leur visage, il est surprenant que personne d’autre ne bouge.

Pourtant la mort de Jésus occupait l’esprit de chacun d’eux …

L’absence de Jésus était présente en eux …

Mais ils n’ont rien fait. Ils n’ont pas bougé …

Pierre et Jean arrivent au tombeau. Jean arrivé, en premier, n’entre pas ; il ne jette qu’un coup d’œil de dehors. Il attend Pierre.

Pierre arrive. Il entre. Il voit « les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. ». Il constate l’absence de Jésus … et c’est tout …

Jean entre à son tour : « Il vit et il crut ». Jean constate l’absence physique de Jésus, et il se souvient des paroles de celui-ci : « Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,33-34), et il croit en la résurrection de Jésus, il croit que Jésus est de nouveau présent parmi eux sur la terre et qu’il le verra bientôt.

Absence qui est présence en esprit …

Absence qui mène au doute …

Absence qui amène à la certitude de la présence

Il faudra attendre le soir pour que cette absence se transforme en présence physique … sauf pour Thomas qui restera dans le doute …

2 000 ans après, pour nous chrétiens, la question de l’absence et de la présence de Jésus fait toujours question.

Certes, nous savons tous, et nous croyons que Jésus est « ressuscité des morts le troisième jour, est monté aux Cieux, est assis à la droite de Dieu le Père, tout-puissant … ».

La présence de Jésus auprès de son Père est pour nous une certitude … mais qui peut parfois ne rester qu’intellectuelle : parce que nos parents nous l’ont dit, parce qu’on l’a appris au catéchisme, parce qu’on le dit dans le credo …

Mais est-ce que cette présence intellectuelle est aussi une présence spirituelle ?

C’est la seule qui compte !

En sommes-nous tous convaincus ?

Ne nous arrive-t-il pas, parfois, de penser que Jésus, que Dieu est absent (tout en étant présent !) ? : où était Dieu quand le cyclone Idaï a ravagé le Mozambique ? C’est une question que l’on a pu entendre …

Sommes-nous convaincus de la présence réelle de Jésus dans le pain et le vin consacrés ? Intellectuellement, oui ! Pratiquement … ?

Sommes-nous convaincus de la présence de Jésus dans toutes les personnes, les chrétiens, mais aussi les autres ? Intellectuellement, oui ! Pratiquement … ?

La présence réelle dans l’absence physique a toujours posé problème.

Déjà, dans l’ancien testament, la question se posait : « Dieu de l’univers reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la » (Ps 79,15), « Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? » (Ps 89,13). Et encore maintenant, avec le livre du père François Varone : Ce Dieu absent qui fait problème.

Trop souvent, nous agissons comme si Jésus, ou Dieu, était absent, tout en pensant qu’il est présent.

Essayons de faire en sorte qu’il soit présent dans toute notre vie. Et pour cela, il faut aller vers lui, sans cesse, dans la prière, dans l’adoration, … dans l’Eucharistie, … tout en allant vers les autres, où il est aussi présent.

Seigneur Jésus,

Par ta résurrection,

 tu es présent parmi nous, en nous.

Mais nous avons tellement de mal

à croire en ta présence

alors qu’on ne te voit pas !

Augmente notre foi en toi !

 

Francis Cousin

 

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Pâques (Veillée pascale) – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 24, 1-12)

« Il est ressuscité ! »

(Lc 24,1-12)

Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore, les femmes se rendirent au tombeau, portant les aromates qu’elles avaient préparés.
Elles trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau.
Elles entrèrent, mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus.
Alors qu’elles étaient désemparées, voici que deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant.
Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Ils leur dirent : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?
Il n’est pas ici, il est ressuscité. Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée :
“Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite.” »
Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites.
Revenues du tombeau, elles rapportèrent tout cela aux Onze et à tous les autres.
C’étaient Marie Madeleine, Jeanne, et Marie mère de Jacques ; les autres femmes qui les accompagnaient disaient la même chose aux Apôtres.
Mais ces propos leur semblèrent délirants, et ils ne les croyaient pas.
Alors Pierre se leva et courut au tombeau ; mais en se penchant, il vit les linges, et eux seuls. Il s’en retourna chez lui, tout étonné de ce qui était arrivé.

 

            Le corps de Jésus avait été déposé dans un tombeau neuf, en toute hâte, avant le début du sabbat. Dès qu’il se termine, aux premières lueurs de l’aube, les femmes viennent avec les aromates, pour accomplir à son égard un dernier geste d’amour.

            Mais surprise : « la pierre » est « roulée sur le côté du tombeau » et le corps de Jésus n’est plus là… Deuxième surprise : elles pensaient être seules et voici que « deux hommes se présentent à elles », mais leur « vêtement éblouissant » rappelle « la blancheur fulgurante » (Lc 9,29) de celui de Jésus transfiguré… Ces êtres habillés de Lumière sont des messagers de ce Dieu qui est Lumière (1Jn 1,5). « Je suis la Lumière du monde », disait Jésus. Et au tout début de son Evangile, St Jean l’avait présenté en écrivant : « En lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes, et la Lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas saisie » (Jn 8,12 ; 1,4-5).

            C’est exactement ce qu’il vient de se passer… Le Père vient « d’établir » Jésus « Fils de Dieu avec puissance, selon l’Esprit de sainteté, par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1,4). « Le Dieu de nos pères a ressuscité ce Jésus que vous, vous aviez fait mourir en le suspendant au gibet » (Ac 5,31), diront les Apôtres. Et il l’a fait en déployant en son Fils la Puissance de « l’Esprit de sainteté », « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), cet « Esprit » qui est tout à la fois « Lumière » et « Vie »… L’affirmation de Jésus sur son Mystère de Fils s’est pleinement vérifié jusqu’en son corps déposé au tombeau : « Comme le Père a la Vie en Lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la Vie en Lui-même ». « Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et tout ceci se réalise par « l’Esprit qui vivifie ». Alors, diront les Anges aux femmes, « pourquoi cherchez vous le Vivant parmi les morts ? »

Initiative de Dieu, surprise de Dieu, Don gratuit de Dieu mis en œuvre au cœur des conséquences les plus dramatiques de ce mal qui nous habite tous… Voilà ce que Dieu veut aussi réaliser dans la vie de chacun d’entre nous : une surprise de Vie, de Gratuité, de Plénitude, toujours prête à jaillir au cœur de nos êtres blessés. « Moi, Lumière, je suis venu dans la monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres, mais ait la Lumière de la Vie » (Jn 12,46 ; 8,12). Accepterons-nous de nous laisser ainsi aimer, pour la plus grande joie de Dieu ?                               DJF




Dimanche des Rameaux et de la Passion ( Luc 19, 28-40) :  « Béni soit celui qui vient, le Roi … » (Francis Cousin)

« Béni soit celui qui vient, le Roi … »

Nous voici déjà au dernier dimanche de ce carême, avec cette particularité d’avoir la lecture de deux passages de l’Évangile : La lecture de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, qui se fait à l’extérieur de l’église, puis celle de la Passion de Jésus au temps habituel.

Deux textes qui s’opposent : la fête et la joie, et l’espérance d’une nouvelle royauté d’une part, et de l’autre, la tristesse et le deuil, et la fin d’un rêve … Deux visions qui ne seront que momentanée, et qui seront toutes deux démenties par les faits, la première par la seconde, et celle-ci par la résurrection de Jésus.

Les synoptiques font partir Jésus de Jéricho, première ville conquise par les hébreux en arrivant en Canaan, pour « monter à Jérusalem », là où se trouve le temple de Dieu. Symbole d’un début et d’une fin ?

Dans tout ce passage de l’entrée à Jérusalem, il est important de noter la manière dont les disciples réagissent aux événements. Non parce qu’ils sont crédules, mais parce qu’ils mettent leur confiance en Jésus.

Quand Jésus envoie deux disciples chercher un âne dans un village voisin avec tous les détails de ce qui va se passer, ils y vont sans crainte, et tout se passe ainsi qu’il avait été dit. Et même le propriétaire de l’âne le laisse aller …

Si quelqu’un nous demandait une chose semblable aujourd’hui, quelqu’un en qui on a confiance … quelle serait notre réaction ? Est-ce qu’on irait de bon cœur ? Est-ce qu’on poserait des questions : « Oui, mais si … peut-être qu’il n’y a pas d’âne ! (ou de voiture …) ». Et si on était le propriétaire de l’âne (ou de la voiture), on laisserait partir sans rien dire, sans garantie ? Oh bien sûr, ce n’est pas Jésus qui nous le demande … mais en est-on bien sûr ? …

Sommes-nous prêts à nous laisser interpeller par les événements ? Les signes des temps ? À discerner parmi eux les bons et les mauvais ? Ou laissons-nous notre esprit individualiste prendre le dessus ?

Une fois Jésus assis sur l’âne, « toute la foule des disciples … se mit à louer Dieu ». Pour Luc, ce ne sont pas les gens de Jérusalem qui viennent à la rencontre de Jésus, ni les gens sur le passage du cortège. Il s’agit des disciples, de ceux qui croient en Jésus, qui le suivent. Et Luc n’a pas besoin de faire référence au prophète Zacharie, car sa prédiction est dans les esprits de la foule : quelqu’un qui va vers Jérusalem assis sur un âne ne peut être que le Messie, celui qui vient restaurer la royauté en Israël, le Roi. « Béni soit celui qui vient, le Roi ». Jésus n’a jamais voulu être roi (cf Jn 6,15), il ne parlait que du royaume des cieux. Mais il laisse faire.

            Et la foule continue : « Paix dans le ciel, et gloire au plus haut des cieux ». Si la deuxième partie de la phrase est compréhensible, et reprise par les autres évangiles (avec Hosanna), la première pose question. Si on fait le parallèle avec le chant des anges lors de la nuit de Noël « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. » (Lc 2,14), on remarque que quand Jésus vient sur terre, la paix vient sur la terre (Jésus, prince de la paix ! (Is 6,5). On pourrait alors penser que Jésus retournant vers son Père (mais cela, les disciples ne le savaient pas !), il amène la paix avec lui … Mais dans les cieux, on est tenté de dire que la paix existe … sauf la présence de Satan … qui sera vaincu par la résurrection de Jésus ! (Col 2,6-15). On peut donc penser que c’est par avance, en prémonition, que la foule chante « Paix dans le ciel ».

Une autre phrase un peu énigmatique : quand les pharisiens demandent à Jésus de faire taire la foule, il répond : « Si eux se taisent, les pierres crieront ». Faire taire une foule, c’est compliqué, mais ce n’est pas cela qui gêne Jésus ; pour lui, la foule dit la vérité, et on ne peut pas faire taire la vérité car elle doit être dite. Et si la vérité ne peut être dite pas la foule, par les humains, alors c’est la création qui dira la vérité … ce qui nous semble impossible … mais si une pierre pourrait devenir du pain, pourquoi ne pourrait-elle pas parler ? « Rien n’est impossible à Dieu ! » (Lc 1,37). Et quand on voit toutes les pierres qu’il y a entre le mont des Oliviers et Jérusalem, cela ferait encore bien plus de bruit que la foule …

Nous qui nous disons disciples de Jésus, sommes-nous capables de suivre aveuglément les demandes de Jésus, sans rechigner, sans poser de questions ? Sommes-nous capables de chanter la gloire de Dieu devant tout le monde ? Sommes-nous capables de dire la vérité de Jésus ?

Peut-être si on fait partie d’une foule … mais tout seul … ?

Seigneur Jésus,

Nous entrons dans cette semaine sainte,

où tu vas montrer ta royauté …

Le jour de Pâques.

Mais dans quelle foule sommes-nous ?

Celle qui t’acclame ?

Ou celle qui se laisse prendre

par les pièges du démon ?

 

Francis Cousin

 

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5ième Dimanche de Carême (Jean 8, 1-11) :  « Dieu nous tourne vers l’avenir… » (Francis Cousin)

« Dieu nous tourne vers l’avenir… »

 

Mais il semblerait que nous ayons peur de cet avenir, parce que nous ne le connaissons pas. Et que nous préférons regarder ce que nous connaissons, parce que c’est réel…

Nous ne sommes pas les premiers à réagir ainsi. Au temps des apôtres, quand Jésus était encore avec eux, par trois fois il leur a annoncé sa mort et sa résurrection (que nous célébrerons dans quinze jours), mais ils n’y croyaient pas vraiment … cela leur paraissait impossible !

Tous les textes de ce dimanche nous poussent à regarder vers l’avenir … vers un « pays où coule le lait et le miel », promesse terrestre qui devient avec Jésus promesse spirituelle … même si c’est en disant de ne pas regarder en arrière.

Dieu dit, par la bouche d’Isaïe : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle … un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides … » ( 1° lecture).

Texte qui nous fait penser au passage de l’apocalypse : « Alors j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. (…) « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : ’’Voici que je fais toutes choses nouvelles’’. » (Ap 21,1-5).

La terre nouvelle, c’est la vie éternelle dont nous a parlé Jésus, lui qui est le chemin. Mais pour lui, le chemin qu’il nous propose, contrairement à tous les chemins où on peut aller et venir, dans un sens ou un autre, ce chemin n’a qu’un sens : celui qui mène au Père, un chemin fléché, à sens unique … mais qu’il nous arrive parfois de prendre à contre-sens …

Alors Jésus nous dit : « Regardez votre passé, ce que vous avez fait. Il est temps de changer, de tourner votre tête vers l’avenir. Convertissez-vous, regardez vers moi qui suis le chemin et le bout du chemin ».

C’est ce qu’a fait saint Paul, qui peut écrire aux Philippiens : « À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ. (…) Oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut. » (2° lecture), vers la Vie Éternelle.

Dans l’évangile où une femme adultère est présentée à Jésus, les scribes et les pharisiens regardent en arrière pour accuser la femme, et surtout pour la condamner : « Dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. ». Mais ils oublient de regarder en eux leur manière de vivre, et surtout leurs propres manquements à la loi de Moïse. C’est ce que leur rappelle Jésus en disant : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. ». Alors seulement ils se rendent compte qu’ils ne sont pas meilleurs que la femme adultère, et ils s’en vont les uns après les autres.,

Là, Jésus leur demande de regarder en arrière, non pas pour y retourner, mais pour, à partir de leur propre histoire, avancer sur le chemin vers Dieu son Père, sur le chemin de la justice.

Avoir ce regard résolument tourné vers l’avenir, un avenir hors du temps, éternel, est encore une demande qui est faite régulièrement, notamment par le pape François, quand celui-ci nous demande d’avancer sur le chemin de la sainteté, à l’image de Jésus, par des petits gestes simples. Comme d’arrêter les commérages, de s’occuper des affaires des autres … comme les scribes et les pharisiens de l’évangile. Oh, bien sûr, on ne demande jamais la lapidation … mais c’est parfois une forme de lapidation morale …

Posons-nous la question : Notre regard est-il tourné vers l’avenir, ou vers le passé ? Vers Dieu et la Vie Éternelle, ou vers nos petits problèmes ?

Ayons une vision positive, constructive. Comme Jésus, qui a toujours les yeux tournés vers son Père, et qui nous incite à faire de même : « Va, et désormais ne pèche plus. »

Seigneur Jésus,

Tu ne cesses de nous parler de ton Père,

du Royaume des cieux, de la Vie Éternelle,

de ce que nous devons faire pour y parvenir …

et nous restons avec nos petits problèmes terre à terre,

à nos commérages …

Bouscule-nous !

Nous en avons bien besoin !

 

Francis Cousin

 

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4ième Dimanche de Carême (Luc 15, 1-3.11-32) :  «« Il rentra en lui-même. » (Francis Cousin)

« Il rentra en lui-même. »

 

Tout le monde connaît la parabole du Fils prodigue … ou tout du moins en a entendu parler. On l’entend au moins une fois dans l’année, on l’entend à chaque récollection sur le pardon, sur la réconciliation, sur la miséricorde … Mais est-ce qu’on la connaît vraiment ? Est-ce que l’on est rentré en soi-même pour réfléchir dessus ?

Rentrer en soi-même, c’est ce que fit le fils prodigue quand il était au ’’bout du rouleau’’, quand il était seul, sans argent, sans nourriture, loin de tous ceux qu’il aimait (?) …

Rentrer en soi-même, c’est faire le point sur soi, voir ses bonnes et ses mauvaises actions, voir ce qui est bien dans sa vie, ce qui est mal, … et voir les décisions qu’il nous faut prendre pour aller dans la direction qui nous semble la bonne.

Mais rentrer en soi-même tout seul … on risque de faire fausse route. Il faut accepter de se faire aider, pas nécessairement par un directeur spirituel … qui deviennent de plus en plus rares, et très peu demandés … mais au moins (ou au plus) par l’Esprit Saint qui est toujours prêt à nous aider si on le lui demande. Ce qui veut dire : s’isoler, faire le désert autour de soi (virtuellement), et demander à l’Esprit Saint de nous éclairer.

La parabole dite du fils prodigue est la troisième parabole du chapitre 15 de saint Luc. Dans les deux premières, plus courtes, la brebis perdue ou la drachme perdue, la fin est la même : « Il assemble amis et voisins et leur dit :’’Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée la brebis (la drachme) qui était perdue. C’est ainsi, je vous le dis, qu’il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent … ».

Dans ces deux premières paraboles, la brebis ou la drachme sont perdues. Sans plus.

Dans la troisième, c’est différent : le fils cadet demande sa part d’héritage, et décide d’aller dans un pays lointain … C’est une volonté expresse de sa part de vouloir prendre son indépendance et de quitter sa vie de tous les jours. Il veut créer son propre mode de vie.

Malheureusement pour lui, cela tourne au fiasco. Alors il se souvient de son ancienne vie, et il échafaude un stratagème, ou un repentir (?) …

Quand il revient dans son pays, c’est son père qui le voit le premier, comme s’il attendait chaque jour sa venue … et il l’accueille les bras ouverts. Il pardonne tout à son fils (et pourtant ! … pourrions-nous dire…), sans demander le détail de ce qu’il a fait pendant son absence. « Il y a de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se retourne vers Dieu » …

Il n’y a que Dieu pour réagir ainsi. Pas comme certains prêtres qui veulent le détail sur chaque péché lors des confessions, au risque de dégouter à tout jamais la personne qui vient vers lui ; pas comme certains parents qui veulent des explications sur les « mauvaises » actions de leur enfant.

Les trois protagonistes de cette parabole, le fils prodigue, le père, et le fils ainé, c’est nous, à un moment ou à un autre …

Le fils prodigue ! Bien sûr ! Et plus souvent qu’on ne le croit … ou que l’on voudrait … Combien de fois voulons-nous faire les choses par nous-mêmes, sans l’aide des autres, … parce que nous nous sentons capables, parce que … On ne peut pas reprocher cela à quelqu’un, sauf peut-être la manière … Mais est-ce que nous sommes capables de régulièrement entrer en nous-même pour faire le point ? Et reconnaître nos erreurs ? Et éventuellement demander pardon ?

Le père ? Il faut bien reconnaître que pour la plupart des gens, nous réagissons rarement comme celui qui nous est présenté. Parce que nous pensons à notre égo, aux incidences matérielles, à la manière dont notre réaction sera perçue des autres … Au lieu de simplement réagir avec notre cœur.

Le fils ainé ? C’est vrai que dans la parabole, on ne sait pas quelle est sa réaction finale, après l’intervention du père :

– Accepte-t-il de « rentrer dans la danse », pardonnant par le fait les tribulations de son frère ?

– Restera-t-il dehors, buté, sûr de sa pensée, … comme les pharisiens qui n’acceptent pas (ou qui ne reconnaissent pas) qu’un pécheur puisse se convertir ?

Il semble que ce soit la deuxième solution qui soit à retenir, et alors, malheureusement, nous sommes souvent comme le fils ainé, qui a tout bien fait … et qui en est fier … et qui a du mal à accepter qu’un pécheur se convertisse, comme Zachée, comme celui-là qui distribue la communion, alors que tout le monde sait qu’il a eu une maitresse … Combien sont-ils ces pécheurs repentis dont nous n’arrivons pas à oublier leurs erreurs passées … alors que nous oublions bien vite les nôtres …

Il est facile de se mettre du côté des bonnes personnes … alors qu’en fait, nous ne le méritons pas …

Profitons de ce temps de carême pour entrer en nous-même, et regarder quelle est notre manière de vivre vis-à-vis de Dieu, et vis-à-vis des autres …

Seigneur mon Dieu,

Nous savons que tu nous aimes

depuis toujours, et pour toujours,

que tu es toujours prêt

à nous accueillir les bras ouverts,

parce que tu es miséricordieux

et que tu pardonnes nos fautes.

Permets que nous entrions en nous-même

et que nous revenions vers toi.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

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