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27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 17, 5-10)

« Augmente en nous la foi. »

 

Voilà une demande bien surprenante, car comment peut-on augmenter quelque chose que ne peut pas se mesurer, parce qu’elle est du domaine abstrait.

Certains pensent avoir la foi … mais ceux qui les voient vivre ne s’en rendent pas compte !

D’autres pensent avoir perdu la foi, un peu comme on perd ses clefs. Est-ce toujours vrai ?

La réponse de Jésus est extraordinaire : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi’’. ». Il dit aux apôtres : « Si vous aviez la foi aussi petite que la plus petite graine, une foi minuscule, vous pourriez faire un miracle énorme, que nul homme ne peut faire ! »

En gros, il ne s’agit pas d’augmenter la foi. Car quel miracle pourrait-on faire avec plus de foi ? La foi, on l’a ou on ne l’a pas.

Au père d’un enfant envahi par un esprit mauvais qui lui demandait s’il pouvait faire quelque chose, Jésus a répondu : « Si tu peux”… ? Tout est possible pour celui qui croit. » (Mc 9,23).

Il est vrai que dans la vie courante on utilise souvent cette expression. Mais peut-être qu’on se trompe de vocabulaire. Avoir foi en Jésus, c’est croire en lui ; et comment se manifeste cette croyance, cette foi ? Dans la confiance qu’on a en Jésus, en Dieu.

La question de la foi se pose pour nous généralement quand il nous arrive des difficultés, et on se dit : « Pourquoi m’arrive-t-il cette chose ? », « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps 22,2), « Dieu oublierait-il d’avoir pitié ? » (Ps 76,10).

Et ces questions-là portent davantage sur la confiance qu’on a envers Dieu. Et on pourrait les remplacer par : « Mon Dieu, aide-moi à te faire confiance malgré tout. »

C’est ce que Jésus reproche à ses apôtres, le manque de confiance, lors de la tempête apaisée : « Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » (Mc 4,40).

Marie, « celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » (Lc 1,45), a permis un grand miracle : la conception de Jésus parle Saint Esprit.

D’autres saints ont été à l’origine de grands miracles par leur totale confiance en Dieu.

Confiance en Dieu, mais pas seulement : aussitôt après, Jésus parle du service comme une habitude à prendre : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir. ».

Qui sommes-nous devant Dieu ? Pas grand chose ! Nous devons accepter l’humilité de se reconnaître petit devant Dieu, et nous mettre à son service.

Croire, c’est avoir confiance en Dieu, et se mettre totalement au service de Dieu.

C’est ce qu’ont fait la plupart des missionnaires, ceux qui ont permis l’implantation de la Parole de Dieu dans de nouvelles contrées.

Ils ont mis leur confiance en Dieu pour oser partir dans ces régions inconnues, vers des gens qu’ils ne connaissaient pas, avec des langues inconnues et des manières de vivre inconnues.

Et une fois sur place, ils se sont fondus dans la vies des gens, en leur rendant service, au niveau sanitaire (création de dispensaires, puis d’hôpitaux), au niveau éducation (création d’écoles), et puis ils ont pu leur parler de Dieu, de celui qui les faisaient vivre, de celui qu’ils priaient, de celui qu’ils aimaient …

Confiance en Dieu, service des autres, amour de Dieu et des autres : c’est tout ce qu’il faut pour être missionnaire … même encore maintenant, dans nos familles, dans nos quartiers … parce que la mission n’est jamais terminée.

Seigneur Jésus,

Souvent nous crions comme les apôtres :

augmente en nous la foi !

Mais ce n’est pas toi qui peut le faire pour nous.

C’est à nous de faire les efforts

pour avoir une confiance totale en toi,

pour nous mettre à ton service,

pour t’aimer comme tu nous as aimés.

Nous allons essayer !

 

Francis Cousin

 

 

PRIONS: Père Céleste, Toi qui sonde les reins et les cœurs, Tu sais que bien souvent, même si notre orgueil nous pousse loin de Toi, nous voulons t’aimer.

   

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26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 16, 19-31)

 

« Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent. »

La parabole d’aujourd’hui nous parle encore de riche (et donc d’argent) et de pauvre. Et elle nous parle encore de l’au-delà, mais pas de la même manière que la semaine dernière.

Deux parties :

La première, sur cette terre. On a un riche qui vit dans l’opulence, qui festoie, qui ’’profite’’ de la vie. Et on a un pauvre, que Jésus appelle Lazare, c’est-à-dire ’’Dieu a aidé, qui git devant chez le riche et qui n’intéresse personne, hormis les chiens.

La seconde se passe dans l’au-delà : le riche va en enfer, et le pauvre se retrouve auprès d’Abraham, donc dans le paradis.

Une analyse un peu trop rapide pourrait nous amener à dire que, quand nous mourrons, on a un retournement de situation :

– celui qui vit bien et est heureux sur terre se retrouve en enfer,

– celui qui vit mal et qui est malheureux sur terre se retrouve au paradis.

Et donc qu’il vaut mieux être pauvre et malheureux pour aller au paradis.

Cette analyse pourrait aussi s’appuyer sur une fausse interprétation des béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.» (Mt 5,3) « Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! » (Lc 6,24).

Ce serait une erreur, car la richesse n’est pas un péché, et donc ne mérite aucun châtiment, car elle permet à certains de faire du bien vis-à-vis des autres, notamment des pauvres. Et la pauvreté n’est pas en soi une vertu, et donc ne mérite rien de particulier d’autant que certains pauvres peuvent être amenés à faire beaucoup de mal, et de biens mauvaises choses.

D’autant que cette manière de penser pourrait amener certains à une autre conclusion qui n’est certainement pas bonne : Puisque les pauvres sont sûrs d’aller au paradis, ne faisons rien pour eux car on risquerait de leur ôter le paradis !!

Alors, que faut-il retenir de cette parabole ?

Il peut nous arriver, quand nous pensons à nos aïeux qui sont morts, de nous demander s’ils sont en enfer ou au paradis, ou peut-être plus souvent de nous demander où nous irons après notre mort.

Et c’est peut-être cela le but de cette parabole : nous faire nous poser des questions, non pas tant sur le lieu de notre vie future (ce n’est pas nous qui jugeons, mais le fils de l’homme), mais sur la manière dont nous vivons sur cette terre : « Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! » (Mt 25,35-36).

Parce que c’est la manière dont nous vivons maintenant et jusqu’à notre mort qui va influencer le jugement nous concernant.

Qu’est-ce qui est reproché au riche ? Certainement pas sa richesse ! mais le fait qu’il n’ait jamais fait attention au pauvre qui était à sa porte !

Il vivait sa vie, avec ses amis. Mais sa richesse ne lui permettait pas de voir le pauvre qui était à sa porte, tout près de lui !

Sa richesse l’avait rendu aveugle !

Alors nous : Est-ce que nous sommes attentifs aux pauvres qui sont à côté de nous ? À tous les pauvres qui nous entourent, de toutes les pauvretés : pécuniaires, morales, familiales, au niveau du travail, de la santé, de la solitude, du logement …

Cela en fait du monde … qu’on ne voit pas, ou qu’on ne cherche pas à voir …

N’oublions pas ce que dit Abraham à la fin du texte : « Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! ». Et nous, nous en plus l’évangile de Jésus, tout le nouveau testament, les saints et les papes, dont le dernier, le pape François, qui a choisi son nom parce que son voisin lui avait dit : « N’oublie pas les pauvres ! » et qui nous dit à nous aussi : « N’oubliez pas les pauvres ! »

Seigneur Jésus,

encore une fois tu nous rappelles

que l’argent que nous avons doit être partagé

avec ceux qui sont dans le besoin,

mais aussi que nous devons être attentifs

à toutes les sortes de pauvreté.

’’Chaque fois que vous avez fait quelque chose

 pour l’un de ces plus petits de mes frères,

c’est à moi que vous l’avez fait.’’

 

Francis Cousin

   

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Prière dim ordinaire C 26°




25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 16, 1-13)

 

« Faites-vous des amis

avec l’argent malhonnête. »

On peut être surpris de cette consigne de Jésus. En effet, comment comprendre que Jésus nous encourage à faire des choses malhonnêtes ?

Il ne s’agit pas pour Jésus d’utiliser des mauvaises manières pour arriver à ses fins, qui, elles, sont bonnes puisqu’il s’agit de permettre à des personnes de pouvoir aller au Paradis, dans les demeures éternelles, pour pouvoir y être accueillis par eux.

Il y a un adage qui dit : « La fin justifie les moyens ».

On pourrait croire que Jésus est d’accord avec cela.

Mais je ne pense pas que ce soit vrai. Jésus ne peut pas nous encourager à faire des choses mauvaises dans un but bon.

Ce qu’il demande, c’est d’être aussi ingénieux que l’intendant malhonnête pour faire le bien, de trouver les moyens nécessaires pour pouvoir réaliser ce qui est bien, mais toujours dans le respect de l’éthique chrétienne et de la loi humaine. « En effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière ».

Et quand Jésus parle de bien, ce n’est pas comme pour l’intendant malhonnête pour son bien personnel futur, mais pour le bien pour tous, pour les autres, le bien commun.

Jésus ne nous demande pas d’être malhonnête. Surtout pas.

Il ne nous donne pas en exemple le gérant, qui n’est pas vraiment un voleur puisque lui ne gagne rien, mais ses agissements nous montre qu’il est véritablement un mauvais gestionnaire puisqu’il dilapide les biens qui ne lui appartiennent pas.

S’il en est un qui fait son éloge, c’est son maître. Mais cela ne l’empêche pas de vouloir se séparer de lui.

Mais Jésus ne le fait pas. Par contre, il dit : « Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. »

Et il ajoute : « Si donc vous n’avez pas été digne de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? »

Quel est donc ce bien véritable ?

Le bien véritable, c’est la parole de Dieu, c’est le service pour le bien commun. C’est tout ce qui peut nous permettre d’entrer dans le Paradis.

Ce qui veut dire clairement que si on trafique avec de l’argent malhonnête, on ne peut pas aller dans le Paradis (sauf à se convertir in extremis).

La fin de la lecture de ce jour est encore plus claire : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ».

Et on pense automatiquement au jeune homme riche qui voulait suivre Jésus : « Va, vends tout ce que tu as et donnes-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. » grâce à « ces amis [qui t’]accueilleront dans les demeures éternelles ».

Mais lui a préféré avoir son trésor sur la terre.

Seigneur Jésus,

tu nous demandes d’être attentifs

à notre rapport à l’argent,

et que celui-ci ne soit pas utilisé

seulement à notre propre profit,

mais pour le bien de tous,

surtout ceux qui en ont le plus besoin.

Restons attentifs à eux.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 25°




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 15, 1-32)

« Mon fils que voilà était mort,

et il est revenu à la vie. »

 

L’évangile de ce jour, un peu long, nous parle de trois paraboles.

A quelle occasion Jésus donne-t-il ces trois paraboles ?

Les pharisiens et les scribes jasaient au sujet de Jésus parce que les publicains et les pécheurs venaient à lui pour l’écouter, et même parfois l’invitaient à manger, ce que Jésus acceptait volontiers (comme avec les pharisiens d’ailleurs). Ou du moins ceux que les pharisiens disaient qu’ils étaient pécheurs : « Pourquoi s’occupe-t-il des pécheurs ?! Ils ne valent rient ! Dieu ne peut que les rejeter ! Ils sont définitivement perdus ! ». …

Oui ! Cela, c’était au temps de Jésus ; les bien-pensants ( ?! ) ne savaient pas que Dieu est amour ( Euh ? « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour … » Ps 102,8.  Ils ont dû oublier).

Mais maintenant, avec Jésus, tout le monde le sait ! …

Oui ! On le sait …

Mais est-ce qu’on a véritablement changé d’attitude vis-à-vis de certains qu’on qualifie de pécheurs ?

Lors de la dernière session des Assises, il y a peu, que n’a-t-on pas dit envers ceux qui étaient accusés de meurtre, de viols, de violences familiales ?

J’ai entendu les mêmes réactions que celles des pharisiens à l’époque de Jésus !

Maintenant on le sait ? Intellectuellement, peut-être, mais pratiquement … ??

Alors Jésus s’exprime, pour nous aussi, concrètement.

Les deux premières paraboles montrent des personnes qui cherchent ce qu’elles ont perdu … et quand elles le retrouvent, tout à leur joie, elles invitent leurs voisins et font la fête, car « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé [ce] que j’avais perdue ! », et Jésus conclut : « Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

La troisième parabole est bien connue. Avant, on l’appelait ’’le fils prodigue’’, maintenant, de plus en plus, on l’appelle ’’Le père et ses deux fils’’, ce qui est mieux car les trois personnes sont importantes :

– le plus jeune fils, qui trouve l’atmosphère familiale trop ringarde, qui s’ennuie chez lui (comme bon nombre d’adolescents qui s’ennuient à la messe …), il en a assez de son père, alors il décide de prendre la liberté, non sans oublier de prendre en passant son ’’héritage’’. Quand il n’a plus d’argent, il essaie de se débrouiller, mais ça lui pèse trop ; alors il prépare un discours bidon pour revenir chez son père.

– l’ainé, lui, reste chez lui. Il travaille pour son père, jusque tard le soir. Il n’a pas l’air non plus très heureux … et quand son frère revient et qu’il entend la fête, il fait une crise de jalousie : « Pourquoi pour lui, et pas pour moi ? »

– le père, qui continue de s’occuper de sa maison, mais qui attend toujours le retour de son fils … et quand il le voit, il oublie tout ce que celui-ci lui a fait subir pour l’accueillir avec joie : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie. ». Et qui sort de sa maison pour aller voir l’ainé qui ne veut pas rentrer. Il veut que tout le monde soit avec lui, dans la joie des retrouvailles …

La question pour nous est de savoir à quel personnage on ressemble le plus ?

Le cadet avec son désir de liberté, qui fait ce qu’il veut ? … (comme les pécheurs)

L’ainé avec sa jalousie, et sa certitude de tout bien faire pour son père …, d’être irréprochable … ? (comme les pharisiens)

C’est à chacun de voir … Sans doute aux deux, selon les moments …

Le père … ? Celui qui veut le bien de tous, qui se réjouit du retour de son fils ?

Peut-être aussi, parfois, mais épisodiquement … du moins je pense …

Mais nous ne sommes pas Dieu, nous n’arrivons pas à toujours aimer, à aimer tout le monde, sans arrière-pensées … Nous n’arrivons pas toujours à faire la différence entre la faute, le péché … et la personne qui a fait la faute … et souvent on mélange les deux … et on condamne le pécheur et pas seulement la faute … parce que nous sommes des humains, et donc nous aussi pécheurs … et en réagissant ainsi, on se condamne aussi …

Mais nous savons une chose que Jésus nous enseigne, nous qui nous considérons souvent comme des bien-pensants, des bien-faisants : si jamais nous tombons (ou plutôt quand nous tombons …), nous sommes sûr que Dieu ne nous laissera pas tomber, qu’il viendra nous chercher dans le plus profond de notre être, jusqu’à ce que nous retournions vers lui … et que ce sera la fête dans le ciel !! avec nous !

« Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?!! »

Dieu notre Père,

Tu aimes tellement tous tes enfants,

quels qu’ils soient,

que tu veux qu’ils soient toujours près de toi.

Et quand l’un s’égare, tu pars à sa recherche.

Quand tu le trouves,

c’est la joie pour tous ceux qui t’entourent.

Je sais donc que, si je m’éloigne de toi,

tu feras tout pour me ramener à toi.

Et cela m’arrive si souvent de m’éloigner de toi …

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 24°




24ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le fils prodigue

Lc 15, 1-32

Parmi les trois paraboles admirables qui nous montrent jusqu’où peut aller l’amour de Dieu, attardons-nous, si vous le voulez bien, sur la dernière: « Un homme avait deux fils ». Elle semble tellement d’actualité cette histoire : il n’arrive pas de semaines où l’on ne me raconte des conflits entre des jeunes et leurs parents, où un jeune homme s’en va en claquant la porte, ou cet autre reste à la maison, mais en feignant d’ignorer ses parents qu’ils considèrent comme déphasés, ringards, dépassés, de ces familles qu’il faudrait plutôt appeler « Pension de famille » tant ceux qui vivent sous le même toit s’ignorent, vivent chacun de leur côté, juxtaposés, mais bien peu unis, encore moins, aimants. Combien de pères ou de mères n’arrivent plus à établir des relations d’amour avec des enfants, pourtant très différents de tempérament, un amour mal accueilli, mal compris.

Et derrière cette histoire, nous nous souvenons de la 1ère lecture, l’histoire de l’alliance du Sinaï : Dieu, respectueux de la liberté humaine qui n’arrive plus, lui aussi, à établir des liens d’amour avec son peuple choisi. Si bien que la mission du Christ sera de partir à la recherche des brebis égarées et d’essayer de nouer des relations nouvelles : une nouvelle alliance entre Dieu et ses fils, tous les hommes.

Jésus, aujourd’hui, veut provoquer notre réflexion et nous amener à nous demander si nous ne ressemblons pas à l’un de ces deux fils, dans notre attitude envers Dieu.

 

Voyons d’abord le plus jeune : celui que l’on appelle le « Prodigue ». Il a  l’esprit  aventureux, portant  en  lui, une « fureur de vivre ». Il  est  comme  certains  des  jeunes d’aujourd’hui, « Il veut tout et tout de suite ». Ses illusions vont d’ailleurs tomber très vite au contact de l’égoïsme des autres… Il va découvrir très vite le désert de l’amour. Laissons-nous attendrir par ces retrouvailles et l’accueil chaleureux de son père.

« Lorsqu’on a été père une fois, on ne peut plus cesser d’être Père ». Rien ne compte. Tout est oublié, effacé, aboli : c’est la fête de l’amour et l’amour n’a pas de prix. Et par là, nous comprenons mieux l’appel pressant de Jésus à tous ceux qui ont pris vis-à-vis de Dieu beaucoup de distance : toute la gamme des négligents, des insouciants, des mal-croyants, ceux que nous appelons aujourd’hui « les non-pratiquants » et encore de tous ces marginaux, ces exclus, ces révoltés, un peu dans le genre du malfaiteur qui se trouvait crucifié à côté de Jésus. Lui aussi se tourne vers le Christ, peut-être en souvenir de cette parabole de miséricorde ?

Et nous, qui sommes ici, rassemblés dans cette église, qu’en est-il de nos relations avec Dieu ? Lorsque nous disons « Notre Père », voulons-nous chanter tout l’amour qui est dans le cœur de Dieu ? Voulons-nous exprimer toute la confiance qui est dans le nôtre ? Cette histoire du fils fugueur nous invite encore à l’espérance : oui, des êtres chers semblent éloignés de Dieu, ils cherchent ailleurs un autre chemin de bonheur. Ne les jugeons pas. Croyons solidement que le Père des cieux reste toujours prêt à les accueillir au jour de leur retour car Dieu est riche en miséricorde.

Passons au fils aîné : il nous apparaît, au premier abord, comme un fils exemplaire : fidèle à la loi, plein de soumission et d’obéissance,  mais il a si peu d’affection, si peu de confiance qu’il n’a jamais osé demander un chevreau à son père, pour faire une boum avec les jeunes de son âge… la fête de quoi ?

Il n’y a peut-être jamais pensé : peu d’amour dans le cœur, peu d’esprit de fête.  Avez-vous assez de fêtes en famille ? Si oui, c’est bon signe, c’est qu’il y a de l’amour entre vous.

Le retour inattendu de son frère va éclairer tout cela ! « C’est un comble, c’est un scandale ! », se dit-il. N’est-ce pas approuver, encourager la rébellion, le gaspillage ? Cette fête est insensée, ridicule et de fait, elle le serait, si justement, elle n’était le signe d’un amour fou et sans mesure, celui de Dieu.

Judas, aussi, trouvera ridicule le geste de la pécheresse qui va verser sur les pieds de Jésus, un parfum de grand prix, répandu sans retenue, avec exubérance. A quoi donc serviraient les richesses matérielles sinon justement à exprimer des gestes d’amour : c’est le sens même du cadeau, et de la fête !

Au travers de cette histoire, Jésus s’adresse aux pratiquants et leur dit : « Attention, votre amour du Père doit s’exprimer certes par un culte rendu à Dieu, mais aussi soyez des pratiquants de l’amour fraternel :

. fidélité à votre prière

. fidélité à votre messe, très bien

. fidélité à votre conscience et à l’éducation que vous avez reçue.

Oui, mais ouvrez les yeux autour de vous, soyez compréhensifs et pleins d’attention à l’égard de ceux qui se sont éloignés du Père et soyez avec eux, comme des frères, de vrais frères, de toutes façons, issus d’un même Père, prêts à se pardonner les uns les autres.

A notre tour de réfléchir sur nos comportements de baptisés.

La vie chrétienne, c’est la découverte de plus en plus complète, à l’école de Jésus, de l’amour infini du Père des cieux.

 « Il fallait bien faire la fête et se réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie… il était perdu et il est retrouvé ».

Ce retour des fils vers le père qui les accueille avec joie et dans la fête, essayons, nous aussi, de le vivre avec sincérité, ce retour vers le Père, et cet amour de nos frères.

Nous aussi, essayons d’aimer et de pardonner de la même façon que Dieu puisqu’il nous pardonne à chaque fois que nous faisons retour vers lui.  AMEN

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 25-33)

« Celui qui ne porte pas sa croix

pour marcher à ma suite

ne peut pas être mon disciple. »

 

Et pour expliciter cette phrase, Jésus donne deux exemples :

– Avant de construire une tour, dont le but était de pouvoir veiller sur les biens des agriculteurs, notamment la vigne, il faut s’assurer qu’on ait les moyens de payer les travaux. La tour est un gage pour la réussite de l’entreprise du vigneron.

– Un chef d’armée doit s’assurer qu’il puisse avoir une chance de remporter la bataille, sinon il doit négocier pour limiter les dégâts.

Pour suivre Dieu, Jésus, il faut s’assurer qu’on puisse le suivre jusqu’au bout, et pour cela le mettre en premier.

Cela veut dire notamment, comme le dit l’évangile, mettre en arrière toutes les personnes que l’on connaît, surtout sa famille : « son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même sa propre vie. ». Ce qui ne veut pas dire qu’on n’ait plus de relations avec eux, qu’on se néglige soi-même, ce qui n’aurait pas de sens parce qu’ils sont aussi notre prochain, parce qu’on a conclu, pour certains, un ‘contrat’ avec eux, un sacrement : le mariage célébré devant Dieu pour le conjoint, le baptême où l’on s’engage à éduquer les enfants dans la foi chrétienne … mais Dieu passe avant.

Le Christ ne peut pas nous demander de ne pas aimer ceux qui nous sont les plus proches … mais il ne veut pas que nos préoccupations vis-à-vis d’eux envahissent toute notre vie.

Cela peut nous paraître difficile … C’est une partie de nos croix …

Comme pour beaucoup de choses, on ne peut pas le faire seul, avec nos propres forces. Mais si on se tourne vers Dieu, il nous donnera la possibilité de vivre ainsi.

Renoncer à soi-même, porter sa croix, c’est une condition pour suivre Jésus. Et il le dit bien : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. ».

Mais ce n’est pas une condition préalable pour commencer à suivre Jésus. Cela peut venir peu à peu, au fur et à mesure que l’on marche avec le Christ, sur la route où il nous convie.

Dieu n’est pas pressé, il nous laisse le temps : « À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va » (Psaume 89), et le psalmiste ajoute : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. », et la première lecture dit encore « Qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? »

Alors, ouvrons nos cœurs au souffle de l’Esprit Saint, lisons la Parole de Dieu, prions Dieu de nous éclairer, de nous donner la sagesse … et un jour, qu’on ne peut définir à l’avance, dans un mois, dans un an, dans dix ans … nous pourrons vraiment suivre Jésus sur le chemin de notre vie qui deviendra le chemin de sa vie, le chemin de la Vie.

Nous ne sommes pas meilleurs que les apôtres qui ont pris du temps pour comprendre l’enseignement de Jésus ; au pied de la croix, il n’y avait que Jean parmi eux … Il faudra la résurrection et la Pentecôte pour qu’ils soient ‘libérés’, pour qu’ils mettent Jésus au premier rang dans leur vie et qu’ils se donnent totalement à l’annonce de la Parole de Jésus.

Mais cela ne veut pas dire qu’on a le temps … pour se mettre en route …

Au contraire, c’est en marchant au côté de Jésus qu’on apprend peu à peu la sagesse et que l’on se laisse transformer par l’Esprit Saint. Il n’y donc pas de temps à perdre.

Seigneur Jésus,

tu sais combien il est difficile pour nous

de te mettre toujours à la première place.

Nous avons tellement de choses

qui nous semblent prioritaires,

surtout avec nos proches,

que bien souvent tu passes après.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

pour être des témoins de ta présence parmi nous.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 23°




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 1.7-14)

 

« Quiconque s’élève sera abaissé,

et qui s’abaisse sera élevé. »

 

Ce que dit Jésus dans l’évangile de ce jour pourrait être interprété comme une leçon de vie, une manière de se bien comporter dans notre vie de tous les jours.

Mais on aurait tort de limiter son discours à cela. Jésus n’est pas un écrivain à sensation comme on en trouve tant aujourd’hui, genre « 1000 astuces pour réussir dans la vie », mais plutôt un orateur qui distille quelques fondements pour réussir sa vie :

– « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15,12)

– « Pardonnez jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Mt 18,22)

– « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » (Mt 20,26) …

Ce qu’on pourrait résumer par : Amour, Justice, Humilité.

Parce qu’il faut bien situer quel est le but de notre vie, et agir en fonction de ce but.

Et pour nous chrétiens, le but de notre vie ne se limite pas à notre vie terrestre, mais bien à accéder au Royaume des cieux, dans la Vie Éternelle.

Et c’est encore de cela dont parle Jésus aujourd’hui.

Les grands saints n’avaient pas d’ambition personnelle, mais leur seule ambition était de vivre selon l’évangile, et d’attirer les autres personnes à vivre selon l’évangile. Ils se sont mis dans une situation d’humilité, se sont fait petits, laissant Dieu agir en eux.

Un exemple : François d’Assise, qui quitte la vie dorée que son père lui avait préparée pour devenir pauvre ; et il le fait de manière forte, rendant tout ce qu’il avait reçu de son père jusqu’à se dénuder pour aller se réfugier dans les bras de l’évêque d’Assise. Quitter le ’’monde’’ pour Dieu.

Et si on regarde les fondateurs d’ordre religieux, nombre d’entre eux ont été évincés de la direction de leur ordre par des ambitieux qui voulait se faire une place aux yeux du ’’monde’’ … mais maintenant, on ne parle plus d’eux (ou en termes négatifs), alors que les fondateurs ont souvent été reconnus comme saints ou bienheureux par l’Église. Je pense entre autres à saint Jean-Baptiste de la Salle, ou à sainte Jeanne Jugan qui à la fin de sa vie ne faisait plus que des activités de ménages, et qui côtoyait des novices qui la prenaient un peu de haut, ne sachant pas qu’elle était la vraie fondatrice des petites sœurs des pauvres …

« Quiconque s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé. »

Alors pour nous, faut-il toujours s’abaisser, se mettre parmi les derniers ? …

Certainement pas.

Si on se met dans les derniers dans l’espoir d’être élevé … on risque fort de terminer sa vie, terrestre et éternelle, dans les derniers.

Jésus nous invite à la modestie, à l’humilité, pas à ne rien faire.

Au contraire : il nous a procuré des dons, des talents, … et il attend qu’on les fasse fructifier, pour notre bien-être et surtout pour celui des autres et de Dieu.

Jésus n’est pas contre l’ambition des personnes, mais il veut que cette ambition ne soit pas concentrée sur soi-même, mais qu’elle soit pour le bien commun, au service de tous.

« En tant qu’artisan menuisier, [Jésus] savait bien que la clé de la réussite est le bon travail, fait avec honnêteté. Ce qu’on apprécie à la longue n’est pas le paraître, mais la manière d’être, non pas ce que quelqu’un aimerait bien être, mais ce qu’il est vraiment en tant qu’individu. » (Cardinal Christoph Schönborn)

Seigneur Jésus,

Tu aimes les gens ambitieux,

ceux qui sont prêts à se sacrifier

pour une cause …

à condition que ce ne soit pas

pour se mettre en avant,

mais que ce soit la cause

qui soit mise en avant,

dans le respect de la justice

et de la loi morale.

Fais que nous soyons ambitieux

pour ta plus grande gloire.

 

Francis Cousin

 

  

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Prière dim ordinaire C 22°




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 13, 22-30)

 « Efforcez-vous d’entrer

par la porte étroite. »

 

« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »

C’est la question qui hantait déjà les gens qui entendaient Jésus … et qui hante encore un certain nombre de personnes. Certains ont peur de ne pas être dans le groupe des sauvés … et certaines sectes en rajoutent en disant qu’il n’y aura que 144 000 sauvés …

D’autres, au contraire, pense qu’il ne faut pas s’en faire, car Jésus va sauver tous les humains, et donc, « On ira tous au Paradis » comme le chantait Michel Polnareff, ou comme le disaient d’autres film ou comédie musicale …

Bien sûr, c’est le but de Jésus, que « tous les hommes soient sauvés », il est venu sur la terre pour cela, et c’est son désir le plus cher. Encore faut-il que les humains répondent à sa Parole.

Dans un autre passage d’évangile, Jésus parle aussi de porte : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. (…) Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer ; il pourra sortir et trouver un pâturage. » (Jn 10,7.9), et il le dit bien : il faut passer par lui, par sa Parole, suivre son enseignement.

Jésus est la porte. Il est aussi « le chemin » qui mène à la porte, et il est « la vie » pour ceux qui arrivent à trouver la porte et la passer avec lui. Car il ajoute : « personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

Et pour passer la porte avec Jésus, il y a des préalables : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mc 8,34). On remarquera que c’est ce que nous demandent les trois derniers évangiles que nous avons entendus : ne pas penser qu’à soi, son bien-être, être attentif à la venue du Seigneur, rechercher la véritable richesse, celle ’’d’en haut’’ et non celle de la terre, et suivre en tout les enseignements de Jésus (cf Col 3,1-2.5).

Alors, la porte du paradis est-elle étroite, comme nous le dit Jésus ?

Je ne pense pas, car Dieu ne veut pas que nous n’arrivions pas dans son paradis, au contraire.  Vue du côté de Dieu, la porte est grande ouverte, elle est à la dimension de l’amour qu’il a pour tous les hommes et de sa miséricorde envers eux ; il fait tout pour que nous puissions la passer sans encombre. « Restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. » (Ep 3,17-19).

Oui, mais rester toujours enracinés dans l’amour, pour nous les hommes, c’est bien difficile. Surtout l’amour, comme Dieu nous aime ! Nous avons une vision de l’amour tellement petite, étroite, par rapport à celle de Dieu, que notre vision de la porte du paradis est pour nous bien étroite.

Avec notre suffisance naturelle et nos rêves de grandeurs, le désir de paraître,

– comment se faire petit face à Dieu, petit face aux autres humains dans lesquels Dieu est présent … ? « Qui s’élève sera abaissé ! » (Lc 14,11)

– comment se faire serviteur de nos frères ? « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous » (Mc 10,43-44)

            Avec notre attirance pour les biens matériels et le confort qu’ils sont sensés nous apporter,

– comment être reconnu de Dieu ? « Ceux-là ont reçu leur récompense. » (Mt 6,2)

Celui qui se gonfle d’orgueil, celui qui pense d’abord aux biens matériels pour lui, celui-là ne peut pas passer par la porte pourtant grande ouverte, parce qu’il emporte trop de choses avec lui, la porte lui semble trop étroite.

On pourrait même dire que la porte lui semble aussi trop basse. Jésus n’a-t-il pas dit : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3-4)

 Parce que pour passer par la porte du paradis, il ne faut qu’une chose : être en communion avec Dieu : le Père, le Fils et l’Esprit ; Être en communion avec ce qui fait que Dieu est Dieu : l’Amour. Si nous aimons comme Dieu nous aime, nous pourrons passer sans problème la porte, qui ne nous semblera pas du tout étroite, ni trop basse.

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23)

Encore faut-il que nous aimions Dieu, et donc les autres humains, comme lui nous aime.

« Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » (Mt 19,26)

Mettons-nous dans les mains de Dieu, ouvrons-lui notre cœur, alors, avec son aide, la porte ne nous semblera pas étroite.

Seigneur Jésus,

Tu ne réponds pas à la question :

combien seront sauvés ?

mais tu nous invites à tout faire

pour passer par la porte du Royaume des cieux

 qui nous semble étroite, 

parce que nous sommes embarrassés

par notre suffisance,

notre amour des biens matériels.

Fais que nous devenions

amour en réponse à ton amour ;

alors libérés de tout superflu,

nous pourrons passer la porte.

Francis Cousin   

 

  

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Prière dim ordinaire C 21°




20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12,49-53)

 « Pensez-vous que je sois venu

mettre la paix sur la terre ? »

 

C’est curieux d’entendre cela de la part de Jésus, surtout quand il ajoute aussitôt après : « Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. »

Et pourtant, Jésus, le Messie, est présenté par Isaïe à l’inverse : « Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : ’’Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix’’. » (Is 9,5). À l’annonce de sa naissance, les anges du ciel chantaient : « Gloire à Dieu … paix sur la terre aux hommes qu’il aime » (Lc 2,14), et Jésus lui-même a dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jn 14,27) que l’on reprend dans le rite de la paix à chaque messe, en continuant : « Pour que ta volonté s’accomplisse, donne [à ton Église] toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite », et on le redit encore dans l’Agneau de Dieu.

Et si on regarde dans les Béatitudes, on trouve plusieurs béatitudes qui vont dans ce sens : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés … Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. » (Mt 5,6.9-11).

Vouloir la justice, c’est vouloir la paix. Et on voit bien ici que ce ne sont pas ceux qui suivent Jésus qui amènent la division, et encore moins Jésus, mais les autres, qui persécutent, qui insultent ou qui médisent.

Et pourtant, c’est un reproche que l’on fait souvent aux religions, et particulièrement aux catholiques, d’être à l’origine de conflits, de guerres …

Et c’est tellement fortement inscrit dans les habitudes que les livres d’histoires parlent des ’’guerres de religions’’, notamment pour la France. Mais on en parle aussi ailleurs : il y a quelques temps, en Irlande du Nord avec l’IRA et les Anglais, … et en ce moment, de guerres entre chrétiens et musulmans, en Afrique principalement, ou entre chrétiens et hindous en Inde … et on voit ces jours-ci la volonté du gouvernement d’Israël d’implanter de nouvelles colonies juives sur le territoire Palestinien (des chrétiens et des musulmans), au mépris des accords passés.

Ce n’est quasiment jamais une question de religion qui est à l’origine de ces conflits, mais des questions de volonté d’expansion, de domination, de pouvoir, que ce soit au niveau politique, économique, ou parfois ethnique …

Mais il est vrai que ceux qui veulent suivre l’enseignement de Jésus, c’est-à-dire « ceux qui ont faim et soif de la justice », vont immanquablement trouver sur leur chemin des personnes qui s’opposent à eux, parce qu’elles ne veulent pas la justice, parce qu’elles profitent de la situation présente …

Alors, on comprend bien le regret de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! ».

Parce que le feu de Jésus, ce ne sont pas les bombes, les incendies qui en découlent, les guerres … le feu de Jésus, c’est l’Amour ! « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Le feu de Jésus, c’est la charité, la justice, la miséricorde, le pardon …

Malheureusement, deux mille ans après Jésus, nous pouvons encore dire « et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! ».

Mais il ne suffit pas de regretter que ce feu de l’Amour ne soit pas encore allumé, car si nous voulons vraiment qu’il brûle, il faut que chacun y mette la main … au risque de se brûler, et de devoir affronter des critiques … ou plus …

Ce sont là nos croix !

Seigneur Jésus,

Tu es venu apporter un feu sur la terre,

un feu d’amour, de justice et de paix.

Mais il ne brûle pas beaucoup.

Tu comptes sur nous pour le ranimer,

et nous pourrons le faire

avec l’aide du feu de l’Esprit Saint.

Qu’il brûle en nous !

Francis Cousin   

 

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Prière dim ordinaire C 20°




19ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 12,32-48)

« Toujours prêt ! »

C’est la devise bien connue des scouts … mais c’est aussi ce que l’on demande à certains professionnels comme les urgentistes, les pompiers, les policiers … ou à certaines personnes qui sont « d’astreinte » pour intervenir le plus rapidement possible pour le bien de tous.

C’est aussi ce que le Seigneur conseille à tous dans l’évangile de ce jour : « Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. ». Cette phrase a sans doute pour beaucoup de ses auditeurs rappelé le conseil donné avant de quitter l’Égypte, la terre d’esclavage de leurs ancêtres. Et surtout l’urgence de la situation. Ici, il s’agit de quitter une autre terre, notre terre, pour aller dans le Royaume … des cieux ; L’urgence n’étant pas de mourir, mais d’être toujours prêt … pour le service des autres.

La semaine dernière, Jésus nous parlait d’un homme riche qui faisait des rêves de grandeur à son profit, mais que Dieu rappelait à lui dans la nuit. Aujourd’hui, Jésus propose des paraboles où c’est le maître (Dieu) qui s’en va, et qui nous confie sa maison, qui nous fait intendant de son domaine, en attendant qu’il revienne. Et quand il revient, on ne sait pas quand, il attend que nous soyons prêts à le recevoir, et il fera le bilan de la façon dont nous avons géré ses affaires. Mais il insiste surtout sur la manière dont nous aurons géré les relations avec les autres personnels de sa maison, s’ils ont bien été nourris, si on a pris soin d’eux, les traitant avec civilité … et si on s’est bien conduit.

Alors que dans la parabole des talents, le maître se soucie des rentrées économiques, ici, le maître se soucie des relations interpersonnelles, humaines. Et de la bonne entente entre les gens. Avec cette conclusion qui rappelle celle des ’’talents’’ : « À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

« Jésus aujourd’hui nous rappelle que l’attente de la béatitude éternelle ne nous dispense pas de l’engagement pour rendre le monde plus juste et plus habitable. Au contraire, notre espérance de posséder le Royaume dans l’éternité nous pousse à œuvrer pour améliorer les conditions de la vie terrestre, spécialement des frères les plus faibles. » (Pape François, 7 août 2016)

Et pour cela, il y a toujours urgence, du service des autres, de la mise en œuvre du commandement d’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).

On pourrait reprendre ce que disait Jésus à la Samaritaine : « L’heure vient, et c’est maintenant… » (Jn 4,23). Parce que Dieu vient à toute heure, ou plutôt est toujours présent, et nous devons être prêts à lui rendre des comptes à toute heure, c’est-à-dire maintenant, quand Dieu vient vers nous, sous la forme d’un voisin amical ou mécontent, d’un autre nécessiteux, d’un pauvre sans abri, de personnes en détresse morale ou spirituelle … dans tous ceux qui nous entourent, pauvres ou riches (financièrement, intellectuellement, socialement …) ; voir même sa présence dans la nature que nous souillons sans vergogne …

On connaît ce conte où un vieillard très pieux se désolait de ne pouvoir rencontrer Dieu, et chaque jour il lui demandait « Veux-tu venir chez moi ? ». À force, Dieu lui dit : « Je viendrai chez toi mardi ». Tout réjoui, le mardi le vieillard prépara sa venue, il nettoya sa maison, prépara un poulet rôti, un bon gâteau, mis une chaise devant sa porte pour que Dieu puisse s’y asseoir, puis il attendit Dieu. Vers midi, un mendiant passa, et lui demanda s’il pouvait lui donner à manger, mais le vieillard lui dit : « J’ai bien un poulet rôti, mais il est réservé pour Dieu qui doit venir chez moi. Je ne peux rien te donner. ». Vers quatre heures de l’après-midi, un enfant passa et vit par la fenêtre le bon gâteau, et il demanda au vieillard : « Peux-tu me donner une part de ce gâteau, il a l’air tellement bon ! ». Mais le vieillard lui répondit : « Je ne peux pas ! Ce gâteau est réservé pour Dieu qui doit venir chez moi. ». Vers la fin de la journée, le vieillard s’impatientait : « Dieu n’est pas encore venu ! ». Vers les sept heures, un homme, fatigué par sa journée de travail, s’assit sur la chaise devant la porte du vieillard. Celui-ci sorti aussitôt de chez lui : « Sors de là. Cette chaise est réservée pour Dieu qui doit venir chez moi ». À dix heures, Dieu n’était pas encore passé ! Le vieillard était fâché contre Dieu : il n’avait pas tenu sa promesse ! Alors il dit à Dieu : « Dieu, tu n’avais dit que tu passerais chez moi aujourd’hui, la nuit est tombée, et tu n’es pas encore passé. Je n’attendais pas cela de toi ! ». Alors Dieu lui répondit : « Mais mon ami, je suis venu trois fois chez toi : le mendiant qui t’a demandé à manger, c’était moi ; l’enfant qui désirait une part de gâteau, c’était moi ; l’homme fatigué qui s’est assis sur ta chaise, c’était moi. Et à chaque fois, tu m’as refusé ton hospitalité. Moi aussi, je n’attendais pas cela de toi ! ».

N’est-ce pas souvent là notre attitude : ne pas voir Dieu dans les autres, ne pas savoir l’accueillir quand il vient vers nous, ne pas lui ouvrir notre porte … et notre cœur …

« Le Seigneur a frappé à tes volets, mais toi, tu dormais … » (Père Aimé Duval)

Seigneur Jésus,

Tu nous demandes d’être

toujours en tenue de service,

toujours prêt à rendre service,

à t’accueillir quand tu viens vers nous

par l’intermédiaire de diverses personnes.

Mais souvent, nous ne te reconnaissons pas,

alors que tu es en tous ceux qui nous entourent.

Ouvre nos yeux à ta présence.

Francis Cousin  

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Prière dim ordinaire C 19°