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4ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Sommes-nous des aveugles ?

« Sommes-nous des aveugles, nous aussi ? » C’est pour les catéchumènes tout d’abord que cet évangile a été lu, et c’est pour leur dire le chemin qu’ils suivent et le but vers lequel ils s’avancent. C’est pour eux, mais c’est aussi pour nous, car nous n’avons jamais fini de parcourir ce chemin. Et peut-être pourrions-nous penser ou imaginer qu’au fond le baptême va être pour eux une sorte de point d’aboutissement et que jusqu’à maintenant, ils étaient dans les ténèbres, mais que le jour où ils recevront le baptême, ils y verront clairement et totalement. En réalité, ce n’est pas si simple.

Il en est du baptême comme de tous les grands actes de notre vie de chrétiens. Parfois des fiancés s’imaginent que, lorsqu’ils seront mariés à l’église, tout ira bien et il n’y aura plus de doute. Ou encore on imagine facilement que, lorsqu’un religieux a fait profession monastique, normalement tout va parfaitement bien, tout « baigne dans l’huile ». Or, qu’il s’agisse du baptême, du mariage ou de la profession religieuse, ce n’est pas exactement comme cela que se passe l’existence chrétienne. Et précisément, cet évangile-là est peut-être un des meilleurs indices de la manière dont s’accroche en nous, de façon profonde et cachée, une dimension d’aveuglement sur laquelle je voudrais méditer avec vous quelques instants.

« Sommes-nous, nous aussi, des aveugles ? » Pour ma part, je crois que oui. Je crois qu’il faut avoir l’honnêteté et la vérité de répondre que nous sommes toujours, d’une manière ou d’une autre, des aveugles et qu’aussi étrange que paraisse ce que je vais vous dire là, le baptême ne retire pas totalement notre aveuglement. Nous sommes de ce monde, nous vivons dans les ténèbres et, d’une manière ou d’une autre, ces ténèbres arriveront toujours à s’imbriquer, à se glisser précisément aux endroits où la lumière du Christ ne s’est pas encore totalement installée pour prendre possession de nous-mêmes. Ainsi, nous vivrons toujours dans un certain aveuglement. Vous me direz que je ne suis pas très encourageant, et même pessimiste. C’est possible ! Simplement, je crois qu’il y a plusieurs formes d’aveuglement et que les yeux de notre cœur sont aveuglés de diverses manières. Et il suffit de voir l’évolution du récit de la guérison de cet aveugle-né pour comprendre la vérité de ce que je dis là, notre aveuglement passe par plusieurs phases.

Reprenons, si vous le voulez, étape par étape, le récit de la maturation de la foi chez cet aveugle. Tout d’abord il est aveugle de naissance. Il vit dans les ténèbres, et d’une certaine manière il y a toujours en nous quelque chose qui reste « aveugle de naissance », et il nous importe de le savoir : que nous le voulions ou non, il y a toujours de la lourdeur, de l’inertie dont nous faisons l’expérience tous les jours dans notre existence et qui nous empêche d’y voir clair. C’est pour cela que l’apôtre dit aux Ephésiens : « Réveille-toi, ô toi qui dors, pour que le Christ t’illumine ». Notre vie chrétienne est un réveil permanent pour sortir du sommeil et des ténèbres de ce monde. Et au cœur de ce premier aveuglement, il y a un piège dans lequel nous devons prendre bien garde de ne pas tomber. C’est la question piège des apôtres : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? » Que pensent les apôtres ? Ils croient qu’ils voient, ils n’ont pas compris que, d’une manière ou d’une autre, ils participaient au même aveuglement que cet homme qui est assis à la porte, à mendier. C’est le moment où jamais de le dire : « Dans le royaume des aveugles, les borgnes sont rois », mais surtout les borgnes que nous sommes croient toujours avoir deux bons yeux et une vue perçante, alors qu’en réalité, nous sommes dans les ténèbres et ces ténèbres nous collent aux yeux.

 

Et Jésus répond en quelque sorte : « Ce n’est pas ainsi que le problème se pose. N’essayez pas de savoir dans cette génération qui voit clair et qui n’y voit pas ! Car là n’est pas la question. Vous êtes tous frappés d’aveuglement : et c’est pour vous que Je suis la lumière du monde ». Alors Il renverse complètement la question. Le problème n’est pas de savoir qui est aveugle et qui ne l’est pas, qui a deux dixièmes de vue et qui en a huit. Le problème est tout simple : le Christ a choisi nos ténèbres comme lieu de manifestation de sa gloire. Le Christ dit à ses disciples : « Aujourd’hui, je n’ai pas peur de venir dans les ténèbres de cet homme. C’est pour cela que je suis venu comme la lumière du jour, c’est pour briller en vérité au fond de vos ténèbres ».

Ainsi donc il ne faut pas considérer nos ténèbres d’une manière désespérée, mais il faut leur faire face de la manière même dont le Christ veut y faire face, comme le lieu qu’Il a choisi, Lui, qui est la lumière, pour y faire briller l’amour et le salut du Dieu vivant. Il ne faut pas que nous ayons peur de nos ténèbres, car le Christ, Lui, n’en a pas peur. Il les a vaincues. Et la première chose qui importe vis-à-vis de notre aveuglement, c’est que le Christ nous aide, pas à pas, à vaincre la peur de nos ténèbres. Désormais nous ne serons plus assis à mendier, à chercher n’importe où quelques éclairs de vérité, mais nous porterons dans notre cœur la parole du Seigneur : « Je suis la lumière du monde ». Et même si, à certains moments après le baptême nous éprouvons encore l’impression de vivre dans des ténèbres, souvenons-nous simplement qu’Il a vaincu les ténèbres. Tel est le premier niveau de notre aveuglement.

Il y en a un second, celui-là tout à fait paradoxal : au moment même où le Christ veut guérir, Il bouche complètement les yeux de cet aveugle. Non seulement l’aveugle n’y voit plus, mais il met un véritable écran de boue sur les yeux de l’aveugle. Je ne sais pas si c’est une thérapeutique des bains de boue spirituels, mais c’est une thérapeutique assez extraordinaire. D’abord il signifie que le Christ récréé cet homme à partir de la boue dans laquelle nous avons été façonnés par Dieu, ce limon de la terre dont Dieu nous a pétris aux origines. Plus profondément, elle nous dit que, de toute façon, ces ténèbres nous collent aux yeux de telle sorte que le Christ prend ces ténèbres mêmes, prend la boue de la terre pour nous boucher les yeux, pour nous montrer qu’Il connaît jusqu’aux profondeurs de notre aveuglement et de notre impossibilité de voir. Le Seigneur connaît les abîmes ténébreux de notre mort. Mais Il prend notre mort sur Lui pour y faire jaillir la Vie, c’est de la terre, c’est du symbole même de notre mortalité et de notre retour à la terre qu’Il prend pour nous ouvrir les yeux. Ainsi le Christ ne nous épargnera jamais la difficulté de l’aveuglement. Le Christ ne nous épargnera pas, dans notre vie, une confrontation permanente avec les ténèbres qui sont en nous. Mais Il nous aidera progressivement à comprendre que l’essentiel, c’est Lui qui le fait. Il est capable de nous prendre dans nos ténèbres, dans nos obscurités les plus profondes, et de transfigurer cela même qui est obscur pour y faire resplendir sa lumière. Lui seul en est capable.

Ensuite vient une troisième étape, celle de l’eau : l’eau qui guérit, l’eau qui ouvre les yeux. Curieux de se servir de l’eau pour ouvrir les yeux ! C’est une prophétie de ce qui se passe au baptême. Le baptême, c’est l’eau qui scelle en nous la foi. A ce moment-là, l’homme devient véritablement un voyant, d’aveugle qu’il était : « Je n’ai maintenant qu’une certitude : auparavant j’étais aveugle, et maintenant j’y`vois ». Mais cette certitude n’est pas une certitude simplette, comme si on disait : « Moi, je sais mon catéchisme, non seulement les réponses, mais aussi les questions, tandis que tous les autres ne savent rien ». En réalité, ce n’est pas de cela qu’il s’agit, car ce pauvre aveugle, à qui l’on pose la question : « Mais où est-Il Celui qui t’a guéri ? », se voit obligé de reconnaître : « Je ne sais pas ».

Le baptême ne nous donne pas de prise sur Dieu, mais il donne au Christ une totale emprise sur nous. Nous devenons totalement propriété du Christ, sa lumière nous transfigure, mais cependant nous ne savons pas très bien où Il est. Et les catéchumènes verront comment, dans leur vie de baptisés, tout ne sera pas clair et limpide comme de l’eau, mais qu’à tout moment, comme c’est le cas pour les frères chrétiens qui vivent aujourd’hui cette foi, cette vie de baptisés impliquent que nous cherchions toujours le Seigneur sans nous lasser. « Je cherche sans cesse ta face ». – « Je cherche ton visage ». – « Je cherche mon Seigneur, je ne sais pas où on l’a mis ».« Je ne sais pas où Il est ». Comme dit le Psaume : « Tous ces hommes se retournent contre moi et ils me disent : où est-Il ton Dieu ? » Et à certains moments, je suis obligé de répondre : « Je ne sais pas ». La foi n’est pas simplement une réponse universelle qui balaierait toutes nos questions, la foi est un combat.

Et c’est le dernier aspect de cet aveuglement que je voudrais méditer ce matin avec vous. En effet quand le Christ envoie l’homme aveugle pour être guéri, Il l’envoie à la piscine de l’Envoyé. L’Envoyé, c’est bien entendu le Christ, qui est l’apôtre de l’amour de Dieu envoyé par le Père pour les hommes et qui est la manifestation plénière de son amour. Mais en même temps, l’envoyé, c’est nous. L’aveugle-né est l’envoyé, l’aveugle-né est celui que le Christ envoie vers les ténèbres, vers les obscurités qui habitent notre monde. Etre baptisé, c’est donc être envoyé pour être confronté à l’aveuglement de ce monde. Et dès lors, cet homme rencontre les pharisiens qui ne veulent pas croire, il fait face à ceux qui lui posent des questions : « Comment a-t-Il pu te guérir un jour de sabbat ? » Cet homme rencontre la lâcheté de ses parents qui disent : « Nous ne voulons plus nous mêler de cette affaire ». Et ce n’est pas tout. Cet homme rencontre, comme chacun d’entre nous, toutes les obscurités et les difficultés de la découverte de l’amour de Dieu et de la foi. Les catéchumènes vont recevoir du Seigneur cette force et cette grâce qui n’a pas comme fonction d’agir comme une baguette magique qui les transformerait et retirerait d’eux toutes les épreuves, toutes les questions et même tous les doutes. Cette foi va les conduire vers quelque chose de plus profond encore que les questions que pose le monde, elle va les conduire vers la question que pose le Christ Lui-même. Et s’il est vrai que les questions les plus profondes sont posées par les choses les plus importantes, il est sûr que les questions que nous pose le Christ sont beaucoup plus importantes que les énigmes que nous pose le monde. Dès lors l’itinéraire de foi ne sera pas simplement d’appliquer des formules simplistes, des réponses toutes faites dans toutes les situations de l’existence. La foi, ce sera de se confronter à cet aveuglement encore bien plus profond et bien plus grand, ce sera d’affronter la lumière aveuglante du Christ qui demande : « Crois-tu au Fils de l’Homme ? » Et à ce moment-là, il n’y aura qu’une réponse : « Se prosternant, il L’adora ! » Amen.




4ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

« Voir … et écouter ! »

 

La première lecture nous donne une clé pour comprendre un peu mieux ce long épisode raconté dans l’évangile avec toutes ses péripéties : « Dieu ne regarde pas comme les hommes : les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. ».

Aussi, quand Jésus et ses disciples sortent du temple et qu’ils voient un aveugle de naissance, les disciples posent la question : « Qui a péché ? Lui ou ses parents ? » selon la mentalité de l’époque. Mais Jésus voit l’aveugle avec son cœur, avec tout ce qu’il a vécu depuis sa naissance, et il réagit comme Dieu son Père : « J’ai vu la misère de mon peuple, (…) j’ai entendu ses cris (…) je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer. » (Ex 3, 7-8). Et Jésus va le délivrer de sa cécité : il fait de la boue avec la terre et de sa salive, ce qui sort de sa bouche, lieu de la Parole créatrice, et en recouvre les yeux de l’aveugle, augmentant encore son impossibilité de voir (voir le parallèle avec Saül sur le chemin de Damas) ; puis il lui dit d’aller se laver à la piscine de Siloé.

Déjà se faire ‘enduire’ les yeux a dû surprendre l’aveugle, mais ensuite devoir aller à Siloé, à l’autre bout de la ville, pour un aveugle, avec la foule de la fête des tentes … il y a de quoi être décontenancé ! Et pourtant l’aveugle écoute cette Parole de Jésus, sans que celui-ci lui ait promis quoi que ce soit. il ’’y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.’’

Dieu ne nous donne pas tout directement. Il nous demande de prendre notre part, d’entendre sa Parole, de croire en lui, pour ensuite nous exaucer.

C’est au retour que les choses ses compliquent pour l’ex-aveugle. Ses anciennes connaissances le voient, mais tous ne le reconnaissent pas. Ils sont divisés. Mais lui dit : « C’est bien moi. Je suis qui je suis. J’étais aveugle, et maintenant je vois ! Je vois l’œuvre de Dieu en moi, et je crois en lui.».

On l’emmène chez les pharisiens une première fois, et comme c’était sabbat, ils attaquent Jésus : « Il n’est pas de Dieu … Il est de Dieu ! ». Ils sont divisés. Ils voient l’ex-aveugle, mais ne l’écoutent pas, surtout quand il dit « C’est un prophète ».

Après l’épisode des parents, les pharisiens le convoquent une deuxième fois. Mais ils sont aveugles dans leur cœur : « Jésus est un pécheur ». Mais devant tant ‘’d’aveuglement’’, l’ex-aveugle prend de l’assurance et parle de manière de plus en plus incisive, car il sait bien ce qui lui est arrivé et comment sa vie a été transformée par Jésus : « J’étais aveugle, et maintenant je vois ! (…) Voulez-vous devenir ses disciples ? (…) Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs (…) S’il n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ! ». Les pharisiens ne veulent pas l’écouter, refusent de voir la vérité, et le jettent dehors.

Apprenant cela, Jésus retrouve l’ex-aveugle et lui pose abruptement la question : « Crois-tu au Fils de l’homme ? ». Surpris par la question de celui qu’il voit pour la première fois, mais ayant tout de suite reconnue la voix qui l’avait envoyé à Siloé, il répond : « Et qui est-il, Seigneur ? ». « Tu le vois, c’est moi. ». « Je crois, Seigneur ! ».

Parce que l’aveugle a écouté Jésus, et a fait ce qu’il lui demandait, l’aveugle a pu voir, d’abord de manière physique, et par la suite de manière spirituelle. Il a vu en Jésus la lumière du monde.

« Lorsque nous regardons avec nos yeux, nous regardons toujours quelque chose, alors que c’est la lumière qu’il faudrait voir. Or, la lumière ne se voit pas, elle fait voir. (…) La foi ne consiste pas à regarder quelque chose, mais à voir la lumière. » (Père Guy Cordonnier).

Seigneur Jésus,

tu es la vraie lumière qui éclaire notre vie.

Si nous écoutons ta Parole

et suivons ton Évangile,

nous pourrons te voir,

et te voir dans les autres

avec les yeux du cœur.

Francis Cousin

 

 

 




4ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

« La guérison de l’aveugle-né (Jn 9, 1-41) »

 

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »
Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.
Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.
Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »
Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,
et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. »
Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.
Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »
Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’ave z pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.
Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux.
Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.
Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.
Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. »               

                   

             La situation corporelle, concrète, de cet homme dit, dans notre condition humaine de chair et de sang, ce que nous sommes tous spirituellement : des aveugles de cœur qui ont perdu le sens de ce « Dieu qui est Esprit » (Jn 4,24) et « Lumière » (1Jn 1,5). « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître, mais eux ne me connaissent pas, ils ne comprennent pas. Fils pervertis… Ils ont abandonné le Seigneur » (Is 1,2-4).

            Mais comme Dieu est Soleil de Vie (Ps 84,12 ; 36,10), Soleil qui rayonne la Vie, qui donne la Vie, se détourner de Lui c’est se priver au même moment de « la Lumière de la Vie » (Jn 8,12) et donc devenir, petit à petit, spirituellement aveugle et comparable, dans ce domaine, à un mort… « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Os 4,6), sans oublier que « connaître », dans la Bible, est avant tout un « vivre avec… en relation avec… ». La « connaissance » est juste l’aspect « prise de conscience » lié à cette relation… En se détournant de Dieu, les hommes ne reçoivent plus, de cœur, la Lumière vivifiante de son Esprit (Jn 6,63) qui rayonne sans cesse de Lui. Leurs cœurs sont plongés dans les ténèbres… Ils ne « voient » plus, ils n’imaginent même plus que cette Lumière puisse exister… « Vous aurez beau entendre, vous ne comprendrez pas ; vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas. C’est que le cœur de ce peuple s’est épaissi : ils se sont bouché les oreilles, ils ont fermé les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je les guérisse » (Is 6,9-10 cité en Mt 13,14-15 ; Jn 12,40, Ac 28,26‑27). Telle est la situation du pécheur « aveugle-né », fermé sur lui même, prisonnier de son égoïsme et de son orgueil…

            Le Christ va donc prendre l’initiative de se rapprocher de cet « aveugle-né » qui, répétons-nous, nous représente tous… Il va établir le contact, lui parler… Pour l’aider à percevoir ce qu’il désire faire pour lui, il va employer le langage des médecins de l’époque qui appliquaient toutes sortes de baumes sur les blessures… Mais cette boue qu’il lui met sur ses yeux fermés renvoie à la boue de nos souillures qui englue nos cœurs… « Va-te-laver à la piscine de Siloé », lui dit-il ensuite, Siloé signifiant en hébreu « envoyé », et Jésus ne cesse de se présenter en St Jean comme l’Envoyé du Père… L’aveugle-né fait preuve de bonne volonté : il obéit tout simplement, et il va se laver… « Quand il revint, il voyait »… Sa guérison corporelle renvoie à sa guérison spirituelle… Il voyait de cœur, il vivait de cœur d’une Vie nouvelle ! Puissions vivre la même expérience…     

                         DJF

           




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de Carême

« J’étais aveugle et maintenant je vois ! »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Jean 9, 1-41) 

Jésus est à Jérusalem où il est monté pour la fête des tentes, fête de la Récolte : on y célébrait l’eau que les prêtes allaient chercher à la piscine de Siloé pour l’apporter au Temple qui était illuminé. Jésus en profite pour proclamer qu’il est la vraie lumière destinée non seulement aux juifs, mais au monde entier. Et alors une discussion vive et dramatique s’engage entre Jésus et les juifs. Et c’est alors que se situe le récit de l’aveugle-né que nous allons méditer.

 

Soulignons les mots importants       

Lire les versets 1-5 (jusqu’à lumière du monde)

Quel est le personnage central de ce premier paragraphe ?

Aveugle de naissance: Comment les juifs considéraient cette infirmité ?

L’action de Celui qui m’a envoyé: Quelle est action ?

Je suis la lumière du monde : Quelle est l’importance des mots « je suis » prononcé par Jésus ?

Versets 6 et 7 : la guérison

Faire attention au geste (avec la boue) Jésus avait-il besoin de faire ce geste ?

et à la parole de Jésus : Est-ce que ce geste accompagné d’une parole nous fait penser à des gestes que fait l’Eglise ?

Siloé : Jean précise que ce mot signifie « Envoyé » : est-ce que ce mot nous apprend quelque chose sur l’attitude de l’aveugle ?

Versets 8-12 : L’aveugle et les voisins

Relever les  questions que les voisins se posent ou posent à l’homme qui voit. Quelles sont leurs attitudes ?

Noter sa dernière réponse à propos de Jésus.

Versets 13-34 : L’aveugle et les pharisiens et les parents

 « Cet homme est un pécheur » : Pourquoi Jésus est-il traité de pécheur ?

« Nous ne savons pas d’où il est. » Au fait d’où vient Jésus ?

Pourquoi les parents ont-ils peur des juifs ?

« Il m’a ouvert les yeux » : L’homme parle de la guérison de ses yeux. Vers quelle guérison est-il en marche ?

Versets 35-38 : L’entrée dans la communauté

L’homme a été exclu de la synagogue. Que se passe-t-il quand il rencontre Jésus ? quelle est sa seconde guérison ?

Versets 39-41 : Jésus donne le sens de ce qui s’est passé

Qui sont les véritables aveugles ? Pourquoi ?

 

Pour l’animateur 

– Le personnage central du premier paragraphe c’est  Jésus qui voit  l’aveugle. Il interprète par avance ce qui va se passer. Les disciples comme tous les juifs considèrent que si cet homme est né aveugle, c’est qu’il subit une punition de Dieu pour un péché commis dans le sein de sa mère ( !) ou par ses parents.

La réponse de Jésus est claire et nette. Et il annonce que dans la guérison de cet aveugle, Dieu va réaliser son œuvre par son Envoyé : Jésus. En disant « je suis »  la lumière, Jésus laisse entendre qu’en lui Dieu est là pour libérer le monde aveuglé par ténèbres de l’erreur et du péché.

– Au lieu de déposer la salive directement sur les yeux, Jésus les couvre de boue ; il faut que l’aveugle aille se laver à la piscine de Siloé : cela signifie que l’aveugle « verra clair » peu à peu et sa guérison sera complète quand Jésus aura ouvert les yeux de son cœur par la foi. L’aveugle, « envoyé » par Jésus à Siloé obéit sans hésiter.

Le geste et la parole « va te laver » nous font penser aux sacrements de l’Eglise (geste+parole)  qui sont des gestes du Christ pour nous guérir et nous ouvrir à la lumière et la vie de Dieu.

– Pour l’instant Jésus pour l’aveugle est un simple guérisseur. Il est bien celui qui était aveugle. Il ne sait pas qui est le guérisseur. Il a encore du chemin jusqu’à la foi en Jésus. Il lui faut passer de la lumière des yeux à la lumière de la foi.

– Mais déjà le miracle accompli par Jésus divise les hommes entre ceux qui accueillent le signe et ceux qui rejettent Jésus.

Jésus est traité de pécheur par les pharisiens parce que, selon eux, il ne respecte pas le sabbat. Donc il ne peut pas être exaucé par Dieu. Ils connaissent Moïse, mais pas Jésus. Ils refusent de savoir d’où il vient. Jésus vient de Dieu. Les parents, eux, refusent de se prononcer sur l’identité de Jésus par peur d’être exclus de la synagogue. Noter aussi : Croire en Jésus est une démarche personnelle : les parents ne peuvent pas décider à sa place.

– L’aveugle par contre est prêt à « voir clair » quand il se trouvera en face de Jésus. La seconde guérison préparée par la première, c’est celle qui lui permet de croire en Jésus et de se prosterner devant lui. Du coup, il entre dans la communauté des croyants.

– Les véritables aveugles sont, ce sont ceux qui refusent la lumière alors qu’elle a brillé. C’est le sens que Jésus donne à ce qui vient de se passer.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :     

Jésus, nous te remercions de nous avoir révélé que nos infirmités, nos maladies du corps ou de l’esprit ne sont pas des punitions pour nos péchés ou pour ceux de nos ancêtres. Mais il est vrai qu’à notre naissance nous sommes entrés dans un monde marqué par les ténèbres du péché. Par le baptême, tu nous as faire naître à ta lumière. Nous croyons que tu es la lumière du monde. Ouvre nos yeux, car bien souvent nous sommes encore aveugles.

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Les pharisiens qui croient voir grâce à la lumière de la Loi s’enfoncent dans leur aveuglement ; l’aveugle-né guérit entre progressivement dans le mystère de l’Envoyé du Père : celui qu’on appelle Jésus (9, 11), un prophète (9, 17), un homme de Dieu (9,33) et enfin à la lumière de sa parole, il « voit » le Fils de l’homme et se prosterne devant lui.(9, 35-38)

Nous vivons dans un monde où la foi est partout mise à l’épreuve : quelles sont les difficultés que nous rencontrons et qui ébranlent parfois notre foi ?

Est-ce que nous prenons le temps et les moyens d’éclairer notre foi, de la fortifier : quels sont les lieux et les moyens que l’Eglise nous offre pour cela ?

Parfois il faut avoir du courage pour affirmer sa foi, pour ne pas avoir peur de se compromettre pour Jésus-Christ : quand il est attaqué, quand on se moque de notre Eglise, quand les medias ridiculisent notre religion, quand notre entourage est hostile.

Croire, pour un chrétien, c’est s’engager tout entier, dans une décision personnelle, à la suite du Christ : Est-ce  ainsi que nous sommes  croyants ? Qu’avons-nous fait de notre baptême qui a allumé en nous la lumière du Christ Ressuscité ?

 

Ensemble prions

 Chant : Ouvre mes yeux, Seigneur (Carnet paroissial p.183 c.1, 3 , 5)

Prière

Seigneur Jésus, qui rendis la vue à l’aveugle-né, à la piscine de Siloé, nous te prions :

Fais briller ta lumière sur le monde, arrache-nous aux ténèbres de la tristesse et du péché.

Tu as dit : « Je suis la lumière du monde », sois la lumière de ceux qui sont aveugles, et guéris la cécité de notre cœur, nous te prions prends pitié de nous. Toi qui vis et règne avec le Père dans l’unité de l’Esprit-Saint, pour les siècles des siècles.

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 4ième Dimanche de Careme

 

 

 

 

 

 

 

 

 




3ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Un Dieu nommé désir

« Et laissant là sa cruche, elle courut à la ville ». Frères et sœurs, le monde que nous voyons se dessiner dans le récit du dialogue entre Jésus et la Samaritaine, c’est un monde qui ressemble étonnamment à notre monde, et d’une orientation fondamentalement mauvaise de son désir. En fait, elle a mal géré toutes les possibilités de vie qui lui étaient données. En fait, elle se pose des tas de questions comme nos contemporains : on dit que c’est ici qu’il faut adorer, on dit que c’est à Jérusalem, mais la religion, on n’y comprend plus rien ! C’est une femme qui est aux prises avec son propre désir et qui a finalement accepté, a rendu les armes. Elle considère qu’après tout, le sens de sa vie c’est de venir tous les jours au puits, pour y chercher un peu d’eau, pour y boire elle-même, faire boire sa famille et la faire survivre de jour en jour. Au fond, cette femme a réduit son désir à une économie de survie. C’est peut-être là que nous est révélé quelque chose de profond du désir humain, c’est peut-être pour cette raison qu’on lit ce texte pendant le carême et pour les catéchumènes.

Qu’est-ce que le désir humain ? C’est le fait que chacun d’entre nous, soit individuellement, soit en groupe, est confronté à ces multiples divisions qui font la diversité et parfois le charme de la vie, mais qui en font souvent la pesanteur et l’échec. Le désir est cette confrontation permanente à toutes les divisions, les ruptures, les cassures, les brisures, les échecs auxquels l’homme est confronté. A ce moment-là, le désir est cette espèce de ressort de l’individu humain qui ne veut pas en rester là. Alors, il se fait des tas de conciliations, de compromis dans l’économie de notre désir, il ne faut pas désirer trop, et c’est bien là le grand message de l’Antiquité, il faut moduler, modérer son désir, le mesurant simplement à ce qui est possible : ne cherche pas plus haut que tu ne peux. C’est un peu la morale de la Samaritaine. Mais en même temps, il faut quand même essayer de maintenir au milieu de cette économie de désagrégation et de survie, un minimum de désir pour subsister et pour tenir.

C’est cela au fond, la Samarie. La Samarie, c’est un peuple qui a pris son parti d’être un peuple séparé, un peuple méprisé, un peuple écrasé, et qui essaie, petit à petit, en chacun de ses sujets, cette pauvre femme en étant le symbole, de continuer à tenir, et à désirer quand même mais sans illusion. C’est pour cela que cette femme est tellement soumise à ces espèces d’a priori, de contraintes du désir, que quand elle voit un homme en plein midi au bord de la margelle du puits qui lui demande à boire, et que sans doute à son accent, elle devine tout de suite qu’il n’est pas du pays (en tout cas, elle ne l’avait jamais vu, ni convoité comme son sixième amant), et elle lui dit : « Tu vas outrepasser les normes classiques du désir, gardons le statu quo, pas de vagues, tu devrais t’occuper de tes affaires et me laisser m’occuper des miennes. Moi je gère mon désir, c’est déjà bien difficile comme cela, ne me fais pas des problèmes supplémentaires, ne me demande pas à boire, débrouille-toi ». La morale de la Samaritaine et de la Samarie c’était : « Chacun se débrouille comme il peut avec son désir ».

C’est là qu’intervient vraiment le sens même de la venue du Christ. Que va faire le Christ ? Il va lui faire une sorte de sondage de son propre désir. Comment va-t-il le faire ? A partir de Lui, Jésus-Christ, le Seigneur, comme on dit au tout début du chapitre, à partir d’un Dieu « nommé désir ». En fait, l’histoire de la Samaritaine, c’est l’histoire d’un Dieu nommé « désir ». Il faut, et c’est tout à fait étonnant, il faut que Dieu se fasse désir, Lui qui entre nous soit dit, n’a besoin de rien, il faut que Dieu se fasse désir pour venir révéler à l’homme son propre désir et en faire une sorte de radiographie pour lui dire : « Là, tu vois, tu t’es sous-estimé ». Mais, Dieu ne vient pas annoncer des désirs extraordinaires. De sa part, le seul désir qu’il a à ce moment-là c’est : « Donne-moi à boire ».

Là, nous touchons le problème fondamental : qu’est-ce que c’est que de croire au Christ ? C’est croire que Dieu a pu entrer dans l’économie du désir humain, dans l’humilité du désir humain. Dieu a pu entrer dans une humanité qui est elle-même sans cesse divisée par son désir. Chaque homme, chacun d’entre nous, à cause de son désir, est sans cesse en mouvement vers autre chose : la survie, être mieux, faire mieux que papa, réussir un boulot intéressant et rémunérateur. Chacun d’entre nous est animé, ranimé sans cesse par cette pulsion du désir, cette mécanique du désir. Et Jésus accepte de prendre ce chemin-là, Il accepte de manifester non pas un désir tout-puissant de Dieu sur le monde, un désir qui anéantirait le monde d’un seul coup, Il pourrait tout réunir dans une parfaite concorde, dans une parfaite unanimité, dans une parfaite union et communion. Eh bien, non ! Dieu accepte de manifester son dessein de salut, ce qu’Il est, à travers le désir humain le plus simple, le plus ordinaire : « J’ai soif ». Ce sera tellement constant, que cette manifestation du désir humain commence à la tentation comme nous le voyions, il y a quinze jours : « Après quarante jours de jeûne, Il eut faim ». Dieu nommé « désir », aujourd’hui, Il a soif, encore Dieu nommé désir, et sur la croix : « J’ai soif ».

Quel est le visage de Dieu que nous avons à porter au monde ? C’est le visage d’un Dieu qui désire. Et c’est là sans doute que la plupart du temps nous nous trompons. Si nous présentons Dieu comme un désir tout-puissant qui nous bombarde de ses volontés pour nous réduire à son projet, nous nous trompons de Dieu, nous nous trompons du désir de Dieu. Le désir de Dieu est humble. C’est à ce moment-là que se fait la transformation. Parce que le désir de Dieu est humble, parce que c’est de la soif, de la faim, le désir d’aimer les hommes dans la souffrance, cela va nous ressusciter le désir. Que se passe-t-il dans ce dialogue ? La femme qui jusqu’à maintenant avait un tout petit peu focalisé le désir sur la succession des maris, et finalement avait domestiqué son désir dans le fait d’aller jour après jour puiser de l’eau au puits de Jacob, petit à petit, cette femme va voir à la lumière même du désir humble de Jésus, se révéler un désir beaucoup plus grand que celui qu’elle imaginait avoir dans sa vie.

C’est l’humilité du désir de Dieu qui fait grandir notre désir. A un moment donné, la femme dit : « Je sais bien que le Messie doit venir ». C’est-à-dire que l’humilité des demandes et des désirs de Jésus a réveillé dans la femme le désir de Dieu. C’est cela qui est magnifique dans ce texte, c’est de constater que c’est l’humilité même de Dieu qui réveille en nous le désir de voir Dieu, de connaître Dieu, de connaître le Messie.

Alors, se passe cette chose extraordinaire : lorsqu’elle a compris cela, elle laisse auprès du puits l’instrument qui jusque-là, lui paraissait le seul moyen de combler son désir, sa cruche. « Laissant là sa cruche »… Dans l’économie d’un foyer samaritain du premier siècle, ce n’est pas rien une cruche. Donc, abandonner le moyen de combler quotidiennement son désir, ce n’est pas de l’étourderie (j’ai l’impression que ce n’était pas une femme étourdie, elle avait beaucoup de présence d’esprit au contraire, enfin, c’est un des interlocuteurs de Jésus qui tient le mieux le choc à travers tout l’évangile), donc elle laisse sa cruche. Qu’est-ce que cela veut dire ? Tous les moyens que je m’étais fabriqué pour entrer dans une économie de désir, de survie, c’est insuffisant, il y a autre chose.

Je crois que cela peut nous apprendre beaucoup de choses, sur nous-mêmes et sur la compréhension de notre propre désir. Nous avons beaucoup de cruches dans notre cervelle. Nous avons beaucoup de moyens de nous fabriquer des désirs ou de les gérer. Nous avons beaucoup de moyens de satisfaire nos désirs et de faire sans arrêt cette espèce de calcul qui consiste à limiter le désir pour mieux le satisfaire. Il y a des cas où l’on a critiqué la culture de la consommation pour cette raison-là. Le pire dans la consommation, ce n’est pas que les gens aiment consommer, mais c’est qu’on limite leur désir aux objets de consommation prévus. C’est quand même assez astucieux, parce que c’est cela le rêve du système de la consommation, c’est de faire croire aux gens qu’ils désirent la lune, en leur disant simplement : « Si vous allez quinze jours à Tahiti, vous serez beaux, bronzés, et votre désir sera complètement accompli » ? En réalité, ils croient qu’ils réalisent le désir d’infini, et il n’y a rien du tout à la fin.

Tout le problème est là. Aujourd’hui en ce temps de carême, c’est la question de notre désir qui nous est posée. Quand nous voyons au cœur de notre communauté des catéchumènes qui demandent la foi, qui demandent à recevoir la grâce de Dieu, cela doit nous rappeler notre propre baptême. Nous aussi, nous sommes en face de Jésus avec nos cruches au puits de Jacob, et le problème est de savoir qui on va choisir : Jésus et le désir qu’il révèle, ou la cruche et les moyens qui nous sont donnés pour accomplir notre désir ? D’une certaine manière, ce n’est pas l’un ou l’autre, je sais bien. Mais si l’économie des moyens de la cruche empêche de se poser la question du désir que Jésus peut révéler en nous, alors il est certain que nous sommes bien près de quitter Jésus avec tout notre attirail pour ne plus jamais nous poser la question de notre propre désir.

Frères et sœurs, que sur ce chemin de la Pâque, nous essayions de retrouver quelles sont les racines de notre propre désir, de savoir si cette division, cette dispersion et ces échecs que nous reconnaissons tous dans nos vies à des titres divers, sont des moyens de courber l’échine et de capituler, ou si au contraire l’accueil de la Parole de Dieu, de la vie et de la grâce de Dieu, ne nous permettent pas de retrouver plus profondément encore par l’humilité même de Dieu, la grandeur de notre désir d’homme. Amen.

 




3ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 « L’heure vient – et c’est maintenant –

où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité. »

 

L’heure vient, et c’est maintenant …

Expression assez rare, qu’on ne retrouve qu’à la fin de l’évangile de Jean : « Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul. » (Jn 16,32), et qui est différente de l’heure de Jésus, l’heure de sa passion, de sa glorification (Jn 17,1), où l’on parle du futur qui est déjà présent : futur pour les auditeurs, mais présent pour Jean quand il écrit son évangile.

… adoreront en esprit et en vérité.

On  remarquera que l’évangile écrit les mots avec des minuscules, mais comme souvent chez Jean, les sens humain et divin sont superposés. On pourrait donc aussi comprendre « dans (ou par) l’Esprit et dans (ou avec) la Vérité », c’est-à-dire avec Jésus. Adorer le Père avec l’Esprit et Jésus, c’est adorer Dieu dans sa totalité trinitaire.

Adorer en esprit, au niveau humain, on comprend bien ce que cela veut dire ; c’est adorer avec notre cerveau, notre intelligence, notre cœur. Adorer avec ce qui fait que nous sommes nous et pas un autre. Avec l’esprit qui nous a été insufflé à la création : « Le Seigneur Dieu insuffla dans les narines de l’homme le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2,7). Il n’y a plus de lieux pour adorer, Jérusalem ou mont Garizim, plus besoin de bâtiments, cathédrale ou simple chapelle, plus de temps spécifiques. L’adoration est toute intérieure, au-delà des mots, au-delà de la pensée (« votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. » Mt 6,8). Et c’est tant mieux pour nous qui sommes au milieu de l’Océan Indien.

Mais en parlant au niveau humain on a déjà parlé au niveau divin : l’Esprit qui est en nous dès l’origine, mais aussi l’Esprit que Jésus a envoyé sur nous : « L’Esprit de vérité recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16,14).

Adorer en vérité. Au niveau humain, c’est être vrai. Mais qu’est-ce qu’être vrai au niveau humain ? On dit souvent ’’à chacun sa vérité’’, en fonction de son histoire, du lieu où il habite, de ses habitudes… « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà » disait Pascal. Pour dire la vérité, il est souvent plus facile de dire ‘ce qui n’est pas faux, faussé, tordu, corrompu, mensonger …’ c’est-à-dire en fait, ce qui n’a pas été touché par l’homme … ce qui existait avant le péché originel, quand tout était entre les mains de Dieu. Ce qui est une manière de dire que ’’Dieu seul est Vérité’’.

On retrouve, comme pour l’esprit, le mélange entre l’humain et le divin. Jésus nous dit : « Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » (Jn 18,37), cette voix qui dit aussi : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6), et ceux qui cherchent la vérité, ce « sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. » (Lc 8,21).

Et cela, c’est beaucoup plus difficile pour chacun de nous, parce que nous sommes pécheurs, souvent tentés par le démon et parfois succombant à cette tentation …

Alors, quand Jésus nous dit : « Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer », je me pose la question : est-ce que je suis capable d’adorer Dieu ? En esprit et dans l’Esprit ? En vérité et dans la Vérité ?

Avec mes forces humaines, certainement pas !

Mais si je compte sur l’Esprit, envoyé par le Père à la demande de Jésus, alors oui, je peux y arriver : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. ». Mais il faut accepter de se laisser modeler par cet Esprit qui est en nous, lui ouvrir la porte de notre cœur.

Demandons à Dieu de nous aider pendant ce temps de carême, de nous laisser modeler par lui : « Comme l’argile entre les mains du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. » (Jr 18,6).

Seigneur Jésus,

il est difficile de te prier en vérité,

car souvent notre prière est entachée d’égoïsme.

Nous pensons plus à nous qu’aux autres,

Et nous avons du mal à pardonner.

Mais entends quand même la prière d’un pauvre pécheur.

Francis Cousin

 

 




3ième Dimanche de Carême par le Diacre Jacques FOURNIER

 » Le Don de l’Eau Vive de l’Esprit (Jn 4,5-42)  « 

 

En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph.
Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi.
Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. »
– En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions.
La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains.
Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. »
Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ?
Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? »
Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ;
mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. »
La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. »
Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. »
La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari :
des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. »
La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !…
Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. »
Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.
Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs.
Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.
Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »
La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. »
Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »
À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens :
« Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? »
Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. »
Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? »
Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre.
Ne dites-vous pas : “Encore quatre mois et ce sera la moisson” ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant,
le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur.
Il est bien vrai, le dicton : “L’un sème, l’autre moissonne.”
Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. »
Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours.
Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui,
et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

                 

                               Jésus est sur les routes pour annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume des Cieux, même aux frères ennemis d’Israël, les Samaritains. Il fait chaud et il a marché toute la matinée. A midi, alors que le soleil est au plus haut, il a soif et s’arrête au bord d’un puits. Mais ce dernier est profond et il n’y a rien sur place pour y puiser de l’eau…

            Arrive une femme Samaritaine avec sa corde et son seau… Il est interdit à un Juif de parler à un Samaritain ? Tout comme à un homme d’engager la conversation avec une femme seule ? Qu’importe… Le seul souci de Jésus est son bien, son bonheur, la Plénitude de sa vie. « J’ai soif », lui dit-il pour créer le contact… Et nulle part le texte ne dira par la suite qu’il boira…

            « Si tu savais le Don de Dieu », commence-t-il par lui dire, pour lui « mettre l’eau à la bouche », pour éveiller en elle le désir de découvrir, de recevoir ce Don de Dieu… Si tu savais aussi « qui est celui qui te dit « Donne-moi à boire » »… Elle a en effet sous ses yeux « le Verbe fait chair », « le Fils unique » et éternel du Père (Jn 1,14), Celui que le Père engendre en Fils de toute éternité par le Don de l’Esprit Saint… Il le connaît donc, Lui, le Fils, le Don de Dieu, car c’est grâce à lui et par lui qu’Il Est ce qu’Il Est. Et toute sa mission  consiste à proposer aux pécheurs que nous sommes, à nous dont le cœur ressemble à un désert aride et desséché, ce Don gratuit de l’Amour : l’Eau Vive de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39), cet Esprit qui est Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Et si le Père engendre le Fils de toute éternité par ce Don de l’Esprit, ce même Don aura en nous, si nous consentons à l’accueillir, les mêmes effets… Nous serons alors tous « fils à l’image du Fils » (Rm 8,29), des créatures resplendissantes de Lumière et de Gloire pour avoir accepté de recevoir le Don de « l’Esprit de Dieu, l’Esprit de Gloire » (1P 4,14).

            « Si tu savais le Don de Dieu et qui est Celui qui te dit « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé » poursuit-il, « et il t’aurait donné de l’eau vive »… Autrement dit, Jésus a dit à cette Samaritaine « Donne-moi à boire » en espérant qu’elle lui demandera à son tour « Donne-moi à boire »… Et il fait tout pour qu’elle lui adresse effectivement cette demande, en toute liberté. Alors, il pourra la combler. « Demandez, et vous recevrez… Car quiconque demande reçoit… Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent » (Lc 11,9-13), car telle est sa volonté : nous combler par son Esprit.     DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Carême

« Si tu savais le don de Dieu« 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Jean 4, 5-42) 

Nous sommes au chapître 4 de l’Evangile selon saint Jean. De retour d’un pèlerinage à Jérusalem, Jésus passe par la Samarie pour rentrer en Galilée. C’est alors qu’il fit cette rencontre magnifique avec la Samaritaine.

 

Soulignons les mots importants       

Samarie : Chaque fois qu’il est question de Samarie,  de Samaritain, quelle est la position des juifs ?

Le puits de Jacob : Dans région faite de sécheresse et de désert, quel est le symbole du puits ? Connaissons-nous d’autres passages où le puits joue un rôle important ? (voir par ex. Gn 24, 11 ss ; Gn 29 ; Ex. 2, 15-22)

Jésus fatigué par la route, assis : Quelle est l’importance de ces mots ?

Une femme de Samarie : Savons-nous quelle était la mentalité de l’époque concernant la situation de la femme ?

« Donne-moi à boire ». Cette demande de Jésus déclenche tout.

« Si tu savais le DON de Dieu… et QUI est celui qui te demande à boire »  .

« eau vive » : L’eau d’un puits est une eau saumâtre; Jésus parle d’une eau vive  dont il est lui-même la source :  quelle est cette eau vive ?

« source jaillissante pour la vie éternelle » nous savons quelle est cette eau vive qui jaillit en nous ?depuis quand ?

va chercher ton mari : Pourquoi cette demande imprévue de Jésus  à la femme ?

Adorer le Père.

Les vrais adorateurs  adoreront le Père  « en esprit et en vérité » : que veut dire Jésus ?

« Dieu est Esprit » : Pourquoi cette affirmation de Jésus est importante pour notre relation à Dieu ? Et les images, les temples, les églises… ?

Le Messie, celui qu’on appelle Christ

Je le suis moi qui te parle »

 

Pour l’animateur 

Le Royaume du Nord (capitale Samarie) tombe en 721 aux mains du roi de Babylone. Du mélange des habitants de Mésopotamie et des Israélites restés là, naîtra le peuple samaritain. Entre Juifs et Samaritains, les relations vont progressivement se détériorer. Les Samaritains vont construire leur propre temple sur le mont Garizim. C’est la séparation totale des deux peuples. Les juifs vont jusqu’à traiter les Samaritains de païens et d’impurs. A l’époque de Jésus, n’y a plus de rapport entre Juifs et Samaritains. Cela explique l’attitude de la femme.

– Jésus fatigué du chemin, assis, a soif et demande à boire. Un juif qui manifeste un manque (humanité et fragilité). Mais la demande n’est pas entendue par la femme. Et le refus de la femme va permettre à Jésus de rester assoiffé jusqu’à la fin et en même temps de prendre l’initiative de la rencontre : « si tu savais le don de Dieu …» et l’intérêt de la femme ne sera plus le puits, mais cet homme, ce juif fatigué, assoiffé, qui dans son manque se présente comme celui qui peut donner : et le don proposé n’a plus aucun rapport avec l’eau stagnante du puits : c’est une eau vive.

La Samaritaine, déstabilisée, change son regard sur Jésus. Elle l’appelle « Seigneur ».Elle a rencontré quelqu’un qui a rejoint ses aspirations les plus secrètes.

– Pourquoi Jésus lui demande-t-il d’aller chercher son mari ?

Le puits dans la Bible est le symbole des rencontres amoureuses. (Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, Moïse et Cippora). Cette femme est en face d’un homme pas comme les autres. Elle reconnaît  progressivement en Jésus quelqu’un qui dépasse les cinq maris qu’elle a eu. Par sa parole Jésus lui a fait découvrir qu’elle existe autrement que par sa beauté éphémère et que sa dignité de femme est au-delà de sa puissance de séduction.

– En même temps  Jésus, sans lui faire de morale, comme le faisaient les prophètes, révèle à cette femme que, par sa conduite, elle est en rupture avec la Loi. Jésus s’est révélé comme don de Dieu, celui par qui une loi nouvelle est proposée. Cette loi n’est pas extérieure à l’homme : elle dévoile sa vérité intérieure. La femme  comprend si bien qu’elle en tire les conséquences :  « Je vois que tu es un prophète ».

– Le culte en Esprit et en vérité est celui que chaque croyant habité par l’Esprit rend au Père. C’est un culte intérieur parce qu’il est l’œuvre de l’Esprit : c’est l’adoration véritable que l’Esprit Saint qui est vérité suscite en nous.

Dieu n’est plus relié à une terre, ou un lieu, mais habite dans le cœur de tout homme ; en qui l’Esprit a fait sa demeure.

– « Je le suis » : c’est le titre même du Seigneur au Sinaï. (Ex.3,13-14). Le chemin intérieur que la femme a fait permet à  Jésus de se révéler : il révèle qu’il est le Messie, à une femme, une samaritaine, comme il ne fera jamais ailleurs dans l’évangile de Jean. La femme peut abandonner sa cruche : dans sa soif de vivre et d’exister, elle a rencontré quelqu’un qui a mis en elle une source de vie.

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS :     

Jésus, nous te contemplons dans ton humanité avec ses limites : tu es fatigué, tu as soif, tu demandes à boire. Aide-nous à aimer notre condition humaine, puisque tu l’as épousée par solidarité et amour pour tous les hommes. Tu es resté libre dans ton cœur par rapport à tous les préjugés raciaux et religieux : c’est à une femme, une Samaritaine, qui en plus n’était pas des plus exemplaires, que tu as demandé à boire. Mieux que cela, tu as pris le chemin qui t’a conduit à son cœur pour qu’elle découvre en toi la Source d’Eau vive.

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Jésus a trouvé la route qui l’a conduit au cœur de la samaritaine : quelles sont les attitudes qui lui ont permis de trouver cette route ?

Qu’est-ce que nous admirons le plus dans la manière de faire de Jésus ?

Jésus, fatigué, assis et assoiffé, tout Fils de Dieu qu’il est, demande à boire : que nous inspire pour notre vie cette démarche de Jésus ? Aujourd’hui, aurait-il quelque chose à me demander ?

Comme la Samaritaine, beaucoup de personnes de notre temps, et dans notre entourage,  ont « faim et soif »,  elles sont en manque :  de quoi manquent-elles ? Que nous faudrait-il faire pour les rejoindre ?

Jésus est-il pour nous ce don de Dieu, cette eau vive qui étanche notre soif de Dieu ? Prenons-nous le temps de puiser à la source ? Comment ?

Comment adorer le Père « en esprit et en vérité » comme Jésus nous le demande ?

 

Ensemble prions

Heureux les croyants, chrétiens, juifs ou musulmans, en recherche de vraie communion avec le Dieu Unique.

Heureux ceux qui ne s’enferment pas dans l’Eglise comme en un ghetto. Heureux ceux qui vont à la rencontre de ceux dont l’Eglise est loin : non‑croyants, croyants d’autres traditions religieuses, pauvres et étrangers, hommes et femmes d’autres cultures.

Heureux ceux qui cheminent avec les autres et se rappellent la lenteur de leur propre cheminement.

Heureux ceux qui se croyaient exclus et qui se sont sentis écoutés et accueillis.

Heureux ceux qui savent écouter la richesse inédite des autres.

Heureux ceux qui, en parlant des pauvres et des exclus quand ils sont lointains, ne restent pas sourds à leurs cris et à leurs paroles quand ils sont proches.

Heureux ceux qui ne fuient pas les conflits mais qui cherchent à les gérer en refusant toujours de tuer, mépriser, avilir ou humilier leurs adversaires.

Heureux ceux qui acceptent d’aimer même ceux qui refusent de les aimer.

Heureux les humbles. Ils aimeront comme Dieu.

Heureux ceux qui espèrent toujours : ils trouveront la route qui conduit au cœur des autres et de Dieu.

 

 

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2ième Dimanche de Carême par Francis COUSIN

 

 

« Relevez-vous et soyez sans crainte ! »

 

L’évangile de ce dimanche nous narre la Transfiguration de Jésus. L’épisode est bien connu ; aussi, attachons-nous seulement à trois points.

« Jésus prit avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. »

Jésus n’emmène pas tous les apôtres. Il fait un choix. Il appelle.

Comme il appelle chacun d’entre nous, à un moment ou à un autre, pour une mission … qui n’est pas nécessairement extraordinaire, ce peut être simplement d’offrir un sourire à une personne qui a besoin de réconfort. Pour d’autre, c’est plus fort, notamment les prêtres et les religieux(ses).

Il appelle, et il mène à l’écart. En ce temps de carême, Dieu nous appelle tous à l’écart, à prendre du recul sur notre vie quotidienne, à nous éloigner pour avoir un point de vue différent, un autre regard sur notre vie à la lumière de son Évangile. La semaine dernière, Jésus allait au désert ; cette semaine, il emmène sur la montagne, qui est parfois un désert, enneigé ou pas, mais qui est aussi le lieu de la rencontre avec Dieu. Et pendant ces quarante jours de carême, Dieu nous invite à l’écart, sur la montagne, en sa présence.

« Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. » Abraham a quitté son pays … Dieu ne nous en demande pas autant, mais saurons-nous accepter de le suivre, pour le rencontrer, pour l’écouter, pour agir avec lui, dans le désert de nos vies, de nos villes, de nos églises, de notre travail … ou de notre chambre, là où Dieu nous voit dans le secret.

« Il est bon que nous soyons ici … Je vais dresser ici trois tentes … »

Comme on comprend Pierre. Nous avons certainement tous fait l’expérience d’un moment où nous avons senti la présence de Dieu dans notre cœur, soit lors d’une adoration, soit lors de la rencontre avec quelqu’un dont la joie de vivre en Dieu était tellement manifeste qu’on sentait la présence de Dieu dans notre conversation, ou en voyant d’autres personnes agir avec détermination pour que la Parole de Dieu soit mise en application. Et on aimerait tant avoir toujours en soi le sentiment de la présence de Dieu en nous, se construire une tente, un petit cocon, pour maintenir ce moment.

Mais ce n’est pas ce que Dieu veut. Il ne veut pas de gens qui restent avec un souvenir béat et qui restent là, sur place ; il veut des hommes en marche, qui bougent, qui se bougent et qui font bouger autour d’eux. Des personnes qui savent que Dieu est toujours là, auprès d’eux, et qu’il va les aider.

« Relevez-vous et soyez sans crainte. »

Jésus reprend les trois apôtres. Après sa manifestation comme Fils de Dieu, il les relève, les remet debout, les ressuscite : « Ma mission n’est pas fini, et la vôtre non plus. Mais n’ayez pas crainte, je serai toujours avec vous. Mais avant, il me faut souffrir ma passion et être crucifié. Mais le troisième jour, mon Père me ressuscitera. Il nous faut maintenant descendre de la montagne. »

Nous sommes dans le temps de l’espérance, de l’attente de la Pâques, et d’un avenir promis de bien-être et de louange dans la vie éternelle. Mais avant, il y a la Croix, et il y a nos croix que nous devons porter. Nous ne devons pas rester dans notre petite bulle, mais descendre de la montagne, retrouver notre vie de tous les jours, et ’’mouiller notre maillot’’, oser nous salir les mains, les mettre ’’dans le cambouis’’ pour annoncer l’évangile de Jésus ressuscité : « Si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’as ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. » (Rm 10,9). Et c’est le but que nous devons tous avoir : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » (1Co 15,14).

 

Quittez vos basses eaux, les steppes de vos bagnes,

ras-de-terre et tombeaux, venez sur la montagne !

 

aujourd’hui j’étais mort : j’entends la vie qui craque,

j’entends la vie qui sort, je choisis une Pâque.

Suis-je donc assez fou pour croire une présence :

Dieu comme un rendez-vous, l’homme comme une chance ?

        Jean Debruynne

Francis Cousin

 




2ième Dimanche de Carême – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Faisons trois tentes

 

« Seigneur, il nous est bon d’être ici. Si tu le veux, faisons-y trois tentes, une pour Toi, une pour Moïse, une pour Elie ! »

Frères et sœurs, que de fois, lorsque nous rencontrons le Christ dans notre vie, lorsqu’Il est venu au-devant de nous dans la lumière et la gloire, dans la tendresse de son amour, nous avons réagi comme Pierre : « Seigneur, il nous est bon d’être ici sur la montagne. Dressons-y une maison à ton prophète Élie, à celui qui a annoncé ta Parole, à celui que tu as envoyé à Israël pour lui dire de se convertir. Dressons-lui une maison pour qu’il demeure près de Toi. Et à ton saint prophète Moïse, celui qui a suscité le peuple, celui qui l’a libéré de l’Égypte à cause de ton appel, à cause de ta force, celui qui a parlé avec Toi, celui qui s’est tenu devant Toi, dressons-lui aussi une tente ».

Oui, que de fois nous avons voulu construire, par nous-mêmes, construire une maison pour le Dieu de salut qui venait au-devant de nous ! Que de fois nous avons voulu enfermer Dieu aux dimensions de nos demeures humaines, de nos désirs humains ! Que de fois nous avons ainsi défiguré le visage même de Dieu ! Que de fois nous avons défiguré Jésus transfiguré ! Que de fois nous en avons fait simplement un homme, une sorte de révolutionnaire, un homme qui marche au-devant de l’humanité mais qui se confond avec elle, qui nous ressemble tellement ! Un homme à la mesure de nos limites et de nos petits désirs humains. Ou que de fois encore nous avons voulu en faire un simple thaumaturge, quelqu’un qui nous sortirait de toutes les difficultés dans lesquelles nous nous trouverions, un Dieu à notre mesure, un Dieu merveilleux qui ne nous a pas rencontrés vraiment parce que tout simplement nous avons voulu le mettre à l’abri, sous des tentes humaines, sous des demeures humaines, à l’image de nos désirs.

Et comme Pierre, nous ne savons pas très bien ce que nous disons à ce moment-là, car  aussitôt, la réponse de Dieu c’est la nuée qui se précipite sur  les disciples pour les envelopper de sa lumière. Oui, si le Fils de Dieu est apparu sur notre terre, s’Il a manifesté en ce jour-là sa gloire à ses disciples, à travers cet éclat d’une lumière qui jaillissait comme du plus profond de Lui-même, pour manifester sa véritable nature divine, incarnée, prise dans notre chair, en même temps la nuée a reposé sur les disciples. Et la nuée, c’est cette lumière de la présence de Dieu qui guidait le peuple à travers le désert.

Non, ce n’est pas à nous de construire une maison pour notre Dieu. C’est au Seigneur Lui-même de nous construire cette maison nouvelle. Cette maison n’est pas fixe, à l’image de nos demeures humaines. Une maison qui n’est pas fichée dans la terre par les piquets de nos tentes. Une maison qui est une nuée, c’est-à-dire à la fois ce lien entre le ciel et la terre, la nuée étant toujours ce qui se tient entre le ciel et la terre, et en même temps, la nuée était un lieu mobile, ce qui se déplace, ce qui est léger, ce qui tourbillonne, ce qui nous emporte dans un souffle, au souffle de l’Esprit. La réponse de Dieu, lorsque les disciples voulaient saisir la gloire de Dieu et l’enfermer dans la maison de leur propre humanité ce fut précisément cette nuée lumineuse qui les a saisis.

Alors ils ont été saisis de frayeur et de panique parce qu’ils ont compris que maintenant, la lumière que le Christ était venu apporter dans le monde, cette lumière qui jaillissait du plus profond de Lui-même était en train de les envahir et de les amener, à leur niveau, à une transfiguration, à une transformation complète de leur être. Oui, maintenant  ce n’était plus comme au temps de Moïse où l’on ne pouvait pas regarder Dieu face à face.  Il n’y avait plus ce voile sur la face de Moïse. Il était tombé pour qu’on puisse regarder la gloire de Dieu. Il y avait une lumière qui, jaillie du cœur  de Dieu, vient jusqu’au cœur de l’homme, qui le saisit et l’emporte. Il n’y avait plus une lumière venue des tables de la Loi gravée dans la pierre, mais une lumière qui veut se graver au plus profond de notre chair. Maintenant la Loi n’est plus extérieure à nous. La Loi est une Loi nouvelle. C’est la présence même de Dieu, la fulgurance et la transparence de cette présence de Dieu qui est inscrite au plus profond de notre cœur.

Et maintenant, il n’y a plus à rester quarante jours sur la montagne ; il n’y a désormais ni repos ni trêve, car il va falloir marcher dans la nuée de Dieu et marcher vers la Pâque. Lorsqu’ils étaient sur le Thabor, les disciples n’ont pas pu saisir la présence de Dieu pour la domestiquer à la mesure de leurs prétentions, de leurs désirs. Ils ont été aveuglés et maintenant ils sont pris, ils sont emportés comme par un souffle. Ils sont pris dans cette nuée lumineuse de la gloire de Dieu et il faut qu’ils s’avancent, avec Lui, vers Jérusalem.

Si la liturgie a choisi de nous arrêter aujourd’hui sur le Mont Thabor, avec les disciples, dans cette vision de gloire, ce n’est pas simplement pour y rester. C’est d’abord pour que nous comprenions que si le Seigneur a été transfiguré et nous a montré dans son humanité la gloire du Fils, c’est parce que, nous aussi, nous devons en vivre. En vivre, c’est-à-dire, en l’écoutant, de vivre pleinement ce qu’Il a vécu. Puisque Lui s’est manifesté comme transfiguré, comme porteur de la gloire qu’Il tient de son Père de toute éternité, il faut maintenant que nous sachions que le sens profond de notre vie chrétienne c’est de porter au fond de notre cœur et de laisser transparaître peu à peu par notre vie cette lumière que Dieu a déposée en nous, et de nous laisser transfigurer par la grâce de notre baptême. C’est aussi pour que nous apprenions ceci. Cette démarche n’est pas une halte, un arrêt, une oasis. Le Christ transfiguré prend les disciples dans cette nuée qui va les conduire, qui va les emporter comme la nuée a conduit le peuple à travers le désert, qui va les emporter comme le Christ de ce monde à son Père. Elle va les conduire du Thabor à Jérusalem pour y contempler le Seigneur de gloire mis à mort, pour y être témoin du Seigneur de gloire ressuscité, qui va les emporter, comme le Christ, à travers le monde pour proclamer l’évangile et qui va, à travers leur propre mort, les emporter dans le sang du Christ ressuscité, dans la gloire et la lumière.

Oui, tel est le sens de notre vie, tel est le sens de notre baptême. Non pas une lumière qui jaillirait de l’extérieur, mais une lumière qui transparaît du plus profond de nous-mêmes, qui apparaît pour nous transfigurer, pour nous rendre de plus en plus fils de Dieu, et pour nous emporter, pour nous saisir, pour faire de nous des témoins de l’évangile, des témoins de la Résurrection, pour appeler l’univers à passer de ce monde, à travers ce monde, à travers le péché de ce monde, à travers les échecs de notre humanité et du quotidien de notre vie, l’appeler à l’espérance de contempler la gloire de Dieu, à laisser transparaître en nous la gloire de Dieu qui nous conduira auprès du Père. Amen.