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Rencontre autour de l’Évangile – La Pentecôte

« Un autre défenseur sera avec vous :

c’est l’Esprit de Vérité. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et situons le texte (Actes 2, 1-11)

(Exceptionnellement nous partagerons sur le récit de la Pentecôte (l’Evangile est celui du 6ème dimanche de pâques)

Saint Luc, qui a écrit les Actes des Apôtres, est le seul à nous raconter ce qui s’est passé le 50ème jour après Pâques, jour de la Pentecôte. Cette fête juive commémorait le don de la Loi au Sinaï : le peuple libéré de l’esclavage en Egypte (célébré lors de la Pâque juive) naissait alors comme peuple de l’Alliance.

50 jours après la Mort et la Résurrection du Christ, qui a été la véritable libération de l’humanité par la Pâque du Christ, la Pentecôte, avec la venue de l’Esprit-Saint, célèbre la naissance du peuple de la “ Nouvelle Alliance ”.

Soulignons les mots importants

Les frères: Combien étaient-ils ? Luc le dit lors de l’élection de Matthias  (Ac1, 15) Que vous inspire cette manière de nommer  les disciples  ?

Réunis tous ensemble : Pourquoi saint Luc souligne cela ?

un violent coup de vent : Que signifie ce violent coup de vent ?

une sorte de feu : le symbole du feu dans la Bible est très  riche. (Faire chercher par le groupe)

Qui se partageait en langues : Un symbole !

Parler en d’autres langues 

Chacun entendait dans sa propre langue

Dans nos langues les merveilles de Dieu

Pourquoi saint Luc insiste sur le miracle des langues?

Se posa sur chacun : Quelle est l’importance de ce mot “ chacun ”?

Remplis de l’Esprit-Saint : que signifie cette expression ? De toutes les nations : Quelle est la portée de l’événement de la Pentecôte pour saint Luc?

 

Ta Parole dans nos cœurs

Après la lecture et le partage, inviter les participants à faire silence, à réaliser qu’à la Confirmation qu’ils ont été remplis de l’Esprit Saint pour participer à la Mission de l’Eglise, à témoigner de Jésus Christ ressuscité, seul Sauveur dont le monde a besoin.

 

Pour l’animateur

Le miracle des langues est fortement souligné par saint Luc. La langue, c’est l’organe de la Parole. Lors de l’épisode symbolique de la Tour de Babel, la diversité des langues avaient provoqué la confusion et la division de l’humanité. On ne se comprenait plus. A la Pentecôte, l’Esprit Saint rétablit l’unité : le même message est compris dans la diversité des langues et des cultures. Luc souligne l’universalisme de l’Evangile que des gens de toutes langues peuvent recevoir et comprendre. (Ne pas confondre avec le “ parler en langues ”, phénomène de langage incompréhensible qui demande à être interprété).

Les Douze ne sont pas les seuls à vivre l’événement de la Pentecôte : ils étaient environ 120 “ frères ” : dès le commencement, aussi bien pour attendre la venue de l’ Esprit dans la prière autour de Marie, qu’au moment de la venue de l’ Esprit, les Douze apôtres et d’autres disciples forment une communauté de frères. L’Eglise, dès le début, c’est “ l’être-ensemble ” de ceux qui croient au Christ et accueillent son Esprit.

Luc signale la présence à Jérusalem une foule de juifs originaires de tous les pays connus à l’époque et venus sans doute en pèlerinage : son idée, c’est qu’à la Pentecôte, ces gens de partout préfigurent tous les peuples qui, à travers les âges, accueilleront la Bonne Nouvelle de Jésus Christ : l’Eglise à la Pentecôte apparaît déjà “ catholique ”, c’est à dire universelle.

Au Sinaï, c’est toute la Montagne qui tremblait quand Dieu se manifestait dans le tonnerre et le feu (Ex19,18). Ici, c’est toute la maison qui tremble au violent coup de vent : c’est un langage familier de la Bible pour décrire une intervention décisive de Dieu. La venue de l’Esprit Saint est un événement décisif pour l’Eglise et sa mission à travers les âges jusqu’au retour du Christ à la fin des temps.

On peut aussi voir dans ce violent coup de vent le symbole de la force de l’Esprit qui secoue les disciples pour en faire des apôtres audacieux, qui secoue aussi l’Eglise à travers l’histoire pour la réveiller quand c’est nécessaire et la rendre audacieuse.

Quand Luc emploie l’expression “ remplis de l’Esprit Saint ” c’est toujours pour dire qu’il s’agit d’un événement exceptionnel : il l’emploie pour Jean Baptiste (Lc1,15), pour Elisabeth , au moment de la visitation (Lc 1, 41, pour Pierre devant le tribunal du sanhédrin (Ac 4, 1) etc…L’Esprit Saint à la Pentecôte est la puissance de l’amour divin qui envahit le cœur des apôtres.

 

 

 

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Nous sommes dans le temps de l’Eglise, le temps de l’Esprit, le temps de la Mission, le temps du témoignage.

Il y a en gros deux manières de se situer dans la communauté – Eglise :

– être un membre actif de la communauté, participer à sa vie, me rendre utile, aimer l’Eglise, faire en sorte qu’elle devienne peu à peu une communauté de frères, éviter de critiquer à tort et à travers et participer à la mission par le témoignage dans la vie de tous les jours…

– ou bien me comporter en chrétien “ assisté ”, passif, consommateur, exigeant, critiquant sans bouger le petit doigt, en prétendant avoir des droits, sans jamais me demander si j’ai des devoirs…

Et moi, où est-ce que j’en suis ?

La Confirmation, qui a été le sacrement de la Pentecôte pour nous,  a donné à notre baptême sa dimension missionnaire : qu’avons-nous fait de notre Confirmation ?

Au milieu de nos doutes ou des obscurités de notre foi, prions-nous l’Esprit de nous éclairer, de nous enseigner ? Le prions-nous pour ceux qui ont mission d’éveiller ou d’enseigner la foi : prêtres, catéchistes, laïcs responsables des mouvements, etc. ?

Ensemble prions  

Esprit de Jésus, répandu en langues de feu sur les disciples

Le jour de la Pentecôte, nous te prions :

Embrase le cœur des chrétiens pour qu’ils annoncent dans toutes les langues du monde les merveilles du salut de Dieu.

 Esprit Saint

Tu assistas Pierre devant le sanhédrin

tandis qu’ il rendait témoignage au Christ Jésus,

nous te prions : Donne-nous d’annoncer avec assurance

la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

 

Chant : Eglise des peuples p. 167 (carnet des paroisses)

 

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : Pentecôte

 

 

 

 

 

 

 

 

 




7ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

« Qu’ils soient un

comme nous sommes un » (Jn 17,20-26)

En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi.
Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN :
moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »

 paix  

   

            La prière de Jésus s’étend ici non seulement à ses disciples qui l’entourent, juste avant sa Passion, mais aussi à tous ceux et celles qui « accueilleront leur parole et croiront en lui », c’est-à-dire à nous tous… Et que demande-t-il ? « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ». Jésus n’est pas le Père, le Père n’est pas Jésus. Mais dans son amour, le Père, de toute éternité, se donne au Fils. Et il lui donne tout, tout ce qu’il est… Et le Père « est Esprit » (Jn 4,24). Mais il est aussi « Lumière » (1Jn 1,5), une Lumière que la Bible appelle parfois « Gloire » : « La Gloire de Dieu est la splendeur de l’Être par excellence » (P. Placide Deseille). Donner la Gloire, c’est donc donner l’Être, c’est-à-dire l’Esprit, la Lumière, la Vie… C’est ce que Jésus affirme ici : Père, « parce que tu m’as aimé avant même la création du monde », « tu m’as donné la Gloire », tu m’as donné d’Être Dieu comme toi tu es Dieu… « Il est Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », disons-nous du Fils dans notre Crédo… De toute éternité, le Père donne l’Esprit, le Fils reçoit l’Esprit. Le Père donne la Lumière, le Fils reçoit la Lumière. Le Père donne la Vie, le Fils reçoit la Vie. « Je vis pas le Père » (Jn 6,57). Bien que différents l’un de l’autre, tous les deux sont ainsi unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit, d’une même Lumière, d’une même Vie. Ils sont « un ».

            Mais Jésus est justement venu nous partager ce qu’il reçoit de son Père de toute éternité… « Je leur ai donné la Gloire que tu m’as donnée », c’est-à-dire, je leur ai donné l’Être que tu m’as donné, cet Être qui est tout à la fois Esprit, Lumière et Vie… Ainsi, avec moi et par moi, dit Jésus, « tu les as aimés comme tu m’as aimé ».

            Si nous consentons à cet Amour gratuit, nous recevrons tous le même Esprit, cet Esprit que le Fils reçoit du Père de toute éternité, et qui l’engendre en Fils, ce même Esprit qui nous engendrera à notre tour en fils et filles de Dieu à « l’image du Fils » (Rm 8,28-30). Telle est la vocation de tout homme sur cette terre : participer par grâce, et cela selon notre condition de créature, à cette « nature divine » que le Fils reçoit du Père depuis toujours et pour toujours, un Don qui l’engendre en Vrai Dieu né du Vrai Dieu… Toute l’œuvre de Dieu est ainsi que nous « participions », nous aussi, « à la nature divine » (2P 1,4), c’est-à-dire à ce qu’Il Est en Lui-même… Et Il Est Esprit, Lumière, Vie éternelle… « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu » (St Athanase), grâce à sa Miséricorde Toute Puissante, et infinie… DJF

       

           




7ième Dimanche de Pâques par P. Claude Tassin (8 Mai 2016)

Actes des Apôtres 7, 55-60 ‘(« Voici que je contemple le Fils de l’homme débout à la droite de Dieu »)

Notre lecture des Actes des Apôtres revient en arrière parce que le septième dimanche de Pâques se polarise sur la prière de Jésus et de son Église. D’où, cette année, l’évocation de la prière d’Étienne (ou Stéphane, c’est le même nom), le premier martyr. Comme Jésus comparut devant le sanhédrin, Luc veut qu’Étienne témoigne de sa foi, par le plus long discours des Actes (Actes 7, 2-53), devant le même tribunal. Mais c’est une fiction littéraire. L’exécution ici évoquée relève d’un lynchage populaire et non d’une procédure judiciaire qui était bien codifiée dans le monde juif.

Luc souligne l’identité entre Jésus et son témoin : Jésus remit son esprit à son Père (Luc 23, 46), Étienne, qui voit Jésus *debout à la droite de Dieu, remet son esprit au Seigneur Jésus. Comme Jésus, Étienne pardonne à ses bourreaux (lire Luc 23, 34). La fine fleur de la prière chrétienne est celle qui, à la suite du Christ, intercède pour ceux qui nous font du mal. Elle signifie que nous remettons au Père, en toute confiance, le soin de juger et les intentions de ceux qui nous nuisent et notre bon droit.

* «Debout à la droite de Dieu». Pour évoquer le mystère pascal, les évangélistes usent de «clichés» précis de l’Ancien Testament. Ils citent, par exemple, le Psaume 110, 1 et disent que Jésus s’est assis à la droite du Père (l’expression est passée dans notre Credo). D’où l’étonnement constant des commentateurs découvrant ici, sous la plume de Luc, un Jésus debout à la droite de Dieu. Cette énigme n’a pas de solution définitive. Mais, dans les évangiles, l’expression «il se tint debout» est une des manières de dire les apparitions du Christ ressuscité. Nous n’avons pas fini de chercher les expressions propres à rendre compte de la résurrection de Jésus.

Apocalypse 22, 12-14.16-20 (« Viens, Seigneur Jésus ! »)

L’épilogue de l’Apocalypse est tissée d’allusions aux liturgies qui rassemblaient les chrétiens du 1ersiècle. En chaque célébration, le Seigneur vient. Il nous annonce sa pleine venue qui jugera notre vie et nous donnera la pleine réalité que ce que recevons déjà dans les sacrements du baptême (« ceux qui lavent leurs vêtements ») et de l’eucharistie (les « fruits de l’arbre de vie »).

L’histoire, de A à Z

Jésus couvre de sa présence l’histoire du monde : il est l’alpha et l’oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grec, ces caractères que nous gravons sur le cierge pascal. Il est «le premier et le dernier», une expression que l’Ancien Testament appliquait à Dieu lui-même. Ce Jésus qui vient est le Messie annoncé par les Écritures, c’est-à-dire «le rejeton de David» selon Isaïe 11, 1.10, ou «l’Étoile» selon Nombres 24, 17.

Viens !

L’Esprit de la Pentecôte est présent dans «l’Épouse», dans l’Église assemblée pour sa liturgie. En elle, l’Esprit attise notre désir de voir un jour sans voile le Christ et ses bienfaits dont les sacrements nous donnent l’avant-goût (comparer Romains 8, 26-27). L’eucharistie doit être le moyen d’aviver notre soif de «l’eau de la vie», le moyen de témoigner que le monde ne va pas vers l’absurde, puisqu’il y a partout sur cette terre douloureuse des croyants qui crient : «*viens, Seigneur Jésus» et qui seront entendus de lui.

*Viens, Seigneur Jésus ! À la suite de l’Apocalypse, notre acclamation d’anamnèse chante : «Viens, Seigneur Jésus !» (et non pas «Christ est venu, Christ est né»…). L’exclamation traduit l’araméen maranatha, dans la langue de Jésus. Même les premiers chrétiens de langue grecque usaient de cette formule dans leurs liturgies (cf. 1 Co 16, 22). On peut lire : maran atha : le Seigneur est venu (il est là) ou marana, tha : Seigneur, viens ! Les deux interprétations, en une ambiguïté voulue, étaient inséparables : en chaque eucharistie, le Seigneur vient, non pour que nous le possédions dans la routine des dimanches, mais pour raviver notre désir de sa pleine venue en ce monde.

Jean 17, 20-26 (La grande prière de Jésus  « Qu’ils deviennent parfaitement un »)

Au terme des discours d’adieux du jeudi saint Jean 13, 21 – 17, 26) le chapitre 17 forme le sommet. Cette prière constitue même une sorte d’Ascension, car celui qui parle est à la fois le Jésus terrestre, révélateur de Dieu, et le Fils glorieux, vainqueur de la mort, qui intercède pour nous aujourd’hui auprès de son Père. La tradition a appelé ce chapitre «prière sacerdotale» justement à cause de cette fonction d’intercession que la Lettre aux Hébreux attribue à Jésus, grand prêtre céleste.

Une unité présente et à venir

Nous lisons en cette année C la troisième et dernière partie de la Prière, là où le regard de Jésus se tourne vers l’avenir, vers les générations qui parviendront à la foi, grâce à la prédication des premiers disciples au long de l’histoire. Pour Jean, « croire en Jésus » signifie reconnaître et proclamer l’intime communion entre le Fils et le Père. Et cette unité du Père et du Fils doit souder les chrétiens entre eux : elle est le modèle («comme toi, Père, tu es en moi») et la source de leurs relations fraternelles («moi en eux, et toi en moi»). Elle équivaut aussi à un courant porteur de vie, grâce au Fils qui «vit par le Père» et qui a donné aux siens *la gloire de son Père : il leur a révélé le vrai visage de Dieu dans toute sa clarté.

L’unité comme témoignage

L’unité de la communauté est la condition nécessaire «pour que le monde croie» en l’Envoyé de Dieu. Mais elle est aussi un défi : «le monde saura», à défaut de croire, que l’envoi du Christ aboutit à la venue de l’amour du Père qui unit les chrétiens. Pour Jean, «le monde» représente l’environnement de ceux qui ont déjà réfusé la personne de Jésus et restent hostiles aux vrais croyants ; ce «monde» négatif inclut aussi des dissidents de la communauté à laquelle Jean s’adresse, des gens qui voient en Jésus le Prophète, l’Envoyé de Dieu, mais qui ne vont pas jusqu’à le reconnaître comme ce Fils de Dieu qui peut dire : «Le Père et moi, nous sommes UN» (Jean 10, 30). Ainsi, l’unité voulue par Jésus comme le prolongement de sa mission repose moins sur une même conduite conforme au bien que sur la même foi au mystère de sa personne. Résonne encore ici la réponse de Jésus à une précédente question de Philippe : «Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père» (Jean 14, 9).

Père saint… Père,… Père juste

L’invocation du Père scande la dernière partie de cette page d’évangile. Cette conclusion exprime la dernière volonté («je veux») du Christ éternellement vivant. Ce qu’il désire, quand le Père le voudra, c’est la réunion finale des croyants dans sa propre «gloire», dans la pleine lumière, au terme de leur pèlerinage dans la grisaille terrestre. Car si Dieu s’appelle le «Père juste», il doit distinguer et juger entre «le monde» du refus de la foi et ceux qui, par Jésus, ont accédé à la connaissance et à l’amour de son *Nom – le nom de «Père», bien sûr. Et ce nom, «je le ferai connaître» encore, ajoute Jésus. L’évangéliste songe sans doute ici à l’œuvre de l’Esprit Saint, le Défenseur qui, au long des âges, intériorise en nous l’œuvre de Jésus.

*La gloire. « …la présence de Jésus parmi les disciples est le résultat de son amour ; elle en est aussi l’expression. Jésus achève sa révélation par un clin d’œil à l’histoire de l’alliance : après la révélation du Sinaï, la gloire de Dieu reposait sur le tabernacle au milieu d’Israël (Exode 40, 34). De son vivant, Jésus a été, selon Jean, la gloire de Dieu manifestée aux hommes (Jean 1, 14). Maintenant cette gloire habite dans la communauté des croyants (17, 22) » (A. Marchadour, L’Évangile de Jean, p. 216).

* Le Nom de Dieu. Quand Dieu révèle son Nom, sans le révéler, il se présente comme «Je Suis» ou «celui qui sera» (avec son peuple, pour le sauver ; cf. Exode 3, 14). Dans l’évangile de Jean, Jésus proclame plusieurs fois «Je Suis» ; il incarne la présence et l’œuvre de Dieu. En outre, le Deutéronome évoque le Temple comme «le lieu que le Seigneur a choisi pour y faire habiter son Nom» ; pour Jean, c’est l’humanité du Christ qui est désormais ce Temple (cf. Jean 2, 21). Jésus lui-même est le Nom de Dieu ; sa personne même révèle ce Nom.

 




Rencontre autour de l’Évangile – 7ième Dimanche de Pâques

« Qu’ils soient un en nous pour que le monde croie. »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et situons le texte (Jn 17, 20-26)

Le chapitre 17 de l’évangile de Jean est une grande prière de Jésus, qu’on appelle “Prière sacerdotale”. Jésus est arrivé à la fin de sa mission terrestre. A l’heure de son sacrifice, il se tourne vers son Père qui l’a envoyé pour s’offrir à lui et intercéder pour tous ses disciples qui auront à poursuivre sa mission dans le monde jusqu’à la fin des temps. Dans le passage que nous lisons aujourd’hui, nous serons attentifs à ce que Jésus demande à son Père.

Soulignons les mots importants

Jésus priait : Que signifie “ prier” pour Jésus ?

Je prie pour ceux qui accueilleront leur parole : A qui Jésus pense-t-il ?

Qu’ils soient un comme tu es en moi et moi en toi : Cette unité que Jésus demande pour sa communauté n’est pas une simple entente humaine : quelle est-elle exactement ?

Pour que le monde croie : Jésus est préoccupé de l’efficacité de la mission : quelle est la condition de cette efficacité pour Jésus ?

Ceux que tu m’as donnés : De qui s’agit-il

Je veux : Quand quelqu’un quitte ce monde, on parle quelquefois de “ses dernières volontés ”. Jésus ici affirme fortement la sienne : laquelle ?

Là où je suis : que veut dire Jésus ?

“ Avant la création du monde ” : Comment comprendre cette parole de Jésus ?

Je leur ai fait connaître ton nom : Sans Jésus, le mot Dieu peut vouloir dire beaucoup de choses.

 Quel est le nom de Dieu que Jésus nous a fait connaître ?

 

Ta Parole dans nos cœurs

 Contemplons le Seigneur Jésus.

Jésus est en prière, debout les yeux levés vers le ciel. Prière filiale. Prière confiante et suppliante. Il prie pour ses disciples. Pour nous. Pour l’unité de son Eglise. Il intercède auprès du Père encore maintenant. Nous sommes les membres de son Corps. Notre prière s’unit à la sienne.

 

Pour l’animateur

  • Jésus était un grand “ priant ”. Les évangélistes nous le montrent souvent en prière : (On peut faire chercher par le groupe) : Au moment de son baptême  (Lc3,21) à la Transfiguration (Lc9,29), de bonheur le matin (Mc1,35), avant le choix des Douze (Lc 6,12),  après la multiplication des pains (Mt14,23), Quand il apprend à prier le Père (Lc11,1), à l’agonie (Mt26,41), etc.  Quand Jésus prie,  il ne rabâche pas des formules de prière. Ce sont toujours des moments d’intense intimité avec Dieu son Père. Jésus est toujours en communion avec son Père, avec sa volonté. Cette prière pour l’unité est le sommet de sa vie de prière. C’est en quelque sorte son testament, sa dernière volonté qu’il exprime devant ses disciples.

    Dans sa prière Jésus porte tous ceux qui croiront en la relation intime qu’il vit avec Dieu son Père : donc pour nous. C’est la foi en Jésus Fils bien-aimé du Père qui fonde la communauté des croyants. C’est cela qui fait la différence des croyants chrétiens avec d’autres croyants. 

    L’unité pour laquelle Jésus prie est d’abord un don de Dieu qui accorde à la communauté des disciples d’être “ un ” à l’image du Père et du Fils. C’est la vie de Dieu donnée en partage aux croyants qui est la source de cette unité. De cette vie reçue découlera une communion très forte entre des croyants très divers par l’origine, par l’âge, le sexe, la culture etc…Ce n’est qu’une simple entente humaine d’un groupe d’affinité ou d’un club de gens qui ont les mêmes goûts etc…

    L’unité pour laquelle Jésus prie n’a pas seulement pour but de maintenir une étroite communion entre les disciples ni de les unir à lui et à son Père. L’unité des croyants n’a pas valeur seulement à l’intérieur de l’Eglise, elle a aussi valeur pour le monde : “ qu’ils soient un en nous pour que le monde croie ”. En effet, comment croire que l’amour de Dieu habite des hommes divisés entre eux ? Comment croire que la mort du Christ puisse rassembler dans l’unité autour du Père les enfants de Dieu dispersés si les quelques-uns regroupés dans l’Eglise ne sont pas déjà unis ?

    Nous avons été donnés au Christ par le Père au moment de notre baptême et par la foi que nous professons.  Jésus affirme fortement sa volonté, qui est aussi celle de son Père : que nous soyons avec lui, auprès du Père, dans la gloire du Royaume. C’est pour cela qu’il est venu. En tant que  Fils du Père il partage la gloire de Dieu de toute éternité, “ avant même la création du monde. ” Une telle affirmation de la part de Jésus nous donne le vertige, tant son humanité le rend semblable à nous et proche de nous.

    Le Nom de Dieu que Jésus nous fait connaître, c’est le nom de “ Père ”. Le nom dans la bible, désigne la personne. En nous révélant le Père, Jésus nous fait participer à la vie et l’amour qui l’unissent au Père. C’est une “ connaissance ” qui est d’abord partage de vie, communion…qui est commencée dès ici bas et qui s’épanouira quand nous serons dans la gloire avec le Ressuscité.

 

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

  • Quel spectacle offrons-nous dans nos familles, nos équipes, nos groupes, nos communautés chrétiennes : celui de gens unis dans le même amour, le même respect des autres et de leur personnalité, ou celui de gens profondément désunis, même sous un vernis d’unité ? 

  • Dans chaque Eucharistie, nous prions pour que le Christ conduise son Eglise vers l’unité parfaite. Et nous nous donnons la paix. Et nous allons communier au même Seigneur en mangeant le même pain : Comment se fait-il qu’il y ait tant de rivalités dans nos communautés, de jalousies, de “ la di la fé ” qui minent l’unité ? 

  • Notre amour commun du Christ et de Dieu son Père et notre désir d’être de vrais témoins de l’Evangile sont-ils plus forts que nos motifs de désunion ? 

  • Quel intérêt portons-nous aux efforts actuels en vue de l’unité des chrétiens séparés ?

  • Quelle est la place de “ l’unité ” dans ma prière puisque je suis disciple de Jésus et que j’ai recueilli sa prière-testament ?

Ensemble prions  

(On peut demander au groupe une prière spontanée pour l’unité)

Nous te rendons grâce, Seigneur Jésus, pour ton Église

que tu établis dans l’unité d’une seule foi et d’un seul baptême,

à la gloire d’un seul Dieu et Père.

Nous te demandons pardon pour nos manques d’amour

envers nos frères dans la foi,

pour nos divisions qui déchirent ton Corps.

Nous te prions : donne-nous un seul cœur,

une seule âme pour que le monde croie à ton Évangile.

Chant : Seigneur, rassemble-nous p.117

 

 

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L’Ascension – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

L’HUMANITE APPELÉE A LA PLÉNITUDE

 

« Oracle du Seigneur à mon Seigneur : siège à ma droite, car Tu es mon Fils Bien-Aimé » (Ps.109). Et cette autre Parole de Dieu que nous lisons dans l’épître aux Ephésiens : « Que Dieu ouvre votre cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles et la puissance infinie qu’Il déploie pour nous, les croyants » (Ephésiens l, 18-20). Alors que nous fêtons l’Ascension, nous fêtons un mystère extrêmement important, et je dirais : plus important pour nous que pour le Christ. Et pour bien vous le faire percevoir, je voudrais repartir de deux réalités qui étaient courantes à l’époque de la naissance de l’Église.

Romain 8 22La première réalité, qui ressemble énormément à ce que beaucoup d’entre nous pensent aujourd’hui : c’est que tout va toujours de plus en plus mal. À l’époque de Jésus, on avait une vue plutôt pessimiste de l’existence et de la vie. Pensez par exemple au peuple Israël, qui avait connu une histoire prestigieuse : des rois, une histoire qui avait duré près de vingt siècles, un peuple fier d’avoir été appelé par Dieu, fier de son élection, ce peuple se trouvait en réalité dans une situation absolument impossible, occupé par les Romains, soumis à des divisions et des tensions internes, une vie politique sociale et religieuse extrêmement agitée. Tout allait mal. Et les païens de cette époque-là pensaient aussi, déjà, que le monde ne cessait pas de se dégrader. On était pour ainsi dire écologiste avant la lettre : « ça allait toujours très mal ! » Aussi les païens avaient-ils toujours recours à une divinité qui était très prisée à l’époque qui s’appelait « la bonne Fortune ». Nous dirions aujourd’hui la loterie nationale ou internationale, dont le slogan aurait pu être le suivant : pourvu que je décroche le gros lot dans l’existence ! Et pourquoi cela ? Précisément parce que « ça » allait toujours mal et que le seul moyen de compenser consistait à mettre la fortune, entendez la déesse et en même temps la monnaie, dans sa poche. Et ceci est d’ailleurs d’autant plus étonnant que, pour les juifs, vous le savez, le récit de la création était là sans cesse pour nous rappeler que « tout cela était bon » ! Mais une telle affirmation paraissait très difficile à accepter. C’est aussi le cas pour nous à certains moments de la vie : la valeur et la bonté de la Création nous paraissent difficiles à accepter. Et, même chez saint Paul, nous trouvons un écho de ce pessimisme généralisé. Il écrit : « Actuellement la Création gémit dans les douleurs de l’enfantement » (Rom. 8, 22). Or l’enfantement, on n’a jamais trouvé ça très drôle ! Ainsi donc, saint Paul veut nous dire que lorsqu’on regarde la création, ça va mal, la création est en souffrance. Vous me direz peut-être que c’est déjà bien optimiste de penser que la création est en souffrance d’enfantement. Certes, mais en tout état de cause, cela reste un très mauvais moment à passer. Voilà pour la première chose.

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La seconde, la voici : dans ce monde-là, il n’y avait qu’une réalité vraiment consolante, avoir des enfants. Là-dessus, nos contemporains n’ont plus tout à fait le même sentiment. On dit que « ça a évolué ». Mais à cette époque-là, il était extraordinaire d’avoir des enfants. Pourquoi ? Parce qu’au milieu de cette dégradation générale, avoir un enfant, un fils, c’était extraordinaire car on pouvait, comme parents, se donner un héritier qui arrive à la même plénitude que celle à laquelle on était soi-même parvenu, c’est-à-dire un homme en plein âge adulte, en pleine maîtrise de ses facultés, de son intelligence, de sa volonté et de sa liberté. Par conséquent le fait d’avoir un fils était fondamentalement une promesse extraordinaire que le lignage allait continuer, l’héritage allait se transmettre et, au milieu de cette dégradation générale, demeurait cette continuité imperturbable, il y aurait quelqu’un pour assumer tout ce qui constituait la beauté, la grandeur, la noblesse et la richesse du patrimoine familial.

Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec le mystère de l’Ascension. Je vous assure que nous sommes au cœur du problème. Car comment les premiers chrétiens ont-ils exprimé cette réalité de l’Ascension du Seigneur ? Par la petite phrase que j’ai citée tout à l’heure: « Siège à ma droite parce que Tu es mon Fils ». Quand les premiers chrétiens voulaient dire que le Christ était exalté dans la gloire, ils citaient donc ce mot : « Siège à ma droite » – il s’agit d’une parole prononcée par le Père –, « car tu es mon Fils » – cette parole s’adresse au Fils. Cela signifiait précisément : « Ce Jésus que nous avons connu dans son humanité, sa mort et sa déréliction, voici que Dieu a décidé de le traiter comme son Fils ». Et vous devinez toutes les résonances que cela pouvait avoir. Jésus est l’héritier, Il est l’égal de Dieu, Il possède en Lui tout ce que Dieu veut bien Lui donner, c’est-à-dire le patrimoine de l’amour divin, la force, la puissance infinie dont nous parlait tout à l’heure la lettre aux Ephésiens. Autrement dit, l’Ascension est le moment où le Christ est exalté, manifesté clairement, totalement et définitivement comme l’égal du Père, l’héritier de tout ce que le Père veut Lui donner. On entre dans un nouvel âge de l’humanité, car jusque-là avec Abraham, avec Moïse, avec tous les prophètes, on avait été, comme le dit saint Paul dans la lettre aux Galates, dans le temps des pédagogues c’est-à-dire l’école, et à cette époque-là c’étaient les esclaves qui faisaient l’école.

Or précisément, les premiers chrétiens ont saisi la transformation : l’humanité, dans et par l’humanité de Jésus, est arrivée à sa pleine maturité. Voilà donc ce que veut dire l’Ascension. Un homme, Jésus, est arrivé à la plénitude de sa vie et de son existence parce que Dieu a élevé sa condition d’homme à la hauteur de Dieu, Lui a donné un statut de Fils en lui confiant la plénitude de l’héritage, plénitude humaine telle que jamais aucun homme ne l’avait eue. Et donc, pour les premiers chrétiens, célébrer le Christ exalté dans la gloire de son Ascension, c’était fondamentalement célébrer leur fête, la fête de leur accession à la plénitude de l’existence humaine. Parce qu’ils ont vu Jésus, leur maître, recevoir le statut de l’égal de Dieu, ils ont perçu qu’en Lui Jésus, toute l’humanité parvenait désormais à ce statut d’enfant de Dieu et à cette plénitude de l’existence humaine. C’est donc la fête de l’accès à notre plénitude d’existence d’hommes. Par l’Ascension, l’humanité entière est enfin arrivée à sa véritable liberté filiale, liberté vers laquelle elle soupirait depuis les premiers temps de la promesse, depuis Abraham, depuis le temps de la pédagogie et de l’apprentissage à devenir pleinement hommes. L’humanité est devenue adulte : elle est devenue grande de Celui qui en est la tête, Jésus-Christ, exalté, siégeant à la droite du Père, de Jésus devenant « le Seigneur ». l'ascension de jésusEt dès lors il se passe ce bouleversement fondamental. Si Jésus est parvenu à cette plénitude, et si par ailleurs, le monde donne toujours l’apparence d’aller de mal en pis, l’Ascension cependant signifie le début du « renversement de la vapeur« . Si maintenant, au milieu de tout ce qu’a vécu Jésus, et notamment sa mort, sa déréliction sur la croix, si au cœur de cette déchéance même, Jésus, dans son humanité est parvenu à la plénitude (siéger à la droite du Père), s’Il a vécu cela pour nous, alors nous avons reçu la certitude absolue que chacun d’entre nous est appelé à cette plénitude, quoiqu’il arrive dans ce monde. Et même si nous voyons actuellement encore le mal à l’œuvre dans ce monde et qu’à certains moments nous avons envie de nous décourager, en réalité la fête de l’Ascension doit nous rappeler avec force qu’au cœur même de cette souffrance, de ces insatisfactions et de ces tâtonnements, c’est le mystère de la plénitude de notre humanité, de notre liberté qui s’accomplit.

Désormais nous avons la certitude de grandir, de devenir vraiment et pleinement fils de Dieu, au milieu même de tout ce qui peut nous blesser et nous faire souffrir, Dieu ne cessera jamais d’exercer sur nous la puissance de l’espérance, la force de l’appel et la grandeur agissante de la Seigneurie de Jésus-Christ. Nous sommes l’Église, nous avons à devenir le corps du Christ. Nous avons la certitude, par grâce, comme le dit saint Paul, de « chercher avec le Christ les choses d’en Haut, là où le Christ siège, à la droite du Père » (Colossiens 3, 1).

Nous possédons là une espérance, un héritage que nous ne pouvons pas laisser se dilapider. C’est vrai qu’aujourd’hui nous éprouvons à tout moment ce sentiment qu’il est difficile de vivre de notre foi chrétienne, de vivre à la hauteur même de l’appel que nous avons reçu. C’est vrai même qu’à certains moments, nous essayons de métamorphoser ce désir de participer à la seigneurie du Christ en croyant l’établir solidement sur la terre à travers des moyens très humains qui, parfois, sont un peu douteux. Mais en réalité il faut que nous croyions que le point de départ est d’abord la foi que nous avons reçue en l’humanité de Jésus-Christ glorifiée et exaltée. C’est parce que Jésus est vraiment ressuscité dans la gloire que nous, nous savons comment, souterrainement, secrètement mais réellement, ce monde et l’humanité parviendront à la plénitude de la vie filiale et de la liberté. Amen.




L’Ascension par P. Claude Tassin (5 Mai 2016)

Actes des Apôtres 1, 1-11 (« Tandis ques les Apôtres le regardaient, il s’éleva »)

Le texte, qui ouvre le livre des Actes des Apôtres, se divise en trois parties.

1) Le prologue s’adresse à Théophile, qui était déjà le destinataire, réel ou fictif, du «premier livre», l’évangile de Luc. Pour l’auteur, la mission du Christ va du «commencement», c’est-à-dire le Baptême de Jésus par Jean, jusqu’à l’Ascension, une autre manière de parler de Pâques : Jésus le Crucifié est exalté par Dieu. Dans son évangile, Luc place l’ascension au soir de Pâques (Luc 24, 50-52) ; au début des Actes, il la situe au bout de quarante jours d’apparitions «pédagogiques». Ce sont deux manières de présenter, dans le temps, un mystère qui échappe au temps.

2) L’ultime dialogue s’articule ainsi : les Apôtres vont être baptisés dans l’Esprit Saint, comme Jésus le fut au seuil de sa mission (Lc 3, 21-23). En bons lecteurs des prophètes, ils pensent que la fin des temps arrive, puisque l’Esprit revient. Jésus va donc restaurer l’État d’Israël. Qu’ils se détrompent! L’Esprit les fera prophètes, témoins de Jésus, pour prolonger son message «jusqu’aux extrémités de la terre».

3) La scène de l’ascension elle-même est sobre : «* ils le virent s’élever»… L’accent porte sur l’intervention des deux êtres «en vêtements blancs», des anges. Par eux, le Ciel confirme notre espérance (Christ viendra), mais nous interdit toute attente béate et stérile et nous pousse au témoignage, par la force de l’Esprit.

* «Ils le virent s’élever»… «Iils le regardaient»…, «à leurs yeux»…, «ils fixaient le ciel»…, «pourquoi… regarder vers le ciel»…, «de la même manière que vous l’avez vu»… Cinq mentions de «vision» pour treize lignes du lectionnaire! Qui peut faire plus ? Pourquoi cette insistance ? La clé se trouve dans la scène de l’ascension d’Élie en 2 Rois 2, 1-14, où se trouve la même insistance : Élisée recevra la plénitude de l’Esprit prophétique d’Élie s’il voit l’enlèvement céleste de son maître. Et il le voit ! Or, pour saint Luc, Jésus est le nouvel Élie. Comme Élisée hérita de l’Esprit prophétique d’Élie, de même les Apôtres vont hériter, à la Pentecôte, de l’Esprit de Jésus. Ne coinçons pas nos doigts entre l’arbre et l’écorce en prétendant trouver «ce qui s’est passé» (l’écorce) dans le mystère indicible de l’Ascension (l’arbre) ! Contentons-nous de comprendre ce que Luc veut nous dire en recourant à l’icône de l’ascension d’Élie : nous avons à continuer par le monde entier l’œuvre prophétique de libération que Jésus a inaugurée au pays des Juifs..

Lettre aux Hébreux 9,24-28 ; 10,19-23 (« Le Christ est entré dans le ciel même »)

L’Ascension est l’entrée de Jésus, le grand prêtre, dans le sanctuaire du ciel, et notre entrée à sa suite. La figure du grand prêtre juif nous parle peut-être peu. Alors, dans le contexte de ce passage, prenons l’image plus séculière d’un délégué, notre représentant auprès de Dieu. Jésus, notre délégué, entre chez Dieu, rouvre la porte, *«le rideau du Sanctuaire» et, à nous qui sommes massés derrière lui, il reviendra dire qu’il a gagné notre cause, que nous sommes admis auprès de Dieu.

Pourtant, nous pourrions hésiter à suivre l’auteur, pour trois raisons : 1) Ce délégué nous représente-t-il vraiment ? Ne défend-il pas ses propres intérêts ? Non, dit la Lettre aux Hébreux : ce médiateur a payé de son sang l’accès auprès du Maître de l’univers. 2) Admettons ! Mais sommes-nous sûrs qu’il est bien entré chez Dieu, et non pas dans un de ces vestibules d’attente que sont les temples terrestres ? «Il est entré dans le ciel même» et Dieu l’a même «établi» sur sa «maison», affirme l’auteur. 3) Soit ! Mais une foule de médiateurs prétendent faussement nous conduire à Dieu. Ce n’est pas le cas, répond l’auteur, de celui qui se donne lui-même totalement, «une fois pour toutes».

* Le rideau du Sanctuaire. L’auteur songe au voile qui séparait le Saint des Saints du reste du Temple. Le grand prêtre, et lui seul, traversait une fois par an ce rideau, au jour du Grand Pardon (le Kippour) pour obtenir de Dieu le pardon des péchés commis par le Peuple élu. C’est cette tenture que les évangiles voient se déchirer lors de la mort de Jésus (Marc 15, 38). Par ce symbole, ils signifient à la fois la fin du culte ancien de Jérusalem et l’accès de tous les humains, sans plus de voile, auprès de Dieu.

La lettre aux Hébreux choisit une autre transposition : chaque année, le grand prêtre, gravissait quelques marches pour exerceer sa fonction (symbole horizontal) sans vraiment rencontrer Dieu ; le Christ, lui, par sa résurrection, est monté dans le vrai Saint des Saints, une fois pour toutes (symbole vertical). Nous bénéficions de son ministère sacerdotal de pardon.

 

Luc 24, 46-53 (« Tandis qu’il les bénissait, il fut emporté au ciel »)

Luc boucle son évangile en une journée, celle de Pâques. Le soir, après l’épisode des disciples d’Emmaüs, Jésus rejoint «les onze apôtres et leurs compagnons». Il leur livre son ultime testament et les entraîne vers le lieu de son ascension.

Le testament de Jésus

Le testament de Jésus est un envoi pour lequel d’abord «il leur ouvre l’esprit à l’intelligence des Écritures» (verset 45) : nous devons lire l’Ancien Testament avec des lunettes chrétiennes, c’est-à-dire comme une carte tracée par Dieu pour nous conduire à la révélation de son Fils. D’ailleurs la mission confiée à l’Église par Jésus se branche sur le dernier prophète de l’Ancien Testament, Jean Baptiste, qui «proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés» (Luc 3, 3).

Luc annonce aussi le plan des discours que prononceront les Apôtres dans les synagogues juives. C’est d’ailleurs le schéma de toute prédication chrétienne : la Passion, la résurrection du Christ, l’appel à la conversion en vue du «pardon des péchés», nouveau départ dans la vie, une grâce divine que le monde juif expérimente au jour du Grand Pardon (le Kippour).

Ce message concerne «toutes les nations, en commençant par Jérusalem» : ce que Jésus a inauguré au sein de son peuple, «les témoins» l’exporteront par le monde entier. Ils pourront le faire parce qu’ils vont recevoir la «force venue d’en haut», c’est-à-dire l’Esprit Saint que Jésus reçut à son baptême et qui anima sa mission de Messie prophète. Que les disciples doivent être «revêtus» de l’Esprit est une expression étrange. Elle vient du passage biblique selon lequel l’Esprit prophétique passa à son disciple Élisée par le biais du vêtement de son maître Élie (2 Rois 2, 13-15 – comparer 1 Rois 19, 19 !). Or, pour Luc, Jésus est le nouvel Élie transmettant à ses disciples l’Esprit qui aniimait sa mission terrestre.

L’Ascension

La fin de l’évangile de Luc et le début des Actes des Apôtres se «tuilent», selon un procédé littéraire cher à l’évangéliste : mêmes derniers entretiens de Jésus avec les siens, même programme d’une mission universelle, même scène d’ascension (cf., ci-dessus, le commentaire de la 1ère lecture).  Mais les points de vue diffèrent. Les Actes situent l’ascension sur le mont des Oliviers (Actes 1, 12 – comparer Zacharie 14, 4), et l’icône est celle du nouvel Élie, le prophète, qui revêtira ses disciples de son Esprit prophétique. L’évangile situe l’ascension à Béthanie, là où les croyants avaient proclamé la souveraineté de Jésus (voir Luc 19, 29-38), et l’icône est celle d’un nouvel Élie *grand prêtre en qui le culte nouveau se réalise. D’ailleurs, c’était le 1er du mois de Nisan, peu avant la fête de la Pâque, que le nouveau grand prêtre entrait en fonction.

Du Temple au Temple

L’évangile de Luc commençait au Temple, avec la vision de Zacharie, père de Jean Baptiste. Il s’achève au Temple, avec les disciples de Jésus qui ont désormais un grand prêtre céleste (2e lecture). Ils attendent, dans une grande joie la venue de l’Esprit par qui va s’ouvrir un culte nouveau, et qui fera d’eux les témoins de la mission de Jésus par tout l’univers.

*Jésus, grand prêtre. Selon Luc, Jésus avait annoncé «une année de bienfaits», allusion à l’année jubilaire juive en laquelle les dettes étaient remises et les esclaves libérés (cf. Luc 4, 18). Or, c’est le grand prêtre qui ouvrait officiellement l’année jubilaire, à la fête du Grand Pardon (le Kippour). Et nous lisons, au terme de l’évangile : «levant les mains, il les bénit». Jésus imite le grand prêtre qui, lors du Grand Pardon, bénissait l’assemblée prosternée (voir la scène en Siracide 50, 20-21).

Certains cercles juifs d’alors spéculaient sur l’existence d’un grand prêtre qui, monté au ciel, officiait devant Dieu et reviendrait à la fin des temps libérer son peuple : pour les uns, c’était Élie – or, Luc voit en Jésus le nouvel Élie ; pour d’autres, c’était le patriarche Hénoch, né sans père selon les légendes ; pour les gens de Qumrân, c’était Melkisédeq (cf. Genèse 14, 17-20), figure du Christ selon la Lettre aux Hébreux. Le Nouveau Testament exploite les figures légendaires susceptibles de donner toute son ampleur à la mission du Christ.

 




6ième Dimanche de Pâques- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Le Christ, transfiguration de la souffrance

 

esprit saint 2« C‘est la paix que Je vous donne, c’est ma paix que Je vous donne. Ne soyez donc pas bouleversés ni effrayés ».

Frères et sœurs, je voudrais m’adresser plus spécialement à ceux et celles d’entre vous qui d’une manière ou d’une autre, dans leur corps ou dans leur cœur, sont marqués par l’épreuve de la souffrance.

Qu’est-ce que la souffrance ? C’est difficile à dire, presque aussi difficile à dire que redoutable à vivre et à éprouver dans son cœur et dans sa chair. Car la souffrance, c’est d’abord le fait que tout à coup, alors que nous sommes faits pour vivre, pour communiquer avec les autres, pour partager, pour échanger, pour être libres de nos mouvements, aller là où bon nous semble, tout à coup notre corps surtout, mais parfois aussi notre cœur, nous apparaissent comme une limite, comme un handicap pour vivre, comme une sorte de barrière qui petit à petit se marquerait autour de nous et qui empêcherait à ce moment-là de sortir de nous-mêmes pour aller à la rencontre des autres et pour les accueillir. Ce qui est terrible dans la souffrance, c’est le fait qu’à tout moment, je suis renvoyé à moi-même, à mon corps, à cette partie de moi-même qui souffre et dont je ne peux plus me défaire, qui envahit tout le champ de ma conscience et qui fait que je suis comme muré par cette présence de moi-même à moi-même. Je suis là, je souffre, je ne pense plus qu’à cette souffrance. La souffrance est comme cette espèce d’enfermement terrible qui ne devrait pas avoir lieu, car notre corps est fait pour communiquer avec les autres, pour marcher. Et tout d’un coup nous éprouvons en nous-mêmes cette limite, ce poids, cet empêchement. Alors que notre cœur est fait pour nous émerveiller, pour regarder autour de nous, pour accueillir la joie, le bonheur de vivre, voilà que tout à coup ce cœur est comme bloqué, paralysé par cette souffrance. À ce moment-là, la vie nous apparaît comme insupportable car tout ce qui, dans un premier mouvement, devrait nous mettre en contact avec l’extérieur, nous semble en réalité comme un enfermement accablant.

Frères et sœurs, à vues humaines il n’y a pas d’explication ou de justification de la souffrance ; elle est le contraire même de ce à quoi, profondément, nous aspirons. Elle est le contraire même de ce dynamisme profond de notre vie. Et pourtant, nous-mêmes comme croyants, comme disciples de Jésus-Christ, nous croyons que, si terrible que soit à porter notre souffrance, en réalité depuis que Jésus est mort et ressuscité pour nous, ce n’est plus exactement la même chose. Le texte de l’évangile d’aujourd’hui peut nous aider à mieux le comprendre.

jesus-pleureJésus Lui-même, au moment où Il prononce ces paroles, sait qu’Il va affronter cette souffrance terrible des hommes que nous appelons l’agonie et qu’Il va l’affronter dans un contexte particulièrement terrible puisqu’Il va être condamné publiquement à une mort atroce, de dérision, infiniment terrible à porter et à vivre, la mort sur la croix, cette longue épreuve à la fois d’étouffement, de tétanie de tout le corps crucifié, de douleur dans tous les membres. Cependant, le testament qu’Il fait au moment où Il passe la dernière soirée avec ses disciples est extraordinairement paisible et comme confidentiel : « Je vous laisse la paix, c’est ma paix que je vous donne ».

Un homme qui va mourir crucifié et qui dit simplement à ses disciples : « La seule chose que J’ai à vous donner maintenant, c’est la paix ». Et Il insiste : « Je vous le dit maintenant avant que cela n’arrive, pour qu’au moment où cela arrivera, vous croyiez », comme si Jésus savait à quel point sa souffrance, son supplice allaient être une sorte de déroute profonde dans le cœur des disciples et avec cette très grande paix, Il leur dit en quelque sorte : « Je vous annonce tout cela, mais pour que vous gardiez la paix ». Et puis encore il leur explique : « Je m’en vais vers le Père, et apparemment vous êtes tristes parce que Je vous dis cela, parce que vous soupçonnez qu’il y a quelque chose qui est lié à la mort et à la souffrance dans mon départ. Et pourtant vous devriez vous réjouir de ce que Je vais vers le Père ».

Autrement dit, frères et sœurs, ce sont des paroles étranges pour quelqu’un qui est sur le point d’entrer dans la souffrance et qui dit simplement : « Je m’en vais, mais Je vous laisse ma paix ». Mais quelle paix peut apporter un homme qui va être torturé et livré à la souffrance ? C’est précisément que, si Jésus entre dans la souffrance des hommes, c’est pour que la souffrance qui est apparemment cet enfermement sur soi, cet accablement qui nous écrase, que cette souffrance en réalité puisse devenir, uniquement par sa grâce, par sa présence, parce qu’Il est là et qu’Il a promis, dans le cœur de ceux qui souffrent, que cette souffrance envers et contre tout ce qui, humainement, est lourd à porter puisse, étant porté par Jésus Lui-même, devenir un chemin de Pâques, de sortie vers Dieu, hors de nous-mêmes en présence même de l’amour de Dieu. Ceci dépasse tout ce que nous pouvons comprendre, ceci est au-delà de notre propre manière humaine de voir. Il n’y a que Jésus qui pouvait nous dire une chose pareille. Il n’y a que le Dieu qui a souffert pour nous qui pouvait nous dire que la souffrance n’est pas cette espèce d’impasse dans laquelle apparemment nous sommes jetés sans horizon, en n’y voyant plus rien, en étant comme aveuglés par la souffrance, mais que tout en restant souffrance, elle peut devenir véritablement une ouverture au mystère de notre entrée dans la gloire.recevoir-pardon

Frères et sœurs, cela ne retire rien ni à la souffrance physique ni à la souffrance morale dont chacun d’entre nous peut, à un moment ou l’autre de sa vie, avoir à porter le poids. Ceci n’est pas une sorte d’opération pour nous faciliter les choses, ce n’est même pas une sorte de parole consolante qui servirait comme d’un opium pour nous dire : après ça ira mieux, mais c’est vraiment rassurant que si Dieu est venu apporter et partager notre condition humaine totale, alors Dieu est venu aussi partager et vient aussi encore aujourd’hui partager notre souffrance. Et de même qu’Il a voulu que désormais tout ce que nous vivons soit un chemin vers le Père, de même Il veut que notre souffrance puisse être, elle aussi, avec Lui et par Lui, un chemin vers l’amour de Dieu.

Pour terminer, je voudrais simplement faire une allusion au texte de l’Apocalypse de la deuxième lecture. Vous avez remarqué que Jean nous décrit la Jérusalem céleste comme une ville avec des murailles. C’est vrai qu’habituellement les murailles, c’est de la pierre, c’est quelque chose qui nous enferme, qui mure littéralement notre cœur. Mais dans la Jérusalem céleste, les murailles sont de pierres précieuses, il y a même douze sortes de pierres précieuses, comme s’il y avait douze couleurs qui allaient composer désormais la lumière à l’intérieur de laquelle tous les élus se sont rassemblés. Je dirais que cette Jérusalem céleste avec des murailles de pierres précieuses, c’est la parabole de la souffrance. Habituellement les murailles sont un enfermement et une souffrance, et là, lorsque c’est Dieu qui façonne sa Jérusalem céleste, lorsque c’est Dieu qui donne la paix à l’homme, alors Il fait que ces murailles qui gardent leur consistance de pierre, leur dureté, leur côté impénétrable, cependant mystérieusement deviennent ces pierres précieuses, choisies aux yeux de Dieu, dans lesquelles peut chanter la lumière du salut et de l’éternité. Amen.




6ième Dimanche de Pâques par P. Claude Tassin (24 Avril 2016)

Actes 15, 1-2.22-29 (« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent »)

Les ciseaux de la liturgie ne conservent ici que les causes et les conclusions de l’Assemblée de Jérusalem (lire Actes 15,4-21), un «concile» avant la lettre, décisif pour l’avenir de la mission chrétienne en Occident. Résumons la situation et l’enjeu de l’événement.

La situation

À Antioche de Syrie, les missionnaires, dont Paul et Barnabé, accueillent les païens dans l’Église, sans exiger d’eux autre chose que de confesser leur foi au Messie mort pour nous et ressuscité par Dieu. Or des chrétiens de Judée, d’origine pharisienne, protestent : si ces païens croient au Messie, ils méritent de faire partie du Peuple élu et donc de recevoir la *circoncision.

L’événement

Les Apôtres et Anciens de Jérusalem et les délégués d’Antioche en jugent autrement : les païens devenus chrétiens n’ont pas à recevoir la circoncision, car Dieu les a appelés par sa grâce en tant que païens, avec leur propre culture ; ils n’ont pas à passer à la culture juive. Simplement, ils observeront quatre pratiques juives montrant qu’ils sont associés au peuple d’Israël, à savoir les interdits alimentaires et les interdictions matrimoniales émises par la Loi (cf. Lévitique 18, 6-18).

Le missionnaire n’impose pas aux autres peuples sa propre culture; il porte un Évangile qui s’incarne en chaque culture. En cette perspective, il respecte aussi les peuples pour qui la circoncision a une valeur culturelle, voire religieuse. Il s’agit d’évangéliser ces rites.

* La circoncision. Dans l’Orient ancien, certains peuples pratiquaient la circoncision, d’autres non. Israël divisait le monde en deux parties : le Peuple élu et les incirconcis. Car Dieu avait donné la circoncision à Abraham comme le signe de son Alliance (cf. Genèse 17, 10-14), et, par la circoncision, le prosélyte (païen converti au judaïsme) s’intégrait au Peuple de Dieu. Mais, selon les prophètes, la « circoncision du cœur », engagement de tout l’être envers Dieu, importait plus que le signe physique (cf. Deutéronome 30, 6).

Apocalypse 21, 10-14.22-23 (« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel »)

Dieu est-il aussi un urbaniste ? Dans ses visions finales, l’Apocalypse présentait la nouvelle Jérusalem, le Peuple nouveau, dans son union intime avec Dieu (5ième dimanche) ; la troisième vision décrira la cité comme un jardin de Vie (Apocalypse 22, 1-5). Entre les deux, voici un flash sur la ville idéale, conçue comme un carré parfait à partir du nombre douze, symbole de la totalité des « tribus » constituant le Peuple de Dieu.

1) C’est une ville splendide, une gigantesque pierre précieuse que fait chatoyer la présence de Dieu, sa gloire.

2) C’est une ville solide et sûre dont Dieu garde les portes par ses anges. Son haut rempart ne craint aucun séisme, puisqu’il a les douze Apôtres pour fondations.

3) Comme l’ancienne Jérusalem, c’est une ville de pèlerinage : « les nations marcheront vers ta lumière », dit le verset 24. Mais plus de Temple pour accueillir les pèlerins ! Car *la présence de Dieu et de l’Agneau sauveur est immédiate, sans voiles, sans plus besoin de rites et de symboles.

Cette présence de Dieu, plus lumineuse que le soleil et la lune, est donc le dernier mot de l’histoire. Présence déjà actuelle quand nous bâtissons la cité humaine en nous appuyant sur Dieu et sur le message des Apôtres. Les apocalypses sont des œuvres d’imagination inspirées par Dieu. Elles hésitent dans leur scénario de la Fin. Certaines imaginent un transport des élus vers les cieux. D’autres, comme celle de ce dimanche, voient la Ville de Dieu descendre parmi nous.

* La présence de Dieu. « La Jérusalem céleste n’a pas de temple… on peut parler de la constante tentative des hommes de cantonner Dieu et leurs rapports avec lui dans… des occasions et des lieux strictement réservés et délimités. Cette attitude est proprement idolâtre, elle exprime la prétention de l’homme à assigner sa place à Dieu. L’évangile que nous entendons dans l’Apocalypse affirme seulement que Dieu est présent parmi les hommes, et c’est tout » (P. Prigent).

 

Jean 14, 23-29 (« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit »)

Voici la fin du premier des Discours d’adieu de Jésus (chapitre 14) s’achevant par cette injonction : « Levez-vous, partons d’ici » (verset 31). Or personne ne se lève et nul ne part, puisqu’il y a encore trois chapitres de discours reflétant au moins trois générations d’écrivains évangéliques qui se relisent et se complètent les uns les autres. Ce sont leurs réflexions successives que l’Église tient pour inspirées par Dieu, et non quelque magnétophone imaginaire restituant les paroles de Jésus, à la veille de sa Passion.. Cette finale de Jean 14 répond en trois vagues à la question que se posent les croyants de tout temps : comment le Christ, disparu, est-il présent dans nos vies, et absent pour les non-croyants ?

Si quelqu’un m’aime

Dans la bouche de Jésus, l’expression « ma parole » ou « mes paroles » renvoie aux commandements de Dieu que le judaïsme appelle « les Dix Paroles » et nous apprenions dimanche dernier que ces paroles se résument désormais dans le « commandement nouveau » de l’amour mutuel. L’évangéliste précise à présent ceci : la fidélité au commandement de l’amour rend réellement présents Jésus et son Père, puisque celui-ci est la source de cette communion. Il y a donc une présence de Jésus dans le souvenir de ses paroles « pendant qu’il demeurait avec nous ».

Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles… L’évangéliste joue, en manière de symbole, sur la dimension affective de la mémoire : on se souvient et on se nourrit, presque inconsciemment, des paroles fortes que nous a données en partage un ami disparu ou vivant au loin. Ainsi en va-t-il des paroles de Jésus, voire de maximes évangéliques qui restent gravées en nous.

L’Esprit Saint

C’est « *le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra », qui féconde la mémoire des croyants, même s’ils n’en ont pas conscience ; c’est lui qui assure la continuité avec la mission historique du Nazaréen. Jean 16, 12-13 ira plus loin, en affirmant que les paroles du Jésus terrestre étaient, d’une certaine façon, incomplètes : dans les situations nouvelles que les disciples ne pouvaient prévoir, l’Esprit fera comprendre mieux encore le message de Jésus. Cet Esprit « vous enseignera tout », dit le Christ.

La paix

Forts de la mémoire de Jésus, défendus par l’Esprit Saint, les croyants vivent dans la paix au milieu des épreuves. Ainsi, Jésus reste présent par le don de la paix, son legs ultime. « Je vous donne ma paix », dit Jésus en nos célébrations eucharistiquess. Ce n’est pas, « à la manière du monde », la paix des armes et la sécurité matérielle, mais le bonheur que Dieu prépare au terme de l’histoire et que le Ressuscité anticipe pour les siens (voir Luc 24, 36) en les saluant à la manière juive (shalôm !). Cette paix est joie, amour qui chasse toute peur : nous nous réjouissons de ce que Jésus va vers le Père à qui il s’est soumis, comme un messager à celui qui l’envoie (« le Père est plus grand que moi »).

« Je m’en vais », déclare Jésus : le but de sa mission est son retour vers le Père ; « et je reviens vers vous », ajoute-t-il. Retrouver la pleine intimité avec le Père, par la victoire de Pâques, et permettre ainsi le don du Défenseur, voilà sa manière de « revenir » à nous, et de nous faire entrer en pleine communion avec Dieu le Père.

Jean a grande confiance dans l’action de l’Esprit et dans l’amour fraternel comme moteur de la vie de l’Église. L’absence physique de Jésus n’est que l’envers de sa présence auprès du Père grâce à laquelle nous sommes « branchés » sur le courant de l’amour de Dieu.

Le Défenseur ou « Paraclet ». « Pour mieux comprendre le rôle de l’Esprit dans l’évangile de Jean, il faut regarder dans l’Ancien Testament les figures charismatiques qui viennent relayer un personnage important pour prolonger sa mission : Josué prend le relais de Moïse, Elisée d’Elie, Jésus de Jean Baptiste. L’Esprit, dans l’évangile de Jean, semble jouer un rôle semblable par rapport à Jésus.

Jean est le seul à utiliser le mot « Paraclet » pour désigner l’Esprit. C’est la forme passive du verbe parakaléô : celui qui est appelé, celui qui vient au secours, celui qui est témoin de la défense (la traduction liturgique opte pour le terme « Défenseur »). Au sens actif, c’est l’intercesseur, le médiateur, le consolateur. Dans l’évangile de Jean, le Paraclet est le témoin de Jésus, l’interprète de son message devant ses ennemis, en particulier au procès, le consolateur des disciples, en lieu et place de Jésus, l’enseignant et le guide pour les disciples et donc leur aide » (A. Marchadour, L’Evangile de Jean).

  

 

 

 

 




6ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

Tous appelés à la Vie, par le Don gratuit de l’Esprit (Jn 14,23-29)… 

Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit.
Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé.
Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi.
Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez.

           

 paix                

 

            Les premières paroles de Jésus sont ici : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole »… Mais avec St Jean, ce n’est pas seulement un exercice de mémoire… En effet, « celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34) et « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). Autrement dit, « garder la Parole » de Jésus, l’envoyé du Père, c’est garder le Don de l’Esprit qui se joint toujours à elle, et donc, avec lui, le Don de la Vie… C’est veiller à vivre dans la foi, tourné de cœur vers Lui, du moins autant que notre faiblesse le permet… Et dès que nous constatons un égarement, offrons le vite à l’Amour, qui, de son côté, n’a jamais cessé de nous aimer et donc de désirer pour nous le meilleur. Et aussitôt, il accomplira en nous son œuvre de Sauveur : « enlever le péché du monde » (Jn 1,29)… Alors, « si le salaire du péché, c’est la mort, le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus » (Rm 6,23) par le Don de « l’Esprit qui vivifie »…

            « « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera », mais c’est déjà fait : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier » (1Jn 4,10), et il l’a fait notamment en nous créant par le Don, en nous, de son Souffle de Vie (Gn 2,4b-7), de son Esprit de Vie. Et nous retrouvons avec cet acte fondateur un geste d’amour, car pour Dieu, aimer, c’est tout donner, tout ce qu’il a, tout ce qu’il est : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), « tout ce qu’il a » (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est… « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16), le Père est Amour ? « Tu es mon Fils Bien-Aimé », dit-il à son Fils, « en toi, j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11), tout ce que je Suis (Ex 3,14), toute ma vie : « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), gratuitement, par amour. Et c’est aussi ce qu’il s’est passé au jour de la création de chacun d’entre nous : Dieu a fait de nous des créatures spirituelles (1Th 5,23), « des âmes vivantes » (Gn 2,7), par le Don gratuit, par amour, de son Souffle de Vie, de son Esprit de Vie… Et c’est cet homme « esprit » que Dieu veut combler de son Esprit pour lui donner, tout aussi gratuitement, par amour, de participer à la Plénitude de sa Vie, de sa Lumière et de sa Paix. Tel est le cadeau du médecin à ses malades (Lc 5,31-32), du Sauveur aux pécheurs que nous sommes :

« La Paix soit avec vous. Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22), car « Dieu vous a choisis dès le commencement pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie » (2Th 2,13)…      DJF                                                                                                                                                 

  

 

       

           




Rencontre autour de l’Évangile – 6ième Dimanche de Pâques

« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et situons le texte (Jn 14, 25-27)

Dans le discours après la Cène, Jésus vient d’annoncer la mission de l’Esprit qui le rendra présent dans l’Eglise. A ceux qui gardent sa Parole, son Père et lui se feront connaître : ils habiteront en eux comme dans un temple. Et l’Esprit les conduira vers la vérité toute entière. Dès maintenant Jésus leur lègue la paix qui sera le fruit de sa victoire sur le péché et sur la mort.

Soulignons les mots importants

Si quelqu’un m’aime : Jésus dit clairement c’est quoi l’aimer.

Fidèle à ma parole : Que signifie ce mot « fidèle» appliqué à la parole de Jésus ?

Nous viendrons chez lui : De qui Jésus parle-t-il en disant « nous » ?

Demeurer auprès de lui : Comment comprendre ce mot « demeurer » ? Qu’est-ce qu’il nous dit d’important de la vie du chrétien ?

Du Père qui m’a envoyé : Jésus dit clairement qu’il a reçu une mission : de qui et dans quel but ?

L’Esprit Saint : Quel sera le rôle de cette Personne que Jésus révèle ?

La paix : C’est quoi cette paix que Jésus laisse à ses disciples

« Je m’en vais et je reviens » : Comment comprendre cette parole de Jésus ?

Le Père est plus grand que moi : Cette parole de Jésus est étonnante. N’est- il pas le Fils, en tout égal à son Père ?

 

Ta Parole dans nos cœurs

 Contemplons le Seigneur Jésus.

Jésus fait à ses amis, et à nous, des révélations très importantes sur lui, sa mission, sur Dieu, sur l’Esprit Saint, sur la dignité du baptisé.

Chacun peut redire une parole de Jésus qui l’a touché, quelques mots importants du texte, répétés comme en écho.

 

Pour l’animateur

  • Aimer Jésus, c’est essentiellement être fidèle à sa parole, garder sa parole, mettre en pratique l’Evangile : en un mot le commandement de l’amour. « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime » (Jn 14, 21). Il faudrait ici lire tout le Sermon de Jésus sur la Montagne (Mt Ch.5,6,7). Ce n’est pas une affaire de sensibilité. Ce n’est pas dire « Seigneur, Seigneur…Mt7,21) »

     Etre fidèle à la parole de Jésus, c’est finalement être fidèle à Jésus lui-même et au Père qui l’a envoyé : ne pas s’écarter de lui, lui rester attaché de manière durable, même et surtout dans les moments difficiles. Cette fidélité n’est possible que par le don du Défenseur, l’Esprit de vérité.

     Le résultat de cette fidélité à Jésus, c’est l’habitation de « la famille divine » en chacun des chrétiens : en disant « nous viendrons chez lui », Jésus nous révèle qu’il est intiment uni au Père et à l’Esprit dans le coeur du baptisé. Comme le dit l’apôtre saint Paul « vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes…ous êtes de la famille de Dieu » (Ep 2,19)

     Jésus se reconnaît comme l’Envoyé du Père : et il est en permanence en communion avec lui. Tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait exprime la parole et l’action de son Père. Cependant, dans la condition humaine, sa gloire de Fils éternel, égal au Père, est voilée : c’est ce que Jésus veut dire en disant « le Père est plus grand que moi. » Le Père est plus grand parce que tout vient de lui et tout va à lui : en particulier l’envoi du Fils et sa glorification. Cela montre combien Jésus se reconnaît vraiment l’un de nous, acceptant avec amour et soumission sa condition humaine.

     Le soir de Pâques, en se montrant à ses disciples, la première parole qu’il leur dit c’est « Paix à vous » et il souffle alors sur eux en leur disant « recevez l’Esprit-Saint » (Jn 20, 19-22). Cette paix, c’est le salut (pardon et vie de Dieu) que Jésus a mérité par sa mort et sa résurrection, et qu’il communique par son Esprit. C’est la paix messianique annoncée par les prophètes et que Jésus donne à ses disciples pour toute la durée de l’histoire, quelles que soient les épreuves.

     « Je m’en vais et je reviens vers vous » c’est ainsi que Jésus annonce sa mort et sa résurrection : il est désormais présent, mais d’une autre manière, de façon permanente auprès de ses disciples et ce doit être pour eux une source de joie.

 

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

Souvent nous cherchons Dieu en dehors de nous. Où est Dieu ?

Que nous révèle Jésus dans cet Evangile ? Cela devrait entraîner des conséquences pour notre vie quotidienne ? pour notre prière. (Cherchons ensemble)

 Nous connaissons bien des bouleversements dans le monde et dans l’Eglise :

Pouvons-nous citer quelques-uns qui peut-être nous touchent de plus près ? Quelles sont nos raisons de ne pas désespérer ? (Jésus lui-même nous dit : nous avons un Défenseur. Il nous assure de sa présence : « Je m’en vais et je reviens vers vous ». Sa présence met notre coeur dans « sa paix »)

 Jésus ne cesse de communiquer sa paix par son Esprit-Saint (lorsque nous sommes en relation avec lui, dans un groupe de disciples, dans la prière, dans l’accueil de sa parole, dans l’eucharistie

Comment vivre de cette paix ? Quels sont les lieux sur notre paroisse ou notre commune…où nous voyons des situations de « non-paix » ? Comment faire gagner la paix ?

L’Esprit Saint est le « maître intérieur » de l’Eglise et de chacun de nous. C’est lui qui enseigne à comprendre et à vivre l’Evangile aujourd’hui.

Quel temps donnons-nous à la prière personnelle, à la méditation de l’Ecriture, à notre formation chrétienne : dans les groupes de réflexion, dans les propositions de formation proposées par le diocèse ?

Ensemble prions 

 

O Christ, toujours vivant dans ton Eglise Conduis-là par ton Esprit à la plénitude la vérité. Tous : Reste avec nous, Seigneur Jésus. Tu veux habiter en nous avec le Père et l’Esprit-Saint : Donne- nous le goût de la Parole et aide-nous à la mettre en pratique. (Tous : reste …) Par ta résurrection, tu as vaincu la mort et les forces du mal, et tu nous donnes ta paix : soutiens notre combat pour faire reculer la violence. Chant : Seigneur, foyer d’amour p.115 Ou Donne à ceux qui demandent p.233

 

 

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