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1° Dimanche de Carême – par Claude WON FAH HIN (St Mt 4, 1-11)

Commentaire du  Dimanche 26 Février 2023

 

Genèse 2.7–9; 3.1–7 ; Romains 5.12–19 ; Matthieu 4.1–11

Les textes d’aujourd’hui nous parlent de grâces divines, de tentation, de péché et de leurs conséquences. La Genèse nous dit que Dieu a créé Adam et Eve. Il a créé Adam en état de sainteté avant qu’il ne pèche. Pour avoir une idée de l’importance des actes d’Adam avant son péché, voici ce que nous dit Luisa Piccarreta qui a écrit 36 volumes de son œuvre, un dialogue avec Jésus, intitulé « le Livre du Ciel », dont le contenu a été vérifié en 1997 par deux théologiens hautement qualifiés et intégralement approuvé en 2010. Dès Janvier 1996, le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, devenu Pape Benoit XVI en 2005, signe le document du Vatican permettant l’ouverture de la Cause de Béatification de Luisa Piccarreta. Tout cela, pour vous donner une idée du sérieux de ses écrits. Avant son péché, Dieu a donc donné à Adam ce qu’il voulait donner à chaque créature humaine : le don de la « Divine Volonté ». Jésus dit à Luisa :  « Notre Volonté s’est mise à sa disposition (à la disposition d’Adam) pour lui donner toute l’aide dont il aurait besoin. Nous lui avons communiqué notre Volonté comme vie première et acte premier de toutes ses œuvres. Afin de grandir en grâce et en beauté, il avait besoin d’une Volonté Suprême qui allait non seulement coopérer avec sa volonté humaine, mais suppléer aux œuvres de toutes les âmes…Adam possédait une sainteté telle, lorsqu’il fut créé par Dieu, que ses actes, même les plus petits, avaient une valeur telle qu’aucun saint, ni avant ni après ma venue sur la terre, ne peut se comparer à sa sainteté. Et tous les actes de tous les saints n’ont pas la valeur d’un seul acte d’Adam, car il possédait, dans ma Divine Volonté, la plénitude de la sainteté, la totalité de tous les biens divins. Si Adam avait un tel don avant son péché, imaginez les dons que Marie peut avoir. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit que Jésus a donné à Marie, par grâce, tous les mêmes droits et privilèges qu’il possède en nature. – Le texte de la Genèse nous montre combien le serpent est menteur, et il essaiera de tromper Le Christ comme il a trompé Adam et Eve. Le serpent vient discuter avec Eve. Il lui dit : « Alors, Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? ».

La première erreur d’Eve est de répondre à l’Esprit du Mal. On ne discute pas avec le démon. Lorsque dans un foyer, éclate une dispute, il y a toujours un qui commence en premier à dire du mal de l’autre. L’idéal est de ne pas répondre parce que celui qui dit du mal, son esprit n’est pas celui de Dieu mais de l’Esprit du Mal. On ne discute pas avec le démon qui dit toutes sortes de mots mortifères, contraires à la Vie et capables de provoquer la mort. La mort est le but premier de l’Esprit du mal, mort provoquée par le péché. Et pour nous amener au péché, le mensonge est l’arme absolu du l’Esprit du Mal. Et voilà qu’Eve lui répond : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. 3 Mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sous peine de mort ». Réponse du serpent qui continue de mentir : « Pas du tout, vous ne mourrez pas…vous serez comme des dieux ». Et Eve se met à écouter et en quelque sorte à obéir au serpent. Elle va commettre son péché : désobéir à Dieu. Le but du serpent est d’amener Eve au péché, celui de la désobéissance à Dieu. Tout péché est une désobéissance à Dieu. Et faisons attention à notre propre imagination qui agit comme la télévision dans notre tête avec toutes sortes de films : violence, révolte, mensonge, cupidité, sexualité, désunion, le chacun pour soi, dureté de cœur, écrasement des autres etc…Adam et Eve devaient nous transmettre cette plénitude de la sainteté, mais c’est finalement le péché que l’humanité va hériter. La Divine Volonté dont nous parle Luisa Piccarreta n’est rien d’autre que l’obéissance à Dieu toujours et partout, qui permet d’accomplir en permanence la volonté de Dieu parce que nous dit Luisa Piccarreta « La Divine Volonté, c’est Dieu qui vit dans l’humain non seulement de façon spirituelle, mais charnelle » comme nous le dit Saint-Paul : « Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi ».

Le don de la Divine Volonté, Marie l’a aussi puisqu’elle a les mêmes dons que son Fils par grâce de Dieu alors que le Fils les a par nature. Et nous voyons les capacités de Marie dans nos vies et ses actions dans le monde entier. Paul l’explique bien quand il dit : « il n’en va pas du don comme de la faute. Si, par la faute d’un seul (Adam), la multitude est morte (l’humanité connait la mort par le péché), combien plus la grâce de Dieu et le don conféré par la grâce d’un seul homme, Jésus Christ, se sont-ils répandus à profusion sur la multitude ». Il suffit de lire la vie des saints pour comprendre l’importance de la grâce que Dieu leur a offerte. « Et il n’en va pas du don comme des conséquences du péché d’un seul : le jugement venant après un seul péché aboutit à une condamnation », autrement dit, un seul péché peut ruiner toutes nos bonnes œuvres, un peu comme Judas qui a perdu sa vie pour avoir trahi Jésus-Christ, et ainsi donc, un seul péché peur suffire à notre condamnation et à l’inverse, un seul pardon de Dieu suffit pour effacer tous nos péchés et nous conduire au Royaume de Dieu : « l’œuvre de grâce à la suite d’un grand nombre de fautes aboutit à une justification », c’est ce que nous dit aussi Sœur Faustine quand elle dit : «§1697. J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine, …. La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures. …Mais il y a aussi des âmes, qui volontairement et consciemment rejettent cette grâce et la dédaignent. Bien que cela soit déjà l’agonie, Dieu miséricordieux donne à l’âme ce moment de clarté intérieure, et si l’âme le veut (il faut donc choisir volontairement de suivre Dieu, pas de faux dieux ou des idoles), elle a la possibilité de revenir à Dieu. Mais parfois, il y a chez les âmes un tel endurcissement, qu’elles choisissent consciemment l’enfer (ou les faux dieux) ; elles font échouer toutes les prières que d’autres dirigent vers Dieu à leur intention, et même les efforts de Dieu… « Ceux qui reçoivent avec profusion la grâce et le don de la justice (pour qu’ils soient purifiés, alignés, ajustés sur Dieu en permanence) régneront dans la vie par le seul Jésus Christ ».

C’est pourquoi, Jésus Christ doit être au centre de notre vie de tous les jours. Et il nous donne l’exemple pour ne pas être complice de l’Esprit du Mal lors des tentations. Une tentation n’est pas un péché, mais elle risque de nous mener au péché. Elle vient de manière subtile dans notre vie et toujours sous forme de bonnes choses, comme lorsque l’on met du miel pour attraper les mouches. Jésus est emmené au désert par l’Esprit Saint pour être tenté par le diable. Autrement dit, la tentation peut être une bonne chose puisque voulu par Dieu le Saint-Esprit. C’est une épreuve pour chacun de nous, appelé à rester fidèle au Christ, comme le Christ est resté fidèle à son Père, en luttant contre le démon qui nous tente en permanence.

Première tentation venant juste après que Jésus ait jeûné pendant quarante jours et qu’il eut faim: « le tentateur lui dit : Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains ». En disant « si tu es Fils de Dieu », alors qu’il sait parfaitement bien qu’Il est Dieu, le tentateur veut amener Jésus à douter de sa condition divine, et l’amener à fournir une preuve qu’il est bien Fils de Dieu. Et Jésus ne lui donnera aucune preuve qu’Il est bien le Fils de Dieu, car s’il le faisait, cela signifiera que Jésus aura fait ce que le tentateur lui a demandé, qu’il lui a en quelque sorte « obéi » en voulant lui donner cette preuve, et donc qu’Il aura obéi au démon. On n’obéit pas au démon sinon c’est le péché assuré. Et Jésus lui répond en citant une parole de la Bible : « Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Et en même temps, c’est une invitation qui nous est faite : nous nourrir de la parole de Dieu, c’est-à-dire du Christ lui-même. Ne laissons pas nos bibles se couvrir de poussière: Parole de Dieu, parole de vie dont nous avons besoin pour vivre de la vie de Dieu. Et prenez au sérieux la Parole de Dieu : quand Il dit qu’il n’y a qu’un seul Dieu, c’est qu’Il n’y en a qu’un seul et il n’y a pas d’autres dieux à aller voir ailleurs. Dieu a condamné ceux qui, dans l’Ancien Testament, sont allés adorer d’autres dieux ( avec un petit « d »), dieux qui n’existent pas, et c’est de l’idolâtrie. Le pain c’est de la matière pour le corps, mais nous avons surtout besoin de la parole de Dieu pour notre âme, et Dieu, s’il le veut, comme il l’a déjà fait pour plusieurs saints ou saintes, peut nous enlever ce besoin de nous nourrir le corps: Marthe Robin a vécu cinquante-trois ans (1928-1981) sans manger sauf une hostie par jour ; à 17 ans (1882), Luisa Piccarreta a commencé à ne plus être capable de garder sa nourriture et elle a été obligée de garder le lit ; Thérèse Neumann, une stigmatisée aussi, cesse de manger en 1922 à l’âge de 24 ans, et en 1926, elle ne pouvait plus boire également. Jusqu’à la fin de sa vie, c’est-à-dire pendant trente-cinq ans, elle n’absorba aucune nourriture, ni solide, ni liquide mais comme les autres stigmatisées, elle ne vivait que par le Christ. Jésus-Christ est bien plus important que de boire et manger. Il est Vie et nous donne la vie. – A la deuxième tentation du Christ, le tentateur lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges (de te garder en toutes tes voies), et sur leurs mains ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre ». Là aussi, le démon qui connait bien la Bible cite le Ps 91,11-12, tout en falsifiant un peu le verset 11 en omettant l’expression « 11 il a pour toi donné ordre à ses anges de te garder en toutes tes voies  ». Ce psaume est un psaume de confiance, de protection divine accordée au juste: si le juste connaît l’épreuve, Dieu l’en délivrera. C’est la parole de Dieu que l’on n’a pas à mettre en doute. Or le diable demande à Jésus de se jeter en bas, juste pour vérifier si Dieu va tenir ses engagements. En fait c’est un piège tendu à Jésus: Si Jésus se jette en bas, non seulement, il obéit à Satan, mais encore il met en doute la parole même de Dieu puisqu’il va essayer de voir si la parole de Dieu va être vraiment appliquée à cette situation, ce sera un moyen de vérifier la parole de Dieu, et donc on ne fait pas confiance en Dieu. Cette seconde tentation est la plus grave de toutes les tentations car il s’agit d’une perversion de notre relation à Dieu, d’une dégradation, d’un dérèglement de notre relation à Dieu. Cela s’appelle « tenter Dieu », c’est une manière de vérifier s’Il va réellement mettre en pratique ce qu’il a promis, vérifier si Dieu nous aime réellement, et c’est un manque de confiance en Dieu. De même, quand le catholique dit « je crois en un seul Dieu » du symbole de Nicée-Constantinople et qu’ensuite il va voir d’autres soi-disant « dieux » ailleurs, il y a manifestement un manque de foi en ce Dieu unique que Jésus-Christ nous a fait connaître. Ne pas croire en une seule parole de Jésus, c’est ne rien croire en la parole de Dieu tout court. On ne peut pas dire qu’on ne croit qu’à certaines paroles du Christ, ce n’est pas possible. Réponse du Christ : « Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu » – Dans la troisième tentation, le diable dit à Jésus : « je te donnerai tous les royaumes du monde si tu te prosternes à mes pieds ». C’est ainsi que Lucifer a péché : en voulant prendre la place de Dieu. Il voudrait que Jésus se prosterne devant lui, se prenant ainsi pour un « dieu », mais il n’est pas Dieu. Et ceux qui lui obéissent, les dirigeants du monde, les malfaiteurs, les violents, les ennemis de la paix vont finir par massacrer le monde puisque Satan amène toujours à la mort, à la division, alors que le Christ, Lui, ne donne que la Vie parce qu’il est Amour. Le diable veut qu’on désobéisse au Dieu unique et qu’on l’adore, lui, le diable, voulant ainsi amener le Christ au péché : d’abord, le premier commandement est « Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout », et le diable demande qu’on se prosterne devant lui ; ensuite, c’est Dieu qui donne tout à son Fils, pas le diable qui ne fait que mentir. Lc 10,22 : Tout m’a été remis par mon Père, …Ps 2,8 : Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre. Le diable n’a aucun pouvoir, il n’a rien sinon que le mensonge, c’est Dieu qui a tous les pouvoirs du monde. Rappelons ce que Jésus disait à Luisa Piccarreta sur la sainteté d’Adam avant qu’il ne pèche : « Adam possédait une sainteté telle, lorsqu’il fut créé par Dieu, que ses actes, même les plus petits, avaient une valeur telle qu’aucun saint, ni avant ni après ma venue sur la terre, ne peut se comparer à sa sainteté. Et tous les actes de tous les saints n’ont pas la valeur d’un seul acte d’Adam, car il possédait, dans ma Divine Volonté, la plénitude de la sainteté, la totalité de tous les biens divins ». Remercions le Seigneur de donner à Marie d’être l’« Immaculée Conception », la plus grande sainte du monde et de tous les temps.




1er Dimanche de Carême – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 4, 1-13)

Accepter de tout recevoir d’un Autre (Lc 4,1-13)…

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert
où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux.
Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ;
car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ;
et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

 

 

             « Dieu Est Esprit »  et « c’est l’Esprit qui vivifie », « qui donne la vie » (Jn 4,24 ; 6,63 ; 2Co 3,6 ; Rm 8,2 ; Ga 5,25). « Né du Père avant tous les siècles », le Fils est éternellement « engendré » à la Vie par le Don que le Père ne cesse de faire de Lui-même, le Don de l’Esprit qui vivifie… « Tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), le Fils est donc de toute éternité « rempli d’Esprit Saint » (Lc 4,1) par le Père, un Esprit qui « l’engendre » en Fils et le fait vivre… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Et cette Vie, la Vie de Dieu, est Plénitude, surabondance (Jn 10,10 ; 7,37-39)…

            Après avoir jeûné quarante jours, Jésus a faim… « Le diable lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu’elle devienne du pain. » Nous l’avons vu, être Fils du Père, c’est tout recevoir du Père. Devenu vrai homme, Jésus va vivre ce principe à l’extrême, en témoin unique de l’Amour du Père. « Le Fils de l’homme n’a pas où reposer la tête » (Lc 9,58). Et lorsqu’il invitera à faire confiance à la Providence du Père, il le fera en témoin, car c’est ce qu’il vit lui-même : « Ne cherchez pas ce que vous mangerez, ne vous tourmentez pas. Votre Père sait que vous en avez besoin. Cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît » (Lc 12,22-32). Telle est la dynamique que le diable cherche à détruire : non pas celle de l’amour qui attend tout d’un autre, mais celle de l’orgueil qui n’a besoin de personne et qui fait tout par lui-même et pour lui‑même. Réponse immédiate de Jésus : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre ». Il le sait, lui qui reçoit sa vie du Père depuis toujours et pour toujours…

Puis le diable « lui fit voir tous les royaumes de la terre : « Je te donnerai tout ce pouvoir, si tu te prosternes devant moi. » Mais il se trompe. Dans sa soif de dominer, il raisonne en terme de « pouvoir ». Or « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16), éternelle recherche du Bien de l’Autre, Don à l’Autre pour son Bien, tout au Service de l’Autre pour l’Autre… Lui obéir, c’est rester tourné de cœur vers Celui, qui de son côté, ne cesse de vouloir le meilleur pour celui, celle qu’il aime… Et « tout ce que Dieu veut, il le fait » (Ps 115,3). Telle est la certitude de Jésus vis-à-vis de son Père… Il restera donc « tourné vers le Père », « dans son amour » (Jn 15,10), se laissant aimer, combler et aimant à son tour dans le Don total de Soi pour l’Autre, pour tous les autres, pour chacun d’entre nous…             DJF




Mercredi des Cendres – par Francis COUSIN (Mat 6, 1-6.16-18)

« Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

L’évangile de ce jour présente trois attitudes de la vie chrétienne qui nous semblent plus importantes de mettre en œuvre pendant le carême, … mais pas seulement pendant ce temps particulier …

– l’aumône, ou la partage avec les autres …

– La prière

– le jeûne, ou la pénitence

Ce qu’on a l’habitude d’appeler les trois P du carême …

Et pour chacune de ces attitudes, Jésus termine en disant : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. »

Cela voudrait-il dire que la vie chrétienne doive être un secret entre Dieu et chacun de nous ? Que personne ne devrait savoir, ou essayer de savoir ce que chacun fait pour ces trois attitudes ?

Oui … et non ! …

Tout dépend de notre attitude vis-à-vis des autres …

Si nous le faisons pour nous-même, et même pour le partage avec les autres, l’aumône, il n’y a aucune raison que cela se sache, cela doit rester secret entre nous et Dieu.

Vous allez dire : « Oui, mais pour l’aumône, celui qui reçoit le sait, ce n’est plus secret ! ».

S’il s’agit d’une pièce que l’on donne à quelqu’un que l’on risque fort de ne jamais revoir, cela ne pose pas de problème. On ne le connaît pas, et lui ne nous connaît pas. Cela reste secret.

Pour les autres dons, plus importants, il suffit de donner à une association, comme le Secours Catholique, Saint Vincent de Paul, ou autres … Le don ou l’argent est connu de l’association (qui est tenue à un devoir de réserve), mais pas de celui qui en bénéficie … Il n’y a aucun lien entre le donneur et le bénéficiaire.

Par contre, il peut arriver que nous fassions de la publicité pour telle ou telle association, en disant : « Tu peux y aller, c’est sérieux, l’argent est bien utilisé … J’en ai l’assurance … ». Et on peut faire la même chose pour la prière ou le jeûne (qui n’est pas seulement alimentaire … On peut jeûner d’internet, de réseaux sociaux, d’alcool, de cigarette etc …). On est alors dans un rôle d’incitation à faire … un rôle d’exemple à suivre … Tant qu’on ne se met pas en valeur, … c’est correct.

Reprenons la parabole du pharisien et du publicain, que tout le monde connaît et où on retrouve les trois mêmes attitudes. Que dit la pharisien dans sa prière : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » (Lc 18,11-12).

Il prie (soi-disant), en fait il se vante, se croyant supérieur aux autres. Il jeûne deux fois la semaine alors qu’une seule est recommandée. Il donne en aumône la dîme de tout ce qu’il gagne.

Il se croit parfait ! … Alors qu’en fait, il n’en est rien … Il n’est pas écouté par Dieu … alors que le publicain est reconnu juste par Dieu.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus s’adresse à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. »

Humilité … Toujours l’humilité !

« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9.35)

Seigneur Jésus,

apprend-nous à devenir humble de cœur,

à ne pas nous mettre en avant,

à ne pas faire le fanfaron,

mais à rester toujours derrière toi,

sur le chemin que tu choisiras pour nous.

 

Francis Cousin    

   

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7ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 5, 38-48)

Frères et sœurs, dans les lectures de ce septième dimanche, nous voyons qu’un appel nous est clairement fait, l’appel à la sainteté :

  • Dans la première lecture, du livre des Lévites : « Soyez saints,
    car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. »
    L’appel à la sainteté se fait déjà entendre dans l’Ancien Testament, dans la première alliance que Dieu a fait avec son peuple.

  • Dans l’Évangile, Jésus en ajoute une couche : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

  • Saint Paul, dans la deuxième lecture (première lettre aux Corinthiens), précise que « le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. »

L’appel à la sainteté est bien limpide ce dimanche. Le concile Vatican II a rappelé que « nous sommes tous appelés à la sainteté ».

Dieu est saint et la sainteté à laquelle il nous appelle peut parfois nous dérouter. Pour devenir saint, il faut aimer son prochain. Jésus nous demande en plus d’aimer nos ennemis, ceux qui ne nous aiment pas, voire nous haïssent.

Il ne s’agit pas que d’aimer les personnes qui nous paraissent antipathiques mais également celles qui nous ont fait ou nous font du mal : « priez pour ceux qui vous persécutent ».

Nous sommes face à la radicalité de l’enseignement de Jésus. Quelle difficulté de vivre ce que Jésus nous demande ! il y a des offenses qui restent acerbes… il peut demeurer en nous comme un sentiment d’injustice qui nous a été infligé par untel… nos tribunaux ne désemplissent pas tant des ennemis, des persécuteurs existent…

Mais alors, comment atteindre la perfection qui nous est demandée ? Si nous nous focalisons à nouveau sur les textes, nous avons des pistes.

  • L’appel que Dieu nous adresse n’est pas optionnel ! C’est la clé même pour entrer dans l’éternité de Dieu. Dieu est saint, c’est pourquoi il est amour, miséricorde et pardon.

Le psaume 102 : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; il n’agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. » La justice de Dieu n’est pas celle des hommes ! C’est pourquoi Jésus nous invite à dépasser la loi du talion : « Œil pour œil, et dent pour dent. » Dépasser cette règle de rendre l’équivalent du mal que l’on a reçu.

C’est ce que Dieu nous demande car il ne fait pas distinction entre ses enfants, malgré le péché commis : « il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » Il nous faut consentir à cet appel à être saint !

  • Dans la première lecture, il nous est demandé de ne pas haïr son frère, dans son cœur, de faire preuve de correction fraternelle et de renoncer à la vengeance sous quelque forme que ce soit.

Ne prenons pas le chemin de la haine ou celui de la vengeance ! Ces chemins mènent à la mort et à la destruction de soi et de l’autre. Fuyons ces chemins même si la tentation est forte !

Il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même. Cela exige la nécessité de s’aimer soi-même pour aimer l’autre… Nous aimons à la mesure de l’amour que nous portons pour Dieu et pour nous-même…

  • Dans l’Évangile, Jésus revendique l’amour inconditionnel du prochain y compris des ennemis. Il y a ici un paradoxe : il n’est pas possible d’aimer un ennemi car à partir du moment qu’on a décidé de l’aimer il n’est finalement plus un ennemi mais un frère…

Ce point nous rappelle qu’en Dieu il n’y a pas d’ennemi mais la fraternité dans le Christ : « vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » souligne saint Paul.

Lorsque Jésus dit : « Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. » Jésus nous invite par-là à proposer un geste de paix. Il s’agit d’une image symbolique.

La liturgie de la Parole de ce dimanche est rude mais c’est le seul chemin qui mène à la vraie liberté des enfants de Dieu. Demandons au Seigneur de nous venir en aide pour aimer nos ennemis.

Jésus nous invite à prier pour ceux qui nous persécutent… Le psalmiste nous invite à bénir Dieu, à dire du bien de Dieu parce qu’il est saint et parce qu’il est source de toute sainteté.

Prier pour nos ennemis n’est pas une chose aisée mais c’est en demeurant dans l’intimité du Christ, dans la prière, que nous saurons aimer nos ennemis, pas à pas, dans la persévérance.

Le Christ a pratiqué l’amour des ennemis, c’est ainsi qu’il a vaincu la mort et apporté la Résurrection. Avec lui le chemin est possible aussi difficile qu’il soit !

Confions au Seigneur ceux qui nous persécutent, dans le silence de nos cœurs…

                                                                    P. Rodolphe Emard




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 5, 38-48)

   « Aimez vos ennemis ! »

Parole paradoxale.

Parce qu’un ennemi, c’est quelqu’un qu’on n’aime pas … ou quelqu’un qui ne nous aime pas … et même parfois les deux en même temps, surtout si la mésentente entre les parties dure depuis longtemps …

Aimer ceux qu’on n’aime pas, ou qui ne nous aiment pas …

A priori, équation insoluble … à notre perception humaine

Notons que Jésus ne nous dit pas : « N’ayez pas d’ennemis. ». Il connait notre condition humaine, puisqu’il est homme et en même temps Dieu

Et lui, qui est tout amour, à l’image de son Père, n’a fait que donner de l’amour lors de sa vie terrestre … et cela ne l’a pas empêché d’avoir des ennemis, à tel point que cela l’a amené à mourir sur la croix …

Mais cette mort sur la croix, il l’a subie, ou plutôt acceptée par amour pour les hommes, pour tous les hommes, y compris ceux qui l’ont poussé à la mort …

« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux. » (Mt 26,39).

« Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2,5-8).

« Aimez vos ennemis ! »

Pour ceux qui sont devenus nos ennemis à cause de nos convictions, de nos engagements, dans quelque domaine que ce soit, religieux, politique, social, … ou plutôt devrait-on dire « ceux dont nous sommes devenus des ennemis », des ennemis « passifs », parce que nos convictions nous obligent à ne pas aller dans leur sens, c’est encore relativement facile de les aimer, à condition de ne pas faire attention à certaines remarques désagréables … et de demander l’aide de Dieu pour le faire …

Mais il y a aussi ceux qu’on pourrait appeler les ennemis « actifs » parce que c’est de notre fait que nous soyons devenus ennemis … pour diverses raisons … qui tiennent souvent de l’égoïsme, de la jalousie, de la rancœur … ceux qu’on ne veut pas voir, dont on ne veut pas entendre parler … à cause d’une action passée où on s’est senti trahi, humilié, désavantagé, roulé … et où nous estimons être dans notre bon droit … souvent à juste titre …

Pour ceux-là, c’est très difficile de les aimer …

C’est pourtant ce que Jésus nous demande !

Et cela demande beaucoup d’humilité … que souvent l’on refuse, par crainte de passer pour un moins que rien, pour rester poli.

Alors reprenons l’évangile : « Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? »

Devenir les fils de votre Père des cieux … ce que nous sommes devenus à notre baptême … en théorie … mais là, Jésus nous demande de le mettre en pratique : être vraiment

On retrouve ce qu’on entend depuis quelques semaines : Devenez semblables à Jésus … ou à Dieu …

« Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Cela peut paraître un peu présomptueux … même beaucoup … Seul Dieu est parfait … et certainement pas nous, pauvres humains …

Alors prenons l’équivalent chez saint Luc … c’est aussi difficile … mais c’est plus audible … et on peut s’en approcher …

« Soyez donc miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Luc 6,36)

À cause de mes infidélités,

en raison de la tiédeur de ma foi

et du peu de zèle dont je fais preuve

dans l’exercice de mon baptême,

 je pourrais facilement, Seigneur,

être classé au nombre de tes ennemis.

Mais je te demande de m’aimer malgré tout,

de m’aimer malgré mes faiblesses,

mes manques de foi, mes trahisons.

Et ce que je demande pour moi-même,

comment pourrais-je le refuser aux autres ?

Au nom de quoi ?

Je veux apprendre à aimer comme toi,

Ô Christ.

Gratuitement.

(Christian Delorme)

 

Francis Cousin    

   

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Prière dim ord A 7°




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN (Mt 5, 38-48)

Aller plus loin que la loi

Mt 5, 38-48

            En parcourant les lectures de ce dimanche, un souvenir me revient à la mémoire. C’était dans les Alpes, devant le refuge du « Glacier Blanc ». Des hommes, des femmes de tous âges étaient là, marquant la halte, restaurant leurs forces avant d’entreprendre, pour la plupart, une seconde étape qui va les conduire jusqu’au ‘’refuge des Ecrins’’.

– Ils contemplent ce spectacle grandiose d’un immense glacier bordé par deux crêtes de montagne se rejoignant à « la Barre des Ecrins ». A côté du refuge, il y a un énorme rocher de cinq ou six mètres de hauteur. Debout sur ce rocher, un adulte regardait en contre-bas du rocher : là, un tout jeune enfant, cinq-six ans, peut-être, ce devait son fils, s’agrippait et peu à peu, montait. Plaçant ses petites mains là où lui indiquait son père, centimètre après centimètre, il s’élevait et là-haut, son père le regardait, l’encourageait, le guidait et l’attendait.

Spectacle émouvant que de voir cet enfant s’accrocher à la moindre aspérité du rocher !

Spectacle émouvant que de voir l’enfant, enfin parvenu jusqu’à son père, se jeter dans ses bras avec un grand rire en réponse au sourire plein de tendresse de son père !

Etait-ce un spectacle banal ? Je ne sais pas et pourtant je ne l’ai pas oublié car il m’a fait réfléchir.

– Cet enfant, s’élevant peu à peu, collé au rocher, et regardant la surface un peu plus haut pour y poser sa main, n’est-ce pas l’image de notre condition : hommes et de femmes, agrippés à notre terre, pour la gravir, pour nous hisser plus haut, la dominer et devenir des hommes debout.

N’est-ce pas aussi l’image de notre Dieu, nous encourageant à nous mesurer avec notre condition humaine pour en tirer le meilleur et nous invitant à ce face à face où se révèle l’étrange ressemblance du Père et du fils ? Notre Dieu, aujourd’hui encore dans l’Evangile, nous donne des conseils, nous encourage, nous indique le chemin. Mais il se garde bien de nous empoigner et de nous hisser vers lui.

Non, notre Dieu nous aime trop, nous respecte trop pour agir à notre place, il nous sait capables de progrès. Il sait qu’avec ses indications, nous pouvons nous hisser nous-mêmes. Il nous croit capables d’avancer avec nos frères et il nous sait capables de confier à nos descendants les progrès accomplis.

            Ce qu’il y a d’admirable dans cet Evangile, c’est que Dieu a tellement confiance en l’homme, en sa capacité de monter et de s’élever vers lui, qu’il va nous demander des efforts que nous, nous croyons surhumains et trop difficiles à accomplir. « Soyez parfaits comme votre Père du ciel ».

Oui, vous êtes capables d’aller jusque-là ; or nous pensons qu’il n’y a rien de plus idéaliste et irréalisable que cette parole de Jésus. Retirer de son contexte, elle pourrait même paraitre dérisoire : nous demander de ressembler à quelqu’un que l’on n’a jamais vu et qui nous dépasse infiniment !

En fait, Dieu nous espère, Dieu attend l’homme… Un jour, il espère contempler en nous les traits de sa divinité : il espère faire de nous ses partenaires. Il n’en finit pas de nous créer et de nous recréer, de nous promouvoir. Vous le savez, tous les paléontologues nous le rappellent, l’homme vient de loin, de très loin. Il vient de l’infrahumain et tous les atavismes primitifs sont encore là, en nous, qui risquent même de nous faire retomber, loin en arrière. C’est ce qui risque de se passer à notre époque, comme à toutes les époques de décadence.

Mais, vaille que vaille, l’humanité reprend son chemin. On dirait qu’elle est toujours en travail de naissance, dès qu’elle se met à regarder de nouveau vers le haut, au lieu de regarder seulement d’où elle vient. Voilà pourquoi Dieu aujourd’hui, dans cet Evangile, nous semble terriblement exigeant.

Au début, il y avait la loi de Moïse avec ses dix commandements, ça allait encore. C’était raisonnable. C’était humain. Le niveau de cette loi se place au niveau de la justice et c’était déjà un progrès énorme. La loi du talion qui coupait la main à celui qui avait coupé la main de l’autre, c’était raisonnable ; cela empêchait qu’on ne lui coupe la tête dans la revanche d’une main coupée : une sorte d’équilibre s’installait.

Quel progrès déjà par rapport aux lois païennes où la condamnation était toujours plus forte que le délit !

 «Tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu honoreras ton père et ta mère ».

Pour certaines générations primitives, c’était déjà beaucoup demander, mais le commandement était assorti de peines importantes. La peur était là pour freiner nos pulsions. Mais, avec Jésus, avec l’Evangile, nous assistons à un renversement radical de toutes ces valeurs humaines.

Il n’est plus question de peur, pour nous conduire plus haut. Il y est question d’amour : l’attirance du cœur plus forte que les pulsions d’un homme qui monte vers Dieu parce qu’il sait qu’il est « fils » de ce Dieu qui l’attire vers lui et qui veut entreprendre le même itinéraire et les mêmes moyens que lui pour arriver jusqu’en haut. Désormais, il n’est plus seulement question de  » raisonnable « , plus question de justice ou d’équilibre, il s’agit d’une passion, d’un amour qui passe comme un cyclone sur les structures de la loi et qui emporte tout sur son passage.

C’est d’ailleurs pourquoi ces exigences du Christ nous paraissent si extravagantes : « Ne riposte pas au méchant, tends l’autre joue à celui qui t’a giflé. Donne ton manteau aussi à celui qui veut te prendre ta tunique. Fais deux milles pas avec celui qui t’a réquisitionné pour en faire mille avec toi. Donne à qui te demande. Ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter. Aimez vos ennemis ».

Si encore, c’était nos amis, ce serait normal, mais nos ennemis ?

  • « Priez pour ceux qui vous persécutent ».

Pourquoi, mais pourquoi donc demander aux hommes ce qui est si peu raisonnable, si injuste ? Pourquoi renverser les fondements de notre société et encourager nos adversaires et tous les parasites de la société ? Cela va encourager le mal chez les uns, sans pour cela bonifier les autres qui se sentiront frustrés ?

Réponse de Jésus : « … afin d’ être vraiment les fils de Votre Père qui est dans les cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, tomber la pluie sur les justes et les injustes ».

Ce qu’il nous demande aujourd’hui nous parait surhumain et de fait, ça dépasse l’homme dans ses réactions raisonnables : se laisser malmener sans se défendre, aller jusqu’à aimer ses ennemis, n’est-ce pas une aventure insensée ?

Rappelez-vous l’enfant sur son rocher, beaucoup ont dû se dire :

« Mais ce père est fou d’exiger et d’encourager ce petit bonhomme à monter jusqu’à lui. Cet enfant est « naïf » d’entreprendre cette ascension dangereuse. Assez naïf ? Ou assez simple, assez confiant pour écouter les conseils de son père qui lui indique ce qu’il faut faire ? L’esprit d’enfance ne serait-il pas la clé de cet Evangile ?

« Si vous ne changez pas et ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ».

Vous n’irez pas jusqu’en haut du rocher pour rejoindre votre Père.

Frères et sœurs, en face de toutes ces exigences qui nous paraissent si peu raisonnables, devenez comme un enfant : osez croire en Jésus, allez le rejoindre sans ménager votre peine, ni craindre le combat. « Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait ».

Le seul secret de l’amour véritable, c’est de faire comme Jésus qui a donné sa vie pour ses frères, les hommes. AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 7ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 5, 38-48)

« Aimez vos ennemis…  »

 

 

 TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Ensemble lisons et comprenons les mots important (Mt 5, 38-48)

      Le discours de Jésus sur l’accomplissement de la Loi se poursuit et arrive ici à son sommet avec des invitations qui resteront toujours pour nous comme un horizon que nous n’atteindrons jamais. Mais le cap est donné, un cap à prendre et à reprendre, tout au long de notre vie… Ces pages nous offrent aussi, indirectement, une magnifique révélation de Dieu car il est toujours le premier à mettre en pratique, et notamment à notre égard, ce qu’il nous demande…

 

Soulignons les mots importants

  • En Gn 4, 23, Lamek déclare : « J’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure». Que pensez-vous de la Loi du Talion, « œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21,23-25) dans un tel contexte ?

  • Sans jamais rendre le mal pour le mal, Jésus nous invite à aller encore plus loin : comment qualifier une telle attitude ?

  • « Donne à qui te demande ; ne te détourne pas de celui qui veut t’emprunter ». Comparer avec ces deux exemples ; conclusion ?

            1 – Lc 12,13-14 : « Du milieu de la foule, un homme demanda à      Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre           héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? »

            2 – Jn 6,14-15 : « A la vue du signe que Jésus avait accompli     (la multiplication des pains), les gens disaient : « C’est vraiment lui      le grand Prophète, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire      de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira, tout seul, dans      la montagne. »           

  • « Aimez vos ennemis »… Qui Jésus nous donne-t-il en exemple, et quand sommes-nous, à son égard, des « ennemis» ? Tout ennemi de Dieu est avant tout « qui» à ses yeux ? Et quel est le seul but que Dieu poursuit à son égard ? Quel qualificatif pouvons-nous donner à un tel Amour ? Et du côté de l’homme, par quelle attitude de vie ce but sera-t-il atteint ?

  • « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ». Luc écrit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » (Lc 6,36). De quelle perfection Jésus parle-t-il donc ?

       

Pour l’animateur 

  • A l’époque, la Loi du Talion était un progrès. Elle visait à donner des critères de justice qui réprimeraient les folies d’une vengeance incontrôlée.

  • Avant que les Evangiles ne soient rédigés tels que nous les connaissons, St Paul écrivait : « Veillez à ce que personne ne rende le mal pour le mal, mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous soit envers tous » (1Th 5,15 ; cf. Rm 12,17). Voilà donc un trait central de la vie chrétienne.

            En nous invitant à aller plus loin, Jésus nous trace le chemin de la Liberté. Personne ne prend, c’est nous qui donnons, avec surabondance, à l’exemple de Jésus : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis… Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même » (Jn 10,11.18).

            « Laisser son manteau » à qui veut « prendre ta tunique » suppose la certitude de foi que Dieu sera fidèle à sa Parole : « Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ?’ ou bien : ‘Qu’allons-nous boire ?’ ou encore : ‘Avec quoi nous habiller ?’ Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché » (Mt 6,31-33).

  • Cette invitation n’enlève pas la nécessité du discernement. Nous sommes tous pécheurs : nos demandes peuvent donc ne pas être en accord avec la volonté de Dieu. L’Esprit Saint est là pour nous aider à voir clair (1Th 5,16-22) et à tirer les leçons de nos expériences malheureuses.

  • Jésus nous donne en exemple le Père de tous les hommes, Lui qui ne cesse de nous aimer, que nous fassions le bien ou le mal, car nous sommes avant tout à ses yeux ses enfants. Et il ne poursuit à l’égard de tous que notre bien, notre plénitude, notre paix… Voilà un Amour totalement Pur ! Mais ce but ne sera atteint que si nous acceptons de nous tourner de tout cœur vers Lui, pour recevoir le Don qu’il désire nous communiquer : l’Esprit Saint qui ne pourra que nous entrainer à aimer comme Lui aime…

  • La perfection en question est celle de la Miséricorde. « Jésus n’interdit ni de s’opposer dignement aux attaques injustes, ni, encore moins, de combattre le mal dans le monde » (note Bible de Jérusalem), le chrétien ne peut que pardonner à celui qui, de tout cœur, lui demande pardon…

 

LA PAROLE DANS NOS MAINS

 » Vous serez parfaits ‘comme’ votre Père céleste est parfait  » (Mt 5, 48) ;  » Montrez-vous miséricordieux ‘comme’ votre Père est miséricordieux  » (Lc 6, 36) ;  » Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres ‘comme’ je vous ai aimés  » (Jn 13, 34). Observer le commandement du Seigneur est impossible s’il s’agit d’imiter de l’extérieur le modèle divin. Il s’agit d’une participation vitale et venant  » du fond du cœur « , à la Sainteté, à la Miséricorde, à l’Amour de notre Dieu. Seul l’Esprit qui est  » notre Vie  » (Ga 5,25) peut faire  » nôtre  » les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus (cf. Ph 2, 1. 5). Alors l’unité du pardon devient possible,  » nous pardonnant mutuellement ‘comme’ Dieu nous a pardonné dans le Christ  » (Ep 4, 32)… C’est là,  » au fond du cœur « , que tout se noue et se dénoue. Il n’est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et d’oublier l’offense ; mais le cœur qui s’offre à l’Esprit Saint retourne la blessure en compassion et purifie la mémoire en transformant l’offense en intercession (Catéchisme de l’Eglise Catholique & 2842-2843).

    

   

TA PAROLE DANS NOS MAINS :

                                  l’exemple de Ste Thérèse de Lisieux

 

Il se trouve dans la communauté une sœur qui a le talent de me déplaire en toutes choses, ses manières, ses paroles, son caractère me semblaient très désagréables. Cependant c’est une sainte religieuse qui doit être très agréable au bon Dieu ; aussi ne voulant pas céder à l’antipathie naturelle que j’éprouvais, je me suis dit que la charité ne devait pas consister dans les sentiments, mais dans les œuvres ; alors je me suis appliquée à faire pour cette sœur ce que j’aurais fait pour la personne que j’aime le plus. A chaque fois que je la rencontrais je priais le bon Dieu pour elle… Je tâchais de lui rendre tous les services possibles et quand j’avais la tentation de lui répondre d’une façon désagréable, je me contentais de lui faire mon plus aimable sourire (Histoire d’une Âme)…

 

 

PRIONS

Dieu de Miséricorde infinie, tu veux que nous aimions ceux qui nous font souffrir ; apprends-nous à garder ton commandement nouveau en rendant toujours le bien pour le mal, en aidant les autres à porter leur croix. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

                       

 

 Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 7 Dimanche temps ordinaire – A

 

 

 

 

 

 

 

 

 




7ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 5,38-48).

« Aimez-vous les uns les autres

comme je vous ai aimés »…

En ce temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Œil pour œil, et dent pour dent’.
Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.
Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos ! »
Vous avez appris qu’il a été dit : ‘Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.’
Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent,
afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

« Écoutez ma parole », disait Lamek ; « j’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. Lamek est vengé soixante dix fois sept fois » (Gn 4,24) ! Pour un mal commis, aussi futile soit-il, la vengeance des hommes peut donc se montrer terrible et disproportionnée… La Loi du Talion visait à la contenir : « Œil pour œil, dent pour dent » (Dt 19,21). C’était un progrès.

            Mais le Christ invite à aller bien plus loin… Non seulement ses disciples ne doivent jamais répondre au mal par le mal, au coup reçu par un coup donné, mais ils doivent encore se tenir prêts à en recevoir d’autres en s’interdisant toujours de répondre à la violence par la violence… « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » (Mt 5,39). Mais cela ne veut pas dire pour autant  « subir sans réagir ». L’injustice doit être dénoncée avec force. Et le Christ donnera l’exemple au moment de sa Passion, lorsque les soldats le gifleront : « Un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » Jésus lui répliqua : « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal ? Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » (Jn 18,22-23).

            Vis-à-vis des biens de ce monde, il invite également à un détachement complet… « Si quelqu’un te prend ta tunique, laisse-lui encore ton manteau » (Lc 6,29). Il en est sûr, « votre Père sait bien ce qu’il vous faut avant que vous le lui demandiez » (Mt 6,8). Alors, « si vous cherchez » avant tout « son Royaume » d’Amour et de Paix, tout le reste, tunique et manteau, « vous sera donné par surcroît » (Lc 12,22-31)…

            « Aimez vos ennemis »… Et c’est bien ce que Jésus fait lorsqu’il appelle les scribes et les Pharisiens « ses amis et ses voisins » alors qu’ils murmurent et chercheront plus tard à le tuer  (Lc 15,1-7). « Priez pour ceux qui vous persécutent »… « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font », dira-t-il sur la croix à l’intention de tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à sa mort (Ac 3,26)… Et plus tard, Pierre leur dira : « C’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir, du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Lc 23,34). « La pluie » de la bénédiction tombe ainsi sur « les justes et sur les injustes »… Accueillie par celles et ceux qui sont de bonne volonté, cherchant la justice et la paix, elle fera leur bonheur. Pour les autres, c’est par elle que Dieu frappe avec douceur à la porte des cœurs fermés (Ap 3,20). Car « il veut que tous les hommes soient sauvés », et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait », inlassablement, en se donnant à tous pour leur seul bien (1Tm 2,3-6 ; Ps 135,6)…  DJF




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mt 5,17-37)

Depuis le troisième dimanche du Temps ordinaire et jusqu’au septième dimanche, nous écoutons le Sermon de Jésus sur la montagne, dans l’évangile de Matthieu.
Le troisième dimanche, nous avons reçu les béatitudes. Le quatrième dimanche, Jésus a révélé à ses disciples qu’ils sont « sel de la terre » et « la lumière du monde ». Ce dimanche (le cinquième), nous entendons Jésus interpréter le décalogue, les dix paroles de vie que Dieu nous donne ; nous continuerons dimanche prochain.
Focalisons-nous sur le passage d’Évangile que nous venons de proclamer. Jésus commence son discours en affirmant qu’il n’est pas « venu abolir la Loi ou les Prophètes (…) mais accomplir ». La Loi est bonne mais il convient de bien la comprendre.


Jésus n’a jamais manqué de dénoncer les pratiques légalistes, hypocrites et intégristes des gens de son temps, surtout celles des scribes et des pharisiens. Jésus nous invite à ne pas en rester qu’au cadre extérieur dans la pratique de la Loi. Jésus nous invite à considérer la dimension intérieure de nos vies, celle du cœur.


Le Christ appelle à débusquer ce qui dans notre cœur nous empêche de répondre librement et sincèrement à la Loi du décalogue. Jésus aborde notamment l’interdit du meurtre et l’interdit de l’adultère.
Nous pouvons être surpris par la liberté de Jésus qui se présente comme un maître : « Eh bien ! moi, je vous dis ». Jésus manifeste son autorité de Fils de Dieu. Ce qu’il nous enseigne est nourri de sa relation intime avec son Père. Son enseignement est donc divin. Nous devons alors le prendre en compte afin de prendre le chemin de la vie et non celui de la mort.
Nous pouvons faire un écho à la première lecture tirée de Ben Sira le Sage, le choix qui nous donné : « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix ». Il y a un choix à poser : accueillir ou refuser la Parole du Christ. Dieu ne nous contraindra jamais car il respecte profondément notre liberté.
Si nous abordons l’interdit du meurtre, Jésus nous invite à le considérer bien au-delà de l’acte physique. Insulter son frère, c’est déjà le tuer parce qu’on dénie ce titre de frère. C’est ainsi ne pas le reconnaître comme un enfant de Dieu et renier en quelque sorte cette relation filiale. Se mettre en colère contre son frère amène aussi à la mort, d’où la nécessité de la réconciliation : « va d’abord te réconcilier avec ton frère » avant même de « présenter ton offrande à l’autel ».


La réconciliation n’est pas un acte facile tant nos relations humaines sont parfois compliquées. Mais la réconciliation est indispensable pour soi et pour l’autre afin d’avoir une véritable paix intérieure et ne pas se laisser ronger par l’amertume et l’aigreur.
Dans cet interdit du meurtre, Jésus nous exhorte à faire attention aux paroles, aux mots que nous portons à l’encontre de notre prochain. Certains mots peuvent tuer une personne dans sa réputation et sa dignité. Certaines paroles peuvent tuer socialement…
En ce concerne l’interdit de l’adultère, Jésus pointe le péché de convoitise. Convoiter du regard est un péché car on ne voit plus la personne pour ce qu’elle est réellement, dans toute son histoire humaine. La personne convoitée est réduite à un objet de désir.


L’enseignement de Jésus est exigeant et il implique une véritable adhésion : « Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’, ‘non’, si c’est ‘non’ ». Suivre le chemin du Christ est certes exigeant mais il est nécessaire pour avoir la Vie éternelle. Il faut faire preuve de patience et savoir se remettre en cause. Patience et conversion sont de mise…
Pour suivre le chemin du Christ, il faut en tout premier lieu le vouloir et le désirer, même si nous savons que la tâche ne sera pas facile. C’est en désirant vraiment suivre le chemin que le Christ nous propose que nous saurons demander à Dieu les grâces dont nous avons besoin pour pouvoir mettre en pratique, accomplir ce qui nous est demandé.
Demandons au Seigneur au cours de cette Eucharistie que nous puissions mieux consentir à ses enseignements en vue d’atteindre le royaume de Dieu.
« Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j’aurai ma récompense. Montre-moi comment garder ta loi, que je l’observe de tout cœur » (Ps 118, 33-34). Amen.




6ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 5, 17-37)

« Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes

et des pharisiens, vous n’entrerez pas

dans le royaume des Cieux.»

 

Il y va fort, Jésus, avec les scribes et les pharisiens !

Il faut dire que pour Jésus, ce qui est premier, c’est l’amour, l’amour de Dieu, de son Père, et l’amour des autres, de tous les autres sans exceptions.

Alors que pour les pharisiens et les scribes, ce qui est premier, c’est la Loi, celle de Moïse au départ, c’est-à-dire les dix paroles que Dieu lui avait données au Sinaï, mais une Loi qui avait été bien modifiée et amandée au fil du temps.

Eux s’en tiennent strictement à la Loi … mais une Loi qui est totalement extérieure à leurs pensées … une Loi qui ne permet pas de changer son cœur …

Je respecte la Loi … mais pourquoi ? … parce que c’est écrit !

Est-ce pour mon bien ou celui des autres ? Ce n’est pas le problème : c’est écrit !

Il y avait bien eu des prophètes qui avaient essayé de faire changer les choses, comme Ézéchiel : « Je leur donnerai un cœur loyal, je mettrai en eux un esprit nouveau : j’enlèverai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair … Alors ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu. » (Ez 11,19), et il le redira encore une autre fois …

Mais pourquoi changer ? C’est écrit !

Changer son cœur ! Avoir un cœur de chair, un cœur d’amour …

Vous avez reçu l’Amour de Dieu … Redonnez l’Amour de Dieu …

Comportez-vous comme si vous étiez Jésus … ou du moins, faites tout votre possible pour y arriver, voire simplement de vous en approcher …

« Que vaut d’être irréprochable à l’extérieur, si la convoitise ou la haine restent blotties à l’intérieur ? » (André Louf). « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » (Mt 15,8).

Il nous arrive parfois d’être un peu comme les pharisiens … d’avoir notre cœur loin de Dieu ! ou un peu éloigné de Dieu … On aime Dieu, mais pas à fond, de tout cœur …

C’est souvent le cas quand nous avons une relation difficile avec quelqu’un, quelle que soit l’origine de celle-ci : de la personne ou de nous-mêmes, … mais qui nous met mal à l’aise vis-à-vis de Dieu …

Dans l’évangile, Jésus dit : « Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère. ».

Bien sûr, la liturgie du Temple de Jérusalem n’est pas la même que celle que nous vivons actuellement, et on verrait très mal des personnes quitter l’église pour se réconcilier avec quelqu’un qui est peut-être à dix mètres de lui dans l’église …

Mieux vaut se réconcilier avant …

C’est difficile … encore faut-il que la personne accepte de discuter … et de pardonner …

Mais nous avons quelqu’un pour nous aider : Dieu, toujours lui ! Lui qui est tout amour, et qui ne veut que l’amour entre nous … et puis aussi son Esprit Saint, qui fera tout ce qu’il peut pour favoriser la réconciliation.

Mais il faut se laisser aller au souffle de l’Esprit !

« Or, l’amour du Père pour le Fils, c’est l’Esprit Saint. L’amour du Fils pour ses frères, c’est le même Esprit Saint. Que ce même Esprit Saint soit en vous la source jaillissante de l’amour que vous aurez les uns pour les autres ! Vous recevrez l’Esprit Saint ; vous l’aurez en vous-mêmes ; ainsi vous ne vous aimerez pas les uns les autres selon vos possibilités humaines d’aimer, mais selon l’énergie d’amour, ou selon le pouvoir d’amour, la puissance d’amour (on peut traduire aussi le dynamisme d’amour) qui est celui de Dieu lui-même. » (François Varillon).

Seigneur,

qu’il est difficile de t’aimer à fond,

 tout le temps.

Qu’il est difficile d’aimer les autres,

tous les autres !

À cause de notre égoïsme, du leur …

à cause de notre maladresse,

de la leur …

Apprend-nous à nous laisser aimer par toi,

pour que nous puissions aimer les autres

comme toi tu les aimes !

Francis Cousin    

 

   

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Prière dim ord A 6°