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Rencontre autour de l’Évangile – 20ieme dimanche du temps ordinaire

« Je suis venu apporter un feu sur la terre. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 12, 49-53)            

Jésus est toujours en route pour Jérusalem. Il sent venir l’épreuve de sa passion. Cet évangile rapporte trois paroles difficiles de Jésus que nous allons essayer de comprendre. Elles nous permettront d’entrer un peu plus dans les sentiments de Jésus et dans le mystère de sa personne.

 

Soulignons les mots importants

Le feu : Quel est ce feu que Jésus est venu apporter sur la terre ?

Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé !

Baptême : quel est ce baptême que Jésus doit recevoir 

Je ne suis pas venu apporter la paix  mais la division : Comment comprendre ces paroles de Jésus ?

Dans la même famille : Est-ce que les paroles de Jésus sont vraies encore aujourd’hui dans la vie de nos familles ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus 

Après avoir essayé de comprendre ces paroles difficiles de Jésus, nous le contemplons au moment où il voit venir la grande épreuve : il sait que son chemin est celui du Serviteur souffrant. Il s’est fait solidaire de notre humanité blessée par le péché et il est décidé d’aller jusqu’au bout pour la délivrer du péché et de la mort. Jésus, le Fils de Dieu, est venu chez les hommes pour les introduire tous dans la vie divine, pour les plonger (les baptiser) dans l’Esprit Saint purificateur et réconciliateur.

 

   

Pour l’animateur  

. Lorsque Jean Baptiste présentait Jean Baptiste à ses disciples il disait qu’il baptiserait dans l’Esprit-Saint et le feu. Le feu dans la bible est le symbole de la l’expérience de Dieu et de sa présence : Feu du buisson ardent (Ex.3,2), feu du Sinaï (Ex.19,18), colonne de feu (Ex.13,21) Feu d’Elie et des prophètes brûlés par l’amour de Dieu.

Le feu est aussi symbole de purification : Jésus annonce que le Règne de Dieu viendra comme un feu purifiant séparant les justes et les pécheurs.

Le feu est encore pour l’Evangéliste Luc  le symbole  de l’Esprit : rappelons-nous les langues de feu de la Pentecôte, le feu également qui brûle dans le cœur des deux disciples d’Emmaüs. Jésus annonce qu’il est venu pour que le monde soit purifié par le Saint-Esprit et embrasé par le feu de son amour.

. Mais Jésus doit  d’abord recevoir un baptême qui sera le martyre. Jésus est comme impatient que le Règne d’amour de son Père arrive ! Il n’est pas habité par un désir de mort, mais il ne craint pas le martyre : il sait que l’épreuve qui va marquer la fin de sa vie terrestre est nécessaire pour la venue de l’Esprit-Saint. Il va être plongé dans les grandes souffrances de la passion et de la mort ; Ce sera comme un baptême de sang pour qu’arrive le Règne de Dieu.

. L’appartenance au Christ n’est pas un jeu et ses amis doivent s’attendre à des résistances et des oppositions. L’appartenance  à la communauté du Christ mettra les disciples dans des situations souvent bien inconfortables.

. La paix que Jésus est venu apportée et qu’il va communiquer à ses disciples le soir de sa résurrection, n’est pas une fausse tranquillité où les croyants vivent sans opposition ni contestation ou persécution.

. Le conflit que le Christ, Messie souffrant,  apporte avec lui n’est pas une guerre entre les peuples, ni une guerre civile. Il concerne les familles : car le message évangélique provoque des fractures, dans une même famille, entre croyants et incroyants, entre ceux qui accueille le Christ et ceux qui le refusent. Le feu de l’amour a du mal à prendre sur la terre.

En fait, face au Christ et son évangile, il n’y a  que deux positions : pour ou contre ! Pas de place pour l’abstention !

       

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

L’Evangile est une force de contestation des situations d’injustice, de violence, des erreurs et des fausses sécurités du monde : si comme chrétiens nous ne dérangeons jamais personne par notre conduite sommes-nous vraiment fidèles à l’évangile ?

Le serviteur n’est pas au-dessus du maître : choisir de suivre le Christ et de nous engager pour l’évangile nous attire sûrement des oppositions et des contradictions : sommes-nous conscients de cela ? Est-ce que nous avons fait l’expérience de cette opposition dans notre famille, ou notre entourage, dans notre milieu de travail… ?

Comme les contemporains de Jésus et ceux de Saint Luc nous souhaitons sincèrement la paix et l’unité entre nous. Notre monde est pourtant déchiré par les conflits ainsi que nos communautés et même nos familles. En fait Jésus prêche la paix, mais c’est une paix qui n’a rien de facile : sommes-nous des artisans de réconciliation et de paix en acceptant de mener notre combat en nous unissant au Christ mort et ressuscité et d’être purifiés par le feu de l’Esprit Saint ?

 

Ensemble prions 

“ Pour ce qui dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes ”.

Pour que nous soyons plus attentifs à ce qui nous rapproche qu’à ce qui nous divise, prions le Seigneur.

            Refrain : Seigneur rassemble-nous dans la paix de ton amour.

“ C’est dans la paix qu’est semée la justice. ”

Pour que nous ne nous contentions pas de formuler des souhaits de paix, mais que nous soyons effectivement des artisans de paix dans nos situations de vie, prions le Seigneur

“ Je ne suis pas venu apporter la paix, mais le tranchant du glaive ”

Pour que nous puissions surmonter toutes oppositions que nous rencontrons comme témoins de l’Evangile

“ Justice et paix s’embrassent ”

Pour que dans nos situations de travail, nous fassions respecter les droits de chacun, de sorte que règne la justice et que naisse paix véritable, prions le Seigneur. 

 

 

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18ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Nous sommes exposés à l’amour de Dieu

amour de dieu

Cet homme riche est traité d’insensé, c’est-à-dire qu’il manque de sagesse. En relisant cette parabole, en la méditant, je me disais ceci : au fond, à première lecture, cette parabole nous rappelle simplement cette vieille sagesse sémitique qui a le sens de la fragilité de toute chose. Tout, dans l’histoire humaine, est pratiquement imprévisible, ou presque. Parce que nous savons que les projets que nous faisons, la plupart du temps sont contrecarrés, sont modifiés par des événements, des circonstances. Parce que nous éprouvons, dans notre propre vie, cette fragilité fondamentale de notre désir, de notre vouloir qui n’arrivent jamais à se réaliser pleinement et complètement. Parce qu’aussi nous voyons sans cesse dans notre vie la fragilité de cette vie physique, biologique que nous possédons et qui, à un certain moment, disparaît. Nous avons ce regard sur toute chose qui est que chaque chose n’a pas sa plénitude et sa consistance propre, qu’elle n’arrive pas à se tenir debout toute seule de manière stable et définitive. Dans toute la Bible, les affirmations concernant soit la nature, le monde créé, soit notre propre existence, vont sans cesse dans ce sens : le monde ne tient pas debout tout seul. Heureusement que Dieu l’a fixé sur des colonnes, autrement il s’écroulerait sans cesse. Et puis, « l’homme, ses jours sont comme l’herbe. Comme la fleur des champs il fleurit, un coup de vent passe et il n’existe plus ! »

Dans d’autres cultures, dans d’autres civilisations, dans d’autres philosophies, on l’avait déjà pressenti. Dans la tradition philosophique, on appelle cela la contingence, c’est-à-dire le fait que toute chose n’arrive pas à tenir dans une sorte d’autosuffisance. Elle ne s’explique pas toute seule. Elle ne tient pas debout absolument toute seule. Même si Dieu lui a conféré une autonomie, en réalité, elle est vouée à un moment ou l’autre, à une mort, à une destruction.

Et l’on pourrait croire que cette petite parabole que le Christ nous livre en ce jour, ne veut dire que cela. Au fond, cet homme avec ses richesses, tout le blé qu’il a engrangé et qu’il projette encore d’enfermer dans ses granges qu’il envisage d’agrandir est le symbole de ce désir de vouloir tenir, tout seul, dans l’existence, de se donner à soi-même sa propre sécurité, sans pouvoir y arriver. Cela c’est la face négative de cette parabole.

Mais je me disais en même temps, qu’il y a quelque chose d’extrêmement consolant dans toute cette affaire. Car cette fragilité et cette inconsistance du monde n’ont-elles pas aussi une face positive ? En effet, dire que ce monde est fragile, dire que nous ne pouvons pas nous assurer la vie par nous-mêmes et pour nous-mêmes, cela ne veut-il pas dire que Dieu prier_Dieu_Lumi_re_dans_nos_vieest si proche qu’à tout instant, il peut faire irruption dans nos vies ? Est-ce que, au fond, dans la vie de cet homme qui était en train de se construire une sorte d’énorme barrage vis-à-vis de ses propres projets, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de Dieu, est-ce qu’il n’y a pas là le signe que cette fragilité même de sa vie et de ses projets, et qui montre que Dieu, à tout instant, est proche de lui et peut intervenir au cœur de sa propre vie, même s’il s’agit de ce moyen radical qui est de le rappeler à Lui ?

En réalité, si notre vie est fragile, il faut que nous sachions que cette fragilité signifie deux choses. Elle est sans cesse un rappel de ce que nous ne pouvons pas tenir en nos propres mains notre existence. Mais, en même temps, elle est le signe qu’en réalité, comme le dit saint Paul, « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu ! » Si fortes que soient les barrières dont nous voulons nous prémunir, si fortes que soient les richesses dont nous croyons nous assurer, si grandes que soient les sécurités morales ou spirituelles que nous voulons essayer de nous bâtir et qui, la plupart du temps, sont fausses parce qu’elles sont l’ouvrage de nos mains, en réalité, cette fragilité profonde de notre vie fait que, sans cesse, nous sommes exposés à l’amour de Dieu.

Alors, je crois qu’il est bon de rendre grâces, à certains moments, pour cette fragilité que Dieu nous a donnée. C’est vrai qu’elle est une sorte d’ascèse et de pénitence car il s’agit sans cesse de remettre nos vies entre les mains de Dieu. Mais, en même temps elle a quelque chose d’extrêmement beau et éblouissant, c’est de dire que la lumière de Dieu est si proche qu’elle nous est cachée, simplement, par un voile, le voile de l’obscurité de notre regard, le voile de notre dureté de cœur, mais qu’à tout moment Dieu peut briser ce voile et nous dire : « Voici, je viens ! » Amen.ESPRIT SAINT 1




19ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Inutiles mais accueillis

Dans l’évangile de saint Luc (17, 8), nous lisons la péricope des serviteurs inutiles. Le Seigneur y développe ce thème : lorsqu’un serviteur a accompli son travail dans les champs et revient dans la maison le maître lui dira : « Maintenant, passe le tablier, ceins-toi les reins et sers-moi à manger ». Et le Christ de commenter cet épisode en disant : à ce moment-là, le serviteur n’aura aucune récrimination à faire, mais il devra confesser simplement qu’il est un serviteur inutile, qu’il n’a fait que ce qu’il avait à faire.

Aujourd’hui, en apparence contradictoire, nous entendons cette autre péricope dans laquelle le Christ dit que le maître parti de la maison pour fêter des noces, si à son retour il trouve les serviteurs en train de veiller, à ce moment-là, c’est le Maître Lui-même qui décidera, dans la joie de retrouver sa maison, de prendre Lui-même le tablier, de faire asseoir ses serviteurs à table et de leur servir à manger. Ces deux paraboles nous paraîtraient presque contradictoires et irréconciliables si, en réalité, nous ne les référons pas à un même et unique mystère, qui est le mystère de l’amour et de notre relation avec le Seigneur.

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En effet, qui dit aimer, dit essentiellement ne pas compter. Et nous qui sommes sur cette terre, qui sommes les serviteurs qui la plupart du temps d’ailleurs travaillons au champ au lieu de travailler dans la maison du Père, lorsque nous rentrons dans la maison, c’est vrai que le Père, le Maître de maison nous demande encore de le servir. Mais c’est parce que nous, nous ne devons pas compter, si vraiment nous aimons. Et parce que maintenant, nous vivons cette face cachée de notre amour de Dieu, parce que, en ces jours « ce que nous sommes n’a pas encore été révélé, vraiment manifesté », nous vivons sur le mode de la peine, sur le mode du service, mais ce qui compte c’est de vivre ce service sans mesurer, sans calculer. Parce que nous sommes au Seigneur, parce que nous l’aimons et que Lui nous aime, nous n’avons pas à mesurer. A ce moment-là, nous ne serions plus des serviteurs de la maison et même d’une certaine manière, nous renierions l’identité de notre Maître. Si nous calculions notre peine et si nous mesurions notre désir d’aimer, c’est que nous n’aimerions pas un maître qui est infiniment bon qui, Lui, ne calcule pas.

Et c’est pourquoi, lorsque nous entrerons, définitivement dans la maison, le Maître nous révélera toute la joie qu’il y avait à le servir. Au moment où, ayant servi en veillant, en attendant, et qu’à ce moment-là, le Maître rentrera dans notre maison, que le Maître nous accueillera chez Lui, alors nous comprendrons vraiment que, Lui aussi, sans que nous nous en soyons rendu compte auparavant, était là sans cesse, en train de nous servir, de nous préparer une table, de nous préparer une place, de nous préparer la joie de nous aimer l’un l’autre.

personne en méditationOui, en réalité ces deux paraboles ne font que manifester, l’une, la face cachée de notre amour, ici-bas sur terre. Nous aimons le Seigneur en nous donnant totalement à la tâche, sans rien réclamer, parce que c’est vrai que notre amour est peu de chose et que, tout compte fait, nous sommes des serviteurs inutiles. Et l’autre parabole, révèle cette face de gloire de l’amour, lorsque le Seigneur Lui-même nous apprendra et nous fera voir face à face comment Il a été, sans cesse, notre serviteur, qu’Il était sans cesse en train de nous inviter et de nous faire asseoir à sa table, alors même que souvent nous ne nous en rendions pas compte.

Nous qui avons cette joie de venir chaque semaine nous asseoir à la table du Seigneur et d’y recevoir son corps et son sang, puissions-nous réaliser ce double aspect de l’unique amour de Dieu : par rapport à cet amour, nous sommes des serviteurs inutiles mais dans notre inutilité nous sommes déjà accueillis et lorsque nous croyons servir, c’est déjà Dieu qui nous sert. Amen.




19ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 «Veiller à recevoir, sans cesse, le Don de l’Amour (Lc 12,32-48)…»  

     Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas.
Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? »
Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ?
Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi !
Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer,
alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups.
Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage.

     homme en prière

 

 

            L’Evangile de ce Dimanche commence par cette invitation de Jésus : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. » Tout de suite, Jésus nous met donc en présence du Père : son Père de toute éternité, et notre Père à tous dans l’ordre de la création (Jn 20,17)… Et ce qui est bon à ses yeux, ce qu’il désire, ce qu’il veut, c’est « nous donner le Royaume », gratuitement, par amour, comme un Père « trouve bon » ce qui est le meilleur pour ses enfants…

            Mais ce Royaume, quel est-il ? En quoi consiste-t-il ? St Paul nous aide à répondre : « « Le Royaume des Cieux ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17). Et il écrit encore : « Dieu vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8). St Luc parlera de l’homme comme étant appelé à être « rempli par l’Esprit Saint » (Lc 1,15.41.67 ; 4,1 ; Ac 2,4), « le Don de Dieu » (Ac 8,20 ; 2,38 ; Jn 4,10) : « La paix soit avec vous… Recevez l’Esprit Saint », dit le Ressuscité à ses disciples et, à travers eux, à tout homme (Jn 20,19-22). « L’Esprit se joint alors à notre esprit » (Rm 8,16), et nous établit ainsi dans « l’unité de l’Esprit » (Ep 4,3) qui est avant tout « paix », « joie » profonde (Ga 5,22 ; Ac 13,52). 

            Tel est donc le Royaume des Cieux : avoir part gratuitement, par Amour, à l’Esprit de Dieu, l’Esprit qui « remplit » les cœurs du Père et du Fils de toute éternité. Et Dieu veut qu’il en soit de même pour chacun d’entre nous, car l’Amour est Partage. Tel est le vrai Trésor de la vie, offert dès maintenant à notre foi, en attendant la Plénitude à venir. C’est pour cela que Dieu nous a tous créés…

            Face à lui, les richesses de ce monde font pâle figure : « Le Royaume des Cieux est semblable à un trésor qui était caché dans un champ et qu’un homme vient à trouver : il le recache, s’en va ravi de joie vendre tout ce qu’il possède, et achète ce champ » (Mt 13,44). « Vendez vos biens et donnez les en aumône », dit ici Jésus, car telle est la logique de l’Amour : donner pour le seul bien de l’autre… Et « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20,35).Telle est donc le chemin de la vraie joie : donner, servir. C’est ce que fait ici « l’intendant fidèle » : « donner en temps voulu la ration de blé. Heureux ce serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera occupé de la sorte » (Lc 12,43) !                                     DJF                                       




Rencontre autour de l’Évangile – 19ieme dimanche du temps ordinaire

« Restez en tenue de service

et gardez vos lampes allumées. »

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 12, 32-48)            

Jésus a mis en garde précédemment contre l’accumulation des biens matériels, une recherche égoïste qui n’apporte qu’une sécurité trompeuse (Lc 12,13-21). Puis il a invité à chercher avant tout « le Royaume des Cieux » dans le cadre d’une relation vivante et confiante avec Dieu. Notre Père sait en effet de quoi nous avons besoin en cette vie, et « cela vous sera donné par surcroît » nous promet-il (Lc 12,22-31). Vient ensuite la première phrase de notre Evangile (Lc 12,32), clé de tout ce qui précède et de tout ce qui suit…

Le sens des mots

  • Bien prendre le temps de lire et de relire cette première phrase. Comment Dieu est-il appelé ? Que veut dire « il a trouvé bon » ? D’après les versets suivants, qu’est-ce donc que « le Royaume de Dieu » :

–          « Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Mt 12,28).

–          « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3,5).

–          « Le Royaume de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14,17).

–          Enfin, comparez notre verset (Lc 12,32) avec : « Dieu vous a fait le don de son Esprit Saint » (1Th 4,8) ; et : « Le don de l’Esprit Saint a été aussi répandu sur les païens » (Ac 10,45).

  • Le trésor que nous propose Jésus peut-il s’user, être volé ou rongé par les mites ? Comment Jésus le qualifie-t-il ici et pourquoi en parle-t-il ainsi ? Quel est donc notre seul vrai trésor, déjà, ici-bas, par la foi et dans la foi ?

  • « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). Quand Dieu nous donne l’Esprit Saint, que nous donne-t-il donc avec lui ? Pensons à l’image du Soleil : « Dieu est un Soleil, il donne la grâce, il donne la gloire » (Ps 84(83),12), il donne l’Esprit, sans cesse… Que faut-il donc faire de cœur pour rester dans la Lumière ? Comment pouvons-nous éteindre nos lampes ? A quoi Jésus nous invite-t-il donc en fait ?

            Jésus nous donne un exemple à ne pas suivre dans la seconde partie de notre Evangile. Que fait donc le serviteur qui voit que son Maître tarde à venir ? Nous lisons comme conséquence : « Il se séparera de lui » : mais entre nous, pécheurs, et Dieu, qui se sépare de qui en fait ? Et qui donne à qui un grand nombre de coups, est-ce Dieu ?

  • « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16). En recevant l’Esprit Saint, que recevons-nous aussi ? Souvenons-nous de la belle-mère de Simon Pierre qui, une fois guérie par Jésus, se mit à le servir, lui et ses disciples (Mc 1,29-31). Si nous recevons le Don de Dieu, vers quelle attitude nous poussera-t-il vis-à-vis de Lui et de tous ceux et celles qui nous entourent ? Quel est d’ailleurs ici « le travail » accompli par « l’intendant fidèle et sensé » ?

            Dieu Lui-même en est le plus bel exemple. Si le serviteur de Jésus est fidèle, s’il veille, que fera pour lui son Maître à son retour des noces ? Comment ce serviteur se sentira-t-il alors ? « Dieu est Amour », et donc aimer, c’est …….

            Cet intendant aura été fidèle en peu de choses… Mais souvenons-nous du tout début : à quelle attitude, vis-à-vis de Dieu « Soleil qui donne », qui donne et qui donne encore, aura-t-il en fait été fidèle ? Et comme Dieu ne cesse de donner, que recevra-t-il donc de lui ? Noter l’expression employée ici : à quoi renvoie-t-elle ? Souvenons-nous de celle du tout début de notre Evangile : « un Trésor inépuisable dans les cieux »…

 

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus 

En silence, nous écoutons Jésus parler à  notre cœur : “ La vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses ”. Lui-même s’est fait pauvre pour nous enrichir : par lui et en lui nous vivons de la vie de Dieu avec toutes les richesses pour grandir dans cette vie : sa Parole, l’Eglise, les sacrements, l’amour des frères…Grâce à l’Esprit Saint que le Père nous a donné, nous pouvons aimer, partager, servir, fraterniser, réconcilier, nous donner …en un mot “ être riche en vue de Dieu ”.

 

   

Pour l’animateur  

Tout de suite, Jésus, le Fils du Père, le Frère de tous les hommes, nous met en présence de « notre Père » à tous, le Père de tous les hommes… « Il a trouvé bon », car c’est bien, c’est ce qu’il veut pour tout homme, pour chacun de ses enfants, pour son bien le plus profond, et il est le premier à être heureux lorsque cela se réalise concrètement, « il a trouvé bon de nous donner le Royaume » gratuitement, par Amour… Notre Père est heureux de nous le donner, et il est encore plus heureux lorsque nous acceptons de recevoir ce Don pour notre bien le plus profond, pour notre vrai bonheur, car nous avons tous été créés pour cela… Dieu est un Papa qui ne pense qu’au Bonheur de ses enfants, qui fait tout pour qu’il se réalise concrètement, et qui est heureux quand il se réalise vraiment…

            D’après tous ces versets, « donner le Royaume » c’est « donner l’Esprit Saint » car le Royaume de Dieu est un Mystère de Communion avec Dieu dans l’unité d’un même Esprit. C’est ce que le Fils vit de toute éternité avec le Père qui, par amour, ne cesse de lui donner la Plénitude de ce qu’Il Est, et Il Est Esprit, Lumière, et Vie. « Né du Père avant tous les siècles », « engendré non pas créé », Jésus, le Fils, est alors « de même nature que le Père », « Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Il vit en Communion avec le Père, dans l’unité d’un même Esprit qui est tout en même temps Lumière et Vie. Cette vie en communion avec Dieu, tel est le Royaume des Cieux que le Père veut nous donner gratuitement, par amour, en nous donnant l’Esprit Saint. C’est ce qu’il fait pour le Fils de toute éternité… Créés par le Père, tous enfants d’un même Père, nous sommes tous appelés à partager la Vie du Père qui nous est communiquée par le Don de l’Esprit Saint… Telle est notre vocation à tous !

  • Ce Trésor, notre seul vrai Trésor ici-bas, est le Don de l’Esprit Saint, Don éternel, spirituel et donc, dans nos cœurs, insaisissable à tout voleur et aux mites ! Il est « inépuisable» car la richesse de Dieu est « insondable » (Ep 3,8), infinie !

  • En nous donnant « l’Esprit», Dieu nous donne « sa Lumière», et puisqu’il est un Soleil qui donne sans cesse, nous sommes invités, comme Jésus, à être sans cesse, de cœur, « tournés vers Lui » (Jn 1,18) pour recevoir et recevoir encore ce Don de Dieu. Nous « veillerons » donc à demeurer dans cet Amour instant après instant. Et nous essaierons (nous n’y arrivons pas toujours !), avec la Force de cet Esprit d’Amour et de Miséricorde qui vient au secours de notre faiblesse, de vivre en harmonie avec le Don reçu en évitant le mal qui lui est contraire. « Garder nos lampes allumées » suppose donc une conversion continuelle, soutenue par Dieu Lui-même, avec notre consentement bien sûr…

            Le serviteur infidèle fait le mal, ce qui prouve qu’il s’est coupé de la Source de tout bien. Privé du Don de Dieu, il ne peut que se retrouver dans les ténèbres, l’absence de Plénitude de Vie, privé de la vraie Paix et de la vraie Joie. Il s’est séparé lui-même de Dieu, il s’est donné à lui-même un grand nombre de coups. « Souffrance et angoisse à toute âme qui fait le mal » (Rm 2,9).

  • En recevant l’Esprit, nous recevons l’Amour qui nous pousse à nous mettre au service de Dieu et de nos frères, une attitude qui est celle-là même de Dieu ! Jésus était par amour, au service de son Père et de tous les hommes ses frères. Il leur a lavé les pieds, il est allé jusqu’à donner sa vie pour eux sur une Croix. Aimer, c’est, très concrètement, servir… « L’intendant fidèle et sensé » distribue aux autres les biens qu’il a reçus de son Maître, et cela pour leur Vie, leur Bien le plus profond. Telle est notre mission à tous : partager largement avec tous ceux et celles qui nous entourent tout ce que nous avons reçu de Dieu…

  • Si nous veillons dans l’Amour à rester de cœur tourné vers Dieu qui ne cesse de donner tout ce qu’il a, tout ce qu’Il Est, nous nous retrouverons comblés de « tous ses biens» : le Trésor infini, « inépuisable», de l’Esprit Saint. Ce Trésor sera notre plénitude et « par notre plénitude, nous entrerons dans toute la Plénitude de Dieu » (Ep 3,19 ; Col 2,9-10).

       

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

  • Quelles résolutions, aujourd’hui, pouvons-nous prendre pour nous aider à « veiller», à demeurer, de cœur, tournés vers l’Amour pour nous laisser combler de ses Biens ?

  • Quelle démarche concrète pourrions-nous entreprendre pour collaborer davantage à l’œuvre de Dieu qui veut que tout homme soit comblé par le Don de son Esprit Saint ?

ENSEMBLE PRIONS

« Ô Père, Source de l’Amour, tu nous as gardés en ce jour, dans ta Tendresse. Si je n’ai pas compris ta voix, ce soir je rentre auprès de toi, et ton pardon me sauvera de la tristesse » (Claude Tassin).      

 

 

 

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18ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Nous sommes exposés à l’amour de Dieu

amour de dieu

Cet homme riche est traité d’insensé, c’est-à-dire qu’il manque de sagesse. En relisant cette parabole, en la méditant, je me disais ceci : au fond, à première lecture, cette parabole nous rappelle simplement cette vieille sagesse sémitique qui a le sens de la fragilité de toute chose. Tout, dans l’histoire humaine, est pratiquement imprévisible, ou presque. Parce que nous savons que les projets que nous faisons, la plupart du temps sont contrecarrés, sont modifiés par des événements, des circonstances. Parce que nous éprouvons, dans notre propre vie, cette fragilité fondamentale de notre désir, de notre vouloir qui n’arrivent jamais à se réaliser pleinement et complètement. Parce qu’aussi nous voyons sans cesse dans notre vie la fragilité de cette vie physique, biologique que nous possédons et qui, à un certain moment, disparaît. Nous avons ce regard sur toute chose qui est que chaque chose n’a pas sa plénitude et sa consistance propre, qu’elle n’arrive pas à se tenir debout toute seule de manière stable et définitive. Dans toute la Bible, les affirmations concernant soit la nature, le monde créé, soit notre propre existence, vont sans cesse dans ce sens : le monde ne tient pas debout tout seul. Heureusement que Dieu l’a fixé sur des colonnes, autrement il s’écroulerait sans cesse. Et puis, « l’homme, ses jours sont comme l’herbe. Comme la fleur des champs il fleurit, un coup de vent passe et il n’existe plus ! »

Dans d’autres cultures, dans d’autres civilisations, dans d’autres philosophies, on l’avait déjà pressenti. Dans la tradition philosophique, on appelle cela la contingence, c’est-à-dire le fait que toute chose n’arrive pas à tenir dans une sorte d’autosuffisance. Elle ne s’explique pas toute seule. Elle ne tient pas debout absolument toute seule. Même si Dieu lui a conféré une autonomie, en réalité, elle est vouée à un moment ou l’autre, à une mort, à une destruction.

Et l’on pourrait croire que cette petite parabole que le Christ nous livre en ce jour, ne veut dire que cela. Au fond, cet homme avec ses richesses, tout le blé qu’il a engrangé et qu’il projette encore d’enfermer dans ses granges qu’il envisage d’agrandir est le symbole de ce désir de vouloir tenir, tout seul, dans l’existence, de se donner à soi-même sa propre sécurité, sans pouvoir y arriver. Cela c’est la face négative de cette parabole.

Mais je me disais en même temps, qu’il y a quelque chose d’extrêmement consolant dans toute cette affaire. Car cette fragilité et cette inconsistance du monde n’ont-elles pas aussi une face positive ? En effet, dire que ce monde est fragile, dire que nous ne pouvons pas nous assurer la vie par nous-mêmes et pour nous-mêmes, cela ne veut-il pas dire que Dieu prier_Dieu_Lumi_re_dans_nos_vieest si proche qu’à tout instant, il peut faire irruption dans nos vies ? Est-ce que, au fond, dans la vie de cet homme qui était en train de se construire une sorte d’énorme barrage vis-à-vis de ses propres projets, vis-à-vis des autres, vis-à-vis de Dieu, est-ce qu’il n’y a pas là le signe que cette fragilité même de sa vie et de ses projets, et qui montre que Dieu, à tout instant, est proche de lui et peut intervenir au cœur de sa propre vie, même s’il s’agit de ce moyen radical qui est de le rappeler à Lui ?

En réalité, si notre vie est fragile, il faut que nous sachions que cette fragilité signifie deux choses. Elle est sans cesse un rappel de ce que nous ne pouvons pas tenir en nos propres mains notre existence. Mais, en même temps, elle est le signe qu’en réalité, comme le dit saint Paul, « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu ! » Si fortes que soient les barrières dont nous voulons nous prémunir, si fortes que soient les richesses dont nous croyons nous assurer, si grandes que soient les sécurités morales ou spirituelles que nous voulons essayer de nous bâtir et qui, la plupart du temps, sont fausses parce qu’elles sont l’ouvrage de nos mains, en réalité, cette fragilité profonde de notre vie fait que, sans cesse, nous sommes exposés à l’amour de Dieu.

Alors, je crois qu’il est bon de rendre grâces, à certains moments, pour cette fragilité que Dieu nous a donnée. C’est vrai qu’elle est une sorte d’ascèse et de pénitence car il s’agit sans cesse de remettre nos vies entre les mains de Dieu. Mais, en même temps elle a quelque chose d’extrêmement beau et éblouissant, c’est de dire que la lumière de Dieu est si proche qu’elle nous est cachée, simplement, par un voile, le voile de l’obscurité de notre regard, le voile de notre dureté de cœur, mais qu’à tout moment Dieu peut briser ce voile et nous dire : « Voici, je viens ! » Amen.ESPRIT SAINT 1




18ieme Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 «Vivre non pas pour soi, mais pour les autres (Lc 12,13-21)…»  

     En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »
Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? »
Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède. »
Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.
Il se demandait : “Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.”
Puis il se dit : “Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens.
Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.”
Mais Dieu lui dit : “Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?”
Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. »

Dieu est amour 2

         Un conflit oppose ici deux frères sur une question d’héritage… L’un voudrait en avoir une part, alors que son frère a déjà tout pris pour lui. Ce dernier était peut-être l’aîné à qui tout revenait de droit… Mais il ne veut rien partager ! Et son frère de son côté ne veut rien lâcher ! Nous le constatons, les deux sont habités par cette « âpreté au gain » vis-à-vis de laquelle Jésus nous met ici en garde…

            En effet, « la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ». Il est vrai que celles-ci lui permettent de subvenir aux besoins de son corps. Il en faut donc un minimum, et « le Père sait de quoi nous avons besoin avant même que nous ne lui ayons demandé » (Mt 6,8). « Ne cherchez donc pas ce que vous mangerez ni ce que vous boirez… Ne vous tourmentez pas. Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez donc son Royaume, et tout le reste vous sera donné par surcroît » (Lc 12,29-31). Et « qui cherche » son Royaume le« trouve » (Lc 11,10) car « votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12,32), « Lui qui vous a fait le Don de son Esprit Saint » (1Th 4,8)… Le Royaume de Dieu est en effet Mystère de Communion avec Lui dans l’unité d’un même Esprit (cf. Rm 14,17 ; 2Co 13,13).

            Or, écrit St Paul, « l’Amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5). Et cet Amour ne peut qu’être une Force qui entraîne les pécheurs que nous sommes sur les chemins de la conversion, c’est-à-dire du partage et de la solidarité, à contre sens de tout égoïsme… Deux logiques s’opposent donc : celle de la recherche de soi, sans se préoccuper des autres… Celle de la recherche du bien de l’autre, au prix parfois de quelques sacrifices…

            Ces deux frères, chacun ne pensant qu’à lui-même, sont plutôt dans la première. Pour les aider à en prendre conscience, Jésus va leur offrir la parabole de cet homme « dont les terres avaient beaucoup rapporté ». « Que vais-je faire ? Je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands. J’y entasserai tout mon blé… et je me dirai à moi-même : repose-toi, jouis de l’existence »… Je, je, je, je, mon, me, moi-même… Cet homme ne pense qu’à lui-même, à ses richesses, à son bien-être personnel… Aucune pensée pour autrui, et donc aucune marque d’attention… Mais il a oublié que nous ne sommes que de passage ici-bas : « Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu as amassé, qui l’aura ? »… Certainement pas lui ! Dépossédé des biens de ce monde, que lui restera-t-il lorsqu’il arrivera en l’autre ? « Tout passe, l’amour seul demeure » (Ste Thérèse d’Avila)…                DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 18ieme dimanche du temps ordinaire

« Vous êtes ressuscités avec le Christ…

Tendez vers les réalités d’en-haut, et non pas vers celles de la terre.  »

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Luc 12, 13-21)            

Jésus est en route vers Jérusalem. Après l’enseignement de Jésus sur la prière, Luc place divers épisodes où l’on voit Jésus attaqué par ses adversaires qui le traitent de possédé parce qu’il a pratiqué un exorcisme, par les pharisiens et les docteurs de la Loi a qui Jésus fait de vifs reproches sur leur comportement. Et Jésus met en garde ses disciples et la foule contre leurs enseignements, et il leur demande de prendre parti pour lui et pour Dieu son Père qui prend soin d’eux. Dans l’évangile que nous allons méditer, il met ses auditeurs en garde contre le danger des richesses. 

Soulignons les mots importants

L’animateur demande à chacun de noter les mots qui lui semblent importants ou pour lesquels il voudrait une explication. 

Héritage : C’est un mot qui est souvent source de problèmes dans nos familles. Pourquoi ?

Qui m’a établi pour faire vos partages ? : En demandant à Jésus d’intervenir dans un problème d’héritage, cet homme ne se trompe-t-il pas de porte ! Que pensons-nous de la réponse de Jésus ?

Âpreté au gain : Comment comprenons-nous cette expression ? Trouver des mots de chez nous qui veulent dire la même chose.

Richesses : Quel sens Jésus donne à ce mot dans cet évangile ?

“ mange, bois, jouis ” : Derrière ces mots quelle conception de la vie ? Est-elle d’actualité dans notre société ?

“ Tu es fou ” : De quelle folie s’agit-il ici ?

Etre riche en vue de Dieu : Que propose ainsi Jésus à celui qui veut être son disciple ?

 

 

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Ensemble regardons Jésus 

En silence, nous écoutons Jésus parler à  notre cœur : “ La vie d’un homme ne dépend pas de ses richesses ”. Lui-même s’est fait pauvre pour nous enrichir : par lui et en lui nous vivons de la vie de Dieu avec toutes les richesses pour grandir dans cette vie : sa Parole, l’Eglise, les sacrements, l’amour des frères…Grâce à l’Esprit Saint que le Père nous a donné, nous pouvons aimer, partager, servir, fraterniser, réconcilier, nous donner …en un mot “ être riche en vue de Dieu ”.

 

   

Pour l’animateur 

  De tout temps, le partage de l’héritage familial a été source de problèmes, de conflits, de divisions.

  Le rôle des rabbis était précisément de s’occuper d’affaires légales. Jésus n’est pas un rabbi comme les autres. La tâche de Jésus est d’annoncer la Bonne Nouvelle du Règne, autrement dit de “ s’occuper des affaires de son Père ”, comme il l’a dit un jour à ses parents, d’appeler à la conversion et de nous aider à vivre l’Evangile. A la racine du problème entre les deux frères, c’est justement un changement radical du cœur (conversion) qui est nécessaire.

  L’âpreté au gain, c’est ce désir d’avoir toujours plus, désir jamais satisfait. Il y a un mot que le dieu-argent ne dit jamais : “ Assez ! ” D’ailleurs cette avidité, cette cupidité, ne menace pas seulement celui qui a beaucoup de biens ou beaucoup de moyens. Il y a de grandes richesses et des petites richesses. Mais c’est au niveau du cœur que se situe la soif d’avoir toujours plus, quand l’argent devient le seul moteur de la vie. Les biens égoïstement accumulés n’ont rien à voir avec la vraie vie de l’homme. L’existence humaine ne se gère pas comme un bien d’héritage !

  Nous vivons dans une société de consommation et de jouissances, où l’argent est roi (et non pas le client ! comme on veut faire croire). La publicité est partout présente et souvent agressive pour nous faire avoir toujours plus de choses, parfois d’utilité douteuse. Les nombreux jeux d’argent aux sommes énormes font rêver et nourrit dans les cœurs le désir de “ gagner des millions ” ! Les valeurs spirituelles, les richesses du cœur sont au second plan ou même oubliées !

  La parabole du riche insensé (“tu es fou ”) permet à Jésus d’illustrer son enseignement : ce fermier est “ fou ” parce qu’il a perdu le vrai sens des choses de ce monde : il pense que la vraie sécurité est l’entassement des biens matériels. Il ne prend pas en compte sa mort. Il est entièrement préoccupé d’une réalisation égoïste qui ne table que sur la vie présente, au lieu d’être riche en vue de Dieu, c’est à dire faire un bon usage de ses biens pour aider ses frères les plus pauvres, pour partager et s’assurer ainsi un bonheur solide en se faisant un “ trésor dans le cieux ”.

       

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

Souvent les mésententes et divisions dans nos familles naissent avec des problèmes d’héritage. Pourquoi ?

Jésus ne met pas en garde contre l’argent lui-même, il sait bien qu’il en faut pour vivre, mais contre la croyance que l’argent fait le bonheur. L’argent est souvent un obstacle sur la route du Royaume. Jésus ne prêche pas l’imprévoyance ni la négligence dans la gestion de nos biens. Il veut au contraire des hommes et des femmes libres et responsables.

Dans cette société de consommation, ne sommes-nous pas victimes de cette attirance irrésistible vers les biens matériels, en espérant y trouver la douceur de vivre ? Est-ce que nous restons libres par rapport aux biens matériels ?

Quelle est notre attitude par rapport à la publicité ? Par rapport aux jeux d’argent ? Comment faire pour rester libres ? Comment faire pour consommer de manière responsable ?

Pourtant, plus nous avançons dans la vie, nous savons que la mort, à chaque instant, peut tout balayer. Dans la parabole de cet évangile Jésus nous le rappelle fortement.

Quelles conséquences devons-nous en tirer pour notre vie de tous les jours ?

Les véritables greniers se remplissent avec les richesses du cœur.

Pour être riche, en vue de Dieu ” autrement dit pour développer les richesses du cœur, quelle conversion avons-nous à faire : avoir un cœur libre de toute attache à l’argent ? Une plus grande disponibilité de vie pour aider ? Respect des plus pauvres ? Participer à des associations humanitaires, etc. ? 

Ensemble prions.

Seigneur Jésus, tu as dit “ heureux les pauvres, car le Royaume des cieux est à eux ”, donne-nous l’esprit de pauvreté et d’humilité.

Seigneur Jésus, tu as dit “ heureux ceux qui ont faim et soif car ils seront rassasiés ”, donne-nous une âme assoiffée de justice et d’amour.

Nous redisons ensemble la prière du disciple, prière du pauvre : Notre Père.

 

 

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17e dimanche ordinaire – Année C – Claude WON FAH HIN

Évangile : Luc 11, 1–13

Jésus en prière1Jésus prie quelque part. Il prie en réalité partout où il se trouve et il est constamment en relation avec son Père. C’est une prière continuelle. De même, pour nous, il nous faut faire une prière continuelle pour rester en contact avec le Christ. –  Mais dire ou réciter une prière ne suffit pas pour rester en lien avec Jésus.  Ce n’est pas le fait de réciter ou de lire une prière qui fait la prière, il faut vraiment le dire avec cœur, avec sincérité, en vérité, en prenant son temps. Il faut même aller encore plus loin et le Pape François nous dit (« Méditations quotidiennes – P.242) : « si l’on veut obtenir quelque chose de Dieu, il faut avoir le courage de négocier » avec Lui à travers une prière insistante et convaincue, faite de peu de mots. Faire comme Abraham, avec sa manière de parler avec Dieu, exactement comme s’il était en train de négocier avec un autre homme ; Il a insisté auprès de Dieu à Sodome et Gomorrhe et est passé de cinquante à dix justes. Si une personne veut que le Seigneur lui accorde une grâce, elle doit aller avec courage et faire ce qu’a fait Abraham, avec insistance ». Cette insistance va jusqu’à ce que l’on ait obtenu la grâce demandée, et ne comptez pas la durée, cela peut être très rapide comme cela peut être très long, sur plusieurs années. Mais si vous voulez absolument une grâce, il faut prier aussi longtemps que nécessaire sans jamais douter que vous l’obtiendrez. 1 Jn 5,14-15 : « 14 Nous avons en Dieu cette assurance que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. 15 Et si nous savons qu’il nous écoute en tout ce que nous lui demandons, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé ». « Et si Dieu semble tarder à nous réponde (P.251 – «  Grâce et Miséricorde » – Michel Hubaut), ce n’est pas par indifférence, mais pour nous laisser le temps d’arriver là où il veut que nous allions ». Cela fait partie de ses desseins de salut pour nous. Quand nous prions Dieu, Dieu ne vient pas à nous, c’est nous qui allons vers Lui, « ce n’est pas Dieu qui se plie à mes projets, à mes désirs mais ce sont mes désirs qui rejoignent peu à peu le Désir de Dieu ». Et c’est pour cela que Dieu semble parfois prendre du temps pour nous exaucer, le temps pour nous d’arriver là où Dieu veut nous conduire.

personne en prière

Un de ses disciples lui demande de leur apprendre à prier. Jésus nous rappelle que nous sommes les enfants de Dieu. Et parce qu’il est notre Père, nous devons avoir recours à Lui autant de fois que nous avons besoin de Lui, comme un petit enfant a besoin de son Père, sinon il se sent perdu. Et c’est parce qu’on ne fait pas assez appel au «  Père », que nous nous perdons dans la vie de tous les jours.   Adorer le Père nous fait renaitre à sa Vie en tant qu’enfants de Dieu. Saint Ambroise nous dit : «  Dis «  Notre Père » pour mériter d’être son fils » (CEC 2783). Etre fils adoptif de Dieu implique de notre part une conversion continuelle et une vie nouvelle de chaque instant (CEC 2784). Nous ne pouvons pas appeler notre Père le Dieu de toute bonté si nous gardons en nous un cœur cruel et inhumain envers les autres, car à ce moment-là nous n’avons plus en nous la marque de la bonté du Père. L’expression « Notre Père » laisse entendre que tous ceux qui le disent forment un seul et même peuple. Nous sommes « son » peuple et il est « notre » Dieu, « notre » Père. C’est pourquoi, malgré les divisions des chrétiens, prier le « Notre Père », c’est participer à la prière de Jésus pour l’unité de ses disciples. – « Que ton Nom soit sanctifié ». Il dépend de notre manière de vivre et de notre prière que son Nom soit sanctifié. CEC 2814 Nous demandons que ce Nom de Dieu soit sanctifié en nous par notre vie, par notre manière de vivre. Car si nous vivons bien, c’est-à-dire si nous nous comportons en vrai chrétien,  le Nom de Dieu est béni par tous ceux qui ont une foi tiède ou par ceux qui ne connaissent pas Dieu (et qui nous regardent vivre en tant que chrétiens); mais si nous vivons mal, c’est-à-dire si en tant que chrétien, nous nous comportons mal,  le Nom de Dieu est blasphémé, selon la parole de l’Apôtre : ‘Le Nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations (Rm 2, 24 ; Ez 36, 20-22).  Ceux qui ne sont pas chrétiens ne sont pas des aveugles, ils voient bien comment les chrétiens se comportent. notre père2Et selon leur comportement, le Nom de Dieu sera sanctifié ou  non par eux–mêmes et aussi par nous.   « Que ton règne vienne » : Dans la prière du Seigneur, il s’agit principalement de la venue finale du Règne de Dieu par le retour du Christ (cf. Tt 2, 13). Mais ce désir du retour du Christ à la fin des temps ne distrait pas l’Église de sa mission dans ce monde présent, il l’y engage plutôt. Car depuis la Pentecôte, la venue du Règne est l’œuvre de l’Esprit du Seigneur  » qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification.   Que le règne de  Dieu arrive dans le monde et dans nos cœurs pour que nous soyons tous sanctifiés en Dieu. Les trois dernières demandes concernent les intérêts de l’homme. – Dans cette prière, le disciple se situe  comme un pauvre qui reçoit tout de Dieu, aussi bien sur le plan matériel (le pain de chaque jour)  que sur le plan spirituel (le pardon  des péchés). Enfin, cette prière exprime l’humilité du fils qui n’a pas la présomption de croire qu’il peut se réaliser tout seul et qui demande à son Père la force de ne pas céder aux tentations du Mal et surtout d’avoir la force de les affronter, comme Jésus, l’épreuve de la souffrance et de la mort.  « Notre pain quotidien » – CEC 2831 Le drame de la faim dans le monde appelle les chrétiens qui prient en vérité à une responsabilité effective envers leurs frères, tant dans leurs comportements personnels que dans leur solidarité avec la famille humaine. CEC 2835 Cette demande, et la responsabilité qu’elle engage, valent encore pour une autre faim dont les hommes dépérissent :  » L’homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui sort de la bouche de Dieu  » (Dt 8, 3 ; Mt 4, 4), c’est-à-dire sa Parole et son Souffle. Les chrétiens doivent mobiliser tous leurs efforts pour  » annoncer l’Evangile aux pauvres « . Il y a une faim sur la terre,  » non pas une faim de pain ni une soif d’eau, mais d’entendre la Parole de Dieu  » (Am 8, 11). C’est la mission du chrétien que de faire connaître notre Dieu au monde et de les baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.  « Notre pain de ce jour » c’est aussi le sacrement de l’eucharistie. L’Eucharistie est notre pain quotidien. C’est une force d’union : elle nous unit au Corps du Sauveur et fait de nous ses membres afin que nous devenions ce que nous recevons… Ce pain quotidien est encore dans les lectures que vous entendez chaque jour à l’Église, dans les hymnes que l’on chante et que vous chantez.

pardonner– « Pardonne-nous nos péchés ».  CEC 2838 : notre demande ne sera exaucée que si nous avons d’abord répondu à une exigence, celle de pardonner nous aussi à ceux qui nous ont offensés.  CEC 2810 « …Nous ne pouvons pas aimer le Dieu que nous ne voyons pas si nous n’aimons pas le frère, la sœur, que nous voyons (cf. 1 Jn 4, 20). Dans le refus de pardonner à nos frères et sœurs, notre cœur se referme, sa dureté le rend imperméable à l’amour miséricordieux du Père ; dans la confession de notre péché, notre cœur est ouvert à sa grâce. Souvent, le chrétien, celui qui ne reconnaît jamais son manque de pardon, continue à réciter « pardonne-nous comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé », tout en sachant parfaitement que cela n’est pas vrai dans sa vie quotidienne.  Cela s’appelle l’hypocrisie et il est toujours possible de changer cette attitude avec la grâce de Dieu.  Dans la parabole du débiteur impitoyable (Mt 1821-35),  celui qui n’a pas pardonné est livré à des tortionnaires. CEC 2843 : Mt 18,35 :  » C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur « . C’est là, en effet,  » au fond du cœur  » que tout se noue et se dénoue. Il n’est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et d’oublier l’offense ; mais le cœur qui s’offre à l’Esprit Saint retourne la blessure en compassion et purifie la mémoire en transformant l’offense en intercession ». L’esprit Saint a le pouvoir de nous convertir.

tentation1

–  « Ne nous laisse pas entrer en tentation » (Michel Hubot : « Grâce et Miséricorde » – P.147) : « Ce que nous demandons à Dieu, c’est de nous donner la force de ne pas céder à la tentation,  de ne pas céder à la séduction du Mal, au découragement dans les épreuves, à ne pas pactiser avec le Malin qui cherche à défigurer l’homme et à le détourner de sa vocation de fils de Dieu ». CEC 2846. Nos péchés sont les fruits du consentement à la tentation. Nous lui demandons de ne pas nous laisser prendre le chemin qui conduit au péché. Nous sommes engagés dans le combat  » entre la chair et l’Esprit « . Cette demande implore l’Esprit de discernement et de force. CEC 2847 : «  L’Esprit Saint nous fait discerner entre l’épreuve, nécessaire à la croissance de l’homme intérieur (cf. Lc 8, 13-15 ; Ac 14, 22 ; 2 Tm 3, 12), et la tentation, qui conduit au péché et à la mort (cf. Jc 1, 14-15). Nous devons aussi discerner entre  » être tenté  » (qui n’est pas un péché) et  » consentir  » à la tentation (qui est un péché). Dans notre prière, demandons le discernement de la tentation (afin de reconnaître toute tentation qui peut nous mener au péché) et aussi la force de lutter immédiatement contre cette tentation qu’on a pu discerner. Le discernement démasque le mensonge de la tentation : apparemment, son objet est  » bon, séduisant à voir, désirable  » (Gn 3, 6), alors que, en réalité, son fruit est la mort ». Le tentateur nous fait miroiter de bonnes choses agréables, pour  mieux nous mener au  péché. Tout le monde sait que l’on n’attrape les mouches avec du vinaigre. CEC 2849 Or un tel combat et une telle victoire ne sont possibles que dans la prière. C’est par sa prière que Jésus est vainqueur du Tentateur, dès le début (cf. Mt 4, 1-11) et dans l’ultime combat de son agonie. Et le Pape François le sait très bien quand il nous dit dans ses « Méditations quotidiennes » (2/9/2013) : « Pour qu’il y ait la paix dans une communauté, dans une famille,  dans un pays, dans le monde,  nous devons commencer par être avec le Seigneur (c’est-à-dire le Christ, et personne d’autre). Et là où se trouve le Seigneur, il n’y a pas d’envie, il n’y a pas de criminalité, il n’y a pas de jalousies (dans le cas contraire, c’est que le Seigneur n’est pas avec vous). Là où il y a le Seigneur, il y a fraternité ».  CEC 2849 La vigilance du cœur  est rappelée avec insistance. Mc 13,9 : « soyez sur vos gardes » ; 13,23 : « Pour vous, soyez en garde : je vous ai prévenus de tout »; 13,33 : « Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment ». L’Esprit Saint cherche à nous éveiller à cette vigilance  (1Co  16,13) : « Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, soyez forts »; Col4,2 : « Soyez assidus à la prière; qu’elle vous tienne vigilants, dans l’action de grâces ; 1Th 5,6 : « ne nous endormons pas, comme font les autres, mais restons éveillés et sobres » ; 1P5,8 : « Soyez sobres, veillez. Votre partie adverse, le Diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer ».  On ne peut pas dire que nous ne  sommes pas prévenus.

–  C’est une invitation à persévérer dans la prière, à être « têtu dans la prière », comme il est dit dans l’Évangile d’aujourd’hui,  jusqu’à ce que nous  nous ayons ce dont nous avons besoin.  Dieu ne nous accordera pas toujours aussi facilement les dons, les grâces ou les bienfaits que nous lui demandons. Surtout après chaque prière, n’allez pas vérifier dans les jours qui suivent si vos prières ont été exaucées. Priez et oubliez. Priez de nouveau et oubliez. Prier encore et oubliez. Cela signifie que vous faites une confiance totale en Dieu qui finira par vous exaucer un jour ou l’autre, mais à sa manière. C’est Lui qui décidera du moment où Il nous exaucera et de quel type de grâce nous avons besoin. Priez tant que votre prière n’est pas exaucée à condition que ce que vous demandez s’accorde avec la volonté de Dieu. Jc 5,16 : « La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance ».perséverez




17ième Dimanche du Temps Ordinaire- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Que ton nom soit sanctifié

 

 

que ton nom soit sanctifiéNous venons d’entendre dans la version de saint Luc les mots qui, depuis vingt siècles, n’ont jamais cessé de porter la prière de l’Église. En effet, tout ce qui anime la prière de l’Église, incessamment et en tout lieu n’est jamais qu’un développement, un commentaire qui puise ses racines dans la prière de Jésus : « Père ! Que ton Nom soit sanctifié ! » Je voudrais que nous réfléchissions un instant sur le caractère paradoxal de cette première démarche.

« Père ! Que ton Nom soit sanctifié ! » La première demande du Pater a l’allure d’une demande mais elle n’est pas exactement une demande, car que signifierait de dire à quelqu’un : « Que ton Nom soit sanctifié ! » Quand on sait que, dans la tradition biblique, le nom signifie l’être même de la personne et que personne n’est plus saint que Dieu Lui-même. Par conséquent : « Que ton Nom soit sanctifié ! » Comment peut-on vouloir que Dieu dans sa personne, dans son être devienne plus saint, soit rendu plus saint ?

En réalité, il ne s’agit pas exactement là d’une demande mais plutôt d’une sorte de reconnaissance fondamentale. « Tu es le Dieu qui est quelqu’un et qui manifeste qu’Il est quelqu’un à travers deux choses : la paternité et la sainteté ». Et le croyant ne demande pas quelque chose en plus de cela, il demande simplement que cette réalité-là soit reconnue pour ce qu’elle est, la totalité du mystère de Dieu. Dieu est le Nom. Il est quelqu’un. Il est une personne. Et si nous le savons c’est précisément parce que Jésus Lui-même nous a communiqué la capacité d’entrer dans ce mystère de relation personnelle. La révélation trouve son achèvement, son plus haut point dans ce moment où Jésus initie ses disciples à ce type nouveau de relation personnelle avec le Père. Non pas qu’auparavant il n’y ait pas eu de relation personnelle avec le Père, mais là, nous en recevons l’assurance, la certitude dans la présence même de Jésus. Désormais toute relation avec le mystère de la personne du Père s’enracine dans le fait que Jésus nous l’a révélé, nous l’a dite et nous y initie, nous y conduit et nous y introduit.89341035_o

C’est précisément la raison pour laquelle cela se manifeste par la paternité. Lorsque nous prions, nous sommes engendrés à Dieu. Finalement la prière est l’acte de genèse de nous-mêmes en face de Dieu. La prière n’est pas simplement une activité de la pensée. La prière n’est pas simplement une certaine manière d’envisager Dieu, de lui parler ou de nous adresser à Lui. La prière, c’est notre propre genèse à Dieu. Par la prière, nous sommes engendrés comme fils, nous laissons se déployer en nous notre être de fils. Et par ce biais de la paternité qui nous engendre au mystère de Dieu comme notre Père, nous découvrons la sanctification, nous découvrons la sainteté, c’est-à-dire l’inaccessibilité de Dieu. Mais c’est précisément là où toutes les religions païennes qui à certains moments mettaient l’accent sur la transcendance d’un dieu inaccessible trouvent une sorte de revirement total. C’est à l’intérieur de la reconnaissance de Dieu comme Père, de Dieu avec qui nous avons une relation que nous disons qu’Il est saint, qu’Il nous dépasse infiniment.

Le chrétien vit cette relation avec son Père, il est engendré à la relation par laquelle il est fils du Père, et au cœur même de cette relation il s’aperçoit que cette relation n’est pas une sorte de simple symétrie ou de réciprocité de tu à toi, mais que, en réalité, au cœur même de cette intimité, l’homme est mis devant le secret de la personne de Dieu, le secret de son nom. C’est la raison pour laquelle nous n’avons jamais fini d’être engendrés à Dieu. Bien sûr c’est une aventure qui, déjà sur terre, est pleine de rebondissements, de progrès et parfois aussi de chutes, parce que nous sommes des êtres de chair et de temps. Mais en même temps, parce que nous cherchons le secret même du cœur de Dieu, c’est une aventure qui n’a jamais fini et qui ne cessera jamais, même dans le mystère de la contemplation du Nom divin. Parce que, là encore, l’éternité n’est pas ce long moment interminable, mais elle est simplement ce temps où continue, sur un autre mode encore plus réel, encore plus fort, la sanctification du nom, c’est-à-dire cette fascination du secret même du cœur de Dieu qui nous a été ouvert en Jésus-Christ. Amen.notre père2