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18ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6, 24-45)

 

Évangile selon saint Jean 6, 24-35

 

« L’œuvre de Dieu,

c’est que vous croyez à celui qu’il a envoyé. »

 

Tout au long de l’évangile de ce jour, on va voir une incompréhension entre ce que dit et fait Jésus et ce que comprennent les juifs.

Les juifs sont à la recherche de Jésus car ils voulaient « l’enlever pour faire de lui leur roi » (Jn 6,15), un roi terrestre qui pourrait les libérer de l’occupation romaine. Et quand ils le trouvent, Jésus leur reproche de ne pas avoir vu de « signes » dans ce qu’il avait fait auparavant : les guérisons, l’eau changé en vin, les pains multipliés … Ils avaient vu les faits, mais sans réfléchir au pourquoi de ces faits, leurs significations, de quoi étaient-ils le symbole.

Et rappelant la journée précédente, il fait la différence entre ‘la nourriture qui se perd’  et ‘la nourriture qui demeure’.

On retrouve deux mots courants chez Jean : recherche et demeurer. On les a déjà vus dans le chapitre 1, quand André et un autre disciple suivent Jésus : « Que cherchez-vous ? » demande Jésus ; « ils allèrent … virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui… » (v. 38-39). Eux étaient des chercheurs de Dieu, sont allés à sa rencontre en le suivant, l’ont écouté, ont ouvert leur cœur à sa Parole, et ont vu où il demeurait et sont restés avec lui, ont demeuré avec lui. Mais c’étaient des chercheurs de Dieu, de la transcendance … Et ils ont cru en Jésus.

Ce qui n’était pas le cas des juifs qui ne cherchaient qu’à manger gratuitement. Ils cherchaient le pain matériel, et non le pain spirituel, la Parole de Dieu, un pain qui nous amène plus loin, jusque dans la vie éternelle.

Alors, quand Jésus parle de ce pain ‘qui dure’, que leur « donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. », ils sont d’accord qu’on leur donne un pain qui dure pour toute la vie, ils sont prêts à tous : « Qu’est-ce qu’on doit faire ? » Ils avaient déjà dans la loi quelques 613 commandements à respecter, alors quelques uns de plus pour « les œuvres de Dieu », quelques actions  à faire … Cela ne les dérange pas. Ils sont dans le domaine de la loi, des pratiques, du permis et du défendu.

Mais Jésus leur répond au singulier : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyez à celui qu’il a envoyé. ». Il ne s’agit plus de faire … mais de croire.

« Oui, d’accord, on veut bien te croire, mais quel signe vas-tu accomplir pour que nous pussions te croire ? »

Un signe ?! Une preuve ! Eux qui avaient bénéficié de la multiplication des pains la veille, ils n’ont pas compris que c’était déjà un signe de la puissance de Dieu qui donne gratuitement. Pourtant, ils connaissaient les écritures : « Venez acheter et consommer, … sans argent, sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! » (Is 55,1-2). Et Isaïe est bien un prophète reconnu, envoyé par Dieu ! Mais ils sont dans leur monde, marqué par la loi de Moïse ; et c’est en référence à Moïse qu’ils parlent de la manne, le pain venu du ciel. Ils attendent peut-être un signe supérieur à celui de la manne !

Mais Jésus remet les pendules à l’heure : « ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel … et qui donne la vie au monde. ».

Là, c’est sûr que Jésus les embrouille. Ils ne comprennent plus rien. Un pain, qui vient du ciel, donné, gratuit, qui donne la vie au monde ! Ils sont preneurs : « Donne-nous toujours de ce pain-là. ».

« Moi, je suis le pain de la vie. », « Ego eimi … » Jésus utilise la même expression que Dieu a utilisée quand il s’est fait connaître à Moïse. C’est le bouquet ! Déjà Jésus parle de Dieu en disant ‘mon Père’, et maintenant il s’approprie le nom de Dieu !  Ils ne comprennent plus.

Vraiment, les pensées de Dieu ne sont pas les pensées des hommes.

Et c’est encore vrai maintenant !

Nous avons bien du mal à comprendre la pensée de Dieu.

Nous aussi, nous devons passer des œuvres à faire pour ’’gagner le ciel’’, à faire l’œuvre de Dieu : croire en celui qu’il a envoyé : Jésus le Christ. Passer des ‘pratiques’, des actions, qui ne sont certes pas mauvaises, qui sont mêmes nécessaires (cf Jc 2,17), mais qui ne sont pas suffisantes : l’essentiel, c’est de croire en Dieu, croire que Jésus est le Fils de Dieu, ouvrir notre cœur humain à l’amour de Dieu pour qu’il puisse y pénétrer, y demeurer, « lui près de nous, et nous près de lui » (cf Ap 3,20). Que nous mettions en œuvre la Parole de Jésus dans les évangiles qui est amour, humilité, service …

« Ce ne sont pas les diverses espèces de fruits qui nourrissent l’homme, mais c’est ta parole qui conserve ceux qui croient en toi. » (Sg 16,26).

Seigneur Jésus,

souvent nous n’avons pas le temps de penser à toi

car nous sommes occupés par ‘nos affaires’,

et quand on pense à toi,

nous voulons faire quelque chose, des œuvres …

Mais ce que tu veux,

c’est que nous croyons en toi, en ton Père, en l’Esprit.

Et que nous écoutions ta Parole …

avec notre cœur !

Francis Cousin

 

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17ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 6,1-15)

« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons… »

 

L’évangile de ce jour relate un épisode bien connu de la vie de Jésus : la multiplication des pains (et des poissons). C’est sans doute l’un des miracles les plus connus, de par son résultat impressionnant : nourrir cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants !, à partir de cinq pains et deux poissons. Il n’y a que Fernand Raynaud qui peut en faire autant, « avec les restes de la semaine dernière » !

Mais qu’est-ce qui a permis ce ‘signe’, ce miracle ?

D’abord, bien entendu, l’amour, la tendresse, la miséricorde de Jésus vis-à-vis du peuple qui vient vers lui, qui croit en lui : C’est lui qui propose à Philippe d’acheter du pain pour qu’ils aient à manger. Jésus, Dieu, qui est toujours proche des gens, qui s’intéresse à eux, qui se préoccupe d’eux.

Ensuite, l’attention d’André qui a remarqué qu’un enfant avait un peu à manger.

Puis la réaction de l’enfant qui accepte de donner son repas ‘pour le Maître’ sans qu’il sache ce qu’il va en faire …

Rien que des gestes d’attention, de bienveillance …

Peut-être que si nous, nous avions davantage de geste de bienveillance, nous pourrions, nous aussi, faire que des miracles se produisent. …

Cinq pains et deux poissons : 5 + 2 = 7.

7 est le nombre la plénitude, de la perfection. C’est le nombre associé à Dieu, car lui seul est parfait.

Mais pour que la perfection soit là, il faut que les deux ingrédients soient présents :

5 pains : le pain sera l’objet principal de l’enseignement de Jésus à la synagogue de Capharnaüm peu après : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6,35). Cela fait référence à Jésus, à Dieu.

2 poissons : c’est le résultat du travail des hommes, des pécheurs, notamment des quatre premiers disciples appelés par Jésus. Cela fait référence à l’homme.

Ainsi, dans ce miracle, pour obtenir la perfection, il faut cinq doses de dons de Dieu, et deux doses de travail, de peine des hommes. On remarquera que pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut plus de dons de Dieu que de travail des hommes. Ce qui montre bien que pour entrer dans le Royaume de Dieu, ce n’est pas tellement à cause de (ou grâce à) nos bonnes actions que cela se fera, mais surtout grâce à l’amour et à la miséricorde de Dieu qui veut que nous soyons tous sauvés.

Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’il faille se laisser aller, et tout attendre de Dieu : la part de l’homme, si elle est moindre que celle de Dieu, n’en est pas moins importante et nécessaire.

Cinq pains et deux poissons : Qui les apporte ?

Un jeune garçon dit la traduction, un jeune enfant (paidarion) en grec. Un enfant pas encore adolescent, de moins de sept ans.

Alors on pense à cette autre phrase de l’évangile : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants (paidia en grec), vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18,3).

C’est un petit enfant qui apporte ce qui permettra le miracle. Jésus veut que tous les hommes aient un cœur d’enfant pour entrer dans le Royaume des Cieux. Quand il dira : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » (Jn 6,51), les juifs ont manifesté leur incompréhension et leur désaccord, alors que l’enfant a tout donné sans rechigner …

Combien de fois notre esprit d’adulte, cartésien, qui veut tout expliquer, tout connaître, nous éloigne de la compréhension de l’Évangile, nous éloigne de Dieu …

Seigneur, donne-nous un cœur d’enfant !

Le repas qui était prévu pour une personne, un enfant, a été multiplié par plus de cinq mille pour que tous les présents aient à manger … et il en est resté ! Douze corbeilles !

On pourrait se poser la question de savoir comment les douze corbeilles sont arrivées sur les lieux du miracle, mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel est dans la symbolique du nombre : douze est le signe de la plénitude. Ce qui voudrait dire qu’il en est resté assez pour la plénitude des temps (au figuré : « Qui mange ma chair et boit mon sang à la vie éternelle. » Jn 6,54), mais aussi qu’il en est resté une pour chacun des apôtres, pour qu’ils puissent, après la Pentecôte, partager le pain de vie avec ceux qu’ils rencontreront.

On est parti de presque rien : Cinq pains et deux poissons, et les gens ont eu suffisamment, et nous-même bénéficions du pain de vie, corps et sang de Jésus offert pour nous…

Souvent, on pense qu’on n’a pas grand-chose, qu’on a peu de moyens, qu’on fait peu …

Mais c’est parce que nous ne comptons que sur nous-même, parce que nous raisonnons en termes humains, … mais si nous mettons ce peu que nous avons entre les mains de Dieu, avec foi, alors ce peu pourra faire de grandes choses, et les exemples dans la vie des saints sont suffisamment nombreux pour que nous les suivions.

Encore faut-il faire le pas …

« Rien n’est impossible à Dieu » (Lc 1,37)

Seigneur Jésus,

tu comptes sur les ‘petits’

pour faire avancer les ‘grands’,

des pécheurs pour te succéder,

un enfant pour nourrir la foule !

Parce que tu sais que les ‘petits’

ont un grand cœur,

et que c’est l’amour

qui sauvera le monde.

 

                                         Francis Cousin

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16ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mc 6, 30-34)

« Ils étaient comme des brebis sans berger. »

 

La semaine dernière, Jésus avait envoyé ses apôtres vers les villages pour annoncer sa Bonne Nouvelle. Et aujourd’hui, les apôtres reviennent de leur mission, et ils parlent de ce qu’ils ont fait. Mais ils n’étaient pas seuls, il y avait aussi tous ceux qui voulaient voir Jésus et écouter son enseignement, et cela faisait du monde, de l’agitation, à tel point qu’on « n’avait même pas le temps de manger ».

Alors Jésus va mettre en place une méthode qu’on a redécouverte il y a une vingtaine d’années dans le milieu du management d’entreprise : les camps pour cadres. On ne peut plus travailler dans notre environnement habituel, alors on s’isole en groupe, on fait le point, et on prépare l’avenir.

Jésus avait bien compris que les apôtres avaient besoin de parler avec lui de leurs expériences, de leurs joies, de leurs difficultés, de leurs réussites, de leurs échecs, mais aussi et peut-être surtout de leur enthousiasme. Tout comme lui avait besoin de parler de manière régulière avec son Père dans un lieu désert. Tout comme nous-même avons besoin de moments de retraite, de silence, de ressourcement dans un monastère ou autre structure d’accueil, pour faire le point sur notre vie personnelle et sur notre relation avec Dieu.

Alors le petit groupe part en barque pour un endroit désert.

Mais c’était sans compter sur toutes ces personnes qui étaient présentes autour de Jésus, et sur toutes celles qui avaient suivi les apôtres pour pouvoir rencontrer ’’le maître’’. On ne sait pas où était le lieu de rendez-vous des apôtres, ce n’est indiqué nulle part ; peut-être capharnaüm qui servait de ’’camp de base’’ de Jésus et qui se trouve à quelques kilomètres de Tagba qui est considéré comme le lieu de la multiplication des pains. Les gens ont bien vu la direction prise par la barque, et sans doute l’un ou l’autre avait-il entendu Jésus parler d’un lieu désert, et en suivant la côte, ils pouvaient voir la barque. Ils voulaient tellement encore entendre Jésus leur parler qu’ils suivent la côte, qu’ils courent même … et quand la barque accoste, ils sont là pour accueillir Jésus.

Les plans de Jésus sont battus en brèche ! Lui qui voulait le calme et la solitude pour partager avec les apôtres se retrouve avec la même foule qu’à son départ, peut-être plus encore car l’évangile nous dit que les gens arrivèrent de toutes les villes

La sollicitude et l’amour que Jésus avait pour ses apôtres vont aussitôt être supplantés par la sollicitude et l’amour pour cette foule qui est en attente de quelque chose, qu’elle ne peut pas nommer, mais qui est le signe d’un manque … que Jésus interprète aussitôt : ils sont comme des brebis sans berger !

Et ce berger qu’ils recherchent, c’est lui, c’est sa Parole qui est Parole du Père.

Alors, il se mit à les enseigner longuement.

Ce qui est important de remarquer, c’est la manière dont Jésus se plie aux dispositions des gens qui l’entourent. Parti pour discuter et partager avec les douze apôtres, il s’adapte pour enseigner et partager, non plus seulement des paroles, mais aussi le pain, avec cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants.

Est-ce que nous, nous sommes capables de changer notre emploi du temps à cause d’un événement qui concerne des personnes que l’on ne connaît pas, et qu’on ne reverra peut-être plus ? Sommes-nous assez disponibles aux « signes des temps » comme le demandait le concile Vatican II ?

Sommes-nous capables de comprendre les interrogations de personnes qui sont incapables de définir quel est leur manque, mais qui sont conscients qu’il leur manque quelque chose ?

Seule la proximité de Dieu peut nous permettre de prendre conscience de ce manque, de le comprendre, et de pouvoir y répondre, si nous acceptons d’être interpellés par lui. Puissions-nous, comme Samuel répondre, face aux interrogations qui nous sont posées : « Seigneur, je ne sais pas quoi répondre, mais mets dans ma bouche les paroles de réconfort pour ces personnes. Parle, car ton serviteur écoute » (1 S 3,9).

Seigneur Jésus,

tu es réactif, et tu t’adaptes à toutes les situations,

au contraire de nous qui planifions nos actions

et qui avons du mal à sortir de ce plan.

Mais quand nous sommes interpellés par toi,

ce n’est jamais programmé,

et nous devons être prêts à te suivre

où tu veux, quand tu veux,

car la mission n’attend pas.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

« serviteurs du Père qui appelle. »

 

Francis Cousin

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Prière dim ord B 16° A6




15ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mc 6,7-13) – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 6, 7-13

 

« Ce sera pour eux un témoignage. »

 

L’évangile de ce jour parle du premier envoi en mission des apôtres, deux par deux, pour que leur témoignage soit attesté : « Un seul témoin ne peut suffire pour convaincre un hommeC’est au dire de deux ou trois témoins que la cause sera établie. » (Dt 19,15).

S’il est vrai que le terme témoignage n’est utilisé par Jésus que s’il y a un refus d’entendre la parole des apôtres par ceux à qui elle s’adresse, c’est en fait toute la mission donnée aux apôtres qui est un témoignage.

Témoignage de quoi ? L’évangile ne le dit pas. On ne connaît que les consignes données par Jésus, et elles sont strictes : « Ne rien prendre pour la route… seulement un bâton … des sandales. ». Comme pour un nouveau départ, comme ce fut le cas lorsque les hébreux quittèrent l’Égypte pour aller vers la terre promise.

Combien de temps a duré leur mission ? Où sont-ils allés ? Peu importe. Ce qu’on sait, c’est qu’ils expulsaient beaucoup de démons, et guérissaient de nombreux malades en leur faisant des onctions d’huile.

On pourrait se dire : « Les apôtres ont bien travaillé, ils ont été de fidèles témoins de Jésus », et en rester là !

Mais en quoi sommes-nous concernés par ce texte ?

La mission d’annoncer l’évangile a été faite formellement aux apôtres (cf Mt 28,19), mais aussi par extension à chacun des baptisés. C’est ce que nous rappelle le Concile Vatican II : « Car tous les fidèles, partout où ils vivent, sont tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les autres, considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt 5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie humaine et le lien universel de communion entre les hommes. » (AG n° 11).

Pour tous les chrétiens, il y a deux manières de vivre sa foi : une manière personnelle, tournée vers soi, qui nous amène à vivre en accord avec Jésus, qui nous donne paix et bien-être, et une manière communautaire, tournée vers les autres, pour prier, vivre et célébrer ensemble la foi des chrétiens, mais aussi pour être témoin de Jésus vis-à-vis de ceux qui ne le connaissent pas, ou peu, ou mal, … vis-à-vis de ceux qui habitent dans les périphéries de l’Église, comme le dit le pape François. Et ces deux manières ne sont pas ’’au choix’’, elles doivent être vécues simultanément ou en parallèle par chaque chrétien.

Je prie pour moi et pour les autres, et les autres alimentent ma prière et orientent ma façon de vivre. C’est un aller-retour qui est toujours gagnant, une vie en spirale qui nous permet de nous rapprocher de Jésus, et des autres.

C’est la même chose qui est vécue au niveau communautaire, et qui nous est rappelé à chaque messe. Au début de la messe, nous amenons les autres dans nos demandes de pardon, puis à l’offertoire quand nous apportons ce que nous avons fait, notre travail, notre ’’mission’’ et tous ceux qui sont concernés par elle, en offrande « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », et à la fin de la messe, le célébrant nous envoie en disant : « Allez dans la paix du Christ » dans la traduction française actuelle de « Ite, missa est » qui veut dire « Allez, c’est l’heure de la mission ».

Malheureusement, on peut dire que l’aspect missionnaire de notre vie de chrétien est souvent oublié pour diverses raisons : on ne se sent pas capable, on n’ose pas, on a d’autres préoccupations …

Et pourtant, si chacun s’y mettait …

Quand on regarde comment s’est développée l’Église à partir de quelques disciples … les résultats obtenus par les apôtres … par quelques grands saints …

On comprend mieux le conseil de Jésus ’’de ne rien prendre pour la route’’, car ainsi on est obligé de mettre toute notre confiance en Jésus, de mettre tout ce que nous faisons entre ses mains … de renoncer à nous-même, à tout ce que le monde nous propose de superflu.

En quelque sorte, Jésus nous demande de n’avoir foi qu’en lui, en son Père, et en l’Esprit-Saint.

Seigneur, augmente en nous la foi !

Seigneur Jésus,

La mission que tu as confiée aux apôtres,

c’est aussi la nôtre :

témoigner de ta Parole et de ta résurrection,

par toute notre manière de vivre.

Mais les sollicitations du monde

nous détournent de celle-ci.

Fais que nous mettions totalement notre confiance en toi,

que nous nous effacions devant toi,

pour que ton règne vienne.

 

Francis Cousin

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Prière dim ord B 15° A6




14ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 6, 1-6

 

« N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ? » 

Les relations humaines sont bien compliquées. Quelque soit l’environnement dans lequel nous évoluons (famille, collègue de travail, équipe de sport, associations diverses, paroisse …), nous trouvons toujours quelque chose à dire contre une, deux, voire plus … personnes que nous trouvons inintelligentes, maniérées, pédantes, m’as-tu vues, lèche-bottes, incapables, sournoises, incompétentes, etc … . Et nous sommes d’autant plus dures avec elles que nous les connaissons mieux. On trouve toujours un défaut à ces personnes, qui est souvent subjectif (grosse, planche à pain, mal habillée …) mais qui parfois se base sur des éléments contre lesquelles les personnes concernées ne peuvent rien, notamment les personnes handicapées moteurs (elle ne travaille pas assez vite, elle profite de son handicap pour ne pas faire ceci ou cela, elle n’a pas de rendement, …) ou mentales (il ne comprend jamais rien, il est ’’lourd’’, …).

Est-ce cela qu’on appelle la charité chrétienne ?

D’autant qu’il faut bien se douter que, si nous disons des choses comme celles-là sur les autres, ces autres doivent en dire autant sur nous !

C’est là qu’il faut se rappeler une phrase de l’Évangile : « Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). Ou ce proverbe bien connu : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas qu’ils vous fassent. », que Jésus à prononcé autrement, dans un sens positif, qui est encore plus difficile à mettre en œuvre : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux. » (Mt 7,12).

Ou encore d’autres phrases du pape François, qui reviennent régulièrement dans ses interventions, comme celle-ci : « Comprenez bien : pas de commérages, le terrorisme des commérages. Car celui qui colporte les rumeurs est un terroriste. C’est un terroriste dans sa propre communauté, car il jette comme une bombe ses paroles contre telle personne ou telle autre, et puis il s’en va tranquillement. Cela détruit ! Celui qui fait cela détruit, comme une bombe, et lui s’éloigne. » (Pape François, catéchèse du 25 septembre 2013).

Cette manière de faire (ou de dire !) est d’autant plus gênante que bien souvent nous sommes plus enclins à trouver des excuses aux personnes que l’on connaît peu, ou qu’on rencontre pour la première fois !

C’est un peu la même chose qui est arrivé à Jésus quand il revint à Nazareth, et qu’il s’exprima dans la synagogue, où il était connu de tous.

Saint Marc ne nous donne que la réaction des gens, d’abord enthousiastes : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? ». C’est la surprise, l’étonnement ! … puis ils se rappellent tout ce qu’ils connaissent de Jésus : « Mais je le connais bien, lui ! On a joué aux billes ensemble quand nous étions petits ! On a joué à cache-cache ! On a ramassé du bois ensemble pour faire la cuisine ! … Je connais bien ses parents … C’est lui qui a construit ma maison ! … ».

Il faut dire que Jésus n’avait pas utilisé la langue de bois ! Saint Luc nous raconte l’objet de son discours : « ’’L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.’’ Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : ’’Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre.’’ » (Lc 4,18-21).

Dire cela, c’est affirmer qu’on est le Messie, l’envoyé de Dieu qui vient sauver son peuple. Et on peut penser que, dans la mentalité des personnes, ce Messie viendrait d’on ne sait où (du ciel, comme un extra-terrestre …), déjà adulte et prêt à proclamer son message, dans avoir une histoire personnelle.

Ce n’est pas ce que voulait Dieu : Jésus n’est pas un extra-terrestre, mais au contraire bien un terrestre, comme tous les enfants : « Il a prit chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme » (Credo de Nicée).

C’est cette proximité que Dieu a voulu avec les hommes qui n’a pas été comprise : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. » (Jn 1,11).

Gardons-nous bien de faire comme les gens de Nazareth : ne pas reconnaître Jésus pour ce qu’il est. Parce que c’est ce que nous faisons à chaque fois que l’on fait des ’’commérages’’ sur ceux qui nous entourent. Jésus nous l’a bien dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Mc 9,37). Il suffit de remplacer un enfant par mon prochain.

Dire des commérages, du mal des autres, cela revient à ne pas accueillir Dieu qui vient chez nous !

Alors, comme le dit le pape François : « S’il te prend l’envie de dire quelque chose contre un frère ou une sœur, de jeter une bombe de commérage, mords-toi la langue ! Fort ! » (catéchèse du 25 septembre 2013).

 

Seigneur Jésus,

comme nous sommes prompts

à critiquer et dire du mal des autres.

Nous avons souvent tendance

à nous croire supérieurs aux autres,

alors que …

Fais que nous soyons plus humbles,

et que nous sachions

te reconnaître dans les autres,

toi qui t’es fait homme comme nous.

  

Francis Cousin

                      

 

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Si vous désirez une illustration du texte d’évangile commenté ce jour cliquer sur le lien suivant : Parole d’évangile semaine 18-27




Tout homme est aimé de Dieu (Mt 7,6.12-14) !

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 7,6.12-14)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré ; ne jetez pas vos perles aux pourceaux, de peur qu’ils ne les piétinent, puis se retournent pour vous déchirer.

    Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes.

    Entrez par la porte étroite. Elle est grande, la porte, il est large, le chemin qui conduit à la perdition ; et ils sont nombreux, ceux qui s’y engagent.
Mais elle est étroite, la porte, il est resserré, le chemin qui conduit à la vie ; et ils sont peu nombreux, ceux qui le trouvent. »

Il ne faudrait pas conclure de cet évangile que la Bonne Nouvelle ne serait destinée qu’à une catégorie de personnes et qu’une partie de l’humanité serait donc déclarée incapable de recevoir le trésor de l’Evangile et donc d’entrer dans l’Eglise. Non. La Bonne Nouvelle du Salut en Jésus Christ doit être annoncée à tous, à temps et à contre temps, car tout homme, du fait même qu’il est homme, est appelé à l’amitié avec Dieu.

Mais en même temps, Jésus nous donne un conseil de prudence : l’Evangile est une réalité sacrée, une perle précieuse ? Jésus nous demande de ne pas le livrer inconsidérément à ceux qui sont, pour l’instant, incapables de l’accueillir. Nous ne sommes jamais dispensés d’avoir du tact et de la délicatesse pour proposer le message évangélique avec ses exigences. Leçon capitale pour ceux qui vivent dans des milieux parfaitement étrangers à la pensée chrétienne.

La deuxième parole de vie, c’est la règle d’or : «  Tout ce que voulez que les autres fassent pour vous, faites-le de même pour eux. » Ne plus être centré sur soi, mais sur autrui. Faire aux autres ce que l’on souhaite pour soi. Jésus résume tout, dans cette courte formule.

La troisième parole de vie : la porte étroite et la route resserrée qui conduisent à la vie. Autrement dit, il faut accepter l’Evangile dans sa totalité, et ne pas choisir les formules qui me plaisent. Le chemin de la médiocrité est un chemin facile. Il suffit de se laisser aller. Il faut bien le constater avec Jésus, ceux qui acceptent de vivre intégralement d’Evangile, sont le petit nombre.

Que ces mots abruptes de Jésus nous aident à changer avec courage ce qui doit être changé dans notre vie !

P. Antoine Dennemont




13ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 5, 21-43

 

« Fille, ta foi t’a sauvée. »

 

Le texte de l’évangile de ce jour parle de deux miracles concernant des femmes, dont on ne connaît pas le nom.

Pour la première, une fillette de douze ans, c’est son père, un chef de synagogue, Jaïre, quelqu’un de connu et de respecté, qui tombe aux pieds de Jésus : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. ». On pourrait être surpris par la redondance de la demande : « être sauvée » et « vivre » : Si on est à la mort et qu’on est sauvé, c’est qu’on vit ! Peut-être qu’il y a un questionnement à se poser sur la signification des mots selon qu’on les prend au sens biologique ou au sens spirituel : sauvée biologiquement et vivante spirituellement (en vie éternelle), ou sauvée spirituellement et vivante biologiquement ? Ou vivante pour pouvoir donner la vie (alors qu’elle n’avait pas encore atteint l’âge de la fécondité) ?

La réponse pourrait, peut-être, être donnée par l’intermédiaire du deuxième personnage.

Il s’agit d’une femme, dont on ne connaît pas l’âge ni le nom, atteinte d’un écoulement de sang depuis douze ans, qui a dépensé tout ce qu’elle avait auprès des médecins sans résultats, et qui, ayant entendu parler de Jésus, malgré son infirmité qui la condamne à être rejetée de la société parce qu’impure (cf Lv 15,19-33, notamment le verset 25), « vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. ». Et la réponse vient de Jésus après que la femme se soit jetée à ses pieds : « Fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois saine de ton infirmité ». La guérison biologique vient en réponse à la foi (spirituelle) de la personne ; et en même temps, elle rend la personne saine, c’est-à-dire sans impureté, lui rendant son statut social, et surtout lui permettant de donner la vie.

Comme toujours avec Jésus, la guérison biologique est faite en réponse à un acte de foi de la personne (ou d’une autre dans le cas de Jaïre et de sa fille). Ainsi les guérisons de Jésus permettent à la personne de retrouver toute son intégrité : physique ou biologique, sociale, et spirituelle.

Si on regarde la deuxième femme, celle qu’on appelle ‘l’hémorroïsse’ du nom de sa maladie, on pourrait dire qu’elle a tout contre elle, ou rien pour elle : elle a une maladie qui ne lui permet aucun contact avec qui que ce soit, qui la met à l’écart de la société, en quarantaine, elle n’a plus d’argent, elle souffre physiquement et psychologiquement, et cela dure depuis douze ans ! Elle est au bout du rouleau, n’en peut plus ! Entendant parler de Jésus, elle se dit : « J’ai peut-être encore une chance : si je touche son vêtement, je serai sauvée ! ». Pour elle, c’est une certitude, elle ne doute pas ! Elle sait très bien que ce qu’elle envisage est contraire à la loi de Moïse, mais elle y va quand même, se disant qu’avec la foule elle passera inaperçue, et en se mettant derrière Jésus, elle ne sera pas vue. C’est ce qui se passe : « À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. ». Elle est guérie, physiquement, mais pas encore sauvée socialement, psychiquement, moralement, spirituellement. Parce que peut-être elle a l’impression d’avoir volé sa guérison.

La réaction de Jésus est surprenante : « Qui a touché mes vêtements ? », se rendant compte qu’une ‘force’ était sortie de lui. On a presque l’impression de se trouver dans un dessin animé ou une B.D. pour enfant où le héros avec ses super-pouvoirs envoie des rayons qui guérissent (ou plus souvent tuent les méchants). Comme si Jésus avait une réserve de « pouvoirs » qui diminuerait à chaque foi qu’il s’en sert ! Comme tout un chacun, dans une foule on est touché, bousculé, sans qu’on y fasse attention, mais si quelqu’un  nous touche de manière intentionnelle, tout de suite on est alerté, on se retourne et on cherche la personne qui nous a touché. Sans doute en a-t-il été de même pour Jésus ; mais pourquoi veut-il savoir qui l’a touché ? Sans doute pas pour réprimander, au contraire, mais pour aller plus loin que la guérison, pour sauver éventuellement la personne.

Confusion de la femme. Elle est démasquée. Tout le monde va savoir qu’elle a touché l’homme qui l’a guérie, le rendant impur aux yeux de la loi de moïse. Elle a honte, elle tremble … et se jette aux pieds de Jésus lui disant « Toute la vérité ».

Et Jésus parachève la guérison en lui disant « Ta foi t’a sauvée ! ».

Combien de fois nous sommes-nous trouvé dans la situation de cette femme, ayant honte de ce que nous avons fait ?

A chaque fois que nous avons fait quelque chose de contraire à la loi, non pas de Moïse, mais de l’amour !

Plusieurs réactions possibles :

– pas vu, pas pris ! Je ne dit rien, je fais comme si il n’y avait rien eu !

– je regrette, mais en cherchant des excuses (?!!).

– je fais comme la femme (ou semblablement) : je m’agenouille devant un prêtre et je lui dis toute la vérité.

Alors le prêtre me donne l’absolution, et je peux repartir serein, dans la paix et dans la joie !

Seigneur Jésus,

tu es si bon.

Non seulement tu guéris

la femme de son infirmité,

mais tu la sauves,

lui redonnant toute son intégrité.

Donne-nous de faire comme elle,

humblement :

te demander le pardon de nos fautes.

 

Francis Cousin

                      

 

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Mardi 19 juin : Aimez vos ennemis (Mt 5,43-48)

« Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

 

Il n’y a aucune phrase de l’Ancien Testament qui demande de « haïr les ennemis ». Cette expression forcée de l’original araméen signifie : « Tu n’as pas à aimer ton ennemi ». C’est l’attitude courante de l’ensemble des hommes. Jésus ici vient profondément « achever », « accomplir » ce qui était déjà en germe au cœur du judaïsme, comme au cœur de tous les hommes : l’amour, la tendresse…restant le grand vœu de l’homme.

Jésus nous invite à aller toujours plus loin dans l’amour

Mais il y a un cas où cet amour est difficile, avouons-le. C’est lorsqu’on a été soi-même victime de quelqu’un, quand on nous a fait du mal. Jésus n’y va pas par quatre chemins, il parle d’ennemi. «  Eh bien moi je vous dis : aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous énervent, pour ceux qui vous en veulent, pour ceux que vous n’aimez pas, pour ceux qui vous font du mal.

Aimer ceux qui ne nous aiment pas, c’est imiter Dieu. Faire du bien à ceux qui nous font du mal, cela demande une grande maturité. Il y a dans la vengeance quelque chose d’adolescent, un manque de maîtrise de soi. Se hausser au niveau de Dieu, c’est faire le bien à tous sans dépendre d’aucun intérêt. Avec cet enseignement sur la charité fraternelle, Jésus nous donne pour modèle le Père, qui est bon pour tous et fait lever le soleil et tomber la pluie sans faire de distinction entre les personnes. Etre disciple du Christ, c’est devenir fils en lui et adopter les mœurs du Père, riche en miséricorde.

Il y a autour de nous un cercle de gens « faciles à aimer » ceux qui nous ressemblent, qui pensent comme nous, les gens de notre milieu…Il ne faut pas s’arrêter là, c’est insuffisant, nous dit Jésus. Que le Seigneur agrandisse notre cœur pour qu’il devienne capable d’un amour sans frontières, comme le fait Dieu parfaitement !

P. Antoine Dennemont




Nativité de Jean Baptiste – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Luc 1, 57-66.80

 

« Il s’appellera Jean : ’Dieu fait grâce !’»

 

Au cours de l’histoire du peuple hébreux, plusieurs enfants sont nés de mères stériles par l’intercession de Dieu, alors qu’elles ne pouvaient pas biologiquement avoir d’enfant. Il y a eu Sara qui mit au monde Isaac, la femme de Manoah qui mit au monde Samson, Anne et son fils Samuel. Et les trois enfants ont marqué l’histoire d’Israël.

Les habitants du village de Zacharie et d’Élisabeth savaient tout cela, et le mutisme soudain de Zacharie amenant un questionnement supplémentaire, quand Élisabeth enfanta, « ses voisins et sa famille se réjouirent avec elle parce que Dieu avait manifesté sa miséricorde », et tous s’attendaient à ce que cet enfant ait un destin non ordinaire. Aussi, le jour de la circoncision, jour où on donnait le nom à l’enfant, quand les deux parents dirent ou écrivirent que son nom est Jean, ce fut la stupéfaction et l’interrogation : « Que sera cet enfant ? »

Parce que « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! », ce fut une surprise, un changement non compris, une rupture dans la tradition familiale. Pourquoi cette nouveauté : « Dieu fait grâce ! »

A qui ?

A Élisabeth d’abord, cela est évident, parce que « le Seigneur a fait pour moi, en ces jours où il a posé son regard pour effacer ce qui était ma honte devant les hommes. » (Lc 1,25), en ces temps où la stérilité était considérée comme une punition de Dieu.

Au peuple d’Israël, parce que cette première rupture annonce une autre rupture beaucoup plus importante qui sera amenée par Jésus, celui que Jean(-Baptiste) aura la charge d’annoncer : – avec la Parole de Dieu donnée, non par les prophètes comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus,

– avec une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes qui se manifeste par une offrande suprême : non pas un animal comme auparavant, mais par Dieu lui-même en la personne de Jésus, qui met ainsi fin à tous les sacrifices offerts à Dieu : « Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu … Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. » (He 10,12.14). Mais sacrifice dont on fait mémoire par le partage du pain et du vin, institué par Jésus à la veille de sa mort, comme nourriture et boisson afin que « [ nous ayons] la vie en [nous] » (Jn 6,53).

La mission de prophète de Jean-Baptiste sera aussi l’occasion d’une autre rupture : contrairement aux autres prophètes, il ne va pas vers les gens : « Vers tous ceux à qui je t’enverrai, tu iras, et tout ce que je t’ordonnerai, tu le dira s. » (Jr 1,7), mais il va au désert, lieu de solitude, lieu où l’on fait l’expérience de sa petitesse, mais aussi de la miséricorde de Dieu et de son pardon, là où se révèle le vrai visage de Dieu. Et ce sont les gens qui viennent à lui, « de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain » (Mt 3,5). Retournement de situation, rupture, il devient le premier prophète d’un temps nouveau.

Les circonstances de sa naissance, son nom, son départ au désert, tout pourrait laisser croire que Jean-Baptiste est le Messie tant attendu, mais celui-ci s’est toujours gardé de cette aura dont on voulait l’entourer en précisant : « Je ne suis pas le Christ » (Jn 1,20), l’oint, le Messie, « mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. » (2° lecture).

Humilité, petitesse devant celui qui vient après lui, il refuse d’être mis en lumière, mieux même, il refuse d’être « la lumière des nations » comme Dieu le dit à Isaïe (1° lecture) car « il était là pour rendre témoignage à la Lumière » (Jn 1,8).

Méditons sur ce destin de Jean-Baptiste, ‘Le plus grand de tous les prophètes’ (cf Mt 11,11), qui s’est toujours considéré comme tout petit par rapport à Jésus, celui qui se disait seulement « une voix qui crie dans le désert ».

Pour nous qui voulons souvent tant paraître, qui nous croyons souvent supérieurs aux autres, et parfois même à Dieu, Jean-Baptiste nous donne une bonne leçon et nous rappelle que Dieu fait grâce, que Dieu fait miséricorde.

Seigneur Jésus,

tu nous montres Jean-Baptiste

comme le plus grand des prophètes.

Peut-être parce qu’il n’avait de cesse

de se diminuer pour que toi,

tu grandisses.

C’est ce que tu veux que nous fassions,

se diminuer, se renier à soi-même, se faire serviteur,

comme toi tu l’as fait pour nous,

pour pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux.

 

Francis Cousin

                      

 

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Nativité de Jean le Baptiste – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 1, 57-66.80)

« Choisir d’habiter la confiance…« 

(Lc 1,57-66.80)

 

          Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils.
Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle.
Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.
Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. »
On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »
On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler.
Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné.
À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu.
La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements.
Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.

                         

         Un jour, Zacharie était monté à Jérusalem pour y exercer son ministère de prêtre et un Ange lui était apparu : « Ta femme Elisabeth te donnera un fils et tu l’appelleras du nom de Jean » (Lc 1,13). Mais Elisabeth était stérile et tous les deux avancés en âge ! Aussi, commença-t-il par ne pas croire en cette Parole et il demanda un signe… Celui qu’il reçut dut le surprendre : il ne pouvait plus parler… « Le Père des Miséricordes » (2Co 1,3) a de l’humour… Plutôt que de dire des bêtises, Zacharie, cet homme de bonne volonté, était invité désormais à se taire, à prier, à méditer sur l’Amour de Dieu dans le secret de son cœur…

Et c’est bien ce qu’il fit jusqu’à la naissance de son fils. Selon la tradition, le premier né devait porter le nom de son père… Mais contre toute attente, Elisabeth, sa mère, déclara : « Son nom est Jean », un nom qui signifie « Dieu fait grâce ». En le confirmant, Zacharie manifesta enfin sa pleine adhésion au projet de Dieu… Son mutisme avait été le signe de son manque de foi ? Maintenant, il croit et ne sera que louange… « Sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et bénissait Dieu »…

Juste après notre passage, il chantera cette Miséricorde déjà à l’œuvre autrefois avec « nos pères », mais qui sera très bientôt manifestée avec une intensité inégalée lorsque naîtra de la Vierge Marie Jésus, le Fils du Très Haut, « le Verbe fait chair »… Il est en effet « l’Astre d’en haut qui nous a visités dans les entrailles de Miséricorde de notre Dieu » « pour donner à son peuple », à tous les hommes, « de faire l’expérience du salut par la rémission de ses péchés ». Tout ce qu’il dira, tout ce qu’il fera sera ainsi révélation de l’Amour Miséricordieux du Père qui « veut que tous les hommes », ses enfants, « soient sauvés » (1Tm 2,4). Aussi se proposera-t-il de lutter encore et encore avec eux et pour eux contre tout ce qui s’oppose au plein accomplissement de son projet sur chacun d’entre eux : qu’ils participent tous, selon leur condition de créature, à la Plénitude de sa Lumière, de sa Vie et de sa Paix… La seule attitude qu’il attend de nous se résume alors en un seul mot : confiance…

                                                                                                                      DJF