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28ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 17-30)

 « L’esprit ou la loi ? »

 

Dans l’évangile de ce jour, nous voyons un homme qui arrive tout courant, sans doute pour être sûr de rencontrer Jésus avant que celui-ci ne parte, et que se prosterne devant lui comme on le fait devant quelqu’un d’important ; C’est quelqu’un de tourmenté par une question qui le ronge : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? ».

C’est peut-être aussi une question que l’on se pose parfois, quand on regarde sa vie et qu’on se dit : « Est-ce que je fais bien tout ce qu’il faut pour aller dans le ciel ? Qu’est-ce qui me manque ? ».

Jésus lui parle de la loi de Moïse. « Oui, j’ai toujours suivi la loi, depuis ma jeunesse … ».

Nous, on pourrait dire : « Oui, je vais à la messe tous les dimanches, je fais mes prières tous les jours, je communie régulièrement, je me confesse une fois par an … ». En clair : « J’ai tout bon ! »…

Mais cela ne satisfait pas Jésus. Il reconnait que c’est bien, puisque l’évangéliste nous dit qu’il l’aima. Comme il nous aime aussi … Et il lui dit : « Une seule chose te manque ! Libère-toi de ce qui te préoccupe ! Ton argent … Enlève cela de ton cœur ! … ».

Mais pour mettre quoi à la place ?

Il y a beaucoup de chose qu’on peut y mettre… La première lecture nous dit : La sagesse. Parce qu’elle surpasse « les trônes et les sceptres », c’est-à-dire les honneurs, le pouvoir, la posture… elle surpasse les richesses, les pierres précieuses, l’or … elle surpasse « la santé et la beauté » … elle surpasse même « la lumière », parce que pour avoir la lumière, pour être la lumière du monde, il faut d’abord recevoir dans son cœur la sagesse de Dieu … et en plus elle nous donne une richesse incalculable puisqu’elle nous permet de vivre dans l’amitié de Dieu.

La loi n’est pas mauvaise, c’est un bon départ. Et que dit la loi de Moïse : deux parties, une première sur Dieu qui commence par : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6,4-5), suivi de quatre interdictions. La seconde envers les hommes, qui commence par : « Honore ton père et ta mère. » (Dt 5,16), qui ne peut se faire que si on les aime tous les deux. Et à cette loi, Jésus ajoute : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,34-35), Et il insiste bien en le disant trois fois, comme un super-superlatif !

Amour de Dieu, amour des hommes, … cela suffit, car tout le reste découle de là.

Cela peut paraître peu, mais c’est l’essentiel … et c’est bien plus exigeant que tous les préceptes d’autres religions ou de sectes : faire telle chose à telle heure, tel jour, etc …

Mais cela revient à faire des pratiques … comme on a peut-être pu en faire à certaines périodes … mais s’il n’y a rien derrière, s’il n’y a pas l’amour …, cela sert à quoi ?

Une pratique sans motivation de l’âme ne sert à rien. Mais c’est plus facile : on a fait ce qu’il fallait … on se croit juste …

Ce n’est pas cela que regarde Dieu. Il regarde le fond des cœurs. Et si nos motivations ne sont pas bonnes, il nous traitera de pharisiens, d’hypocrites, de sépulcres blanchis …

Si tu fais la charité parce que c’est le jour de la faire, tu as donné une pièce (ou plus), mais après … ? Par contre, si tu donnes une pièce par amour, si tu t’intéresses à la personne, tu parles avec lui, tu établis un contact, alors cela change tout.

Dieu ne nous demande pas de faire, mais d’être.

On retrouve encore un peu de ce qu’on avait vu il y a quelques temps avec l’épître de saint Jacques, avec la foi et les œuvres : une foi qui ne se concrétise pas dans des œuvres est morte !

Et la meilleure manière d’être, c’est d’aimer, de tout faire par amour, comme Dieu ne cesse de le faire, malgré nos manquements, nos incapacités …

C’est difficile. Nous le savons tous.

Comme le disait le titre d’un film sur les apparitions de Lourdes, il y a une cinquantaine d’années : « Il suffit d’aimer. »

Car n’oublions pas ce que disait saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour »

Seigneur Jésus,

Tu as remplacé toutes les lois par une seule :

l’amour, à l’image de ton Père.

Amour de Dieu, amour des hommes.

Mais comme il est difficile d’aimer,

tout le temps, tous les hommes, toutes les situations …

d’en tirer le meilleur pour nous.

Finalement de devenir

AMOUR, Justice et Paix.

Sans ton aide, c’est impossible.

 

Francis Cousin

 

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27ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 10, 2-16)

« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »

 Une fois encore, l’évangile nous parle d’une confrontation entre Jésus et des pharisiens qui veulent le mettre à l’épreuve. Cette fois-ci, le sujet de la discussion est de savoir si un mari peut renvoyer sa femme.

Sans doute Jésus avait-il parlé auparavant de l’amour dans le mariage et de la beauté de celui-ci. Une fois encore Jésus renvoie aux écritures, que les pharisiens connaissent bien, et à la loi de Moïse. C’est possible « à condition d’établir un acte de répudiation ». Mais pour Jésus, cette condition a été écrite « en raison de la dureté de vos cœurs », et il remonte encore plus loin, à la création du monde, dans le texte poétique de la Genèse de la première lecture.

Celle-ci commence par montrer l’attention de Dieu vis-à-vis de l’homme ! « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Dieu veut le bonheur de l’homme et lui adjoint une ‘aide’ qui lui soit assortie, la femme. Et en voyant la femme que Dieu lui avait faite, l’homme se réjouit : « Cette fois, voici l’os de mes os, la chair de ma chair ! ». Et Jésus cite la dernière phrase du passage : « À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. »

Dès le départ, Dieu a voulu les humains conjugaux, hommes et femmes, différents et complémentaires. Différents dans leurs corps, mais complémentaires (c’est une réalité indiscutable) ; différents dans leurs esprits, mais complémentaires (ce que montrent toutes les études psychologiques sérieuses et non-partisanes) ; mais semblables dans leurs âmes.

Et Jésus va plus loin : l’homme et la femme qui s’unissent ne forment plus qu’une seule chair.

Il va de soi que cette manière de concevoir le mariage n’est plus celle que l’on rencontre dans notre société actuelle, surtout chez les jeunes. On se marie moins, mais on ‘est ensemble’, l’époux devient ‘mon mec’, l’épouse devient ‘ma meuf’, et bien entendu on ne parle plus de conjoints (c’est-à-dire con-joints, joints ensemble, ne faisant qu’un…). Et, bien sûr, il n’y a pas divorce puisqu’il n’y a pas mariage.

Cette situation vient de l’individualisme des gens de plus en plus important, et de la volonté de liberté de chacun : « je prends chez l’autre ce qui m’intéresse … ». C’est la recherche du plaisir immédiat qui ne coûte pas, les relations d’un soir… En fait, une pratique égocentrique du ’’jetable’’, pratique dénoncée par le pape François, et contre laquelle il faut lutter. Vision contraire à celle de Dieu sur l’homme et la femme.

 Il y a des moments où on se demande si on ne vit pas dans un monde de fous : les gens ne veulent plus se marier, et dans le même temps réclament (et ont eu), au nom de l’égalité, le mariage entre personne de même sexe. Les couples ont de moins en moins d’enfants, et les ont de plus en plus tard, parce qu’il faut ‘vivre’ avant d’en avoir, avoir le temps de voyager, de construire sa maison, d’évoluer dans son métier sans être freiné par les enfants, et quand l’enfant arrive, cela change tellement les habitudes qu’il est parfois mal accueilli … ; et dans le même temps des personnes vivants seules ou en couples homosexuels réclament, au nom de l’égalité, la possibilité d’avoir des enfants par PMA (Procréation Médicalement Assistée, autorisée pour les couples ne pouvant avoir d’enfants de manière naturelle. Terme qui vient d’être changé en AMP : Assistance Médicale à la Procréation, ce qui en dit long sur la volonté du gouvernement d’aller dans le sens du droit à l’enfant pour tous), voire par GPA (Grossesse Pour Autrui) qui est une marchandisation de l’enfant à naître.

Et le récent rapport du Comité Consultatif National d’Ethique va dans le sens du droit à l’enfant pour tous (mais refus de la GPA). Il nous faut donc prier pour que les parlementaires qui auront à se prononcer sur la nouvelle loi de bioéthique respectent la loi naturelle et résistent aux sirènes de la ‘modernité’, ‘parce que c’est dans l’air du temps’ et que ‘d’autres pays l’acceptent’.

Le mariage chrétien a ceci de particulier que c’est un contrat moral pris par les fiancés devant Dieu, un sacrement donné par Dieu, qui est entériné par la bénédiction que reçoivent les époux, après l’échange des consentements, de la part d’un ministre consacré. Dieu devenant partie prenante du mariage ne laisse pas les époux seuls, et leur donne tout ce qu’il faut pour que les problèmes éventuels puissent être dépassés et que l’amour continue de régner entre les mariés et dans leur famille, grâce à l’action de l’Esprit Saint. C’est pourquoi le Concile Vatican II a appelé la famille « cette sorte d’Eglise qu’est le foyer (Ecclesia domestica) » (Lg 11).

Dans sa lettre aux Ephésiens, saint Paul parle du mariage en comparant l’union de l’homme et de la femme avec l’union entre le Christ et l’Eglise (cf Ep 5,21-32). Peut-on penser que le Christ puisse rompre l’union qu’il a avec l’Eglise ? Non, bien sûr.

Pour nous, les humains, il est plus difficile de respecter cet engagement, et il est parfois nécessaire de le rompre. Comptons sur la miséricorde de Dieu, lui qui connaît le fond de notre cœur, pour pardonner nos difficultés relationnelles dans nos couples.

Seigneur Jésus,

la famille est de plus en plus mise à mal,

à cause de l’individualisme des personnes,

et leur désir de liberté au détriment du couple.

Permet que la famille chrétienne

continue d’exister,

et envoie ton Esprit

pour que les difficultés familiales s’estompent.

 

Francis Cousin

 

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26ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 9, 38-43.45.48)

« L’Esprit souffle où il veut ! »

 

Il y a parfois une volonté, non admise, de voir l’Esprit être réservé à certaines personnes : Moïse, Jésus dans les textes d’aujourd’hui, et chez nous, au Pape, aux évêques, et quelques autres personnes, principalement des clercs.

Oh, bien sûr, on ne le dira pas comme cela, parce que c’est contraire à ce qu’on nous a enseigné au catéchisme : tout le monde a appris que l’Esprit descend sur chacun de nous dès notre baptême, et que cela est « confirmé » par le sacrement de la Confirmation (CEC 1241-1242), mais dans la réalité, il en est autrement.

Chaque fois que quelqu’un est pour d’autres une occasion de réflexion et de remise en cause dans sa foi, pour qu’elle soit plus en conformité avec l’Évangile, alors c’est que l’Esprit est en action :

  • D’abord chez cette personne, qu’elle en soit consciente ou non, et le plus souvent elle n’en est pas consciente.

  • Ensuite chez les autres personnes pour qu’ils soient interpellés par la première.

L’Esprit Saint ne cesse de nous interpeller, mais bien souvent nous ne faisons pas un compte avec lui, avec ce qu’il suggère.

Pire, bien souvent, l’action qu’il a mis en action, nous la résumons en disant : « C’est le hasard ! », ou « Le hasard fait bien les choses » (quand c’est positif pour nous !), et nous ne voyons aucunement l’action de l’Esprit Saint en nous et autour de nous.

Et si jamais nous pensons à l’action de l’Esprit Saint, nous risquons souvent de ne pas comprendre : « C’est pas possible ! Pas elle ! Pas lui ! Il est nul ! Il n’a aucune connaissance théologique ! C’est un moins que rien ! Il n’est pas prêtre ! Il n’est pas ordonné ! Il n’a pas reçu mission de parler de Dieu … », et par jalousie, ou par complexe de supériorité, nous refusons de reconnaître l’action de l’Esprit dans des chrétiens très ordinaires …

C’est ce qui est arrivé pour Eldad et Médad, qui faisaient pourtant partie des 70 anciens convoqués par Moïse sous la Tente du Rendez-vous, mais qui n’y étaient pas allé : « Comment ceux-ci peuvent-ils prophétiser alors qu’ils n’ont pas répondu à la convocation de Moïse ? Qu’ils n’étaient pas sous la Tente pour recevoir l’Esprit ? ». Mais Moïse savait que « l’Esprit souffle où il veut » (Jn 3,8) et il demanda de les laisser faire.

De même dans le texte de l’Évangile, des personnes guérissaient des malades, au nom de Jésus, alors qu’ils ne faisaient pas partie du groupe des disciples : « Ne les empêchez pas car Dieu est avec eux », avec cette phrase duale de Jésus : « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. ». Phrase qui n’est pas sans rappeler une autre phrase de Jésus : « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. » (Mt 5,37).

Pour Jésus, il ne peut y avoir d’indifférents parmi ceux qui ont entendu sa Bonne Nouvelle. On est pour ou on est contre. Pas d’indécis.

Et pourtant, combien nous voyons de personnes indifférentes à son annonce … Et parfois nous-même quand nous ne prenons pas la totalité de son annonce, quand nous ne prenons que ce qui nous arrange …

Et même si nous ne l’avouons pas, cela nous arrive assez souvent … peut-être pas en parole, … mais dans nos actions, notre manière de réagir …

Nous savons bien qu’il suffit de faire un bon examen de conscience pour nous en convaincre. Parce que cela arrive à tout le monde, malheureusement.

D’ailleurs, si nous regardons les personnes qui se plaignent dans les textes de ce jour :

  • A Moïse, c’est Josué, « auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse». C’est aussi celui à qui sera confié la mission de faire entrer le peuple de Dieu dans la Terre Promise à la fin de la vie de Moïse. (cf Dt 34, 5-9).

  • A Jésus, c’est Jean, lui aussi “auxiliaire” de Jésus dans sa jeunesse puisqu’on estime qu’il avait à cette époque entre quinze et dix-huit ans. C’est aussi celui à qui sera confié Marie à la fin de la vie terrestre de Jésus sur la croix. (cf Jn 19,26-27).

On voit bien à tous les deux seront confiées des missions importantes et de confiance. Cela nous rappelle que, malgré nos manquements, rien n’est jamais perdu, car Dieu est miséricorde.

Essayons de voir, et d’accepter de voir, chez les autres l’action de l’Esprit Saint, et soyons conscients que l’Esprit Saint agit chez les autres, même les plus petits, et qu’il agit aussi en nous, même si nous n’en sommes pas conscients … en acceptant humblement d’être son outil.

« Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »

Et il l’a fait depuis la Pentecôte …

Seigneur Jésus,

Tu as envoyé ton Esprit sur tous,

mais nous avons parfois du mal à reconnaître

son action chez les autres,

souvent par jalousie.

Et nous n’avons pas conscience

de sa présence en nous

pour nous aider à vivre de toi.

Aide-nous à être humble

et disponible à ta présence.

 

Francis Cousin

 

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25ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 9, 30-37)

« Si quelqu’un veut être le premier… »

 La semaine dernière, après la première annonce de la Passion, après l’intervention de Pierre, Jésus donnait trois ’’conseils’’ pour être disciples : renoncer à soi- même, prendre sa croix, et le suivre.

Cette semaine, pour la deuxième annonce de la Passion, il n’y a pas d’intervention des disciples, mais Jésus avait bien senti que derrière lui, la discussion entre eux était animée et que des désaccords se faisaient jour. Alors, arrivés à Capharnaüm, Jésus pose la question : « De quoi discutiez-vous en chemin ? ». Silence gêné. Personne ne parle.

Jésus appelle les douze, les apôtres. Il s’assoit, comme un maître qui enseigne, car il veut délivrer un enseignement, non pas à tous ceux qui le suivent, mais à ceux qu’il a choisis pour devenir ses témoins après sa résurrection, ceux qui vont le suivre jusqu’à Jérusalem. Donc un enseignement important pour les hommes que Jésus veut associer à sa mission : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. ».

En disant cela, Jésus parle pour les apôtres ; et en même temps il parle de lui-même, de la manière dont il va vivre sa Passion, « objet de mépris, abandonné des hommes… et nous l’avons méprisé, compté pour rien » (Is 53,3).

Si on compare ces deux premières annonces, on voit bien des similitudes dans les ’’conseils’’.

Se mettre à la ’’dernière place’’ est une autre manière de dire ’’renoncer à soi-même’’.

’’Être serviteur’’ est souvent vu pour nous comme une manière de ’’porter des croix’’.

L’enseignement est le même, mais dit sous une forme différente. Jésus est sans doute le précurseur de la ’’pédagogie en spirale’’.

Mais il y avait trois conseils dans la première annonce. Qu’en est-il de ce troisième conseil de suivre Jésus ?

pour la deuxième annonce, Jésus va utiliser un artifice en amenant un enfant au milieu des douze :

« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus, c’est accueillir le Père. Or accueillir Jésus, c’est se mettre à sa suite.

Les trois ’’conseils’’ sont donc similaires.

De plus, à l’époque de Jésus, on ne faisait pas tellement un compte avec les enfants, surtout les hommes, tant qu’ils n’étaient pas en âge de travailler. Ils étaient donc laissés à eux-mêmes. Alors, pour les apôtres (et tous les hommes), accueillir un enfant était déjà une forme de renoncement à son statut, une manière d’être serviteur.

Mais cette dernière parole de Jésus ne doit pas être comprise pour nous comme une attention à porter aux enfants, mais à tous ceux qui sont ’’petits’’ : les faibles, les malades, ceux qui sont dans le besoin, quel que soit ce besoin.

Accueillir un ’’petit’’, c’est se mettre à la suite de Jésus, concrètement. A l’inverse, ne pas accueillir un ’’petit’’, c’est ne pas suivre Jésus … Et malheureusement, cela nous arrive souvent de ne pas faire un compte avec un ’’petit’’, et donc avec Jésus, sans que nous en ayons vraiment conscience …

Seigneur Jésus,

Comme presque tous les humains,

nous voulons toujours être le meilleur,

nous montrer sous notre meilleur jour …

et toi, tu nous dis de devenir le plus humble,

de nous mettre au service des autres …

et surtout des plus faibles.

Car c’est toi qui es présent en eux.

Francis Cousin

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24ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 8, 27-35)

« Le chaud et le froid. »

 Tout, dans l’évangile de ce jour, va nous faire passer du chaud au froid et inversement, parce que « [nos] pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Tout commence plutôt bien. Jésus et ses disciples marchent au nord de la Galilée, en territoire païen. Comme c’était sans doute son habitude, Jésus parle avec ses disciples, et aujourd’hui cela commence par un sondage d’opinion : « Que dit-on que je suis ? ». Les réponses sont différentes, mais cela reste toujours dans l’idée que Jésus est un prophète qui annonce le Messie, un nouveau ou un ancien qui est ressuscité.

Alors Jésus devient plus précis : « Mais vous, que dites-vous ? »

Pierre, toujours aussi impétueux, chaud-bouillant : « Tu es le Christ. ».

On aurait pu s’attendre à ce que Jésus soit content, qu’il félicite Pierre pour sa bonne réponse. Pas du tout : « hou là là, c’est vrai, mais gardez cela pour vous ; n’en dites rien à personne, ils seraient capables de me faire roi et de monter une armée pour jeter les romains hors de la Palestine. Ce n’est pas cela ma mission, je serai rejeté par les responsables religieux du pays, je serai mis à mort, mais je ressusciterai le troisième jour. ». On passe de la gloire du Messie à la tristesse de sa mise à mort.

Impossible pour Pierre. « Oh ! ça va pas ! Tu es le Christ, le maître. On doit te respecter, t’honorer, te louer. Pas te mettre à mort ! »

L’incompréhension est totale. Et Jésus rabroue vertement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! ». Le disciple doit être derrière son maître, et non devant pour se mettre en travers de sa route, s’opposer à lui.

Ce qui arrive à Pierre, cela nous arrive sans doute aussi. Oh ! on ne s’oppose pas directement à Jésus … on le respecte, on l’aime, on le prie … mais dans nos actions, est-ce qu’on respecte toutes ses Paroles ? (Voir la deuxième lecture …).

Est-ce qu’il ne nous arrive pas parfois d’arranger l’évangile à notre sauce : cela, oui pas de problème, j’y crois et je le suis. Par contre, ça, oui, mais c’est pas trop important, ce n’est pas tellement grave si on ne fait pas trop un compte avec …

Et pourtant, on ne peut pas prendre un morceau de l’évangile et pas le reste. Soit on prend tout, soit on ne prend rien. « Que votre parole soit “oui”, si c’est “oui”, “non”, si c’est “non”. Ce qui est en plus vient du Mauvais. » (Mt 5,37).

N’avons-nous jamais entendu dans notre cœur Jésus nous dire : « Passe derrière moi, Satan ! » quand nous refusons les épreuves qui se présentent sur notre chemin, les croix qui jalonnent notre route ?

Ne nous arrive-t-il pas de nous dire : « Cette parole est trop dure, qui peut l’entendre ?» (Jn 6,60).

Sans doute si on pense que la foi est une adhésion à une idée philosophique, une théorie intellectuelle. Mais pas si on croit que la foi est une adhésion à une personne, Jésus-Christ, à son Père, et à son Esprit Saint !

Mettons-nous vraiment à la suite de Jésus, lui qui connaît le chemin, qui « est le chemin » (Jn 14,6) qui nous mène à la vie éternelle.

Ce que Jésus nous dit à la fin de l’évangile de ce jour : « celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile sauvera sa vie. »

Et là, on repasse du froid ou de la tiédeur à la chaleur de l’amour de Dieu qui nous aime de toujours.

Seigneur Jésus,

malgré notre bonne volonté à te suivre,

nous sommes toujours tentés par la facilité ;

c’est-à-dire par le Démon

 qui nous fait croire toutes les choses faciles

comme meilleures pour nous.

Alors que toi, tu nous dis que c’est

en surmontant l’adversité que l’on grandit …

C’est avec toi que je veux  grandir !

 

Francis Cousin

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 31-37)

 

Évangile selon saint Marc 7, 31-37

 

« Il a bien fait toutes choses :

il fait entendre les sourds et parler les muets. »

 

Les personnes qui s’exclament ainsi après la guérison du sourd qui parle avec difficulté ne sont pas les apôtres, dont on ne parle absolument pas dans ce passage, ni des disciples de Jésus. Ce sont des païens, des non-juifs qui habitent la Décapole, une région aux contours mal définies, principalement à l’est du Jourdain.

On sait que Marc écrit pour les habitants de Rome, qui sont aussi des païens, et cela lui permet de montrer que d’autres païens louaient Dieu, qui « a bien fait toutes choses », allusion à Genèse 1,31 : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait ; et voici : cela était très bon. », et aussi  louaient Jésus, reconnu comme le Messie annoncé par Isaïe : « Voici votre Dieu … Il vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. » (Is 35,4-5).

Cela veut dire aussi que Jésus était connu hors des frontières de la Galilée et de la Judée comme guérisseur, puisque ce sont ces personnes qui « amènent un sourd … supplient Jésus de poser la main sur lui. ».

La première chose que Jésus fait est d’emmener le sourd ’à l’écart, loin de la foule’. Pour s’ouvrir à la Parole de Dieu – et c’est ce que va faire Jésus en permettant au sourd de l’entendre -, il faut s’éloigner de la foule, se mettre dans le silence. C’est d’ailleurs ce que Jésus dit : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. » (Mt 6,6). Toute conversion, et nous avons besoin de nous convertir chaque jour, nécessite une rencontre personnelle avec Jésus, avec Dieu.

Cet homme qui est amené à Jésus connaît son handicap, comme toutes les malades qui lui sont amenés ou qui viennent à lui d’eux-mêmes. Comme l’aveugle-né, à la suite de la guérison duquel Jésus dira aux pharisiens : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. » (Jn 9,41).

Et nous, nous sommes bien souvent comme ces pharisiens. Pour la plupart, nous n’avons pas de handicap physique, mais nous sommes tous des handicapés de cœur.

Et nous n’en avons pas conscience !

Nous sommes des aveugles du cœur, car nous ne voyons pas le mal qui est autour de nous, la tristesse, la misère, le mensonge …

Nous sommes des sourds du cœur, car nous n’entendons pas les cris qui montent vers nous  pour parler de tout cela …

Nous sommes des muets du cœur, car nous n’avons pas le courage de réagir à l’injustice qui existe en ce monde …

Nous sommes des handicapés moteurs, car nous préférons notre « canapé [plutôt qu’] une paire de chaussures qui [nous] aidera à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées, sur des routes qui peuvent ouvrir de nouveaux horizons, capables de propager la joie, cette joie qui naît de l’amour de Dieu, la joie que laissent dans [nos] cœur[s] chaque geste, chaque attitude de miséricorde. » (Pape François, JMJ Cracovie, veillée du 30 juillet 2016)

Demandons à Jésus de pouvoir reconnaître combien nous avons besoin de la guérison de notre cœur, combien nous sommes des handicapés spirituels.

Après nous pourrons lui dire : « Fais que je vois, fais que j’entende, fais que je parle, fais que je marche … »

Et Jésus nous dira : « ’Effata !’, c’est-à-dire : ’Ouvre-toi !’. Ouvre ton cœur à mon amour et à ma miséricorde. »

Seigneur Jésus,

notre cœur est malade, handicapé,

et nous ne le savons pas !

Aide-nous à en prendre conscience,

et guéris-nous en disant :

« Ouvre-toi !

Ouvre-toi à ma présence en toi !

Ouvre-toi à mon amour qui est de toujours. »

 

Francis Cousin

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Claude WON FAH HIN

 

22e dimanche ordinaire – Marc 7 1–23

En ce qui concerne les repas, les Pharisiens et le Scribes appliquent la Loi de Moïse. « Pour les Juifs, très soucieux de pureté légale, tout contact physique avec les pécheurs publics était interdit et cela constituait une souillure grave, punie d’exclusion. La société juive du temps de Jésus rangeait sous le nom de pécheurs des gens de toutes sorte : ceux des transports (âniers, chameliers, voituriers, matelots), ceux du commerce (boutiquiers, bouchers, médecins). Sont aussi moralement douteuses les professions ayant un rapport avec les femmes (blanchisseurs, colporteurs, tisserands, etc…). Enfin sont classés dans une liste de personnes à ne pas fréquenter ceux qui pratiquent des tâches répugnantes (tanneurs, fondeurs, ramasseurs d’ordures, …etc..). On voit donc que par un jeu de discriminations plus sociales que morales, c’est un vaste monde qui se trouvait exclu des relations humaines et religieuses. Et voilà donc que les pharisiens et les scribes s’étonnent de voir que quelques disciples de Jésus prennent leur repas avec des mains impures, c’est à dire « non-lavées ». Le lavage des mains avant le repas ne se fait pas ici parce que les mains sont sales, mais parce que c’est un rituel, un geste religieux que l’on doit observer avant tout repas. Le rituel juif n’est donc pas respecté par les disciples de Jésus. Et la question est posée : Pourquoi tes disciples prennent-ils leur repas avec des mains impures ? Au lieu de répondre à la question, Jésus dénonce l’attitude des responsables religieux. Et il donne un exemple de détournement de la loi de Moïse. Moïse a dit « Honore ton père et ta mère », « Que celui qui maudit son père ou sa mère soit puni de mort ».11 Mais vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Je déclare korbân (c’est-à-dire offrande sacrée) les biens dont j’aurais pu t’assister, 12 vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère 13 et vous annulez ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous vous êtes transmise. Et vous faites bien d’autres choses du même genre ». Ainsi donc les Pharisiens et les scribes disaient aux fidèles qu’au lieu de subvenir directement aux besoins de leurs parents, il suffit de déclarer Korbân leurs offrandes normalement destinées aux parents et d’emmener leurs offrandes à Dieu (donc au Trésor du Temple). Les parents sont privés du soutien de leurs enfants et en réalité, cela enrichit les pharisiens et les scribes. Il y a donc détournement du commandement de Dieu à leur propre profit. D’où la réaction de Jésus : « hypocrites ! Ce peuple m’honore des lèvres mais leur cœur est loin de moi.  7 Vain est le culte qu’ils me rendent, les doctrines qu’ils enseignent ne sont que préceptes humains. 8 Vous mettez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. 9 Et il leur disait :  Vous annulez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition ». Jésus désire que nous respections la Parole de Dieu. A l’exemple du Christ vis-à-vis des Pharisiens et des scribes, le Pape François, dès son élection à la papauté, a réagi de la même manière vis-à-vis de la Curie romaine. Il a remis de l’ordre chez certains responsables religieux qui, visiblement, ne menaient pas une vie conforme à la volonté de Dieu. Le Pape François le dit tout haut dans la « Joie de l’Évangile » :  « je désire une Eglise pauvre pour lespauvres » (§198).

Les trois textes d’aujourd’hui nous parlent des lois à mettre en pratique. Il ne s’agit pas de choisir seulement les lois qui nous plaisent comme par exemple d’aimer Dieu seulement. Il nous semble plus facile d’aimer Dieu que d’aimer son prochain, tout simplement parce que Dieu est parfait, sans défauts, sans péché et semble rester silencieux malgré nos mauvaises attitudes et nos mauvais comportements. Alors que lorsque nous nous tournons vers les hommes, nous les jugeons d’abord et les critiquons plutôt que de les aimer malgré leurs faiblesses et leurs défauts comme le Christ le fait envers chacun de nous. De plus, on se fera des ennemis.

De nos jours, de nombreux fidèles pensent qu’il suffit de venir régulièrement à la messe pour faire la volonté de Dieu et lui plaire. C’est déjà très bien de venir à la messe mais, en réalité, cela n’est pas suffisant. Il faut encore se tourner vers notre prochain, ce qui nous semble le plus difficile, parce qu’ayant nous-mêmes de nombreux défauts, au lieu de se tourner vers lui pour se mettre à son service, nous nous tournons vers lui pour lui montrer ses défauts ou ses faiblesses, ou encore l’utiliser pour en tirer un profit. Voici ce que dit le Pape François : « Pape François : Gaudete et Exsultate » – P.72 – §104 – Nous pourrions penser que nous rendons gloire à Dieu seulement par le culte et la prière ou uniquement en respectant certaines normes éthiques – certes la primauté revient à la relation avec Dieu – et nous oublions que le critère pour évaluer notre vie est, avant tout, ce que nous avons fait pour les autres. La prière a de la valeur si elle alimente un don de soi quotidien par amour. Notre culte plaît à Dieu quand nous y mettons la volonté de vivre avec générosité (donc en partageant avec les autres son temps, son argent, ses connaissances…) et quand nous laissons le don reçu de Dieu se traduire dans le don de nous-mêmes aux frères. 105 – Pour la même raison, la meilleure façon de discerner si notre approche de la prière est authentique sera de regarder dans quelle mesure notre vie est en train de se transformer à la lumière de la miséricorde. En effet, « la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants ». Elle est le pilier qui soutient la vie de l’Eglise. Ainsi, nous pourrons en déduire que la prière que nous faisons depuis des années est efficace lorsque notre vie s’en trouve transformée comme Dieu le voudrait : que nous soyons remplis d’amour et de rien d’autre.  Et si notre vie a changé dans nos rapports aux autres, c’est bien parce que nous avons accepté que la miséricorde divine nous transforme et nous sanctifie pour faire de nous de véritables enfants de Dieu. Et lorsque nos rapports aux autres n’ont pas changé dans le sens de l’amour du prochain, alors on peut déduire que notre approche de la prière – dont la messe – n’est pas authentique, elle s’apparente plus à celle des pharisiens et des scribes. On fait le culte pour le culte mais le cœur n’y est pas. « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi » nous dit Jésus. La 1ère lecture d’aujourd’hui nous dit que « 27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste en ceci : visiter les orphelins et les veuves dans leurs épreuves, se garder de toute souillure du monde ». Autrement dit, d’abord accomplir au moins une des œuvres de miséricorde de Dieu. Saint Thomas d’Aquin (Gaudete et Exsultate – §106 – Pape François) quand il examinait quelles sont nos actions les plus grandes, quelles sont les œuvres extérieures qui manifestent le mieux notre amour de Dieu, il a répondu sans hésiter que ce sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte. Rappelons les quatorze œuvres de Miséricorde: 1 Nourrir ceux qui ont faim; 2 Donner à boire à ceux qui ont soif; 3 Vêtir ceux qui sont nus; 4 Recueillir les étrangers; 5 Visiter les malades et les prisonniers; 6 Apporter le salut aux prisonniers; Ensevelir les morts. Les oeuvres de miséricorde spirituelles : 7 Instruire les ignorants; 8 Conseiller ceux qui doutent; 9 Consoler les affligés; 10 Reprendre les pécheurs; 12 Pardonner les offenseurs; 13Supporter avec patience les personnes ennuyeuses; 14 Prier pour tous les vivants et les morts. Et le Pape François poursuit (§107 – Gaudete Et Exsultate) : « Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde ».

Et si vous ne pratiquez aucune de ces œuvres, il serait peut-être temps d’aimer Dieu sincèrement, au plus profond de vous-même.  Pour cela, nous dit Saint Jean de la Croix (« Œuvres complètes » – Tome II – P.1018), « efforcez-vous d’être constamment en oraison, ne la délaissant pas même au milieu de vos exercices corporels. Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous parliez, ou que vous traitiez avec les séculiers (les non-religieux, les laïcs), ou que vous fassiez quelque autre chose, désirez Dieu sans cesse et dirigez vers lui l’amour de votre cœur, car c’est une chose très nécessaire pour la solitude intérieure. Celle-ci demande que l’âme ne s’arrête à aucune pensée qui ne soit dressée à Dieu (autrement dit ne pas arrêter sa pensée sur autre chose que Dieu), et qu’elle laisse dans l’oubli toutes les choses qui existent et qui passent en cette brève et misérable vie. En aucune ma­nière, ne cherchez à savoir autre chose que la manière dont vous pourriez servir Dieu davantage et mieux obser­ver les devoirs …d’enfants de Dieu ». Un Jésuite Belge, théologien et bibliste de renom du 16-17ème siècle, Cornelissen van den Steen (Cornelius a Lapide), nous dit : Combien vivent dans l’ivresse, la fornication sous toutes ses formes, les disputes, le parjure, les médisances, sans vouloir rien abandonner de ces coupables habitudes : ou s’ils en ont l’intention, ils ne prennent aucun des moyens nécessaires pour s’arracher des vices enracinés. Par-dessus tout, l’orgueil et la luxure dominent les hommes sous leur pouvoir, et plus que tout autre vice, ces deux-là remplissent l’enfer. Il rejoint en partie ce que dit l’Évangile d’aujourd’hui : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21 Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, 22 adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. 23 Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme.  Et Cornelissen dénonce alors l’attitude des chrétiens : On redresse sa conduite une fois l’an, à l’occasion de Pâques, et on se confesse parce qu’on se sent comme contraint par les monitions du prêtre : ce bon mouvement est presque arraché par le sentiment d’une obligation au lieu d’être libre et spontané …. Aussi, passées la Communion Pascale et la confession, retourne-t-on bientôt à ses passions, à ses habitudes perverses, à ses péchés, comme le font aussi beaucoup de ceux qui se sont confessés à l’article de la mort, c’est-à-dire quand il se trouve à l’agonie et pense qu’il va mourir, et qui, le danger écarté, retombent dans toutes leurs misères. Ce retour au mal montre bien qu’on ne s’était converti que par obligation ou par peur de la mort, mais qu’il n ‘y avait réellement rien de sérieux ni de profond. Ne nous contentons pas de prier, de lire ou d’écouter la Parole de Dieu, de se confesser et de communier, désirons avec force et détermination à vouloir absolument nous convertir du fond du cœur pour changer de cap dans notre vie de chrétien, et à vouloir sans cesse, avec l’aide de Marie, nous unir sincèrement et constamment au Christ afin qu’il nous transforme et nous sanctifie.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Marc 7, 1-8.14-15.21-23)

Évangile selon saint Marc 7, 1-8.14-15.21-23

 

Le respect de la tradition … ou être proche de Dieu ?

 

La tradition dans l’Église va commencer formellement quand Dieu va donner à Moïse les dix paroles, écrites sur des tables de pierres. Paroles que Moïse va décliner en « décrets et ordonnances … pour que vous les mettiez en pratique » (1° lecture). Paroles données par Dieu qui est « proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ».

Moïse ajoute : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien… [Gardez-les] tels que je vous les prescrits. ». Mais ce ne fut pas tout à fait le cas.

Quand Jésus vint, il donna « un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Attention, ce n’est pas les bizounours ! Ce n’est pas « Tout le monde, il est beau, il est gentil » ! Ce n’est pas simplement entre soi, mais avec tout le monde, toujours en lien avec Jésus : « Comme je vous ai aimés ». Comme Jésus, c’est-à-dire, en esprit et en vérité. C’est aimer comme le Père nous a aimés.

Dans tout ce qui concerne la religion, la question qu’on doit se poser n’est pas de savoir s’il faut se laver les mains avant de manger, mais plutôt « Qu’est-ce qui est agréable à Dieu ? ».

Ce ne sont pas les sacrifices ni les holocaustes (cf Ps 50,18). C’est faire comme Jésus, aller vers les humbles, les pauvres, les faibles. Vers ceux qui sont dans des difficultés financières, morales, ceux qui sont malades, sans emplois, sans toit …  Ce que le prophète Isaïe dit : « (Ce) qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Is 58,6-7).

« Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19). Non pas un esprit cassé, foutu, anéanti, inutile … mais un esprit dont l’enveloppe est brisée, fendue, pour que Dieu puisse y pénétrer et pour laisser passer ce qui est en lui : l’amour que Dieu y a déposé, pas simplement pour lui, mais aussi pour les autres ; la compassion pour les autres, pas en paroles, mais en actes … et c’est ça qui est le plus dur…

Nous venons d’entendre « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,58). Mais sommes-nous vraiment conscients de cette présence de Dieu en nous ? Bien souvent nous communions, mais nous ne laissons pas Dieu agir en nous, nous faisons comme si de rien n’était. Acceptons-nous de laisser briser notre cœur pour laisser passer l’amour de Dieu dans notre vie … et par là dans celle des autres ?

Combien de fois sommes-nous interpellés dans notre cœur par des images, des informations, des reportages, à la télévision ou dans les journaux ? On a le cœur chaviré … mais cela ne dure souvent que le temps de l’émission … et le train-train, la routine reprend le dessus …

Nous en sommes tous là (ou presque),  et on se donne de bonnes raisons : on ne peut rien faire de concret, ça nous dépasse, on n’est pas compétant, c’est trop loin … Mais n’y a-t-il pas des injustices à réparer autour de nous ?

Attention à ne pas recevoir de Jésus ce qualificatif : « hypocrites … Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. »

Écoutons saint Jacques : « Mettez la Parole en pratique (ce que disait déjà Moïse et Jésus), ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. » (2° lecture).

Illusion d’être dans les ’’bons chrétiens’’ !

Mais ce n’est pas à nous d’en juger. C’est le rôle du Fils de l’Homme, Jésus, de le faire (cf Mt 25,31 ss). Et il le fera sur son commandement d’amour. Ce que nous rappelle saint Jean de la Croix : « Au soir de cette vie, vous serez jugés sur l’amour. ».

Prions pour que tout ce qui sort de notre cœur soit fondé sur l’amour, envers Dieu et envers le prochain. Pour cela, il nous faut répéter sans cesse cette prière du Notre Père : « Ne nous laisse pas entrer en tentation. ».

Seigneur Jésus,

tu nous remets vigoureusement

au centre de notre relation à Dieu :

ce qui compte, ce ne sont pas les pratiques,

mais la qualité de notre manière de vivre,

en esprit et vérité,

vis-à-vis de Dieu et de notre prochain.

Aide-nous à résister à la tentation du monde et du Malin

pour être toujours des témoins de ton amour.

 

Francis Cousin

Pour accéder à cette prière et à son illustration cliquer sur le titre suivant : Prière dim ord B 22° A6

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 60-69)

Évangile selon saint Jean 6, 60-69

 

« Seigneur, à qui irions-nous ?… »

 

Après le discours de Jésus sur le pain de vie donné dans la synagogue de Capharnaüm, source de plusieurs incompréhensions, beaucoup de questions se posaient à ses disciples : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? ».

C’est la première des interrogations de ce court passage de l’évangile de ce jour. Trois autres vont suivre : la seconde est de Jésus : « Cela vous scandalise (que je dise :’ Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.’) ? » à l’adresse de tous ses disciples. Apparemment oui, et on peut les comprendre … et ‘beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner’.

Troisième interrogation de Jésus aux douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » à laquelle répondra Pierre par une autre question : « Seigneur, à qui irions-nous ? » et il explique :     «  Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. », c’est-à-dire le Messie.

On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec cet autre passage des évangiles synoptiques, que les auteurs situent dans les environs de Césarée de Philippe peu après l’exécution de Jean-Baptiste, où Jésus demande aux douze : « Mais pour vous, qui suis-je ? » à laquelle répond encore une fois Pierre, au nom des douze, « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » (Mt 16,15-16). Par ses réponses, Pierre manifeste l’ascendant qu’il a sur les autres apôtres, ce qui aura pour conséquence que Jésus changera son nom de Simon en Pierre, le roc sur lequel on peut bâtir, et lui confiera son Église future, bien que peu avant il l’avait qualifié « d’homme de peu de foi » (cf Mt 14,11).

Les deux réponses de Pierre vont dans le même sens : la reconnaissance que Jésus est le Messie et le Fils de Dieu. Et dire que Jésus à les paroles de la vie éternelle, c’est dire qu’il vient de Dieu pour retourner (avec nous) vers Dieu. C’est la foi en la parole de Jésus : « celui qui voit le Fils et croit en lui [a] la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn  6,39-40).

Oui, la Parole de Jésus est rude, ardue, exigeante, difficile à comprendre et à vivre … mais cette Parole est encore écoutée, presque deux mille ans après avoir été prononcée, … et suivie par beaucoup de personnes.

Cela veut dire que, au-delà de la parole, il y a quelque chose de plus, qui est intimement liée à cette parole, qui est l’amour de Dieu pour les hommes, qui est de toujours et pour toujours, et qu’on ressent dans les paroles de Pierre : « Tu as les paroles de la vie éternelle … »

Qu’est-ce qui nous est demandé, à chacun de nous, dans cet évangile ?

Sans aucun doute reprendre à notre compte les dernières phrases de Pierre : « Quant à nous, … quant à moi, je crois, et je sais que tu es le saint de Dieu. »

Et il nous est demandé d’être témoin de Jésus auquel nous adhérons, de répercuter cette ’’parole qui est rude’’, et sans doute encore plus rude maintenant dans le monde dans lequel nous vivons.

Mais pour cela, il nous faut être crédible. Il faut que notre vie et nos paroles soient ancrés aux paroles de Jésus, qui est la vérité et la vie.

N’ayons pas peur ! Ayons confiance en Dieu ! Il nous donnera toujours les moyens de réaliser ce qu’il veut que nous fassions pour lui.

Mais pour cela, il nous faut demander ces moyens dans la prière et dans l’adoration, et se laisser porter par le souffle du Saint Esprit.

Seigneur Jésus,

ta Parole est difficile,

et beaucoup refusent de l’entendre.

Parce qu’elle est exigeante,

et qu’elle demande que nous laissons parler

l’amour que tu as mis dans nos cœurs,

au lieu de ne penser qu’à notre propre personne.

Aide-nous à nous laisser

mener par ton Esprit.

 

Francis Cousin

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20ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 41-51)

Évangile selon saint Jean 6, 51-58

 

« Le pain que je donnerai,

c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

 

Imaginons un instant que, lors de la préparation d’un pique-nique, l’un des participants se propose d’amener du pain et qu’il dise : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair. ». Après sans doute un petit temps de stupeur, la réaction des autres serait de dire : « Tu es sûr que tout va bien ? Soleil y tape fort ! Repose un peu ! ». Et personne ne prendrait au mot sa parole, se demandant s’il n’est pas un peu fou.

C’est ce qui s’est passé avec les juifs qui écoutaient Jésus. Ils ne l’ont pas pris au sérieux. Qui oserait proposer sa chair à manger ?

Parce qu’ils ont pris les paroles de Jésus au sens premier. Et peut-être que si nous étions alors auprès de Jésus, nous aurions eu aussi cette réaction. Parce que c’est incompréhensible au premier abord.

C’est d’ailleurs encore une des raisons dont se servent ceux qui critiquent le Christianisme pour pouvoir le dénigrer, en disant que c’est une religion d’anthropophages.

Nous avons un gros avantage par rapport aux juifs de l’époque, c’est que nous connaissons la fin de l’histoire de la vie terrestre de Jésus, avec le dernier repas qu’il a pris avec ses disciples, puis sa passion et sa mort sur la croix, vie offerte, « donnée pour la vie du monde ». Ce rapprochement nous est d’ailleurs suggéré par Jean qui écrit au début de ce chapitre : « Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. » (Jn  6,4)

Et quelle est la différence entre nous et les détracteurs du christianisme aujourd’hui ? Une seule chose, mais la plus importante : nous croyons en Jésus, Fils de Dieu, incarné sur cette terre. A image de la réponse de Jésus sur les œuvres à faire : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. » (Jn 6.29).

Seule la foi en Dieu trinité peut permettre de comprendre cette parole de Jésus. Ce que nous dit Saint Thomas d’Aquin : «  Que le vrai corps du Christ et son sang soient dans le même sacrement, les sens ne peuvent le saisir, mais seulement la foi qui s’appuie sur l’autorité divine. »

Manger la chair de Jésus et boire son sang, ce n’est pas simplement une communion entre un disciple et son maître, c’est beaucoup plus que cela, c’est une communion vitale pour le disciple, une communion qui donne vie, qui est vie. Non seulement elle nous aide dans notre vie sur la terre (avant la communion, le prêtre dit, au nom de l’assemblée : « Que cette communion à ton corps et à ton sang n’entraîne pour moi ni jugement ni condamnation, mais qu’elle soutienne mon esprit et mon corps et me donne la guérison »), mais aussi elle nous donne la vie éternelle.

Jésus ajoute : « ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson ». C’est tellement vrai que certains amis de Dieu n’ont pas besoin d’autre nourriture pour vivre que de simplement communier, comme Marthe Robin qui ne communiait qu’une fois par semaine. Elle disait : « Je ne me nourris que de cela. On m’humecte la bouche mais je ne puis avaler. L’hostie me procure une impression physique de nourriture. Jésus étant tout mon corps, c’est Lui qui me nourrit. C’est comme une Résurrection. ».

C’est bien la confirmation de la parole de Jésus : « celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. ».

Bien sûr, il n’est pas donné à tout le monde de s’approcher tellement de Jésus qu’il y ait une sorte de symbiose entre Jésus et eux. Sans doute parce que nous n’avons pas suffisamment d’humilité et de confiance pour ouvrir totalement la porte de notre cœur à Jésus de telle manière qu’il puisse dire : « je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi. » (Ap 3,20), ce qui semble équivalent à : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. ».

Mais cela nous invite à avoir une grande déférence envers la communion à l’hostie consacrée, à ne pas aller communier sans penser véritablement à ce que l’on fait, à sentir dans son cœur la présence de Jésus qui vient en nous.

Communier, c’est un acte de foi. C’est une manière d’affirmer : « Oui, je crois, Jésus, que tu es présent dans cette hostie, que tu viens en moi pour nourrir mon esprit et me fortifier dans ma vie de tous les jours. ».

Ce serait dommage que cette phrase de Marthe Robin puisse s’appliquer à l’un de nous : « J’ai envie de crier à ceux qui me demandent si je mange que je mange plus qu’eux, car je suis nourrie par l’Eucharistie du sang et de la chair de Jésus. J’ai envie de leur dire que c’est eux qui arrêtent en eux les effets de cette nourriture, ils en bloquent les effets. ».

Seigneur Jésus,

tu invites tous les hommes à partager ton repas.

 Mais parfois il nous arrive de décliner ton invitation

pour des raisons peu probantes.

Et parfois encore, quand nous y venons, 

nous n’avons pas revêtu le vêtement de noce.

Donne-nous de croire en ton amour.

 

Francis Cousin

 

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