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11ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 9,36 -10,8) – Diacre Jacques Fournier

       En ce temps-là, voyant les foules, Jésus fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger. Il dit alors à ses disciples : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Alors Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir d’expulser les esprits impurs et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze Apôtres : le premier, Simon, nommé Pierre ; André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ; Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote et Judas l’Iscariote, celui-là même qui le livra. Ces douze, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : « Ne prenez pas le chemin qui mène vers les nations païennes et n’entrez dans aucune ville des Samaritains. Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche. Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. »

Avec le Christ, se mettre au service de la Vie (Mt 9,36-10,8)…

Juste avant notre Evangile, nous lisons : « Jésus parcourait toutes les villes et les villages, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur ». Ici, en « voyant les foules » qui venaient encore à Lui, il fut, littéralement, « bouleversé jusqu’au plus profond de Lui-même » parce qu’elles étaient « fatiguées et abattues comme des brebis sans berger ». Pourtant, il sait bien qu’il est ce « Médecin » que Dieu a envoyé pour sauver les pécheurs que nous sommes tous. Sa Présence accueillie sera alors synonyme de consolation dans nos souffrances, de réconfort, d’encouragement et de force qui se proposera de régner au cœur de toutes nos fatigues, de toutes nos faiblesses… « Venez à moi vous tous qui peinez et ployez sous le poids du fardeau et vous trouverez le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ». En effet, avec le Christ, par Amour, notre fardeau sera le sien, « Lui qui a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies ». Alors, sa Joie ne sera jamais totalement absente de nos pleurs…

Mais la tâche est immense… Combien de bouches faudrait-il pour que cette Bonne Nouvelle soit proclamée à tous ! « La moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson ». Et cette prière commence aussitôt à être exaucée : l’Eglise apparaît avec les Apôtres, ces douze colonnes sur lesquelles se construira tout l’édifice. Et cette Eglise reçoit exactement la même Mission que le Christ. Ici, en l’envoyant seulement « aux brebis perdues de la Maison d’Israël », il la prépare à cette Mission universelle où, Ressuscité, il continuera de partir, avec elle et par elle, à la rencontre de toutes les foules « fatiguées et abattues ». Avec l’aide et l’assistance de l’Esprit Saint, l’Eglise aura juste à se faire, du mieux qu’elle peut, la Servante de cette Parole du Christ Sauveur qu’elle a elle-même reçue… Et il dépend de chacun d’entre nous que cette aventure devienne la nôtre, pour la Vie, la Paix et la Joie de beaucoup… D. Jacques Fournier




Dimanche du Corps et du Sang du Christ – par Francis COUSIN (Jn 6, 51-58)

         « Le pain de Vie. »

 

« Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. »

Jésus venait de parler de la manne, cette nourriture qui avait permis aux Hébreux de vivre pendant quarante ans dans le désert lors de la sorite d’Égypte. Nourriture céleste, car venue du ciel, don de Dieu, … mais cette nourriture avait une finalité terrestre : rester en vie dans le désert …

Il l’avait déjà dit auparavant, ce qui avait entrainé une controverse avec ceux qui l’écoutaient : Comment peut-il dire qu’il est descendu du ciel alors qu’on connait ses parents : « c’est Jésus, le fils de Joseph, de Nazareth ! »

Il faut dire que le discours de Jésus est énigmatique pour eux : il ne parle pas au même niveau de ceux qui l’écoutent …

Nous, nous avons la chance de connaître, par les évangiles, les circonstances de la naissance de Jésus, … et aussi ce qui va se passer par la suite, le soir du jeudi saint … où Jésus va partager le pain et le vin avec ses disciples en disant : « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous … Prenez et buvez-en tous : ceci est mon sang versé pour vous … en rémission des péchés … »

Et Jésus continue : « Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. »

Impensable dans notre vie humaine ! On le sait bien, notre vie terrestre a une fin … « Il faudra bien mourir un jour … » comme le dit la chanson …

Mais Jésus parle de la Vie Éternelle … mais ne le dit pas !

Les gens de la foule ne sont pas encore prêts à l’entendre, même si certains parmi eux pensaient à cette possibilité d’une vie éternelle après la mort …

« Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »

Alors là, c’est le bouquet ! Une nouvelle controverse se met en place : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? ». Jésus serait-il adepte du cannibalisme ? Non, bien sûr ! Mais la pensée de Jésus n’est pas celle de ceux qui l’écoutent. Elle n’est pas à leur niveau …

Alors Jésus leur dit : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. »

Bien sûr, nous, nous pensons tout de suite à la cène du jeudi saint ! On a une clef d’interprétation … mais les gens qui écoutent Jésus ne peuvent pas comprendre à ce moment-là ce qu’il dit … Surprenant de la part de Jésus qui n’arrive pas à s’adapter à son auditoire …

À moins que ce ne soit une manière de présenter les choses qui ne soit dûe qu’au narrateur, à saint Jean, qui profite de la multiplication des pains qui venait d’être présentée pour relier la multiplication des pains pour la nourriture terrestre avec le don du corps et du sang de Jésus, offert pour la multitude comme nourriture pour accéder à la vie éternelle … d’autant que saint Jean est le seul des quatre évangiles canoniques à ne pas parler de l’institution eucharistique du jeudi saint, lui préférant le geste du lavement des pieds prônant l’humilité nécessaire pour être accueilli dans le Royaume des Cieux …

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. »

Une chose qui peut paraître surprenante dans cette phrase sont les différents temps des verbes : Dans la première partie de la phrase, ils sont tous au présent, alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que le dernier soit au futur : prendre part à la communion (même si on communie rarement au sang du Christ) nous donnera ou nous permettra d’obtenir la vie éternelle, comme une condition préalable … Mettre le temps au présent signifie que la communion eucharistique, si elle est bien prise en connaissance de cause, avec amour et respect, nous fait participant dès maintenant à la vie éternelle … sauf chute ultérieure …

Cela veut dire qu’il ne faut pas participer à la communion à la légère …

« Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. »

Encore une phrase qui nous incite à ne pas faire n’importe comment en allant communier.

Si Jésus demeure en nous, il nous faut faire un peu de ménage en nous … comme quand on reçoit des invités … et ce n’est pas n’importe quel invité …

Et si nous, nous demeurons en Jésus, on ne peut pas se présenter n’importe comment, il nous faut mettre nos beaux atours … mais pas simplement, il faut aussi que l’intérieur soit beau, que notre âme soit, comme on disait avant, en état de grâce.

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. »

Un type de phrase que l’on retrouve souvent chez saint Jean : Ce que le Père est pour le Fils, le Fils l’est pour nous …

Comme un don gratuit fait par amour …

Même si nous ne sommes pas du tout du même niveau … mais c’est Dieu qui se met à notre niveau …

Merveille de l’amour infini de Dieu !

Seigneur Jésus,

c’est un immense cadeau

que tu nous fais :

te mettre à notre niveau !

même si on ne comprend pas toujours tout.

Merci Seigneur de nous donner

de l’importance que nous ne méritons pas !

 

Francis Cousin    

 

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Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité (Jn 6, 51-58) – Homélie du Père Louis DATTIN

Autrefois la manne,

aujourd’hui son Corps

Jn 6, 51-58

 

Si l’on demandait à chaque chrétien pratiquant : « Pourquoi viens-tu à la messe le dimanche ? » nous aurions sans doute des réponses très variées.

 

 

L’un dira : « Pour retrouver mes frères chrétiens, pour faire communauté avec eux ».

Un autre : « Pour m’évader de mes soucis matériels et pour respirer un peu de spirituel car on n’est pas des bêtes, n’est-ce-pas ? »

Un autre : «  Pour écouter le Seigneur qui nous parle par la Bible et l’homélie. Il me semble que chaque semaine, le Seigneur a quelque chose à me dire ».

Un autre : « Pour communier, pour recevoir le Christ car j’en ai besoin pour reprendre courage. »

Un autre dira aussi : « Pour prier, la messe m’aide à prier ; sans la messe, je perdrais l’habitude de prier ».

Dans toutes ces réponses, nous retrouvons les divers bienfaits que nous apporte la messe.

La première lecture d’aujourd’hui nous a rappelé la longue marche, jadis, du peuple d’Israël dans le désert : manquant de tout, Israël avait pris conscience de sa faiblesse, de sa pauvreté. Il n’y en avait qu’un, qu’un seul, qui pouvait intervenir efficacement  et l’aider à s’en sortir : c’était Dieu, Dieu qui l’accompagnait au long de ces étapes terribles, Dieu qui soutenait son peuple dans sa marche vers un pays inconnu mais promis par lui.

Et nous ? Notre vie quotidienne ne ressemble-t-elle pas parfois à une espèce de traversée de désert ? Si l’on additionne nos fatigues, nos problèmes, nos responsabilités diverses, il est des soirées où nous sommes harassés et où nous broyons du noir : nous avons l’impression, à certains moments, d’être dans le tunnel et nous avons beau avancer, continuer à marcher, nous ne voyons pas le bout.  Et nous aussi, tout autant que le peuple hébreu, nous avons besoin de ce compagnon de route qui est là, pour nous accompagner, pour nous soutenir.

* La deuxième lecture nous rappelle que par la messe et la communion, nous formons ensemble : un corps, une seule famille, une même communauté avec tous nos frères chrétiens « Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ».

L’Eucharistie, c’est vrai, est le sacrement de notre unité.  Lorsque l’assemblée que vous formez, revient de la communion, aussi divers que vous êtes les uns les autres, vous n’êtes plus qu’un, puisque le Christ est présent en chacun d’entre vous. Vous êtes tous, simplement, des cellules du corps du Christ liées ensemble par lui dans cet organisme vital qui s’appelle : l’Eglise.

Le pain, c’est ce qui symbolise le mieux notre nourriture de tous les jours et aussi notre vie. Ne dit-on pas : « Gagner son pain à la sueur de son front », et pour celui qui a beaucoup de travail : «  Il a du pain sur la planche ». Ou encore : « Gagner son pain »,  comme on dit « Gagner sa vie ».

Ce pain, cette hostie, représente donc notre vie de tous les jours, notre famille et notre travail. En fait, elle nous représente nous-mêmes.

Que va dire le prêtre à l’Offertoire ? « Tu es béni, Seigneur, toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes. Nous te le présentons »: nous déposons sur la patène toute notre vie de toute la semaine avec ses échecs et ses joies, sa routine et ses surprises, ce qui a bien marché et ce qui a dérapé. Mais plus encore que ce que nous avons fait.  C’est nous-mêmes qui nous présentons au Seigneur.  C’est nous-mêmes que nous offrons au Seigneur tels que nous sommes, avec nos richesses et nos pauvretés, nos acquis et nos manques, avec le bilan d’une bonne ou mauvaise semaine.

.  Que  va  faire  le prêtre  à  la  Consécration ? Il  va  parler  au nom  du Christ. Il va dire : « Prenez et mangez, car ceci (ce pain que nous venons d’offrir, notre vie, notre activité), ceci est mon Corps livré pour vous », et nous chrétiens, nous croyons qu’à partir de ce moment-là, se réalise la présence réelle du Christ ressuscité sous l’apparence du pain consacré.

.  Qu’allons-nous faire à la Communion ? Nous venons justement, nous nourrir de cette présence divine de Jésus en recevant l’hostie.

Alors, pendant un moment, frères et sœurs, réfléchissons.

Jésus veut- il surtout se rendre présent ?  Pas seulement dans l’hostie bien sûr : l’hostie n’est qu’un moyen mais le plus  sûr moyen pour être présent, là, en nous, au cœur de nous-mêmes. Ce n’est pas l’hostie que le Seigneur veut transformer – elle n’est que le moyen que le Christ a choisi pour venir jusqu’à nous et pour transformer, pas l’hostie seulement – mais, nous, bien nous !

C’est surtout en nous-mêmes que Jésus veut habiter : « Celui qui mange de ce pain, je demeurerai en lui et mon Père aussi ». « Nous ferons en lui notre demeure ».

C’est nous-mêmes que Jésus veut transformer par la communion. C’est pourquoi il est si important qu’à l’Offertoire, ce soit nous-mêmes aussi qui soyons  représentés dans cette hostie.  De notre vie, il va en faire la sienne : il prend notre vie et il nous donne la sienne. C’est pourquoi dans la liturgie, on parle souvent de « cet admirable échange » : échange de nos pauvres vies contre la sienne qui vient en nous et qui va nous habiter pour nous diviniser.

C’est nous-mêmes que le Seigneur veut remplir de sa présence.

C’est nous-mêmes dont il veut faire de vrais enfants de Dieu, à l’image de ce qu’il est lui-même, notre frère, modèle et prototype de tout homme.

.  Ce que le Seigneur désire, c’est nous remplir de sa vie, ce qui suppose  auparavant  que  nous  nous  soyons  vidés  de  la  nôtre  pour  l’offrir à celui qui va nous la changer.  Si vous allez chez un teinturier ou dans un pressing pour faire disparaitre des taches à votre veston ou à votre robe, il faudra auparavant apporter le veston ou la robe à cet artisan : sinon, il ne peut rien faire.

Apportez votre vie, à la messe, pour que le Christ la sanctifie et vous la rende divinisée. Et si nous lui apportons une vie en creux, c’est-à-dire en besoin, en manque, en désir d’autre chose, en faim et en soif, alors le Seigneur nous comblera de sa vie à lui pour que, dans la semaine suivante, nous puissions vivre dans l’amour, dans le don de soi, de nous, aux autres, dans l’accueil, dans le pardon, dans la patience, dans le partage et cette ouverture à l’égard de tous, tout comme lui !

Le Christ, dans l’Eucharistie, n’a pas d’autre but que de nous combler de sa vie pour que nous devenions à notre tour d’autres Christ pour notre société actuelle.

Pendant sa vie terrestre, Jésus a fait la joie de son Père. Nous aussi, à notre tour, nous pouvons par notre vie, faire la joie du Christ et de son Père. Oui, la messe c’est une affaire d’amour !  AMEN




Le Saint Sacrement (Jn 6, 51-58) – par le Diacre Jacques FOURNIER

  Vivre par sa foi au Fils de la vie du Fils (Jn 6, 51-58)

En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »

 

       Dans la Bible, l’homme n’a pas un corps, il est corps. Il n’a pas une âme, il est âme. Il n’a pas un esprit, il est esprit. L’homme est ainsi tout à la fois corps, âme et esprit (1Th 5,23), et lorsque l’on parle de lui avec l’un de ces trois termes, c’est toute la personne humaine qui est évoquée…

            Autrement dit, lorsque Jésus déclare ici, « le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie », il nous révèle qu’il va se donner tout entier, en tout son Être, jusqu’à mourir sur une Croix dans d’atroces souffrances, pour que chacun d’entre nous puisse participer à sa vie, gratuitement, par amour… Et Jésus insiste : le verbe « donner », répété deux fois, était déjà intervenu peu avant : « Le vrai pain venu du ciel, c’est mon Père qui vous le donne. Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6,32-33)… Autrement dit, si Jésus se donne, c’est que le Père lui donne de se donner (Jn 17,1), et le fruit de son offrande sera le don de la vie éternelle proposé gratuitement, par amour, à tout homme de bonne volonté (Jn 17,2)…

            Ce don de la vie ne sera rien de moins qu’une participation à ce que Dieu est en lui-même ! En effet, derrière le « Moi, je suis le pain vivant » de notre traduction liturgique se cache une expression toute particulière, « egô eimi », qui renvoie au Nom divin révélé à Moïse dans l’épisode du buisson ardent : « egô eimi o ôn » (Ex 3,14), soit littéralement « je suis l’étant », avec une insistance toute particulière sur la plénitude d’Être qui est celle de Dieu de toute éternité… Et cette plénitude est « vie », une vie que le Fils reçoit du Père depuis toujours et pour toujours en unique « engendré, né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, de même nature que le Père », disons-nous dans notre Crédo. « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jn 5,26), de telle sorte, nous dit ici Jésus, que « je vis par le Père » (Jn 6,57).

            Or, cette plénitude d’Être qui est vie est aussi Esprit : « Dieu est Esprit » (Jn 4,24). Cet Esprit est donc vie, vie de Dieu, vie éternelle… Pour Dieu, donner la vie sera donc donner l’Esprit, donner son Esprit, et ainsi nous donner, à nous les hommes, d’avoir part à son Esprit et donc à sa vie. L’homme est esprit, avons-nous dit au tout début ? L’Esprit de Dieu s’unit à son esprit, et ce mystère d’union, d’amour, est aussi appelé mystère de communion que St Jean évoque ici avec le verbe « demeurer » : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui » (Jn 6,56). Un même Esprit est tout à la fois en Jésus et en celui qui l’accueille avec foi. Un même Esprit, une même vie…




Rencontre autour de l’Évangile (Jn 6, 51-58) – Le Saint Sacrement

« Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel.

Qui mange de ce pain vivra pour toujours. »

 

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 6, 51-58)

Ce passage d’évangile fait partie du grand discours de Jésus sur le Pain de Vie, au chapitre 6. Après la multiplication des pains, qui a enthousiasmé la foule, Jésus s’est retiré seul dans la montagne pour prier, car les gens voulaient « le prendre de force et faire de lui leur roi. » (Jn 6, 15). Puis Jésus revient à Capharnaüm, et la foule le rejoint. C’est là que Jésus essaie de leur révéler qui il est.

 

Soulignons les mots importants

Relire à la suite la première et la dernière phrase : quel est donc l’enseignement principal de Jésus ?

« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel »

Si quelqu’un mange de ce pain : compter le nombre de fois que ce mot est prononcé. Qu’est-ce que Jésus veut nous faire comprendre ?

Le pain, c’est ma chair : le mot chair revient souvent

Manger la chair du Fils de l’homme 

Boire son sang : Comment réagissons-nous à ces paroles de Jésus ?

A partir de quel moment ces paroles, incompréhensibles durant la vie de Jésus, sont devenues, possibles et évidentes ?

Relevez les paroles de Jésus qui expriment les dons produits en nous quand nous mangeons le pain du ciel (la chair du Christ) ?

Pour l’animateur   

* Dire de quelqu’un : « c’est un être de chair et de sang », c’est affirmer qu’il est homme, avec toutes les faiblesses et les limites humaines. En disant que sa chair et son sang sont une nourriture qui donne la vie, le Christ se présente dans son humanité : c’est le Fils de Dieu devenu homme par son incarnation qui apporte la vie au monde. Jésus demande à ses auditeurs de faire un acte de foi : il faut se nourrir de son enseignement et boire ses paroles parce qu’elles sont celles du Fils qui apporte la vie du Père. C’est là tout ce que ses auditeurs juifs pouvaient comprendre. C’est seulement plus tard que Jean, témoin de l’institution de l’Eucharistie, a compris que Jésus parlait aussi de donner sa chair et son sang en nourriture. Ce discours annonçait l’eucharistie.

* Dans ce passage tout l’enseignement de Jésus sur la nécessité de « manger sa chair et de boire son sang » est encadré entre la première et la dernière phrase.

L’enjeu, c’est la vie éternelle, c’est-à-dire participé à la vie du Christ ressuscité dès maintenant, et après notre mort de façon définitive.

* Le mot manger qui revient 9 fois : et le mot grec employé signifie « croquer » : cela montre le réalisme de l’incarnation et de la communion eucharistique : en croquant le pain, c’est vraiment le Corps du Seigneur que « nous mangeons » : c’est à dire que son Corps transformé par l’Esprit-Saint dans la résurrection, devient pour nous la vraie nourriture pour notre vie de fils et de fille de Dieu. Il en est de même pour le vin de l’eucharistie.

* Ces paroles tellement « crues » de Jésus ne pouvaient pas être comprises avant l’institution de l’eucharistie, à la Cène : et c’est surtout après la résurrection que les apôtres ont compris cet enseignement de Jésus quand ils « rompaient le pain » en mémoire de lui.

Jésus nous donne les trois dons principaux qu’il nous fait lorsque nous mangeons son Corps dans la communion :

  • vie éternelle dès maintenant,

  • le gage de la résurrection de notre corps,

  • demeurer en permanence en lui,

  • vivre de sa vie et par lui vivre de la vie du Père.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Nous te rendons grâce, Dieu notre Père, pour ton Fils Jésus, le pain de vie qui apaise notre faim : c’est vraiment lui, personnellement, avec son corps d’homme ressuscité, que nous recevons quand nous mangeons le Pain de l’Eucharistie.

Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours. Nous le croyons. Tu as les paroles de la vie éternelle.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

Quelle est notre foi en la présence réelle du Christ en personne dans l’eucharistie ?

Quand Jésus dit : « Je suis le pain de vie, descendu du ciel », il est nourriture pour notre foi, d’abord par sa Parole. Plus nous communion fréquemment, plus nous devons nourrir notre foi par la Parole. Est-ce que nous mangeons suffisamment de cette nourriture pour notre foi ?

Quand nous communions, nous « mangeons » le Corps du Christ : quelle attitude cela exige de notre part ?

Et quand nous passons devant le tabernacle, quelle est notre attitude ?

Quelle place donnons-nous à l’adoration du Christ présent dans le Saint-Sacrement ?

 

Ensemble prions

Je crois en l’Eucharistie, le sacrement du Christ ressuscité,

source d’un monde nouveau,

nourriture pascale d’un peuple en marche vers son Royaume,

force des baptisés qui ne croient plus en la fatalité du mal.

Je crois en l’Eucharistie, sacrement de l’amour librement offert,

source de toute vie donnée,

nourriture d’un peuple qui apprend à aimer,

force des témoins de la puissance cachée de l’amour.

Je crois en l’Eucharistie,

sacrement de la réconciliation, source de la paix,

nourriture d’un peuple qui préfère le dialogue à la guerre,

force des témoins qui inventent les paraboles vivantes de pardon.

Je crois en l’Eucharistie, sacrement qui fait l’Église;

source d’une nouvelle communion,

nourriture d’un peuple sans frontières,

force des témoins de l’universalité du Christ Seigneur.

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : LE SAINT SACREMENT

 

 

 

 

 

 

 

 




Solennité de la Sainte Trinité (Jn 3, 16-18) – par P. Rodolphe EMARD

Lectures : Ex 34, 4b-6.8-9 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

Dimanche dernier, avec la solennité de la Pentecôte, nous avons clôturé le temps pascal. Depuis lundi, nous sommes entrés à nouveau dans le temps dit ordinaire. Nous sommes le neuvième dimanche de ce temps ordinaire.

Ce temps ne doit pas être considéré comme un temps banal où rien de particulier ne se passerait. C’est le temps pour recueillir et faire fructifier les grâces que nous avons reçues durant le temps pascal, grâce au mystère pascal du Christ que nous avons célébré, sa mort et sa Résurrection.

N’oublions pas durant ce temps ordinaire que tous les dimanches nous célébrons la Pâques du Christ. C’est fête tous les dimanches pour nous chrétiens ! Et pour bien montrer que la fête continue chaque dimanche, l’Église nous donne de célébrer deux solennités, les deux dimanches après la Pentecôte : dimanche prochain, le Saint Sacrement, le Corps et le Sang du Christ et ce dimanche la Sainte Trinité.

La Sainte Trinité, cela peut nous paraître abstrait mais il n’en est rien. À chaque messe, nous célébrons la Trinité. Nous n’avons pas toujours conscience à quel point la Trinité est à l’œuvre :

  • Le Signe de croix que nous ne soignons pas toujours à sa convenance, au début et à la fin de la célébration : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

  • La salutation trinitaire du prêtre qui reprend celle de saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens : « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous. »

  • Le « Gloire à Dieu » est une prière trinitaire : « Jésus Christ, avec le Saint-Esprit dans la gloire de Dieu le Père. »

  • La Trinité est attestée aussi dans la profession de foi en Dieu Père, en son Fils unique et en l’Esprit Saint.

  • La Trinité est à l’œuvre à chaque consécration : « [Père] Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le corps et le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique n°2).

  • La prière eucharistique est trinitaire. Elle est conclue par la doxologie : « Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit… »

  • La prière du « Notre Père » est également trinitaire. Elle s’adresse au Père. Elle est enseignée par le Fils et saint Paul nous rappelle bien que c’est l’Esprit Saint qui nous fait crier Abba! Père ! (Cf. Rm 8, 15 ; Gal 4, 6).

La Trinité est au cœur de notre vie chrétienne même si nous n’en n’avons pas toujours conscience. Toute la vie chrétienne est orientée vers la vie trinitaire qui nous est promise.

Quand nous évoquons la Trinité, nous évoquons l’existence d’un seul et unique Dieu, en trois personnes. Nous ne sommes pas polythéistes, nous ne croyons pas en trois dieux. Nous sommes monothéistes, nous confessons un seul Dieu, en trois personnes distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il s’agit de la mathématique théologique : 1+1+1 = 1. Il s’agit d’un mystère !

Les lectures nous donnent de pouvoir qualifier qui est le Dieu trinitaire. La première lecture, tirée du livre de l’Exode, présente Dieu comme « LE SEIGNEUR, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » et qui pardonne nos fautes et nos péchés.

La Sainte Trinité n’est qu’amour ! l’Esprit Saint procède de la relation d’amour entre le Père et le Fils. L’Esprit est l’amour même du Père et du Fils. La Sainte Trinité est une communion d’amour.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous rappelle que Dieu est amour et paix et l’Évangile appuie que Dieu est amour et que l’amour seul : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Que la Sainte Trinité nous donne de pouvoir mieux entrer dans son mystère. Je terminerai sur le signe de la croix évoqué précédemment. Ne le bâclons-pas ! Le signe de la croix est une prière, une signature que nous faisons sur nous et qui nous révèle le Dieu en qui nous croyons : un seul nom, celui du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Le signe de croix révèle notre identité de chrétien. Alors faisons sur nous le signe de la croix : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » Amen.




La Sainte Trinité – par Francis COUSIN (Jn 3, 16-18)

« Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »

« Amen ! », « J’y crois ! »

C’est ce que nous disons au début de chacune de nos célébrations, et principalement au début de chaque messe … mais aussi au début et à la fin de notre prière personnelle, ou de nos rencontres entre chrétiens …

On le fait naturellement … et sans qu’on s’en rende compte … on parle de la Trinité !

Un seul Dieu en trois personnes, unis par un Amour inconditionnel …

Et, en même temps que l’on dit ces mots, on fait le signe de la croix, symbole de notre appartenance à la grande foule de tous les chrétiens …

On met notre main droite d’abord sur le front, puis sur notre nombril, et enfin sur chacune de nos épaules, gauche puis droite.

Malheureusement, bien souvent, ce « signe de la Croix » est très mal fait. On le fait à la va-vite, sans réfléchir, sans dire dans son esprit les paroles vont avec … Cela ressemble davantage à un chasse-mouche qu’à un signe de fierté d’appartenir à l’Église… et pour aller plus vite, on ne descend au maximum que jusqu’au plexus … Et dans ce cas, c’est une croix qui ne peut pas tenir debout.

À l’Île-Bouchard, la Vierge Marie a expliqué aux enfants qui la voyaient comment le faire, très lentement, en pensant bien aux paroles qui vont avec. Elle a voulu nous dire que le signe de croix est, en lui-même, une grande et belle prière.

Rappelons le sens du signe de la Croix :

On commence par le front et la parole ‘au nom du Père’, le Père créateur de qui tout ce qui existe, la terre et tout ce qui l’entoure, et notamment les humains : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance … Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme … cela était très bon » (Gn 1,26-27.31).

Puis on descend jusqu’au nombril, signe de l’appartenance humaine (nous sommes les seuls êtres vivants à en avoir un) pour bien montrer que Jésus est en même temps Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme, et la parole ‘et du Fils’. Pour cela, on suit une ligne verticale, de haut (les Cieux) en bas (les humains). Cela montre la transcendance entre Dieu et les humains.

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Ensuite on relie les deux épaules, dans une ligne horizontale. C’est la partie immanente du signe, avec les paroles ‘et du Saint Esprit’, celle qui concerne tous les humains, ceux avec qui nous sommes en relation, mais avec l’aide des trois personnes de la Trinité, et principalement du Saint Esprit.

« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » (Jn 14,16-17).

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira … Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16,13.15).

Ce signe horizontal nous invite à prendre soin les uns des autres, à ne pas rester seul face à Dieu (même s’il le faut aussi …).

Si on prend le signe de Croix comme une prière, alors il est bon aussi de penser à certaines personnes, connues ou inconnues, qui portent leur croix, comme Jésus, dans leur corps, dans leur vie sociale ou familiale : perte d’emploi, divorce, etc …

 Cela nous rappelle que notre prière ne doit pas simplement être tournée vers Dieu et la Trinité, mais aussi, dans l’amour et la gratitude, unie aux chrétiens ’’crucifiés’’ à sa suite.

Seigneur Jésus,

la manière dont nous faisons

le signe de la Croix

est presque parfois une injure

pour les souffrances que tu as endurées.

Aide-nous à le faire maintenant

calmement et dignement.

 

Francis Cousin    

 

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Image dim Trinité




La Sainte Trinité (Jn 3, 16-18) – Homélie du Père Louis DATTIN

Mystère d’un seul Dieu

 Jn 3, 16-18

Un enfant de 11 ans me disait un jour, à la sortie de la messe : « Ça doit être difficile de parler de Dieu ». Sans s’en douter, il rejoignait l’avis des plus grands théologiens.

St-Thomas d’Aquin disait : « Ce que nous ne savons pas de Dieu est bien plus important que ce que nous savons de lui. »

Nous savons par la Bible, par les prophètes et surtout par Jésus-Christ, un tout petit quelque chose de ce qu’on peut dire sur Dieu, un petit rayon de soleil de Dieu et si, un jour, par hasard, quelqu’un vous expliquait Dieu, d’une façon claire, convaincante, évidente : vous pouvez être sûr qu’il s’est fait lui-même un petit Dieu, à la mesure de sa petite intelligence et que ce qu’il vous présente n’est à la fois qu’une caricature et une miniature de Dieu.

Dieu est le « Tout-Autre » et si un jour, vous voulez donner une définition de Dieu, sachez qu’elle ne conviendra jamais parfaitement, comme si on voulait habiller un géant avec les langes d’un nouveau-né.  Dieu est et reste, malgré tout ce que Jésus nous a dit de lui : un mystère. Sans limite d’aucune sorte : il ne peut pas être captif de notre intelligence. Nous ne pouvons pas l’enfermer dans nos formules : tout ce que nous pouvons dire de lui porte la marque de nos propres limites et pourtant, en cette fête de la Trinité, il nous faut quand même tenter de contempler quelque chose de Dieu.

Le mystère de Dieu n’est pas resté une énigme indéchiffrable. St-Luc nous dit que « ce qui est caché aux sages, aux savants, aux intelligents a été révélé aux tout petits » et St-Jean nous rassure en affirmant que « le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous a dévoilé le Dieu invisible ».

Tout  d’abord, nous  disons  fermement « Je crois  en un seul  Dieu, le Père tout puissant » et nous affirmons cette unité de Dieu aussi fortement que les juifs ou que l’Islam : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique ».

Puis, ce « Dieu unique » s’est révélé  » Père « ,  » Fils  » et « Esprit » comme nous le montre le récit de la Pentecôte. Dieu le Père a envoyé son Fils dans le monde, il l’a ressuscité des morts. L’Esprit Saint a été manifesté sur Jésus à son Baptême et le Christ ressuscité l’a envoyé d’auprès du Père pour que nous devenions ses enfants : Dieu le Père, Jésus le Fils et le Saint Esprit réalisent ensemble notre salut. C’est ensemble qu’ils nous donnent une vie nouvelle. C’est pourquoi nous sommes baptisés, non pas au nom du Père seul, ni au nom du Fils seul, ni au nom du Saint-Esprit solitaire, mais  » au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ». Les 3 personnes agissent ensemble en nous parce qu’ils vivent entre eux un amour éternel qui fait la vie du Dieu UNIQUE.

Prenons une comparaison qui nous fera peut-être mieux réaliser ce que peut être le mystère de Dieu. Puisque l’homme est créé à l’image de Dieu, en regardant les relations de l’homme, nous pourrons peut-être, à partir de celles-ci, comprendre un peu mieux celles de Dieu.

Contemplons un jeune ménage : homme et femme, ils sont très amoureux l’un de l’autre. L’homme aime son épouse. Son épouse aime son mari et au paroxysme de leur amour, leur unique désir est de « ne plus faire qu’un« . « De deux, nous dit la Bible, ils ne feront plus qu’un » et c’est l’intensité de leur amour dans un acte unitaire, qui va faire naitre de leur union l’enfant qui produit le fruit de leur amour. Ils ne sont plus qu’un, ils sont trois mais trois qui ne font plus qu’un par l’amour.

L’enfant ne vit que par son père et sa mère, la mère ne vit que par son mari et son enfant, le père ne vit que par son épouse et son fils.

En voyant ce foyer d’amour si uni, on ne distingue plus les personnes qui les composent ; on dira les  » untel » tant leur unité paraît plus grande que leur singularité. C’est l’amour qui les unifie. Leur vie  est  une  » communauté d’amour « .

Ainsi en va-t-il de la Trinité « qu’ils soient ‘’ un ‘’, comme toi et moi, nous sommes un ». « Mon Père vous enverra son Esprit et vous saurez qui je suis », famille divine, communauté d’amour dont la famille, ici-bas, peut nous donner une idée bien modeste et bien lointaine de ce que peut être la nature de Dieu.

₋ Vous savez quelles sont les premières paroles du prêtre à la messe lorsqu’il salue les chrétiens :

 « La grâce de Jésus-Christ notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit Saint soient toujours avec vous ».

C’est le résumé de tout ce qu’est Dieu en lui-même et ce qu’il est pour nous : vie de Jésus, amour du Père, communion ou unité de l’Esprit toujours avec nous.

Vie – amour – unité : voilà ce dont nous devons vivre si nous sommes greffés sur la communauté trinitaire et cette greffe-là est animée depuis notre Baptême.

Vie de Jésus-Christ : il vit en nous et il désire y vivre encore plus :

« Voici que je frappe à ta porte : si tu m’ouvres, j’entrerai chez toi, je souperai chez toi et je ferai chez toi ma demeure ».

C’est sa vie qui doit animer la nôtre. Que nous puissions un jour dire comme St-Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est lui qui vit en moi ».

Cette fête de la Ste-Trinité nous rappelle que Dieu est d’abord vie, source de vie en lui-même et en nous. Il y a en Dieu lui-même tout un bouillonnement de vie au point que tous trois font une seule et même vie.

L’amour du Père : déjà la Bible nous avait dit que Dieu c’est l’amour ; St-Jean, dans l’Evangile d’aujourd’hui, nous le répète. Instinctivement nous comprenons ces mots en pensant à nous. Dieu nous aime mais si Dieu est amour pour nous, c’est parce qu’il est d’abord amour en lui-même : communauté d’amour, le Père  aime  le Fils, le fils  aime  le Père et de cet amour mutuel jaillit le St-Esprit dont les théologiens disent qu’il est comme le baiser d’amour du Père et du Fils.

La communion de l’Esprit Saint : la Bible nous dit aussi qu’il est don, communication, communion. La Pentecôte, la fête de la Confirmation : c’est lui qui est le don mutuel du Père et du fils. Nous croyons en un seul Dieu, mais pas en un Dieu solitaire.

C’est parce qu’Il est Trinité qu’Il est vie, amour

et communion en Lui et en nous. AMEN




La Sainte Trinité (Jn 3, 16-18) – par le Diacre Jacques FOURNIER

L’Amour ne condamne jamais, il sauve

(Jn 3,16-18)…

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »
Celui qui croit en lui échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

 

 

« Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) répète St Jean par deux fois. Chaque Personne de la Trinité est donc Amour, en tout son être. Et il écrit encore : « Le Père aime le Fils », un présent qui a, pour Dieu, valeur d’éternité, « et il a tout donné », et il donne encore tout  « en sa main » (Jn 3,35). Telle est l’action éternelle du Père vis-à-vis du Fils que St Jean précise ici comme étant « l’unique », l’unique éternellement engendré par le Don du Père, « engendré non pas créé, de même nature que le Père »…

            Ainsi, le Père est Amour, et puisqu’il est Amour, il est tout entier Don de lui-même. Et c’est par ce Don éternel qu’il fait de lui-même, qu’il engendre « le Fils unique », « né du Père avant tous les siècles, Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu ». « Le Fils unique » reçoit ainsi éternellement du Père d’être Dieu, d’être Amour, et donc d’être lui aussi Don de lui-même… « Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ». Ainsi, le Fils nous donne ce qu’il a reçu du Père : la vie éternelle. « Comme le Père, en effet, a la vie en lui-même, ainsi a-t-il donné au Fils d’avoir, lui aussi, la vie en lui-même »,  et « je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait surabondante » (Jn 17,1-2 ; 5,26 ; 10,10).

            Tout l’agir du « Fils unique » ne sera donc que l’expression de ce qu’il est, Amour, Don de lui-même… Et l’Amour cherche toujours et partout le meilleur pour l’être aimé, un meilleur qui n’est possible, pour nous pécheurs, que par ce Don éternel que l’Amour fait de lui-même, tout simplement parce qu’il est Amour… Par son péché, le pécheur court à sa perte ? Dieu, de son côté, ne cessera de vouloir pour lui le meilleur, et donc de lui proposer, lui proposer et lui proposer encore sa vie éternelle « pour qu’il ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ». « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

            Et si, pour les hommes, juger c’est « faire la vérité et condamner à être enfermé en prison », pour Dieu, juger, ce sera toujours « faire la vérité », mais « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), la lumière du « Père des lumières » (Jc 1,17), du « Père des Miséricordes » (2Co 1,3) dont la seule attitude sera l’offrande illimité de son pardon, pour libérer le pécheur de toutes les entraves du mal, et le conduire dans « la liberté de la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8,21). Ainsi, « qui croit en lui n’est pas jugé » au sens de condamné, mais « sauvé » : il vit, par la Miséricorde de Dieu accueillie par sa foi et dans la foi, ce qu’il n’aurait jamais pu vivre par lui-même…                                              DJF




Rencontre autour de l’Évangile – La Sainte Trinité (Jn 3, 16-18)

« Dieu a tant aimé le monde

qu’il a donné son Fils unique »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons (Jean 3, 16-18)

Ce court passage d’évangile fait partie de l’entretien de Jésus avec le pharisien Nicodème. Jésus lui a fait comprendre que pour accueillir le Royaume de Dieu « il faut naître d’en haut », c’est-à-dire accueillir dans la foi celui qui vient de Dieu, et qui seul connaît vraiment « les choses du ciel ». Il serait bon de lire à partir du verset 11 pour comprendre comment le Christ est le don du Père pour sauver les hommes.

 

Soulignons les mots importants

Dieu a tant aimé le monde : Remplacer le mot « Dieu » par son vrai « Nom. »

Il a donné son Fils unique : à quel moment le don du Fils s’est réalisé ? Que signifie « aimer » pour Dieu ? Jusqu’où ira la manifestation de l’amour de Dieu ?

Tout homme qui croit en lui 

Aie la vie éternelle : la croix de Jésus est source de vie. Comment ?

Non pas pour juger le monde 

Que le monde soit sauvé : Ces paroles de Jésus dénoncent une fausse idée de Dieu que se font beaucoup de chrétiens. Laquelle ?

Celui qui ne veut pas croire est déjà jugé : Que nous enseigne Jésus dans cette parole ?

Croire au nom du Fils unique de Dieu : que veut dire croire au nom du Fils ?

Pour l’animateur   

  • « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » : cette phrase résume la révélation.

  • Aimer le monde pour Dieu, c’est se donner aux hommes en la personne de son Fils. Ces verbes « aimer » et « donner » disent ce qu’est la Trinité pour nous. Dieu est Amour. Dieu est Don. Ce mouvement d’amour du Père au Fils et du Fils au Père, c’est la Personne de l’Esprit-Saint. Saint Paul dira : « L’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ». (Rm 5,5)

  • Le mot « Dieu » dans ce texte, comme pratiquement dans tout le Nouveau Testament,  signifie « le Père ». En se faisant connaître comme « le Fils », Jésus nous révèle que Dieu est « le Père ».

  • C’est au moment de l’Incarnation que le don du Fils s’est réalisé dans notre histoire. L’amour infini du Père pour le monde se révélera principalement sur la croix, « scandale pour les juifs, folie pour les païens. » (1Co, 1, 23). L’Incarnation est cette manifestation d’amour qui a son sommet sur la croix.

  • La Croix n’est pas source de salut par le sang et la souffrance : c’est parce qu’elle exprime l’amour total de Dieu qu’elle peut être pour les croyants source de vie. Nous sommes loin de certaines visions de la croix comme lieu de la colère de Dieu, de l’abandon du Fils par son Père pour racheter le péché des hommes. Sur la croix, le Père et le Fils sont unis dans le même amour pour le monde.

  • Devant ce geste d’amour du Père en la personne de Jésus, désormais tout homme est appelé à prendre position. Accueillir le Christ comme Sauveur, c’est être sauvé. Le refuser, c’est se condamner soi-même. Le Dieu de Jésus Christ ne condamne pas : ce sont les hommes qui portent sur eux-mêmes le jugement.  Un regard d’amour et de foi vers Jésus élevé sur la croix sauvera les hommes de la mort. C’est donc devant la croix de Jésus que chacun décide de son propre jugement final.

  • Croire au nom du Fils unique de Dieu : c’est reconnaître et invoquer avec confiance la personne du Fils. Le nom c’est la personne. La foi c’est l’adhésion au Christ que l’on reconnaît comme Fils de Dieu et comme révélateur du Père et de son amour.

TA PAROLE DANS NOS CŒURS :

Nous te rendons grâce, Seigneur notre Dieu, pour ton Fils Jésus-Christ : tu as tellement aimé le monde que Tu nous l’as donné. Il nous révèle que tu es Père, et ton Esprit le murmure sans cesse au fond de nos cœurs. Fais-nous la grâce d’avoir les yeux toujours fixés sur lui.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

La Parole aujourd’hui dans notre vie

« Dieu  a tellement aimé le monde… »

Quel est notre regard sur le monde ? Un regard négatif ? Qui juge ?  

Un regard lucide ? Bienveillant ?

Ce monde que Dieu a pris dans son Amour, il l’a remis entre nos mains.

Qu’est-ce que nous pouvons faire pour le transformer par l’amour de Dieu qui est en nous ?

Toute communauté chrétienne est comme un miroir où l’amour de la Famille Divine devrait se refléter : quelle est la qualité de notre amour fraternel dans notre paroisse ?

« La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit-Saint. » Voilà ce que nous dit le Catéchisme de l’Eglise catholique.

A quoi cela devrait se voir dans nos familles ?

 

Ensemble prions

Dieu Père nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Père de Jésus.

Dieu Fils, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es le Fils de son amour.

Dieu Saint-Esprit, nous te louons et nous te bénissons parce que tu es l’amour du Père et du Fils.

Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, nous te louons et nous te bénissons.

A toi notre amour pour les siècles.

 

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