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6ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Je ne suis pas venu abolir [la loi], mais l’accomplir. »

 

Opposer la loi de Moïse et ce que dit Jésus a été dès le départ un sujet de discussion entre les scribes et les pharisiens et Jésus et ses disciples. C’est pourquoi Matthieu insère ce long passage dans son ’’sermon sur la montagne’’. La loi de Moïse, c’est-à-dire les dix commandements, avait été étoffée au fur et à mesure, sans doute par difficultés d’interprétation, de beaucoup de préceptes qui l’avaient dénaturée, notamment concernant le sabbat. La ’’loi’’ de Jésus reprend l’ancienne, et il ajoute : ’’Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres’’ (Jn 13,34).

C’est-à-dire que Jésus va plus long que l’ancienne loi, il lui donne de nouvelles exigences : faire toute chose par amour des autres et de Dieu, alors que pour l’ancienne, il fallait respecter scrupuleusement ce qui avait été écrit par les hommes. C’est toute la différence entre ce qui est ‘juste’ aux yeux des hommes et ce qui est ‘juste’ aux yeux de Dieu : ce qui compte, ce n’est pas l’action en elle-même, mais le désir dans son cœur qui précède (ou non) l’action ; si l’action mauvaise n’est pas faite, on est ‘juste’ aux yeux des hommes, mais si auparavant on avait pensé à faire cette action, on n’est pas ‘juste’ aux yeux de Dieu :’’ c’est du cœur que proviennent les pensées mauvaises : meurtres, adultères, inconduite, vols, faux témoignages, diffamations. C’est cela qui rend l’homme impur’’ (Mt 15,19-20), et donc pécheur, en pensée, et parfois en action.

La première lecture nous dit la même chose :’’ Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle … La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix … Il (le Seigneur) n’a commandé à personne d’être impie, il n’a donné à personne la permission de pécher’’. Dieu nous laisse toujours libre. A nous de faire le bon choix, en pensée et en action.

On voit encore une fois toute la différence qu’il y a entre la pensée du monde et la pensée de Dieu, entre la sagesse du monde et la sagesse du mystère de Dieu :’’C’est bien de sagesse que nous parlons devant ceux qui sont adultes dans la foi, mais ce n’est pas la sagesse de ce monde…’’ (2° lecture).

On voit alors que la conception de la loi par Jésus est beaucoup plus pointue que ne le pensaient les scribes et les pharisiens, et plus délicate à mettre en œuvre, contrairement à ce que ceux-ci pensaient. Et Jésus donne quelques exemples, dont :’’ Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, … Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement’’. Jésus nous demande plus que ce que dit la loi, il nous demande de garder toujours le contrôle de nous-même pour éviter d’aller jusqu’à l’extrême, le meurtre. Parce que la colère est déjà une rupture de l’amour des autres. Même une colère qui ne s’extériorise pas, qui reste en nous !

Cette loi d’amour va beaucoup plus loin qu’une loi ‘permis-défendu’ ou d’une loi ‘pas-vu, pas-pris’, car c’est chacun en soi-même qui se rend compte de ses fautes sans qu’il soit nécessairement besoin de l’intervention d’un tiers.

‘’Tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle’’.

Seigneur Jésus,

tu accomplis la loi de Moïse

en y ajoutant l’amour,

 et toute rupture d’amour,

en pensée, en parole, par action et par omission,

est un péché, envers les autres et envers toi.

Sans toi, je ne suis rien !

 

Francis Cousin

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 Lumière du monde et sel de la terre

« Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde, vous êtes une ville située sur une montagne ».

Le texte de l’évangile de ce dimanche fait partie de ce discours programme du « sermon sur la montagne » dans lequel Jésus, au début de son ministère public, s’adresse aux foules et leur dit ce qu’est exactement l’existence nouvelle de quiconque veut vivre avec Lui, en Lui et par Lui. Ce sont donc les bases et les points de repère fondamentaux de notre existence chrétienne qui nous sont ainsi donnés. Le texte que nous venons d’entendre fait suite immédiatement aux Béatitudes qui nous indiquent le but à atteindre : « Bienheureux », l’homme est fait pour vivre « au bonheur de Dieu ». Mais le fait d’être ainsi orienté, dynamisé par la grâce de Dieu vers le bonheur de Dieu implique un certain mode de vie, une certaine manière d’être disciple du Christ. Et c’est pourquoi les trois paraboles qui s’enchaînent immédiatement : celles sur le sel, la lumière et la ville située sur une montagne, nous donnent les critères de notre existence de chrétiens. Et j’aimerais simplement aujourd’hui, avec vous, réfléchir sur ce qu’elles nous invitent à être. Ce que je vais vous dire n’est pas très original, mais il est bon, à un moment ou l’autre, de faire le point et de nous rappeler comment se traduisent dans notre vie les exigences de Dieu sur nous.

Le premier point de repère nous est fourni par l’image du sel. « Vous êtes le sel de la terre », et je dirai que le sel c’est le problème du paradoxe de l’existence chrétienne. Le sel dans un plat représente une quantité infime, généralement il ne faut pas en mettre trop sous peine de dénaturer la saveur de ce qu’on va manger. Mais il est absolument indispensable en petite quantité. Ainsi, les chrétiens sont-ils le sel de la terre, le sel de l’humanité, car l’existence chrétienne est toujours un paradoxe. Elle est peu de chose au départ. Le Christ vient de dire : « Bienheureux ceux qui pleurent », mais qu’est-ce que ceux qui pleurent dans le monde ? Ils n’ont aucun pouvoir dans le monde ? « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice », mais à quoi sert la faim et la soif de la justice dans le monde ? Est-ce qu’elles ont du poids auprès des puissants de ce monde ? « Bienheureux les pauvres ». Est-ce que la pauvreté comme telle a du poids dans le monde, comparée à notre désir de richesse ? Tout cela apparemment n’est rien, rien de plus que la toute petite pincée de sel jetée dans le plat que l’on veut assaisonner. Pourtant elle est absolument indispensable. L’existence chrétienne, dans sa pauvreté même, dans sa détresse et dans son désarroi, reste cependant le sel de la terre. Et nous sommes, à travers toutes les expériences de souffrance, de mal, de soif et de faim de justice que nous éprouvons à un moment ou l’autre de notre vie, nous sommes vraiment le sel de la terre au sens où si peu que nous soyons, si peu que nous représentions par rapport au désir de soi-même que ce monde peut porter en lui, nous sommes pourtant là et nous existons dans ce monde de façon paradoxale et décisive, non pas par nous-mêmes, mais parce que Dieu nous fait sel de la terre.

Il y a même davantage. Ce sel de la terre peut se dénaturer. Ceci fait allusion au paradoxe de notre liberté. Le Christ seul peut donner à ce monde, par nous, la saveur de Dieu. Mais notre liberté est fragile. Et comme le sel peut perdre sa saveur, ainsi nous-mêmes pouvons faire perdre au monde sa saveur. Nous ne sommes rien, et pourtant s’il n’y a pas de sel dans le plat, la nourriture n’est pas mangeable. Et le paradoxe de l’existence chrétienne, le voici tout en n’étant pratiquement rien humainement, c’est pourtant notre existence et notre liberté chrétiennes qui donnent au monde sa profondeur, sa vérité et son mouvement vers Dieu. Elles sont ce « sel » qui à travers l’exercice de notre liberté pour Dieu constitue le signe du salut.

La deuxième marque de notre existence chrétienne est signifiée par la parabole de la ville placée sur une montagne. La foi chrétienne, la vie chrétienne ont une existence publique. Cela, nous l’oublions peut-être aujourd’hui. Nous n’avons pas à rougir de notre foi, non pas que nous ayons à l’imposer aux autres de force, comme certaines générations de chrétiens ont cru bon de le faire, mais nous n’avons pas à rougir de notre foi. Nous n’existons pas simplement, individuellement, comme chrétiens, ainsi que spontanément nous le pensons aujourd’hui. Nous imaginons que la vie chrétienne est une « affaire de conscience », non : nous existons publiquement. L’Église a une existence publique, elle est un peuple, elle est un peuple de Dieu. Et cela échappe à notre sens chrétien contemporain, nous avons tellement réduit notre appartenance au Christ à une affaire purement individuelle et purement personnelle que nous en avons oublié la vérité et la réalité publiques : l’Église est quelque chose qui existe sur la place publique.

Elle n’est pas faite pour être cachée, elle est faite pour être là, pour être vue, elle est signe de l’amour de Dieu pour le monde, ce signe ne s’accomplit pas simplement à l’intérieur de nous-mêmes, mais parce que l’homme est un « animal politique », on n’avait pas attendu la révélation chrétienne pour le savoir ! Et quand la révélation vient sauver l’homme tout entier, elle vient aussi faire du chrétien un animal politique, mais d’une autre manière : il s’agit de la politique du Royaume de Dieu. L’Église comme telle n’existe pas en vertu d’un pouvoir temporel, qui, par exemple, ferait pression sur les instances publiques des pouvoirs de ce monde, mais elle existe cependant parce qu’elle est un peuple, une communion et une assemblée.

Le troisième trait est évoqué par la parabole de la lumière. La lumière, elle est ce qui enveloppe et irradie, mais elle est aussi ce qui fait voir. Et que fait-elle voir ? Elle fait voir Dieu. La lumière que nous sommes pour le monde n’est en réalité rien d’autre que la lumière de Dieu donnée par la grâce du baptême qui s’appelle d’ailleurs pour cette raison précisément l’illumination. Nous devons mener une existence de lumière : la lumière n’est pas contemplée pour elle-même, mais elle fait voir. Et c’est la raison pour laquelle le Christ enchaîne aussitôt : « Ainsi les hommes voyant vos bonnes œuvres en rendront grâce à Dieu le Père ». Le chrétien ne se pose pas lui-même comme lumière, il est lumière par grâce, et tous les actes qu’il pose renvoient au-delà de lui-même, ils renvoient à l’amour du Père. Le chrétien est lumière non pas parce qu’il essaie de se saisir lui-même et de se bâtir un statut de perfection, un idéal qu’il voudrait se sculpter pour sa propre satisfaction et dans l’admiration de tous, non, il est lumière au sens où il fait voir autre chose que lui-même, car dans son comportement dans l’amour et dans la charité qu’il peut manifester pour ses frères, il ne renvoie pas à lui-même, à sa vertu ou à des qualités supérieures, il renvoie au Père. Et l’un des aspects de la foi et de l’existence chrétienne que le Christ nous demande de mener est celui de la transparence, au sens où la lumière ne coupe pas le mouvement du regard, mais au contraire le guide, et le porte plus loin que là où, par ses propres forces, il pourrait aller. Nous sommes le support du regard de nos frères pour qu’ils voient Dieu. C’est là ce que Dieu veut nous donner par grâce, c’est là ce que le Christ attend de ses témoins au cœur de ce monde. Rien à voir avec de l’exhibitionnisme, avec le fait de se montrer, mais il faut beaucoup d’humilité et une très grande sagesse pour nous laisser saisir par Dieu afin que nous soyons nous-mêmes le guide du regard de nos frères vers le mystère même de leur existence et de la nôtre vers cette source de lumière qui est Dieu.

Cela implique en dernière instance que cette lumière et ce sel aient une saveur de sagesse. Le sel est ce qui donne du goût, la lumière est ce qui illumine et fait comprendre, permettant à l’intelligence de s’ouvrir à la présence de ce qui est. Vous le savez, dans des pays ensoleillés, la grande différence avec les cultures du nord est très sensible : dans les pays ensoleillés, on aime comprendre dans la lumière alors que dans les cultures nordiques, on croit comprendre quand c’est obscur. Puisque nous sommes d’un pays de soleil, nous devons en profiter pour essayer de comprendre toute la vérité de l’évangile dans sa lumière, ne pas nous noyer dans l’obscurité, qu’il s’agisse des ténèbres de soi-même ou des ténèbres de ce monde, mais au contraire que notre foi rayonne cette simplicité de sagesse et d’intelligence dont le monde a tellement besoin aujourd’hui. Or sans entrer dans les détails, j’ai parfois l’impression qu’aujourd’hui une certaine attitude chrétienne, un peu frileuse et peureuse se retranche derrière des jugements et des positions obscurs, inexplicables et inexpliqués dans lesquels on imagine que moins on comprend, mieux c’est. Il faut le dire cela n’est pas la foi, mais de l’obscurantisme et si certains philosophes, au dix-huitième siècle, se sont déchaînés contre cet obscurantisme, ils n’avaient peut-être pas, dans certains cas, tous les torts. Il faut que notre foi ait quelque chose de lumineux, de simple, je ne dis pas simpliste, ce qui la ferait tomber dans un rationalisme de bas étage, il faut que notre foi ait quelque chose de clair, de limpide, qui parle au cœur, à l’intelligence et au désir de nos frères. Nous en avons le devoir, c’est de cette façon que nous pouvons être les témoins de cette intelligence et de cette sagesse de Dieu.

Qu’en relisant ces paraboles du sel, de la lumière et de la ville située sur la montagne, nous puissions voir renaître en nous ce désir d’être toujours mieux dans notre existence des témoins du Christ afin qu’au milieu de ce monde, nous soyons en vérité les serviteurs, les témoins lumineux, sages et simples de la présence et de l’amour sauveur du Christ pour tous les hommes. Amen.




5ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 « Vous êtes le sel de la terre,

… la lumière du monde. »

 

 Vous êtes le sel de la terre. Cette parole de Jésus s’adresse à nous directement, et elle a une implication immédiate : elle n’a de sens que si le sel est mélangé avec les aliments. Ce qui veut dire que nous ne pouvons être sel de la terre que si nous nous mélangeons avec les autres, que si nous vivons avec eux, que nous partageons leur travail, leurs soucis, leur vie, que si nous discutons avec eux, que si nous faisons entendre notre voix de chrétiens dans la vie du monde, la voix de l’évangile …

Sans doute, individuellement, certains le font. Mais si on regarde à une plus grande échelle, on est loin du compte : Combien de nos paroisses ont une vie collective uniquement tournée sur elle-même, et n’ont aucun rapport (ou presque) avec le monde qui l’entoure : le quartier, la commune … Et quand il y a quelques relations, c’est plutôt pour demander une aide plutôt que pour proposer une aide dans tel ou tel domaine, pour se mettre au service de la population locale.

Quel goût alors nos paroisses peuvent-elles donner à leur quartier ? Une Église, l’ensemble des paroissiens, qui ne vit que tournée sur elle-même, qui ne va pas ’’vers les périphéries’’ chères à notre pape François, est hors-jeu.

Il y a une autre manière de dénaturer le sel, de manière plus individuelle : c’est de ne pas croire suffisamment à la force de la Parole de Dieu et de se laisser influencer par des ’philosophies’ où l’homme est premier et sans avoir besoin de Dieu, ou par un discours laïciste qui veut que la religion reste du domaine privé et que les chrétiens n’ont rien à dire sur la vie politique, économique, sur les lois etc, alors on ne dit plus rien, on a peur de donner le goût de l’Évangile à notre entourage.

On comprend alors pourquoi, aussitôt après avoir dit cela, Jésus prévient : ’’Mais si le sel devient fade, …il ne vaut plus rien : on le jette dehors pour être piétiné’’.

Dehors … de quoi ? Du royaume éternel ? Si c’est le cas, il y a du souci à se faire pour beaucoup.

Mais peut-on ’’rendre de la saveur’’ au sel ? Pour le sel culinaire, impossible.

Par contre pour le sel chrétien, oui, on peut, et heureusement !

Comment ? Se retourner vers Dieu, dans la prière, personnelle et collective, dans la participation aux sacrements, et principalement l’eucharistie, dans la lecture de la Parole de Dieu, dans son approfondissement, dans sa méditation, en la ruminant de telle manière qu’elle puisse devenir nôtre et qu’elle nous fasse agir pour être ses témoins.

Et la première lecture de ce dimanche nous donne quelques exemples : ’’Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abris, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable’’. On retrouve là une partie des œuvres de miséricorde que maintenant nous connaissons bien. Et qui sont en quelque sorte un minimum pour entrer dans le Royaume des Cieux (voir Mt 25, 31-46).

Et Isaïe nous dit : ’’Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite …Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi’’.

En redonnant du goût à notre sel (et nous avons tous besoin de le faire), c’est la lumière qui sort de nos ténèbres, et pas n’importe laquelle, celle de midi, là où la lumière est la plus forte, celle qui ’’brille pour tous ceux qui sont dans la maison,… qui brille devant les hommes’’.

Seigneur Jésus,

je veux bien être ton sel

qui donne de la saveur

à notre monde bien souvent insipide,

mais il faut que tu m’aides,

et que tu secoues la salière.

 

Francis Cousin

 

 

 




5ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde » (Mt 5,13-16)

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »

 

            « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel se dénature, comment redeviendra-t-il du sel ? Il n’est plus bon à rien : on le jette dehors et les gens le piétinent ».

            Dans l’Evangile selon St Jean, Jésus parle à ses disciples d’une manière semblable, mais avec une autre image, celle de la vigne et des sarments : « Je Suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent » (Jn 15,5-6). La vigne est la source de la sève pour les sarments. Et ce n’est que grâce à cette sève reçue de la vigne que les sarments peuvent rester verts et porter du fruit… Or Jésus s’est déjà présenté comme une source : « « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur. » En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jn 7,37-39).

            Cette sève de la vigne est donc « l’Esprit Saint », Plénitude de Lumière et de Vie que le Fils reçoit éternellement du Père et qui l’engendre en Fils. Si le sarment reçoit lui aussi, par sa foi en Jésus, ce Don de l’Esprit, alors et alors seulement, il pourra porter du fruit : « Le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi » (Ga 5,22).

            Le sel de notre Evangile renvoie donc lui aussi à « l’Esprit Saint », ce Don de Dieu que le Fils est venu nous offrir au Nom du Père pour que notre vocation à tous puisse s’accomplir : « devenir des fils à l’Image du Fils » (Rm 8,29 ; Jn 1,12 ; 1Jn 3,1-2) en nous laissant engendrer à notre tour à la Plénitude des fils par ce Don de l’Esprit (Rm 8,14-17)…

            « Dieu est Esprit » (Jn 4,14), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5)… Recevoir le sel de l’Esprit Saint, c’est donc aussi recevoir la Lumière de l’Esprit. « Autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière. Or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité » (Ep 5,8‑9). « Que votre Lumière brille donc devant les hommes : alors en voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux », ce « Père des Lumières » (Jc 1,17) qui donne aux pécheurs repentants de pouvoir devenir des « fils de la Lumière » (Jn 12,36). Dans ce monde si souvent dénaturé, ils pourront alors y semer le sel de la tendresse et de la miséricorde, et contribuer ainsi à lui redonner un goût d’humanité… DJF




4ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 

« Heureux les pauvres de cœur … »

Les béatitudes, tout le monde connaît ou presque ; Mais pour beaucoup, le discours de Jésus passe comme une utopie, quelque chose qu’on ne peut pas atteindre. Et puis, dans la mentalité du monde d’aujourd’hui, cela sonne comme quelque chose de fou : « Heureux … » ! Ce n’est pas comme cela qu’on obtient le bonheur ! Pour avoir le bonheur, il faut de l’argent, pour avoir du confort, ceci, ou encore cela …

Parce qu’on confond le bonheur avec les plaisirs !

Les trois lectures vont dans le même sens : la rencontre de Dieu à travers notre petitesse. Dieu nous attend tels que nous sommes. Mais il nous faut faire un pas vers lui.

Cherchez ! nous dit Sophonie : « Cherchez le Seigneur,… Cherchez la justice (celle de Dieu, être reconnu comme juste devant Dieu, et pour cela il faut pratiquer la justice des hommes),… cherchez l’humilité ».

Et le plus important, c’est le dernier terme : l’humilité. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé » (Mt 23,11). Avec l’humilité, on peut être reconnu comme juste devant Dieu, et ainsi rencontrer le Seigneur.

C’est l’attitude devant Dieu qui importe. Saint Paul nous le dit bien dans la 2° lecture : « Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni des gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, (…) ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… ».

Dieu préfère les petits, Dieu préfère les faibles, ceux qui ne s’enorgueillissent pas devant lui. Comme il le dit à saint Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12,9). Laisser Dieu faire à travers nous …

Finalement, tout cela revient à dire : « Heureux les pauvres de cœur … », ceux qui gardent une foi humble dans le Seigneur quelques soient les épreuves, qui mettent leur espoir en lui, qui restent toujours assurés de la fidélité de Dieu, « car le Royaume des cieux est à eux. ».

Saint Matthieu nous donne une liste de huit béatitudes qui s’adressent à tous, plus une neuvième pour certains. Si on prend les huit premières, on se rend compte que Jésus détaille différents aspects de vie, mais qu’elles sont toutes contenues dans la première : si on a un cœur de pauvre, devant Dieu et devant les hommes, on peut pleurer, on est doux, on a faim de justice, on est miséricordieux, on a un cœur pur, on est artisan de paix, et on peut aussi être persécuté pour la justice…

Avoir un cœur de pauvre est un préalable à toutes les autres situations. Et pour bien montrer cette unité, la première et la huitième béatitude ont la même conclusion : « car le Royaume des cieux est à eux. », avec le verbe au présent, alors qu’il est au futur pour les six autres.

Être pauvre de cœur, être faible, être humble, … voila ce qui nous conduit à Dieu, et qui permet à Dieu d’œuvrer à travers nous.

C’est sans doute différent de la mentalité du monde, mais c’est le plus sûr chemin pour aller vers Dieu. Retenons ce conseil : « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, car grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles. » (Si 3,18-20).

Nombre de saints ont suivi ces préceptes : François d’Assise bien sûr, mais aussi Charles de Foucauld, ou encore Thérèse de l’Enfant Jésus : « Rester petit, c’est reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu, ne pas trop s’affliger de ses fautes, ne point gagner de fortune, ne s’inquiéter de rien,… vouloir ne pas se suffire à soi-même,… se sentir incapable de gagner sa vie, la Vie éternelle… »

Seigneur, je n’ai pas le cœur fier

ni le regard ambitieux ;

je ne poursuis ni grands desseins,

ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme en paix et silence ;

mon âme est en moi comme un enfant,

comme un petit enfant contre sa mère.

Mets ton espoir dans le Seigneur, Israël,

 maintenant et à jamais.

Psaume 131                                     

 

Francis Cousin




3ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 

« Convertissez-vous,

car le royaume des cieux est tout proche. »

C’est Jésus qui dit cela, et c’est la reprise de ce qui disait Jean-Baptiste (Mt 3,2). Et il le dit au moment où Jean-Baptiste est ‘livré’, arrêté. Cela fait penser à la phrase de Jean-Baptiste :’’Il faut qu’il grandisse, et que moi, je diminue’’ (Jn 3,30).

On a comme un passage de témoin. On est juste après le baptême de Jésus et son séjour au désert, dans l’évangile de Matthieu.

Jean-Baptiste est arrêté, Jésus s’établit à Capharnaüm, en Galilée, la Galilée des nations que le Seigneur a couvert de gloire (cf 1° lecture), montrant ainsi dès le début de sa mission l’intérêt qu’il prend pour tous, et pas simplement pour celui des juifs. Si cela avait été le cas, il aurait commencé sa mission en Judée, à Jérusalem, la ville du Temple de Dieu. Et il aurait fait un grand coup d’éclat, ameutant tous les juifs à se révolter contre l’envahisseur Romain, tel que les juifs attendaient le Messie.

Et non ! Au lieu d’un coup d’éclat communautaire, il reprend la formule de Jean-Baptiste :’’Convertissez-vous !’’. Une injonction personnelle, une invitation à la réflexion et à la remise en cause de chacun :’’Revenez vers Dieu, apprenez qui est Dieu, non pas celui qu’on vous a appris faussement, mais le vrai Dieu, que vous connaissez, mais que vous avez oublié : un Dieu plein d’amour et de miséricorde, qui vous aime, qui grave votre nom dans la paume de ses mains parce que vous êtes importants pour lui (cf Is 49,16), qui prend soin de chacun de nous comme la prunelle de ses yeux (Cf Ps 17,8)’’.

Jésus n’a rien d’un va-t-en-guerre, il commence sa mission selon sa nature, humblement, sans faire de grands discours, mais en allant vers les gens, surtout les pauvres, les petits, ceux qui ne sont pas très estimés …

C’est ainsi qu’au cours d’une promenade, il rencontre des pécheurs, Pierre et André. Il ne fait pas de grand discours. Il les regarde, dans les yeux, et ce regard est tel que les deux pécheurs ne quittent plus ce regard : ils n’avaient pas l’habitude d’être regardés ainsi, avec humilité et amour, eux, deux pauvres gens qu’on voit sans les regarder …

Alors, quand Jésus dit :’’Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes’’, ils disent oui aussitôt, en réponse à ce regard qui les a pris au cœur, un regard vrai qu’ils veulent encore voir.

Et il en fut de même pour Jacques et Jean.

Tout tient dans le regard de Jésus.

La grande aventure de l’Église a commencé par un regard ! Mais quel regard !

Alors on peut se poser la question : Quel est le regard que j’ai vis-à-vis de mes semblables ?

Est-ce le regard de Jésus ?

Un regard qui regarde … ou simplement qui voit ?

Un regard sûr de soi (mais sans être obséquieux) … ou un regard craintif ?

Un regard humble, à l’image de Jésus, … ou un regard apeuré ?

Un regard qui montre de l’intérêt pour la personne elle-même … ou parce qu’elle peut m’être utile ?

Un regard aimant, avec toutes les nuances positives ou négatives qui peuvent être associées à ce type de regard … ?

Un regard qui parle au cœur … ou qui n’a rien à faire des gens ?

Cela dépend des circonstances, ainsi que des personnes rencontrées, mais la question est de savoir si l’image de mon regard pour les autres peut me permettre de rallier les gens autour de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.

C’est vrai tout le temps. Et c’est encore plus vrai cette semaine qui est celle de l’unité des Chrétiens.

Et n’oublions pas que ’’se convertir’’, c’est ’’changer son regard’’.

C’est ce que nous demande le Christ.

Seigneur Jésus,

Tu m’appelles à te suivre.

Je ne te vois pas,

mais je sens ton regard

qui me scrute et me connaît.

Saurai-je soutenir ton regard,

accueillir tout ce qu’il y a de bon en lui

pour marcher à ta suite ?

 

Francis Cousin

 




3ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

Jésus, Lumière et Vie

(Mt 4,12-23)…

 Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :
‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !
Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’
À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

           

Jean-Baptiste quitte la scène comme tant de prophètes avant lui : persécuté, emprisonné, exécuté… Jésus prend le relais… Le moment est venu pour lui de manifester le désir de Dieu qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6). Alors, même si la Bonne Nouvelle devait être d’abord annoncée à Israël (Mt 15,24 ; 10,6), le Peuple de l’Alliance et des Promesses (Ep 2,12), Jésus va s’installer non pas à Jérusalem, la capitale, mais à Capharnaüm (en hébreu : ‘Village de Nahum’, ‘Nahum’ signifiant ‘Dieu console’), une petite ville frontière au nord de la Galilée juive, entourée de provinces païennes : la Syro-Phénicie, la Trachonitide et la Décapole. Nous sommes vraiment ici à « un carrefour », avec d’un côté les régions Juives de « Zabulon et de Nephtali », et de l’autre « la route de la mer et le pays d’au-delà du Jourdain », le pays des païens… Ce « peuple » qu’évoque St Matthieu juste après est donc l’humanité tout entière constituée des Juifs et des païens. Et tous « habitent dans les ténèbres », ce qui signifie, Dieu étant Lumière (1Jn 1,5), que les hommes lui ont fermé la porte de leur cœur et de leur vie. Ils vivent sans Lui… Or, la Lumière de Dieu est tout à la fois Esprit (Jn 4,24) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Être privé de cette Lumière, c’est vivre en étant privé d’une Plénitude de Vie spirituelle : c’est être spirituellement mort… « Habiter dans les ténèbres », c’est donc « habiter le pays de l’ombre et de la mort »…

            Le ministère public de Jésus commence donc par une allusion à ce péché qui touche tout homme. « Tous ont péché et sont privés de la Gloire de Dieu… Et le salaire du péché, c’est la mort ; mais le Don gratuit de Dieu, c’est la Vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 3,9-26 ; 6,23). Et St Matthieu, en quelques mots, va nous résumer ici tout l’Evangile. Dieu, tout en ne cessant jamais de respecter notre liberté, car il n’y a pas d’amour vrai sans liberté, s’est fait homme, avec le Fils et par le Fils, pour nous rejoindre dans nos ténèbres et nous appeler à passer avec Lui des ténèbres à la Lumière, de la mort à la Vie. Telle est bien la démarche de Celui qui Est Amour (1Jn 4,8.16), de Celui qui n’est qu’Amour et qui ne pense, ne veut, ne désire que notre bien : « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien. Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur » (Jr 32,40-41). Alors, avec Jésus, le Fils, « vrai Dieu né du vrai Dieu, Lumière née de la Lumière », et aussi vrai homme, « le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande Lumière ». « Je suis la Lumière du monde », dira-t-il. « Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12), gratuitement, par amour, alors que nous en étions tous privés par suite de nos fautes. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ? « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,22-24), pour toujours…                                                                          DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Venez derrière moi,

et je vous ferai pêcheurs d’hommes.»

 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Math 4, 12-33)

 Après avoir repoussé le Tentateur qui voulait lui faire prendre d’autres chemins que celui de son Père pour sa Mission de Sauveur, Jésus commence son ministère en Galilée, où il s’est retiré après la mort de Jean Baptiste par Hérode Antipas.

Soulignons les mots importants

Galilée : Comment Isaïe appelle cette région ? Est ce que cela nous donne une indication sur la mission de Jésus ?

Il quitta Nazareth  pour Capharnaüm au bord du lac : Quel sens Mathieu donne-t-il à ce déplacement de Jésus ?

Convertissez-vous : Cet appel précède l’annonce du Royaume : pourquoi ?

Le Royaume des cieux est tout proche. Comment dire en quelques mots ce qu’est le « Royaume des cieux ».

Jésus vit deux frères…il vit deux autres frères. « Venez derrière moi…Il les « appela » : Quelle est la vocation fondamentale de tout homme ? Dans toute vocation, qui est-ce qui a l’initiative ?

Pêcheurs d’hommes : Que veut dire Jésus ?

Laissant leurs filets…laissant leur barque

Ils le suivirent : Dans l’évangile, l’expression « suivre le Christ » veut dire quelque chose de précis : le savons-nous ?

Jésus enseignait : C’était une part importante du ministère de Jésus.

La Bonne Nouvelle du Royaume : En quoi le Royaume est une Bonne Nouvelle pour les hommes ?

Guérissait toute maladie et toute infirmité : Quelle est la signification de toutes ces guérisons  dans l’annonce du Royaume de Dieu.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

 Seigneur Jésus, avec toi, le Royaume des cieux s’est approché de nous. Change toi-même nos cœurs pour que le Règne de Dieu ton Père s’installe au plus profond de nous. Fais de nous tes disciples, prêts à répondre à ton appel. Remplis nous de ton audace et de ton courage pour que nous proclamions, envers et contre tout, par nos paroles et par nos gestes, que Dieu aime tous les hommes et veut leur bonheur.

 

      

Pour l’animateur 

Jésus se retire en Galilée, carrefour des nations païennes. Il s’installe à Capharnaüm, ville de pêcheurs : la maison de Pierre devient un peu sa maison. Nazareth était le village de son « Incarnation », de son « enfouissement » dans la vie humaine ; Capharnaüm devient la base de son ministère de missionnaire du Royaume. Mathieu voit dans ce déplacement la réalisation de la prophétie d’Isaïe.

Convertissez-vous : Jésus commence par faire cet appel, parce que l’efficacité du Règne de Dieu dépend de l’accueil que l’homme lui réserve. La proclamation de la Bonne Nouvelle du Royaume des cieux (ou du Règne de Dieu) sera le cœur, l’objet et la raison d’être de tout le ministère de Jésus : sa prédication, ses enseignements, ses attitudes, ses choix, ses gestes, ses miracles, sa Passion et sa mort. En sa personne, le Règne de Dieu s’est approché.

Jésus commence par « appeler » des hommes à le suivre. Dans toute la Bible, Dieu a l’initiative de l’alliance : il appelle (Abraham, Moïse, les prophètes…et finalement tout le peuple) et son appel met en mouvement. Jésus, l’Envoyé du Père, appelle : appel à la conversion, appel à le suivre, appel à collaborer à la venue du Règne de Dieu. Quelle puissance de séduction devait avoir le regard de Jésus et son appel, pour que des hommes acceptent de tout quitter, ce qu’ils ont de plus cher, (« leur père ») pour le suivre. Ils laissent leurs filets, leur barque, c’est à dire leur outil de travail pour devenir des « pêcheurs d’hommes » : C’est une annonce discrète de la mission chrétienne, l’engagement au service du Règne de Dieu parmi les hommes. Suivre le Christ, c’est devenir son disciple. C’est dans la mesure où l’on est disciple que l’on peut se prétendre missionnaire.

Ce Règne de Dieu pour autant n’était pas clair dans les esprits : de nombreux juifs du temps de Jésus espéraient que le Messie allait restaurer la royauté de la descendance de David en soumettant les peuples ennemis, d’autres espéraient que le Règne de Dieu viendrait des cieux dans un monde à venir car le monde présent est mauvais ; pour d’autres, la venue du Règne de Dieu supposait la conversion à la Loi.

Jésus apparaîtra tout au long de l’évangile de Mathieu comme le Maître qui enseigne, le nouveau Moïse. Les paraboles du Royaume seront nombreuses pour essayer de la faire comprendre.

Jésus annonce le Royaume et il fait des gestes qui font reculer tout ce qui fait du mal à la personne humaine : maladie et infirmité doivent disparaître totalement dans le Royaume de Dieu. Dès maintenant, il faut lutter contre toutes les misères humaines. Dieu Règne quand les hommes sont libérés de toutes les formes de mal.

 

LA PAROLE DANS NOS MAINS

Nous vivons dans une société qui est de plus en plus un carrefour de croyants de toutes sortes, de toutes convictions, et aussi d’incroyants : une terre de mission.

Et nous sommes les disciples de Jésus dans notre famille, notre quartier, notre travail : comment avoir la même audace que Jésus pour annoncer l’Evangile ?

Croyons-nous que le Christ continue d’appeler des hommes à le suivre ? Nous mettons-nous à son service pour cette tâche ?

Quels sont les gestes que nous pouvons poser pour faire avancer le Royaume faces aux « maladies et aux infirmités » de notre monde.

Quelle est notre préoccupation pour les vocations : de prêtres, de religieux et religieuses, de laïcs engagés au service du Royaume ?

Ensemble prions 

  • Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité : pour que l’Evangile pénètre nos vies et nous aide à trouver le vrai visage du Christ, Prions le Seigneur. 

  • Pour que les peuples, avec leur culture, puisse reconnaître comme Sauveur, Jésus Fils de Dieu. Prions.

  • « Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est là. » Pour que nous aidions les autres à découvrir le Christ dans tout ce qui est bon et bien. Prions.

  • Pour que nous nous engagions dans la mission de l’Eglise avec assez d’enthousiasme pour dépasser les échecs, prions.

 

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2ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Celui sur qui tu verras l’Esprit

Il m’avait été dit : »Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre, c’est Lui qui baptisera dans l’Esprit ! » et moi je baptise dans l’eau.

En entrant dans le mystère du baptême du Seigneur, on pourrait se poser la question qui, je crois, n’est pas tout à fait gratuite : pourquoi datons-nous ou fixons-nous le début du ministère public de Jésus au baptême qu’Il a reçu des mains de Jean ? Il y a de fort bonnes raisons théologiques pour cela, c’est généralement celles que l’on développe. Mais aujourd’hui, j’aimerais vous donner une raison « physique », à la charnière entre la géographie sacrée, la cosmologie et ce qu’on appelait les sciences naturelles. Je m’explique.

Dans le monde ancien, on avait une certaine manière de comprendre les choses, de comprendre le monde, comment le monde était organisé. Vous avez remarqué, surtout à travers certains psaumes, que le monde est organisé d’une certaine manière. Les éléments du monde ont entre eux un certain nombre de rapports et notamment il y a toujours une chose qui revient : c’est que l’eau est le domaine du « désorganisé » et de ce qui désorganise. Chez les anciens, l’eau a quelque chose de traumatisant parce qu’on ne peut pas la maîtriser. On ne savait pas encore faire des barrages en béton, on ne savait pas canaliser les fleuves, par conséquent, l’eau avait quelque chose de terrifiant. Et surtout l’eau, c’est quelque chose que vous ne pouvez pas modeler, vous ne pouvez pas la transformer, vous ne pouvez pas la maîtriser.

Le deuxième élément, c’est l’air, tout ce qui a rapport à l’esprit, au souffle. Vous savez comment, à plusieurs reprises dans la Bible, il y a une sorte d’antinomie, une sorte d’opposition entre l’eau et le souffle. Dès le début, les eaux du chaos primordial sont dominées par un souffle, un Esprit, un souffle d’Esprit de Dieu qui tournoie au-dessus d’elles. Au moment où Moïse doit faire franchir la mer Rouge au peuple, c’est un vent violent qui souffle sur la mer et qui l’ouvre devant le peuple.

Et entre les deux, il y a généralement la terre. La terre c’est ce domaine humain de l’organisable. On construit des maisons, on trace des routes, on plante des vignes. Par définition, la terre c’est le monde habitable. Le souffle, on ne peut pas trop vivre en l’air, c’est plutôt dangereux, il y a bien quelques personnes qui s’y essaient. L’eau, vivre comme des poissons ou des crabes, ce n’est pas très profitable. Mais par contre, vivre dans l’espace de la terre habitée ou habitable, c’est fondamental. C’est là que se déroule toute la vie sociale de l’homme.

Or, dit le psaume 28, « la voix du Seigneur sur les eaux ». Comment exprime-t-on la puissance de Dieu ? C’est une voix qui vient sur les eaux et qui les domine. La voix, c’est un élément du souffle, c’est un élément spirituel, à la fois parce qu’il met en jeu l’air qui vibre mais aussi l’esprit qui met en œuvre une pensée qu’elle traduit et exprime. Or, quand la voix vient sur les eaux, c’est le symbole de la maîtrise de ce monde chaotique et inorganisable, précisément par la voix de Dieu. On a déjà la même manière de voir dans les récits de création. Quand Dieu parle, Il parle « sur la masse des eaux » et sa voix sépare les eaux d’avec la terre, pour que les eaux laissent apparaître la terre. Donc, dans l’Antiquité, dans la pensée juive, cette coexistence des eaux, par définition désorganisées, fluentes, non maîtrisables, et de la voix, l’élément spirituel, le souffle, le vent, cette coexistence est le lieu même des interventions divines, la création, l’Exode, le passage du Jourdain. Qu’est-ce qui ouvre les eaux du Jourdain ? C’est la voix de Dieu répercutée à travers l’arche, c’est la Parole de Dieu qui ouvre les eaux du Jourdain. Par conséquent le moment où le peuple franchit le Jourdain pour entrer dans l’existence nouvelle de la terre promise c’est la voix du Seigneur qui est littéralement descendue sur les eaux et qui a eu prise sur les eaux.

Vous voyez pourquoi je vous parlais de sciences naturelles. C’est parce que, dans ce monde-là, la conjonction du souffle, de l’Esprit, de la voix et des eaux, c’est un indice certain de révélation divine. Et au moment-même où les deux éléments se mélangent, si la voix est divine, si « elle taille des éclairs de feu » (ce sont les éclairs et le tonnerre, c’est pour cela que le tonnerre c’est la voix de Dieu, c’est parce que c’est un bruit qui maîtrise tout l’univers, qui traverse le ciel), quand la voix est divine, elle maîtrise la puissance des eaux. C’est pour cela que le psaume 73 dit : « Toi qui as réussi à organiser le monde, par quoi as-Tu commencé ? Par fracasser la tête du dragon dans les eaux » c’est-à-dire par détruire dans les eaux le pouvoir de dispersion et de désorganisation qu’elles portent en elles. Et à partir de ce moment-là, tu as pu agencer, rythmer la lumière du soleil, agencer les saisons et faire que tout le monde devienne habitable et vivable.

Si on y réfléchit, le baptême du Christ, c’est exactement cela. Il y a conjonction entre la voix du Père et le fleuve du Jourdain. La « voix du Père retentit sur les eaux » et les eaux du Jourdain, habituellement symbole de la mort, de la désorganisation, de la menace, de l’inorganique, sont subitement maîtrisées. Parce que la voix du Père résonne sur les eaux du Jourdain, la conjonction des deux éléments s’opère. Mais, alors que dans les autres créations, création du monde, création du peuple, la terre était l’élément intermédiaire qui apparaissait entre les deux, ici, entre les deux c’est la chair du Christ qui se présente. Le peuple n’entre plus dans la Terre Promise, mais ce qui est à la jonction de la voix du Père, de l’Esprit qui tombe et de l’eau, c’est la personne, c’est la chair du Christ, c’est le Messie. Autrement dit, le baptême c’est notre création messianique, c’est la re-création messianique de l’univers. Et c’est pour cela que ce baptême est si central. C’est le premier moment où l’univers surgit, par la chair du Christ, à l’existence messianique. On comprend qu’alors la personne même de Jésus devient le centre de convergence d’une part du Jourdain symbolisant l’inorganique avec la tête du dragon qu’Il est en train de piétiner dans les eaux, et d’autre part de la voix du Père qui tombe du ciel, « des cieux qui s’ouvrent » et du souffle de l’Esprit qui s’empare de la chair du Christ pour qu’Il devienne Celui qui va annoncer à tout homme que la création recommence. Maintenant, c’est l’aventure de la nouvelle création. Et au lieu qu’apparaisse simplement une terre sèche, comme au début du monde, au lieu qu’apparaisse simplement une terre pour le passage de l’Exode, au lieu qu’apparaisse simplement une terre qui est promise par le passage du Jourdain, ici, la nouvelle terre, c’est la personne même du Fils de Dieu incarné.

C’est pour cela que Jean-Baptiste peut dire que c’est un baptême d’eau et d’Esprit. C’est à nouveau la conjonction du ciel et de la terre et c’est une nouvelle création qui commence. Et vous comprenez pourquoi, dans la conscience primitive des chrétiens, le moment du baptême du Christ était le moment de la re-création du monde. Mais une création qui, au lieu d’avoir pour principe la pure et simple séparation des éléments, était le rassemblement et la concentration de tous les éléments dans la chair du Christ.

Vous voyez pourquoi « c’est là que tout commence », non pas que les choses d’avant n’aient pas eu de l’importance, non pas que l’Incarnation dans le sein de la vierge Marie n’ait pas eu de l’importance, mais on comprend que, pour les chrétiens primitifs, à cause de toutes les résonances de cosmologie qu’elle pouvait avoir, cette scène du baptême du Christ évoquait vraiment le moment même du commencement de la nouvelle création. Et l’on comprend pourquoi un évangile comme celui de saint Marc a pratiquement gardé comme manière d’annoncer le Christ, le moment où, plongé dans les eaux du Jourdain et baptisé par Jean, c’était le début de la nouvelle création messianique.

Que cette simple méditation sur les rapports de l’eau, de la voix, de l’Esprit, du souffle et surtout de la chair du Christ comme cette terre nouvelle qui surgit des eaux, que cette simple réflexion nous rappelle la puissance de la grâce de notre baptême. Car si on nous a baptisés, car si chacun d’entre nous, dans son corps, dans sa chair, dans son existence est devenu, comme le dit saint Paul, et vous comprenez maintenant toute la force que l’expression peut avoir, « une créature nouvelle » c’est-à-dire la conjonction dans les eaux mêmes du baptême, de notre condition humaine encore soumise au mal et à la tête du dragon et d’autre part de la puissance même de l’Esprit qui nous apporte la vie. Amen.




2ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

« Je ne le connaissais pas. »

Par deux fois Jean-Baptiste le dit, … et pourtant il parle de son cousin ! Car, quand bien même Jésus habitait en Galilée et Jean-Baptiste en Judée, ils ont quand même dû se rencontrer à plusieurs reprises lors de rencontres familiales. Alors, pourquoi cette affirmation ?

Peut-être faudrait-il lire :’’Je ne le connaissais pas … comme ça’’. C’est-à-dire qu’il y a quelque chose de nouveau qui se passe lors de cette rencontre sur les bords du Jourdain, quelque chose à laquelle Jean-Baptiste ne s’attendait pas, et qui lui fait découvrir un autre visage de son cousin.

C’est un cas qui nous est certainement arrivé avec quelques unes de nos connaissances : nous croyons bien les connaître, et puis un jour ils font quelque chose qui nous surprend, en bien ou en mal, et nous avons l’impression de nous trouver devant quelqu’un de nouveau, quelqu’un qu’on ne connaissait pas !

Quel est donc cet évènement qui fait apparaître Jésus comme quelqu’un de nouveau à Jean-Baptiste ?

Il le dit plus loin : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel … et il demeura sur lui (…).’Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit-Saint’. … c’est lui le Fils de Dieu’ »

Jean-Baptiste se rend compte que son cousin, charpentier de son état, est celui dont il parle depuis quelques temps, et dont il demande de préparer la venue : Le Messie tant attendu par les juifs.

La venue de l’Esprit sur Jésus est pour Jean-Baptiste une véritable épiphanie : Jésus se manifeste à lui comme le Fils de Dieu, et il en est bouleversé !

Et il repense à ce qu’il annonce, à la prophétie d’Isaïe (Is 40,3-5), et d’autres textes d’Isaïe, dont le serviteur souffrant qu’on compare à un agneau qu’on mène à l’abattoir (Is 53).

C’est pourquoi il peut dire : « Voici l’agneau de Dieu »

Par deux fois aussi, Jean fait dire à Jean-Baptiste : « J’ai vu ! ».

Pour Jean, Jésus se révèle par la vision de ce qu’il fait : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Et le matin de la résurrection, Jean dit, en parlant de lui : « Il vit et il crut » (Jn 20,8). Il comprend que Jésus est l’agneau offert en sacrifice au Golgotha, mais aussi Fils de Dieu, Dieu lui-même (Jn 1,1). C’est l’affirmation que Jésus est homme et Dieu. Dès le début de son évangile, Jean nous montre Jésus comme l’agneau du sacrifice (cf Gn 22,8). Jésus ne peut se concevoir sans la croix.

Et c’est bien ce qui déconcerte tant de gens aujourd’hui : ils veulent bien du Jésus qui délivre son message d’amour, de partage, d’attention aux pauvres, aux faibles, aux malades … mais ils ne veulent pas du Jésus souffrant, mort sur la croix … et parfois aussi de sa résurrection.

Et pourtant, ces deux Jésus ne font qu’un.

D’autant que Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8,34). Alors là …

Au début de ce temps ordinaire, pour que ce soit bien présent dans nos esprits, l’Église nous rappelle par ce passage de l’évangile que Jésus est à la fois homme et Dieu, et qu’il est venu pour racheter tous les péchés des hommes par son sacrifice sur la croix : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

Seigneur Jésus,

L’Esprit Saint qui descend sur toi à ton baptême

est pour Jean-Baptiste la révélation que

tu es le Messie, le Fils de Dieu.

Mais aussi que tu es l’Agneau de Dieu,

celui qui enlève le péché du monde

en s’offrant en sacrifice pour nous.

Merci d’être venu pour nous.

 

Francis Cousin