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Rencontre autour de l’Évangile – 5ième Dimanche de Pâques

« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et situons le texte (Jn 13, 31-33 ; 34-35)

Ce passage fait partie du grand discours de Jésus à la Cène qui commence avec le chapitre 13 de l’évangile de Jean. Jésus, au moment de faire ses adieux à ses disciples, leur livre en quelque sorte son testament. Ce sont les dernières confidences et consignes, pourraient-on dire, de quelqu’un qui s’en va.

Soulignons les mots importants

Le Fils de l’homme : rappelons-nouspourquoi Jésus se nomme ainsi ?

Est glorifié : Pourquoi Jésus dit que son heure de gloire est arrivée ?

Mes petits enfants : Comment comprendre cette expression dans la bouche de Jésus ?

Un commandement nouveau : En quoi c’est un commandement nouveau puisque le commandement de l’amour existait déjà ?

Comme je vous ai aimés: Que veut dire ce  « comme  » ?

Ce qui montrera : Nous avons à montrer que nous sommes de « la bande à Jésus « . Par quel signe ?

Mes disciples : Que veut dire être  « disciples « 

Ta Parole dans nos cœurs

 Contemplons le Seigneur Jésus.

C’est le regard du cœur sur Jésus au milieu de ses amis. Il les aime jusqu’au bout, malgré la trahison de Judas. Il leur parle avec affection.

Il est au milieu de nous maintenant. « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux »…

Ses paroles sont pour nous maintenant. Quel écho ont-elles dans mon cœur ? Ses disciples aujourd’hui, c’est toi, c’est moi, c’est nous. Quel disciple suis‑je ?

 

Pour l’animateur

  • Nous avons déjà rencontré l’expression  » Fils de l’homme  » : Jésus se donnait volontiers ce titre, qui correspondait à sa double identité. Il vient de la terre selon une ascendance humaine, mais il se reconnaît également dans le « Fils de l’Homme » qui vient « sur les nuées du ciel  » annoncé par le prophète Daniel. 

  • Quelqu’un est glorifié dans la Bible, lorsque sa vie donne sa pleine mesure. Jésus est glorifié lorsque son amour est parfaitement révélé par son sacrifice et sa résurrection. C’est pourquoi, l’Heure où Jésus est élevé sur la croix est aussi l’heure où il révèle le secret de la valeur de toute sa vie. C’est son heure de gloire. 

  • Dans l’attente du retour de son Maître, l’Eglise n’a pas d’autre règle de vie que l’amour. La communauté chrétienne est essentiellement fondée sur une présence, celle du Ressuscité. 

  • Le signe des chrétiens, ce n’est pas d’abord un geste (comme le signe de la croix, ou une démarche religieuse) ; c’est l’amour qu’ils se témoignent les uns aux autres. C’est le signe fort que Jésus a laissé. 

  • Le « comme »  je vous ai aimés n’est pas un simple « comme » de comparaison, mais un « comme » de participation. Le disciple aime de l’amour même de Jésus. C’est un commandement nouveau parce que c’est une nouvelle manière d’aimer, celle de Jésus qui nous communique son Esprit.  

  • C’est en aimant leurs frères de l’amour même du Christ pour eux, que les disciples montreront (manifesteront) la présence de Celui qui est présent dans leur communauté et les fait vivre de la vie nouvelle. En eux on reconnaît l’amour même du Christ qui peu à peu transforme le monde jusqu’à ce que Dieu, qui est Amour, soit « tout en tous. » « On peut bien être « pilier d’église »…(faire un tas de choses dans l’Eglise), rien de tout cela ne distingue les fils de Dieu des fils du diable, hormis la charité » (Saint Augustin). 

  • Le disciple, c’est celui qui se met à l’écoute de son maître, qui suit ses enseignements et son exemple, qui est en union de cœur et d’esprit avec lui. Etre disciple de Jésus, c’est tout cela et plus encore. C’est s’efforcer de lui ressembler, de l’imiter. C’est l’aimer. C’est lui appartenir.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

On n’a jamais autant parlé d’amour. C’est une aspiration profonde de tout être humain. Mais que de déviances, que de malfaçons dans nos manières d’aimer ! Jésus est venu nous apprendre à aimer.

  • Comment vivre l’amour à la manière de Jésus ?

(Accueillir l’autre tel qu’il est, offrir un regard bon sur toute personne humaine, dire des paroles qui font du bien, pardonner, se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, compatir avec ceux qui pleurent, servir, donner sa vie…)

  • Quand on parle de réussir sa vie, pour soi ou pour ses enfants, à quoi pense-t-on ? à une vie donnée et généreuse ? à quoi ?

  • Jésus donne comme premier signe de reconnaissance de ses disciples l’amour fraternel.

     Est-ce que nous prenons cela au sérieux ? Qu’en est-il dans nos paroisses, dans nos groupes d’Eglise, dans nos quartiers…(Jésus ne parle pas de gestes religieux, de pèlerinage, ou de quantité de prières ou de dévotions. « S’il me manque l’amour… » dit saint Paul. « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour » (St Jean de la croix). 

  • Peut-on dire encore de nos familles, de nos équipes, de notre communauté chrétienne : « Voyez comme ils s’aiment ! « 

  • Que pouvons-nous faire pour que cela soit vrai ?

 

Ensemble prions 

Esprit de Jésus, tu verses l’amour de Dieu en nos cœurs,

Nous te prions :

embrase toute notre vie du feu de ton amour. (tous reprennent)

Esprit-Saint, tu ressuscitas  le Christ Jésus d’entre les morts,

Nous te prions :

Mets en nous le sceau de la vie éternelle.(tous)

Esprit de Jésus, toi qui es notre vie,

Nous te prions : donne-nous d’agir en fils et filles du Père,

De suivre le Christ Jésus, premier-né d’une multitude de frères. (tous)

 

 

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4ième Dimanche de Pâques- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Quels pasteurs pour quelle Eglise ?

 

MGR123.indd« Je connais mes brebis, elles écoutent ma voix ». Frères et sœurs, la liturgie de ce dimanche constitue pratiquement un passage obligé : c’est le dimanche du bon Pasteur. Il est donc de bon ton de parler des vocations et faire, si je puis dire le « sergent recruteur » local. En fait, je me propose d’inverser les rôles aujourd’hui. On parle de la crise des vocations, on dit que dans vingt ans, il n’y aura plus de prêtres, que les communautés devront se débrouiller autrement, mais la question est peut-être mal posée : il ne s’agit pas, comme on le dit trop souvent, d’expliquer pourquoi il n’y a plus de vocations. Il importe, à mon avis, de retourner la question et de se demander : « Qu’est-ce que l’Église ? Comment apparaît-elle aujourd’hui pour qu’il y ait si peu de vocations ? » Pour dire les choses très simplement : la vie du prêtre est un service, s’il n’y a pas de demande de service, s’il n’y a pas de petites annonces dans le journal avec des « offres d’emploi », pourquoi voudriez-vous que l’on continue à remplir ce type de service ? C’est précisément le problème.

Au fond, qu’est-ce que l’Église ? Et surtout, comment aujourd’hui même, comprenons-nous l’Église pour que la nécessité du ministère dans l’Église, je ne dis même pas l’utilité parce que nous verrons que la question du ministère dans l’Église ne se pose pas en termes d’utilité, soit vraiment reconnue comme elle doit l’être ? Pour y parvenir, je vous propose un petit détour par les sociétés civiles, les sociétés humaines telles que nous les connaissons et les construisons, ces sociétés auxquelles nous appartenons.

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En fait, nous avons aujourd’hui deux réflexes majeurs pour penser la société, qui aboutissent à deux grands modèles de société. Il y a le modèle que l’on pourrait appeler « la société de pouvoir ». Dans une telle société, il y a des gens qui ont le pouvoir et généralement, ils semblent s’y accrocher beaucoup et en être très fiers. En fait l’Église, reconnaissons-le, surtout en la personne de son « personnel », comme disait Jacques Maritain, n’a pas échappé à cette tentation. Quand on a traité, pendant tout le Moyen Âge, et même durant l’époque moderne, toute l’histoire de l’Europe au fer rouge de la distinction entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel et que même, à certains moments, certains papes ont fait la théorie d’un pouvoir spirituel supérieur à celui des rois et des princes, on comprend qu’une telle prétention ait engendré le laïcisme « pur et dur » qui consiste à « bouffer du curé » en récitant son catéchisme voltairien pour préserver son autonomie.

Mais on a également appliqué ce schéma de la société de pouvoir à la vie interne de l’Église : puisque l’Église est une société, elle devait, pensait-on, se structurer selon un certain type de gouvernement, ce qui suppose l’exercice du pouvoir de certains membres sur les autres, et s’il y a des prêtres, il faut qu’ils représentent et exercent une petite partie de ce pouvoir. On en déduisit assez rapidement que la vie du prêtre était une transposition au domaine spirituel de ce qui, dans les sociétés civiles, équivaut à l’ambition politique. Autrement dit, l’Église est envisagée comme une entreprise qui voudrait assurer son emprise, son pouvoir « spirituel » sur les consciences. Et comme aujourd’hui on considère que le modèle du pouvoir est devenu suspect à peu près partout, jugement qui n’est d’ailleurs pas nécessairement un réflexe intelligent, on se dit alors que le pouvoir spirituel peut comporter en lui-même encore plus de danger : d’où une méfiance plus grande encore. À quelques exceptions près, il ne semble pas qu’il y ait beaucoup de personnes qui défendent actuellement sérieusement une théorie du pouvoir en ecclésiologie.

En revanche, il existe un second modèle qui semble fonctionner avec succès. Dans les sociétés modernes, le seul modèle de société qui a tous les passeports et toutes les promesses de la vie temporelle, c’est l’entreprise. Parce que là, on s’y reconnaît : c’est clair, c’est basé sur la compétence, dynamisé par la concurrence et vérifié par la productivité. De plus, quand on peut expliquer que chacun est invité à engager sa liberté personnelle et faire travailler son génie propre pour trouver sa place au sein de l’entreprise, on a l’impression vraiment qu’on est parvenu au sommet des formes de vie sociale que l’on peut souhaiter aux sociétés actuelles.

L’entreprise a donc une cote extraordinaire, mais le problème est de savoir si l’Église entre ou peut entrer dans le modèle de l’entreprise. Il faut bien avouer, et c’est sans doute le miracle le plus étonnant de la vie de l’Église, que depuis vingt siècles nous ne produisons rien. Mieux vaut le dire : honnêtement, depuis vingt siècles, aucun des résultats des activités de l’Église n’est vérifiable, puisque c’est « de l’autre côté » seulement (côté jardin du paradis) que ce sera vérifiable. Pire encore, on critique le projet même de l’Église en disant : « Admettons qu’elle soit comparable à une entreprise, mais au fond le projet n’est pas toujours aussi réellement convaincant que ce que les « cadres » en disent : ils vous annoncent le Royaume de Dieu, mais on ne l’a jamais vu ! Ils vous disent que le Christ a sauvé le monde : d’accord, on veut bien le croire, mais il faudrait quand même en avoir des preuves. Or les choses ne vont pas beaucoup mieux après qu’avant la venue du Christ ! Et puis, il y a eu d’autres héros humains qui ont donné leur vie pour une bonne cause ». Par conséquent, dire que l’Église pourrait accréditer son label et manifester l’authenticité de ses prétentions dans la société moderne parce qu’elle serait spirituellement productrice, ce n’est pas si simple et tient de la gageure.

À noter pour mémoire que le premier moment dans l’Église contemporaine où la question du « pouvoir » sur les fidèles a suscité une contestation générale, c’est à propos de l’encyclique de Paul VI Humanae vitae. Il s’agit de l’encyclique sur la contraception artificielle féminine (1968) : il y a eu un moment où les catholiques, surtout les femmes catholiques, ont dit  » non « .

peuple_en_marche_02En outre, on pourrait aussi critiquer l’incompétence du clergé : chacun sait que l’Église est quand même un endroit où le principe de Peter bien connu de tous (selon lequel chacun arrive au degré où il plafonne au sommet de sa compétence), fonctionne très bien : quand on voit que l’individu commence à faire des dégâts, on arrête sa promotion. Donc la compétence, le savoir des experts, le recyclage et la formation permanente pour être au sommet du savoir actuel, le fait d’être au courant de tout, ce n’est pas toujours la spécialité du « personnel » clérical. Et de fait, le Christ n’a pas dit aux apôtres : « Je suis venu fonder l’entreprise la plus performante du point de vue philanthropique ». Il n’y a nulle part dans l’Évangile une seule phrase qui va dans le sens de la rentabilité. Je sais que certains m’objecteront le verset de saint Luc : « A celui qui a, on donnera plus encore, et à celui qui n’a pas, on enlèvera tout ce qu’il a », ce qui est l’expression du libéralisme sauvage le plus radical. Mais je ne suis pas sûr que Jésus l’ait cité dans ce sens-là.

Voici donc les deux modèles dont je vous parlais, je sais bien qu’il y en a d’autres ; il existe des associations de pêcheurs à la ligne, fondées sur le goût que l’on éprouve ensemble à attraper la truite et à la sentir frétiller au bout de la canne à pêche, mais on ne peut pas comparer l’Église à une entreprise de pêche à la ligne bien que la meilleure comparaison que le Christ ait trouvée pour parler à saint Pierre de sa nouvelle vie professionnelle, c’est la formule : « Désormais, tu seras pêcheur d’hommes ». Mais l’Église ne relève pas davantage du modèle de l’association des hommes par l’intérêt commun pour un loisir ou une activité bien précis.

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La question reste donc entière : « Mais alors à quoi ça sert ? » Aujourd’hui, on a tendance à se replier sur une solution de type individualiste que l’on pourrait nommer le modèle de la consommation. On se dit : « J’éprouve des aspirations religieuses, je voudrais à certains moments pouvoir traduire cet élan profond de mon cœur et je vois qu’on me propose, par le biais d’institutions ou d’associations, des groupes d’hommes ou des sociétés qui me permettent d’essayer de le mettre en œuvre ». Là aussi, on se retrouve en pleine ambiguïté : la religion comme « bien de consommation personnelle ». Or, ce n’est déjà pas très facile de gérer nos biens matériels en termes de consommation et de pouvoir d’achat ! Si donc on se met à traiter la religion de cette façon-là, où allons-nous ? Les églises et les prêtres deviennent cet immense service de supermarché religieux dans lequel si j’ai besoin de ceci, je viens le chercher à telle adresse, si j’ai besoin de cela pour mon âme, je viens le chercher dans telle autre communauté, généralement d’ailleurs en fonction des horaires qui m’arrangent. Mais est-ce que l’Église est simplement une proposition de service spirituel pour les consommateurs religieux éclairés ? D’ailleurs, une telle perspective est tellement dangereuse qu’elle est à l’origine du phénomène des sectes. Car, à partir du moment où c’est mon désir de consommateur qui devient la loi et le critère de mon comportement et de mon appartenance religieuse, toutes les formes de groupements religieux se valent et je dois choisir en fonction de mes aspirations. Chacun ayant décidé qu’à son goût, la religion, c’est comme ceci ou comme cela, il n’y a plus de repères objectifs, et l’Église devient une réponse parmi d’autres à des demandes de consommateurs. Et la grande problématique du langage clérical pourrait être : « Comment faire une religion qui plaise aux gens ? » ou encore « Comment s’adapter ? » Quand on aborde ce type de sujet, c’est le Titanic.

Quand on se pose aujourd’hui la question de l’Église et donc aussi celle des ministères, il devient de plus en plus urgent et nécessaire d’y répondre. la voixRevenons à la phrase de l’évangile que nous avons entendu tout à l’heure : « Je connais mes brebis, elles écoutent ma voix ». Normalement un berger, s’il est un berger qui veut exercer du pouvoir sur son troupeau, ne dit pas : « Je connais mes brebis », il dit plutôt : « Je les mène à la baguette ». Or avec le Christ, on ne parle jamais de sa houlette ni de son bâton. Bref, rien dans la figure du Bon Pasteur ne renvoie à une ecclésiologie de pouvoir.

Deuxièmement, le Christ ne dit pas : « Je rentabilise mon troupeau au maximum et toutes les brebis sont primées au comice agricole ». Le Christ ne vise ni la productivité pastorale, ni la rentabilité du troupeau. Il ne dit même pas qu’il va le tondre et ne fait donc aucune allusion au denier du culte. Ici encore, ce n’est pas une ecclésiologie de l’entreprise dans laquelle le Christ proposerait de faire atteindre à chaque brebis son gabarit maximum, spirituellement, bien entendu. Donc vous le voyez bien, ni pouvoir, ni rentabilité, mais quoi donc ? Pourquoi faut-il des pasteurs ?

« Elles écoutent ma voix et Moi Je les connais ». Qu’est-ce que l’Église ? C’est un lieu où l’on reconnaît la voix de Dieu. Or, qu’est-ce qu’une voix ? Je crois qu’une voix, la voix de quelqu’un qu’on aime, c’est sa présence, sa présence donnée dans une certaine altérité. Quand on connaît la voix de quelqu’un, on lui dit : « C’est toi, je te reconnais à ta voix ». C’est d’ailleurs une chose étrange : vous remarquerez qu’on a à peu près tous, les messieurs d’un côté, les dames de l’autre, le gosier fait de la même façon, et pourtant, on a un timbre de voix, une particularité de voix absolument unique, et l’on reconnaît avec beaucoup de sûreté quelqu’un à sa voix, au téléphone par exemple.

Or, l’Église est ce lieu où l’on apprend à reconnaître Dieu à sa voix : « Tu es là, c’est Toi ». Il faut donc quelqu’un, non pas quelqu’un qui parle à la place de Dieu parce que ce serait le pire : le clergé deviendrait une idole ! Mais il faut qu’il y ait quelqu’un qui manifeste que, quand nous sommes rassemblés en Église, nous reconnaissons la voix de quelqu’un d’autre. Il faut qu’il y ait quelqu’un qui nous dise : « Attention ! Nous ne sommes pas là pour identifier Dieu par nous-mêmes et par nos propres forces ». Il faut que quelqu’un nous renvoie au secret, à l’intimité et au mystère de la voix de Dieu. Le ministère dans l’Eglise, c’est exactement cela.

Mgr Aubry MC 2016

Petit exemple qui peut être évocateur : lors de l’assemblée eucharistique, le prêtre ne communie pas à votre place, il ne prie pas à votre place, il n’intercède pas à votre place. Qui célèbre alors ? Vous tous, frères, vous célébrez l’eucharistie avec nous, les prêtres. Et quand nous disons par habitude : les célébrants et les concélébrants, pour désigner les seuls ministres, nous avons tort, le langage nous trahit. Mais cela ferait tellement drôle de dire : « Voilà que le président va entrer ». En français, cela ne passerait pas. Mais en réalité, il n’y a pas que ceux qui sont autour de l’autel qui célèbrent, c’est toute l’Église, toute la communauté qui célèbre. Donc les célébrants, c’est nous tous, et le prêtre en l’occurrence assure une fonction de présidence. Qu’est-ce à dire ? Simplement par sa présence, par ses paroles et par les gestes qu’il pose au milieu de l’assemblée, il signifie que, si nous sommes rassemblés aujourd’hui, ce n’est pas simplement par notre propre volonté, que si nous croyons aujourd’hui, ce n’est pas simplement parce que nous avons essayé d’élaborer un petit système qui réponde à nos demandes religieuses, que si nous recevons le Corps du Christ, ce n’est pas nous qui l’avons « fabriqué ». Il signifie que c’est le Christ et le Christ seul qui accomplit tout cela. Et le prêtre est là simplement pour dire et signifier : « Attention, ce n’est pas nous qui sommes à la source des actes sacramentels qui sont posés maintenant, c’est le Christ ». C’est le Christ qui est à l’origine de notre rassemblement, c’est le Christ qui est à l’origine du corps et du sang que nous allons partager, c’est le Christ qui est là, qui nous fait entendre sa Parole, c’est le Christ qui baptise. C’est le Christ qui vient d’ailleurs, qui est transcendant, qui nous dépasse et qui est là, au milieu de nous.

Jésus tête de l'EgliseC’est la raison pour laquelle l’Église a besoin de prêtres. Vous me direz : c’est un peu mince, ce n’est ni très productif ni très satisfaisant du point de vue du pouvoir. Le Christ a voulu qu’il y ait au milieu du peuple des serviteurs qui manifestent au milieu de l’Assemblée que tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes, ce n’est pas par nos propres moyens, par nos propres forces, par notre propre pouvoir ou notre propre productivité que nous le faisons, mais par la présence et l’action de quelqu’un, le Bon Pasteur.

Je sais qu’une telle compréhension des ministères ne résoudra pas tous les problèmes de vocation. Mais quand on a déjà situé un problème, on a au moins les données pour le traiter et y répondre. Qu’aujourd’hui, en ce jour où nous célébrons le Bon Pasteur et où nous posons cet acte de nous rassembler dans l’eucharistie pour recevoir en nourriture son corps et son sang, nous essayions de mieux percevoir dans la foi ce qu’est l’Église, la place des ministères dans l’Église, celui du pape, des évêques, des prêtres. Comprenons aussi ce que serait l’Église, si elle était privée de l’exercice des ministères : ce serait une assemblée religieuse complètement fermée sur elle-même, de type sectaire ou gnostique, et vous n’accepteriez sûrement pas d’y mettre les pieds.

Posons donc aujourd’hui un geste de foi dans le fait que le Christ, Bon Pasteur, ne peut pas abandonner son Église, en la privant des ministres qui sont indispensables pour qu’elle soit l’Église. Au milieu de l’Église, il faudra toujours qu’il y ait de tels hommes : non pas pour être le Christ à la place du Christ, mais pour être en vérité les signes de la présence du Christ, des signes humbles, des signes serviteurs, des signes qui aident leurs frères à découvrir la véritable présence de Dieu au milieu d’eux et dans leur propre vie. Amen.

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4ième Dimanche de Pâques par P. Claude Tassin (17 Avril 2016)

Actes des Apôtres 13, 14.43-52 ( » Nous nous tournons vers les nations païennes « )

La vocation d’apôtre est un appel intérieur, une « révélation », selon la conviction de Paul en Galates 1, 15-16. Mais elle relève conjointement du jeu des événements, comme on le voit dans l’épisode des deux sabbats à Antioche de Pisidie (en Turquie), au cœur du premier voyage missionnaire de Paul. Les synagogues s’ouvraient volontiers aux païens, convertis ou simples sympathisants. On désigne ceux-ci comme des « craignant-Dieu » ou par d’autres formules voisines ; ce que le lectionnaire traduit par l’expression « convertis qui adorent le Dieu unique ».

La mission de Serviteur…

Les synagogues antiques aimaient donner la parole à des prédicateurs de passage, tels Paul et Barnabé. Mais il y avait des limites ! Le second sabbat tourne à l’aigre, de par la jalousie des Juifs devant l’afflux de païens venus écouter les deux voyageurs. Ceux-ci découvrent alors l’ampleur de leur mission : Israël est le premier élu, mais cela ne doit pas bloquer l’accomplissement de la prophétie du *Serviteur de Dieu à laquelle se réfèrent Paul et Barnabé pour dire qu’ils se tournent désormais plus résolument vers les païens.

… à la suite de Jésus

Relevons un trait important. La rupture expérimentée par Paul et Barnabé avait d’abord été vécue prophétiquement par Jésus au début de son propre ministère, dans la synagogue de Nazareth (relire Luc 4, 16-30) : l’authenticité de la mission des apôtres se mesure par une identité, parfois tragique, avec le destin du Christ. On se rappelle, en ce dimanche de prière pour les vocations, que tout ministère vécu en vérité, s’accompagne d’épreuves, parce qu’il s’affronte à des clivages dûs à l’accueil ou au refus de la parole de Dieu.

Le Serviteur de Dieu (cf. l’encadré du vendredi saint) est « la lumière des nations » (Isaïe 42, 6), « jusqu’aux extrémités de la terre » (49, 6). Au 1er siècle de notre ère, l’interprétation s’organise ainsi : 1) Pour les Juifs, il s’agit d’Israël apportant aux nations la lumière du vrai Dieu. 2) Pour les chrétiens, c’est Jésus, réalisant cette vocation à laquelle Israël a failli (ainsi Luc 2, 32; Actes 26, 23). 3) Pour Paul et Luc, les apôtres (qui sont des Juifs) assurent la relève de cette vocation à la fois par rapport à Israël et à Jésus.

Psaume 99 (« Nous, son peuple, son troupeau »)

Ce poème est bref, construit en quatre strophes comportant chacune trois vers. Notre liturgie omet la troisième, qui répète un peu la première. Le titre du cantique, « pour l’action de grâce » (hébreu tôdâh), peut induire en erreur/. Car ici, nul récit d’une épreuve dont Dieu aurait libéré le psalmiste. Il s’agit plutôt d’une invitation à la louange lancée au monde entier, Que tous se rendent au Temple, afin d’acclamer rituellement le Seigneur dans la joie, de le « servir » (= lui rendre un culte). Il faut « venir à lui », littéralement : « « venez à sa face », une expression classique orientale pour dire : venir en pèlerinage (comparer Zacharie 8, 21-22).

  N’oublions pas la pointe de cet appel universel. Les nations païennes venant en pèlerinage à Jérusalem reconnaîtront la merveille de l’élection du peuple de Dieu qui s’exprime ici : en nous voyant en fête, « reconnaissez »  que notre Dieu est vraiment (un) Dieu. Il a fait de nous son peuple. Il a fait alliance avec nous : « Nous sommes à lui ». L’expression sous-entend, en effet, la réciproque : « Vous êtes pour moi un peuple. » Mieux encore, « nous sommes son troupeau. » C’est-à-dire qu’il est notre roi, selon la symbolique de l’Orient ancien qui voit dans le souverain le berger et, dans le peuple dont il prend soin, le troupeau.

  En ce dimanche de prière pour les vocations, c’est cette expression « pastorale » qui a commandé le choix de ce psaume. Le peuple chrétien prie pour qu’à travers ses pasteurs honnêtes se révèle que le Seigneur est bon et éternels son amour et sa fidélité.

Apocalypse 7, 9.14b-17 («  L’Agneau sera leur pasteur pour les conduite aux souces des eaux de la vie »)

Après avoir décrit le jugement terrible contre un monde hostile à Dieu, le visionnaire de l’Apocalypse découvre la fin qui nous attend, non pas un malheureux petit reste selon certaines autres apocalypses juives, mais une foule immense venue de tous les horizons. C’est l’ensemble de ceux qui, au long de l’histoire du monde – et donc dès maintenant, ont subi « la grande épreuve » en restant fidèles à la Parole de Dieu.

  Les voici rassemblés pour une gigantesque fête des Tentes en présence de Dieu (le Trône) et du Christ (l’Agneau). Les élus ont en main les palmes que lors de cette fête on portait autour de l’autel du Temple. Leur Exode dans le désert douloureux de la vie terrestre est achevé : ils se « tiennent debout » (symbole de la résurrection), le Dieu d’Isaïe 49, 10 est enfin leur guide à jamais, et c’est un monde joyeusement à l’envers : les élus ont des vêtements blancs parce qu’ils ont été lavés dans le sang de l’Agneau (dans l’Antiquité, c’est le rouge qui est le contraire du blanc, non le noir), mais cet Agneau pascal, c’est le berger ! Et se profile ici le psaume 22, la figure du berger divin, le roi qui guide son fidèle « vers les eaux tranquilles » et le « fait revivre ».

  Enfin, plus besoin de bâtir les huttes de branchages traditionnelles de *la fête des Tentes, puisque « celui qui siège sur le Trône étendra sur eux sa tente » (plutôt que la fade traduction liturgique : « établira sa demeure chez eux »).

La fête des Tentes. « Vous habiterez dans des tentes pendant sept jours… afin que vos générations voient que j’ai fait habiter dans des tentes les fils d’Israël quand je les ai fait sortir du pays d’Égypte » (Lévitique 23, 42 s.). à ce rite et à celui des palmes (« avec des palmes à la main »), s’ajoutait la coutume d’aller puiser de l’eau à la source de Siloé. On en trouve aussi l’écho dans l’Apocalypse : l’Agneau « les conduira vers les eaux de la source de vie ». L’auteur a exploité ces symboles pour nous donner raison d’espérer une fête éternelle.

Jean 10, 27-30 (Le Bon Pasteur donne la Vie à ses brebis)

« Si telle est ton idée de Dieu, moi non plus, je ne crois pas à ce Dieu-là », disons-nous parfois à l’ami incroyant. Et nous, quelle idée nous faisons-nous de l’homme Jésus quand nous disons qu’il est le Messie ? La question oriente notre lecture de l’évangile de ce jour, tiré du discours de Jésus, « Porte des brebis » et « *Beau Berger ». Ce discours est « dispatché » chaque année au 4e dimanche de Pâques, dimanche du « bon pasteur ».

Un conflit

En son état actuel achevé, sous la plume de l’évangéliste, le discours reflète surtout l’affrontement, à la fin du 1er siècle, entre, d’une part, l’Église dite « johannique », qui se fait une très haute idée de la personne du Christ, et, d’autre part,  des Juifs (voire des chrétiens d’origine juive) qui trouvent excessive la manière dont cette Église présente Jésus.

  Car tout part d’une question des Juifs : « Si tu es le Messie, dis-le nous ouvertement » (Jean 10, 24). Que répondre ? Tout dépend de l’image qu’on se fait du Messie. Et, de quelque manière, la foi est un don qui vient de Dieu, qui fait des croyants les brebis de Jésus et qui n’en fait pas pour autant des « moutons ». Le croyant a la certitude d’être connu personnellement (« moi, je les connais », dit Jésus) et il suit le Pasteur parce qu’il sait que celui-ci « donne la vie éternelle » – comme lorsqu’on dit : « Cette relation est pour moi “vitale” : sans lui (ou sans elle), je périrais ». Relation d’une telle force que « personne n’arrachera » les brebis de la main du Berger. L’évangéliste songe peut-être aux « bergers mercenaires » (Jean 10, 12) qui enjôlent les brebis par leurs discours, mais les abandonnent au moment où elles sont en voie de se perdre.

Une triple communion

Mais, dans la mission du vrai Berger, c’est la relation entre les croyants et Dieu lui-même qui s’exprime : le Père a donné les Brebis à Jésus. Car, selon l’Ancien Testament, Dieu s’affirme comme le seul Berger de son peuple (voir le Psaume 22 [23]) et Ezékiel 34). On n’arrache pas les brebis de la main du Christ parce qu’on n’arrache rien à Dieu et parce que, conclut Jésus, « Le Père et moi, nous UN ».

  Voilà donc le sommet du discours : dans le projet de sauver les humains, il y a totale unité entre Dieu et son Envoyé. Et ce salut n’est rien d’autre qu’une communion fraternelle ayant pour ciment l’unité entre le Père et le Fils : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jean 17, 21).

  La suite met en valeur l’inouï de cette révélation : les Juifs veulent lyncher Jésus parce que, disent-ils, « tu n’es qu’un homme et tu prétends être Dieu » (Jean 10, 33). L’Envers de la foi chrétienne selon laquelle c’est Dieu qui s’est fait homme !

La charge pastorale

  Qu’est-ce que la vocation à une charge « pastorale » ? C’est entrer dans la communion entre le Christ et son Père pour y entraîner les autres. Mais l’Apocalypse (2e lecture) rappelait que le Pasteur n’est autre que l’Agneau immolé. Toute charge pastorale implique un don total de soi.

Le beau berger. Comment traduire du grec l’expression qui ouvre le discours : le bon pasteur ? le vrai pasteur ? le beau pasteur ? Le texte originel parle de « beau » pasteur parce que les Grecs anciens vibrent à la beauté. Si une chose est bonne et vraie, ils diront qu’elle est belle. Si l’évangile avait été écrit en araméen, il parlerait de « bon » pasteur. Car, pour le Sémite à l’esprit concert, une chose n’est belle et vraie que si elle est d’abord bonne, si elle apporte un bienfait. Au 4e dimanche de Pâques en l’année B, le lectionnaire propose une parenthèse interprétative : « le vrai berger » ; entendons : le berger par excellence, digne de ce nom. Pour se révéler à nous, Dieu use de nos langages et entre dans les mentalités des divers peuples du monde. Déjà en employant l’image du pasteur, l’Ancien Testament appliquait à Dieu le titre qu’on appliquait alors aux souverains et disait par là que Dieu seul peut mener les hommes de manière bonne, belle et vraie. Servir l’Évangile, c’est continuer cet effort d’interprétation.

 




4ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

Le Christ Bon Pasteur (Jn 10,27-30)

En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent.
Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main.
Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père.
Le Père et moi, nous sommes UN. »

           

 BonPasteur          

            « Mes brebis écoutent ma voix », dit Jésus. Or en St Jean, le thème de la voix est lié à l’action de l’Esprit Saint, cette Troisième Personne de la Trinité qui travaille avec le Fils à l’accomplissement de la volonté du Père : le salut de tous les hommes. « L’Esprit souffle où il veut, et tu entends sa voix », dit Jésus (Jn 3,8). Et c’est ainsi qu’il rend témoignage à la Parole donnée par Jésus : il joint sa voix à la sienne. « L’Esprit de vérité me rendra témoignage » (Jn 16,26). Et comment fait-il, quel est donc le ‘contenu’ de sa voix ? Il est de l’ordre de la Vie. L’Esprit Saint parle en communiquant à celles et ceux qui écoutent la Parole de Jésus « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie éternelle : « C’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 2Co 3,6). Ecouter la voix de Jésus, c’est donc vivre de sa Vie… Jésus est en effet « le Chemin, la Vérité, et la Vie » (Jn 14,6). Il est le Chemin qui, par la Vérité qu’il nous dit, conduit à la Vie, car « l’Esprit de Vérité » rend témoignage à cette Vérité révélée par Jésus en communiquant justement la réalité de cette Vie que Jésus évoque par ses Paroles…

            Bien sûr, l’Esprit de Vérité ne rendra jamais témoignage à quelqu’un qui serait en désaccord, de cœur, avec cette Vérité. Jésus, « les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix » : elles vivent avec lui « quelque chose » qui est de l’ordre de la Vie, grâce à l’action de l’Esprit Saint dans leur cœur. Mais rien de tel pour « les étrangers » : « Elles ne suivront pas un étranger ; elles le fuiront au contraire, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers »… Avec eux, pas de « Vie »…

            Ce Mystère de Vie est en fait un Mystère de Communion qui existe en Dieu de toute éternité. Le Père est Plénitude de Vie, et gratuitement, par amour car « Dieu Est Amour », il ne cesse de donne cette Vie à son Fils, l’engendrant ainsi en Fils « né du Père avant tous les siècles ». « Je vis par le Père », nous dit Jésus. Etant ainsi « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu », le Fils est lui aussi « Amour », et donc « Don de Lui-même ». Et du Don éternel du Père et du Fils « procède » l’Esprit Saint, comme nous l’affirmons dans notre Crédo. Les Trois vivent dans la Communion d’une même Plénitude, qui Est Amour, Lumière et Vie, le Fils la recevant du Père de toute éternité, l’Esprit Saint la recevant du Père et du Fils de tout éternité, en un Mystère d’Amour, de Don gratuit… Et Jésus affirme ici : « Moi et le Père, nous sommes un », bien différents l’un de l’autre, mais unis l’un à l’autre dans la Communion d’une même Lumière, d’une même Vie…                                                                                DJF

 

       

           




Rencontre autour de l’Évangile – 4ième Dimanche de Pâques

« Je suis le bon Pasteur »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons (Jn 10, 27-30)

Le texte est très court. Mais il est très riche. Comme nous le verrons, tous les mots sont importants. Faire la lecture très lentement. On peut le lire ensemble une deuxième fois.

 

Situons le texte

Au début du chapitre 10, Jésus vient d’exposer longuement l’image du bon Pasteur pour parler de sa mission et des rapports particuliers qui l’unissent à tous ceux qui veulent le suivre et faire partie de son troupeau.

Les paroles de Jésus provoquent la division parmi les auditeurs de Jésus. Certains vont même jusqu’à le traiter de possédé, parce qu’il laisse entendre qu’il est Dieu comme son Père.

 

Soulignons les mots importants

Je suis : Jésus emploie souvent ces deux mots pour dire qui il est et pour dire sa mission. Citer quelques expressions qui commencent par “ je suis ”. Rapprocher ces deux mots du nom que Dieu révèle à Moïse.

Le bon pasteur : Cette image devait trouver un écho très fort dans le cœur des juifs. Pourquoi ?

Mes brebis : Quel lien existe-t-il entre Jésus et chacun de nous ?

Ecoutent ma voix : Pourquoi le mot “ écouter ” est-il un mot qui revient souvent dans Bible ?

Je les connais : de quelle manière Jésus connaît chacun de nous ?

Elles me suivent : On pourrait définir ce qu’est un chrétien avec ce mot. Le chrétien c’est celui qui suit le Christ. “ Viens suis-moi ”

La vie éternelle : Quelle est cette vie éternelle dont parle Jésus ?

Jamais elles ne périront 

Personne ne les arrachera de ma main

Mon Père : Seul Jésus peut ainsi parler du Père. Pourquoi ?

La main du Père : Quand Jésus parle de sa main et de la main du Père, c’est pour faire naître en nous quel sentiment ?

Nous sommes UN : Que nous révèle Jésus ?

 

 

 

Pour l’animateur

  • Quand Jésus emploie l’expression “ Je suis ”, par exemple “ je suis la lumière du monde, ”(Jn9,5, “ je suis le chemin ”,(Jn14,6) “ je suis le pain de vie ”(Jn6,35) “ je suis le bon Pasteur ”(Jn 10 11), il se met à la hauteur de Dieu, il applique à sa personne et à sa mission le Nom de Dieu révélé à Moïse, au désert, dans le Buisson ardent. Les juifs qui l’entendent sont alors choqués. Il est homme et il se dit Dieu.

  • La Terre d’Israël est une terre où les troupeaux de moutons ont toujours fait partie du paysage. Ce sont des tribus de nomades avec leurs troupeaux qui ont formé peu à peu le peuple hébreu. Dieu s’est comparé au berger de son Peuple. Il le chantaient dans le psaume “  Le seigneur est mon berger ”.(Ps 23) Par son prophète Ezéchiel (34,11) il a promis de venir prendre lui-même la tête de son troupeau. David était berger quand il a été choisi pour devenir le roi-berger d’Israël. Jésus, le fils de David, réalise la promesse de Dieu “  Je suis le Bon berger ”.

  • Nous sommes vraiment le troupeau qui appartient au Christ, par le baptême. C’est un lien tout à fait particulier, une relation d’appartenance, qui nous unit au Bon pasteur. Et par lui nous sommes dans la main du Père. Cela nous donne joie et sécurité. “ Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer ”. “ Personne ne les arrachera de ma main ”.

  • Mais cela suppose que nous écoutions sa voix. Le premier commandement du Peuple d’Israël commence par le mot “ Ecoute ”. (Dt, 6,4) Notre Dieu est le Dieu Vivant. Le Christ est “ le Vivant ”. Il a parlé. Il nous parle. Donc il est important d’être à son écoute. Alors que “ les idoles ont une bouche et ne parlent pas. ”(Ps115, 5) Elles sont “ mortes ”. Le Christ, notre Bon pasteur, parce qu’il est Dieu nous donne la vie éternelle. Une vie qui ne meurt pas. C’est pourquoi Jésus dit “ jamais elles ne périront ”. “ Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. ” (Jn 8, 51)

  • Jésus nous révèle qu’il a la même puissance que son Père, et mieux que cela, lui et son Père ne font qu’UN. Seul Jésus peut dire “ Mon Père ” car il est Dieu avec lui depuis toujours. Tandis que nous, nous devenons fils et filles du Père avec lui et en lui grâce à l’Esprit-Saint qu’il nous a communiqué au baptême.

     

 

Ensemble regardons Jésus

Avec les yeux du cœur !

Il est vivant parmi nous. Chaque matin, il est là, Soleil de notre vie. Attentif à notre situation. Il nous invite à reprendre notre difficile travail de témoins, de “pêcheurs d’hommes”. Parfois notre cœur est loin de lui. Nous ne le reconnaissons pas toujours. Sans lui nos efforts sont stériles. Si nous obéissons à sa parole, c’est lui qui assure le succès de notre témoignage.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

  • Jésus Christ ressuscité, bon Pasteur, marche à la tête de son troupeau : Comment je me sens dans l’Eglise ? A l’aise ? pas trop ? Quelles sont les choses qui me posent questions ?

  • Avons-nous conscience d’être un peuple en marche ? 

  • Dans ce peuple, je ne suis pas quelqu’un d’anonyme pour le Seigneur Jésus : chaque brebis compte pour lui. Il me connaît, j’écoute sa voix, je le suis.

  • Est-ce que je vis ce temps pascal pour rechoisir le Christ ?

Est-ce que je vis ma vie de baptisé comme une réponse à l’appel du Christ ? Autrement dit, est-ce que j’ai conscience d’avoir une vocation ?

Ai-je la confiance absolue que rien ne peut m’arracher de la main du Christ ?

  • Aujourd’hui, le Père appelle des hommes à être des  « signes vivants  » du Christ Bon Pasteur pour conduire son Eglise.

Quel regard portons-nous sur l’évêque et les prêtres,  « pasteurs ” de l’Eglise ? Comment parle-t-on du prêtre dans notre entourage ? dans nos familles ?

Quand un jeune homme exprime son désir de devenir prêtre, quelles sont les réactions ?

Et quand une jeune fille pense à la vie religieuse ?

 

Ensemble prions 

Père saint, source intarissable de l’existence et de l’amour,

qui dépose dans son cœur la semence de ton appel,

fais que personne, par notre négligence, n’ignore ou ne perde ce don,

mais que tous puissent marcher avec grande générosité

vers la réalisation de ton Amour.

Seigneur Jésus, toi le Bon Pasteur,

as choisi et appelé les apôtres et leur as confié la tâche de prêcher l’Evangile,

conduire les fidèles, de célébrer le culte divin,

fais qu’aujourd’hui aussi, ton Eglise ne manque pas de prêtres saints,

qui portent à tous les fruits de ta mort et de ta résurrection.

Esprit Saint, toi qui sanctifies l’Eglise avec la constante effusion de tes dons,

mets dans le cœur des appelé(e)s à la vie consacrée

une intime et forte passion pour le Royaume,

afin qu’avec un “oui” généreux et inconditionné

ils mettent leur existence au service de l’Evangile.

Vierge très sainte, toi qui sans hésiter t’es offerte toi-même au Tout-Puissant

pour la réalisation de son dessein de salut,

suscite la confiance dans le cœur des jeunes

afin qu’il y ait toujours des pasteurs zélés,

qui guident le peuple chrétien sur la voie de la vie,

et des âmes consacrées capables de témoigner

par la chasteté, la pauvreté et l’obéissance,

de la présence libératrice de ton Fils ressuscité. Amen

 

 

 

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3ième Dimanche de Pâques- Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Le toucher divin du Ressuscité

sur notre condition humaine

« Simon Pierre dit : ‘Je pars à la pêche’ ». Et le visionnaire de l’Apocalypse écrit : « J’entends monter l’acclamation de toutes les créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer ». Quel contraste étonnant entre ces deux réalités ! Pierre, quelque temps après les événements de Jérusalem, est reparti en Galilée et a tout l’air de relancer l’entreprise de pêche qu’il avait abandonnée pendant quelques années : il invite ses compagnons à se recycler dans ce domaine comme si l’aventure avec Jésus paraissait sans lendemain. Et de l’autre côté, cette louange cosmique de toutes les créatures qui sont sur la terre, sous la terre, dans le ciel et sur la mer. Pourtant il s’agit exactement de la même réalité. Quand Pierre part à la pêche et quand toutes les puissances de la création se mettent à louer Dieu, c’est du même mystère qu’il s’agit. Et c’est ce que je voudrais méditer quelques instants avec vous.

Jésus ressuscité apparait aux disciplesEn effet, l’un des aspects qui me semblent frappants dans tous les récits de résurrection est le suivant : qu’il s’agisse des femmes qui s’en vont au tombeau pour oindre le corps avec des parfums, qu’il s’agisse des apparitions où les apôtres, par peur, sont terrés dans le Cénacle, qu’il s’agisse encore des apparitions sur le bord du lac de Tibériade ou encore sur la montagne d’où Jésus envoie les Douze annoncer l’Évangile, dans tous les cas il est tout à fait étonnant de constater la familiarité et la proximité de Jésus par rapport à la vie que mènent ses disciples. Tout se passe comme si le principal souci du Christ ressuscité était pour ainsi dire de se glisser, de se couler dans leur vie la plus ordinaire et la plus quotidienne : « Je pars à la pêche ». Ainsi le mystère de la résurrection n’est pas arrivé à la connaissance de ces hommes-là comme une réalité, comme une nouvelle qui les aurait foudroyés. Non, Jésus a été infiniment proche d’eux, dans la plus grande simplicité. Vous l’avez remarqué, dans le récit que nous lisons ce dimanche, Jésus se manifeste sur le bord du rivage : « Les enfants, vous n’avez pas du poisson ? » Et ensuite quand ils commencent à le reconnaître, Il a déjà préparé le repas comme Il pouvait déjà le faire avant sa mort. Et puis devant la gêne, devant le silence, personne n’ose le questionner, et c’est Jésus qui tout simplement dénoue la tension de l’atmosphère en posant la triple question à Pierre : « M’aimes-tu ? » Les disciples savaient bien ce que ça voulait dire : « Toi qui M’as renié trois fois, Je vais confirmer en toi mon amour par trois fois ». Ainsi, ce qui est surprenant, c’est la capacité qu’a la puissance de Jésus ressuscité de se couler dans ce moment de la vie des apôtres déçus, lassés et qui se sont remis à vivre comme tout le monde en Galilée. Le mystère de la Résurrection de Jésus est un mystère de proximité. Et pourtant en même temps, nous est donné le témoignage d’un Agneau immolé : « Celui qui est au-dessus de toute la création », qui la récapitule par sa mort et à qui toute la louange cosmique s’adresse. « Tout être sur la terre, dans le ciel, sur la mer, sous la terre », c’est-à-dire la totalité même du cosmos tel qu’on le concevait à cette époque-là, le monde visible et invisible rend gloire à Dieu.

Et vous comprenez alors le rapport entre les deux. C’est précisément parce que dans les apparitions de Jésus ressuscité, Il a été capable de rejoindre les apôtres au plus simple, au plus élémentaire de leur existence que nous avons ainsi reçu le signe que Jésus mort et ressuscité était capable de rejoindre tout homme, toute la création, tout le cosmos dans leur réalité la plus intime.

Michel-Ange-creation-d-AdamJe voudrais illustrer cela par une image. Vous connaissez sans doute la célèbre fresque de la création peinte par Michel-Ange où l’homme tend la main vers son Dieu qui l’a créé. Cette fresque a quelque chose de dramatique au sens où les deux mains ne se touchent pas, elles sont là dans une sorte d’imperceptible mouvement de distance et de tension. Et ce qui fait la beauté de cette œuvre de Michel-Ange dit en même temps ce qui constitue le caractère provisoire du projet créateur. Dans la création, nous sommes en tension vers Dieu, toutes choses ont été créées bonnes pour chercher Dieu, mais précisément chercher ce n’est pas encore tenir. Je pense que Michel-Ange a voulu évoquer ce mystère d’une création où l’homme dans son autonomie est en train de tendre la main vers le Dieu qui l’a créé, mais la jonction n’est pas encore faite. Or, dans le mystère de la mort et de la résurrection du Christ, que se passe-t-il ? C’est que la main de Dieu, la main crucifiée de Dieu vient toucher la main de l’homme. Certes ce n’est pas encore la totale prise de possession de nous-mêmes, telle qu’elle se fera dans le Royaume, mais désormais la résurrection est comme le toucher divin du Christ ressuscité sur toutes les réalités de la création. Désormais la création n’est plus simplement en quête de Dieu, elle est effleurée, elle est touchée au plus intime d’elle-même, comme le geste d’une main qui nous touche simplement peut signifier la profondeur de l’attachement, de l’affection. Ici, dans le mystère de la résurrection, c’est le Christ qui vient comme toucher, effleurer, non pas pour nous lâcher, mais pour nous conduire à la plénitude de son Royaume.

Et nous chrétiens, nous sommes dans toute cette histoire un peu comme Pierre au moment où le toucher de Dieu, de cette main créatrice de Dieu vient maintenant toucher son œuvre restaurée. En même temps, de ce contact jaillit la question : « M’aimes-tu ? » Au fond, toute notre existence est simplement le déploiement de cette question : « Simon, M’aimes-tu ? » m-aime-tuLes chrétiens et l’Église sont ceux-là mêmes qui, se sachant touchés par le mystère même de la présence du Christ ressuscité, par sa main ressuscitée, ont à cœur de vivre le plus simplement, le plus fidèlement possible, et même en y incluant leur faiblesse et leur péché, de méditer ces paroles que le contact de la main de Jésus mort et ressuscité fait jaillir dans notre cœur. Chacun d’entre nous est ainsi interrogé : « M’aimes-tu ? » Notre réponse, c’est la réponse de notre foi et de notre baptême, c’est la réponse de nos assemblées eucharistiques et de notre communion au corps du Christ. Tous ces gestes que nous accomplissons, c’est Dieu qui les inscrit en nous. Et c’est à ce moment-là, dans ces gestes mêmes que nous pouvons dire : « Oui, Seigneur, Tu sais tout, tu sais bien que je T’aime ».

Tâche redoutable et merveilleuse que celle de l’existence chrétienne tendue entre le sens d’une intimité de la présence de Dieu « qui a posé sa main sur nous » comme le dit le psaume, et la splendeur à laquelle nous sommes appelés parce que Celui qui est mort et ressuscité est le point de rassemblement, le point de jonction, vers lequel toute la création marche et s’en va, même sans le savoir.

Qu’aujourd’hui nous soit donné de mieux approfondir ce mystère du Christ Ressuscité. Ce n’est pas simplement l’espérance de notre survie, même si c’est tout à fait valable et important. Mais c’est beaucoup plus radicalement la réorientation de toute l’humanité, de tout le cosmos vers une vie nouvelle, vers le mystère même de la présence de Dieu qui maintenant nous touche de sa main pour nous ressusciter. Amen.




3ième Dimanche de Pâques par P. Claude Tassin (10 Avril 2016)

Actes 5, 27-32.40b-41 (« Nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint »)

Les notables sadducéens sont majoritaires au grand conseil de Jérusalem, le sanhédrin présidé par le grand prêtre. Ce parti se méfie des innovations sociales et religieuses. À l’inverse, parce que les chrétiens défendent la foi en la résurrection, certains pharisiens du conseil restent ouverts à la jeune Église de Jérusalem, tel Gamaliel qui prendra ici la défense des apôtres (voir les versets 34-39). Relevons deux traits :

Les témoins de la foi pascale

Pierre proclame un résumé du message qu’on adressait aux Juifs pour leur révéler la foi chrétienne : Jésus a été crucifié selon les prophéties, «en le pendant au bois», selon l’interprétation juive et chrétienne de Deutéronome 21, 23. Le Dieu des patriarches l’a ressuscité et a fait de lui, littéralement, le «chef de file» et le Sauveur. Il suffit alors à Israël de se convertir, de reconnaître qu’on a eu tort de condamner Jésus, et le pardon de Dieu sera assuré. Les apôtres sont témoins de la vérité de ce message, puisqu’ils ont reçu l’Esprit qui leur donne l’assurance de la parole et la capacité d’opérer des miracles.

Le témoignage du «Nom»

Pour saint Luc, les tribunaux ne sont pas des lieux où les chrétiens persécutés se défendent, mais une tribune, l’occasion de témoigner bien haut de leur foi dans «le Nom» (de Jésus). Dans la Bible, le nom c’est la personne elle-même, comme lorsque nous disons : «Ce nom-là ouvre toutes les portes.» Les Actes des Apôtres évoquent souvent le nom de Jésus – ou simplement «le Nom», sans qu’il soit besoin d’en dire plus : «Nous vous avions interdit d’enseigner en ce Nom-là», fulmine le grand prêtre. Ce nom par la force duquel les apôtres baptisent, guérissent et exorcisent, triple activité illustrant cette certitude : «Il n’y a pas sous le ciel d’autre Nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés» (Actes 4, 12). Le Nom de Jésus, c’est son agir en tant que sauveur, un agir qui, dans l’histoire de nos Églises, se conjugue avec la force de l’Esprit, guide la mission.

Après leur flagellation, les apôtres «allaient, se réjouissant d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom». Quel sujet de fierté, en effet, que le fait de vivre les mêmes épreuves que celui dont on porte et dont on défend le nom ! Cette identité de destin est la gloire du chrétien.

Psaume 29 (« Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme »)

De nouveau, ce poème n’a pas grand rapport avec la lecture qui précéde, sinon que les apôtres ont vécu une expérience «pascale» à travers leur flagellation et leur libération. Au vrai, ce psaume propose un modèle de prière au long du temps pascal. Les versets retenus par la liturgie cumulent les «ingrédients» de l’action de grâce biblique.

Strophe 1 : Le psalmiste a été gravement malade. Mais sa foi a crié vers le Seigneur qui l’a fait remonter du bord de la fosse où il allait tomber.

Strophe 2 : Le psalmiste invite ses proches, les «fidèles», à partager son expérience. Certes, l’épreuve est douloureuse et semble être un coup de colère de la part de Dieu. Mais ce n’est qu’un moment. La bonté du Seigneur, elle, dure «toute la vie».

Strophe 3 : Le psalmiste persiste dans sa reconnaissance, à travers des oppositions poétiques : les larmes des sombres soirs et les chants du joyeux matin ; le triste accoutrement du moribond et le beau vêtement du retour à la vie.

Un de mes amis, mort d’un cancer, répétait cette strophe à haute voix dans ses derniers jours. Son épouse lui disait : «Thierry, comment peux-tu dire cela, en ton état ?» Il répondait «Si ! Je le sais : je vais l’avoir, ma parure de joie.»

Strophe 4 : Le psalmiste, sauvé de la mort, sait maintenant qu’il est un «survivant» ; il sait à qui il doit sa vie. Désormais sa vie ne peut plus être qu’une perpétuelle action de grâce : «Que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce !»

Selon la lecture chrétienne du psaume, c’est le Christ qui dit «je» dans ce psaume, louant son Père pour sa résurrection. Ce «je» est aussi celui de tout chrétien, uni au Christ qui rend grâce à Dieu pour ses expériences quotidiennes de résurrection.

 

Apocalypse 5, 11-14 (« Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse »)

S’ennuie-t-on à la messe ? Qu’explose alors le toit de l’église, qu’on lise l’Apocalyse, chap. 4 et 5, et qu’on suive le visionnaire dans le Temple du ciel ! Dieu y siège sur un trône que soutiennent les quatre Vivants, c’est-à-dire les piliers de la création vivante. Autour de lui, voici les vingt-quatre Anciens, c’est-à-dire les patriarches et les prophètes de la Bible. Alors s’ouvre une liturgie cosmique dans laquelle, en fait, l’univers chante les cantiques des assemblées chrétiennes terrestres de la fin du 1er siècle. A qui s’adresse leurs louanges ? « Il est digne, l’Agneau immolé » (avec ses sept titres solennels) et « celui qui siège sur le trône ». »

Pourquoi cette cérémonie ? C’est que Dieu tient un « livre scellé », l’Ancien Testament, et personne ne peut l’ouvrir pour qu’on en comprenne le vrai sens (Apocalypse 5, 1-6). Mais arrive l’Agneau immolé, le Christ ; le véritable Agneau pascal dont parlait la Bible. Lui nous expliquera tout.

Que nous nous réunissions dans une cathédrale ou une église rurale, chaque dimanche célèbre la Pâque, la victoire sur la mort. Nous chantons le Christ avec l’univers entier, dans une louange de tout le cosmos. Quand vient la routine, l’Apocalypse nous aide à retrouver le souffle du monde en marche vers la Pâque définitive qui rassemblera « des myriades de myriades » de croyants.

 

Jean 21, 1-19 (« Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne, et de même pour le poisson »)

L’évangile d’aujourd’hui est une libre et fine broderie sur un épisode de la tradition évangélique : la pêche miraculeuse (cf. Luc 5, 1-11). Dimanche dernier, nous lisions la fin de l’évangile de Jean. Mais, à la fin du 1er siècle, devant de nouveaux problèmes, Dieu inspire à un disciple de l’évangéliste cet épilogue qui met en relief *Pierre et «le disciple que Jésus aimait». L’épisode comprend trois séquences.

La pêche

L’épisode de la pêche, symbole de la mission chrétienne, souligne d’abord la stérilité des efforts des disciples en l’absence du Seigneur. Puis, comme lors de la course au tombeau, «le disciple que Jésus aimait» découvre le premier la présence du Seigneur, mais laisse Pierre se précipiter à sa rencontre. Cent cinquante-trois poissons ! comme si on avait compté les preuves de la merveille : voilà la puissance du Seigneur pour son Église ! Mais, nouvelle époque, Pierre va perdre sa figure de missionnaire au profit de celle de «pasteur»…

Le repas

Vient la scène du repas. Elle rappelle les gestes de la multiplication des pains (cf. Jean 6 ,11) et, par là, de l’eucharistie : les chrétiens savent que «c’est le Seigneur» qui les nourrit et les attend en même temps sur le rivage de la Pâque à venir.

Le dialogue final

Voici enfin le dialogue entre Jésus et Pierre. Simon répare son triple reniement par une triple déclaration d’amour qui lui vaut la charge de pasteur, c’est-à-dire, on le verra dimanche prochain, une intime participation à la fonction que le Christ joue vis-à-vis de l’Église. Scène poignante, car Pierre est déjà mort quand cette scène est rédigée («Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu»). Pierre est, lui aussi, un vrai disciple, un amoureux du Christ. Pourquoi cette insistance ?

Notre lectionnaire, hélas, omet la finale, Jean 21, 20-23, qui est la clé de l’épisode. L’Église ne fut jamais une au départ. L’unité fut toujours à construire. Il y eut, entre autres, un groupe se réclamant du «Disciple que Jésus aimait» et dont l’évangile de Jean se fait le défenseur, une Église imbibée de l’idée d’une communion personnelle de chaque chrétien avec Jésus, une Église qui boudait les communautés se réclamant de Pierre, avec leur sens de l’organisation «pastorale». Le groupe avait cru que «ce Disciple ne mourrait pas». Erreur ! et des déviations sont vite apparues dans ce groupe ecclésial. L’auteur de notre épilogue, successeur du Disciple, dit ceci : ne perdons pas notre sens de l’amour du Christ, mais rallions-nous aux Églises de Pierre : lui aussi était un «disciple que Jésus aimait», et son martyre l’a prouvé.

C’est un premier exemple de discernement sur les courants opposés, voire douloureux, qui ne cesseront jamais de parcourir l’Église de manière féconde.

Pierre et Jean : «L’Église connaît deux genres de vie à elle révélés par Dieu. L’une est dans la foi, l’autre dans la vision ; l’une pour le temps du voyage, l’autre pour la demeure d’éternité ; l’une dans le labeur, l’autre dans le repos ; l’une dans le travail de l’action, l’autre dans la récompense de la contemplation.

La première est symbolisée par Pierre, la seconde par Jean. La première est en action jusqu’à la fin du monde, avec laquelle elle trouvera sa propre fin ; la seconde doit attendre son accomplissement après la fin de ce monde, mais dans le monde futur elle n’a pas de fin. Ainsi il est dit à Pierre : « Suis-moi », et au sujet de Jean « Si je veux qu’il reste jusqu’à ce que je vienne, est-ce ton affaire ? Mais toi, suis-moi »…. Ce qu’on peut dire plus clairement ainsi : Que l’action parfaite me suive, modelée sur l’exemple de ma passion; que la contemplation, qui commence seulement, reste jusqu’à ce que je vienne, pour trouver son accommplissement lorsque je viendrai » (saint Augustin, sur saint Jean).

Qui donc est là, sur la rivage,

Après la nuit de vaine pêche ?

Qui donc est là ?

À mon filet de gros poissons,

J’ai reconnu le Seigneur.

Tu sais tout, Seigneur,

Tu sais que je t’aime. (chant I 120)

 




3ième Dimanche de Pâques par le Diacre Jacques FOURNIER

L’Eglise Missionnaire (Jn 21,1-19)… 

En ce temps-là, Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous aussi, nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, cette nuit-là, ils ne prirent rien.
Au lever du jour, Jésus se tenait sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? » Ils lui répondirent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivèrent en barque, traînant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre remonta et tira jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus leur dit alors : « Venez manger. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche ; il prend le pain et le leur donne ; et de même pour le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent mangé, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Sur ces mots, il lui dit : « Suis-moi. »

           

 pierre-maimes-tu           

            Cet épisode résume la vie de l’Eglise, jusqu’à la fin des temps… Au début, les disciples partent à la pêche avec Simon-Pierre ; ils sont sept, un chiffre symbole de plénitude : c’est vraiment toute l’Eglise qui est évoquée ici, et c’est à elle que le Christ ressuscité va se manifester. Mais « ils passèrent la nuit sans rien prendre » car le Christ « Lumière du monde » n’était pas avec eux, et « la nuit, nul ne peut travailler » au salut du monde, car « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 8,12 ; 9,4 ; 15,5) …

            Mais « au lever du jour, Jésus était là ». Le Ressuscité les a rejoints… Ce « lever du jour » évoque cette situation intermédiaire qui est la nôtre, dans la foi : « Les ténèbres s’en vont, la véritable Lumière brille déjà » (1Jn 2,8), mais Lui, nous ne le voyons pas encore. Pourtant, il est là, mais sa Présence n’est pas évidente. Au début, les disciples « ne savaient pas que c’était lui ». Mais St Jean saura leur donner l’exemple du regard de foi : « C’est le Seigneur ! » 

            « Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez ». Ils obéissent, ils font tout simplement ce que le Ressuscité leur demande de faire. Ce filet peut symboliser la Parole de Dieu que l’Eglise, aujourd’hui encore, est invitée à lancer largement et par tous les moyens possibles jusqu’aux « extrémités de la terre » (Ps 2)… Et Jésus l’a promis, l’Esprit Saint rendra témoignage à cette Parole de Vie en communiquant justement à tous ceux et celles qui l’accueilleront « quelque chose » qui est de l’ordre même de la Vie éternelle… « L’Esprit me rendra témoignage, l’Esprit qui vivifie » (Jn 15,26 ; 6,63). St Pierre en a fait l’expérience : en écoutant Jésus de tout cœur, il vivait « quelque chose » d’unique, d’indescriptible, de formidable, une intensité de vie : « Tu as les Paroles de la vie éternelle ». De cette expérience est née sa foi : « Et nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,68-69).

            Les filets de la Parole sont donc lancés… Et ils se remplissent : « 153 gros poissons », un chiffre qui peut symboliser tout à la fois la Plénitude de l’humanité appelée au salut, et l’œuvre de Dieu. C’est en effet l’action de Dieu qui donne à la mission de l’Eglise de pouvoir porter du fruit, car « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6), et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait » (Ps 135,6), avec son Eglise et par elle. A nous maintenant de semer sa Parole le plus largement possible, et nous nous émerveillerons des fruits du travail du Seigneur…           DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche de Pâques

« C’est le Seigneur ! »

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons (Jn 21, 1-19)

En lisant ce passage, repérons bien les différents moments de la scène. Faisons aussi attention aussi aux personnages : notons par exemple combien de fois on nomme Simon-Pierre.

 

Situons le texte

Nous sommes à la fin de l’Evangile selon saint Jean, après la mort de Jésus. Les disciples sont revenus en Galilée, et les pécheurs ont retrouvé leurs barques et leurs filets. Cette manifestation de Jésus ressuscité au bord du Lac se trouve seulement dans l’Evangile de Jean. C’est l’apôtre lui-même ou l’un de ses disciples qui a ajouté ce récit, tellement important, nous verrons pourquoi.

 

Soulignons les mots importants

Jésus “se manifesta” aux disciples sur le bord du Lac.

Il y avait là Simon-Pierre : Notons combien de fois Simon Pierre  est nommé. Quelle est l’intention de l’évangéliste ? 

“Je m’en vais à la pêche” : Après la mort de Jésus, les apôtres ont repris leur métier. Est-ce que tout serait fini ? 

“Ils passèrent la nuit sans rien prendre” : Quand Jésus est absent ou quand on le croit absent, est-ce que nous n’avons pas l’impression que rien ne marche, que nos efforts sont inutiles ? 

“Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage”. L’Evangéliste souligne que Jésus se manifeste “au lever du jour ” : quelle réflexion cela nous inspire ? 

“Les disciples ne savaient pas que c’était lui” : pourquoi Jésus ressuscité n’est pas reconnu par les disciples ? 

“Le disciple que Jésus aimait” : De qui Jean parle-t-il ?

Pierre “ se jeta à l’eau ” : Que penser de cette démarche de Simon Pierre ? 

“153 gros poissons” : pourquoi cette précision ? 

“Jésus prend le pain et le poisson et le leur donne” : A quoi fait penser ce repas ? 

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » : Pourquoi Jésus pose  cette question à Pierre en trois fois ?  

“ Sois le berger de mes brebis ” : que signifie cette parole ?

 

 

 

Pour l’animateur

  • Jésus ressuscité se manifeste par un acte de puissance (la pêche miraculeuse) comme il s’est manifesté au début de son ministère en Galilée en changeant l’eau en vin (2,11). Il y a continuité entre le Jésus terrestre et le Jésus glorifié. 

  • Dans cette scène, Simon-Pierre tient une place particulière. Jean centre son récit sur le rapport de Jésus à Simon-Pierre et sur sa réhabilitation après son reniement. 

  • Le fait que les apôtres reprennent leur métier après la mort de Jésus montre bien que ce récit est indépendant et raconte la première apparition de Jésus après sa résurrection, tandis que pour les disciples avec la mort de Jésus tout était fini. 

  • Le fait que Jésus ressuscité n’est pas reconnu signifie la transformation que la résurrection a opérée en lui. C’est le même Jésus, et pourtant il est tout autre ! 

  • Cette nuit de pêche sans rien prendre symbolise la désillusion et l’infécondité, la stérilité de leurs actions en l’absence de Jésus.

  • Jésus se tient debout sur le rivage au lever du jour : Jésus ressuscité est le Soleil Levant. La nuit est finie. C’est le matin d’un monde nouveau.

  • A l’époque, on avait répertorié 153 espèces de poissons. Ce chiffre peut signifier que la mission et le salut sont pour tous les peuples  “ De toutes les nations faites des disciples ”. La précision du chiffre (qu’on ne peut inventer !) veut aussi exprimer l’exactitude du témoignage.

  • La solidité du filet qui ne déchire pas accentue le miracle. Symbolise l’unité de l’Eglise. Comme la tunique de Jésus. 

  • Le repas préparé par Jésus nous renvoie à l’Eucharistie qui prolonge et rend présent le Christ mort et ressuscité. Dès le début de l’Eglise, le pain et le poisson symbolisaient l’eucharistie.

  • La triple question de Jésus à Pierre reprend le triple reniement. Malgré la faiblesse de Pierre, Jésus lui confie l’autorité sur le troupeau. Il est clair ainsi pour Pierre qu’il n’est pas meilleur que les autres, et que son choix est un appel à servir et non une distinction pour ses mérites.

 

Ensemble regardons Jésus

Avec les yeux du cœur !

Il est vivant parmi nous. Chaque matin, il est là, Soleil de notre vie. Attentif à notre situation. Il nous invite à reprendre notre difficile travail de témoins, de “ pêcheurs d’hommes ”. Parfois notre cœur est loin de lui. Nous ne le reconnaissons pas toujours. Sans lui nos efforts sont stériles. Si nous obéissons à sa parole, c’est lui qui assure le succès de notre témoignage.

 

L’ Évangile aujourd’hui dans notre vie

  • La foi chrétienne c’est reconnaître en Jésus “ le Seigneur ”

  • Suis-je prêt à me “ jeter à l’eau” pour aller vers le Seigneur et le suivre quand un témoin de la foi, quand l’Eglise me dit en parlant de Jésus : “C’est le Seigneur” ?

  • Pierre a eu son expérience, expérience de faiblesse, expérience de la puissance du Christ ressuscité, de son amour et de sa miséricorde dans sa vie.

  • Et nous ? Chacun de nous a son histoire : Le Seigneur Jésus la connaît et il me pose à moi la même question : …m’aimes-tu ? C’est moi qui suis questionné, c’est moi qui suis concerné. Est-ce que j’ai fait le choix de vivre une véritable expérience avec le Christ ?

  • Pierre a reçu sa charge après avoir fait une “ profession d’amour ”. Peut-on s’engager, avoir une responsabilité dans la communauté chrétienne sans cette “ profession d’amour ” du Christ ? Que vaut une “ profession de foi ” sans une profession d’amour ” ?

  • Comme Pierre, si j’ai une responsabilité, ce n’est pas que je mérite ou que je sois meilleur. C’est pour répondre un appel du Christ à servir.

  • L’Eglise primitive a reconnu le rôle principal de Pierre pour la foi et la conduite de l’Eglise. Et nous ? Comment nous comprenons le rôle du successeur de Pierre ? Comment accueillons-nous ses enseignements ? Est-ce que nous aimons cette Eglise que Jésus a confiée à Pierre et aux apôtres, malgré ses faiblesses ?

 

Ensemble prions 

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu notre Père !

  • Alors que nous étions morts dans notre péché tu nous fais revivre avec le Christ, avec lui tu nous ressuscites, avec lui tu nous fais régner dans le ciel. 

  • Nous te prions : donne-nous de vivre désormais non plus comme des étrangers au Royaume, mais comme des familiers de la maison de Dieu. 

  • Que toute notre vie de ressuscités annonce l’amour que tu offres à tous les hommes et la joie dont tu veux illuminer leur vie, par ton Fils Jésus Christ, notre vie et notre résurrection.

 

 

 

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L’Annonciation du Seigneur par P. Claude TASSIN (Spiritain)

    Commentaires des Lectures de la messe du lundi 4 Avril 2016

 

Isaïe 7, 10-16 (Voici que la Vierge concevra)

Rappelons d’abord que la solennité de «l’Annonciation» n’est pas une fête mariale, mais une fête du Seigneur Jésus, la célébration de son «incarnation» en Marie (le 25 mars et le 25 décembre se font chronologiquement pendant, évidemment).

Les circonstances historiques de l’oracle

«Les deux rois» (finale du texte) de Damas et de Samarie vont assiéger Jérusalem pour forcer le roi Acaz à se coaliser avec eux contre l’Assyrie. S’il refuse, ils le déposeront, le remplaceront par un inconnu de leur choix, et ce sera la fin de l’alliance de Dieu avec la «maison de David», la dynastie de David. Acaz a choisi de se soumettre à l’Assyrie. Dans la culture de l’époque, cela signifie que ce traité de vassalité soumet le Dieu d’Israël aux dieux assyriens.

La position du prophète Isaïe

La position d’Isaïe, qui s’affronte à son roi, est claire : Pas d’alliance avec l’Assyrie ! Il faut tenir bon dans la confiance envers le Dieu qui a juré fidélité à David. Et si Acaz doute, qu’il demande à Dieu un signe extraordinaire. Mais le roi ne veut pas faire marche arrière ; il se dérobe au conseil d’Isaïe par un argument de fausse piété : il ne faut pas tenter le Seigneur, dit-il, en lui demandant un signe.

La promesse de l’Emmanuel

Dans ce cas, répond le prophète, Dieu fournira son propre signe aux incrédules, puisque c’est le Seigneur lui-même qui propose son signe : «la jeune femme», la reine, femme d’Acaz, est enceinte. Le fils qui naîtra s’appellera *Emmanuel, car on verra que «Dieu est avec nous». Sa nourriture sera le lait et le miel, signe d’abondance et de paix pastorale. Il aura le discernement qui manque à Acaz, son père. Et avant même qu’il ait atteint l’âge de raison, l’Assyrie aura châtié Damas et Samarie. Pour nous, la promesse de l’Emmanuel trouvera tout son sens dans la venue de Jésus, né de la Vierge Marie.

* L’Emmanuel (en hébreu Immanou-El = «Avec nous Dieu») rendrait Dieu présent «avec nous» par ses qualités. Ainsi naquit Ézékias, fils et successeur d’Acaz ; mais il fut un souverain décevant. Pourtant, la Bible conserva l’oracle de l’Emmanuel. Si aucun roi, dans l’histoire, ne réalisait l’idéal annoncé par Isaïe, pensait-on, on devait encore attendre avec confiance celui qui serait le vrai Messie. Puis les Juifs d’Alexandrie traduisirent Isaïe en grec. «Voici que la jeune femme conçoit», lisait-on en hébreu. Ce qui devint, en grec : « oici que la vierge concevra.» Cette vierge est l’Israël idéal qui donnera le Messie au monde. La Bible grecque offrait aux évangélistes un dernier chaînon pour rendre compte de la conception virginale de Jésus (cf. Matthieu 1, 22-23 ; Luc 1, 31).

Hébreux 10, 4-10 (« Je suis venu pour faire ta volonté »)

L’auteur anonyme de la Lettre aux Hébreux s’adresse à des chrétiens qui fondaient trop leur foi sur le culte du Temple de Jérusalem ; il leur montre que la venue du Christ doit changer notre lecture de l’Ancien Testament. Dans ce passage, il raisonne ainsi, sur trois plans.

1) Selon notre auteur, dans le Psaume 39 [40], c’est le Christ qui, prophétiquement, parle par avance. Il dit que Dieu n’attend pas de lui, pour montrer la fidélité de sa mission terrestre, des sacrifices matériels, mais l’offrande de son corps, de toute sa personne, en totale obéissance à sa volonté : «Me voici, je suis venu pour faire ta volonté.» Dans ces quelques mots se résument le mystère et le sacrifice de la Croix, aboutissement de l’Incarnation.

2) L’auteur précise alors : les sacrifices du Temple de Jérusalem étaient prescrits par la Loi de Moïse. Or, avec la venue du Christ, Dieu «n’en a plus voulu». C’est donc qu’un nouveau culte, l’offrande de soi du Christ, remplace l’ancien.

3) De fait, par cette volonté de Dieu accomplie jusqu’au bout, par le don de soi du Christ en sa Passion, nous sommes «sanctifiés», c’est-à-dire de nouveau en relation vraie avec Dieu – et cela «une fois pour toutes», alors qu’avant, à Jérusalem, il fallait refaire chaque année les mêmes sacrifices pour obtenir le pardon divin, la restauration de bonnes relations avec lui.

Ainsi, l’Incarnation annoncée à Marie (évangile) inaugure la route du *sacrifice de la Croix qui aboutit à notre rédemption. Dieu n’attend plus que nous lui offrions «des choses», mais que nous nous offrions sans cesse à son vouloir, à la suite d’un Christ «frère des hommes».

* Le sacrifice de la Croix. « En souffrant pour nous, [le Fils de Dieu] ne nous a pas seulement donné l’exemple, afin que nous marchions sur ses pas, mais il a ouvert une route nouvelle : si nous la suivons, la vie et la mort deviennent saintes et acquièrent un sens nouveau (Vatican II, Gaudium et Spes, n° 22).

 

Luc 1, 26-38 (Marie comblée par Dieu)

Pour présenter *l’incarnation du Messie et la mission de sa Mère, Luc utilise le schéma biblique des récits d’Annonciation (voir le même schéma dans l’Annonciation à Joseph, ci-dessus, le 19 mars). On en repère aisément les éléments principaux :

Manifestation du messager de Dieu.

L’ange Gabriel s’est présenté à Zacharie (Luc 1, 11.19). La seconde Annonciation, à Marie, ne se situe plus dans le Temple illustre de Jérusalem, mais dans un lieu retiré, en Galilée. Jésus sera le Messie des humbles, le Galiléen. Luc présente Marie comme une vierge (cf. 1ere lecture) et comme accordée en mariage à «un homme de la maison de David», la famille dont doit naître le Messie. Selon la coutume, un temps notable s’écoulait entre la conclusion du mariage et l’installation de l’épouse chez son époux. L’ange salue Marie en lui donnant pour nom «Comblée de grâce», un titre dans lequel la Tradition catholique voit le signe de sa conception immaculée. «Le Seigneur est avec toi» : cette formule, dans maints récits de vocation (Moïse, Exode 3, 12 ; Gédéon, Juges 6, 12), signifie que Dieu confie une mission à quelqu’un et lui apporte son soutien.

Réaction de Marie.

Zacharie était saisi de crainte (Luc 1, 12). Le bouleversement de Marie tient simplement à une interrogation sur ce que Dieu attend d’elle. Luc signale la non-foi de Zacharie (Luc 1, 20) et la foi de Marie (1, 45). Mais il serait vain de chercher les indices de ce contraste : le récit n’en livre aucun.

Le message de l’ange.

Voici en quoi Marie est «comblée de grâce» : Dieu la charge d’enfanter le Messie. Car l’ange assemble, dans son annonce, une mosaïque d’expressions qui renvoient notamment à la prophétie de l’Emmanuel : «Voici que la vierge enfantera et concevra un fils» (Isaïe 7, 14, selon la Bible grecque ; voir aussi Isaïe 9, 6). Le messager céleste s’exprime selon les clichés de l’Ancien Testament, même si, en profondeur, «le règne qui n’aura pas de fin» évoque déjà le règne du Christ ressuscité (Actes 2, 29-36).

Objection, réponse et don d’un signe.

Si Marie connaît, imaginons-le, les merveilleuses naissances de la Bible, comme celle d’Isaac (voir Genèse 17). Si elle sait que sa mission s’impose, son actuelle virginité n’est-elle pas un obstacle insurmontable au projet divin ? L’objection de l’élue permet à l’ange Gabriel d’approfondir, pour nous lecteurs, le mystère du Messie : nouvelle Ève, Marie enfantera le Vivant (Luc 24, 5) par un acte de l’Esprit qui présidait à la première création (Genèse 1, 2). La puissance de Dieu investira Marie, telle la nuée du désert «prenant sous son ombre» la Demeure de Dieu (Exode 40, 35). Et puisque l’Esprit créateur est «saint», l’enfant sera «Saint», consacré. Cet adjectif, chez les premiers chrétiens, est un des titres les plus anciens du Messie (cf. Luc 4, 34 ; Actes 3, 14).

Déjà – tel est le signe donné par l’ange et que Marie vérifiera par la bouche de sa cousine –, Dieu a réalisé pour Élisabeth, stérile et âgée, ce qu’il avait accompli pour Sara (cf. Genèse 18, 14). Marie croit-elle que Dieu peut faire plus encore, et introduire son Fils, grâce à elle, par une création qui enracine Jésus en «Adam, fils de Dieu» (Luc 3, 38) ?

La foi de Marie

Oui, selon le récit de Luc, elle le croit ! Elle est la figure de l’Église chargée d’enfanter son Sauveur au monde d’aujourd’hui. Elle est le modèle de tout croyant qui se fait serviteur de la parole du Seigneur, qui sait que «rien n’est impossible à Dieu».

* L’incarnation. «Parce que [dans le Christ] la nature humaine a été assumée, non absorbée, par le fait même, cette nature a été élevée en nous aussi à une dignité sans égale. Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché» (Vatican II, Gaudium et Spes, n° 22).