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Messe du jour de Noël – Année C – Claude WON FAH HIN

Commentaire du Dimanche 25 décembre 2016 – Messe du jour de Noël

Jésus est le Verbe qui a toujours existé, de toute éternité, avant la Création, étant lui-même à l’origine de la Création : « Tout fut par Lui et sans Lui rien ne fut » tandis que nous, nous sommes de la poussière qui a pris vie par le souffle de l’Esprit (Gn 2,7). Gn 3,19 : « tu es poussière et tu retourneras en poussière ». Jésus est Dieu auprès de Dieu, ayant l’un envers l’autre un amour réciproque. Dieu a pour ainsi dire besoin en permanence de Dieu, alors que la poussière, devenue créature de Dieu, se complaît souvent dans sa poussière et se montre souvent indifférente vis-à-vis de Dieu, croyant pouvoir vivre sans Dieu : « Il était dans le monde et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli ». Le monde dont on parle est un monde de ténèbres parce qu’il préfère rester sciemment, et c’est son choix, sous l’emprise de l’Esprit du Mal qui lui fait miroiter toutes sortes de belles choses de la vie, auxquelles il ne peut résister et dont il n’a pas conscience que tout cela c’est fait pour la ruine de son âme. C’est un monde où Dieu n’existe pas, où l’on a choisi de ne pas le rencontrer, de le rejeter même, un monde de corruption : corruption du corps, corruption de l’âme, corruption des relations, dans le but d’avoir la reconnaissance des hommes, les honneurs et l’argent. Pour ce monde-là, c’est tout ce qui compte. Il croit vivre, de cette manière, mieux que tout le monde, alors qu’il suffirait d’une simple rencontre authentique avec Dieu pour que tout un retournement de situation puisse se faire. Le Verbe est la vie (Jn 14,6 : « Je suis le chemin, la vérité et la Vie »), et il ne donne que la Vie. Lui seul est capable de pénétrer les ténèbres pour illuminer et faire vivre ceux qui ne veulent pas rester « dan’fénoir », car la Vie est la lumière des hommes. Si le monde des hommes est un monde de « ténèbres », Jésus est le seul capable de percer ces ténèbres, de luire, de briller à travers elles, car il est lumière véritable qui éclaire tout homme. Et là, Dieu met chacun de nous devant ses propres responsabilités. Dt 30,19 : « je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction ». Et il insiste : « Choisis donc la vie, pour que, toi et ta postérité, vous viviez ». Autrement dit, malgré les apparences trompeuses, la vie du monde sans Dieu n’est pas une vie véritable, et Dieu nous propose de « choisir la vie pour que, toi et ta postérité (ta descendance) , vous viviez ». C’est cette vie, que Dieu nous propose, qui nous donnera de vivre véritablement déjà en ce monde, une vie faite d’amour et de paix, car « la paix est signe certain de la présence de Dieu » nous dit Padre Pio, et qui s’achèvera dans son Royaume de façon éternelle. – Dieu nous propose la vie, et c’est la Vie qui nous est donnée en ce Jour de Noël, en la personne de Jésus. Is 9,1.5 : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi. 5 Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné… ». Cette grande lumière vient nous illuminer, nous transformer, nous transfigurer, nous sanctifier jusqu’à devenir nous-mêmes « lumières », à la ressemblance de cette grande lumière, source de toute lumière. Mt 5,14 : « Vous êtes la lumière du monde ». On est alors « dans le monde sans être du monde », étant devenu lumière du monde. Tous ceux qui acceptent la venue du Christ et qui se mettent à sa suite sont « lumières du monde ». Jn 8,12 : « Moi, je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais aura la lumière de la vie ». La vie est lumière. Voici comment le Pape François nous parle de la lumière (« Méditations quotidiennes – P.266-267) : « La lumière de Jésus est une lumière humble, qui ne s’impose pas. C’est une lumière douce, qui a la force de la douceur, une lumière qui parle au cœur et c’est également une lumière qui offre la croix. Si nous, dans notre lumière intérieure, nous sommes des hommes doux, nous entendons la voix de Jésus dans le cœur, et nous regardons sans peur la croix dans la lumière de Jésus… Mais si, au contraire, nous nous laissons aveugler par une lumière qui nous rend sûrs de nous, orgueilleux, et nous conduit à regarder les autres de haut, à les mépriser avec arrogance, il est certain que nous ne nous trouvons pas en présence de la lumière de Jésus. C’est au contraire la lumière du diable travesti en Jésus, en ange de lumière. Nous devons faire la distinction : là où se trouve Jésus se trouve toujours l’humilité, la douceur, l’amour et la croix. ..» (Pape François). Tout le monde sait que la lumière c’est la vie. Il suffit d’une simple panne d’électricité pour comprendre ce qu’est une vie sans lumière. Accepter la lumière qu’est le Christ, c’est accepter la vie divine, une vie rayonnante de joie, de paix, de bonheur, d’autant plus que le Christ est lui-même la Vie, Il est à Lui seul le paradis dont on cherche sans cesse. Jn 6,32-33 : « 32 …c’est mon Père qui vous donne le pain qui vient du ciel, le vrai; 33 car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et donne la vie au monde ». Jésus nous est envoyé par son Père pour nous éclairer, et faire de nous des lumières qui donnent la vie au monde. Et Le Pape François nous dit que c’est « une lumière que le monde n’a pas apprécié, mais qui, toutefois, nous sauve des ténèbres, des ténèbres du péché » (Pape François – Méditations quotidiennes – P. 266). « On pense souvent que la lumière nous est donnée par les nombreuses découvertes scientifiques ou encore par le développement des techniques modernes d’information, mais la lumière de Jésus est autre chose ». La vie offerte par les scientifiques et par les politiques, c’est souvent une affaire de gros sous, à coup de milliards, et de pouvoir. Mais seul Dieu nous offre une vie par Amour et miséricorde, une vie d’Amour, pour notre seul bien-être, pas seulement sur terre, mais pour l’éternité. Rien ne remplacera la Paix que Dieu nous donne par amour. Et tous ceux qui se mettent à la suite de l’enfant Jésus et qui l’acclament aujourd’hui, jour de son incarnation, constitue (1 P 2,9) « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ». « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, 13 eux qui ne furent engendrés ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu ». Nous sommes « enfants de Dieu » par notre baptême, peuple de Dieu et une nation sainte, uni par amour de Dieu en la personne de Jésus. Nous sommes l’Église catholique, c’est-à-dire « universelle », dans un double sens :
• CEC 830 Elle est catholique parce qu’en elle le Christ est présent.  » Là où est le Christ Jésus, là est l’Église Catholique  » (S. Ignace d’Antioche). En elle, subsiste la plénitude du Corps du Christ (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu’elle reçoive de lui  » la plénitude des moyens de salut  » (AG 6). Elle possède, universellement et intégralement, tous les moyens du salut dont les sacrements. CEC 504 : C’est de  » sa plénitude  » à lui, tête de l’humanité rachetée (cf. Col 1, 18), que  » nous avons reçu grâce sur grâce  » (Jn 1, 16). La plénitude désigne, entre autres, l’ensemble des bénédictions et des biens que Dieu le Père donne à son Fils pour qu’il nous les redistribue au sein de l’Eglise principalement par les sacrements.
• et ensuite parce que sa mission embrasse l’ensemble du genre humain » (CEC 830).
Nous sommes amenés à ne pas nous renfermer en nous-mêmes, comme pour se dire égoïstement « nous sommes peuple de Dieu et tant pis pour les autres ». Ac 26,23 : « (Je t’envoie, moi) pour leur ouvrir les yeux, afin qu’elles reviennent des ténèbres à la lumière et de l’empire de Satan à Dieu, et qu’elles obtiennent, par la foi en moi, la rémission de leurs péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés ». Comme Dieu le Père a envoyé son Fils parmi nous, nous aussi, nous sommes envoyés dans le monde par le Fils, pour leur dire, sans avoir honte de notre foi, avec toute notre faiblesse et la force que Dieu nous donne, qu’il faut se repentir et changer de vie afin d’avoir la vie éternelle. Si nous sommes heureux avec Dieu, il faut le faire savoir aux autres et le leur faire partager afin de leur donner cette envie de connaître l’Amour qui est Dieu. « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne. C’est la voix de tes guetteurs : ils élèvent la voix, ensemble ils poussent des cris de joie. Ensemble poussez des cris, des cris de joie, … car Yahvé a consolé son peuple, il a racheté Jérusalem. Yahvé a découvert son bras de sainteté aux yeux de toutes les nations, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu ». le Pape François [« Méditations quotidiennes – P. 54-55] nous dit : « Devenez des baptisés courageux. L’Église ne peut pas être une baby-sitter qui prend soin d’un enfant pour qu’il s’endorme ». S’il en était ainsi, ce serait une Église assoupie. Qui a connu Jésus a aussi la force et le courage de l’annoncer. Et qui a reçu le baptême a la force de marcher, d’aller de l’avant, d’évangéliser et lorsque nous faisons cela, l’Église devient une mère qui engendre des enfants, capables d’apporter le Christ au monde. Demandons au Seigneur la grâce de devenir des baptisés courageux et sûrs que l’Esprit que nous avons en nous, au baptême, nous pousse toujours à annoncer Jésus Christ à travers notre vie, à travers notre témoignage et également à travers nos paroles ». – Aujourd’hui, c’est jour de joie pour tous les chrétiens alors que le monde des ténèbres, le monde qui rejette le Christ et l’Église, veut en faire un jour de fête sans Jésus. Avec la question de la laïcité, on veut un Noël de fête, de cadeaux, mais sans Dieu alors que Le Christ est au centre de la fête de Noël. Ne tombons pas dans ce piège d’un monde sans Dieu. Christ est parmi nous, gardons toute notre confiance en Lui. Joyeux Noël à tous !




Solennité de la Nativité du Seigneur par Francis COUSIN

Évangile selon Saint Luc 2, 1-14

« Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle,
qui sera une grande joie pour tout le peuple. »

Une grande joie … dans un monde triste !
Un monde triste à cause du chômage, des séparations familiales, des incertitudes politiques à cause des élections prochaines…
Un monde triste à cause de la guerre en Syrie et en Irak, de guerres larvées un peu partout dans le monde (Érythrée, Amérique du sud …)
Un monde triste à cause des derniers attentats en Égypte, en Tunisie et en Turquie …
Un monde triste à cause de la politique gouvernementale qui va dans le sens d’un refus du droit à la liberté de conscience et d’expression, notamment avec la loi de ’’délit d’entrave numérique’’ pour museler (ou tenter de museler !) les opposants au tout IVG, ou avec la loi obligeant les élus municipaux à célébrer des mariages homosexuels en faisant fi de leur liberté de conscience, ou encore ces circulaires permettant de reconnaître les enfants achetés à l’étranger selon la formule de la Gestation Pour Autrui (GPA) malgré l’interdiction de la GPA en France, au nom du droit à l’enfant des couples, et sans tenir compte du droit de l’enfant de vivre avec son père et sa mère biologiques.
On ne peut être indifférent à tous ces problèmes en ce jour où nous fêtons la venue d’un enfant sur terre, … et quel enfant !
Le Fils de Dieu, le Messie attendu par les juifs, ’’Conseiller-merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix’’, ’’l’Emmanuel, Dieu avec nous’’, ’’Jésus, Dieu sauve !’’.
Oui, malgré la tristesse et l’amertume qui envahit nos cœurs, l’Évangile nous invite à rayonner de la joie de la Nativité de Jésus.
Parce que, même si nous ne le voyons pas, nous savons que Jésus est avec nous, comme il nous l’a dit (Mt 28,20), le plus souvent dans le silence.
Et nous savons que Jésus pleure sur les guerres de Syrie, du Liban, de l’Irak, comme il pleurait sur Jérusalem (Lc 19,41) qui n’avait pas compris son message de paix.
Nous savons que Jésus pleure sur les victimes des attentats, commis depuis trois mois, contre les chrétiens coptes du Caire, contre sœur Marie-Clara et le père Joseph Mulimbi en République populaire du Congo, contre le père Juan Viroche en Argentine, contre les pères José Lopez, Alejo Jiménez et José Suarez au Mexique, qui s’ajoutent aux onze prêtres, trois religieuses et six pasteurs tués depuis le début de l’année, dont le père Jacques Hamel.
Nous savons que Jésus pleure sur nos difficultés économiques, sociales et familiales, parce qu’il veut que nous soyons tous heureux.
Oui, Jésus pleure avec nous dans nos tristesses, mais en même temps, il nous insuffle une grande espérance pour une vie qui n’est pas de ce monde, une vie éternelle pour laquelle il vient sur terre en ce jour de Noël.

Oui, malgré les aléas de la vie qui nous font mal, rayonnons ’’de la joie du cœur, la joie intérieure qui nous fait avancer, et nous donne du courage ; la joie authentique dont nous sommes appelés à redécouvrir la saveur. La saveur de la vraie joie’’ (pape François).
Oui, osons la joie que met en nous Jésus en ce jour. La joie ultime qu’il nous donnera au jour de sa résurrection en nous permettant de nous rendre auprès de son Père (cf Jn 14,3).
Partageons cette joie en famille, avec les voisins, les pauvres, les malades, les isolés … Illuminons nos maisons, intérieur et extérieur, pour montrer aux autres notre joie ; allumons une bougie devant la crèche familiale…
Glorifions et louons Dieu avec les bergers. Chantons notre joie en répétant le message des anges :’’Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime !’’, et essayons de faire en sorte que cette paix se fasse autour de nous, et qu’elle s’étende jusqu’aux extrémités de la terre.

Seigneur Jésus,
tu viens sur notre terre comme un enfant,
comme tous les enfants,
pour nous donner la joie et la paix,
maintenant, et pour la vie éternelle.
Donne-nous d’être des artisans
de ta joie et de ta paix,
chaque jour de notre vie.

Francis Cousin




Solennité de la Nativité du Seigneur- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

 

Quand Dieu lui-même vient « nous changer la religion ».
« Un enfant nous est né, un Fils nous est donné » et le cours de l’histoire a été changé, et le cours de l’histoire a été brisé.
Frères et sœurs, c’est un paradoxe que nous soyons ici, ce soir, aussi nombreux : cela ne vous frappe pas parce que venir à la messe de minuit fait sûrement partie de nos habitudes. Au fond, si on faisait un sondage comme on en fait si souvent aujourd’hui pour savoir quel est le comportement normal du chrétien normal, on répondrait que le chrétien normal va normalement à la messe de minuit, ça fait partie du décor, des traditions et des habitudes.
C’est bien connu : aller à la messe de minuit, cela vous réchauffe le cœur car on se replonge dans sa propre tradition, quand on était gamin. On s’enracine également dans une tradition très ancienne : celle de notre appartenance à l’Église. C’est quand même un garde-fou, une sécurité, c’est le bon comportement qu’il faut avoir. Donc toujours le recours à la tradition.
Et la nuit de Noël, c’est toujours ce moment où l’on est ressaisi par les valeurs traditionnelles : pas simplement la musique, mais toutes les grandes idées et les idéaux qui nous tiennent à cœur : la paix dans le monde, la paix dans les familles, la paix dans les foyers, l’exaltation de la figure de l’enfant, tout cela aussi fait partie de ces valeurs traditionnelles auxquelles nous tenons. Autrement dit, pour la plupart d’entre nous ici, et ne chipotons pas sur la distinction entre pratiquants, non-pratiquants, elle n’a pas grande importance pour nous en cette nuit de Noël, notre présence à cette messe de minuit signifie notre désir de nous replonger dans un bain de tradition : on prend un bain de jeunesse ou de jouvence dans la tradition chrétienne, dans la tradition de notre religion.


C’est bien cela qui est un paradoxe. Parce que, de fait, aujourd’hui ce que nous fêtons réellement, le mystère de Noël et de l’Incarnation, c’est en fait la cassure de toutes les traditions. Vous ne l’imaginiez peut-être pas, mais c’est la vérité du Bon Dieu, et c’est le cas de le dire : il n’y a rien dans la foi chrétienne de plus anticonformiste, de plus briseur de traditions que le mystère que nous fêtons en cette nuit. Nous fêtons une réelle cassure, une brisure radicale dans l’histoire de l’humanité. Je m’explique : qu’est-ce que c’est que la religion ? La plupart des religions qui existent dans le monde se comprennent et se proposent comme un effort pour penser Dieu, pour approcher Dieu, pour contrôler ou maîtriser la présence de Dieu. La plupart des religions se présentent comme un effort presque désespéré de l’homme pour se représenter qui est Dieu, le divin ou les dieux, peu importe. Et la religion est donc la tentative indéfiniment recommencée de se forger des idées sur Dieu. Et d’ailleurs nous-mêmes, en bons catholiques, nous nous imaginons volontiers que notre religion est un système, et nous pensons que le Credo que nous allons chanter tout à l’heure équivaut à un ensemble de principes auxquels nous nous tenons, et sur lesquels nous fondons notre représentation du divin.
Par exemple, il y des hommes qui pensent que Dieu est tout seul, nous, nous pensons que le Dieu unique est une communion de trois personnes, que le Père a un Fils et que ce Fils est venu dans l’histoire des hommes. Il y a d’autres hommes qui pensent que les esprits divins vivent dans les palmiers ou dans les pommes de terre. Quels que soient les systèmes, nous pensons toujours que la religion est un système, un ensemble de pensées et d’idées. Ce qui explique d’ailleurs que, dans l’histoire religieuse de l’humanité, on assiste à de terribles crises de violence et de haine entre les religions : quand on ne partage pas le même système, on est obligé de montrer à l’autre qu’on a raison contre lui et donc on se donne généralement comme but de détruire son système, et, hélas, on a souvent considéré que le moyen le plus simple de détruire le système, c’était d’en détruire les adeptes.
Aujourd’hui nous sommes devenus un peu plus prudents là-dessus, heureusement, mais notre conception de la religion n’a pas vraiment évolué pour autant. Aujourd’hui encore, la religion c’est d’avoir des pensées pieuses. Quand on est à l’église, on se recueille, on ajuste un comportement bien approprié, on se recueille, on ferme les yeux, on ne pense plus à son voisin, on ne le regarde surtout pas, on ne lui donne pas la main au baiser de paix parce que ça pourrait être choquant. Sans nous en rendre compte, nous assimilons toutes les religions, y compris la nôtre, à l’adoption de comportements, d’habitudes de pensée, de représentations et d’idées religieuses. La religion, c’est trop souvent, hélas, des idées ! Et c’est ce qui la tue d’ailleurs, parce qu’à force d’être réduite à des idées, elle plane si haut qu’on a l’impression qu’on en éprouve le besoin simplement dans les grandes occasions : un tout petit verre, comme un fond de Cognac, la messe de Noël, par exemple, et puis après, on se sent requinqué jusqu’à l’année suivante.
Or, c’est exactement l’inverse que nous fêtons ce soir et si vous sortiez de l’église tout à l’heure avec cette conviction chevillée au cœur, je crois que j’aurais gagné ma soirée ! Ce que nous fêtons ce soir c’est précisément le moment où la religion a cessé d’être une idée, d’être un système de pensées, pour devenir quoi ? Pour devenir un fait.
Ce soir, c’est comme si Dieu avait dit : « J’en ai assez d’être une idée pour eux, Je viens chez eux moi-même en personne, en chair et en os ». Au lieu de nous laisser deviner qui est Dieu, c’est lui qui vient nous manifester qui il est. Nous fêtons Dieu qui vient au cœur de sa création, comme un fait : Dieu nous met devant le fait accompli: « Je suis là ». Noël, c’est Dieu qui n’est plus une idée mais le fait accompli. C’est tout.
Vous remarquerez d’ailleurs que c’est assez habile de la part de Dieu, parce qu’il est venu comme un enfant. Et l’on a beau attendre pendant neuf mois la naissance d’un enfant et s’y préparer le cœur, au moment où il naît, c’est alors qu’il est là, et bien là, quand il pousse son premier cri. Il paraît que c’est à ce moment-là que les pères se découvrent une vocation de paternité dont ils ne se doutaient pas auparavant, c’est donc bien significatif : la naissance d’un enfant, c’est le fait inexplicable, mystérieux, fascinant de sa présence dans le monde des humains. Il semble que les mères soient davantage prêtes à cet événement que les pères. Mais pour l’un comme pour l’autre, tout à coup le bébé est là, et on se découvre ensemble comme père et mère.
« Un enfant nous est né, un fils nous est donné », dit la prophétie d’Isaïe dans la première lecture. Notre religion, notre foi chrétienne, ce n’est donc pas de penser des choses sur Dieu ce n’est même pas d’adopter des comportements pieux à propos de Dieu. Notre religion, c’est de casser le moule de cette manière de voir et de cette manière de faire et de cette manière de penser pour reconnaître purement et simplement le fait de la présence de Dieu chez les hommes : « Il est là ». Il nous est littéralement tombé sur les bras comme un fait accompli, et croire au Christ, être chrétien, c’est d’abord cela : passer des idées sur Dieu à la réalité d’un Dieu qui s’impose à nous, se donne à nous comme un fait. « Que vous le vouliez ou non, Je suis là ». C’est ce que nous proclamons dans la foi lorsqu’on dit que Dieu s’est incarné. « II a pris chair », ou encore : « Le Verbe, Dieu s’est fait chair », ou encore : « Un Enfant nous est né ». Autant de formules qui veulent dire la même chose : il s’appelle Emmanuel, ce qui veut dire Dieu-avec-nous, c’est le seul vrai nom de Jésus-Christ. Dieu est là, nous sommes mis devant le fait accompli et nous n’y pouvons rien. Et si les faits sont têtus, Dieu est le plus têtu de tous les faits.
Dieu est là depuis 2000 ans, avec cet entêtement, avec cette force du fait qui nous empêche ou devrait nous empêcher de le traiter comme une idée ou pire encore, comme une idéologie. Nous sommes invités à le traiter comme quelqu’un, cela renverse tout, et c’est la seule chose qui nous fait vivre comme chrétiens. La seule nouveauté de la foi chrétienne, que le christianisme nous ait apportée depuis 2000 ans, ce n’est pas une exigence morale supérieure, des exigences de vie sociale plus hautes, tout cela est, pour ainsi dire, compris dans le prix du billet, mais la vraie nouveauté que Dieu a apportée, c’est Lui.
C’est donc exactement le même problème que celui de la naissance d’un enfant. Quand un enfant va naître, on sait que normalement il sera un petit d’homme, un petit rejeton de la race humaine. Mais le jour où il naît, l’événement, c’est lui, il est là, lui personnellement. Et l’Église n’a jamais cessé de dire : « Il est là, Dieu en personne ». C’est pourquoi nous sommes ici ce soir, c’est parce que Dieu est là, Lui, comme un fait, comme une donnée de l’histoire humaine. Chaque fois que l’Église célèbre un sacrement, chaque fois que nous recevons la communion, nous pouvons nous dire la même chose : « Il est là, Lui, en personne ». Dieu n’est plus dans nos têtes, mais tout simplement parmi nous, au milieu de notre monde. Il n’est plus simplement un correspondant lointain avec lequel nous échangerions des messages, il est vraiment là, il a habité parmi nous. C’est tout simple, mais c’est la seule chose que Dieu a inventée pour nous changer la religion. Autrement dit, celui qui nous change la religion, c’est Dieu, et non comme on l’a dit parfois, le concile Vatican II.
Alors je vois tout de suite l’objection que vous avez envie de me faire : « C’est quand même un peu stupéfiant de dire que Dieu est là. Habituellement, quand un enfant est là, on le prend dans ses bras, on lui fait des câlins et des sourires ». Mais là, avec Dieu, faudrait-il faire des choses pareilles ? Précisément, il ne faut pas essayer de « faire semblant ». Il faut respecter cette présence de Dieu comme elle est. Comment ? Par le fait que, si Dieu a dit qu’il était là, il faut savoir qu’il a fait cela pour nous, et surtout à travers nous, et c’est peut-être le plus incroyable. S’il fallait que ce soir je montre le Christ, je vous montrerais vous-mêmes à vous-mêmes : ce soir, la foule de personnes que nous sommes ici, nous sommes le Christ et nous formons le Christ. C’est cela Noël. Et l’Église n’est rien d’autre que la présence du Christ dans l’humanité : « Je serai leur Dieu, Je serai avec eux et eux seront mon Peuple », ce qui, en aucun cas, ne signifierait : mes fans, mes partisans ou mes adhérents avec la carte du parti, mais de façon presque physique, charnelle : « Ils seront miens, totalement miens, si miens qu’ils seront moi-même qui suis leur Dieu ».
Voilà donc ce que nous fêtons ce soir. Le Christ n’est pas né ailleurs, le Christ ne s’est pas contenté de naître une fois pour toutes, il y a 2000 ans. Il veut naître ce soir, ici, maintenant. La seule raison justifiant notre présence ici ce soir, c’est la grâce de nous retrouver pour être ensemble le Christ. Peut-être que nous avions mille autres raisons explicites ou implicites de venir ici ce soir, et c’est pourquoi d’ailleurs je vous disais au début de cette homélie qu’il était un peu paradoxal que nous soyons si nombreux, car j’étais sûr que vous aviez beaucoup de bonnes ou moins bonnes « raisons », mais maintenant, vous le comprenez, la seule bonne raison, la seule vraie raison, c’est que nous voulons, tous ensemble ce soir, être le Christ, être sa chair née de la chair du monde, être son corps en communion avec toutes les autres assemblées chrétiennes qui chantent et célèbrent la naissance de Dieu dans l’humanité : nous voulons naître ce soir comme corps du Christ. C’est le mystère de l’Église, tel que récemment le concile Vatican II, encore si mal compris, a voulu nous le rappeler : « L’Église, c’est le signe par excellence de la présence de Dieu ».
Nous voudrions et c’est là le piège, nous voudrions tellement que Dieu soit dans nos idées et dans nos systèmes de pensée que nous le refoulons le plus loin possible, le plus haut possible, par-delà les nuages, inaccessible, inatteignable, pour nous retrouver tranquilles et hors d’atteinte d’un Dieu dont nous craignons la proximité. En fait, ce n’est pas vrai : Dieu est le plus proche possible. Qu’y a-t-il de plus proche du cœur de son père ou de sa mère qu’un enfant ? « Un enfant nous est né, Il est là ». Le Christ est l’enfant de notre communauté ce soir, il est l’enfant qui naît dans notre communauté ce soir. Et ce n’est pas du romantisme, c’est la réalité. Si le Christ ne naissait pas chez nous, au milieu de nous ce soir, à travers le corps et le sang eucharistiques que nous allons recevoir tout à l’heure, Noël serait la plus vide et la plus creuse des fêtes. C’est là que Dieu se fait le plus proche, le fait accompli eucharistique d’une présence de chair et de sang, d’un amour de chair et de sang.
J’aimerais simplement prolonger cette méditation en vous citant un poème d’un poète italien que nous ne connaissez sans doute pas : rassurez-vous, je ne le connais pas depuis très longtemps non plus, il s’appelle Clemente Rebora. Cet homme qui a vécu à la charnière du dix-neuvième et du vingtième siècle, est un poète qui a mal tourné : il a fini sa vie comme curé ! Dix ans avant sa conversion (qui date de 1929), il était déjà hanté par le mystère de la présence de Dieu. Et il a écrit un petit poème qu’on pourrait dire prémonitoire, un poème de l’attente, un poème sur la présence qu’il avait pris soin d’intituler : Devant l’image ardente. A-t-il reçu l’inspiration un jour dans une église ? S’était-il retrouvé devant un crucifix illuminé par un cierge ? Ou est-ce simplement son imagination de poète qui lui avait fait penser qu’une image, un tableau dans un musée peut-être, pouvait être l’image brûlante d’une présence ? On n’en sait rien. Mais toujours est-il qu’il a écrit ce poème que je vous lègue ce soir, comme un très beau cadeau de Noël. Et neuf ans après avoir écrit ce poème, il se faisait religieux.
Devant l’image ardente : « Devant l’image ardente, je guette l’instant dans l’attente d’une présence imminente. Et je n’attends personne. Dans l’ombre brûlante, j’épie la sonnette qui répand, imperceptible, un pollen de sons. Et je n’attends personne. Entre ces quatre murs plus stupéfaits d’espace qu’un désert, je n’attends personne. Mais Il doit venir, Il viendra, si je réussis à m’ouvrir sans être vu, Il viendra à l’improviste, quand je m’en apercevrai le moins. Il viendra pour pardonner ce qui cause notre mort, Il viendra me faire reconnaître son trésor et le mien, Il viendra comme le soutien de mes peines et des siennes, Il viendra, peut-être son murmure s’entend-il déjà. » Amen.




4ème Dimanche de l’Avent par Francis COUSIN

 

Évangile selon Saint Matthieu 1, 18-24

« Il prit chez lui son épouse. »

Tout le monde connaît bien l’annonciation à Marie que l’on a entendue il y a dix jours : l’ange Gabriel, le dialogue avec Marie, les réticences de celle-ci, et finalement le ‘oui’ de Marie. On connaît moins ce qui concerne Joseph. Il faut dire qu’on parle peu de lui dans les Évangiles, et qu’on ne connaît aucune parole de lui. Et pourtant, on le sent toujours là, présent tout au long de la vie cachée de Jésus.
Dans le passage d’aujourd’hui, Joseph est inquiet, il ne sait pas quoi faire : sa fiancée Marie est enceinte, et ce n’est pas de lui. Et la loi juive ne badinait pas avec ces choses-là : la femme devait être répudiée et risquait la lapidation. En homme juste, il refuse de donner son nom à cet enfant, mais en même temps, il ne veut pas que Marie souffre de son ‘écart’. Il réfléchit. Il prie, comme il a l’habitude de le faire.
Alors le Seigneur l’écoute et lui envoie un ange pendant son sommeil : « Ne crains pas… » . Sollicitude de l’ange qui apaise les tourments moraux de Joseph.
« Ne crains pas de prendre chez toi Marie, car l’enfant vient de l’Esprit-Saint, et toi, tu l’appelleras Jésus ». Et l’ange lui rappelle la prophétie d’Isaïe : « La vierge enfantera un fils qu’on appellera Emmanuel : ’Dieu avec nous’ ».
Jésus : Dieu sauve. S’il sauve, c’est qu’il est avec nous, donc il est l’Emmanuel … Donc Jésus est l’Emmanuel … né d’une vierge … Donc Marie est la mère du Sauveur, du Messie … !
Les pensées tourbillonnent dans la tête de Joseph … jusqu’à ce qu’il conclue : « Dieu, je crois en toi ! Je te suis ! J’accepte tous les projets que tu as sur ma famille ! »
C’est le OUI de Joseph : « Il prit chez lui son épouse. »

Et cela n’a pas dû être facile pour lui : les railleries des uns, les regards désapprobateurs de sa famille et de ses amis, les sous-entendus des habitants du village …
« Il prit chez lui son épouse », en homme juste, passant sur sa fierté, son honorabilité, sur sa respectabilité, à cause du message de l’ange, … de Dieu !
Joseph ne parle pas, mais il agit … comme à chaque fois que l’ange de Dieu intervient dans son sommeil. Joseph est toujours à l’écoute de Dieu, prêt à l’entendre lui parler, même dans son sommeil.

On pourrait peut-être être un peu jaloux et se dire : « Joseph a de la chance, Dieu lui parle, lui envoie des messagers, des anges, … mais moi … ? »
Oui, mais peut-être que Dieu m’en envoie aussi des anges … mais je ne m’en rend pas compte, … des anges du ciel (mon ange gardien, ou mon saint patron, ou … ), ou des anges de cette terre … (un prêtre, un camarade, …)
Et je ne comprends pas que c’est Dieu qui me parle …
peut-être parce que je ne parle pas assez à Dieu ?
parce que je suis trop imbu de moi-même, et que je veux me débrouiller seul (comme Acaz dans la première lecture) ?
parce que je ne suis pas à l’écoute de Dieu ; ou que je pense être à son écoute mais que je n’écoute que moi ?

 

« Joseph, son époux, … était un homme juste. »
Peut-être faudrait-il que je m’ a-juste à Dieu !

Joseph,
tu es juste devant Dieu.
Tu as toujours été à son écoute,
et tu as fait ce qu’il te demandait,
sans discuter.
Aide-moi à te ressembler,
à agir sans discuter
selon le dessein de Dieu à mon égard.

Francis Cousin




4ème Dimanche de l’Avent- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Matthieu 1, 18-24

Mes chers amis, aujourd’hui « je vais tout vous dire », tout ce que vous auriez aimé savoir, tout ce que vous vous demandez au sujet la vie intime de Marie et de Joseph et que vous n’avez jamais osé demander. Vous savez en effet les innombrables questions que pose le récit que nous venons d’entendre.
Je n’en prends qu’une au ou deux, au hasard : « Comment Joseph savait-il que son épouse Marie était enceinte du Saint Esprit ? » et encore cette autre beaucoup plus difficile :  » Comment Jésus est-Il le descendant de la lignée davidique puisque Joseph n’y est absolument pour rien ? »
Tout d’abord, il est bon de savoir que saint Matthieu lui-même se posait la question, car si saint Matthieu a écrit ce début d’évangile, c’est en relation étroite (et consciente) avec l’évangile de saint Luc. S’il est une chose qui ne faisait pas de doute pour la première génération chrétienne, c’était la conception virginale de Jésus. Et saint Matthieu la reconnaissait comme une donnée première. Il savait que Jésus était né de Marie, uniquement de Marie, par l’œuvre de l’Esprit en elle. Mais précisément, saint Matthieu, si vous me permettez d’utiliser cette expression, a voulu « se mettre un instant à la place de Joseph » : qu’est-ce que ça lui faisait de savoir que Marie était enceinte du Saint Esprit ? Et plus profondément que le point de vue de Joseph, quel est le point de vue de la tradition juive ? Comment peut-on dire et proclamer Messie, Fils de David, Celui qui précisément n’était pas né de Joseph selon la chair, mais uniquement mais de Marie ?
Ainsi donc, lorsqu’on traduit très littéralement le texte, on comprend pourquoi la généalogie de saint Matthieu a été rédigée de la façon que voici : Abraham engendra Isaac, engendra Jacob, engendra Joseph et ses frères, engendra, etc. mais, à la fin de la liste, quand on parvient au Jacob qui est le père de Joseph et le grand-père de Jésus, enfin, le « faux » grand-père, quand donc on parvient à cet avant-dernier maillon de la chaîne, à ce moment-là, saint Matthieu fait un petit correctif. Il n’écrit pas : Jacob engendra Joseph qui engendra Jésus ! Il prend bien soin d’écrire parce qu’il sait de quoi il parle : Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie de laquelle naquit Jésus. Il y a là comme une déviation dans la droite ligne des générations dans la généalogie.
Donc, saint Matthieu est parfaitement au courant du problème. Et c’est bien ce qui lui fait problème. Autrement dit, saint Matthieu aussi s’est posé la question. Il enchaîne alors immédiatement : « de Jésus comme Messie », c’est parce que Jésus est vraiment le Messie, en tant qu’Il a la qualification de Messie, de descendant de David, et il poursuit : « voici la genèse ». Voici donc l’explication : « Sa Mère, Marie, était fiancée à Joseph. Or avant qu’ils eussent mené vie commune »… Première énigme : nous comprenons spontanément : « fiancée à Joseph » signifie « mener vie commune ». On imagine qu’ils se rencontraient de temps en temps le soir, discrètement, en amoureux, dans le coin des rues de Nazareth. Mais ce n’était pas tout à fait cela la réalité, dans le monde juif de l’époque, à partir du moment où il y avait le contrat juridique du mariage dans lequel une telle était promise à un tel, il y avait un laps de temps entre le moment du contrat et le moment où ils menaient vie commune, c’est-à-dire pratiquement entre la célébration du mariage, la vie conjugale. Fiancée à Joseph signifie donc plus qu’une simple promesse, c’est l’engagement définitif et irréversible, qui dans notre tradition juridique, signifie mariage.
Donc saint Matthieu nous précise bien des choses : tout était décidé de façon irréversible. « Fiancée à Joseph » veut donc dire véritablement que Joseph et Marie s’étaient promis l’un à l’autre avec toute l’intimité de confiance, de don de soi réciproque que cela supposait. Et donc, tout était fait, tout était décidé, il n’y avait pas de point de retour. C’est précisément dans ce moment entre les fiançailles comme déclaration juridique du contrat de mariage et le fait de mener vie commune que se situe le problème.
« Marie, avant qu’ils aient mené vie commune, se trouva pourtant un enfant dans son sein ». Alors d’où venait-Il, cet enfant ? Cela, c’est le problème de Joseph. Et, de fait, quand on lit le texte, nous voyons que Joseph devait avoir appris de Marie elle-même ou de sa famille comment elle était enceinte. Et ce qui nous met sur cette piste, c’est un petit verset qui ne parle que de Joseph : « Joseph son époux qui était un homme juste et qui ne voulait pas dévoiler (son mystère), cette énigme, résolut de s’en séparer secrètement ».
Et d’abord un homme juste, qu’est ce que cela veut dire ? Habituellement, on pense à une interprétation édulcorée : c’était « un brave homme », ou bien on pense encore que Joseph était un homme juste, « il vivait selon la Loi », ce qui exigerait d’ailleurs qu’il la dénonce, car selon la Loi, lorsque la femme est adultère et qu’elle a un enfant, il faut que le mari la dénonce pour son adultère. Ainsi donc, Joseph ne serait pas si « juste » que cela, puisqu’il fait tout pour ne pas la dénoncer.

En réalité, l’expression « homme juste » désigne « un homme qui vit pour Dieu ». C’est là le véritable homme juste selon l’Ancien Testament, non pas simplement celui qui respecte toutes les observances de la Loi, mais celui qui voit plus large, qui cherche à comprendre et à répondre au dessein de Dieu. L’homme juste est celui qui vit dans l’amitié et l’intimité divines. Et donc, il ne peut pas dévoiler ce qu’il sait, c’est-à-dire le « mystère » qui a surgi dans l’existence de Marie, le fait qu’elle est enceinte. Donc, si nous regardons le texte à la loupe, nous nous apercevons que Joseph savait. Qui l’avait mis au courant ? Était-ce Marie ? Un membre de la famille de Marie ? Peu importe. Et s’il ne voulait pas dévoiler le mystère, Joseph reconnaissait donc que « cela » venait de Dieu, qu’elle était effectivement enceinte de l’Esprit Saint. Mais comme il était juste et respectait le plan de Dieu, il ne voulait pas contrecarrer ce vouloir divin sur Marie, d’où la décision de s’en séparer secrètement, c’est-à-dire faire que le contrat juridique n’ait pas de suite et qu’il n’y ait pas de vie commune entre eux. C’est tout. Voilà le projet d’avenir de Joseph, cette réaction nous montre que cet homme n’était pas du tout quelqu’un qui n’aimait plus Marie ou qui la soupçonnait de l’avoir trahi. Il savait ce qui était arrivé à Marie. Et en homme juste, respectueux du dessein de Dieu et respectueux de Marie par la même occasion, il conclut simplement : « Si Dieu veut cela de Marie, je me retire, je n’ai plus rien à faire dans cette histoire ». Tel est le véritable problème de la paternité de Joseph. Et d’ailleurs quand on y réfléchit un peu, c’est l’évidence : si véritablement le contrat de mariage juridique avait l’importance que j’ai dite dans la tradition juive, il est peu vraisemblable qu’ils aient vécu complètement étrangers l’un à l’autre. Au contraire il y avait déjà une réelle intimité de cœur, d’affection entre eux. Et cet état de fait venait d’être complètement bouleversé par la conception virginale de Marie.
Or, c’est précisément parce qu’il a pris cette décision que Joseph a ce songe dans lequel l’ange lui parle de façon extrêmement claire et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas » c’est-à-dire : « Ne recule pas comme tu es en train de le faire devant le mystère qui s’accomplit en Marie ! Ne mets pas à exécution le dessein auquel tu as pensé ! » En réalité l’ange lui dit : « car certainement ». Ici le mot a été souvent très mal traduit, on interprète habituellement que c’est à ce moment-là que Joseph apprend que Marie est enceinte de l’Esprit Saint. Mais l’ange ne fait que confirmer ce que Joseph sait déjà de Marie. « Très certainement, ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Autrement dit, Joseph n’a pas appris par l’ange ce qui était arrivé à Marie. L’ange est venu pour confirmer le fait. Mais, l’ange ajoute : « Elle enfantera un Fils et tu lui donneras le nom de Jésus ». C’est la caractéristique essentielle des pères : pour être père, il faut « la petite graine » et donner le nom. Les mères se chargent du reste. Bien sûr, ici il n’est question que du nom. Mais il y a le nom. Autrement dit, l’ange dit à Joseph : « Cet enfant, d’une certaine manière, est bien à toi, Il n’est pas de toi, mais Il est à toi ». Et c’est donc comme si l’ange lui suggérait alors : Joseph, ne romps pas le contrat de mariage car ce qui vient d’arriver entre dans le projet de Dieu. Tu aurais pu croire que toi, tu avais une idée et que Dieu en avait une autre et que Dieu était en train de te retirer celle que tu aimes tant. En réalité, le plan de Dieu se coule dans ce que vous avez décidé ensemble antérieurement. Il n’y a pas d’opposition fondamentale entre ce que vous aviez projeté ensemble (que tu la prennes pour épouse), et d’autre part ce que Dieu a accompli en elle (qu’elle soit enceinte de l’Esprit Saint) ».

Et d’ailleurs l’ange qui connaît bien les Écritures continue en disant : « Tu Lui donneras le nom de Jésus », c’est donc bien le père qui donne le nom, non pas son nom Joseph, mais celui que Dieu par la voix de l’ange lui demande de lui donner : Jésus, c’est-à-dire « Dieu sauve ». Puis, l’évangéliste confirme par là, une citation du prophète Isaïe que nous avons lue en première lecture : « Voici la vierge portera en son sein et enfantera un Fils et ils Lui donneront » (au pluriel). Ici, l’évangéliste cite le pluriel « Ils Lui donneront », pour qu’il soit bien clair que ce n’est pas Marie seule qui serait à même de donner un nom à son enfant. Et à la fin du texte, Matthieu va jusqu’à modifier le pluriel en singulier, attribuant désormais à Joseph seul, le fait de donner le nom à l’enfant : « Il ne la connût pas jusqu’à ce qu’elle lui enfantât un Fils et il Lui donna le nom de Jésus », c’est-à-dire que le père seul donne le nom.
Tel est donc le problème de Joseph : il a prévu quelque chose avec Marie. Dans le temps où ils ne se connaissent pas encore, elle est enceinte. Joseph décide de se retirer. Puisque Dieu a mis la main sur Marie en vue d’un dessein mystérieux que Joseph ne comprend pas, il considère dans une première réaction spontanée et immédiate qu’elle n’est plus à lui. Et cependant, Dieu Lui-même fait savoir à Joseph par son ange : « Ce n’est pas comme ça que tu dois faire. Pour que mon dessein s’accomplisse, il faut vraiment que Marie soit ton épouse. Sinon, l’enfant ne sera pas fils de David. ». Et donc le sens même de cet évangile nous indique clairement pourquoi et comment Jésus est fils de David, il est fils de David parce que Joseph n’a pas renoncé à épouser Marie, à l’introduire dans sa maison : « Ne crains pas de prendre chez toi, dans ta maison ». La maison au sens biblique du terme, ce n’est pas simplement l’habitation et l’atelier de charpentier que Joseph avait à Nazareth, c’est la maison de David, c’est la famille de David : « Ne crains pas de prendre Marie dans ta maison, dans la famille de David, car c’est ainsi que l’Enfant deviendra véritablement fils de David ».
« La morale de l’histoire », la voici : c’est que la plupart du temps, lorsque nous pensons à Joseph et Marie dans ce moment difficile de leurs vies, nous pensons à une sorte d’antinomie radicale entre deux types de projets. Joseph avait fait de beaux projets vis-à-vis de Marie et tout s’écroule quand Dieu choisit Marie pour devenir la mère de Jésus, et alors, au revoir la fiancée, au revoir le bonheur etc. Or, ce n’est pas du tout le sens de cet évangile. C’est plutôt le contraire. Joseph et Marie étaient engagés dans une histoire d’amour et Dieu, de l’intérieur même de cette histoire d’amour, inscrit sa présence dans la chair de Marie, mais sans provoquer de divorce ou de rupture comme Joseph l’avait pensé. Il ne s’agit pas simplement d’assurer une sorte de couverture sociale à Jésus pour qu’il ne soit pas considéré comme un enfant naturel de Marie : parce que ce désir qu’avaient Marie et Joseph de fonder un foyer a été pour ainsi dire modifié par la présence de Jésus, mais il n’a pas été fondamentalement contredit.
C’est pour cela qu’un grand prédicateur du Moyen-Âge, saint Bernard, a pu écrire ce très beau texte qui résume cette interprétation : « Pourquoi Joseph voulait-il quitter Marie ? Écoute ici encore non point mon opinion, mais celle des Pères. La raison pour laquelle Joseph voulut quitter Marie est celle pour laquelle Pierre éloignait de lui le Seigneur en disant : « Retirez-Toi de moi, Seigneur, car je ne suis qu’un homme pécheur ». C’est aussi la raison pour laquelle le centurion écartait Jésus de sa maison quand il disait « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ». Ainsi Joseph se considérant indigne et pécheur se disait qu’une telle et si grande personne dont il admirait la merveilleuse et supérieure dignité (Marie) ne devait pas lui accorder la communauté d’habitation. Il voyait avec un étonnement sacré qu’elle portait la marque certaine de la divine présence, le Fils de Dieu, et ne pouvant comprendre ce mystère, il voulait la quitter. Pierre redoutait la grandeur de la puissance de Jésus. Le centurion a craint la majesté de la présence de Jésus. Joseph aussi, étant homme, a redouté la nouveauté d’une si grande merveille, la profondeur de ce mystère. C’est pourquoi il voulut la quitter en secret. Tu t’étonnes que Joseph se juge indigne de la compagnie de cette vierge enceinte et tu vois sainte Elisabeth qui ne peut soutenir sa présence qu’avec une crainte respectueuse car elle dit : « D’où me vient cette faveur que la Mère de mon Dieu daigne venir à moi ? » Voilà donc pourquoi Joseph voulut la quitter. »
Frères et sœurs, cette interprétation peut avoir des conséquences immédiates pour nous et pour notre vie avec Dieu. Comment concevons-nous la venue de Dieu ? Comment concevons-nous notre existence de croyants ? Allons-nous concevoir les interventions divines dans nos vies comme une espèce de météorite qui surgirait dans notre univers quotidien et qui anéantirait tout l’humain sur son passage ? Ou bien au contraire acceptons-nous comme Joseph de prendre chez nous l’Enfant qui va naître à Noël ? C’est-à-dire non pas considérer que le Christ vient « tout casser », mais au contraire qu’Il vient dans notre vie, dans l’humilité même de ce que nous sommes. Et c’est bien là ce qui est le plus important : à partir du moment où Joseph dans la liberté, car c’était bien un acte de liberté que d’accueillir Marie chez lui, accueille Marie dans sa maison, il donne à Jésus la dignité de fils de David. Et pour nous c’est aussi la même chose : d’une certaine manière, aujourd’hui encore, nous sommes appelés à donner à Jésus son nom, à lui donner ce nom, cette identité qu’Il veut avoir par nous pour nos contemporains qui le cherchent et qui l’attendent. Telle est la grandeur de Joseph, telle est la vocation par laquelle chacun d’entre nous « est » Joseph, nous n’avons pas à éprouver de la peur, nous n’avons pas à craindre d’accueillir chez nous, dans notre maison, dans notre vie, dans ces actes les plus simples qui constituent le tissu quotidien de notre existence, Marie, c’est-à-dire le mystère de l’Église, le mystère de notre vie de baptisés en tant qu’elle est porteuse et féconde de la présence de Dieu au cœur du monde d’aujourd’hui. Amen.




4ème Dimanche de l’Avent par le Diacre Jacques FOURNIER

« Joseph, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse »  (Mt 1,18-24).

 

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret.
Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ;
elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
‘Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel’, qui se traduit : « Dieu-avec-nous »
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,

 

 

Les parents de Marie s’appelaient, selon la tradition, Anne et Joachim. Comme c’était l’usage à l’époque, Marie, à l’âge de douze, treize ans, s’était fiancée à un homme très certainement plus âgé qu’elle, Joseph, « fils de David ». On l’appelait ainsi car il avait comme lointain parent le plus grand roi de l’histoire d’Israël, le roi David qui régna de 1010 à 970 environ av. JC… On peut supposer que Joseph était venu demander la main de Marie à ses parents, et tous avaient accepté… Une petite fête avait suivi, et depuis, tout le monde appelait Marie « l’épouse » de Joseph, même si la grande cérémonie du mariage n’avait pas encore eu lieu. En général, elle se déroulait un an après ! Pendant tout ce temps, la jeune fiancée demeurait chez ses parents, et ce n’est qu’au jour de son mariage que son mari l’emportait dans la maison qu’il avait construite pour eux…
Et voilà que Joseph découvre que Marie est enceinte avant qu’ils aient habité ensemble. L’a-t-il appris de Marie ? Très certainement… A-t-il douté de son intégrité ? Ou a-t-il décidé de se retirer devant cette aventure que Dieu a commencée avec elle et qui le dépasse ? Le texte ne le dit pas, mais Joseph décide de la répudier en secret pour la protéger. En effet, une fiancée convaincue d’adultère devait être lapidée (Dt 22,20-21).
Mais l’Ange du Seigneur lui apparaît en songe et le rassure : « L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Or, « dans son âme comme dans son corps, le Christ exprime humainement les mœurs divines de la Trinité » (Catéchisme & 470). De fait, de toute éternité, « avant tous les siècles », le Fils « naît du Père ». « Engendré non pas créé », il se reçoit entièrement du Père en tout ce qu’il est. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24) ? Le Père est Esprit, et il ne cesse de se donner à lui tout entier, de Lui donner tout ce qu’Il Est. Le Fils est ainsi « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. » Il se reçoit du Père en Fils « de même nature que le Père » (Crédo) par le Don de l’Esprit. Cette logique se poursuit jusques dans l’Incarnation où le Fils va encore recevoir du Père sa nature humaine, par ce même Don de l’Esprit, avec la collaboration active et pleinement consentante de la Vierge Marie.
Joseph aura à jouer tout son rôle de « père adoptif », nommant lui-même cet enfant du nom de Jésus, ce qui veut dire en hébreu « Dieu sauve ». Or, du point de vue du Fils, Dieu, c’est le Père. C’est Lui qui, avec et par son Fils, accomplira ses œuvres. Et quelles seront-elles ? « Sauver son peuple de ses péchés ». Et quel est « son peuple » ? L’humanité tout entière, qui n’a qu’un seul Père du Ciel et un seul Sauveur : Jésus, le Christ (Jn 4,42).
DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de l’Avent

« Tu lui donneras le nom de Jésus
c’est à dire le « Seigneur sauve »…

 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt  1, 18-24)

Nous revenons au début de l’Evangile de Matthieu. Dieu confie à Joseph la responsabilité de l’enfant de Marie et le charge de l’appeler Jésus, c’est à dire « Dieu sauve ».

Nous lirons attentivement cette page très importante de l’Evangile : c’est un texte fondateur de notre foi. Regardons chaque personnage et leur rôle.

 

Soulignons les mots importants

L’origine de Jésus Christ : Comment pourrait-on qualifier cette origine ?

Accordée en mariage : Qu’est-ce cette expression nous apprend sur la position de Marie ?

Enceinte par l’action de l’Esprit-Saint : Quel est le sens de cette expression ?

Un homme juste : que veut dire ce mot en parlant de Joseph ? Que penser de l’attitude de Joseph

L’Ange du  Seigneur : Qui est ce personnage ?

Lui apparut en songe On dit ensuite  lorsqu’il « se réveilla » : Comment comprendre ce que vit Joseph ?

Fils de David : Pourquoi ce nom donné à Joseph est-il important ?

Jésus : C’était un nom courant. Par qui et pourquoi est-il donné à Jésus ?

Emmanuel : Quel rapport y-a-t il entre la signification du  nom de Jésus et celle du nom d’Emmanuel ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

 Joseph, Marie, l’Ange du Seigneur, Jésus, Emmanuel : des noms qui chantent dans notre cœur de croyant chrétien. Ils évoquent pour nous, Dieu notre Père, ton intervention merveilleuse dans l’histoire des hommes. Ils nous rappellent que tu as tellement aimé le monde  que tu lui as donné ton propre Fils. Tu l’as donné pour tous !

Que représentent ces mots pour beaucoup de nos contemporains ? Tant d’hommes et de femmes croient « autrement » : ils n’ont pas encore reçu la pleine révélation de ton Nom de Père., parce qu’ils ne connaissent Jésus. Et tant d’autres, sont de ton Eglise pourtant, mais pour eux ces noms n’évoquent plus grand chose ! Et il y a encore ces millions d’hommes et de femmes qui n’ont même jamais entendu le nom de Jésus.

Et voici encore une fois Noël !

 

      

Pour l’animateur 

« L’origine de Jésus Christ » : Elle ne se comprend pas seulement dans la succession généalogique. Cet Evangile dit la foi de l’Eglise dès le début : Jésus a une double origine, une origine céleste : conçu par l’action de l’Esprit Saint (« Dieu avec nous ») et une origine terrestre : Jésus, né de Marie. L’Eglise s’appuie sur ces paroles pour dire sa foi en la conception virginale du Christ.

« Accordée en mariage » : Marie n’est pas que la fiancée de Joseph (comme le dit parfois) ; elle est réellement son épouse. Le texte d’ailleurs le dit « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. Dans la tradition juive, le mariage se célébrait en deux temps : d’abord selon l’accord entre les deux familles, il y avait une alliance qui engageait les deux époux ; puis, plus tard, l’époux venait chercher son épouse et l’amenait dans sa maison et on célébrait la fête des noces. Marie était sans doute très jeune au moment de son mariage. L’Evangile ne dit pas combien de temps s’est écoulé entre les deux moments du mariage : c’est précisément durant cette période, « avant qu’ils aient habité ensemble » que l’Esprit-Saint intervient dans la vie de ce couple au destin extraordinaire. Cette intervention est un acte de création (Esprit Créateur)

Joseph un homme « juste » : Joseph mène la vie d’un juif pieux et respectueux de la loi, et son cœur veut être en accord avec la volonté de Dieu. Il se refuse à assumer une paternité qui n’est pas la sienne. Il ne veut pas non plus faire un geste qui va déshonorer son épouse. II décide de rompre en secret. Il faudra la révélation pour qu’il accepte d’assumer  cette paternité et d’entrer le Projet Dieu par la foi.

Justement, la révélation des grands secrets de Dieu pour notre salut, se fait toujours par un messager, l’Ange du Seigneur » : c’est lui qui est intervenu dans l’annonce à Zacharie, dans l’annonce à Marie, dans l’annonce aux bergers, dans l’annonce de la résurrection. C’est lui qui révèle à Joseph le sens de l’événement qu’il vit. L’Ange du Seigneur, dans bible, parfois veut dire  Dieu lui-même qui intervient (Ex14,19)

Le songe : dans la bible, est un genre littéraire pour dire que c’est Dieu qui intervient, gratuitement, c’est lui qui a l’initiative, sans l’intervention de l’homme.

Matthieu dit plus loin :  «  Quand Joseph se réveilla » : c’est le mot employé pour parler aussi de la résurrection. Joseph fait un passage, une « pâque » : il passe de son projet humain de fonder une famille humaine au Projet de Dieu qui fera participer son couple à la nouvelle alliance, le mariage de Dieu avec l’humanité,  que le Messie accomplira.

Comme Joseph est le descendant de David, c’est par lui, que Jésus entre légalement dans la lignée de David et sera appelé Fils de David, réalisant ainsi la promesse faite par Dieu.

En même temps Jésus réalise la prophétie d’Isaïe : il est l’Emmanuel. La meilleure manière pour Dieu de nous sauver (Jésus) ce fut de faire l’un de nous (Emmanuel) en la personne de son Fils.

LA PAROLE DANS NOS MAINS

Nous faisons des projets légitimes…pour notre famille, pour un enfant, un jeune, pour la paroisse…il arrive qu’un événement, un succès ou un échec imprévu, une donnée nouvelle, un appel entendu, une Parole de Dieu…viennent bouleverser nos plans : quelles sont alors nos réactions de croyants ? (on peut inviter le groupe à donner l’un ou l’autre témoignage)
Dieu appelle parfois à collaborer avec lui d’une façon qui déroute !

Joseph a respecté l’action de Dieu en Marie : Savons-nous respecter l’action de Dieu dans le cœur de ceux dont nous sommes responsables (les enfants, le jeunes, tous ceux qui nous sont confiées, ceux avec qui nous vivons) tout en collaborant avec ce Dieu qui est au travail par l’Esprit-Saint ?

L’Annonce faite à Marie en st Luc et cette révélation faite à Joseph, sont des textes qui sont à la source de notre foi chrétienne : en quoi notre foi en Dieu est différente de la foi des autres croyants (par ex. des musulmans)

Ensemble prions

Que te glorifient pour nous, Seigneur, la Vierge Marie qui t’a enfanté et Joseph, son époux, le charpentier qui t’a accueilli. Tous : Gloire à toi dans les siècles.
En toi, Jésus, conçu du Saint Esprit,
amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.
En toi, Jésus, conçu dans le sein de la vierge Marie,
la vérité germe de la terre et des cieux se penche la justice.
Sur cette terre qui maintenant est devenue tienne,
fais que dans notre vie amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent.
Chant : Viens Emmanuel (Carnet des paroisses p.158)

 

 

 

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3ème Dimanche de l’Avent- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Tout à la fois Jean-Baptiste et Fils du Royaume !

« Es-tu Celui qui doit venir où devons-nous en attendre un autre ? »

Fjean-le-baptisterères et sœurs, je crois qu’il n’y a pas d’évangile plus dramatique que celui-là. Dramatique, parce qu’il concerne cet homme, Jean le Baptiste, le cousin du Seigneur, le Précurseur du Très-Haut, le petit enfant qui doit annoncer le Royaume, celui qui a tout pour lui, par rapport au salut. Et dramatique parce que cet homme-là restera définitivement au seuil du Royaume.

Jean-Baptiste est en prison, il a accompli sa mission, apparemment c’est fini, il est à la retraite. Mais il s’intéresse encore à ce qui se passe et il entend parler des œuvres de Jésus. Comme il y avait aussi des visites dans les prisons à cette époque-là, les disciples de Jean, envoyés par Jean vers Jésus vont lui demander : « Es-tu Celui qui doit venir ? » Ici, la question de Jean doit être bien comprise. Jean se réfère en bon juif à la tradition prophétique dans laquelle il a voulu s’inscrire. Il pose la question en fonction de la prophétie d’Isaïe que nous avons entendue dans la première lecture et qui est répercutée encore dans d’autres passages : « Voici votre Dieu, c’est la vengeance qui vient, c’est la revanche de Dieu, Il vient Lui-même et va vous sauver ». Pour Jean-Baptiste, et ceci n’est pas étranger à son style de prédication, à son style d’annonce du Royaume de Dieu, la venue du Messie est liée à la violence. Le Messie doit venir avec force et violence, Il doit venger et prendre sa revanche. C’est précisément parce que Jean-Baptiste était conscient de ce caractère terriblement vindicatif de la venue de Dieu, que sa prédication est si violente. Il sait, lui, dans son message prophétique que ce qui va arriver, normalement doit être terrible. Normalement Dieu doit se venger et détruire, on ne sait pas qui va en réchapper, d’où « la cognée se trouve déjà à la racine des arbres », c’est-à-dire que Dieu va couper, tailler et trancher ! Dans la représentation de Jean-Baptiste, et c’est important à comprendre, lorsqu’il pose la question à Jésus, il dit : « Vu ce que j’ai annoncé, et ce que maintenant j’entends de Toi, je ne suis pas certain que cela corresponde. J’entends dire ce que Tu fais, mais cela ne correspond pas à ce que j’ai dit, à ce qui était le contenu de ma mission. J’ai annoncé le Jour du Seigneur, le Jour de colère, le Jour de vengeance, le feu purificateur qui doit changer le monde, Toi, Tu fais des choses bien gentilles, mais cela n’a rien à voir avec le sujet ». Par conséquent, Jean-Baptiste envoie les messagers vers Jésus, pour Lui faire part de ses doutes, il n’est vraiment plus très sûr. On ne peut pas tomber dans l’image d’Epinal d’un Jean-Baptiste satisfait de sa mission, de ce qu’il a baptisé Jésus, annoncé la venue du Messie, et au repos. Non ! Lui pense que Jésus est en train de déchoir par rapport à la mission que lui, Jean, avait été chargé d’annoncer à son sujet, si tant est que c’était bien Jésus qui devait remplir cette mission, puisqu’il dit : « Est-ce qu’éventuellement, il ne faudrait pas en attendre un autre ? »

JJésus bergerésus répond : « Allez raconter à Jean ce que vous voyez ». Il ne dit pas à Jean : « Ne t’inquiète pas, tout va bien ». Mais au contraire, Jésus dit : « Les œuvres dont tu as entendu parler sont effectivement ce que je dois faire, et contente-toi de cela comme signe ». Jésus ne réfute pas directement Jean-Baptiste en lui disant qu’il s’est trompé, mais en considérant les œuvres du Christ, il invite Jean à y réfléchir et à en tirer les conclusions, et rien de plus. Même à la fin, Il ajoute une petite réflexion qui, entre nous soit dit, n’est pas très aimable : « Heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de scandale ». C’est comme s’il disait à Jean : « Tu t’es fait un certain nombre d’idées sur la venue du Messie, Moi, Je te dis simplement ce que Je fais, et Je t’avertis amicalement, Je te dois bien cela, Je ne voudrais pas être pour toi, une occasion de scandale ». Il n’y a de la part de Jésus aucune parole de réconfort, aucune assurance. C’est terrible ! C’est comme si Jésus laissait Jean-Baptiste croupir dans sa prison, non seulement avec le traitement des prisonniers, mais ce qui peut être plus grave, avec ses doutes et ses questions. « Tu as entendu parler de mes œuvres, c’est vrai, c’est tout ce que je peux te répondre ». Evidemment, ces souvenirs-là des deux groupes, les disciples de Jean d’un côté, les disciples de Jésus de l’autre, ont dû être recueillis très soigneusement. Il faut bien avouer que ce n’était pas pour faire la clarté dans les esprits. Les disciples de Jean devaient continuer à dire : « Est-ce que c’est tellement certain que Jésus soit le Messie ? Notre maître dans les derniers temps de sa vie s’était vraiment demandé si Jésus était bien Celui qu’il avait annoncé ? » Et d’autre part, les disciples du Christ disaient : « Effectivement, notre Maître a bien répondu à Jean-Baptiste qu’il posait un certain nombre de signes qui ne coïncident pas avec son attente, cependant, ce sont bien là les signes du Royaume de Dieu ».

Jean BaptisteA partir des données évangéliques, il est très difficile d’essayer de raccorder les deux personnages. En fait, l’évangile d’aujourd’hui nous dit une chose que je trouve terrible : celui qui a dit : « Voilà qu’il vient », au dernier moment de sa vie, il n’en est plus sûr du tout. Celui qui est parti au front la fleur au fusil, meurt deux jours avant l’armistice sans avoir jamais vu la victoire. Telle est la vie de Jean-Baptiste : il a vécu au bord du Royaume sans en avoir jamais bénéficié d’aucun bienfait, sinon celui d’être enfermé dans la prison du roi Hérode, et de terminer sa vie en se demandant s’il ne l’a pas gâchée en se mouillant pour un homme dont il a cru qu’il allait changer la face de l’univers. Etant chargé d’être celui qui devait l’annoncer, il aurait pu revendiquer quelque droit ou quelque mérite à être éclairé sur la situation, et l’on ne lui a rien dit du tout. Et remarquez-le bien, dans le même texte, Jésus clame son admiration pour Jean-Baptiste aux gens autour de lui : « Qu’êtes-vous allé voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? » Qu’est-ce que cela veut dire ? Il y a déjà du La Fontaine chez Jérémie, le roseau plie mais ne rompt pas, c’est-à-dire que le roseau c’est Jean-Baptiste agité par la violence du vent d’Hérode qui va le tuer, mais Jean ne cédera pas. Jésus admire le courage de Jean-Baptiste face au roi qui va menacer sa vie. « Qu’êtes-vous allé voir au désert ? Un homme habillé avec des vêtements précieux ? » Quelqu’un qui céderait à ses propres désirs, ou à ses propres recherches de confort ? Mais non, vous savez bien que Jean-Baptiste n’est pas de ce style-là. Il est vêtu d’une tunique de poils de chameau. Il a complètement maîtrisé ses désirs, il n’a jamais cédé devant les injonctions ou la violence des autres hommes. Il est absolument intègre du point de vue de sa mission, et vis-à-vis de lui-même. Seule solution : c’est un prophète. Et Jésus dit à ce moment-là : « Il est plus qu’un prophète puisqu’il m’a annoncé », et en même temps, Jésus ajoute : « Le plus grand des enfants des femmes, c’est Jean-Baptiste », c’est-à-dire, le plus grand dans le domaine de l’attente c’est Jean-Baptiste, mais « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui ». Quand on se racontait cela dans les communautés chrétiennes, on voulait dire : nous les chrétiens, entrés dans le mystère de la Pâque du Christ, nous sommes plus grands que lui. Dans cette Parole, Jésus établit clairement deux ordres : Jean-Baptiste est le plus grand dans l’ordre de l’attente du Royaume, mais quand on est dans le Royaume, même si on est un peu médiocre ou petit, on est plus grand que lui. Jésus introduit ici une coupure radicale qui coupe complètement l’herbe sous les pieds à toutes les prétentions de Jean-Baptiste d’esquisser le visage du Messie, Jésus dit : « Il l’a annoncé, il a attendu, et c’est tout ».

Il y a en nous du Jean-Baptiste et de l’enfant du Royaume. C’est exactement notre situation aujourd’hui. Chacun d’entre nous, nous en sommes certains par le baptême, chacun d’entre nous vit la grâce d’appartenir au Royaume. C’est vrai, et à ce titre-là, nous sommes plus grands que Jean-Baptiste. Nous savons, nous croyons que c’est Dieu Lui-même qui est venu et normalement, si on y croit (même si ce n’est pas toujours facile), on sait à quoi l’on croit. On sait qu’on croit en Quelqu’un dont les œuvres de miséricorde manifestent la présence de Dieu Lui-même au milieu de sa création au milieu de son peuple. Mais en même temps, il faut bien le reconnaître, qui d’entre nous est capable d’imaginer le Royaume ? Qui d’entre nous est capable de dire son attente et son désir sinon sur le mode de ses propres attentes et de ses propres désirs ? Chacun d’entre nous se fait une représentation du Royaume à la mesure de ses demandes, de ses difficultés personnelles, de ses besoins de consolation, du besoin de répondre à certains désirs intérieurs ou extérieurs. Nous sommes donc exactement entre les deux.

la joie

C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, cet évangile a quelque chose de salutaire. Il ne renvoie pas Jean-Baptiste définitivement dans les oubliettes, en fait, cette page d’évangile nous dit exactement la frontière par rapport à la venue du Royaume. C’est vrai que d’une certaine manière, il restera toujours en nous jusqu’à notre mort, du Jean-Baptiste, c’est-à-dire quelqu’un qui n’imagine pas la nouveauté du Royaume. Heureusement, c’est vrai aussi qu’il y a en nous ce fils du Royaume qui a déjà reçu par le baptême, la plénitude des promesses. Mais ce serait une illusion que de croire que nous sommes totalement indépendants de la figure de Jean-Baptiste, et c’est pour cela que je pense qu’elle est restée si importante dans la communauté primitive, parce quelle servait de barème et d’étalon. On ne pouvait mesurer la nouveauté du Royaume et la nouveauté de ce que le Christ avait apporté qu’en la comparant aux limites des attentes et des espérances du plus grand de tous les prophètes. Et aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’autre manière de nous situer par rapport au Royaume de Dieu que d’essayer de comparer sans cesse notre question au Christ, et qui est parfois formulée avec les mêmes inquiétudes et les mêmes questionnements que ce qui agitait le cœur du Baptiste : « Es-Tu Celui qui doit venir ? » C’est vrai, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous savons que nous sommes vraiment traversés par cette question, encore aujourd’hui, parce qu’on n’a pas tous les jours l’impression que le Christ vient dans nos vies, et c’est bien sûr qu’à certains moments, on ne le voit pas du tout venir, mais en même temps, il y a les deux choses : à la fois l’attente, la mesure de notre désir, et sans cesse, qui nous tenaille, la nécessité de critiquer cela, de voir autrement, d’accepter que Dieu vienne différemment de la manière dont nous l’aurions attendu et dont nous aurions fixé les termes de sa venue. C’est cela l’existence chrétienne aujourd’hui. Amen.

 




3ème Dimanche de l’Avent par Francis COUSIN

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »

Jésus s’adresse aux foules. Cela veut dire que beaucoup de personnes qui suivaient Jésus, ou qui venaient simplement l’écouter, étaient d’anciens adeptes de Jean-Baptiste. Certains étaient restés disciples de Jean, d’autres poursuivaient leur recherche du Messie avec Jésus.

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »
Par trois fois, Jésus pose cette question.
Un roseau bougeant au gré du vent ? Non. Jean reste ferme ; il le paye : il est en prison.
Un homme bien habillé ? Non. Il est vêtu comme le prophète Elie (1 R 1,20).
Un prophète ? Oui nous dit Jésus. Une insistance pour arriver à la troisième proposition qui pourrait nous faire penser que Jésus sentait chez ceux qui l’écoutaient une interrogation (comme celle de Jean-Baptiste qui lui avait envoyé une ambassade à ce sujet), des doutes sur sa qualité de Messie.

« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? »
Cette question s’adresse aussi à nous. En ce troisième dimanche de l’avent, c’est l’occasion de faire un peu le point sur notre démarche, sur notre réflexion pendant l’avent.
Et d’abord, sommes-nous allés dans notre désert ? Dans nos déserts ?
Est-ce que nous avons essayé de ’’voir’’ et ’’entendre’’ les évènements du monde, ceux de notre vie, de la vie de l’Église, avec les yeux et les oreilles de notre cœur pour y discerner l’action de Dieu ?
Est-ce que nous avons essayé de relier ces évènements à la Parole de Dieu ?
Mais peut-être que pour cela, il faut ’’voir’’ et ’’entendre’’ ce que le monde ne met pas en avant … dans ses discours, dans les média ? Il faut chercher …
Avons-nous l’impression d’avoir changer quelque chose dans notre vie
– au niveau du silence ? De l’accueil du silence ?
– au niveau de l’écoute ?
– au niveau du gaspillage ?
– au niveau du respect des autres ?
– au niveau du respect de la nature ?
– au niveau de notre relation à Dieu ?
’’Tout est lié’’ nous dit le pape François.

Avons-nous essayé de comprendre (ou simplement de réfléchir sur) ce grand mystère de l’incarnation de Jésus, Fils de Dieu, Dieu lui-même (Jn 1,1), qui accepte de se faire homme comme tous les hommes en naissant du ventre d’une maman ? ’’Et le Verbe s’est fait chair’’ (Jn 1,14).
Et comment ne pas le remercier pour cela ?
’’Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ?’’ (Ps 8,4)
On pourrait dire aussi :’’Qui donc est Dieu pour accepter de devenir homme ?’’, pas simplement pour le ’’fun’’ ou la gloriole, mais pour la Gloire, pour nous enseigner dans la Vérité (Jn 14,6), pour nous faire comprendre combien il est Amour (1 Jn 4, 7-21) et miséricorde (Ep 2,4-6), et allez jusqu’au bout de l’Amour en donnant se vie pour tous les hommes :’’Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime’’ (Jn 15,13).
Car l’incarnation de Jésus n’a de sens que par sa mort et sa Résurrection.
’’O Seigneur notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre.’’ (Ps 8,2)

Seigneur Jésus,
tu es le Messie attendu par les juifs.
Tu es Dieu, Fils de Dieu.
Tu nous as apporté ta Bonne Nouvelle.
Mais dans la vie de tous les jours,
souvent je l’oublie.
Pardonne-moi !

Francis Cousin




3ème Dimanche de l’Avent par le Diacre Jacques FOURNIER

« Es-tu celui qui dois venir ? »

(Mt 11, 2-11)

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux,
lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit : ‘Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.’
Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

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« Es-tu celui qui doit venir ? » Mt 11,2-11

 Jean Baptiste était très différent de Jésus. « Il avait son vêtement fait de poils de chameau et un pagne de peau autour des reins » (Mt 3,4), comme le prophète Elie (2R 1,8). Jésus, Lui, avait un vêtement courant pour son époque, « une tunique sans couture, tissée d’une pièce à partir du haut » (Jn 19,23), et un manteau, avec des franges « dont la vue vous rappellera tous les commandements de Dieu » (Nb 15,37-39). Jésus se conformait donc à l’usage commun, même s’il dénonçait les abus de ceux qui, pour se faire remarquer, se font « des franges bien longues  » (Mt 23,5). Jean-Baptiste mangeait « des sauterelles et du miel sauvage » (Mt 3,4). Jésus, Lui, s’asseyait tout simplement là où il était invité et il mangeait bien à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Mt 11,19). JeanBaptiste avait un discours quelque peu terrifiant, traitant ses auditeurs « d’engeance de vipères » et annonçant la venue de « la Colère prochaine » : « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu » (Mt 3,8-10). Jésus, Lui, se présentait comme le Bon Pasteur, nommant ses adversaires « ses amis et ses voisins » (Lc 15,1-7). Et pour ce qui est de l’arbre qui ne produit pas de fruit, au Maître qui désirerait le couper parce qu’il use la terre pour rien, il répond : « Laisse-le cette année encore, le temps que je creuse tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il des fruits à l’avenir… Sinon, tu le couperas » (Lc 13,6-9).
 On comprend que Jean-Baptiste, dans l’obscurité de son cachot, puisse être envahi par le doute : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus cite le prophète Isaïe, ce même prophète avec lequel Jean-Baptiste s’était présenté autrefois comme étant celui qui « prépare les chemins du Seigneur » (Is 40,1-5). Non, il ne se trompe pas : « les aveugles qui voient » (Is 35,5-6) témoignent que « le Père nous arrache » avec son Fils et par Lui « à l’empire des ténèbres » et nous offre en surabondance « le pardon des péchés » (Col 1,11-14). Le pécheur blessé au plus profond de son être, si souvent « boiteux » dans son quotidien, se lève par la Puissance de l’Esprit et se met à marcher au Chemin de la Vie. L’oreille des « sourds » s’ouvre au murmure de la brise légère de ce même Esprit qui vient faire toutes choses nouvelles… La lèpre du péché est vaincue, la Bonne Nouvelle du « Père des Miséricordes » est annoncée aux pauvres de cœur qui acceptent de faire la vérité dans leur vie (2Co 1,3 ; Jn 3,21)… Les Ecritures s’accomplissent : le Messie met en œuvre la victoire de Dieu sur le mal…              
          DJF