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4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Mt 5, 1-12)

Commentaire du samedi 28 et Dimanche 29 janvier 2023

 

Sophonie 2.3; 3.12–13 ; 1Corinthiens 1.26–31 ; Matthieu 5.1–12

L’Evangile d’aujourd’hui comprend 10 béatitudes parfois difficile à comprendre. 1ère béatitude : « 3 Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux », alors que Luc dit « Heureux, vous les pauvres , car le Royaume de Dieu est à eux ». Si on comprend qu’il faut être pauvre pour être heureux, ou que les pauvres sont heureux, on comprend mal le texte. Dieu ne désire pas la pauvreté pour l’homme, Il a même lutté contre elle ( multiplication des pains, guérison des malades). La pauvreté, comme la souffrance, n’est pas un bien en soi car elles détruisent l’homme physiquement, moralement, spirituellement. La pauvreté peut facilement conduire à la misère; la souffrance liée à la misère ou la jalousie à l’égard des riches peut amener à une révolte contre Dieu et les hommes. C’est pourquoi, il faut lutter contre la pauvreté. A l’inverse, la richesse peut être un bien ou un mal pour le riche. Tout dépend de ce qu’il en fait car la richesse peut détourner le riche de Dieu et aussi des hommes. On ne peut pas généraliser et dire « c’est parce que vous êtes pauvres que vous recevrez le Royaume de Dieu », car Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et pas seulement les pauvres. Il ne s’agit donc pas de devenir pauvre pour avoir le Royaume de Dieu. Il serait plus juste de dire ou de penser que les pauvres ou les pauvres en esprit, ou encore ceux qui ont une âme de pauvre qu’ils sont bienheureux parce qu’ils ont le Royaume de Dieu maintenant ; c’est parce qu’ils ont le Royaume de Dieu (déjà sur terre) qu’ils sont bienheureux, et non pas à cause de leur pauvreté. Maintenant, il est vrai aussi que les pauvres et ceux qui ont une âme de pauvre, ou qui sont pauvres en esprit sont aussi ceux qui se tournent vers Dieu en permanence, et c’est Dieu qui les rend bienheureux, mais ce n’est pas la pauvreté en soi qui les rend heureux. « Le Christ vient pour délivrer l’homme de son malheur et non pas pour l’y enfoncer davantage. Le christianisme ne valorise pas la souffrance pour elle-même, car la souffrance n’a jamais sauvé personne» (Antoine Baron – « Les Béatitudes »). Le Pape François (Gaudete et Exsultate – §69-70) nous dit « cette pauvreté d’esprit est étroitement liée à la « sainte indifférence » que saint Ignace de Loyola proposait, et par laquelle nous atteignons une merveilleuse liberté intérieure: « Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les choses créées…70. Luc ne parle pas d’une pauvreté en « esprit » mais d’être « pauvre » tout court (cf. Lc 6, 20) ; ainsi il nous invite à une existence austère et dépouillée, et nous appelle à partager la vie des plus pauvres, la vie que les Apôtres ont menée, et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, « s’est fait pauvre » (2 Co 8, 9).

2ème béatitude : « Heureux les doux, car ils posséderont  ( hériteront ) la terre ». Il ne s’agit pas ici du caractère « doux » d’une personne.  « La douceur envers Dieu est cette disposition d’esprit par laquelle nous acceptons tout ce qu’Il nous donne comme étant un bienfait, et ceci sans discussion ni résistance. Dans l’A.T, les doux, les débonnaires, les bienveillants, les tolérants… étaient ceux qui s’en remettaient entièrement à Dieu et non à leur propre force pour les défendre contre l’injustice » (Bible Oneline). Jésus en est le meilleur exemple : « lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice…( 1P2,23) ». Le Pape François nous dit (Gaudete et Exsultate – §74) : « Il vaut mieux toujours être doux, et nos plus grands désirs s’accompliront : les doux « posséderont la terre », autrement dit, ils verront accomplies, dans leurs vies, les promesses de Dieu. En effet, les doux, indépendamment des circonstances, espèrent dans le Seigneur, et les humbles posséderont la terre et jouiront d’une grande paix (cf. Ps 37, 9.11). En même temps, le Seigneur leur fait confiance : « Celui sur qui je porte les yeux, c’est le pauvre et l’humilié, celui qui tremble à ma parole » [Is 66, 2). « Hériter la terre » pourrait aussi désigner la Terre Promise, le Royaume de Dieu. – 3ème béatitude : 5 Heureux les affligés,  car ils seront consolés. Les affligés sont ceux qui se lamentent à cause de leurs propres péchés. La tristesse évoquée ici est également spirituelle. La consolation appartiendra à celui qui est consterné par ses iniquités (ses fautes, ses péchés), ses manquements devant son Dieu (#2Co 7:9-10). Celui qui éprouve cette « tristesse selon Dieu » reconnaîtra en lui le « Dieu de toute consolation » (#2Co 1:3). Voici l’avis du Pape François (Gaudete et Exsultate – §75-76) : 75. Le monde nous propose le contraire : le divertissement, la jouissance, le loisir, la diversion, et il nous dit que c’est cela qui fait la bonne vie. L’homme mondain ignore, détourne le regard quand il y a des problèmes de maladie ou de souffrance dans sa famille ou autour de lui. Le monde ne veut pas pleurer : il préfère ignorer les situations doulou­reuses, les dissimuler, les cacher. Il s’ingénie à fuir les situations où il y a de la souffrance, croyant qu’il est possible de masquer la réalité, où la croix ne peut jamais, jamais manquer. 76. La personne qui voit les choses comme elles sont réellement se laisse transpercer par la douleur et pleure dans son cœur, elle est capable de toucher les profondeurs de la vie et d’être authentiquement heureuse.70 Cette personne est consolée, mais par le réconfort de Jésus et non par celui du monde. Elle peut ainsi avoir le courage de partager la souffrance des autres et elle cesse de fuir les situations doulou­reuses. De cette manière, elle trouve que la vie a un sens, en aidant l’autre dans sa souffrance, en comprenant les angoisses des autres, en soulageant les autres. Cette personne sent que l’autre est la chair de sa chair, elle ne craint pas de s’en approcher jusqu’à toucher sa blessure, elle compatit jusqu’à se rendre compte que les distances ont été supprimées. Il devient ainsi possible d’accueillir cette exhortation de saint Paul : « Pleurez avec qui pleure » (Rm 12, 15).

4ème béatitude : 6 Heureux les affamés et assoiffés de la justice,  car ils seront rassasiés.

Les affamés et les assoiffés de justice sont ceux qui reconnaissent qu’ils ont en eux-mêmes un manque de justice, parce qu’ils ne sont pas eux-mêmes des justes, et qu’il est important pour eux de le devenir. La faim et la soif de justice les concernent, eux, et non les autres. Il ne s’agit donc pas de regarder les autres et de dire s’ils sont justes ou non. Il s’agit de reconnaître en soi-même un manque de justice. Mais la notion de justice elle-même est à revoir et ce n’est pas une simple notion d’équité, d’honnêteté, de bonne foi, de rectitude entre les hommes. Quand dans la Bible, on parle de juste, de justice, de justification, de justifié, on parle surtout de justice par rapport à Dieu. Une personne est juste, justifié, lorsqu’il est « ajusté » sur Dieu, lorsqu’il fait la volonté de Dieu, lorsqu’il applique ses commandements. Dieu nous aime tels que nous sommes comme point de départ vers la sainteté, pour que nous soyons par la suite « justifiés », amenés à faire sa volonté, à accepter ses commandements, surtout celui d’aimer Dieu et son prochain car « celui qui aime autrui a, de ce fait, accompli la Loi » (Rm 12,8). Dieu rend l’homme juste, aligné sur lui-même, il fait de nous des saints, des êtres transformés dans la sainteté. 5ème béatitude : 7 Heureux les miséricordieux,  car ils obtiendront miséricorde. La miséricorde de Dieu va bien plus loin qu’un simple pardon tel que nous pouvons le penser. Sainte Thérèse de Lisieux nous dit que Dieu nous sauve, non pas parce que nous faisons de belles choses sur terre, mais parce que Dieu est miséricordieux. Il nous faut donc croire, en toute confiance, que Dieu nous sauve par sa miséricorde qui est infinie sauf si elle est limitée par le « non » d’une âme qui refuserait sa miséricorde jusqu’au bout, c’est-à-dire même après la mort. C’est pourquoi il ne faut pas prendre à la légère la notion de pardon à donner ou à recevoir. Ne laissons pas notre orgueil prendre le dessus, car c’est l’orgueil qui nous empêche de pardonner ou de recevoir un pardon. Personne ne pourra le faire à notre place. Rappelons au passage les œuvres de miséricorde que nous pouvons accomplir: nourrir ceux qui ont faim; donner à boire à ceux qui ont soif; vêtir ceux qui sont nus; recueillir les étrangers; visiter les malades et les prisonniers; apporter le salut aux prisonniers; ensevelir les morts; instruire les ignorants; conseiller ceux qui doutent; consoler les affligés; reprendre les pécheurs; pardonner les offenseurs; supporter avec patience les personnes ennuyeuses; prier pour tous les vivants et les morts. Jésus lui-même se met en colère contre ceux qui ne se montrent pas miséricordieux et en Mc 3,5, il promène sur les Pharisiens un regard de colère, navré de l’endurcissement de leur cœur, pour avoir interdit de guérir un malade le jour du sabbat.

6ème béatitude : 8 Heureux les cœurs purs,  car ils verront Dieu. Quand on parle de cœur dans la Bible, il ne s’agit pas forcément de sentiment ou de sensibilité. Le cœur de l’homme est la source même de sa personnalité consciente, intelligente et libre, le lieu de ses choix décisifs et de l’action mystérieuse de Dieu » (VTB). Et la pureté est la disposition requise pour s’approcher des choses sacrées ; elle est procurée non par des actes moraux, mais par des rites (prières, sacrements), et par l’obéissance aux commandements de Dieu. Celui qui a le « cœur pur » aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son pouvoir, et son amour n’est pas tiraillé par des amours contradictoires comme par exemple « servir Dieu et l’argent », ou encore servir Dieu et « un autre dieu » (entre guillemets). Le « pur amour pour Dieu » englobe aussi l’amour du prochain. Les cœurs purs verront Dieu, c’est une promesse de Dieu qui comble tous les désirs de l’homme fidèle à Dieu. 7ème béatitude : 9 Heureux les artisans de paix,  car ils seront appelés fils de Dieu. Les artisans de paix sont ceux qui font la paix dans la société, ceux qui maintiennent ou restaurent la paix entre les hommes. Et pourquoi donc les artisans de paix seront appelés « fils de Dieu » ? Le Christ lui-même a pour nom « Prince de Paix » (Is 9,5-6) et Michée 5,4 dit « Celui-ci sera paix ». Autrement dit, la mission du Messie est d’instaurer la paix définitive dans le monde et dans toute la création comme nous le dit Pierre (2P3,13) : « Ce sont de nouveaux cieux et une terre nouvelle que nous attendons selon sa promesse, où la justice habitera ». Le Ps 2 nous montre cette investiture du Christ comme « Fils de Dieu » envoyé dans le monde en tumulte, en désordre : 1 Pourquoi ces nations en tumulte, ces peuples qui murmurent en vain? 2 Les rois de la terre s’insurgent, les princes tiennent tête à Yahvé et à son Messie : 3 Rompons leurs chaînes, débarrassons-nous de leurs liens! 4 Celui qui siège dans les cieux s’en amuse, Yahvé les tourne en dérision. 5 Puis dans sa colère il leur parle, dans sa fureur il les épouvante :6 C’est moi qui ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte. 7 Je publierai le décret de Yahvé : Il m’a dit : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. 8 Demande, et je te donne les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre; 9 tu les briseras avec un sceptre de fer, comme un vase de potier tu les casseras. 10 Et maintenant, rois, comprenez, corrigez-vous, juges de la terre! 11 Servez Yahvé avec crainte, 12 baisez ses pieds avec tremblement;  qu’il s’irrite, et vous vous perdez en chemin : en un instant flambe sa colère. Heureux qui s’abrite en lui! ». « Parce qu’ils sont avec le Christ, les acteurs de son règne, tous ceux qui participent au travaille messianique d’instauration de la paix reçoivent le même titre que le Messie « fils de Dieu ». 8ème béatitude : 10 Heureux les persécutés pour la justice,  car le Royaume des Cieux est à eux. De nombreuses personnes sont persécutées pour de raisons diverses: religieuses, progrès social au bénéfice des plus petits, inventions ingénieuses qui gênent le pouvoir ou la richesse de certaines personnes, dénonciation des corrompus avec preuves à l’appui etc…De nombreux chrétiens sont morts pour s’être battus du côté des pauvres, victimes de l’injustice de ceux qui ont le pouvoir et la richesse. Tapez le mot « Nicaragua » sur Internet, et vous verrez des évêques, des prêtres et des laïcs traduits en justice pour avoir dénoncé des injustices. Il en est de même pour la persécution des chrétiens en Chine qui sont l’objet de bon nombre d’injustices telle que les pressions faites sur les chrétiens : interdiction aux enfants des chrétiens d’aller à l’université par exemple, et probablement des pressions pour les empêcher d’avoir du travail ou même pour se déplacer d’une ville à une autre etc…Ces chrétiens persécutés sont à l’image du Christ persécuté, alors que ce dernier n’avait et n’a toujours aucune faute. Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. Le Christ nous a montré le chemin et, avec l’aide de Marie, nous espérons suivre son exemple. Il nous l’a promis : votre récompense sera grande dans les cieux.




4ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 5, 1-12)

« Béatitudes. »

 

Le texte nous présente neuf béatitudes, neuf occasions de se sentir heureux ;

Les huit premières concernent chacun, en lui-même, et s’adressent à tous les humains, quel que soit leur religion.

Elles sont presque toutes bâties sur le même modèle :

« Heureux ceux qui … ils seront … » avec un verbe au futur …

Sauf deux béatitudes :

La première : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. »

Et la huitième : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. »

Avec des mots-clefs : le cœur, ce qui correspond à l’amour, et la justice, qui correspondent à ce qu’est Dieu : Dieu est amour, et Dieu est justice.

Deux mots que l’on retrouve dans le psaume 84 :

                                            « Amour et vérité se rencontrent,

Justice et paix s’embrassent. »

Des mots que l’on ne peut séparer et qui sont la quintessence de ce qu’est Dieu.

Et ces deux béatitudes ont la même conclusion, au présent : « car le royaume des Cieux est à eux. ». C’est acquis pour eux, … à condition qu’ils gardent leur esprit dans les mêmes conditions toute leur vie … et cela est vrai pour tous les humains ! On voit mal que des personnes comme le Mahatma Gandhi ou le Dalaï Lama, par exemple, ne soient pas accueillis dans le royaume de Dieu.

La neuvième est différente : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! ». Elle s’adresse à tous ceux qui croient en Jésus et qui ont à subir des remarques ou autres actions à cause de leur amour de Jésus, de Dieu, … pouvant aller jusqu’au martyr. Elle s’adresse à tous ceux qui s’engagent dans la mission … c’est-à-dire normalement à tous les baptisés !

Jésus proclame le bonheur : Heureux …

L’amour qui vient de Dieu est toujours premier, et il veut que nous bénéficiions encore de son amour dans l’au-delà, ce qui nous est assuré si … nous suivons les béatitudes … et même si on ne les suit pas toutes, … car Dieu est miséricordieux …

Car l’amour de Dieu est pour tous les humains … même ceux qui le rejettent maintenant … car Dieu est patient … et une conversion est toujours possible …

La preuve : Matthieu lui-même : il est né juif …mais il est devenu publicain, au service des Romains, et d’une certaine manière, il a rejeté la loi juive pour l’argent … et les juifs le lui ont bien rendu : « Comme Jésus était à table à la maison, voici que beaucoup de publicains (c’est-à-dire des collecteurs d’impôts) et beaucoup de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (Mt 9,10-11).

Et pourtant, Jésus l’a choisi pour être un de ses disciples, un de ses apôtres … et lui a même ’soufflé’ d’écrire comment il avait ressenti ce qu’il avait dit lorsqu’il était parmi les humains !

Alors, les béatitudes : sont-elles des commandements … des guides de vie … des repères … ?

Plutôt les deux dernier mots … car toutes ces béatitudes sont inscrites dans un seul commandement, celui que Jésus a ajouté après le premier commandement qui parle de l’amour porté à Dieu : « Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).

Et « les uns et les autres », ce n’est pas que les catholiques ou les chrétiens, mais tous les humains

L’amour … toujours l’amour !

Si on suit ce commandement, alors vivre selon les béatitudes devrait être une formalité !…

Malheureusement, ce n’est pas le cas … et nous le savons bien pour nous-mêmes …

Jésus, tu es venu habiter parmi eux.

Tu es venu leur dire :

« Heureux êtes-vous

parce que Dieu vous aime

et qu’il se veut tout proche de vous !

Le Dieu qui a voulu un monde d’amour,

vous est plein de reconnaissance

quand vous vous montrez des cœurs purs,

et que vous cultivez en vous la douceur et la miséricorde.

il vous chérit quand vous construisez la paix

et défendez la justice. (…)

Aide-nous à savoir être des artisans de paix !

Aide-nous à être de ceux qui font miséricorde

et défendent la justice.

Aide-nous à rendre heureux,

comme ont su le faire, déjà,

tant de saints et de saintes de l’histoire humaine.

                                  (Christian Delorme)

 

Francis Cousin    

    

   

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4ième Dimanche du Temps Ordinaire par le Diacre Jacques FOURNIER

 

Heureux ceux qui croient à l’Amour

(Mt 5,1-12)…

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »

Autrefois, dans le cadre de l’Alliance conclue avec son Peuple, Dieu donna sa Loi à Moïse sur une montagne (Ex 19-20). Ici, Jésus « gravit la montagne » et donne aux « grandes foules qui le suivirent, venues de la Galilée (Juifs), de la Décapole (païens), de Jérusalem (Juifs), de la Judée (Juifs), et de la Transjordanie (païens) » (Mt 4,25), la Loi Nouvelle de « l’Alliance nouvelle » (Lc 22,20 ; 1Co 11,25 ; 2Co 3,6) et éternelle, une Alliance qui existe de fait depuis la création du monde (Gn 9,8-17) entre Dieu et tous les hommes. Avec Jésus et par Lui (Hb 9,15 ; 12,24), ce Mystère est dorénavant pleinement révélé (Rm 16,25-27)…

            Cette Loi nouvelle est un appel au bonheur ! Dieu a créé l’homme pour le bonheur (Gn 2,8), il veut son bonheur (Dt 4,40 ; 5,16.29.33 ; 6,3…), il ne cesse de le désirer, d’y travailler… Pourquoi ? Car « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16). C’est pourquoi, « il ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien » (Jr 32,40). Et que fera-t-il pour nous permettre d’atteindre ce bonheur ? Jésus, le Fils, en est le parfait exemple : « Le Père aime le Fils et il a tout donné, il donne tout, en sa main » (Jn 3,35). Gratuitement, par Pur Amour, le Père ne cesse de se donner tout entier à son Fils pour le combler de tout ce qu’Il Est en Lui-même, lui donnant ainsi, de toute éternité, « avant tous les siècles », d’avoir part à sa vie (Jn 5,26) en « Unique-Engendré » (Jn 1,14.18 ; 3,16.18), « non pas créé », « Lumière » (Jn 1,9 ; 3,19 ; 8,12 ; 9,5 ; 12,46) « née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu ». Le Père « est Lumière » (1Jn 1,5), il est aussi « Esprit » (Jn 4,24) ? Dans un acte d’Amour éternel, il donne au Fils la Plénitude de son Esprit de Lumière… Et « le fruit de l’Esprit est joie » (Ga 5,22), bonheur profond. Jésus « tressaille ainsi de joie sous l’action de l’Esprit » (Lc 10,21), « le Don de Dieu » (Jn 4,10), ce Don qu’il ne cesse de recevoir du Père et qui l’engendre en Fils vivant de la Plénitude même du Père… Cette joie, voilà ce que Jésus veut voir régner en nos cœurs : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15,10). Et pour qu’il en soit effectivement ainsi, il nous invite à recevoir à notre tour en nos cœurs ce que lui-même reçoit du Père de toute éternité : « Recevez l’Esprit Saint » (Jn 20,22) !

            Jésus nous presse donc d’accepter de reconnaître notre misère, pour la lui offrir. Le pardon infini et surabondant de Dieu l’enlèvera bien vite.  Il nous rendra ainsi capables de recevoir avec Lui ce Don de l’Esprit Saint qu’il reçoit du Père de toute éternité et qui l’engendre en Fils. « Le fruit de l’Esprit est douceur » (Ga 5,23) ? « Heureux les doux » ! « Le fruit de l’Esprit est Amour Miséricordieux » (Ga 5,22) ? « Heureux les miséricordieux » ! « Le fruit de l’Esprit est Paix » (Ga 5,22) ? « Heureux les artisans de paix » ! L’Esprit lave et purifie les cœurs blessés par le péché (Ez 36,24-28 ; 1Co 6,11) ? « Heureux les cœurs purs » ! Oui, vraiment, « heureux ceux qui croient » (Jn 20,29) que « Dieu est Amour », Pur Amour !

                                                                       DJF




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Mat 4, 12-23)

« Venez à ma suite. »

Les textes de ce jour nous rappellent le thème du synode 2021-2024 : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission »

D’abord la lettre de saint Paul qui exhorte les Corinthiens à une plus grande communion entre eux : « Ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. ».

Cette exhortation est encore aujourd’hui, entre les différentes Églises qui se prévalent de l’enseignement de Jésus, mais aussi dans notre propre Église Catholique où divers groupes font valoir leur différence par rapport à la liturgie ou à certains enseignements des papes, et même dans nos diocèses ou nos paroisses …

Ensuite la participation de personnes à la vie de ce qui deviendra l’Église, par l’appel des quatre premiers disciples par Jésus qui le suivent, même s’ils ne savaient pas à quoi ils s’engageaient …

Et puis la mission suggérée par la phrase de Jésus : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes. », mais que là aussi ils n’ont pas compris de suite …

La semaine dernière, nous étions avec Jean-Baptiste qui parlait de Jésus comme étant l’Agneau de Dieu, attirant la curiosité d’André et d’un autre de ses disciples. Cette semaine, il est emprisonné par Hérode pour avoir condamné sa conduite envers Hérodiade, la femme de son frère, permettant que se réalise ce qu’il avait dit : « Moi, je vous baptise dans l’eau … Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi … Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (Mt 3,11).

Il parlait de Jésus, qui revient en Galilée, mais non pas dans sa ville natale, mais à Capharnaüm, dans la Galilée des Nations, là où se côtoient des juifs et des gens de passage, signe que son message, la lumière qu’il apporte, ne va pas s’adresser aux seuls juifs, mais à toutes les nations, reprenant ainsi la prophétie d’Isaïe (première lecture).

Et pour marquer la continuité entre son message et celui de Jean-Baptiste, il commence par la même phrase de celui-ci : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. ».

Et dès le début, il appelle des hommes à venir travailler avec lui, des pécheurs … quatre pour commencer, qui feront par la suite partie des douze apôtres, … deux fois deux frères.

On est surpris par l’immédiateté de la réponse : « Aussitôt, laissant leurs filets, … laissant la barque et leur père, … ils le suivirent. ».

Et Jésus part dans toute la Galilée, « il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. ».

Jésus ne s’installe pas à Capharnaüm, il va de village en village, « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. » (Mt 8,20). Il n’attend pas, comme Jean-Baptiste, que les gens viennent à lui, mais c’est lui qui va à la rencontre des gens.

Et il continue encore maintenant à faire la même chose : il va vers les gens, non pas physiquement, mais il se sert des gens qu’il continue d’appeler, comme prêtres, religieux, religieuses, diacres, fidèles laïcs, pour leur apporter la Bonne Nouvelle de son amour pour tous, dans notre vie terrestre et dans la vie éternelle : c’est notre mission de baptisés.

« Aujourd’hui encore, l’Église et les successeurs des apôtres sont invités à prendre le large sur l’océan de l’histoire et à jeter les filets, pour conquérir les hommes au Christ – à Dieu, au Christ, à la vraie vie. Les pères ont aussi dédié un commentaire très particulier à cette tâche singulière. Ils disent ceci : pour le poisson, crée pour l’eau, être sorti de l’eau entraine la mort. Il est soustrait à son élément vital pour servir de nourriture à l’homme. Mais, dans sa mission de pécheur d’hommes, c’est le contraire qui survient. Nous les hommes, nous vivons aliénés, dans les eaux salées de la souffrance et de la mort ; dans un océan d’obscurité, sans lumière. Le filet de l’évangile nous tire hors des eaux de la mort et nous introduit dans la splendeur de la lumière de Dieu, dans la vraie vie. Il en va ainsi : nous existons pour montrer Dieu aux hommes. Seulement là où on voit Dieu commence véritablement la vie. Seulement lorsque nous rencontrons dans le Christ le Dieu vivant, nous connaissons ce qu’est la vie (…) Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun de nous est voulu, chacun est aimé, chacun est nécessaire. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui. » (Benoît XVI, homélie de la messe inaugurale du pontificat, 24 avril 2005).

Seigneur Jésus,

c’est toi la lumière

qui nous guide dans notre vie

pour aller vers le Père.

Comme pour Pierre et André,

tu nous invites à devenir ‘pécheur d’hommes’.

Comme eux,

puissions-nous répondre à ton appel.

 

Francis Cousin    

   

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Prière dim ord A 3°




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Semaine de l’unité

Mt 4, 12-23

 

         Ce dimanche, mes frères, est situé à la fin de la semaine de l’unité : semaine de prières pour que les chrétiens, qu’ils soient catholiques, protestants, orthodoxes ou anglicans, puissent raviver dans leur cœur ce désir exprimé par le Christ à la fin de sa vie :

« Père, qu’ils soient un, comme toi et moi, nous faisons un ».

Nous venons d’entendre la parole de St-Paul aux Corinthiens :

« Mettez-vous tous d’accord ; qu’il n’y ait pas de divisions entre vous ; soyez en parfaite harmonie de pensée et de sentiment. On m’a dit qu’il y avait des disputes entre vous. Chacun prend parti. Les uns disent : « Moi, je suis pour untel » ; « Moi, je suis pour tel autre »… Le Christ est-il donc partagé ? N’a-t-il versé son sang que pour quelques- uns d’entre nous ? Est-ce un tel ou tel autre qui a été crucifié pour vous ? Non, c’est le Christ lui-même, qui est mort pour tous ».

 – Ce message de St-Paul ne s’adresse pas seulement aux Corinthiens, il s’adresse à nous aujourd’hui. N’y a-t-il pas aussi, dans nos communes, dans nos paroisses mêmes, dans nos familles, des divisions, des rivalités, des dissensions qui devraient être surmontées entre nous :

. parce que nous sommes chrétiens

. parce que nous disons dans le ‘’Notre Père‘’ : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés »

. parce que dans le cœur d’un chrétien, l’amour doit être toujours plus fort que la haine

. parce que voulant imiter Dieu lui-même, nous voulons oublier, effacer tout le mal qui nous a été fait

Pas d’unité possible sans amour, sans bienveillance à l’égard des autres. Il serait hypocrite de proclamer que  nous sommes  pour  l’unité avec  les  protestants, les  orthodoxes, les  anglicans, si, en  même temps, nous sommes brouillés avec un voisin, si l’on ne se parle  plus avec  un habitant  du  quartier, pire  encore, avec  sa belle-sœur, sa belle-mère parfois entre parents et enfants. Tant que nous serons divisés entre nous qui vivons ensemble ici, à St-Denis, nous avons bonne mine de prêcher l’unité entre les différentes familles chrétiennes de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Sud.

     

Comment cette division s’est-elle introduite ? Vous le savez bien : par le péché ; tout comme l’unité ne peut se refaire que par l’amour, que par l’Esprit Saint : Esprit d’unité. Entre chrétiens, rappelons-le, il ne doit y avoir qu’un seul Corps, un seul Esprit : « Appelés par vocation à une espérance unique, nous rappelle Saint-Paul, il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il n’y a qu’un Dieu et père de tous, qui est en tous ».

En fait, ce qui devrait nous unir, nous faire devenir des frères entre nous, est bien plus fort et bien plus important que les motifs de division qui peuvent nous séparer : telle ou telle dispute, différent, une réflexion un peu dure, des conflits matériels, des points de vue différents. Que de broutilles, de bagatelles, si nous nous situons à hauteur de Dieu !

« Les murs de la séparation ne montent pas jusqu’au ciel » a-t-on dit. Vus du ciel, ils doivent à peine apparaitre et pourtant nous nous butons, nous voulons avoir le dernier mot, nous voulons le dessus, avoir raison à tout prix.

– Pour faire l’unité, pour refaire l’union, nous n’avons pas à attendre que l’autre, ou les autres, reviennent vers nous. Nous avons tous à aller à la rencontre les uns des autres et si nous sentons comme Dieu, peut-être avons-nous à faire le premier pas, à prendre des initiatives, quitte à perdre la face.

– Mais Jésus, le premier, n’a-t-il pas perdu la face, la Sainte Face, pour nous sauver, nous réconcilier avec le Père, nous réconcilier  entre  nous ? Certes, il  est  facile  de  jeter  la  responsabilité  sur  les  autres, de dire comme  les enfants : « C’est lui qui a commencé ; c’est de sa faute ». Facile de jeter la pierre aux autres, mais cela reste stérile et ne fait rien pour nous rapprocher.

– C’est notre cœur à nous qui doit se convertir. Cherchons d’abord à nous purifier nous-mêmes, avant de purifier les autres, à nous convertir nous-mêmes avant de convertir les autres, à nous juger nous-mêmes avant de juger les autres, car s’il existe un orgueil et un égoïsme personnel, il existe également un orgueil et un égoïsme ‘’ de groupe ‘’, ‘’ de corps ‘’. Or, il n’y a que l’humilité qui peut nous ouvrir les routes barrées qui nous empêchent de nous rencontrer.

Il n’y aura jamais de réconciliation entre familles chrétiennes, tout comme entre nous, s’il n’y a pas un minimum d’humilité de part et d’autre, de reconnaissance de nos fautes respectives.

– Peut-être aussi, nous faisons-nous une fausse idée des autres. Nous avons d’eux une image qui ne correspond pas à la réalité : si nous les connaissions mieux, l’unité serait plus facile à établir.

Un des premiers efforts à faire, c’est de nous efforcer de mieux connaitre ceux qui nous entourent. Trop d’idées saugrenues circulent encore : il y a vingt -cinq ans, je n’avais sans doute jamais rencontré un protestant, encore moins un orthodoxe et je savais surtout que c’était des gens à éviter… et puis j’ai rencontré des hommes et des femmes à la foi transparente, à la charité sans limites, à l’esprit apostolique admirable. Puissent-ils, eux aussi, rencontrer des catholiques de cette qualité. Alors déjà, beaucoup d’idées toutes faites sur les uns ou sur les autres seront détruites, comme au premier temps de la chrétienté.

 Les hommes croiront s’ils peuvent dire des chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ».

C’est notre unité, notre solidarité entre nous, notre communauté paroissiale, unie et vivante, qui fera envie  aux autres  et les  décidera à  venir avec nous.

Tout est possible, si d’un seul cœur et d’une seule espérance, nous demandons au Père cette grâce de l’unité : « Père que ton règne vienne», « que ton amour unisse tous tes enfants ».    AMEN




3ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 4, 12-23)

Jésus, Lumière et Vie …

 

 

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :
‘Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations !
Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée.’
À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs.
Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. »
Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela.
Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.

 

Jean-Baptiste quitte la scène comme tant de prophètes avant lui : persécuté, emprisonné, exécuté… Jésus prend le relais… Le moment est venu pour lui de manifester le désir de Dieu qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6). Alors, même si la Bonne Nouvelle devait être d’abord annoncée à Israël (Mt 15,24 ; 10,6), le Peuple de l’Alliance et des Promesses (Ep 2,12), Jésus va s’installer non pas à Jérusalem, la capitale, mais à Capharnaüm (en hébreu : ‘Village de Nahum’, ‘Nahum’ signifiant ‘Dieu console’), une petite ville frontière au nord de la Galilée juive, entourée de provinces païennes : la Syro-Phénicie, la Trachonitide et la Décapole. Nous sommes vraiment ici à « un carrefour », avec d’un côté les régions Juives de « Zabulon et de Nephtali », et de l’autre « la route de la mer et le pays d’au-delà du Jourdain », le pays des païens… Ce « peuple » qu’évoque St Matthieu juste après est donc l’humanité tout entière constituée des Juifs et des païens. Et tous « habitent dans les ténèbres », ce qui signifie, Dieu étant Lumière (1Jn 1,5), que les hommes lui ont fermé la porte de leur cœur et de leur vie. Ils vivent sans Lui… Or, la Lumière de Dieu est tout à la fois Esprit (Jn 4,24) et Vie (Jn 1,4 ; 8,12). Être privé de cette Lumière, c’est vivre en étant privé d’une Plénitude de Vie spirituelle : c’est être spirituellement mort… « Habiter dans les ténèbres », c’est donc « habiter le pays de l’ombre et de la mort »…

            Le ministère public de Jésus commence donc par une allusion à ce péché qui touche tout homme. « Tous ont péché et sont privés de la Gloire de Dieu… Et le salaire du péché, c’est la mort ; mais le Don gratuit de Dieu, c’est la Vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 3,9-26 ; 6,23). Et St Matthieu, en quelques mots, va nous résumer ici tout l’Evangile. Dieu, tout en ne cessant jamais de respecter notre liberté, car il n’y a pas d’amour vrai sans liberté, s’est fait homme, avec le Fils et par le Fils, pour nous rejoindre dans nos ténèbres et nous appeler à passer avec Lui des ténèbres à la Lumière, de la mort à la Vie. Telle est bien la démarche de Celui qui Est Amour (1Jn 4,8.16), de Celui qui n’est qu’Amour et qui ne pense, ne veut, ne désire que notre bien : « Je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien. Je trouverai ma joie à leur faire du bien, de tout mon cœur » (Jr 32,40-41). Alors, avec Jésus, le Fils, « vrai Dieu né du vrai Dieu, Lumière née de la Lumière », et aussi vrai homme, « le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande Lumière ». « Je suis la Lumière du monde », dira-t-il. « Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12), gratuitement, par amour, alors que nous en étions tous privés par suite de nos fautes. « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » ? « Père, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,22-24), pour toujours…

DJF




Rencontre autour de l’Évangile – 3ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Venez derrière moi,

et je vous ferai pêcheurs d’hommes.»

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 4, 12-23)

Après avoir repoussé le Tentateur qui voulait lui faire prendre d’autres chemins que celui de son Père pour sa Mission de Sauveur, Jésus commence son ministère en Galilée, où il s’est retiré après la mort de Jean Baptiste par Hérode Antipas.

 

 Et soulignons les mots importants 

Galilée : Comment Isaïe appelle cette région ? Est ce que cela nous donne une indication sur la mission de Jésus ?

Il quitta Nazareth  pour Capharnaüm au bord du lac : Quel sens  Mathieu donne-t-il à ce déplacement de Jésus ?

Convertissez-vous : Cet appel précède l’annonce du Royaume : pourquoi ?

Le Royaume des  cieux est tout proche. Comment dire en quelques mots ce qu’est le « Royaume des cieux ».

Jésus vit deux frères…il vit deux autres frères. « Venez derrière moi…Il les « appela » : Quelle est la vocation fondamentale de tout homme ? Dans toute vocation, qui est-ce qui a l’initiative ?

Pêcheurs d’hommes : Que veut dire Jésus ?

Laissant leurs filets…laissant leur barque

Ils le suivirent : Dans l’évangile, l’expression « suivre le Christ » veut dire quelque chose de précis : le savons-nous ?

Jésus enseignait : C’était une part importante du ministère de Jésus.

La Bonne Nouvelle du Royaume : En quoi le Royaume est une Bonne Nouvelle pour les hommes ?

Guérissait toute maladie et toute infirmité : Quelle est la signification de toutes ces guérisons  dans l’annonce du Royaume de Dieu.

Pour l’animateur 

Jésus se retire en Galilée, carrefour des nations païennes. Il s’installe à Capharnaüm, ville de pêcheurs : la maison de Pierre devient un peu sa maison. Nazareth était le village de son « Incarnation », de son « enfouissement » dans la vie humaine ; Capharnaüm devient la base de son ministère de missionnaire du Royaume. Mathieu voit dans ce déplacement la réalisation de la prophétie d’Isaïe.

Convertissez-vous : Jésus commence par faire cet appel, parce que l’efficacité du Règne de Dieu dépend de l’accueil que l’homme lui réserve. La proclamation de la Bonne Nouvelle du Royaume  des cieux (ou du Règne de Dieu) sera le cœur, l’objet et la raison d’être de tout le ministère de Jésus : sa prédication, ses enseignements, ses attitudes, ses choix, ses gestes, ses miracles, sa Passion et sa mort. En sa personne, le Règne de Dieu s’est approché.

Jésus commence par « appeler » des hommes à le suivre. Dans toute la Bible, Dieu a l’initiative de l’alliance : il appelle (Abraham, Moïse, les prophètes…et finalement tout le peuple) et son appel met en mouvement. Jésus, l’Envoyé du Père, appelle : appel à la conversion, appel à le suivre, appel à collaborer à la venue du Règne de Dieu. Quelle puissance de séduction devait avoir le regard de Jésus et son appel, pour que des  hommes acceptent de tout quitter, ce qu’ils ont de plus cher, (« leur père ») pour le suivre. Ils laissent leurs filets, leur barque,  c’est à dire leur outil de travail pour devenir des « pêcheurs d’hommes » : C’est une annonce discrète de la mission chrétienne, l’engagement au service du Règne de Dieu parmi les hommes. Suivre le Christ, c’est devenir son disciple. C’est dans la mesure où l’on est disciple que l’on peut se prétendre missionnaire.

Ce Règne de Dieu pour autant n’était pas clair dans les esprits : de nombreux juifs du temps de Jésus espéraient que le Messie allait restaurer la royauté de la descendance de David en soumettant les peuples ennemis, d’autres espéraient que le Règne de Dieu viendrait des cieux dans un monde à venir car le monde présent est mauvais ; pour d’autres, la venue du Règne de Dieu supposait la conversion à la Loi.

Jésus apparaîtra tout au long de l’évangile de Mathieu comme le Maître qui enseigne, le nouveau Moïse. Les paraboles du Royaume seront nombreuses pour essayer de la faire comprendre.

Jésus annonce le Royaume et il fait des gestes qui font reculer tout ce qui fait du mal à la personne humaine : maladie et infirmité doivent disparaître totalement dans le Royaume de Dieu. Dès maintenant, il faut lutter contre toutes les misères humaines. Dieu Règne quand les hommes sont libérés de toutes les formes de mal.

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Seigneur Jésus, avec toi, le Royaume des cieux s’est approché de nous. Change toi-même nos cœurs pour que le Règne de Dieu ton Père s’installe au plus profond de nous.  Fais de nous tes disciples, prêts à répondre à ton appel. Remplis nous de ton audace et de ton courage pour que nous proclamions, envers et contre tout, par nos paroles et par nos gestes, que Dieu aime tous les hommes et veut leur bonheur.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Nous vivons dans une société qui est de plus en plus un carrefour de croyants de toutes sortes, de toutes convictions, et aussi d’incroyants : une terre de mission.

Et nous sommes les disciples de Jésus dans notre famille, notre quartier, notre travail : comment avoir  la même audace que Jésus pour annoncer l’Evangile ?

Croyons-nous que le Christ continue d’appeler des hommes à le suivre ? Nous mettons-nous à son service pour cette tâche ?

Quels sont les gestes que nous pouvons poser pour faire avancer le Royaume faces aux « maladies et aux infirmités » de notre monde.

Quelle est notre préoccupation pour les vocations : de prêtres, de religieux et religieuses, de laïcs engagés au service du Royaume ?

 

ENSEMBLE PRIONS 

  • Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité : pour que l’Evangile pénètre nos vies  et nous aide à trouver le vrai visage du Christ, Prions le Seigneur.

  • Pour que les peuples, avec leur culture, puisse reconnaître comme Sauveur, Jésus Fils de Dieu. Prions.

  • « Sur votre route, proclamez que le Royaume des cieux est là. » Pour que nous aidions les autres à découvrir le Christ dans tout ce qui est bon et bien. Prions.

  • Pour que nous nous engagions dans la mission de l’Eglise avec assez d’enthousiasme pour dépasser les échecs, prions.

 

 

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2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (Jn 1, 29-34)

« Et moi, je ne le connaissais pas. »

 

Quand on lit ce passage d’évangile, on est surpris par cette phrase que Jean-Baptiste dit deux fois : « Et moi, je ne le connaissais pas. ».

Cette répétition équivaut à un renforcement de ce qui est dit : « OUI, vraiment, je vous l’affirme : je ne le connaissais pas ! ».

On est d’autant plus surpris que l’on sait, grâce à saint Luc, que Marie et Élisabeth étaient apparentées, et de manière assez proche puisque on dit que Jésus et Jean-Baptiste étaient cousins … peut-être à la mode de Bretagne … mais cousins quand même.

On ne sait pas s’ils se sont souvent rencontrés. Il faut dire que pour aller de Nazareth à Aïn-Karim, distants d’un peu moins de cent-cinquante kilomètres par la route actuelle … à pied et en suivant les sentiers d’alors, il fallait environ cinq jours de marche … et donc, pour un aller-retour, dix jours de marche …

On n’y allait pas pour une fin de semaine !

Il fallait une occasion importante pour faire le déplacement … comme le pèlerinage au Temple de Jérusalem pour la fête de la Pâque. Alors faire un petit détour de huit kilomètres, cela peut se faire … mais comme souvent, les gens d’un village se déplaçaient en groupe, il était difficile de quitter le convoi.

Cela réduit fortement les occasions de rencontre …

D’autant qu’on ne sait pas exactement quand Jean-Baptiste a commencé à proclamer son message de conversion. Saint Luc est le plus précis … mais reste sujet à interprétation …

Pour la plupart des gens, en se basant sur la durée entre le début de l’Avent et le baptême de Jésus, on a l’impression que la durée entre le début du message de Jean-Baptiste et le baptême de Jésus est relativement courte … quelques mois … alors qu’il faudrait plutôt parler d’années …

À l’époque il n’y avait pas d’internet ni de téléphone portable, on n’était pas dans le règne de l’immédiateté … Il fallait du temps pour que le discours de Jean-Baptiste commence à être connu … et reconnu … et que l’on vienne de « toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. » (Mc 1.5), et même des gens de Galilée, comme André, Simon-Pierre, Nathanaël, Philippe … et Jésus (Jn 1).

Alors … Jean-Baptiste connaissait-il Jésus ?

On peut penser que oui, même si c’était épisodique …

Jean-Baptiste serait-il alors un menteur ?

Je ne pense pas … et il nous l’explique à la fin du passage de ce jour : « Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. ».

Il connaissait sans doute Jésus comme le fils de Marie et de Joseph … mais pas comme « Fils de Dieu ! », et c’est la vision qu’on lui avait annoncée : « Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. » qui lui montre que Jésus est le Fils de Dieu ! Car qui peut baptiser dans l’Esprit Saint sinon Dieu, ou son envoyé, le Messie.

Alors, la question qu’on peut se poser maintenant : « Est-ce que moi, je connais Jésus ? », ou plus simplement « Qui est Jésus pour moi ? »

Est-ce un homme qui a existé il y a bien longtemps et qui a fait beaucoup de miracles ? ou, comme le dit Jean-Baptiste : « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. », le fils de Dieu venu sur terre par amour pour nous pour nous réconcilier avec Dieu et nous offrir la Vie Éternelle ?

Peut-être que, comme Jean-Baptiste avant la venue de l’Esprit-Saint sur Jésus, nous ne connaissons pas vraiment qui est Jésus !

Peut-être avons-nous à passer de la connaissance ’’mondaine’’ de Jésus à sa connaissance spirituelle … ?

Seigneur Jésus,

il a fallu que l’Esprit-saint se pose sur Jésus

pour que Jean-Baptiste comprenne qu’il est

l’Agneau de Dieu qui enlève nos péchés.

Permet que nous passions d’une image formelle de toi

à une image aimante de toi, comme ton Père.

 

Francis Cousin    

   

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Prière dim ord A 2°




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le Christ, vraie lumière

 Jn 1, 29-34

Dans le livre  » Mais il y a la mer « , Sullivan  raconte la vie  d’un cardinal. Il vient de prendre sa retraite après avoir été,  pendant de longues années, chef et témoin de l’Eglise d’Espagne : assis au bord de la mer, ce cardinal regarde la vague dont l’écume s’éparpille sur le rivage depuis des milliers d’années.  Soudain, devant l’indifférence des flots, il a le vertige, à la pensée de ce que fut son existence : «  J’étais en représentation » constate-t-il, « je me suis trompé de vie ».   » Il s’était trompé de vie  » et il rencontrait sa propre image avec le sentiment de rencontrer un étranger.

 » Se tromper de vie « , c’est sans doute la pire erreur que puisse faire un homme : faire fausse route, arriver à la fin d’une piste pour s’apercevoir qu’elle était fausse et ne menait à rien ! Et comme nous n’avons qu’une vie, très limitée, en fin de compte, de quelques dizaines d’années, s’apercevoir tout à coup alors qu’elle en est à son crépuscule, que la direction, désirée de tout notre âme, se trouve à l’opposé de ce que nous avons voulu, quel désarroi ! Quel sentiment de ratage ! « Je me suis trompé et je n’ai pas même une vie de rechange pour reprendre la bonne direction et le vrai chemin ! »

On se trompe sur soi-même – et c’est dramatique – mais se tromper sur Dieu, c’est encore pire : ce fut l’erreur fondamentale de tout l’Ancien Testament, et c’est pourquoi : ils n’ont pas su reconnaître Jésus-Christ.

Et le peuple juif attend encore celui qui est déjà venu à sa rencontre.  Il attendait un Messie guerrier et justicier : Jean-Baptiste lui-même l’avait annoncé, comme le bûcheron dont la cognée allait frapper les arbres stériles. Et voici que ce Jésus-là, invitait à le suivre.

– Qui ? Des gens de piètre réputation : ceux dont justement, on pensait qu’ils  allaient  être  éliminés  et  le voilà, ce Jésus, qui mange  avec  des pécheurs et pire encore, il parle, non pas d’un grand jour de revanche, mais de la tendresse de Dieu !  Jean, pourtant, connaissait le vieux poème insolite, égaré du livre d’Isaïe : « Voici mon serviteur bien-aimé ; comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme la brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche ».

On s’était trompé de Dieu encore pendant les quelques années qui mèneront Jésus du Jourdain au Calvaire. On ne cessera de faire erreur sur lui ! Et aujourd’hui encore, c’est la même chose !

 « Je  ne le  connaissais  pas , avoue  Jean-Baptiste  dans  cet Evangile,  “oui, je savais que c’était Jésus, le fils de Marie, le charpentier  de  Nazareth, mon cousin. Oui, je croyais le connaître mais je  ne  le  connaissais pas  jusqu’au  moment  où  celui  qui  m’a  envoyé baptiser  dans l’eau  m’a dit :  » L’homme, sur qui  tu  verras  l’Esprit descendre  et  demeurer, c’est  celui-là  qui  baptisera dans l’Esprit Saint » . Oui, j’ai vu  et je rends  ce témoignage : c’est  lui, le Fils de Dieu ».

 Et aujourd’hui encore, on se trompe sur son compte.  Nous sommes des hommes de la rentabilité et du mesurable : comment pourriez-vous accorder quelque crédit au langage de l’amour ?

Comme on parlait à Staline de ce qu’avait dit le pape d’alors, à Noël, celui-ci répliqua : « Le pape, combien a-t-il de divisions blindées ? »

On se trompe de Dieu, lorsqu’on dit qu’il est « Tout puissant» alors que sa toute puissance, n’a rien à voir avec  la force, rien à voir avec la violence mais que sa toute-puissance est celle d’un amour illimité ! Jésus-Christ n’a pas d’autres armes, il n’a pas d’autres langages : « Attention à ne pas nous tromper de Dieu ! »

Puissions-nous avoir, le plus tôt possible, cet étonnement, sans attendre le jour du jugement : quoi ! Ce malade, ce petit, ce prisonnier, ce réfugié, ce sans-abri, c’était donc toi ! Et moi qui croyais que Dieu était partout, sauf justement dans ces zones méprisables et misérables :  » c’était donc toi ! « .  Jésus sera pour toujours à démaquiller et les masques qui camouflent nos visages seront toujours à arracher : « C’était donc toi ! »

Oui, nous aurons sans cesse à laver notre regard, à purifier l’idée que nous nous faisons de Dieu et ce n’est que dans l’humilité de l’Evangile que  nous pourrons  avoir  une petite idée  de ce  qu’il est  en réalité : on se trompe de Dieu et on se trompe de vie. Dieu n’a qu’une vie d’homme pour parler à l’homme : celle de Jésus-Christ et pour que la parole du salut ne se dessèche pas, nous n’aurons jamais que quelques signes à interpréter, à partager et à construire.

Tout l’avenir de l’Eglise est là, et en ce premier jour de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, on peut dire que les églises aussi se sont trompées de vie quand elles se sont enfermées dans des rancunes sans fin et des querelles séculaires.  En cette semaine de l’unité, les voici, ces églises, toutes appelées à la conversion pour retrouver Jésus démaquillé. Si tous cherchent le Seigneur en vérité et acceptent de dévoiler leur visage, ce sera, lui, le Christ, la source de notre unité.

Les foules, étonnées en écoutant l’enseignement de Jésus, se disaient : « Qui est cet homme ? » C’est sans cesse la question que nous devrions nous poser, au lieu de nous faire, trop vite et trop facilement, notre idée sur Jésus.

C’est une question que nous devrions sans cesse nous reposer :

«  Oui, qui est-il donc cet homme ? Ce fils de charpentier qui guérit les lépreux et qui prétend remodeler le cœur de l’homme en le délivrant de son péché, qui est-il donc ? Et d’où vient cette prétention qu’il affiche ? »

« On vous a dit jusqu’ici, mais moi, maintenant, je vous dis  » : « Qui donc  est cet homme ? » Il ne faudra pas trop de toute notre vie pour découvrir son secret car désormais, et pour l’éternité, Dieu prend le nom d’un homme  » Dieu de Jésus « . Dieu se marie avec l’existence d’un homme, dit ses paroles ; il fait ses gestes, il explique ses sentiments par lui.  Toute la vie de Jésus, et toute ma vie à moi, pour découvrir qui est Dieu, car nous n’avons pas d’autre lieu pour connaitre Dieu, pas d’autre lieu que la vie de cet homme-là !  Pilate, devant cet homme en sang, moqué, bafoué, couronné d’épines, avec le manteau rouge des rois de comédie, ne croyait pas si bien dire quand il déclare : « Voici l’Homme », oui tout l’homme, toute l’humanité récapitulée en Jésus ! Qui est cet homme qui se laisse abattre tel l’agneau conduit à l’abattoir ? Oui, le voici, l’homme foulant aux pieds la mort, qui a fait triompher le soleil de Pâques : il s’est levé, lumière des nations et maintenant, nous autres, nous apprenons de lui, notre destin.

Le Ressuscité d’entre les morts, le vivant devient le modèle de la vie de tout homme !

Proclamons  avec  Jean-Baptiste : « Oui, je l’ai vu et je rends témoignage » : « C’est toi le Fils de Dieu ». AMEN




2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (Jn 1, 29-34)

La Mission de Jésus : donner l’Esprit

(Jn 1,29-34)…

 

En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ;
c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était.
Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. »
Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui.
Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : “Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.”
Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »

 

 

             Dans l’Evangile selon St Jean, c’est ici que Jésus entre en scène : « Jean-Baptiste voit Jésus venir vers lui », et c’est bien ce qu’il fait envers tout homme, pour son salut…

            Dans ce cadre historique, la première phrase de Jean-Baptiste a une importance toute particulière : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », un titre qui sera le seul à apparaître deux fois en ce chapitre… L’agneau était l’animal immolé la veille de la fête de Pâque, « le jour de la Préparation », ce jour où Jésus sera cloué sur une Croix (Jn 19,14.31.42). Le sang de l’agneau immolé a protégé les Israélites du Fléau Destructeur (Ex 12,1-14), et juste après, la longue marche de l’Exode vers la Terre promise a commencé. Or, c’est par son offrande sur la Croix que l’Amour a vaincu la haine, que la Lumière de la vie (Jn 8,12) a triomphé des ténèbres de la mort, que Dieu a manifesté sa Victoire sur le Prince de ce monde, Satan (‘L’Accusateur’ en hébreu) : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! Car l’accusateur de nos frères a été rejeté, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu. Et eux, ils l’ont vaincu par le sang de l’Agneau » (Ap 12,10-12). En effet, en accueillant le Christ Sauveur par leur foi, « ils ont lavé leur robe », ils ont purifié leur cœur et leur vie, « et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (Ap 7,13-17). Tel est bien « le sang versé pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28), ce « sang qui purifie notre conscience de toutes les œuvres mortes » que nous avons pu accomplir (Hb 9,14). Il est le témoignage, jusqu’à la fin des temps, de l’Amour infini du Christ pour chacun d’entre nous : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). « Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre : il nous aime, et nous a délivrés de nos péchés par son sang » (Ap 1,5)…

            Le Christ a ainsi donné sa vie pour notre salut. Or que signifie être sauvé ? Nous avons tous été créés pour vivre en relation avec Dieu, notre Père à tous, un Père qui de toute éternité est Source de Vie par le Don éternel qu’il ne cesse de faire de Lui-même. « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), et « l’Esprit est vie » (cf. Ga 5,25) ? Le Père est Esprit ? Il ne cesse de donner au Fils la Plénitude de son Esprit qui est vie, l’engendrant ainsi en « Dieu né de Dieu ». « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-mêmeJe vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57). Jean Baptiste nous dit ici : « J’ai vu l’Esprit descendre et demeurer sur lui ». Cette affirmation renvoie en fait à une réalité éternelle. Et le Fils est tout simplement venu nous proposer de recevoir à notre tour ce que Lui reçoit du Père de toute éternité : l’Esprit Saint qui est vie, et qui nous introduira nous aussi dans la Plénitude des fils.                                                                                                                     DJF