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2ième Dimanche de Pâques – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 20, 19-31)

 « La paix soit avec vous ! » 

(Jean 20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre.
Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

 

 

            Nous sommes ici au « soir » du « premier jour de la semaine », c’est-à-dire un lendemain de sabbat (samedi), ce qui correspond aujourd’hui à notre Dimanche. La veille de ce sabbat, un vendredi donc, Jésus était mort sur une croix à l’heure où l’on égorgeait dans le Temple de Jérusalem tous les agneaux qui devaient être mangés lors de la fête de Pâques, qui tombait cette année-là un jour de sabbat. Jésus est bien « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29). « Il a aboli le péché par son sacrifice », écrira l’auteur de la Lettre aux Hébreux (Hb 9,26). Puis, «  ayant offert pour les péchés un unique sacrifice », le sien, « il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu », au jour de sa résurrection d’entre les morts (Hb 10,10)…

            « Ce premier jour de la semaine », le lendemain du sabbat, correspond donc à ce jour où Marie de Magdala a découvert le tombeau vide. Ayant prévenu « Simon Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait », très certainement St Jean lui-même, ils courront au tombeau et ils constateront qu’effectivement, il était vide, « les linges gisant à terre, ainsi que le suaire qui avait recouvert sa tête, non pas avec les linges, mais roulé à part, dans un endroit », celui qu’il occupait en fait sur la tête de Jésus. Lors de la résurrection, le corps a comme disparu, et les linges qui l’entouraient se sont tout simplement affaissés, gardant la place qu’ils occupaient sur le corps… Bref, si l’on avait voulu prendre le seul corps de Jésus, il aurait fallu dénouer tous les linges. Ce qui n’était pas le cas. C’est ce que St Jean constate : « Il vit et il crut » (Jn 20,1-10).

            Juste après ce récit, et donc toujours « le premier jour de la semaine », nous voyons Marie Madeleine rencontrer le Christ dans sa condition nouvelle de Ressuscité. Cela ne fait que trois jours qu’elle ne l’a plus vu, mais elle ne le reconnaît pas immédiatement. C’est bien le même pourtant, mais il est maintenant dans une tout autre condition… Et ce n’est que lorsqu’il va l’appeler par son nom, « Marie ! », que Marie Madeleine va le reconnaître : ce « tout autre », apparemment inconnu, connaît son nom, et cette Parole a la même résonance au plus profond de son cœur que toutes celles qu’elle a déjà entendues de Jésus… Son amour le reconnaît : c’est Lui ! « Rabbouni ! », « mon Maître ! » «  Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leur : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Et c’est bien ce qu’elle fera…

            Notre Evangile se situe toujours en ce même jour : jour de la découverte du tombeau vide, jour de la prise de conscience de la Résurrection de Jésus, jour de l’expérience de sa rencontre, dans la foi, avec un regard de foi, au plus profond du cœur, dans un cœur à cœur… C’est ce que vont vivre à leur tour les disciples de Jésus. Et telle est la formidable aventure à laquelle le Christ Ressuscité nous convie tous en nous invitant à nous rassembler au moins une fois par semaine en son Nom : « Que deux ou trois, en effet, soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18,20). Ces chiffres ne sont pas choisis au hasard : ce sont ceux des « témoins » pour toute affaire de justice : « Un seul témoin ne peut suffire pour convaincre un homme de quelque faute ou délit que ce soit ; quel que soit le délit, c’est au dire de deux ou trois témoins que la cause sera établie » (Dt 19,15). Autrement dit, les disciples seront invités ensuite à être les témoins de ce qu’ils auront vécu avec le Christ Ressuscité, de ce qu’ils ont « vu » et « entendu », de cœur, dans la foi, et cela ensemble, à au moins « deux ou trois », l’un soutenant l’autre, l’un aidant l’autre… « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; – car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue – ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1,1-3).

            « Après » avoir choisi les Douze,  les futures colonnes de l’Eglise, dont les successeurs sont nos Evêques (Lc 6,12-16), et les avoir envoyés en mission (Lc 9,1-6), « le Seigneur avait désigné soixante-douze autres », un chiffre qui représente tous les autres disciples de Jésus, nous tous, « et il les avait envoyés deux par deux en avant de lui », en témoins de son Mystère, de son Amour, de sa Miséricorde, de sa Lumière et de sa Vie, « dans toute ville et tout endroit où lui-même devait aller » (Lc 10,1). Et cela est toujours vrai après sa résurrection, car Jésus ne cesse de dire à son Eglise : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28,19-20). « Pour eux, ils s’en allèrent prêcher en tout lieu, le Seigneur agissant avec eux et confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnaient » (Mc 16,20).

            Ainsi, la communauté chrétienne tout entière est invitée à se rassembler, notamment le Dimanche, autour du Christ ressuscité, pour le rencontrer dans la foi, dans un cœur à cœur où il s’agira de « vivre » d’une vie nouvelle, de « voir » une réalité spirituelle, invisible à nos seuls yeux de chair, et d’ « entendre » résonner à nos cœurs cet éternel « je t’aime » que le Père du ciel, « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), ne cesse d’adresser à chacun de ses enfants, et donc à tous les hommes… « Heureux alors vos yeux parce qu’ils voient ; heureuses vos oreilles parce qu’elles entendent. En vérité je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ne l’ont pas entendu ! » (Mt 13,16‑17). Et puisque le Trésor de ce « Je t’aime » est déjà adressé par le Créateur à chacun de ses enfants, créés par amour (Sg 11,24), il s’agira ensuite, en l’ayant accueilli pour nous-mêmes, d’être les témoins dans le monde de ce que nous aurons « vu » et « entendu »…

            « La paix soit avec vous » commence par dire le Ressuscité. Or la Paix dans la Bible n’est pas simplement synonyme de calme, d’absence de bruit et de violence ; elle renvoie avant tout à une Plénitude d’Être et de Vie, qui n’est rien de moins que celle de Dieu Lui-même. « Né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé », « Dieu » le Père « s’est plu à faire habiter en lui », le Fils, « toute la Plénitude », sa propre Plénitude (Col 1,19). Et c’est ce même Fils qui, pour mieux nous rejoindre dans notre condition humaine, « s’est fait chair » (Jn 1,14 ; Ph 2,6-11). Dès lors, « toute la Plénitude de la Divinité habite corporellement en lui », et poursuit St Paul en s’adressant à celles et ceux qui avaient reçu le baptême, « vous vous trouvez associés en lui à sa Plénitude » (Col 2,9-10). Et puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), cette Plénitude est de l’ordre de l’Esprit, invisible à nos seuls yeux de chair, mais perceptible de cœur, dans l’amour, car Dieu est aussi « Amour » (1Jn 4,8.16), « Lumière » (1Jn 1,5) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Il s’agit donc avant tout de vivre cette Vie, et de la reconnaître, en la vivant (Jn 14,19-20)…

            « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix » (Ga 5,22)… « La paix soit avec vous » revient donc à dire « l’Esprit soit avec vous », et c’est bien ce que le Ressuscité leur dira, un peu plus loin : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22).

            « Remplis d’Esprit Saint », ils ne peuvent qu’être « remplis de joie » (Ac 13,52) : « Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur », écrit ici St Jean. « Dieu est Esprit », « Dieu est Lumière » : « remplis de l’Esprit », ils sont aussi « remplis de Lumière », et c’est bien parce qu’il en est ainsi qu’ils peuvent « voir » le Ressuscité. Même avec les yeux grands ouverts, il est impossible de voir quoi que ce soit dans l’obscurité, dans les ténèbres… Il en est de même de notre cœur, et de notre regard intérieur, dans la foi… Sans la Lumière de l’Esprit, il nous est impossible de percevoir quoique ce soit dans ce domaine… Mais heureusement, « en toi, Seigneur est la Source de Vie ; par ta Lumière, nous voyons la Lumière » (Ps 36,10). Grâce à la Lumière de l’Esprit qui remplit leur cœur, les disciples peuvent voir ce Dieu de Lumière qui leur est apparu en Jésus Ressuscité… « Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la Gloire, vous donner un Esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse vraiment connaître. Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir » (Ep 1,17-18)… Quelle expérience, quelle rencontre, certainement la plus belle que l’on puisse faire en cette vie !

            Et Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! » Après toutes les horreurs de sa Passion, après tous ces coups, cette haine, cette violence qui s’étaient abattus sur lui, tout ce sang versé, les disciples avaient été incroyablement bouleversés de voir leur Maître tant aimé souffrir ainsi… Depuis, ils vivaient dans la peur et dans l’angoisse… Et c’est bien pour cela que « les portes du lieu où ils se trouvaient étaient verrouillées par crainte » de tous ceux qui avaient été à l’origine de telles atrocités, et qui n’étaient encore qu’à quelques centaines de mètres d’eux ! « Confiance, Je Suis, n’ayez pas peur » (Mt 14,27), leur avait-il déjà dit alors qu’ils étaient au cœur d’une tempête effroyable sur le Lac de Tibériade. Et celle qu’ils venaient de vivre était bien pire ! Remplis par l’Esprit Saint, les disciples vivent maintenant une Paix et une Joie immenses…

            « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie », leur dit-il ensuite… Comment le Père a-t-il donc envoyé Jésus ? En étant toujours avec Lui, en l’aidant, en l’encourageant, en le soutenant dans cette mission que Lui-même lui indiquait, jour après jour, l’aidant à dire ce qu’il avait à dire, lui permettant d’accomplir les signes qui authentifiaient sa Parole… Nous voyons ainsi Jésus, « mené par l’Esprit » (Lc 4,1), cet « Esprit qui vient du Père » (Jn 15,26), dire à son Père : «  Les paroles que tu m’as données, je les leur ai données » (Jn 17,8). Oui, « ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 12,50). Et pour les œuvres accomplies, il ne cesse de les attribuer à son Père : « Ne crois-tu pas », Philippe « que je suis dans le Père et que le Père est en moi ?  Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même : mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres » (Jn 14,10). «  En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui même, qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19-20). Ce n’est donc pas Jésus qui agit, mais le Père… Jésus est le Serviteur du Père… Oui, dira plus tard St Pierre à ceux-là même qui avaient tué Jésus, ceux qui lui faisaient si peur avant qu’il n’ait reçu l’Esprit Saint, et avec lui, sa Force (Ac 1,8) : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,26).

            « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »… Jésus sera donc pour ses disciples ce que fut son Père dans sa mission… Il sera toujours avec eux (Mt 28,19-20), il les aidera, les encouragera (Ac 23,11), les soutiendra dans leur mission (2Tm 1,8) que Lui-même leur indiquera, jour après jour, les aidant à dire ce qu’ils auront à dire, leur permettant d’accomplir les signes qui authentifieront sa Parole (Mc 16,20)… A nous tous maintenant de répondre à son appel, « deux par deux », en équipes, nous appuyant les uns sur les autres, et laissant le Seigneur accomplir son œuvre avec nous et par nous…

Jacques Fournier




Dimanche de Pâques – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 20, 1-9

 

« On a enlevé le Seigneur de son tombeau !  »

 

Marie-Madeleine était là, le vendredi, quand Joseph d’Arimathie avait mis le corps de Jésus dans son tombeau, et elle avait bien repéré celui-ci pour pouvoir revenir, une fois le sabbat passé, afin de l’embaumer avec des aromates. Et quand elle revient, le lendemain du sabbat, notre dimanche aujourd’hui, de grand matin, elle voit la pierre d’entrée enlevée.

Pour n’importe qui, c’est un choc ! Imaginez de trouver la dalle funéraire de l’un de vos parents ou amis déplacée et la tombe ouverte !

Affolement complet. Elle ne vérifie même pas si le corps de Jésus est là. Pour elle, c’est sûr : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau », et elle court l’annoncer à Pierre.

Plus tard, une fois revenue près du tombeau, sur le lieu ’’du vol’’, pour essayer de comprendre, de retrouver le corps, elle rencontrera ce qu’elle croit être un jardinier, mais qui en fait est Jésus. Mais elle ne le reconnaît pas.

Pourtant elle suivait Jésus depuis un certain temps. Les apôtres aussi, presque trois ans. Et d’autres femmes, d’autres disciples, comme Cléophas et son compagnon qui repartent déçus vers Emmaüs …

Ils avaient tous entendu Jésus annoncer sa résurrection, au moins trois fois nous disent les évangiles, et la dernière fois les avait laissés interrogatifs : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes ; ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes, qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » (Mc 10,34-35), car ils n’avaient pas compris cette parole.

Ils connaissaient le terme ressusciter, mais pour eux, c’était à la fin des temps : « Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » (Jn 11,24), et ils venaient de voir Jésus ressusciter Lazare …

Croire en la résurrection est difficile. D’ailleurs Jésus lui-même le dit dans la parabole du riche et du pauvre Lazare : « Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » (Lc 16,31).

Pour nous, c’est plus facile de croire en la résurrection de Jésus, parce que les apôtres en ont témoigné, l’ont écrit, l’ont proclamé (cf Ac 2,23-24 …), parce qu’il est apparu à quelques grands saints (Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Sœur Faustine …), parce que toute la catéchèse de saint Paul est basée sur le résurrection de Jésus : « si le Christ n’est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu » (1 Co 15,14) … et parce que nous avons foi en Jésus.

En Jésus ressuscité par son Père, au moment de la Pâque, en ce jour que nous commémorons aujourd’hui. Oui, nous pouvons l’affirmer et le proclamer : Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

Et si Jésus est ressuscité et que nous croyons en lui qui a dit : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire » (Jn 17,24), lui qui est auprès de son Père, alors, nous aussi nous irons avec lui auprès de son Père,  dans la gloire des cieux, ressuscités avec lui, car « « Nous qui étions morts par suite de nos fautes, Dieu nous fait revivre avec le Christ » (Éph 2, 5).

Et pourtant, certains sondages nous apprennent que la foi en la résurrection des morts est en perte de vitesse, que seulement un tiers des catholiques y croiraient, au profit de la réincarnation (!!!), qu’une nouvelle revue nous dit qu’elle serait prouvée par la science (peut-être).

Or, c’est impossible. On ne peut pas être chrétien et croire en la réincarnation.

La base de la foi des chrétiens est la résurrection de Jésus, que Dieu a ressuscité et qui nous ressuscitera avec lui à la parousie. C’est là notre espérance.

Soyons ferme dans notre foi, et n’ayons pas peur de la dire.

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Seigneur Jésus,

tu es ressuscité,

et nous croyons que tu es ressuscité

grâce au témoignage des apôtres.

Et nous croyons aussi

que tu nous ressusciteras

avec toi à la fin des temps.

C’est là notre espérance.

Francis Cousin

 

                       

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Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Marc 11, 1-10

 

« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !  »

 

            La liturgie de ce dimanche nous offre une particularité, celle d’avoir la lecture de deux passages d’Évangile : l’entrée de Jésus dans la ville de Jérusalem, et la lecture de la Passion de Jésus qui aura lieu quelques jours plus tard.

            Sans doute pour que ceux qui ne pourraient pas assister à la célébration  du vendredi saint puissent entendre une fois dans l’année la lecture de la passion. Mais aussi pour montrer que cette dernière semaine que passe Jésus  sur terre, dans la ville de Jérusalem, dans la ville de son Père, là où se trouve le temple, présence de Dieu au milieu de son peuple, va être pleine de contrastes, pleine de contradictions, d’oppositions, de revirements, … de trahison, de reniement, … et de repentir…

En une semaine va se jouer toute la destinée du peuple juif et des autres Nations. Sans que ceux-ci en soient conscients. Et pourtant ils participent à cette folle semaine, mais sans réellement « savoir ce qu’ils font ».

En ce premier jour de la Semaine Sainte, nous assistons à l’entrée de Jésus à Jérusalem, qui aurait pu se passer comme pour n’importe quelle autre ville dans laquelle Jésus est entré, mais qui revêt une importance particulière parce que c’est la montagne de Sion, et par toute une symbolique qui entoure cette entrée.

Jésus vient de Jéricho où il a guérit l’aveugle Bartimée. Il monte à Jérusalem comme l’on fait avant lui Josué et le peuple de Dieu sorti d’Égypte pour prendre possession du pays. Il prend la place de Josué qui a mené à terme la mission de Moïse, il est le nouveau Moïse.

Jésus s’arrête sur le mont des Oliviers, accomplissant ainsi la prophétie de Zacharie : « Les pieds du Seigneur se poseront, ce jour-là, sur le mont des Oliviers qui est en face de Jérusalem, à l’orient. (…) Alors le Seigneur mon Dieu viendra, et tous les saints avec lui. (…) Alors le Seigneur deviendra roi sur toute la terre ; ce jour-là, le Seigneur sera unique, et unique, son nom. » (Za 14,4-59).

Jésus n’entre pas à pied, comme à son habitude, mais sur un âne dont il explique à ses disciples où le trouver et que dire si on les voit le prendre. On n’a pas l’habitude de le voir expliquer à l’avance ce qui va se passer, sauf pour les annonces de la Passion. Or, l’entrée à Jérusalem sur un âne (et non pas sur un cheval comme le faisaient les rois) était aussi une prophétie de Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse.(…) Il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. » (Za 9,9-10).

Toute cette symbolique, organisée par Jésus lui-même, montre bien que Jésus voulait montrer au peuple (qui connaissait les écritures) qu’il était le Messie annoncé.

Alors, quand il entre à Jérusalem, il est accueilli par les gens qui l’entourent comme on le faisait pour les rois, ou pour la purification du temple après la profanation d’Antiochus : « Ils célébrèrent cette fête dans l’allégresse (…) C’est pourquoi, portant des thyrses, des rameaux verdoyants et des palmes, ils faisaient monter des hymnes vers Celui qui avait mené à bien la purification de son propre Lieu saint. » (2 M 10,6-7). Et Jésus va donner une autre dimension au temple en devenant lui-même ce Temple en mourant sur la Croix, et en ressuscitant le troisième jour.

Enthousiasme, joie, liesse … pour accueillir Jésus …

Cris, fureur, haine … pour condamner Jésus …

A cinq jours d’intervalle …

On peut être surpris de ce revirement de situation, de ce changement de vision. On peut aussi en être outré, considérer cela comme inadmissible, incompréhensible …

Et pourtant …

Si nous nous regardons bien au fond de notre cœur, il nous arrive bien souvent de faire la même chose, … et en moins de cinq jours.

Combien de personnes vont à la messe le dimanche, et l’après-midi (peut-être même avant) se disputent avec un autre automobiliste pour une question de priorité ou de place de parking. Ou prennent leurs aises sur la plage avec la musique à fond, ou le ballon qui part n’importe où, sans aucun respect pour les autres occupants … !

On me dira : « Oui, mais ce n’est pas Dieu ! ». Sans doute. Mais Dieu n’est-il pas présent dans chaque être humain ?

On pourra dire aussi : « C’est humain ! ». Certes ! On pourrait même ajouter : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,9) et en profiter pour se dédouaner.

Mais Jésus n’a-t-il pas dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! » (Mt 5,48) ?

Oui, nous avons encore du chemin à faire pour arriver à la sainteté.

Seigneur Jésus,

Tu entres à Jérusalem acclamé comme un roi,

mais les mêmes gens

demanderont ta mort peu après.

Moi aussi,

 je suis parfois tout feu tout flamme avec toi,

et à d’autres moments je te laisse tomber.

 Pardonne-moi mon manque de foi.

 

Francis Cousin

 

 

 

 

                       

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5ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

 Évangile selon saint Jean 12, 20-33

 

« Mais non,

c’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci !  »

 

            Le début de l’évangile qui nous parle des grecs est une introduction qui semble superfétatoire. En effet, dans sa réponse, Jésus parle de toute autre chose que du désir des grecs de le rencontrer.

A mois que ce ne soit fait pour montrer que le discours de Jésus est pour le monde entier, et pas seulement pour les juifs, et que tous ceux qui veulent suivre Jésus seraient avec lui, après sa glorification : « là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. » (v. 26).

Jésus pense à son « heure » et à ce qui viendra après, quand il sera près de son Père. Il pense à cette  « heure » qui est le but de sa mission sur la terre : « si le grain de blé tombé en terre (…) meurt, il porte beaucoup de fruit. » (v.24), il pense à sa mort : « moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (v.32).

Et comme Jésus est à la fois « vrai Dieu et vrai homme », en tant qu’humain, il n’est jamais très agréable de penser à sa mort : « Maintenant, mon âme est bouleversée » (v.27a).

Suit une phrase qui rappelle la prière de Jésus à Gethsémani dans les évangiles synoptiques : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Luc 22,42), mais qui n’est pas cette fois axée sur le sentiment de peur et d’angoisse, mais plutôt au niveau de la raison, de l’intellect : « Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! (V,27b) La fin de ma mission est proche, il faut que j’aille jusqu’au bout, à la mort terrestre. Je l’accepte, pour la gloire de mon Père, pour que sa volonté soit faite. »

Cette dernière phrase est connue de chacun de nous, et nous la disons  plusieurs fois par jour : « Que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel »

Mais souvent nous la comprenons dans son sens global, pour tout le monde et sur un espace de temps illimité : nous pensons qu’à la fin des temps, tout le monde croira en Dieu Trinité : Père  Fils et Saint Esprit …

Et on oublie que cela nous concerne chacun, et chaque jour, voire même à chaque instant.

Notre prière, celle qui n’est pas écrite, récitée, celle que l’on fait quand on parle directement à Dieu est-elle : « Seigneur, fais de moi ce qu’il te plaira ! » … ou bien : « Seigneur, fais que mes enfants aillent à la messe », « Fais que mon mari arrête de boire l’alcool. », « Fais que je puisse avoir un petit travail. » … ?

En clair : « Fais que se réalise ce que je veux. Moi, je ne peux pas, je n’y arrive pas, alors, fais-le pour moi … »

Ce n’est plus que ta volonté soit faite, mais que ma volonté soit faite !

Et cela nous arrive à tous, beaucoup plus souvent qu’on ne le pense …

Jésus n’avait qu’un projet : réaliser pour nous le projet de son Père.

Est-ce que je suis prêt à réaliser le projet que le Père a pour moi ?

Pour cela, il faut l’écouter, et non lui parler de ce que nous voulons pour notre vie, car « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. »

C’est notre espérance à tous. Mais elle a un préalable ici, sur terre : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même » (Mc 8,34)

                                                                                                       

Seigneur,

tu as accepté de faire

la volonté de ton Père,

quelles qu’en soient les conséquences pour toi :

la mort sur la croix.

Mais moi, est-ce que je fais

la volonté de mon Père qui est aux cieux ?

Je suis bien trop attaché au plaisir de ce monde.

Pardonne-moi, Seigneur.

 

Francis Cousin

               

                       

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4ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jean 3, 14-21)

 » Le Christ meurt de notre mort

pour que nous vivions de sa Vie « 

(Jean 3, 14-21)…

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

     Au désert, le Peuple d’Israël avait murmuré contre Moïse et donc contre Dieu. Les conséquences de leur désobéissance avaient été évoquées avec l’image de la brûlure occasionnée par la morsure d’un serpent venimeux, une morsure qui, en l’absence de remède, conduit à la mort. Mais Dieu avait dit à Moïse : « Façonne-toi un Brûlant, et fixe-le sur une perche. Quiconque aura été mordu et le regardera restera en vie. Moïse façonna donc un serpent de bronze », un alliage de cuivre et d’étain qui, par son éclat et sa couleur dorée, évoque le feu (Nb 21,4-9)… Comme Adam et Eve autrefois, trompés par le serpent (Gn 3), les Israélites ont désobéi à Dieu et expérimenté en eux-mêmes cette « brûlure » du mal qui conduit à la mort ? S’ils obéissent maintenant à l’invitation que Dieu leur lance, s’ils regardent ce Brûlant fixé sur le bois, ils seront guéris, ils vivront… Leur obéissance renouvelée à Dieu lui permettra de triompher de toutes leurs désobéissances passées…

            Et Jésus se compare ici à ce Brûlant ! De fait, il sera fixé sur la Croix, et il prendra sur Lui toutes « nos souffrances et nos douleurs », « il s’accablera lui-même de nos fautes » (Is 52,13-53,12), il brûlera de nos brûlures et mourra de notre mort pour nous sauver et nous donner gratuitement, à nous, pécheurs, de pouvoir vivre de sa Vie ! « O Jésus ! Laisse-moi dans l’excès de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes ? » (Ste Thérèse de Lisieux).

            Ainsi, avec le Fils et par le Fils, Dieu tout entier s’est donné Lui-même pour notre salut… Désormais, l’infini de sa Miséricorde et de sa Vie se propose à notre misère, à nos péchés, à notre mort… La seule attitude qu’il attend de nous est ce « Oui ! » de confiance et d’abandon… Car « là où le péché a abondé », humainement, « la grâce a surabondé », divinement, infiniment (Rm 5,20)… « Je verserai sur vous une eau pure et vous serez purifiés. De toutes vos souillures et de toutes vos ordures, je vous purifierai » (Ez 36,25) ? Oserons-nous croire à l’infinie de sa Miséricorde ? Refuser, c’est se condamner soi-même… Lui dire, ne serait-ce que « je crois, mais viens en aide à mon peu de foi », c’est Lui permettre d’agir dans nos cœurs et dans nos vies selon son Amour. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ? » « Tout ce qu’il veut, il le fait ! » (1Tm 2,3-6 ; Ps 135,6).

                                                                                                                                  DJF

 




4ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 2, 13-25

 

« Il a voulu ainsi montrer …

la richesse surabondante de sa grâce… »

 

Sa grâce, la grâce de Dieu, c’est-à-dire son amour pour les hommes, depuis toujours et pour toujours.

Cet amour qui est en filigrane de tous les textes de ce dimanche.

On le voit dès la première lecture : face aux infidélités des ’’chefs’’, des responsables politique et religieux du peuple hébreux, Dieu envoie des prophètes, des messagers, « sans attendre et sans se lasser ».

Car cet amour pour son peuple est un amour de Père. Comme celui de parents qui prennent soin de leurs enfants, s’occupent d’eux matériellement, moralement et spirituellement, pour qu’ils aient tout ce qui leur faut pour réussir dans la vie ; mais qui aussi s’interposent vigoureusement quand ceux-ci dérapent, toujours par amour pour eux.

C’est le cas avec Dieu, dont « la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple » trouvera son épilogue par la déportation à Babylone de son élite. Et là, le peuple regrette le ’’bon temps’’, ainsi que le montre le psaume 136, qui compte parmi les plus beaux des psaumes : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion … Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! … Si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. »

Alors Dieu, qui « avait pitié de son peuple et de sa demeure » (1° lect) permet la victoire de Cyrus et lui demande de « bâtir une maison à Jérusalem » pour que chacun puisse « monte[r] à Jérusalem ».

Dieu n’abandonne pas son peuple, quoiqu’il ait fait (ce qui n’est malheureusement pas le cas de tous les parents).

Dieu est un inconditionnel de l’amour. C’est normal puisque c’est lui qui l’a créé.

Mais nous, sommes-nous des inconditionnels de l’amour ?

Notre attitude est souvent comme celle des gens d’Israël : nous aimons Dieu, mais il nous arrive de nous éloigner de lui, nous l’oublions, attirés par les biens et les distractions du monde. Alors dans son amour, Dieu nous envoie des messagers, des amis, des prêtres, Sa Parole, l’homélie du dimanche, pour nous secouer, nous faire réfléchir, nous ramener vers lui. Et si cela ne suffit pas, il y a des moments forts qui nous interpellent sur le sens de notre vie : le carême, une conférence, une retraite, voire même la perte d’un être cher, ou sa maladie, … ou la nôtre …

Car nous sommes concernés dans les deux sens : en tant que le pécheur qui s’éloigne …, mais aussi en tant que je suis un ami ou un voisin qui peut être messager de Dieu vis-à-vis des autres, qui peut donner une parole de vérité inspiré de l’Évangile. Même si nous n’en sommes pas conscients : Dieu peut faire à travers nous du bien aux autres malgré nos faiblesses et nos handicaps divers ; parce que ce bien « ne vient pas de [nous], c’est le don de Dieu » (2° lect).

Après nous avoir rappelé le « grand amour dont il (Dieu) nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes », saint Paul nous dit : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. ». Il nous faut aussi croire. Nous ne sommes donc pas sauvés malgré nous, sans que nous n’ayons rien à dire ou faire, et ce n’est pas parce que nous faisons quelque chose pour être sauvés que nous le serons. Ce qui nous est nécessaire, c’est la foi, foi en Dieu, foi en Jésus-Christ, foi en son amour. Dieu nous demande que nous répondions à son amour, à sa Parole, et que nous laissions de côté notre ’’matuvisme’’ que nous             aimons bien et qui nous fait tant de tort. Saint Paul est clair : tout nous vient de Dieu, et contrairement à ce qu’on croit souvent, notre salut « ne vient pas des actes » que nous pourrions faire, et donc, nous ne pouvons « en tirer orgueil ».

Profitons de ce carême pour demander pardon de notre orgueil, et en même temps pour demander pardon de ne pas assez faire d’œuvres de miséricorde.

Et laissons monter vers Dieu notre action de grâce pour cet amour surabondant qu’il a pour chacun de nous, tellement grand qu’il donne son fils unique, élevé sur la croix pour que le monde soit sauvé.

« Tout vient de toi, ô Père très bon. Nous chantons les merveilles de ton amour ! »

 (C 66 – D. Ombrie)

Mon Dieu,

tu as tellement aimé le monde

que tu as donné ton Fils unique

pour que ceux qui croient en lui soient sauvés.

Ouvre notre cœur,

que nous avons parfois tant verrouillé,

et donne-nous d’accueillir ton amour

dans la simplicité et dans l’humilité.

 

Francis Cousin

                       

               

                       

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3ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Jean 2, 13-25

 

« Cessez de faire de la maison de mon Père

une maison de commerce. »

 

Cet épisode bien connu nous montre un aspect de Jésus auquel on ne s’attend pas. Lui qui a dit : « Bienheureux les doux » (Mt 5,5) nous est ici montré un fouet de cordes à la main en train de chasser les marchands de bestiaux et bestioles pour les sacrifices, ainsi que les changeurs de monnaie. Même si ceux-ci se trouvaient dans la première enceinte du Temple, donc loin du saint des saints, et s’ils étaient utiles pour les juifs qui venaient pour la Pâque de tout le bassin méditerranéen, il aurait préféré qu’ils soient à l’extérieur du Temple, reprenant l’oracle de Jérémie : « Temple du Seigneur ! (…) Est-elle à vos yeux une caverne de bandits, cette maison sur laquelle mon nom est invoqué ? » (Jr, 7,4.11).

Mais dans la phrase de Jésus, il y a une partie qui nous semble évidente pour nous maintenant, mais qui passait pour un blasphème aux oreilles des juifs de l’époque : « …de la maison de mon Père… ». Le Temple est la maison de Dieu, et lui dit qu’elle est celle de son Père …

Il se pose ainsi non pas comme un simple prophète, mais comme le Messie car qui pourrait se dire Fils de Dieu sinon lui ? Et son action faisait se souvenir de la prophétie de Zacharie pour la venue du Seigneur : « Il n’y aura plus de marchands dans la maison du Seigneur de l’univers en ce jour-là » (Za 14,21).

On comprend alors la réaction plutôt polie des juifs présents qui lui demandent avec peut-être une pointe de respect « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? ».

Et c’est là qu’arrive l’incompréhension entre Jésus et les juifs. Quand Jésus parle « du sanctuaire de son corps », les juifs pensent aux pierres du bâtiment du Temple.

            Temple                  Sanctuaire

Pierres                     Corps

Son corps qui ressuscitera trois jours après sa mort, mais les juifs pouvaient difficilement le comprendre, même ses disciples qui étaient avec lui, et qui croyaient en lui, ne le comprirent qu’après sa Résurrection.

L’important n’est plus le lieu, mais la foi en Jésus. Ce que Jésus dira un peu après à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. L’heure vient …où  les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. » (Jn 4,21-22).

On va plus loin que la loi qui oblige à venir au Temple. Il ne s’agit plus de prescriptions à respecter, mais d’une manière de vivre qui engage chacun de nous : Voir le Père en Jésus ressuscité, voir Jésus en nous, au profond de notre cœur. Voir Jésus en nous quand nous communions : « Devenez ce que vous recevez » (St Augustin), et saint Paul ajoute : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,16). Avec Jésus, on change de registre :

Loi                      Vie

Et si l’Esprit de Dieu habite en nous, nous devrions pouvoir dire, encore avec saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gal 2,20).

Mais nous en sommes loin pour la plupart d’entre nous.

Profitons de ce carême pour purifier notre relation à Dieu, pour qu’elle soit vraiment une relation en vérité. Pour rencontrer Dieu en nous. Mais aussi pour le rencontrer dans les autres … et ça, ce n’est pas toujours facile …

Pour reconnaître l’action de Jésus dans notre vie (ou quand il n’y est pas), lui qui est le chemin vers le Père. Mais un chemin qui passe par la croix, où Jésus sera la victime en lieu et place des bœufs, des moutons et des colombes. Et un chemin qui passe par nos croix, qu’il nous faut accepter, offrir à Dieu. Nos croix qui nous semblent toujours trop lourdes, surtout si nous voulons les porter seuls, mais qui sont plus légères si nous acceptons que Dieu en porte une partie, « Car mon joug est doux, et mon fardeau léger. » (Mt 11,30).

Seigneur Jésus,

tu as tellement de respect pour ton Père

que tu ne peux accepter tout ce commerce

qui a lieu dans le temple,

dans la maison de ton Père.

Aide-moi à être toujours respectueux

quand j’entre dans la ‘maison de Dieu’,

quand je suis dans une église.

Francis Cousin                      

                     

                       

               

                       

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2ième Dimanche de Carême – Claude WON FAH HIN

 

Dieu avait promis à Abraham (Gn 15,5) une postérité aussi nombreuse que les étoiles. Et Abraham crut en Dieu alors qu’il n’avait pas encore d’enfant. Après la naissance de son fils Isaac, voici que « Dieu éprouva Abraham et lui dit : « Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai », autrement dit, Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils unique. Pour nous, cela peut être choquant, mais à l’époque, les mœurs cananéennes admettaient le sacrifice du premier-né aux dieux (Yahvé parla à Moïse et lui dit Ex 13,2 : « Consacre-moi tout premier-né…» ; Lc 2,23 : « selon qu’il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur »,). Comme tout être humain, Abraham a dû se sentir mal à l’aise. Ce qui le choque ce n’est pas tant le sacrifice de son fils premier-né, puisque c’était une pratique courante à l’époque, mais plutôt la contradiction apparente entre ce que Dieu promet – Il lui a promis une descendance nombreuse – et ce que Dieu lui demande de faire : sacrifier son fils unique. Comment avoir une descendance nombreuse s’il doit sacrifier son fils unique ? Et que fait Abraham alors même qu’il ne comprend rien? Il n’hésite pas, il obéit à Dieu (c’est l’obéissance de la Foi : « parce que je crois en Dieu, j’obéis à Dieu ») : il est prêt à sacrifier son fils unique parce qu’il a une foi aveugle en Dieu. C’est ce que Paul dans sa lettre aux Romains appelle l’« obéissance de la foi ». Et la note de la TOB nous dit que la foi engage l’homme tout entier. C’est pourquoi, elle est toujours obéissance, c’est l’obéissance qu’est la foi. Elle implique que l’homme se soumette librement et volontairement au Dieu qui se révèle à lui comme fidèle et véridique et qui, en renouvelant l’homme, permet à celui-ci d’obéir à la volonté divine. Mais, jamais Dieu ne demandera à quiconque de faire le mal. Le texte de la Genèse dit que « Dieu éprouva Abraham », c’est-à-dire qu’il met Abraham à l’épreuve pour voir s’il va l’obéir ou non, pour voir jusqu’à quel point va sa foi en Dieu. La foi d’Abraham n’a pas de limite et cela se traduit par une obéissance totale à Dieu. Ceci est une invitation, pour nous tous, à obéir à la Parole de Dieu, et cette obéissance se traduit par la mise en pratique des commandements de Dieu et de l’Église, et à ne jamais agir contre l’autorité religieuse que représentent le Pape, les évêques, les prêtres.  Sur la seule parole de Dieu, Abraham est prêt à sacrifier son fils. On l’appelle d’ailleurs le « Père des croyants ».

Au moment décisif du sacrifice d’Isaac, Dieu intervient : « N’étends pas la main contre l’enfant !  Ne lui fais aucun mal !  Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique ». Dieu ne veut pas de sacrifice humain, et c’est aussi un message pour le peuple d’Abraham. Il faut arrêter les sacrifices humains. Et Abraham va remplacer le sacrifice humain par le sacrifice d’un animal. Mais le sacrifice animal ne sert absolument pas à enlever le péché du monde, et donc il ne sert à rien, d’où la venue de Jésus en ce monde (He 10,4) : « 4 En effet, du sang de taureaux et de boucs est impuissant à enlever des péchés. 5 C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation (ni offrande); mais tu m’as façonné un corps. 6 Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. 7 Alors j’ai dit : Voici, je viens, car c’est de moi qu’il est question dans le rouleau du livre, pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Et c’est donc Jésus, ce Jésus Amour, qui se sacrifiera pour que l’humanité entière soit sauvée du péché, pour que l’humanité soit vainqueur de la mort, pour qu’elle soit sanctifiée et justifiée devant le Père et que tous se retrouvent au Royaume de Dieu. Et nous revivons le temps de la Passion du Christ, tous les vendredis avec le Chemin de croix. Et cela rejoint l’Évangile d’aujourd’hui avec la transfiguration.

Pierre vient de reconnaître en Jésus qu’il est le Christ, c’est-à-dire le Messie, le Sauveur tant attendu. Et Jésus fait à Pierre et à ses disciples la première annonce de la Passion, il leur annonce qu’il doit mourir et trois jours après il ressuscitera. Et là, nouvelle apparente contradiction, comme pour Abraham. Comment Jésus, Messie, envoyé par Dieu, peut-il sauver le monde s’il doit lui-même mourir bientôt ? N’est pas « Père des croyants » qui veut. Le doute s’installe dans les esprits des disciples, et la réaction de Pierre sera bien différente de celle d’Abraham, il montre son mécontentement. La foi de Pierre et des disciples est quelque peu ébranlée. Réaction très vive de Jésus à Pierre : « Passe derrière-moi Satan ». Les Actes des Apôtres (4,13) nous rappelle que « Pierre et Jean sont des gens sans instruction ni culture ». Conscient de leur faiblesse dans la foi, six jours après, Jésus emmène ses apôtres préférés, Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne. Ils sont les témoins privilégiés de Jésus : présents lors de la guérison de la fille de Jaïre, chef de la synagogue (Mc 5,37), ils le sont encore à l’agonie de leur Maître à Gethsémani. Et maintenant témoins de la transfiguration de Jésus. C’est, en réalité, une étape importante dans l’éducation des disciples car ce sont des gens qui attendent un Messie Glorieux, et être témoins de la transfiguration pourra renforcer leur foi à la veille de la Passion où Jésus se montrera faible et impuissant aux yeux de ses disciples. La transfiguration laisse aux apôtres un message dont ils ont besoin au moment où Jésus est rejeté par les autorités religieuses de l’époque. La vision de Jésus en pleine gloire, avec la présence de Moïse qui représente la Loi et Élie qui représente les prophètes, montre que la totalité des Écritures témoignent en faveur de Jésus, autrement dit, Jésus est bien celui que le peuple hébreu de l’Ancien Testament attendait. La transfiguration intervient comme pour confirmer que Jésus est bien le Messie. Et même temps, c’est un message qui nous est adressé pour dire que nous sommes appelés aussi à être transfigurés à l’image du Christ.

Si nous nous unissons sincèrement au Christ, au plus profond de nous-mêmes, la transfiguration s’opérera forcément à condition d’utiliser tous les moyens qu’il a mis à notre disposition :  lecture de la Parole de Dieu, les prières dont le rosaire, les sacrements et particulièrement ceux de la réconciliation et l’Eucharistie, et en ce temps de carême, nous avons la chance de pratiquer le jeûne et d’avoir l’Heure sainte, un moment où nous partageons et participons à la souffrance du Christ dans sa Passion qui n’est pas terminée. C’est le Christ qui dit à Padre Pio :  « Mon fils, ne crois pas que mon agonie n’ait duré que trois heures, non, à cause des âmes que j’ai le plus comblées, je serai en agonie jusqu’à la fin du monde. Pendant le temps de mon agonie, mon fils, il ne faut pas dormir. Mon âme va à la recherche de quelques gouttes de piété humaine ; mais hélas, je suis seul sous le poids de l’indifférence. L’ingratitude et la somnolence de mes ministres me rendent plus pénible mon agonie. Hélas, comme ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est que ceux-ci ajoutent à leur indifférence le mépris et l’incrédulité »…A force d’avoir Jésus comme compagnon de route, de partager ses souffrances, mais aussi ses joies avec toutes les grâces que nous recevons, nous finirons par le ressembler…jusqu’à être totalement transfiguré lorsque nous serons dans son Royaume.

Et comme les disciples de Jésus, Pierre, Jacques et Jean, comme Abraham, nous vivons des moments où il nous est difficile de comprendre Dieu, des moments compris comme des contradictions. On a ainsi l’impression que Dieu nous aime, qu’il est proche de nous, et en même temps Il paraît éloigné de nous et qu’il n’agit pas; nous sommes sous sa protection et en même temps lâchés au milieu des loups avec tous les dangers qu’il peut y avoir ; nous sommes appelés à prier sans cesse et en même temps on a parfois l’impression qu’on prie pour rien et que Dieu n’en tient pas compte. Et on peut ainsi continuer longtemps.

Mais ce sont des contradictions qui ne sont qu’apparentes. Et les apparences sont souvent trompeuses. En réalité, il n’en est rien. Dieu qui est Amour, protège sans cesse ses enfants…tant que ses enfants ne s’éloignent pas de Dieu par le péché qui est un refus de rester uni à Dieu.  C’est seulement lorsque nous serons au Paradis que nous apprendrons que nos prières ont permis de convertir des milliers de personnes, que les sacrements nous ont sanctifiés, que l’amour donné gratuitement a changé le monde.

Continuons à avoir une confiance totale en Dieu quoi qu’il arrive, Rm 8,28 : « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu » (et cela malgré les apparences). Les saints disent la même chose : 1 – Ste Catherine de Sienne dit à « ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive » : « Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ». 2 – St Thomas More, peu avant son martyre, console sa fille: « Rien ne peut arriver que Dieu ne l’ait voulu. Or tout ce qu’il veut, si mauvais que cela puisse paraître, est cependant ce qu’il y a de mieux pour nous ». 3 – Une autre sainte (Lady Julian of Norwich) : « J’appris donc, par la grâce, qu’il fallait m’en tenir fermement à la foi, et croire avec non moins de fermeté que toutes choses seront   bonnes…Et tu verras que toutes choses seront bonnes ».

Quoi qu’il en soit, Dieu témoigne que son Fils est réellement notre Sauveur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ». Pour Pierre, Jacques et Jean, cela signifie « Écoutez Jésus, même quand il traversera les épreuves de la Passion », gardez confiance en Lui alors même qu’il paraît si fragile, si faible devant tous ses bourreaux. Les deux textes sont là pour confirmer qu’il faut garder la foi en Dieu, quoiqu’il arrive, quels que soient les événements parfois désastreux au vue des chrétiens. Si Dieu, qui nous aime follement, nous envoie son Fils unique se sacrifier pour nous, ce n’est pas pour nous laisser tomber par la suite. Jamais Dieu ne nous abandonne. Si bien que tout ce que nous faisons, tout ce que nous vivons, toutes nos prières, toutes nos relations, toutes nos pensées, notre vie intérieure et spirituelle, Dieu en tient compte. Il nous demande d’écouter son Fils. Et tout ce que dit le Fils tient en quelques mots : aimer Dieu et aimer son prochain.

Avec Marie, qui « conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2,19), demandons à Dieu par son Fils bien-aimé d’augmenter notre foi.




2ième dimanche de Carême – par Francis COUSIN

Évangile selon saint Marc 9, 2-10

 

Théophanies

 La première lecture de ce dimanche narre l’épisode bien connu du sacrifice d’Isaac par son père Abraham où l’on trouve déjà une première théophanie par l’intermédiaire de l’ange. En effet cet ange, ou ce messager céleste, comme tout bon messager dit fidèlement la parole qui lui a été confiée ; mais ici, il ne se contente pas de dire : « Dieu te dit » ou « oracle du Seigneur », mais il va jusqu’à utiliser la première personne du singulier, parlant au nom de Dieu : « Tu ne m’as pas refusé ton Fils, ton unique », puis : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance… ».

Mais les similitudes entre la première lecture et l’évangile, qui nous parle de la transfiguration de Jésus, ne s’arrêtent pas là. En plus de la montagne, de la solitude (ou de l’écartement des autres personnes, serviteurs ou apôtres), c’est le sacrifice du fils unique, demandé dans la première lecture mais non réalisé, qui est au cœur de l’évangile de manière sous-jacente. En effet, dans ce passage, qui se situe entre les deux premières annonces de la Passion par Jésus (qui sont difficilement comprises par les apôtres), celui-ci demande aux apôtres de garder secret tout ce qui venait de se passer jusqu’à ce « que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Or, le Fils de l’homme représente Jésus, « le Fils unique » envoyé par le Père pour sauver tous les hommes, qui mourra effectivement cette fois sur la croix.

Lors de la transfiguration, ou de la métamorphose chez Marc, les vêtements de Jésus « devinrent resplendissants, d’une blancheur telle qu’aucun foulon sur terre ne peut ainsi blanchir. ». C’est un blanc, plus blanc que blanc, qui n’est pas de la terre ; qui est donc du ciel, de ce qu’on connaîtra après la résurrection (cf Mt 27,2-3 : « L’ange du Seigneur… vint rouler la pierre et s’assit dessus…et son vêtement était blanc comme neige »). On est déjà dans une vision de ce que les trois apôtres, Pierre, Jacques et Jean, pourront voir après la résurrection de Jésus. Et voici que Élie et Moïse vinrent s’entretenir avec Jésus.

N’oublions pas que les trois apôtres étaient des juifs, qu’ils connaissaient les écritures, et donc Moïse et Elie qui représentent la Loi et les prophètes. Voir Jésus en compagnie de ces deux grands hommes de la Bible et discourir entre eux montre deux choses :

La première est la confirmation que Jésus n’est pas Élie qui revient sur terre, ni Moïse : « Jésus interrogeait ses disciples: ’Au dire des gens, qui suis-je ?’. Ils lui répondirent : ’’Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes’’. » (Mc 8,27-28). Ce que peut confirmer l’interrogation des apôtres en descendant de la montagne : « Ils l’interrogeaient : ’’Pourquoi les scribes disent-ils que le prophète Élie doit venir d’abord ?’’ » (Mc 9,11).

La seconde est que Jésus est bien dans la continuité de ce que nous appelons l’Ancien Testament : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus n’est pas un hurluberlu comme d’autres qui ont tenté de se faire passer pour le Messie. Il l’est véritablement.

Pour ces trois pécheurs du lac de Galilée, c’est un moment extraordinaire qu’ils sont en train de vivre, un moment qu’ils n’auraient jamais pu imaginer : Moïse, Élie et Jésus, tous les trois, devant eux …

Ils ne savent pas quoi dire. Ils regardent, hébétées … et la seule idée qui vient à Pierre, dans une réaction très terre à terre, et qui peut paraître incongrue, très loin sans doute du discours des trois personnages, est qu’il faut que ce moment de grâce dure le plus longtemps possible. « Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie … et  nous, nous pourrons rester là à vous regarder, à vous admirer. »

Mais ce n’était pas les intentions de Dieu. Et après la confirmation que Jésus est bien le Messie (2° théophanie), c’est le Père qui entre en jeu. La haute montagne, la nuée qui survient, et la voix de Dieu qui parle à travers la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé… »

Contrairement au baptême de Jésus où il semblerait que Dieu s’adresse à Jésus seul : « Tu es mon Fils bien-aimé… » (Mc 1,11), ici la voix s’adresse à tous les présents, c’est-à-dire Jésus et les trois disciples, car quand la nuée se dissipe, « ils ne virent plus que Jésus seul avec eux ».

Non seulement, par la deuxième théophanie, Jésus s’inscrit dans la suite de l’Ancien Testament, mais Dieu, dans cette troisième théophanie, le désigne comme son Fils, mais surtout il ajoute « écoutez-le ! ». Ce qui veut dire en clair : « Sa Parole est ma Parole ; vous pouvez avoir confiance en ce qu’il dit, il ne fait que dire ce que je veux qu’il dise ». Ce que Jésus a dit autrement : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jn 5, 19).

La transfiguration est bien une préfiguration de la gloire que Jésus aura après sa mort et sa résurrection. Mais c’est aussi pour nous une préfiguration de ce qui nous arrivera aussi. On ne va pas vers le néant, mais on sera transfigurés, métamorphosés dans un corps glorieux, avec tous les autres humains que Dieu acceptera dans son Paradis.

C’est ce à quoi nous sommes tous appelés par notre baptême, avec l’aide de l’Esprit Saint, à vivre après notre mort, mais aussi déjà avant celle-ci, sur cette terre où nous vivons, avec cette consigne que Dieu nous donne : « Écoutez-le ! », écoutez Jésus dans ses Paroles de l’Évangile, mais surtout, mettez en pratique ces Paroles.

Seigneur Jésus,

comme nous aurions aimé être là,

avec les trois apôtres,

pour te voir transfiguré.

Mais nous savons

que tu es auprès de ton Père,

avec Moïse et Élie, avec tous les saints,

et que tu nous attends.

Que ton Esprit nous aide sur ce chemin

que tu as tracé pour nous,

toi qui es le chemin, la vérité et la vie.

 

Francis Cousin                     

                       

                     

                       

               

                       

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2ième Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Marc 9, 2-10)

« Que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel « 

(Marc 9, 2-10)…

En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.
Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

 

         

          « Le Fils ne peut rien faire de Lui-même » (Jn 5,19)… Dieu le Père a donc toujours l’initiative dans sa vie… Et il l’invite ici à monter « à l’écart sur une haute montagne » avec trois de ses disciples, « Pierre, Jacques et Jean ». Et là le Père va glorifier son Fils (Jn 12,28) en leur donnant de pouvoir découvrir « quelque chose » de son Mystère. Et que vont-ils percevoir ? Des « vêtements » qui deviennent « resplendissants » d’une « blancheur » sans « pareille »… Et au même moment, ils vont expérimenter un bonheur immense : « Maître, il est heureux que nous soyons ici »… Mais «  » sont-ils ? Tout à la fois sur la terre, « à l’écart, sur une haute montagne », et au ciel dans « la Maison du Père ». Et d’ailleurs, la voix du Père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils Bien‑Aimé. Ecoutez-le. »

            Et c’est bien ce qu’ils ont déjà fait, car c’est Jésus qui les a invités à venir en ce lieu. Ils l’ont écouté, ils lui ont obéi, et voilà que dans les circonstances si simples de leur vie quotidienne, une marche en montagne, ils découvrent la Présence du Père et entendent sa voix… « Le Royaume des Cieux est tout proche », ne cessera de leur répéter Jésus… Et quel est-il ? Un Mystère de Communion dans l’Esprit Saint… Pour le découvrir, il suffit de lui faire confiance, de le suivre, et d’être attentif… Alors le ciel, discrètement, imperceptiblement, se révèlera au cœur des réalités les plus simples, les plus humbles : « ses vêtements devinrent resplendissants », « son visage devint autre », écrit St Luc… Des vêtements, un visage, et voilà que le ciel apparaît… Une incroyable aventure, à laquelle le Christ nous invite tous, dès aujourd’hui, dans la foi… En effet, après sa mort et sa résurrection, « à nouveau je viendrai », nous promet-il, et dans le secret des cœurs, par le Don de l’Esprit Saint, « je vous prendrai près de moi, afin que là où je suis », « dans la Maison de mon Père », uni au Père dans la communion d’un même Esprit, « vous aussi vous soyezJe suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14,1-6)Oui, « quand je serai parti, je vous enverrai l’Esprit de Vérité qui vient du Père » (Jn 14,26), l’Esprit de Lumière (Jn 4,24 ; 1Jn 1,5) et de Vie (Jn 6,63). Alors, sans voir, vous vivrez et c’est parce que vous vivrez que vous « verrez » que vous avez « libre accès auprès du Père en un seul Esprit » (Jn 14,18-20 ; Ep 2,18)… Et c’est de « cela » que je vous invite à être « les témoins »…   DJF