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« Heureux les pauvres de cœur … »
Les béatitudes, tout le monde connaît ou presque ; Mais pour beaucoup, le discours de Jésus passe comme une utopie, quelque chose qu’on ne peut pas atteindre. Et puis, dans la mentalité du monde d’aujourd’hui, cela sonne comme quelque chose de fou : « Heureux … » ! Ce n’est pas comme cela qu’on obtient le bonheur ! Pour avoir le bonheur, il faut de l’argent, pour avoir du confort, ceci, ou encore cela …
Parce qu’on confond le bonheur avec les plaisirs !
Les trois lectures vont dans le même sens : la rencontre de Dieu à travers notre petitesse. Dieu nous attend tels que nous sommes. Mais il nous faut faire un pas vers lui.
Cherchez ! nous dit Sophonie : « Cherchez le Seigneur,… Cherchez la justice (celle de Dieu, être reconnu comme juste devant Dieu, et pour cela il faut pratiquer la justice des hommes),… cherchez l’humilité ».
Et le plus important, c’est le dernier terme : l’humilité. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé » (Mt 23,11). Avec l’humilité, on peut être reconnu comme juste devant Dieu, et ainsi rencontrer le Seigneur.
C’est l’attitude devant Dieu qui importe. Saint Paul nous le dit bien dans la 2° lecture : « Parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni des gens puissants ou de haute naissance. Au contraire, ce qu’il y a de fou dans le monde, (…) ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… ».
Dieu préfère les petits, Dieu préfère les faibles, ceux qui ne s’enorgueillissent pas devant lui. Comme il le dit à saint Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2 Co 12,9). Laisser Dieu faire à travers nous …
Finalement, tout cela revient à dire : « Heureux les pauvres de cœur … », ceux qui gardent une foi humble dans le Seigneur quelques soient les épreuves, qui mettent leur espoir en lui, qui restent toujours assurés de la fidélité de Dieu, « car le Royaume des cieux est à eux. ».
Saint Matthieu nous donne une liste de huit béatitudes qui s’adressent à tous, plus une neuvième pour certains. Si on prend les huit premières, on se rend compte que Jésus détaille différents aspects de vie, mais qu’elles sont toutes contenues dans la première : si on a un cœur de pauvre, devant Dieu et devant les hommes, on peut pleurer, on est doux, on a faim de justice, on est miséricordieux, on a un cœur pur, on est artisan de paix, et on peut aussi être persécuté pour la justice…
Avoir un cœur de pauvre est un préalable à toutes les autres situations. Et pour bien montrer cette unité, la première et la huitième béatitude ont la même conclusion : « car le Royaume des cieux est à eux. », avec le verbe au présent, alors qu’il est au futur pour les six autres.
Être pauvre de cœur, être faible, être humble, … voila ce qui nous conduit à Dieu, et qui permet à Dieu d’œuvrer à travers nous.
C’est sans doute différent de la mentalité du monde, mais c’est le plus sûr chemin pour aller vers Dieu. Retenons ce conseil : « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, car grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles. » (Si 3,18-20).
Nombre de saints ont suivi ces préceptes : François d’Assise bien sûr, mais aussi Charles de Foucauld, ou encore Thérèse de l’Enfant Jésus : « Rester petit, c’est reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu, ne pas trop s’affliger de ses fautes, ne point gagner de fortune, ne s’inquiéter de rien,… vouloir ne pas se suffire à soi-même,… se sentir incapable de gagner sa vie, la Vie éternelle… »
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.
Non, mais je tiens mon âme en paix et silence ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.
Mets ton espoir dans le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais.
Psaume 131
Francis Cousin
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« Je ne le connaissais pas. »
Par deux fois Jean-Baptiste le dit, … et pourtant il parle de son cousin ! Car, quand bien même Jésus habitait en Galilée et Jean-Baptiste en Judée, ils ont quand même dû se rencontrer à plusieurs reprises lors de rencontres familiales. Alors, pourquoi cette affirmation ?
Peut-être faudrait-il lire :’’Je ne le connaissais pas … comme ça’’. C’est-à-dire qu’il y a quelque chose de nouveau qui se passe lors de cette rencontre sur les bords du Jourdain, quelque chose à laquelle Jean-Baptiste ne s’attendait pas, et qui lui fait découvrir un autre visage de son cousin.
C’est un cas qui nous est certainement arrivé avec quelques unes de nos connaissances : nous croyons bien les connaître, et puis un jour ils font quelque chose qui nous surprend, en bien ou en mal, et nous avons l’impression de nous trouver devant quelqu’un de nouveau, quelqu’un qu’on ne connaissait pas !
Quel est donc cet évènement qui fait apparaître Jésus comme quelqu’un de nouveau à Jean-Baptiste ?
Il le dit plus loin : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel … et il demeura sur lui (…).’Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit-Saint’. … c’est lui le Fils de Dieu’ »
Jean-Baptiste se rend compte que son cousin, charpentier de son état, est celui dont il parle depuis quelques temps, et dont il demande de préparer la venue : Le Messie tant attendu par les juifs.
La venue de l’Esprit sur Jésus est pour Jean-Baptiste une véritable épiphanie : Jésus se manifeste à lui comme le Fils de Dieu, et il en est bouleversé !
Et il repense à ce qu’il annonce, à la prophétie d’Isaïe (Is 40,3-5), et d’autres textes d’Isaïe, dont le serviteur souffrant qu’on compare à un agneau qu’on mène à l’abattoir (Is 53).
C’est pourquoi il peut dire : « Voici l’agneau de Dieu »
Par deux fois aussi, Jean fait dire à Jean-Baptiste : « J’ai vu ! ».
Pour Jean, Jésus se révèle par la vision de ce qu’il fait : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Et le matin de la résurrection, Jean dit, en parlant de lui : « Il vit et il crut » (Jn 20,8). Il comprend que Jésus est l’agneau offert en sacrifice au Golgotha, mais aussi Fils de Dieu, Dieu lui-même (Jn 1,1). C’est l’affirmation que Jésus est homme et Dieu. Dès le début de son évangile, Jean nous montre Jésus comme l’agneau du sacrifice (cf Gn 22,8). Jésus ne peut se concevoir sans la croix.
Et c’est bien ce qui déconcerte tant de gens aujourd’hui : ils veulent bien du Jésus qui délivre son message d’amour, de partage, d’attention aux pauvres, aux faibles, aux malades … mais ils ne veulent pas du Jésus souffrant, mort sur la croix … et parfois aussi de sa résurrection.
Et pourtant, ces deux Jésus ne font qu’un.
D’autant que Jésus nous dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. » (Mc 8,34). Alors là …
Au début de ce temps ordinaire, pour que ce soit bien présent dans nos esprits, l’Église nous rappelle par ce passage de l’évangile que Jésus est à la fois homme et Dieu, et qu’il est venu pour racheter tous les péchés des hommes par son sacrifice sur la croix : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».
Seigneur Jésus,
L’Esprit Saint qui descend sur toi à ton baptême
est pour Jean-Baptiste la révélation que
tu es le Messie, le Fils de Dieu.
Mais aussi que tu es l’Agneau de Dieu,
celui qui enlève le péché du monde
en s’offrant en sacrifice pour nous.
Merci d’être venu pour nous.
Francis Cousin