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33e dimanche ordinaire – Année C – Claude WON FAH HIN

Luc 21, 5-19

feu-de-dieu-600x400C’est Hérode le Grand qui, à partir de l’an 19 avant J.C.  avait commencé à rebâtir le Temple  qui n’avait été que modestement et rapidement restauré  au retour du peuple Juif de l’exil vers 538 avant J.C. Ce monument richement orné faisait la fierté du peuple juif, et voilà que Jésus annonce qu’il sera détruit. Autrement dit, tout ce que le peuple a construit de plus beau et de plus grandiose, sera détruit. L’homme s’attache à des choses grandioses qui seront toutes détruites : « viendront des jours où il ne restera pas pierre sur pierre, tout sera jeté bas ». Le bien matériel est une fausse sécurité. On passe son temps à essayer de bien vivre sur terre tout en oubliant qu’après la mort, il y a une autre vie pour l’éternité. Mais c’est maintenant qu’il faut se battre pour vivre heureux sur terre et dans l’éternité. Le Royaume de Dieu commence ici-bas avec le Christ et dans l’amour du prochain. Si l’on remet toujours pour « après », ou « à plus tard » pour s’occuper de sa vie spirituelle, ce « plus tard », ce sera trop tard car vous pourrez avoir un AVC dans les cinq minutes qui viennent. On est en train de se battre pour mener une belle vie éphémère sur terre,  et l’on risque de rater sa vie spirituelle dans le Christ qui nous donne déjà une vie éternelle. Il faut être réaliste devant la mort qui arrivera inéluctablement. Mieux vaut s’occuper sérieusement de sa propre relation au Christ au sein de l’Eglise, relation qui passe aussi par une bonne relation avec le prochain. Le Pape François dénonce ceux qui « se disent catholiques parce qu’ils vont à la messe, à ceux qui conçoivent le fait d’être catholique comme un statut et qui « en cachette, font leurs affaires » (« Méditations quotidiennes – P.304). A force de ne penser qu’à l’argent, de vivre pour l’argent, de ne parler que de l’argent et de richesse, on finit par en faire une idole puisque toute sa vie tourne autour de l’argent, ou encore des titres honorifiques, ou du pouvoir. 

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Et Le Pape François nous rappelle  (Méditations quotidiennes – P.305) : « L’argent devient une idole et on finit par lui rendre un culte. Jésus nous dit : tu ne peux servir à la fois l’idole de l’argent et la foi ». Ml 3,19 (première lecture d’aujourd’hui): « le Jour vient, brûlant comme un four. Ils seront de la paille, tous les arrogants et malfaisants; le Jour qui arrive les embrasera au point qu’il ne restera ni racine, ni rameau ». Et quand le Christ dit que « tout sera jeté bas », on commence à se poser la question : quand cela aura-t-il lieu et quel sera le signe que tout cela est sur le point d’arriver ?
Mais avant que ce jour n’arrive, Jésus nous demande d’être vigilant (v.8) : « Prenez garde de vous laisser abuser, car il en viendra beaucoup sous mon nom qui diront : c’est moi! et le temps est tout proche. N’allez pas à leur suite ». Et tout de suite, nous pensons à certaines sectes qui passent chez nous pour nous dire que la fin du monde est pour telle ou telle date. Elles vous diront que le « temps est proche », et qu’il faut se décider très vite pour faire partie des 144 000 élus, interprétation fausse et mal comprise. Même si vous ne connaissez pas grand-chose à la Bible, ne tenez aucun compte de toutes les citations bibliques que ces sectes peuvent vous débiter par cœur, car leur bible a été remaniée, faussée, tronquée, et forcément mal interprétée.
Mare à Vieille Place 2Ne quittez surtout pas l’Eglise catholique pour une secte. Ne suivez pas non plus ceux qui désobéissent à notre évêque pour fonder leur propre groupe de prière comme certaines personnes à Saint-Paul, à Saint-Joseph, et à Bois d’Olive qui tous servaient notre Eglise et maintenant, sortent de l’Eglise pour faire bande à part, c’est ce qu’on appelle l’apostasie (séparation, défection).  2 Th 2,3-4 : « Que personne ne vous séduise d’aucune manière. Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Etre perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu ». He 10,26-27 nous parle du danger de l’apostasie : « 26 … si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité , il n’y a plus de sacrifice pour les péchés . 27 Il y a, au contraire, une perspective redoutable, celle du jugement et d’un courroux de feu qui doit dévorer les rebelles ». He 6, 4-6 : « 4 Il est impossible, en effet, pour ceux qui une fois ont été illuminés, qui ont goûté au don céleste, qui sont devenus participants de l’Esprit Saint, 5 qui ont goûté la belle parole de Dieu et les forces du monde à venir, 6 et qui néanmoins sont tombés, de les rénover une seconde fois en les amenant à la pénitence, alors qu’ils crucifient pour leur compte le Fils de Dieu et le bafouent publiquement ». Cette sévère mise en garde (et non une condamnation) nous rappelle que Seul le Christ est le Sauveur, et qu’il a des représentants sur terre que sont le Pape, les évêques et les prêtres. Si quelqu’un veut faire son chemin seul sans l’accord du prêtre, de l’évêque et du Pape, il se sépare de l’Eglise. Et nous n’avons surtout pas à les suivre. Sœur Faustine (§93) nous dit : « La vertu d’obéissance est tellement indispensable que, (même si la personne) faisait des bonnes actions en dehors de l’obéissance, elles deviendraient mauvaises ou sans mérite ».

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Concernant les faux prophètes, voici ce que dit Jr 14,14-17 : « 14 …Yahvé me dit : C’est le mensonge que ces prophètes prophétisent en mon nom; je ne les ai pas envoyés, je ne leur ai rien ordonné, je ne leur ai point parlé. 16 Quant aux gens à qui ils prophétisent, ils seront jetés dans les rues de Jérusalem, victimes de la famine et de l’épée; il n’y aura personne pour les enterrer, ni eux, ni leurs femmes, ni leurs fils, ni leurs filles. Je verserai sur eux leur méchanceté! (être privé de sépulture en Israël était perçu comme un mal horrible, faisant partie des châtiments dont on menaçait les impies) – Jr 23,16 : « N’écoutez pas les paroles de ces prophètes qui vous prophétisent; ils vous dupent, ils débitent les visions de leur cœur, rien qui vienne de la bouche de Yahvé ». Restez fidèles à la Parole de Dieu (Bible de Jérusalem) et aux dogmes de l’Eglise catholique, jetez ou brûlez les bibles faussées, falsifiées, et offertes par toutes les sectes, et surtout,  selon l’évangile d’aujourd’hui (v.8) « n’allez pas à leur suite ». Et si vous avez un doute sur l’Eglise Catholique ou si vous avez besoin de vous conforter sur les vérités révélées par le Christ à son Eglise, il faut venir vous former, entre autres au SEDIFOP. Cela consolidera votre foi et vous serez ancrés dans le Christ. Ne vous en faites pas pour la fin des temps de savoir quand cela se fera. Vivez tout simplement, jour après jour, votre vie dans la paix du Christ et ne tenez aucun compte de la date de la fin des temps. Parce que vivre constamment dans l’amour et la paix du Christ fera de vous, quelqu’un qui est toujours prêt pour le Royaume de Dieu, peu importe la date. N’ayez aucune peur des différentes annonces de la fin du monde, ce sera toujours faux car personne, à part Dieu, ne connaît cette date. Nous avons bien vu que la fin du monde annoncée à grand renfort de télévision pour le 21 décembre 2012 n’est pas arrivée. Et tout le monde a fini par rigoler car cette annonce des mayas était quasi scientifique.
Après avoir dénoncé les faux prophètes, Jésus dénonce la peur créée par les guerres, les tremblements de terre, les pestes, les famines, les phénomènes terrifiants, les persécutions, mais cela ne sera pas encore la fin. « Il faut que cela arrive d’abord ». Rappelons simplement que  cela arrive toujours depuis que le monde existe et que cela arrive sans cesse. Gardons la tête froide et restons toujours dans l’amour  du Christ. Ces versets de l’évangile d’aujourd’hui ont ce qu’on appelle un genre littéraire apocalyptique, une manière d’écrire, un style d’écriture voulu pour dire que Dieu est Maître de tout et donc aussi de l’Histoire, et que malgré les graves événements qui vont arriver, malgré les persécutions, malgré les dénonciations et les trahisons (v.16 : « vous serez livrés par vos père et mère, vos proches et vos amis »), malgré que vous serez haïs par tous (v.17), malgré tout cela, eh bien v.18, « pas un cheveu de votre tête ne se perdra », et au v.19  « c’est par votre constance », par votre persévérance dans la fidélité au Christ, par votre foi au Seigneur de la Vie « que vous sauverez vos vies » et que v.4 « vous n’aurez même pas besoin de préparer votre défense, car c’est le Christ lui-même qui vous donnera les armes de la sagesse pour vous défendre. Dieu est fidèle jusqu’au bout. Mettons notre confiance en Jésus.

Jésus Miséricordieux




33ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Lecture : Luc 21, 5-19

 

Comment vivons-nous le temps qui passe ?

 

Frères et sœurs,

Grand Ilet 8Il vous est peut-être arrivé ces derniers temps de prendre un peu de temps pour vous promener dans la nature. Il y a une sorte de calme, de silence imperceptible qui se fait dans toute chose, dans l’univers autour de nous, dans la nature qui se transforme lentement et inlassablement, dans cette beauté saisissante et insaisissable, dans cette douceur indéfinissable qui a déjà un relent de mort et d’apaisement. Cela se mêle à une sorte de paix et de calme intérieurs, au souvenir en ces temps-ci de ceux qui sont morts et que nous aimions tant, et au pressentiment que nous-mêmes, marchons très lentement vers notre demeure d’éternité. Et dans ces moments-là, qui n’ont pas en eux-mêmes une valeur spécifiquement religieuse, se pose à nous cette question : « Mais au fond, comment est-ce que je vis le temps qui passe ? »

Oui, frères et sœurs, comment vivons-nous le temps qui passe ? Et c’est peut-être avec cette question qu’il nous faut relire ce matin, les textes qui nous sont proposés. D’abord, ne vivrions-nous pas le temps qui passe comme un mouvement incessant dans lequel il n’y a aucune paix, aucun repos, dans une lutte permanente pour se ménager un temps de repos, puis un temps pour travailler, puis un temps de loisirs, un temps de vie de famille, un temps mesuré, découpé, haché, qui n’a plus aucune épaisseur, aucune intimité, un temps qui n’apporte aucune joie, un temps d’esclaves, un temps d’hommes et de femmes écrasés par un travail que nous nous fixons, un temps qui nous alourdit et qui nous asservit ? Ou bien, au contraire, ne vivrions-nous pas davantage comme ces chrétiens de Thessalonique auxquels l’apôtre Paul s’adresse ? Nous aurions tendance à nous dire qu’après tout, tout a une fin et que si tout a une fin, rien n’a d’importance. Ce n’est plus la peine de travailler, la fin des temps est proche. On peut tout laisser aller à vau l’eau. Et ce temps qui file entre nos doigts nous le laissons couler lentement dans la paresse, vers son néant et vers notre propre néant. Ou encore le temps ne serait-il pour nous une réalité insupportable, inacceptable, que nous ne voudrions pas voir en face parce qu’il affirme sans cesse au plus intime de nous-mêmes ce rappel de la mort. Et alors, le temps serait vécu comme une sorte de refoulement : ne pas voir en face que nous vivons dans le temps, ne pas regarder en face ce chemin d’aventure dans lequel nous nous engageons, et qui est tout à la fois fait de vie et de mort entremêlées.

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C’est ici peut-être que la parole de Jésus nous rejoint en ce jour. Les disciples étaient fiers du Temple de Jérusalem, car ils avaient perçu obscurément, à travers les pierres de ce monument qui faisait l’orgueil d’un peuple, quelque chose de durable, de solide, comme la pierre défie le temps. Pour le peuple et les disciples qui s’extasient devant le Temple, c’est le symbole même d’une sorte de pérennité. Vous avez déjà remarqué comme nous sommes saisis par la visite de ruines antiques, car ce sont des réalités de notre terre qui subsistent précisément parce qu’elles sont profondément enracinées dans notre terre, ce que nous voyons d’abord ce sont des fondations et cette force extraordinaire qui dépasse l’humain et qui s’élève vers le ciel. Songez aux fûts des piliers de nos cathédrales, aux colonnes des temples grecs, tout cet effort humain qui se hisse vers Dieu et qui défie le temps parce qu’il s’appuie sur la terre. Or, Jésus va directement à l’encontre d’une telle certitude et d’une telle sécurité : « Il n’en restera pas pierre sur pierre ». De tout ce que nous croyons fonder sur des réalités terrestres, de tout ce temps que nous croyons saisir pour le transformer en une fausse éternité, Jésus nous dit : « Il ne reste rien. Si vous continuez à vivre le temps sur le mode d’un refoulement et d’une résistance, vous ne verrez pas l’avènement du Jour du Seigneur. Si vous continuez à vous enfermer dans cette lutte incessante en calculant votre temps ou, au contraire, en le laissant filer entre vos doigts sans voir ce qu’il vous apporte, vous ne verrez pas l’avènement du Jour du Seigneur ». Car notre temps doit être vécu autrement que de cette manière toute humaine. Ce temps qui était source d’inquiétude, ou de lutte, ce temps qui engendrait en nous le sentiment de l’évanescence et du néant, voici qu’il est désormais rempli comme en creux, par une présence que nous ne soupçonnions pas, le voici devenu porteur de l’avènement du Fils de l’Homme.

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Voilà pourquoi nous avons tant de mal à vivre notre temps chrétien. Nous le vivons de manière toute humaine, nous sommes aux prises avec des horaires et nous désespérons du temps, et nous le refusons. Jamais nous ne l’acceptons comme ce que Dieu en fait désormais pour nous : le porteur de la présence de Dieu. Chaque minute qui s’écoule, c’est Dieu qui vient, c’est l’éternité infinie de Dieu qui vient se glisser subrepticement là où normalement il devrait y avoir la mort et la désespérance. Et c’est dans ce creux et dans ce sentiment d’impuissance que Dieu se glisse avec douceur et en silence pour venir nous dire au cœur : « Je suis là ».

C’est pourquoi frères, si l’on vous dit qu’Il est ailleurs, qu’Il est en dehors de « maintenant », n’y allez pas, car Il est là maintenant dans votre cœur, Il se tient à la porte, et Il frappe.

Mais il ne faudrait pas croire pour autant que tout se passe dans une sorte de paix moite et de silence béat qui nous procureraient une fausse plénitude intérieure, une sorte de repos et d’ataraxie à l’instar de certaines religions orientales. Non, ce temps n’en reste pas moins un temps de lutte et d’épreuve, car si Dieu veut venir dans notre temps, il y a toutes les forces du monde en dehors de nous et au-dedans de nous qui se conjuguent et qui s’assemblent pour refuser cet avènement du Fils de l’Homme. Et c’est pourquoi nous sommes traînés devant les tribunaux, trahis par nos frères et nos sœurs, nous risquons la mort et les plus grandes épreuves parce qu’à travers ce temps, ce temps dans lequel Dieu veut s’infiltrer pour le saisir et le faire exploser de l’intérieur, par la splendeur et la douceur de sa lumière, ce temps est encore le lieu du combat contre tous les refoulements, tous les désirs de destruction des hommes contre toutes les insouciances, et tous les péchés du monde. Et il faut pour que Dieu fasse resplendir l’avènement de sa présence que ce combat soit livré au plus intime de nous-mêmes.

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Voilà comment devrait se déployer dans notre cœur et dans notre vie, le temps qui passe. Non pas une lutte désespérée qui n’a plus rien à attendre ni de Dieu ni des hommes ni de soi-même, mais comme un combat plein d’espérance. C’est vrai qu’il y a encore en nous le vieil homme qui se refuse à Dieu, c’est vrai qu’Il y a encore au cœur du monde et au cœur de notre existence à tous, toutes ces forces de mal, de mensonge et d’égoïsme qui se déchaînent ; mais c’est vrai aussi, et cela est peut-être plus difficile à accepter qu’on ne pense, qu’il y a cette présence de Dieu qui lutte et qui combat auprès de nous pour qu’en vérité son avènement, son jour puisse briller dans le cœur de tous les hommes.

Vous comprenez, frères et sœurs, pourquoi la lecture du prophète Malachie nous disait que « son jour » apporterait la guérison. C’est l’image de ce que nous sommes aujourd’hui : des êtres malades, blessés par le péché, blessés à mort par la mort, blessés par toutes les détresses que nous portons. Mais nous vivons déjà un temps de guérison. Voici que le Seigneur est « sorti » de son éternité, qu’il s’est penché vers nous pour se couler davantage dans notre temps, comme dans une blessure le baume qui guérit. Alors, si nous voulons savoir comment vivre le temps qui passe, il ne nous reste plus qu’un mot : l’espérance en l’amour du Seigneur. Amen.




33ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

Triompher des épreuves avec le Christ

(Lc 21,5-19)

En ce temps-là, comme certains parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara :
« Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. »
Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? »
Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux !
Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume.
Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. »
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom.
Cela vous amènera à rendre témoignage.
Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense.
C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer.
Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous.
Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom.
Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu.
C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Jésus

 

            En 66, Israël se soulève contre l’occupant romain… Le 29 août 70, Titus, le fils de l’empereur Vespasien, prend la ville de Jérusalem… Le Temple est incendié, détruit, démantelé… Il est encore possible aujourd’hui de voir  les énormes pierres qui furent jetées au pied de ses murs d’enceinte… Les premières paroles de Jésus font ici allusion à cette catastrophe : « Il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera jeté bas »…

            A cette même époque, les Juifs qui n’avaient pas reconnu en Jésus le Messie, persécuteront leurs compatriotes devenus chrétiens. Le Grand Prêtre Caïphe avait en effet crié au blasphème lorsque Jésus avait fait allusion à sa dignité de rang divin (Mt 26,64-66). Etienne sera lapidé (Ac 7,55-60), Paul et ses compagnons « ravageaient l’Eglise ; allant de maison en maison, ils en arrachaient hommes et femmes et les jetaient en prison » (Ac 8,3). Les chrétiens seront exclus des synagogues. Nous en trouvons un écho dans l’Evangile de Jean écrit à la fin du 1° siècle : « Les parents (de l’aveugle né) avaient peur des Juifs ; car déjà les Juifs avaient convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue » (Jn 9,22). « On vous persécutera, on vous livrera aux synagogues et aux prisons », dit ici Jésus. « Vous serez livrés même par vos père et mère, vos frères, vos proches et vos amis ; on fera mourir plusieurs d’entre vous »…

            Mais les chrétiens persécutés pour leur foi ne seront pas abandonnés à eux-mêmes. « Ce sera l’occasion pour vous de rendre témoignage… Je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction », dit ici Jésus. « Quand on vous livrera, ne vous tourmentez donc pas pour savoir ce que vous direz ni comment vous le direz : ce que vous aurez à dire vous sera donné à cette heure-là. Car ce n’est pas vous qui parlerez, c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous » (Mt 10,19-20). « Heureux alors serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse », « car l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu repose sur vous » (Mt 5,11-12 ; 1P 4,14). Tel est en effet le grand cadeau que Dieu propose à tout homme de bonne volonté pour le soutenir, le réconforter, le consoler dans ses épreuves (2Co 1,3-7). Grâce à Lui, il est possible de traverser les difficultés, toujours pénibles humainement parlant, avec « quelque chose » qui, envers et contre tout, est de l’ordre de la joie, « la joie de l’Esprit Saint » (1Th 1,6).                                                  DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 33ieme dimanche du temps ordinaire

« On vous persécutera….

Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 21, 5-19)      

Le Temple de Jérusalem était considéré comme l’une des Sept merveilles du monde antique. Il était d’une richesse et d’une beauté qui provoquaient l’admiration des visiteurs et des pèlerins. Il a été détruit le 30 août 70 par l’armée romaine de Titus. Aujourd’hui quand les juifs prient devant le « Mur des lamentations » ils sont devant les fondations de ce Temple. Pour les chrétiens du début de l’Eglise, la ruine de Jérusalem et du Temple était étroitement associée au Retour glorieux du Christ à la fin des temps venant juger l’univers et instaurer le Règne de Dieu de façon définitive. Voilà le contexte de l’évangile que nous allons méditer.

                 

Soulignons les mots importants

Une question générale 

Quelles sont nos réactions après avoir lu cet évangile ? (il est important que les gens disent librement leur ressenti. Cela les aidera à entrer dans une compréhension plus juste de l’enseignement de Jésus.)

Jésus vient d’annoncer que le Temple de Jérusalem sera détruit. Les disciples surpris et inquiets voudraient bien savoir le signe qui annoncera l’événement. Jésus ne répond pas  mais il avertit ses disciples :

Prenez garde… ne marchez pas derrière eux : Contre qui Jésus met-il ses disciples en garde ? La tentation n’est-elle pas grande aussi pour beaucoup de gens de notre temps de croire à des faux prophètes qui prétendre annoncer la fin du monde ?

« Guerres, tremblements de terre, épidémies, famines, de grand signes dans le ciel » : Est-ce que Jésus en disant cela veut nous donner des signes qui annoncent la fin du monde ?

« devant les rois et gouverneurs » : Qui les premiers ont été traînés devant ces autorités ? (Luc en parle dans son Evangile et dans les Actes des Apôtres)

 « on vous persécutera »: Quand Luc écrit son évangile dans les années 80, le Temple est détruit et les chrétiens depuis longtemps déjà font l’expérience de la persécution. Que nous enseigne Jésus ?

« rendre témoignage » : Que veut nous faire comprendre Jésus ?

« Moi-même je vous inspirerai un langage et une sagesse.. » : Au chap.12, 12 Jésus annonçait que la défense des disciples serait assurée par l’Esprit-Saint. Ici qui est-ce qui intervient pour défendre les disciples ? Quelle réflexion cela nous inspire ?

« Vous serez livrés même   par vos parents, vos frères, vos amis… » Jésus a déjà prévenu que sa personne provoquera des divisions même parmi nos proches (Lc 12,51) ici il va encore plus loin.. !

« détestés à cause de mon Nom » :  Que signifie le Nom dans la Bible ?

« Pas un cheveu de votre tête… » : Dans quel but Jésus dit cela ? « Persévérance » : Que veut dire ce mot ?

 

 

 

    

Pour l’animateur 

          Dans la Bible, certains discours ou récits sont écrits dans une forme qu’on appelle « apocalyptique ». Bien que le mot apocalypse veut dire « révélation », ces écrits restent obscurs ou énigmatiques pour le lecteur moderne. Dans la Bible il y a une conviction fondamentale : l’histoire des peuples est conduite par Dieu vers un but soigneusement préparé. (voir Ap 21, 3-4). Tout ce qui appartient au monde ancien (larmes, tristesses, douleur, deuil…ne seront plus). Un Monde nouveau sera définitivement là : tel est le salut qui constituera le terme éternel de l’histoire de l’humanité. « Dieu sera tout en tous » dit saint Paul. 1Co 15,28)

–          Ce discours de Jésus ne nous raconte pas la fin, mais nous dit en termes imagés la marche de l’humanité vers sa libération. Le but de saint Luc c’est d’insuffler au lecteur la force de tenir la tête haute au milieu des épreuves, de lui rappeler que le temps présent est le lieu où Dieu lui fait signe pour qu’il lui fasse confiance.

–          Au temps de Jésus, il y avait, comme aujourd’hui, des personnages qui prétendaient annoncer avec précision la fin du monde ; certains se présentaient comme le grand Prophète des derniers temps ou même le Messie. Jésus demande à ses disciples de ne pas tenir compte des prophètes de malheur qui interprètent les bouleversements et les catastrophes comme des signes de la fin du monde.

–          Par contre, Jésus prévient les chrétiens qu’ils auront à subir le choc des persécutions : il les rassure en leur disant qu’il sera là, lui le Ressuscité,  à côté d’eux pour prendre leur défense. Lui-même, la source de l’Esprit, mettra dans leur cœur et dans leur bouche les mots qu’il faut pour qu’ils soient de fidèles  témoins  de sa Personne (son Nom) et de sa Résurrection.

–          Jésus dévoile aussi que les persécuteurs ne seront pas tous des étrangers, mais se recruteront à l’intérieur même du groupe des intimes ; et que la persécution peut aller jusqu’à la mort. (Quand Luc écrit son Evangile, Etienne a déjà été lapidé, Jacques le responsable de la communauté de Jérusalem a été décapité, Pierre et Paul ont été exécutés, et bien d’autres chrétiens…). Mais Jésus utilise le  proverbe des cheveux pour assurer ses disciples que Dieu ne cesse de protéger ceux qui sont attachés à son Fils.

–          La persévérance, c’est justement cette fidélité à toute épreuve qui permet de recevoir la vie véritable. C’est aller jusqu’au bout de la foi et de l’amour.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Jésus médite sur la fragilité de toutes choses. Tout ce qui est construit de main d’homme finit par tomber en ruine. A quoi notre cœur est-il attaché ?  

Jésus nous invite à vivre, jour après jour, sans savoir la date, sans nous laisser séduire par les faux-messies, sans nous laisser effrayer par les faits terrifiants de l’histoire.

Comment, en tant que chrétiens, nous réagissons devant les grands bouleversements qui secouent notre monde ? (les massacres, les génocides, les guerres, le déferlement du terrorisme…et les cataclysmes naturels) Est-ce que nous percevons dans tous ces événements des appels à réajuster notre vie sur l’essentiel, sur le Christ et l’Evangile ? à témoigner de notre espérance en Dieu qui, à travers tous ces événements, conduit son Projet qui est de sauver ce monde qu’il aime ?

La condition des chrétiens en ce monde est de se trouver continuellement en butte aux moqueries à cause de leur foi : c’est une occasion de porter témoignage au Christ. Il nous a promis de nous assister.

Croyons-nous que les obstacles et les moqueries que rencontre notre vie chrétienne sont pour nous une occasion de porter témoignage du Christ ?

Est-ce que nous comptons sur le secours du Christ quand nous avons à rendre compte de notre foi et de notre espérance dans des circonstances difficiles ?

Persévérer dans la foi et la charité, jour après jour, rester attachés à Jésus Christ dans notre société, c’est difficile : quels moyens prendre pour tenir ?

Comment aidons-nous les jeunes, les nouveaux baptisés, les jeunes confirmés, à persévérer dans leur attachement à Jésus-Christ ?

 

Ensemble prions

Heureux ceux qui sont persécutés parce qu’ils croient au message d’amour et de liberté. Heureux ceux qui sont critiqués et subissent des moqueries à cause de leur fidélité au Nom de Jésus.

Seigneur Jésus, lorsque notre foi est mise à l’épreuve, donne-nous de croire que tu es près de nous pour nous inspirer les mots justes, afin que notre témoignage touche les cœurs.

 

 

 

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32ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

La question de la Résurrection (Lc 20,27-38)

 

En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus
et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : ‘Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.’
Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ;
de même le deuxième,
puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants.
Finalement la femme mourut aussi.
Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari.
Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari,
car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur ‘le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.’
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »

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Des Sadducéens, proches du Grand Prêtre, viennent trouver Jésus. Contrairement aux Pharisiens plutôt ouverts aux problèmes de leur temps, et donc aux idées nouvelles, les Sadducéens se réclamaient, eux, de l’immuable tradition des anciens. Ils n’acceptaient donc pas les Livres les plus récents, comme celui de Daniel ou ceux dits « des Maccabées », où commençait à émerger la foi en la résurrection des morts. Forts de leurs certitudes, ils viennent donc ici convaincre Jésus de l’absurdité d’une telle croyance…

Et cela semble si évident… Ils partent du Livre du Deutéronome, le Livre de la Loi par excellence : « Si des frères habitent ensemble et que l’un d’eux meurt sans avoir de fils, la femme du défunt n’appartiendra pas à un étranger, en dehors de la famille ; son beau-frère ira vers elle, la prendra pour femme et fera à son égard son devoir de beau-frère. Le premier fils qu’elle mettra au monde perpétuera le nom du frère qui est mort ; ainsi son nom ne sera pas effacé d’Israël » (Dt 25,5-6). Pour souligner encore le grotesque de la situation en cas de résurrection, ils envisagent le cas d’une femme qui aurait épousé sept frères puisque les uns après les autres seraient morts sans laisser d’enfants… « Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l’épouse puisque les sept l’ont eu pour femme ? » On imagine les rires et les moqueries…

Mais la résurrection n’est pas le retour à la vie d’ici-bas… Elle est « une recréation inimaginable, une transformation radicale de l’être humain » (Hugues Cousin) qui participera, selon sa condition de créature, tout comme les anges, à la Plénitude de la nature divine… La chair sera alors totalement assumée par l’Esprit, une réalité « tout autre » à l’image et ressemblance du Dieu Tout Autre… Le Christ Ressuscité, apparaissant au milieu de ses disciples, parfois non reconnu au premier abord (Lc 24,15-16 ; Jn 20,11-18 ; 21,4 ; 21,12), en sera un exemple déroutant pour notre raison raisonnante…

Et Jésus reprend ensuite le Nom de Dieu que les Sadducéens employaient le plus souvent, par fidélité aux anciens : « le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de JacobIl n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants », car « Dieu n’a pas fait la mort, il a tout créé pour l’être » et pour la vie (Sg 1,13-14). Moïse et Elie, « apparus en gloire » au jour de la Transfiguration du Christ, en sont le plus bel exemple (Lc 9,28-36)…

 

DJF

                          




32ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Lecture : Luc 20, 27-38

 

Je suis le Dieu des vivants

 

Frères et sœurs,

jugementmariageLe mariage est au service du patrimoine, donc il faut que le patrimoine reste dans la famille. Si un homme meurt sans descendance, il faut que le frère cadet se dévoue pour susciter une descendance. Cela faisait sans doute la joie des discussions théologiques des Sadducéens parce que c’était une prescription de Moïse, et cela apportait de l’eau au moulin des Sadducéens qui prétendaient qu’il n’y avait pas résurrection des morts comme Luc le rappelle. De l’autre côté, après avoir accompli le mariage, de qui la femme allait-elle être l’épouse ? Pour les Sadducéens, cela voulait tout simplement dire qu’il n’y avait pas de résurrection des morts. C’est plus simple de considérer que les lois mosaïques s’appliquent pour le monde présent, cela se termine normalement dans le monde présent, donc il n’y a pas de monde à venir. C’était une grande discussion à l’intérieur des différents mouvements et tendances spirituelles et théologiques juives à l’époque de Jésus, les Pharisiens croyaient à la résurrection des morts, tandis que les Sadducéens la niaient. Comme on sentait que Jésus avait plutôt un enseignement qui s’ouvrait à perspective de la résurrection des morts, les Sadducéens (il ne faut pas oublier qu’ils avaient beaucoup de pouvoir à Jérusalem), essaient de mettre Jésus en difficulté sur ce sujet.

Il y a une probabilité absolue pour que cette controverse se soit réalisée à peu près exactement comme elle est relatée par Luc. Vous pouvez consulter un certain nombre d’historiens, notamment John Paul Meier qui a écrit quatre mille pages sur les enseignements de Jésus, et vous constaterez que les controverses et les polémiques ont été enjolivées, mais celle-ci ne l’est pas du tout. Elle est d’une rigueur absolue et elle montre une empoignade assez violente. Le problème est grave, car si Jésus dit qu’il y a la résurrection des morts, il ne peut pas résoudre le cas pratique et s’il doit réfuter, il faut qu’il ait au moins une autorité aussi forte pour aller contre le précepte de Moïse dans la Loi. On ne peut pas jouer sur le sentiment. Il faut un argument venant de la Loi.

christ ressuscité

Jésus va répondre très nettement aux deux questions posées. La première question touche au mode de la résurrection : si on ressuscite, comment ressuscite-t-on ? La question des Sadducéens est comme un fusil à deux coups : que va-t-il se passer là-haut quand les sept frères vont retrouver la même femme ? Et ensuite, cela va-t-il vraiment se passer ? Il y a le mode et le fait. Le mode est le plus surprenant car la plupart du temps, on croit que Jésus élude la question en répondant qu’on peut donc penser que là-haut, on sera de purs esprits. Si c’était cela, la réponse ne serait pas très satisfaisante. Si nous ressuscitons, c’est dans notre corps, et pour Jésus et ses contemporains il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un corps sexué. Si l’on dit qu’on devient de purs esprits après la résurrection, on peut douter des sources de Jésus. A ce moment-là, la résurrection n’assure pas la continuité personnelle car notre sexualité fait partie de notre identité, donc il faudrait la supprimer. Il faut bien avouer que lorsque l’évangile est passé en tradition grecque et romaine, on s’est régalé du fait que nous allions devenir de purs esprits. Or, précisément dans la Bible les anges ne sont pas de purs esprits. Il y a deux indices fondamentaux pour prouver cela, dans le chapitre 6 de la Genèse (donc écrit mosaïque pour les auteurs de la controverse), on dit que les « fils des dieux sont venus séduire les filles des hommes ». Les fils des dieux, ce sont les anges. S’ils sont venus chercher les filles des hommes c’est qu’ils sont sexués. Cela fait un tel désordre que Dieu est obligé d’envoyer le déluge pour nettoyer la situation.

personne en méditationLa deuxième référence c’est la vision d’Isaïe au chapitre 6 : les séraphins ont chacun six ailes, deux pour se couvrir la face, deux pour se couvrir les pieds. Ici, les pieds désignent les organes sexuels. On ne s’imaginait pas les anges sur le mode d’êtres asexués. Tout le monde à l’époque de Jésus pensait que les anges étaient sexués. C’est le premier aspect de la réponse de Jésus. Si on devient comme les anges, qu’est-ce que cela change ? Pour Jésus, les anges sont des êtres sexués, mais ils vivent une sorte de consécration de célibataires pour Dieu. Là-haut, tout le monde serait au régime du célibat ! Non pas célibataire frustré, mais célibataire au sens de toute la puissance vitale que Dieu nous donne par la création, consacré désormais à la contemplation et à la louange de Dieu. Il admet une sorte de rupture, non pas une rupture d’identité, mais de finalité.

La réponse de Jésus est très simple et très belle, ce n’est pas que l’on perde son identité corporelle, mais dans son identité corporelle, toutes les forces d’humanité, de vie que nous avions seront désormais finalisées dans l’adoration et la contemplation du mystère de Dieu. Les sept hommes voulaient que la vie continue. Jésus leur certifie que la vie continuera mais au lieu d’être finalisée par la transmission patrimoniale par le fait d’avoir des enfants, ce sera immédiatement finalisé vers Dieu.

La femme et les sept frères seront complètement éblouis par l’amour de Dieu et ils ne se poseront même plus la question de savoir de qui ils ont été l’époux ou duquel des sept elle a été l’épouse. C’est une réponse assez subtile qui veut à la fois ménager la continuité de l’identité de chacun d’entre nous, mais elle montre que quand on est en présence immédiate de Dieu, c’est la plénitude même de tout notre être, y compris nos puissances affectives et notre sexualité qui sont complètement finalisées pour Dieu. Ce n’est pas une condamnation de la sexualité, contrairement à ce que l’on a parfois avancé. C’est l’idée que tout dans l’homme, y compris les capacités de transmission de vie vont être désormais finalisées par la contemplation de Dieu.

je suis la résurrection

La deuxième chose est encore plus forte. Jésus sait bien comment les Sadducéens ont manœuvré. Ils ne veulent pas simplement lui montrer un cas de casuistique impossible, ils veulent savoir si oui ou non la résurrection des morts aura lieu. Jésus, à cause de l’autorité de Moïse est obligé de répondre par un texte de la Loi. Ce texte n’est pas rien, c’est dans l’Exode au chapitre 3, versets 13-14, c’est au moment où Dieu se révèle à Moïse, le verset source de la Loi : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob ». Jésus fait sans doute une interprétation du texte la plus éblouissante qui soit, que les contemporains, soit juifs, soit chrétiens, avant Jésus ou après Jésus, n’ont jamais utilisée. C’est un cas absolument unique de l’interprétation du nom divin : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » et Jésus ajoute, « le Dieu non pas des morts mais des vivants ». Que veut-il dire ? Quand Dieu se manifeste à Moïse, dans la chronologie classique telle qu’on l’utilisait à l’époque, il y avait trois cents ans que Abraham, Isaac et Jacob étaient morts.

Jésus leur dit : croyez-vous que Dieu aurait pu se présenter à Moïse comme le Dieu des vieux ancêtres sur les tombes desquelles on va déposer des fleurs au cimetière ? Dieu est-il le Dieu des morts, des tombes, des caveaux, des ossements ou est-il le Dieu des vivants ? Pourquoi Dieu a-t-il pris le soin au moment même où il se présentait à Moïse de se dénommer comme Dieu mais par rapport à des gens qui ont vécu trois cents ans avant Moïse ? On peut dire que c’est une manière de se repérer, comme un élément identitaire. Dieu se présente comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob vivants. Au moment où Moïse est vivant sur la terre, eux sont vivants auprès de Dieu dans le ciel.

résurection 1

Jésus propose ici une perspective sur la résurrection qui consiste à dire qu’à partir du moment où Dieu par la création a donné la vie, ce serait une contradiction pour lui de dire que les morts restent morts. Et cela, on ne l’avait jamais dit, c’est Jésus qui, le premier, l’affirme. Curieusement quand on lit toute la littérature et tous les commentaires des plus grands auteurs patristiques aucun d’entre eux ne souligne cet aspect. C’est ce qui est à la racine la plus profonde, puisque c’est dans doute une parole de Jésus lui-même, de ce que nous disons quand nous parlons de la résurrection générale ou du jugement général. Certes, nous chrétiens, nous confessons que Jésus est la source de la résurrection, mais il n’en est pas l’initiative. Dieu ne serait plus Dieu s’il ne faisait pas vivre tout homme créé au-delà de la mort.

C’est un texte unique sur la résurrection de l’humanité comme projet de Dieu. Jésus, à la faveur d’un texte qui apparemment n’a pas l’air de vouloir dire cela affirme que Dieu est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob en tant que vivants. Vous ne pouvez pas d’une quelconque manière nier la résurrection sans nier Dieu. Vous méconnaissez l’être de Dieu si vous ne reconnaissez pas qu’un Dieu vivant est capable de faire vivre les gens au-delà de la mort. C’est plus large que la foi chrétienne, ce texte nous aide à comprendre toutes les tentatives dans les différentes cultures de l’humanité et les différentes religions pour penser la survie, l’après de la mort. Pourquoi y a-t-il quelque chose de si universel, sauf maintenant où l’on essaie de plus en plus de se cacher la mort parce qu’on ne veut pas se poser la question d’un au-delà ? Il faut bien avouer que notre civilisation contemporaine est le premier moment dans l’histoire de l’humanité où l’on veut absolument effacer la question de l’au-delà, en fait, toutes les croyances dans l’immortalité, la régénération, la métempsychose, toutes les formes d’expression, quelquefois un peu puériles et incohérentes cachent cette question. Le problème de la résurrection des morts, Dieu à partir du moment où il s’est engagé par création ne peut pas résilier ce contrat de la vie. C’est cela que Jésus veut dire aux Sadducéens.

C’est une ouverture universelle du salut, même si l’on ne croit pas en Jésus qui personnellement est le premier-né d’entre les morts, ce qui va être le cœur de l’annonce chrétienne. C’est Jésus qui est le moyen et le canal de cette résurrection, le fondement, et le fait même de la résurrection est affirmée de la façon la plus claire par Jésus lui-même. Amen.




Rencontre autour de l’Évangile – 32ieme dimanche du temps ordinaire

« Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 20, 27-38)      

Jésus est à Jérusalem. Et il a commencé à enseigné dans le Temple. Il a expulsé les marchands ; cela a provoqué une situation tendue avec les chefs des prêtres ; par la parabole des vignerons homicides, il a annoncé qu’il sait ce qui l’attend. Et le voilà interrogé sur la résurrection. Jésus affirme clairement sa position.

                 

Soulignons les mots importants

Sadducéens : Que savons-nous de cette catégorie de juifs du temps de Jésus ? Quelle est leur intention en posant à Jésus la question bizarre ?

« ce monde – monde à venir  » : Comment comprendre  la pensée de Jésus exprimée dans ces deux expressions  à propos du mariage ?

 « résurrection d’entre les morts » : La résurrection était considérée dans la croyance populaire comme une réanimation du corps avec possibilité de se remarier et une fécondité merveilleuse et une reprise des activités terrestres. Quelle est la réaction de Jésus ?

Les ressuscités « ne peuvent plus mourir »: Quelle est exactement le sens de ces paroles de Jésus ?

« semblables aux anges » : Que veut nous faire comprendre Jésus ?

« le buisson ardent » : Rappelons-nous la révélation faite à Moïse. (Ex.3, 6)

« Si Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants » : Pour Jésus comment sont nos défunts ?

 

 

    

Pour l’animateur 

– Les Sadducéens formaient une sorte d’association, de parti. C’était des conservateurs : ils accordaient leur foi surtout aux cinq premiers livres de la Bible (la Loi) qu’ils lisaient en prenant tout à la lettre. Attachés aux très vieilles idées religieuses des patriarches, ils refusaient toute révélation progressive et estimaient que la résurrection n’était pas fondée dans la Loi. Ils savaient que Jésus, ainsi que les pharisiens, croyaient à la résurrection.

– Mais la croyance populaire des juifs sur la condition des ressuscités est matérialiste et grotesque : ils imaginent la résurrection comme une nouvelle forme de vie avec une reprise des activités terrestres. C’est pourquoi, les sadducéens inventent l’histoire bizarre des sept frères dans l’intention de piéger et ridiculiser Jésus.

– Jésus répond en affirmant qu’il y a une différence radicale entre la vie terrestre et la vie nouvelle dont on hérite à la résurrection.

Jésus oppose ce monde-ci et le monde à venir…un monde où l’on se marie et un monde où l’on ne se marie plus…un monde où l’on meurt et un monde où l’on ne meurt plus et où les humains  n’ont plus besoin d’engendrer de nouveaux êtres pour assurer la survie de l’espèce.

– Et Jésus ajoute que les ressuscités sont « semblables aux anges ». Cela veut dire justement que la résurrection n’est pas un retour à la vie terrestre : mais une recréation, qu’on ne peut pas imaginer, une transformation radicale de l’être humain ;  par la résurrection, les fils de Dieu naissent à la condition céleste, qui est celle des anges. La vie nouvelle des ressuscités n’est pas un recommencement de la vie actuelle.

– Puis, pour répondre aux Sadducéens,  Jésus utilise un des plus anciens livres de la Bible, l’Exode, dont ils reconnaissent la grande valeur. En s’appuyant sur le passage du Buisson Ardent (Ex 3) Jésus affirme le fait même de la résurrection (sans l’expliquer). Devant le  Buisson ardent, Moïse a reçu la révélation que Dieu est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, donc le Dieu de l’Alliance. Si Abraham était morts définitivement, Dieu ne serait pas le Dieu des Vivants. L’amour de Dieu est éternel, il ne s’arrête pas avec la vie sur la terre. Il est le Dieu des vivants, car nos défunts sont des vivants…Ils vivent « par Dieu ».

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS          

Redisons avec les quelques docteurs de la Loi : « Maître, tu as bien parlé. » Nous croyons en Dieu. Nous croyons que c’est Dieu qui nous a voulus, qui nous a donné la vie. C’est Dieu qui a inventé la merveille de la « vie » ; c’est Dieu qui appelle à la vie tous les êtres qu’il veut voir vivre. Jésus, nous redisons avec toi : Dieu ton Père, « n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. » Nous croyons en ta résurrection, et nous croyons que tu nous ressusciteras nous aussi pour une vie nouvelle.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

A la Réunion, plus encore qu’ailleurs, parce que nos origines sont de partout et que nous sommes un peuple de métissés, une culture créole s’est forgée localement, mêlée de croyances multiples par rapport à la mort.

C’est pourquoi, même en tant que chrétiens nous avons du mal à faire la part de ce qui relève de la foi et de tout un système de croyances religieuses et culturelles pratiqué dans notre peuple.

Nous nous posons tous des questions sur la mort, sur les morts : qu’est-ce qu’ils deviennent après ? Où sont-ils ? que font-ils ? Quelle relation entre nos morts et nous ? Est-ce qu’ils interviennent dans notre vie ? A quoi passerons-nous notre temps au ciel ? Serons-nous auprès de ceux que nous avons aimés sur terre ? Quelle est notre idée de la résurrection  du Christ. Croyons-nous vraiment que nous ressusciterons un jour ?

Toutes ces questions, et encore beaucoup d’autres, tantôt paisibles, tantôt angoissantes, ont des réponses dans l’imaginaire et dans les croyances multiples.  .

Mais quelle est notre réponse de chrétiens, croyants au Christ, Fils de Dieu mort et ressuscité ? D’ailleurs nous n’avons pas réponse à tout. Jésus n’a pas eu pour mission de répondre à toutes nos curiosités, mais de nous sauver du péché et de la mort et de nous montrer le chemin pour rejoindre Dieu, qui a voulu nous faire participer à sa vie et à son bonheur ;

Par rapport à la vie au ciel, Jésus nous dit que nous serons pleinement heureux  et pour toujours avec Dieu et que nous ne mourrons plus, et cela suffit. C’est le seul voile que Jésus a levé sur l’au-delà. Tout ce que l’on peut dire d’autre relève de notre imagination.

Par sa réponse, Jésus nous invite à lui faire totalement confiance : le chemin vers cette réalité mystérieuse et merveilleuse de la résurrection et du ciel, c’est Lui et son Evangile. Dans cette population aux croyances si diverses et si mêlées, quel témoignage pouvons-nous porter ? Et à quelles conditions ?

 

           

Ensemble prions 

Ensemble redisons la foi de l’Eglise en demandant au Seigneur de faire grandir la nôtre.

 

Chant : Oui, Seigneur, nous croyons, fais grandir en nous la foi.

Carnet paroissial p.25 c.1-2-4

 

 

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28ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Luc 17, 11-19

La petite musique du salut

 

Frères et sœurs,

Pour expliquer brièvement ce texte, car apparemment, il ne demande pas d’explication, je voudrais simplement poser une question aux musiciens. A quoi sert-il pour un musicien de murmurer dans son cœur ou sa tête la mélodie qu’il est en train de composer, ou bien simplement de se répéter mentalement le doigté d’une partie de flûte ou de piano, s’il n’y a aucune manifestation extérieure ? C’est peut-être un très grand musicien, il est capable de composer à la table, sans jamais entendre aucun son réel, il arrive par l’agencement des accords à se dire que cela doit être extraordinaire, car si les compositeurs de symphonies avaient besoin d’avoir à leur disposition tout un orchestre, les interprètes deviendraient fous. Un musicien qui ne jouirait qu’à l’intérieur de lui-même de la musique qui lui est donnée serait sans doute excellent du point de vue de son talent mais mauvais pour nous tous. Tout l’art du musicien, c’est de faire sortir ce qu’il a imaginé dans sa tête, dans sa sensibilité, et de le faire jaillir à travers la musique, le chant et les alternances de l’orchestre et des chorales.

la foiC’est exactement le sens de cet évangile. Ils ont tous été guéris, ils ont tous entendu la musique intérieure qui les réintégrait dans la société. Ces dix lépreux ont tous reçus la guérison par une certaine foi, dans le fait qu’ils se soient précipités vers Jésus et qu’ils lui aient demandé la guérison. Ils ont compris intérieurement le mouvement de la grâce vers eux. Et étant en chemin, ils se sont rendu compte qu’ils étaient guéris.

Un seul est venu jouer la musique du salut devant le Christ. C’est ce qu’on appelle l’action de grâces, rendre grâces ou remercier. Remercier ce n’est pas simplement assurer par une sorte de convention – dire merci –, remercier, c’est aller au devant de la source qui a été l’inspiration de cette guérison, et aller devant Dieu pour se montrer à lui guéri.

Mettez-vous à la place du Christ. Qu’est-ce qui pouvait lui faire plus plaisir lui qui avait vu ces lépreux défigurés, méprisés, bannis de la société des hommes, ces hommes qui n’étaient plus des hommes, que pouvait-il y avoir pour lui de plus beau que de retrouver ces hommes qui revenaient avec un visage recomposé, restitué à sa beauté et à sa vérité première ? C’est cela que les neuf autres lépreux n’ont pas compris. Ils n’ont pas compris qu’en gardant le bénéfice interne de leur guérison, ils n’ont pas eu l’idée de retourner à la source. Certes, Dieu est bon, il ne retire pas les bienfaits qu’il a donnés, les autres sont allés accomplir les rites au temple. Ils ont considéré que puisqu’ils avaient obtenu la guérison, cela leur suffisait ! Celui qui est revenu, il a été comme le musicien qui a reconnu que sa guérison était comme une musique intérieure et que le premier qui devait le voir, c’était Jésus, la source.

Frères et sœurs, c’est ce que cet évangile veut nous faire entendre. La foi chrétienne est certes un don intérieur, caché au plus intime de notre cœur, c’est une action secrète de Dieu en chacun d’entre nous, mais à quoi servirait ce trésor si on le gardait enfoui ? A quoi rimerait ce don si on le gardait uniquement pour soi ? C’est cela que veut nous dire l’épisode du Samaritain. Luc souligne que c’est un homme étranger au peuple élu, ce n’est pas une question d’élection, ni une question d’avoir un statut privilégié, mais quand je redécouvre que Dieu m’a redonné ma véritable identité, cela ne peut pas rester secret.

foi

L’Église aujourd’hui a à peu près la même composition que le groupe des lépreux qui est venu vers Jésus pour demander sa guérison. Un dixième qui retourne pour rendre grâces, et neuf dixièmes qui se disent : « J’ai été baptisé et comme on dit parfois, « j’ai tout fait », donc cela suffit, je ne bouge plus, je garde cela soigneusement dans mes lectures, mes petites oraisons, mes petites prières personnelles, de temps en temps, j’irai voir la statue de sainte Thérèse quand cela ira moins bien. Mais, c’est plus que cela. C’est vraiment le fait qu’à partir du moment où la foi a fait de nous une autre personne, ce n’est pas du « m’as-tu vu », ce n’est pas ostentatoire, ce n’est pas une atteinte à la laïcité, c’est une reconnaissance de ce que Dieu fait. C’est très différent.

Frères et sœurs, ce n’est pas la peine d’avoir la religion ou la foi tapageuse, il suffit de reconnaître ce que nous sommes devenus par cette petite musique intérieure qui s’appelle la guérison, la miséricorde, la douceur, le bonheur et la grâce. Si je porte cela dans mon cœur, il faut que j’aille pour rendre grâces devant Dieu et devant mes frères. Amen.




28ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

Jésus révèle « le Père des Miséricordes »

(Lc 17, 11-19)

 

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée.
Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance
et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. »
À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. » En cours de route, ils furent purifiés.
L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix.
Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.
Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ?
Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! »
Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

      amour de dieu

 A l’époque de Jésus, les Samaritains, lointains descendants des Israélites du Royaume du Nord, étaient les ennemis jurés des habitants de la Galilée et de la Judée. Et nous voyons ici le Juif Jésus « traverser la Samarie » pour aller à Jérusalem ! « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) et l’Humanité n’a qu’un seul Créateur et Père. Tout homme est enfant de Dieu, par le simple fait qu’il existe, et Jésus est venu reconstruire cette immense Famille pour lui donner de pouvoir se retrouver « là » où elle est si fortement attendue : dans la Maison du Père, conviée à s’asseoir à la table du Père pour une éternelle Fête de Famille…
 La maladie était regardée autrefois comme la conséquence du péché. Ces dix lépreux nous représentent donc tous. Ils s’approchent d’ailleurs de Jésus et lui disent, non pas « Guéris-nous », mais : « Jésus, Maître, fais-nous miséricorde ». Une telle prière ne peut qu’être exaucée : Jésus est venu pour cela, aussi grave que puisse être notre état. La Miséricorde de Dieu, en effet, est infinie, sans limite, inépuisable. Et ce sont les plus grands pécheurs, les plus grands blessés de la vie, qui, dans l’Amour, sont appelés à recevoir le plus. Les derniers sont déjà, pour Dieu, les premiers.
 Jésus ne va leur demander qu’une seule chose : la confiance. En effet, ils ne sont pas guéris tout de suite, et pourtant il va les inviter à partir vers les prêtres chargés de constater leur guérison (Lv 14) ! Et les dix vont croire et partir… Mais quel est l’objet de leur foi ? Croient-ils simplement que Jésus est un formidable guérisseur comme nous, nous pouvons faire confiance en tel médecin, en tel chirurgien ?
 « En cours de route, ils furent purifiés ». Jésus est réellement formidable, et l’aventure va s’arrêter là pour neuf d’entre eux… Un seul, un Samaritain – donné ici en exemple à un auditoire Juif ! – va revenir vers cet homme appelé Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix ». Avec lui, nous ne sommes donc plus dans la seule confiance humaine, mais dans celle qui, adressée à Dieu, s’appelle « la foi ». Et il se prosterne devant Jésus « la face contre terre » comme on le fait devant Dieu seul… A-t-il reconnu en Jésus ce Dieu Fils Unique venu nous rejoindre en notre humanité ? Le texte ne le dit pas… Mais quoi qu’il en soit, à travers sa relation avec le Christ, sa vie est maintenant tout entière tournée vers Dieu dans l’action de grâce. Il l’a reconnu à l’œuvre dans sa vie, il a été l’heureux bénéficiaire de sa Tendresse et de sa Bienveillance, il se tourne maintenant de tout cœur vers Lui pour lui dire : « Merci ! ». Et c’est dans cette attitude de cœur qu’il sera le seul parmi les dix lépreux guéris à entendre une parole qui va bien plus loin que la seule guérison physique : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Dorénavant, la Vie de Dieu, par sa foi et dans la foi, sera aussi quelque part la sienne, en attendant le plein accomplissement promis, au Ciel, dans la Maison du Père…            DJF

                          




Rencontre autour de l’Évangile – 28ieme dimanche du temps ordinaire

« Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé.. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 17, 11-19)      

 N’oublions pas que Jésus est en route vers Jérusalem où il va donner sa vie pour nous guérir de nos péchés et nous réconcilier avec le Père.

                 

Soulignons les mots importants

Lépreux : Réalisons-nous quel était le sort des lépreux dans la société juive du temps de Jésus ?

S’arrêtèrent à distance : Pourquoi ?

Crièrent : Quel est le sens de ce cri ?

Prends pitié de nous : Quand est-ce que l’Eglise nous fait faire cette supplication des lépreux ?

Allez-vous montrer aux prêtres: Jésus ne dit rien d’autre aux lépreux, il ne fait aucun geste de guérison. Et les lépreux suivent ses instructions  et en cours de route ils sont purifiés : qu’est ce que cela nous apprend de la Parole de Jésus, et de la foi des lépreux ?

Purifiés : De quelle purification s’agit-il ?

La face contre terre  aux pieds de Jésus : que signifie ce geste? Qu’est-ce qui est admirable chez cet homme qui fait demi-tour et revient vers Jésus ? Pourquoi Jésus est surpris ?

Samaritain : Jésus dit de lui : “cet étranger ” : est-ce que nous nous rappelons pourquoi ?

Que veut souligner Jésus en admirant la reconnaissance du Samaritain ? Est-ce que cela ne nous rappelle pas une parabole ?

Rendre grâce, Rendre gloire à Dieu : Ces deux expressions expriment deux attitudes importantes des chrétiens. A quel moment surtout nous les exprimons ?

Ta foi t’a sauvé : Seul le Samaritain entend  cette parole de Jésus.  Etre guéri et être sauvé : quelle différence ?

 

    

Pour l’animateur 

·      Les lépreux : c’était les exclus les plus malheureux de l’époque, considérés comme des pécheurs maudits par Dieu, des hommes impurs. Ils devaient avoir les habits déchirés, les cheveux dénoués et crier “ impur ! impur ! ” quand ils rencontraient quelqu’un. La lèpre n’était pas considérée comme une simple maladie, mais comme une impureté religieuse liée à une vie de péchés. Ils vivaient en dehors de la communauté d’Israël.

·      La guérison d’un lépreux s’appelaitpurification et la loi juive chargeait les prêtres de faire un constat de guérison pour tout lépreux purifié de sa lèpre.

·      Pourtant Jésus ne fait aucun geste de guérison et la purification n’est pas instantanée. Jésus se soumet docilement aux autorités de son pays. Il faut donc déjà beaucoup de foi (confiance) à ces dix malades pour se rendre au Temple et faire constater une guérison qui ne s’est pas encore produite.

·      Saint Luc souligne aussi la puissance de la Parole de Jésus. Et la purification signifie également  que ces hommes  sont désormais en paix avec Dieu.

·      Alors que neuf continuent leur marche vers le Temple pour se soumettre aux prescriptions de la Loi, un seul juge plus urgent d’aller d’abord remercier Dieu et Jésus. Il manifeste ainsi la vraie foi. Et surprise ! cet homme qui vient se prosterner devant Jésus et le remercier Jésus en glorifiant Dieu, c’est un Samaritain, un étranger, que les juifs méprisaient comme hérétiques. Nous pensons à la parabole (Lc 10, 29…) : c’est un samaritain qui est cité en exemple.

·      Et Jésus déclare que seul le Samaritain reconnaissant a été sauvé : car le salut est bien plus  que la guérison. Car la guérison ne débouche sur le salut complet de tout l’être humain que s’il reconnaît l’initiative gratuite de Dieu à son égard,  et s’il répond en s’engageant dans une relation avec Jésus : voilà  la vraie foi. Se contenter de jouir de la guérison corporelle, c’est s’arrêter en chemin.

·      Dans l’Eucharistie, nous crions vers le Christ “Jésus, Prends pitié de nous ” parce que nous sommes atteints par la “lèpre ” du péché, et nous glorifions le Père et nous lui rendons grâce parce que nous sommes purifiés et sauvés par Jésus qui s’offre pour nous. A chaque fois, Jésus nous dit : “ Relève-toi, va ta foi t’a sauvé ! ” Glorifier Dieu et rendre grâce, c’est l’attitude essentielle du sauvé !

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS          

Jésus n’est jamais indifférent aux détresses humaines. Il est le Dieu plein de d’amour pour ceux qui souffrent. Il voit. Il entend. Il répond. Avec toute l’humanité souffrante, nous crions : “ Jésus, Maître, prends pitié de nous ”.Il voit plus loin que nos maladies corporelles. Il veut guérir notre cœur du péché,  ce mal qui le défigure, comme la lèpre défigure le visage. Le salut nous est acquis et offert par Jésus. Encore nous faut-il le reconnaître et l’accueillir.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

·         Savons-nous comme ces lépreux nous avancer vers Jésus et crier vers lui notre misère de pécheurs ? Comment vivons-nous cette supplication de l’assemblée adressée au Christ au début de chaque eucharistie ? Comment vivons-nous le sacrement de Réconciliation qui nous ramène vers le Sauveur ? Quelle est le niveau de notre confiance en Jésus Sauveur ?  

 ·         Nous sommes tous des hommes guéris par le Christ de la lèpre de nos péchés : comment lui manifestons-nous notre reconnaissance ? Quelle est la qualité de notre merci ? Le mot Eucharistie veut dire “Action de grâce ” : comment vivons-nous nos eucharisties ?

 ·         On ne compte plus aujourd’hui les groupes qui prétendent faire des guérisons, et nombreux sont ceux qui font le tour de ces groupes pour chercher une guérison miraculeuse ! Où est la foi au Christ dans tout cela ?

 ·         “ Relève-toi ”, dit Jésus au samaritain guéri : en quoi cette invitation nous concerne, nous,  aujourd’hui ?

           

Ensemble prions 

Seigneur, souvent nous sommes ingrat envers Toi : nous prions, nous communions, nous agissons, nous mangeons, nous jouissons d’une bonne santé, nous avons rencontré un bon médecin…mais nous savons si peu contempler, ni remercier 

Chant : Le Seigneur est notre secours (p.186 carnet des paroisses, c.1, 2, 4, 5)  

On peut aussi inviter à une action de grâce spontanée avec le refrain : “ Tu nous as sauvés, Seigneur, nous te rendons grâce à jamais. ” (p.312)

 

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