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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14, 25-33)

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère …          

  et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »

Voilà encore une phrase qui nous semble bien difficile à admettre, voire à comprendre, dans le discours de Jésus, surtout si on se souvient d’une des dix paroles de Dieu données à Moïse sur le mont Sinaï : « Tu honoreras ton père et ta mère. ».

Mais on peut très bien honorer son père et sa mère sans pour autant les « préférer » à qui que ce soit. On comprend facilement qu’une personne mariée préfère son époux(se) à ses parents, ou ses enfants à ses parents …

Mais Jésus … ou Dieu, puisque la Parole de Jésus est celle du Père … ?

Bien souvent, Jésus, ou Dieu, est considéré comme quelqu’un ’’à part’’, qui n’entre pas dans notre vie familiale ou sociale. On le prie le dimanche quand on va à la messe (quand on y va …), un peu en semaine, surtout quand on a un problème …

Pas tout le monde, bien sûr … mail il faut reconnaître que c’est le fait de la plupart des gens qui ont été baptisés … alors, le préférer à tous ceux qui nous sont les plus proches, on en est malheureusement bien loin !

Reprenons les mots de la traduction liturgique : « préférer » : littéralement signifie « porter en avant, ou porter en premier, à la première place … »

Préférer Jésus signifie donc qu’on met Jésus à la première place … et cela n’a aucune influence sur l’amour qu’on peut avoir pour les autres personnes …

Beaucoup ont mis Jésus ou Dieu à la première place dans leur vie …

À commencer par Marie …

Certains diront : « Oui, mais elle, c’est particulier … Elle était prédestinée par Dieu ! ».

Sans doute … mais elle ne le savait pas !

Et pour qu’une jeune fille de quinze ans réponde à l’ange Gabriel : « Je suis la servante du Seigneur », c’est parce qu’elle avait toujours préféré Dieu, mis Dieu à la première place !

Une autre est Jeanne d’Arc, patronne secondaire de la France (après Marie), qui avait pris comme devise : « Messire Dieu, premier servi ». Et après Dieu, il y avait le Royaume de France … et cela l’a menée au bucher sur la place de Rouen …

Et on pourrait dire tous les saints et saintes qui ont mis Dieu à la première place.

Alors pour nous : quelle est la place que l’on donne à Jésus, à Dieu ?

Pour cela, réfléchissons comme l’homme qui doit bâtir une maison dans le premier exemple de Jésus, non pas pour bâtir une maison, mais pour bâtir notre vie : avec quoi je vais bâtir ma vie ? et quel est le but de ma vie ?

Avec d’abord cette question préalable : qu’est-ce que je « préfère » : réussir dans la vie, ou réussir ma vie ?

Et ensuite : De quelle vie je parle ?

De ma vie sur la terre ? Qui est une vie « finie », avec un terme : la mort.

Ou de la vie éternelle ? Celle qui nous a été promise par Dieu … et par Jésus … et dont la résurrection de Jésus nous a ouvert le passage …

« Nul ne va vers le Père sans passer par moi ! » a dit Jésus …

Si je choisis la vie éternelle, il n’y a qu’une solution : mettre Jésus à la première place … comme lui-même le demande.

Et donc « préférer Jésus, et le suivre ».

Et porter sa croix (ou ses croix) …

Seigneur Jésus,

tu sais combien il est difficile pour nous

de te mettre toujours à la première place.

Nous avons tellement de choses

qui nous semblent prioritaires,

surtout avec nos proches,

que bien souvent tu passes après.

Aide-nous à te mettre toujours en premier,

pour être des témoins de ta présence parmi nous.

 

Francis Cousin

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 14, 25-33)

Porter sa croix à la suite du Christ

(Lc 14,25-33)…

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit :
« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.
Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.
Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ?
Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui
“Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !”
Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ?
S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.
Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

        

 

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. »

            Notre traduction liturgique a tout de suite bien interprété le verbe employé ici par St Luc, « miséô, haïr », en le traduisant par « préférer ». Quand Dieu nous dit : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12), et que Jésus se bat pour qu’il en soit vraiment ainsi (cf. Mc 7,8-13 ; Mt 19,16-22), il ne peut être question de les haïr ! De même pour mettre en pratique le cœur de la vie chrétienne, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Mc 12,31), il est impensable de « haïr » sa propre vie.

            « Préférer » suppose l’existence de deux réalités entre lesquelles nous avons à choisir. Suivre le Christ, entrer avec Lui dans le Royaume de l’Amour, du Service, du Don de soi, suppose que l’on mette l’Amour de Dieu et toutes les exigences qui en découlent à la première place… Et comme nous sommes tous pécheurs, si nos proches les plus proches nous invitent à adopter une attitude contraire à celle de l’Evangile, il nous faudra choisir… A qui obéirons-nous ? Et nous savons bien que si nous montrons notre désaccord, nous pouvons être rejetés par ceux-là même que nous aimons le plus, ce qui sera, humainement parlant, une grande souffrance… Jésus en était bien conscient lorsqu’il disait, en pensant à ces cas précis : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa propre maison » (Mt 10,34-36 ; Lc 12,51-53).

            Et puisque nous sommes tous pécheurs, des désirs égoïstes de toutes sortes, contraires bien sûr à l’Esprit de l’Evangile, peuvent naître en nos cœurs… Et le Christ nous invite ici sans ménagements à y renoncer, ce qui est toujours difficile pour notre être blessé… « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même », à son égoïsme, à son orgueil, à son amour propre, « qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Lc 9,23).

            Et par les deux paraboles qui suivent, Jésus nous invite à regarder bien en face toutes ces difficultés et les forces qui sont à notre disposition. Sur qui allons-nous compter pour mener un tel combat. Sur nous-mêmes ? Nous n’irons pas bien loin… Mais si nous nous appuyons, par la prière du cœur, sur le Christ et sur sa grâce (Mt 11,28-30), nous pouvons espérer, qu’envers et contre tout, ce vœu s’accomplira : « Seigneur, que ma faiblesse à ton service tienne bon » (Guillaume de St Thierry)…                                                                                                                                                                                                 DJF




23ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

 Un don de soi généreux, mais réfléchi

Luc 14, 25-33

Cet évangile, mes frères, peut nous sembler contradictoire.

Au début, le Seigneur nous invite à une aventure radicale, à un risque total. « Il faut tout quitter », « préférer le Christ » à sa mère, à sa femme, à ses enfants, à  sa propre vie, prendre sa croix, marcher à sa suite… C’est un coup de clairon avant l’attaque, un ordre du jour, une proclamation martiale.

Et puis, dans la seconde partie, il semble que ce soit le contraire. « Attention ! Avant de vous lancer, réfléchissez, asseyez-vous, prenez du temps, calculez le pour et le contre ».

Ne  vous  lancez  pas  dans  une  aventure  sans  en  avoir, auparavant, calculé les conséquences.

Ne vous engagez pas sans en avoir mesuré toutes les suites.

Ne prenez pas de risques sans avoir prévu toutes les difficultés qui peuvent survenir.

Jésus nous demande, à la fois, et dans le même temps, de « tout sacrifier » en un geste absolu et fou, et pourtant, de nous asseoir pour évaluer nos chances de réussites.

En fait, il n’y  a  pas  contradiction  entre  ces  2  attitudes : au contraire, elles se complètent. Une aventure n’est réussie que si, au préalable, elle a été mûrement réfléchie. Un Lindbergh avant de survoler l’Atlantique, un d’Aboville traversant l’Atlantique à la rame, un  spéléologue ou un alpiniste,… tous vous diront que l’entreprise ne réussira que si, bien sûr, on a une certaine force de caractère, mais, aussi et surtout, parce que cette aventure a été longuement et minutieusement préparée.

Il en est de même dans  « l’aventure de la foi » qui nous met à la suite du Seigneur Jésus : car la foi, c’est vrai, est une aventure, une folle aventure. Quand on a vécu toute une semaine dans le terre à terre quotidien et souvent banal, quand on a réalisé combien la vie humaine est limitée et fragile, on éprouve le besoin d’un grand souffle. Actuellement surtout, à cause de la rationalisation de la vie, à cause de la froideur de la technique, un grand désir (surtout chez les jeunes), d’autre chose, d’ailleurs, se fait jour.

Or, précisément, Jésus nous propose ce dépassement, cette grande respiration, cette grande aventure.

Il s’agit de préférer Dieu à tout le reste.

Il s’agit d’abandonner tout pour suivre Jésus. Mais attention ! Ne faisons pas de contre-sens : il est impensable que Jésus nous demande de ne pas aimer les nôtres : nos parents, notre conjoint, nos enfants ! Tout l’Evangile nous dit d’aimer, mais Jésus choisit justement nos affections les plus fortes pour nous dire d’aimer « encore plus« .

Il s’agit bien, d’une sorte de « saut mystique », d’une folle aventure. Jésus est un absolu, un infini qui doit dépasser toutes nos attaches humaines. Jésus est l’amour prioritaire.

Cependant, le Seigneur ne veut pas que notre foi, pour généreuse qu’elle soit, soit irréfléchie, un enthousiasme passager, une décision sans discernement. Il nous demande « de nous asseoir pour calculer si l’aventure est raisonnable ». Notre foi doit venir en même temps, d’un élan du cœur et d’un calcul de la raison, les deux à la fois, pas l’un sans l’autre !

 

Il ne veut pas d’engouement superficiel, d’engagement aveugle.

Il n’essaie même pas de séduire, d’attirer par surprise.

Il parle à la foule : « de prendre sa croix pour le suivre ». On ne peut pas dire que ce soit de la propagande facile ou de la démagogie.

Il ne camoufle pas les difficultés futures. La foi au Christ nous demande, en même temps, beaucoup de générosité et toute notre intelligence. Voilà, sans doute, pourquoi il y a si peu de vrais chrétiens : parce que beaucoup sont enthousiastes, mais ne réfléchissent pas assez, et que beaucoup d’autres réfléchissent, mais ne sont pas assez généreux.

Or, pour être chrétien, pour vivre vraiment l’aventure de la foi, telle que nous la propose le Christ, il faut avoir assez de cœur pour suivre Jésus et de réflexion pour justifier les raisons qui nous le font suivre.

Beaucoup de sectes et même de religions orientales, de groupes de prières exigent de leurs fidèles la démission d’une partie de leur raisonnement au profit d’un délire collectif, une sorte de perte de la raison dans le grand inconscient : pas le christianisme.

L’islam également se présente comme une résignation au « Mektoub », une soumission. « C’est écrit : Il n’y a pas à chercher à comprendre,… » : pas le christianisme.

La foi chrétienne, au contraire, admet et prend en compte toutes les questions, toutes les recherches, toutes les remises en cause. La foi doit être éclairée, fondée, basée sur du solide. Elle ne sera jamais celle du « charbonnier » surtout à notre époque, si critique, si rationnelle. Elle reste une « aventure », mais « calculée » pour ainsi dire. Les plus grandes intelligences se sont penchées sur les mystères de la foi pour essayer de leur trouver une sorte de justification rationnelle, et c’est bien ainsi.

Nous voilà donc invités, aujourd’hui, à miser, en même temps, sur le « mystique » et sur le « réalisme », sur le risque de la foi et sur l’intelligence de la foi. Le mystère de Dieu n’est pas un mur auquel on se heurte, mais un océan qu’on n’a jamais fini d’explorer.

Un couple de français m’a fait comprendre cela un jour. La jeune fille était étonnée parce que son fiancé se posait des questions de ce genre : «  Pourquoi t’ai-je aimée, toi et pas une autre ? » Au fond, elle craignait que toutes ces questions, toutes ces raisons n’en viennent à détruire leur amour… elle ne croyait qu’à « l’amour hasard » : « coup de foudre », l’amour « enfant de bohême », irraisonné, irrationnel. Mais le fiancé lui répondit : « Tu vois, il est naturel que j’essaie de te connaître davantage. Notre amour est absolu, infini, mais parce que j’ai envie d’aller loin, très loin avec toi, il faut que je commence par découvrir « pourquoi je t’aime » ».

Ainsi en est-il de la foi : c’est une découverte aventureuse d’un être infini. Notre recherche de Dieu doit grandir : elle ne s’épuisera jamais.

En ce début d’année scolaire nouvelle, après les vacances, après le temps d’arrêt de l’hiver, sommes-nous décidés à « prendre du temps », à « participer à des groupes de réflexion », à « cultiver notre foi », à « lire des revues », à « étudier l’Evangile » pour devenir plus solides dans notre foi et par conséquent à nous engager davantage au service du Seigneur, pour aller avec lui, jusqu’au bout de la construction de l’Eglise où il travaille avec nous ?

Jésus nous réinvite à engager le combat de toutes nos forces pour la victoire du bien sur le mal, pour la victoire de l’amour, en marchant à sa suite avec courage.  AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 23ième Dimanche du Temps Ordinaire

« Renoncer à tout pour le Christ ! »

(Lc 14, 25-33)

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 14, 25-33)

Jésus vient de donner un certain nombre de conseils à ses disciples : qu’ils soient humbles (Lc 14,7-11) et attentifs aux blessés de la vie (14,12-14)… Qu’ils ne laissent ni les biens matériels ni les plaisirs les détourner de l’essentiel : l’invitation que Dieu adresse à tous les hommes à partager son festin (14,15-24). Et l’appel de Jésus se fait ici encore plus radical !

Et soulignons les mots importants 

  • Notre traduction liturgique a tout de suite bien interprété le verbe employé ici par St Luc, « miséô, haïr », en le traduisant par « préférer». Quand Dieu nous dit : « Honore ton père et ta mère » (Ex 20,12), et que Jésus se bat pour qu’il en soit vraiment ainsi (cf. Mc 7,8-13 ; Mt 19,16-22), il ne peut être question maintenant de les haïr ! De même pour mettre en pratique le cœur de la vie chrétienne, « Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Mc 12,31), il est impensable de se haïr soi‑même. Alors, que peut vouloir dire ce « préférer » ? Essayer de donner des exemples concrets.

  • Jésus aimait la vie… On le voit souvent invité par les uns et par les autres, accomplissant son premier signe en St Jean en offrant à une noce plus de 800 litres de « bon vin » (Jn 2,1-12), mangeant et buvant à tel point que certains le traitaient de « glouton et d’ivrogne » (Lc 7,34). Que peut donc vouloir dire ici « préférer» Jésus « même à sa propre vie » ?

  • Vient ensuite à nouveau une expression très forte : « porter sa croix » ; mais, en lisant bien le texte, cela se fera comment, dans quelles circonstances ? Or, quand Dieu nous adresse un appel, il nous donne toujours la grâce qui nous permet de répondre à cet appel. St Paul dit ainsi : « Dieu nous a appelés d’un saint appel, non en considération de nos œuvres, mais conformément à son propre dessein et à sa grâce qu’il nous a donnée » (2Tm 1,9).

            Suivre Jésus, mettre en pratique sa Parole, lui rester fidèle, est loin d’être toujours facile dans les multiples circonstances de nos vies. Si une difficulté se présente, Dieu donne sa grâce pour nous aider à la traverser. Mais une difficulté reste une difficulté : quand elle se présente, nous avons le choix entre deux attitudes, lesquelles ? Et Jésus ici nous invite à laquelle ? 

  • Jésus invite ensuite par des images (« bâtir une tour », « partir en guerre ») à bien regarder ces difficultés en face. Contre quel danger nous met-il en garde ? Mais souvenons-nous de la phrase précédente : « prendre sa croix pour marcher derrière moi». Qui a ici l’initiative première de la démarche, nous ou Jésus ? Et Jésus peut-il nous demander ce qu’il nous sait être incapables d’accomplir par nous‑mêmes ?

Conclusion : en tout ce que nous désirons entreprendre pour lui, quelle devrait être notre première attitude ?

Pour l’animateur 

  • Les exemples concrets dépendront de la vie et de la situation de chacun, et ils sont tous les bienvenus… Le Père appelle tout homme à « venir à Jésus » son Fils Unique envoyé dans le monde pour notre salut à tous (Jn 3,16-18). Et puisque toute démarche vis-à-vis de Dieu n’est possible que par un Don qui vient de Lui, « venir à Jésus » est un Don du Père : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44), « si cela ne lui est donné par le Père » (Jn 6,65). Et tout Don de Celui qui est Amour (Jn 4,8.16) ne peut qu’être de l’ordre de l’amour… Et maintenant, qu’allons-nous choisir si Dieu nous appelle, d’une manière ou d’une autre, à quitter nos proches ? Et pourtant, l’amour que nous leur portons est bien légitime, il n’est pas à renier ! Mais il sera vécu autrement, avec le sacrifice, de notre côté, de cette proximité qui nous est chère…

            Nous sommes tous pécheurs… Il se peut aussi que ces proches que nous aimons nous invitent à agir d’une manière contraire à notre foi. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir, et tout ira bien avec eux, mais c’est notre amour pour Dieu qui sera blessé… Ou les contrarier, au risque de se voir rejeter ? Mais si l’amour qui unit deux personnes est authentique, il ne peut être à sens unique. Et un amour sincère ne peut que se construire sur la vérité. Le choc de la contrariété passé, l’amour vrai saura, avec le temps, reconnaître où est la vérité et la justice, et surmonter l’épreuve…

            Nous sommes tous pécheurs… Ces difficultés peuvent se rencontrer aussi bien dans notre famille, que dans notre communauté paroissiale ou religieuse… Jésus est le premier à en être conscient lorsqu’il demande à Pierre : « M’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jn 21,15). Et les premiers à les entourer à ce moment-là étaient « Thomas, Nathanaël, les fils de Zébédée », Jacques et Jean (Mc 1,19), et « deux autres disciples » (Jn 21,2). Avec Pierre, ils étaient sept en tout, un chiffre symbole de plénitude qui renvoie à l’ensemble de l’Eglise primitive…

  • Nous sommes tous pécheurs… Des désirs égoïstes où nous nous recherchons nous-mêmes, d’une manière ou d’une autre, ne cessent de frapper à la porte de nos cœurs. Qu’allons-nous choisir ? Leur obéir et nous laisser entrainer sur un chemin contraire à celui de l’amour, amour pour Dieu, amour pour celles et ceux qui nous entourent, amour qui nous invite à nous donner ? Et dans des circonstances que nul ne choisit pour lui-même, ce choix de la foi peut aller jusqu’au don total de soi, la mort pour le Christ, le martyre…

  • Choisir implique toujours un renoncement à ce que nous laissons de côté. Renoncer à une fausse harmonie humaine, à notre égoïsme, là est la vraie Croix. Et c’est tous les jours, d’une manière ou d’une autre, que nous sommes invités à la prendre… Nous n’y arrivons pas à chaque fois… L’important est de repartir sans cesse… La Miséricorde infinie qui nous entoure nous presse de nous relever et de nous relever encore… Et de pardon en pardon, c’est Elle qui nous donnera d’atteindre le but : une Vie éternelle et Bienheureuse dans la Maison du Père !

  • Humainement parlant, prendre sa Croix est difficile… Laissés à nos seules forces, l’aventure est même impossible. « Pour les hommes c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible» (Mt 19,26). Et Jésus connaît nos failles, nos limites et nos faiblesses… Si nous arrivons à tout lui offrir, ce qui est « semé dans la faiblesse», ressuscitera dans sa force (1Co 15,43) car « ce qui est impossible pour les hommes est possible pour Dieu » (Lc 18,27). Et plus nous nous appuierons sur lui, plus notre Croix sera « légère » et « facile à porter » : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » (Mt 11,28-30).

  • Avec ces deux images, « bâtir une tour, partir en guerre contre un autre roi », Jésus nous invite à bien réfléchir, à regarder les choses en face, à bien nous connaître pour éviter de nous lancer dans une aventure qui, manifestement, dépasse nos forces. La grâce ne supprime pas la nature ! Elle l’accomplit…

          – L’image de la tour est peut-être un clin d’œil à « la tour de Babel » (Gn 11,1-9), présomption, folie orgueilleuse des hommes qui se sont appuyés sur leurs propres forces, et cela pour atteindre le Ciel ! Telle était au début l’attitude de Pierre : « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais » (Mt 26,33). Et Pierre tombera. Mais il se relèvera grâce à la Miséricorde de Dieu, et en s’appuyant cette fois sur Lui, il mourra en martyre à Rome !

          – L’image de la guerre souligne le fait que suivre Jésus est un combat avant tout contre nous-mêmes, notre péché, et aussi face à celui des autres, et face au « Prince de ce monde » (Jn 12,31 ; 14,30 ; 16,11) qui ne pense qu’à « voler, égorger et faire périr » (Jn 10,10). Seule la prière, qui est accueil du Don de Dieu, l’Esprit Saint, nous permet de vaincre grâce à Lui toutes ces difficultés.

 

ENSEMBLE PRIONS 

« Tournez les yeux vers l’hôte intérieur, sans rien vouloir que cette Présence ; vivez de l’Esprit pour être celui qui donne son Nom à votre Père. Tournons les yeux vers l’hôte intérieur, car il habite nos silences et nos prières » (Claude Tassin).

 

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23ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Luc 14,1.7-14)

« Discours moralisateur …

ou indications pour un chemin de Vie ?»

 

Les trois textes de ce jour vont dans le même sens : vivre dans l’humilité, à la suite de Jésus.

La première lecture, tirée du livre de Ben Sira, est un texte très court que nous devrions tous apprendre par cœur tellement il est clair concernant l’humilité : « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser … L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. », mais pas n’importe qui ou n’importe quoi, mais la Parole du Seigneur, celle de Jésus.

Dans la deuxième lecture, le thème de l’humilité est moins évident, mais il reste réel : dans l’ancien testament, la manifestation de Dieu se faisait de manière éclatante, dans « une réalité palpable, embrasée par le feu … pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan, pas de son de trompettes » mais, dans le nouveau testament, « vous êtes venus vers Jésus » vers sa Parole et son exemple.

Jésus, dont saint Paul dit qu’il « s’est abaissé… jusqu’à mourir et mourir sur une croix. C’est pourquoi, Dieu l’a élevé au-dessus de tout. » (Phil 2,8-9). Mais cela avait commencé par sa naissance : Jésus, par la volonté de son Père et la puissance de l’Esprit Saint s’est abaissé à devenir un homme, il est né dans des conditions, sinon très ordinaires, du moins rustiques et humble, et il a vécu simplement avec tous ceux qu’il a rencontrés … et la veille de sa mort, il a pris le tablier pour laver les pieds de ses disciples.

Jésus, l’humilité la plus totale.

Et c’est lui que nous devons écouter.

Malheureusement, on ne peut pas dire que la manière de vivre de Jésus soit la plus écoutée dans notre monde !

L’humilité est bien souvent considérée comme une faiblesse … alors que les ambitieux, ceux qui veulent réussir à tout prix, y compris en écrasant les autres, ceux qui veulent toujours être mis en avant dans tous les domaines sont souvent montrés comme des exemples … et cela dès le plus jeune âge ! Il n’y a qu’à entendre les discours des parents sur les ’’prouesses’’ de leurs enfants comme « Mon fils sait déjà marcher à huit mois » ou « A trois ans, mon enfant sait déjà nager et faire du vélo » … ou d’autres ’’demandes’’ comme « Tu dois être le meilleur de ta classe » etc …

Ces habitudes mondaines ont été critiqués par Jésus lors du repas organisé chez un chef de pharisiens un jour de sabbat … où il était attendu des invités pour ses possibles remarques. En voyant les invités chercher à prendre les premières places, celles qui sont les plus proches de l’hôte, Jésus leur proposa deux paraboles : l’une pour les invités, l’autre pour l’hôte … mais dont les conclusions s’appliquent à tous …

« Quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ’’Mon ami, avance plus haut’’, et ce sera pour toi un honneur » Mais l’essentiel est dans la conclusion : « Quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. »

            Et pour l’hôte : « Si tu donnes un repas, n’invite pas tes amis, tes frères, tes parents, de riches voisins, car ils te rendraient ton invitation et se serait un don en retour ; au contraire, … invites des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles, car ils ne peuvent rien te donner en retour : Cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

            L’humilité des invités et de l’hôte n’ont qu’un seul but : permettre d’être choisi par Jésus, et l’entendre nous dire « Venez à ma droite, vous les bénis de mon Père … car ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 33-34.40).

            Conseils pour la Vie éternelle.

Seigneur Jésus,

il est parfois difficile d’aller à l’encontre

de ce que le monde nous montre comme naturel,

mais le seul moyen d’obtenir la Vie éternelle,

c’est l’humilité

comme toi tu l’as vécue.

 

                                                                                   Francis Cousin

Francis Cousin

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Claude WON FAH HIN (St Luc 12,13-21)

Commentaires du dimanche 28 Août 2022 

 

Siracide 3,17–18, 20, 28–29 ; Hébreux 12,18–24 ; Luc 14,1, 7–14

Jésus est invité à un repas chez un des chefs des Pharisiens. Il remarque que bon nombre d’invités choisissent les premières places, les places d’honneur, le plus près possible du notable de la maison. Ce qu’il dit semble être un conseil d’ordre social, en quelque sorte comment bien se comporter en société. Il leur disait : « 8 Lorsque quelqu’un t’invite à un repas de noces, ne va pas t’étendre sur le premier divan, de peur qu’un plus digne que toi n’ait été invité par ton hôte, 9 et que celui qui vous a invités, toi et lui, ne vienne te dire :  Cède-lui la place.  Et alors tu devrais, plein de confusion, aller occuper la dernière place. 10 Au contraire, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, de façon qu’à son arrivée celui qui t’a invité te dise :  Mon ami, monte plus haut.  Alors il y aura pour toi de l’honneur devant tous les autres convives ». « Les marques d’honneur qui ont du prix sont celles qu’un autre nous donne, et non celles qu’on s’attribue à soi-même ! » (Hugues Cousin). Cette préoccupation de la hiérarchie sociale des invités, leur place dans la société, n’a en réalité servi qu’à nous amener à une préoccupation plus spirituelle : « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé ». Jésus met l’accent sur la vertu d’humilité, opposé au péché d’orgueil.

Jésus dit à Sœur Faustine (§1562): « là où règne l’orgueil, je n’y suis pas ». A Mariam Baouardy, la sainte palestinienne, canonisée le 17 mai 2015 à Rome par le Pape François, qui avait beaucoup de difficultés apprendre à lire parce que l’Esprit du Mal l’en empêchait, le Seigneur lui dit : « « Ma fille, tu aurais trop d’orgueil, si tu apprenais trop vite à lire : cette science ne t’est pas nécessaire. Trois choses te suffisent :1) regarde-moi et pense à moi; 2) sois, en tout, la dernière de toutes; 3) obéis aveuglément ». Peu importe notre rang social, chacun de nous est appelé à rester dans l’humilité. Ne pas être hautain, condescendant, méprisant, fier, arrogant, ne pas se croire supérieur aux autres, tout cela fait partie de l’attitude de quelqu’un qui reste dans l’humilité. Dans le verset 11, « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé », un détail permet de dire que celui qui élève ou celui qui abaisse, c’est Dieu. En effet, dans les textes bibliques, lorsque les verbes d’un verset sont au passif (conjugaison au passé composé) comme dans l’expression « quiconque s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé », cela signifie que c’est Dieu qui agit. C’est Lui qui élève ou qui abaisse. Ainsi, dire que « quiconque s’élève sera abaissé », c’est dire que c’est Dieu qui l’abaissera et « celui qui s’abaisse sera élevé », c’est dire, plus clairement, que c’est Dieu qui l’élèvera. Mieux encore, ce texte sur l’invitation au repas nous amène à voir plus loin : Dieu nous invite réellement au repas, c’est le cas à chaque fois qu’il y a une messe, et de même pour le banquet final et éternel au Royaume de Dieu. Jn 14,2-3 : 2 Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures…je vais vous préparer une place. 3 Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez ». Les derniers seront les premiers : seront mis à l’honneur les invités qui sont restés dans l’humilité, des gens pauvres,  simples, respectueux, droits, naturels, spontanés, non calculateur, sans prétention, discrets, humbles, honnêtes etc…plus simplement, on va dire que Dieu invite toute l’humanité à son banquet, mais il met en honneur surtout les gens qui ont la foi et qui aiment Dieu et son prochain. Sœur Faustine nous dit (§54) : « Humilité, humilité et toujours humilité car nous ne pouvons rien de nous-mêmes. Tout n’est que grâce de Dieu ». Et si tout est grâce, tout ce que nous faisons de bien, de bon, vient de Dieu. Sœur Faustine §56 : « tout ce qu’il y a de bon en (notre) âme est uniquement dû à Sa Sainte Grâce ».

Nous n’avons donc réellement aucun mérite sinon celui de dire, comme Marie, « oui » au Seigneur. Mais un « oui » en continu, en permanence. La participation à la vie divine, déjà ici, sur terre, n’est pas une conquête de l’homme, mais un don de Dieu, un cadeau de Dieu dont il faut accepter et reconnaître ainsi l’importance de Dieu dans notre vie. Et Sœur Faustine nous conseille : « que la simplicité et l’humilité soient les signes caractéristiques de votre âme ! Marchez dans la vie comme un enfant, toujours confiant, toujours plein de simplicité et d’humilité, content de tout, toujours heureux ! Là où les autres âmes s’effrayent, passez tranquillement par la simplicité et l’humilité ». Rappelons que Dieu lui-même s’est abaissé en venant en son Fils parmi les hommes (Ph 2,6-8) : « 6 Lui étant dans la forme de Dieu n’a pas usé de son droit d’être traité comme un dieu 7 mais il s’est dépouillé prenant la forme d’esclave. Devenant semblable aux hommes et reconnu à son aspect comme un homme 8 il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort à la mort sur une croix ». Jésus veut que nous soyons à sa ressemblance afin que nous partagions sa divinité. Dans le 1er texte d’aujourd’hui, Siracide 3,17-18 : « 17 Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur 18 « Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser pour trouver grâce devant le Seigneur, 20 car grande est la puissance du Seigneur, mais il est honoré par les humbles ».

– La deuxième partie de l’Evangile nous parle du choix des invités. Qui faut-il inviter au repas? Les invitations au repas, dans la Bible, ne manquent pas. Le roi Salamon recevait avec faste la reine de Saba, elle-même très riche. Le père du Fils prodigue a fait une grande fête au retour de son fils, parmi eux étaient présents des membres de la famille, des serviteurs, des amis et le frère ainé regrette qu’il n’ait jamais eu l’occasion d’avoir un chevreau pour fêter avec ses amis. Pourtant Jésus nous dit : Jésus nous dit : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie ni tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins, de peur qu’eux aussi ne t’invitent à leur tour et qu’on ne te rende la pareille ». Ce n’est pas que c’est interdit d’inviter la famille et les amis à un repas, c’est surtout qu’il ne faut pas inviter les gens dans un esprit d’avoir un retour, dans un intérêt quelconque, car il y a effectivement des gens qui invitent des personnes influentes en pensant que ces personnes pourront leur faire bénéficier de nouveaux avantages, pour avoir une aide financière, un poste de travail, pour accéder à grade supérieur, pour avoir des conseils financiers, juridiques ou autres. Ce serait un repas calculé, réfléchi, donné dans un intérêt quelconque. Ce n’est pas gratuit. Et du coup, ils n’inviteraient que des gens d’un certain niveau, une catégorie sociale qui pourrait leur rendre service en retour. Jésus ne veut pas de cela, c’est pourquoi il dit de ne pas inviter des gens qui ont les moyens de leur « renvoyer l’ascenseur » comme dit le proverbe. Et il précise les priorités à donner : « 13 …lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; 14 heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre!  Car cela te sera rendu lors de la résurrection des justes ». « Les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles » désignent en réalité tous ceux qui ont, eux-mêmes, besoin d’aide et qui, à l’époque, ne pouvaient jamais s’en sortir parce qu’ils étaient mis au ban de la société, exclus de la société. Les inviter à un repas c’est faire signe de charité, signe d’amour, de générosité, de solidarité, de fraternité, c’est aimer son prochain. Celui qui les invite n’a aucun intérêt pour lui-même, il a juste la joie de partager sans aucun regret. Une joie qui fait la joie de Dieu. « Les riches ont, ici-bas, d’impérieux devoirs à l’égard des pauvres » (VTB – P.32) et en les secourant, c’est Jésus que nous secourons et nous dit l’Evangile « cela te sera rendu lors de la résurrection ». Rappelons qu’aucun de nos actes n’est perdu et Dieu s’en souviendra. Tous les saints ont fait des actes de générosité sans même penser à la récompense divine. Sœur Faustine (§55) : « les grâces de Dieu se déversent seulement sur les âmes humbles ». « Le fait que ce Dieu saint et tout-puissant se penche sur les détresses des hommes dont ils sont souvent les seules responsables, qu’Il voit la misère du pauvre et du malheureux, qu’il entende sa plainte, qu’il s’abaisse et descende jusqu’à lui pour le rejoindre dans sa détresse, qu’Il s’en occupe inlassablement malgré son infidélité et lui pardonne – bien qu’il ait mérité une juste punition – et qu’Il lui donne une nouvelle chance, tout cela dépasse l’entendement humain » (Cardinal Walter Kasper – La Miséricorde – P.51). Mais Dieu est ainsi fait : il aime, pardonne et offre une nouvelle chance, une vie nouvelle. A travers l’Evangile d’aujourd’hui, Dieu nous parle de la gratuité du salut. Tout ce que Dieu fait pour nous est gratuit par amour pour nous. Ep 2,8-9 : « 8 Car c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu; 9 il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier ». Tous nous sommes invités au festin du Royaume de Dieu. Le royaume de Dieu commence sur terre, et il n’y aucune raison d’avoir peur d’être son invité : invité à venir à la messe, invité à se former, invité à secourir les plus pauvres, invité à prier, à chanter, à lire la Bible, à écouter la parole de Dieu, à dire le chapelet ou le Rosaire etc…. Et cela nous amène au 2ème texte du jour qui nous parle de l’ancienne alliance (avant J.C.) et de la nouvelle alliance (avec J.C). Dans la première partie, v.18 à 21, Moïse se disait « effrayé et tout tremblant » après avoir vu tout ce qui se passait sur la montagne. Dans cette ancienne alliance, l’approche de Dieu se faisait dans une théophanie terrifiante (v.18) : « feu ardent, obscurité, ténèbres, ouragan, trompette et clameur de paroles ». Et «Quiconque touchait la montagne, même si c’est un animal, sera lapidé » (Ex 19,12-13). Pour un simple mortel, il paraissait alors difficile de s’approcher de Dieu dans ces conditions. Pourtant, ils n’échapperont pas à un éventuel châtiment : la lapidation. – Dans la Nouvelle Alliance, versets 22 à 24, deuxième partie du texte, Jésus nous parle des Cieux (2è lecture – v.22-24) : « vous vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste, et de myriades d’anges, réunion de fête, 23 et de l’assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux, d’un Dieu Juge universel, et des esprits des justes qui ont été rendus parfaits ». Le verset 25, qui fait suite au 2ème texte d’aujourd’hui nous met en garde après cette comparaison entre Ancienne et Nouvelle Alliance: si dans l’Ancienne Alliance, il était difficile de s’approcher de Dieu à cause des manifestations théophaniques, ce qui pouvait avoir pour conséquence de décourager les gens à s’approcher de Dieu et à l’écouter, et qui n’ont pas, malgré tout, échappé à un châtiment, à plus forte raison, si nous nous détournons de Celui qui parle des Cieux avec tant d’amour, nous n’échapperons pas à un châtiment encore plus sévère (He 12,25). Ici, nous sommes invités dans une ville bâtie par Dieu, appelé Royaume de Dieu, avec les anges, et où tous les chrétiens seront assemblés autour du Christ dans une réunion de fête éternelle. Tout cela nous est proposé gratuit, offert, tout simplement parce que nous nous sommes rapprochés…de Jésus médiateur et d’un sang purificateur (celui de Jésus mort et ressuscité). Les grands de ce monde terrestre, les tout-puissants, ceux qui veulent dominer et gouverner le monde avec leurs armes nucléaires, ceux qui font la loi avec leur richesse, seront abaissés, et ils le sont déjà…en s’éloignant du Christ, et à l’inverse, ceux qui se sont rapprochés du Christ, pauvre parmi les pauvres, Dieu humilié, frappé, abattu comme un agneau, seront élevés jusqu’à être divinisés, sanctifiés dans son Royaume pour le louer éternellement. Jn 17,24: … Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi… ». Que Marie nous accompagne jusqu’au Royaume de Dieu.




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – par le Diacre Jacques FOURNIER (St Luc 14,1a.7-14)

«  Dieu élève les humbles »

(Lc 14,1a.7-14)

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient.
Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit :
« Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi.
Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : “Cède-lui ta place” ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place.
Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : “Mon ami, avance plus haut”, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi.
En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; et qui s’abaisse sera élevé. »
Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour.
Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ;
heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes. »

        

 

         Invité à un repas chez un Pharisien, Jésus remarque que certains « choisissaient les premières places », les places d’honneur, soit pour se mettre en avant, soit dans la certitude qu’ils étaient, eux, des invités de marque… Tel est bien « le levain des Pharisiens » (Mc 8,15) : l’orgueil qui pousse à se croire au dessus des autres. « Mon Dieu », disait un Pharisien dans le Temple de Jérusalem, « je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères… Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne » (Lc 18,11-12). Il se vante lui-même de ses bonnes œuvres, et il les accomplit non pas par amour, mais uniquement pour se mettre en avant. La conséquence immédiate d’une telle attitude ne peut qu’être le mépris pour tous ceux et celles qui vivent et agissent différemment. « Cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! » (Jn 7,48-49). Hélas, c’est justement par un tel jugement si complaisant à leur égard et si dur envers les autres, qu’ils s’excluent eux­­-mêmes du Royaume des Cieux…

            Un autre jour, Jésus fut invité à manger, non pas comme ici chez un Pharisien, mais chez Matthieu, le collecteur d’impôts, le collaborateur avec l’occupant Romain, le pécheur (Lc 5,29-32). Les Pharisiens récriminèrent aussitôt contre lui et ils disaient à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? ». Eux, les purs, les justes, restaient bien sûr dehors pour ne pas se souiller au contact de ces « maudits »… Mais Jésus, qui avait entendu, leur dit de l’intérieur : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Allez apprendre ce que signifie : « C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices » qui, accomplis par orgueil, ne font que nourrir l’orgueil…

            Tout homme est pécheur, blessé, spirituellement malade, de beaucoup ou de peu (Lc 7,36-50). Telle est la vérité : « Il n’en est pas de juste, pas un seul… Tous ont péché et sont privés de la Gloire de Dieu » (Rm 3,9-26 ; 7,1-25). Ne pas le reconnaître, c’est refuser de faire la vérité, c’est être encore dans l’illusion de son orgueil… Avec un tel état d’esprit, l’irruption dans la vérité de Dieu, au dernier jour de la mort, ne pourra qu’être vécu comme un abaissement, une humiliation, alors que Dieu, répétons-nous, ne cherche, de son côté, que le bien de tous : « Dieu veut que tous les hommes », ses enfants, « soient sauvés » (1Tm 2,3-6 ; Jn 3,16-17)… Par contre, celui qui accepte de faire cette démarche de vérité sur lui-même en reconnaissant dès maintenant ses faiblesses, ses misères, s’ouvre aussitôt au même moment à Celui qui, en tout son être, est « la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), Vérité d’un Amour infini, d’une Miséricorde toute Puissante qui n’a qu’un seul désir : élever tous les hommes au ciel pour les faire asseoir à sa droite, aux places d’honneur (Lc 22,28-30), là où le plus petit est le plus grand dans le Royaume des Cieux (Mt 11,11)…

                                                    DJF




22ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

L’humilité et Le service

Lc 14, 1-7.14

Loïc, un jeune de 18 ans, était breton. Il aimait la mer, le vent, le grand large. A chaque week-end, il partait se promener dans les rochers sur la côte et le soir, il revenait radieux, soulé du bruit des vagues, halé par le soleil qui lui fouettait le visage. Son rêve : il voulait devenir (et pourquoi pas ?) « gardien de phare ». Son père, pharmacien, un petit bonhomme, bedonnant et satisfait, circulait derrière son comptoir entre ses pots de tisanes, les pâtes dentifrices et les couches culottes.

« Rien à faire ! Il sera pharmacien », « Vous êtes bien d’accord mon père, il faut qu’il réussisse dans la vie ».

Le dialogue était rompu depuis longtemps entre le père et le fils. L’avenir : un sujet que l’on n’abordait plus ! C’était une chose classée : il sera pharmacien, si possible de 1ère classe et je voyais mon Loïc devenir rêveur, distrait, « à côté de ses pompes » comme disaient ses camarades.

 Je le fis venir et lui conseillai d’écrire une lettre à son père, de bien lui expliquer ce qu’il désirait faire, ses raisons, ses désirs ; que s’il le voulait absolument, il ferait d’abord des études de pharmacie.

Huit jours après, le père, qui, de son côté avait dû aussi réfléchir et se dire que la vie de son fils n’était pas la sienne, lui envoyait un mot : oh pas grand ! Mais magnifique ! C’était écrit : « Mon fils, fais ce que tu désires : il vaut mieux réussir sa vie que de réussir dans la vie ».

C’est exactement ce que le Seigneur veut nous faire comprendre aujourd’hui. Voulez-vous réussir dans la vie ou réussir votre vie ? Réussir dans la vie :

–  parvenir à tout prix aux premières places dans la société ou dans la profession,

–  passer avant les autres par tous les moyens,

– gagner le plus d’argent possible, à force d’intrigues, de passe-droits et de combines, la course à la présidence, la course « au perchoir »,

–  l’attrait des honneurs et de la fortune,

– être un homme considéré, distingué ; même les enfants sont intoxiqués : « C’est moi le chef ! C’est moi le plus fort ! C’est moi la plus belle ! » « Mon papa à moi, c’est lui qui a la plus belle voiture ! »

Heureux ceux qui s’imposent, ceux qui sont durs en affaires. Mentalités d’aujourd’hui, mentalités de toujours.

C’était déjà vrai au temps du Christ : invité à un repas, il voit les gens se bousculer pour parvenir aux premières places, pour se faire valoir aux yeux des autres.

« Ne va pas te mettre à la 1ère place », « Les premiers seront les derniers ». Que veut- il nous dire ?

A ses yeux, ce qui compte, ce qui fait la valeur d’un homme, ce n’est pas la place qu’il occupe ni les honneurs, les décorations, les titres, la fortune, le rang social, la belle voiture ou la belle case. Ce n’est pas de faire partie des « gens bien ».

Ce qui fait la valeur d’un homme aux yeux de Dieu, c’est d’abord son « ouverture », c’est sa qualité « d’amour », sa qualité de « service », celle dont il fait preuve à l’égard des autres.
Dans le Royaume, les vrais « gens bien », ceux qui seront les premiers : ce seront les doux, les artisans  de réconciliation  et  de paix, ceux qui ont faim et soif d’une justice meilleure pour tous, et même ceux qu’on critique, qu’on insulte ou qu’on persécute à cause de leurs engagements chrétiens qui viennent gêner les égoïstes, les arrivistes, les sales petites magouilles faites de combines, de pourboires, de piston, de dessous de table et de pots de vin. Peut-être que certains n’auraient pas réussi dans la vie, mais ils auront réussi leur vie parce qu’elle était conforme à leur idéal, à leur conscience, à leur droiture et ils découvriront le vrai bonheur : celui qui est, non pas à côté d’eux mais en eux.

Jésus nous suggère de modifier radicalement notre mentalité. Notez bien qu’il ne reproche à personne de vouloir arriver aux premières places dans la société, dans l’entreprise ou dans la fonction publique, si l’on est doué pour cela mais il nous dit :

« Si tu veux être le premier : que ce soit pour mieux servir, pour mieux aimer, pour mieux mettre tes talents et tes capacités au service d’un monde plus juste et plus humain, pour construire peu à peu un monde  qui soit un avant-goût du Royaume de Dieu. Alors, apprends à te  mettre au service des autres, humblement, gratuitement ». C’est d’ailleurs ce que Jésus lui-même a fait : il était Dieu, il était le premier. Il s’est fait homme, homme ordinaire se mettant au service des pauvres, des publicains, des pécheurs, des malades, les guérissant, les relevant, leur redonnant confiance et c’est parmi eux, qu’il a choisi ses amis. Ça n’a pas plu, c’était même gênant de voir ce type qui aurait pu faire une carrière, s’occuper de ceux dont on ne s’occupe pas.

Aussi Jésus fut-il condamné à mort, crucifié entre deux malfaiteurs, mis à la dernière place et « Dieu l’a élevé dans la gloire au-dessus de tout et lui a donné la première place, en lui conférant le titre de « Seigneur ». Et St-Paul ajoute : « Comportez-vous de même, vous aussi ».

Réussir dans la vie ou réussir sa vie… ? Telle est l’option,

le choix que nous avons toujours à refaire. Tout dépend du sens que je donne à ma vie… La réussir aux yeux des hommes ? Ou la réussir aux yeux de Dieu ?

. Où sont mes valeurs ?

. A quoi est-ce-que j’accorde de l’importance ?

. Au prestige ou au service ?

. A la carrière, fut-ce en marchant sur les autres ?

. Ou à l’ouverture de mon cœur fut-ce en gênant ma promotion ?

. A être admiré, respecté, honoré ? Ou être le serviteur anonyme qui préfère soulager sans être vu, donner discrètement ?

. A regarder sans cesse ceux qui sont au-dessus de moi, pour me hisser à leur niveau et devenir leur égal ? Ou à prêter attention à tous ceux qui sont au-dessous et qui me regardent, attendant de moi, un geste, un peu d’amour, d’attention ?

Réussir ma vie ou réussir dans la vie : il n’y a guère de compromis possible si l’on compare la mentalité d’un « monde mondain » et du « monde chrétien »: il faut choisir et de plus en plus… car nous assistons à une dérive qui va accentuer encore la parole du Christ : « Vous êtes dans le monde, mais vous n’êtes pas du monde ». Ne nous enfermons pas dans notre petit monde habituel. Ne vous enfermez pas dans vos relations sociales toujours les mêmes. On se retrouve toujours entre gens du même niveau social, culturel, professionnel, entre gens du même bord.

« Qui se ressemble s’assemble », dit le proverbe.

Ça ne veut pas dire qu’il faut casser notre réseau relationnel, mais  essayons de l’élargir, avoir l’occasion de briser nos cercles étroits dans lesquels nous nous enfermons. Pourquoi ?

1) pour faire comme le Christ qui ne s’est pas enfermé dans un petit cercle social. Il fréquentait tout le monde ! Pauvres et riches, grands et petits, justes et pécheurs. Il nous invite à faire comme lui. Pourquoi ?

2) parce que nous sommes tous frères et que pour un chrétien, il ne peut y avoir d’étranger. Et qu’en pratique, un proverbe nous dit qu’il faut faire effort pour nous rapprocher les uns des autres :

– « Quand je l’ai aperçu de loin, j’ai cru que c’était une bête.

– Quand il est devenu plus proche,

  j’ai vu que c’était un homme.

– Quand je me suis approché encore,

  j’ai vu que c’était mon frère ».            AMEN




Rencontre autour de l’Évangile – 22ième Dimanche du Temps Ordinaire

“ Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser :

tu trouveras grâce devant le Seigneur. ”

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Lc 14,1, 7-14)

Nous continuons à suivre Jésus dans sa marche vers Jérusalem : c’est là qu’il va achever sa mission et que par sa mort et sa résurrection, il va nous ouvrir la porte d’entrée du Royaume de Dieu. Les conditions d’entrée dans le Royaume sont exigeantes. Jésus profite de tous les occasions pour nous les donner.

Et soulignons les mots importants 

Pharisien : Rappelons-nous qui étaient les pharisiens ?

Invité à des noces : Jésus utilise souvent l’image des “ noces ” dans son enseignement. Vers quoi veut-il tourner nos pensées ?

Première place – Dernière place : Jésus dans cet évangile veut-il nous donner une leçon de politesse ? ou veut-il nous dire autre chose ?

 Qui s’élève, sera abaissé

Qui s’abaisse, sera élevé

N’invite pas…les riches

Invite… les pauvres

Tu seras heureux

Résurrection des justes

Quelles sont les conditions posées par Jésus pour être admis au Royaume de Dieu ?

Pourquoi Jésus demande de ne pas inviter les gens qui ont les moyens ?

Qu’est-ce qu’il nous révèle du Royaume de Dieu son Père ?

Où est le véritable bonheur pour celui qui fait honneur aux petits et aux pauvres ?

Pour l’animateur 

  • Les pharisiens formaient une confrérie de juifs qui cherchaient à appliquer tous les préceptes de la Loi, en particulier les obligations et les interdits du Sabbat et les rites de purification légale. De bonne foi au départ, ils ont fini par être esclaves des pratiques extérieures et oublier la religion du cœur. Dans l’évangile on les appelle souvent “ scribes et docteurs de la loi ”. Ils aimaient se mettre en avant, vivaient séparés des autres pour ne pas “se salir ”, et ils s’invitaient entre eux, et au cours de ces repas les discussions religieuses allaient bon train. Jésus accepte de partager leur repas.

  • Le Nouveau Testament voit dans la grande fête que constituent les noces une figure du festin des Noces de l’Agneau, à la fin des temps. Tous les hommes sont invités à y participer. Jésus a commencé son ministère en participant aux noces de Cana.

  • Dans l’évangile aujourd’hui, Jésus ne donne pas seulement des conseils de prudence et de bonne tenue à table, il indique les conditions d’admission au Royaume de Dieu :

  • D’abord rejeter tout sentiment de supériorité pour se faire petit devant Dieu. C’est lui seul qui donne la vraie gloire, le véritable honneur. Il élève les humbles et abaisse les orgueilleux. Celui qui se croit plus grand que les autres n’est pas dans la vérité : pour Jésus, nous sommes tous frères, et nous n’avons qu’un seul Père. Lui seul est le Maître et il a voulu être serviteur.

  • Ensuite, comme Jésus, accorder le meilleur de son attention et de son amour aux plus pauvres: à cet amour désintéressé c’est Dieu lui-même qui répondra en ressuscitant les justes.

  • L’humilité et le désintéressement : deux aspects de la véritable charité !

TA PAROLE DANS NOS COEURS

Seigneur Jésus, en venant chez nous tu t’es mis à la dernière place. Pour nous inviter au festin des Noces du Royaume de Dieu, tu t’es fait solidaire de notre humanité à commencer par les pécheurs et les déshérités. Tu t’es fait pauvre avec les pauvres. A celui qui se fait petit pour accueillir l’invitation, tu dis “ mon ami, monte plus haut ”.  A celui qui se met au service de ses frères, sans rien attendre en retour, gratuitement, comme toi, tu dis “ tu es heureux ”, car tu auras part au grand festin que Dieu donnera lors de la résurrection.

 

TA PAROLE DANS NOS MAINS

L’Evangile aujourd’hui dans notre vie

  « Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau »

Est-ce que nous réalisons que nous sommes des invités du Père pour prendre part au Royaume de vie et de joie avec son Fils? Est-ce que cela donne sens à tout ce que nous vivons, à tout ce que nous faisons ?

Le disciple n’est pas au dessus de son maître. Jésus s’est abaissé pour être le serviteur de ses frères. Nous vivons dans un monde où il faut être le plus haut, le plus grand, le plus fort !

Parfois le sentiment de détenir la vérité nous rend durs, nous donnent un air supérieur et intolérant !

Avons-nous assez d’humilité pour remettre en cause nos jugements, nos attitudes religieuses, nos manières d’agir, même s’ils nous paraissent sans reproche ?

Le témoignage qui porte, c’est celui d’un homme ou d’un groupe désintéressé.

Est-ce que nous agissons pour nous servir des autres, ou pour les servir ?

Est-ce que nous fréquentons surtout des gens qui peuvent nous être utiles un jour ?

Quelle place faisons-nous aux plus pauvres, dans notre quartier, dans notre communauté chrétienne, dans la catéchèse, dans nos relations, dans notre enseignement scolaire ..?

ENSEMBLE PRIONS   

Refrain : Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père.

Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti prenant la condition de serviteur. (ref)

Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix. (ref)

C’est pourquoi Dieu l’a exalté, il lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et aux enfers, et que toute langue proclame :

“ Jésus Christ est Seigneur ” à la gloire de Dieu le Père.

 

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22ième Dimanche du Temps Ordinaire

 

 




21ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Père Rodolphe EMARD

Homélie du dimanche 21 août 2022

Lectures : Is 66, 18-21 ; Ps 116 ; He 12, 5-7. 11-13 ; Lc 13, 22-30

Les textes de ce 21ème dimanche du Temps ordinaire donnent de réfléchir sur la question du nombre des sauvés : Combien seront sauvés ?

Le prophète Isaïe et le Psaume évoquent un salut largement offert à tous alors que l’Évangile semble nous dire le contraire. Jésus parle en effet d’une porte étroite. Que pouvons-nous en dire ?

Dans la première lecture, Isaïe évoque un salut universel : « Ainsi parle le Seigneur : (…) moi, je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire ». Isaïe invite à reconnaître la place des nations non-juives dans le projet de salut de Dieu. Nous avons sans doute l’un des textes les plus universels parmi les prophètes de l’Ancien Testament.

Le Psaume prolonge la première lecture. Le psalmiste invite tous les peuples à louer le Seigneur, à reconnaître son amour et sa fidélité envers tous.

Comment comprendre alors l’enseignement de Jésus qui pourrait sembler contradictoire ? Il y aurait-il « que peu de gens qui soient sauvés ? » comme le suggère ce passant que Jésus rencontre ? Ce serait ainsi donner raison aux Témoins de Jéhovah qui estiment le nombre de sauvés à 144 000. Un « maigre » chiffre pour toutes les générations passées, présentent et futures… La population mondiale actuelle approche le seuil de 8 milliards d’habitants… 144 000 places restent un chiffre très limité !

Penser ainsi serait faire du Salut une compétition, un concours qu’atteindraient uniquement les premiers de la classe. Jésus ne remet pas en cause l’universalité du Salut. Dans le projet de Dieu, il n’est pas question de triage. Un Salut réservé à quelques-uns serait-il un vrai Salut ?

Le Salut de Dieu est avant tout un don à accueillir. Personne ne pourrait se prévaloir une place au Royaume par ses propres forces. Sans le Christ, nous ne pourrons rien faire mais sans notre engagement, le Christ ne pourra rien faire non plus. Dieu, dans son amour infini pour l’humanité, veut que tous les hommes soient sauvés mais il ne peut pas les contraindre à être sauvés s’ils ne le veulent pas. L’amour infini de Dieu ne saurait obliger l’homme qu’il a créé libre.

C’est en ce sens que la porte est étroite. La porte c’est le Christ lui-même, le seul chemin qui mène au Père. Elle n’est fermée à personne mais elle est bien étroite. Jésus nous rappelle par-là les exigences de l’Évangile auxquelles nous devons répondre. Nous ne pourrons pas entrer dans le Royaume de Dieu remplis de nous-même, chargés de nos richesses matérielles d’ici-bas.

Être dans la gloire de Dieu, c’est être rempli de toute la vie de Dieu, de tout son amour. L’amour : voilà l’unique clé qui nous permettra de prendre la porte étroite ! Vivre l’amour c’est combattre l’injustice : « Éloignez-vous de moi, vous qui commettez l’injustice ».

L’appel de Jésus est sans équivoque : personne n’est privée du Royaume mais à tous de le désirer vraiment. Une remise en cause de soi est pour cela nécessaire. La deuxième lecture tirée de la lettre aux Hébreux nous invite à nous laisser corriger par Dieu. La correction de Dieu n’est pas arbitraire ou tortionnaire. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous dit : « Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ».

La correction de Dieu ne punit pas mais elle fait grandir. La correction de Dieu est remplie de miséricorde. C’est en se laissant corrigé par Dieu, en vivant de son pardon, que nous saurons alors corriger nos frères avec douceur et bienveillance. Corriger sans jugement ni condamnation mais dans le souci d’aider, de relever ceux qui sont éprouvés.

Frères et sœurs, en ce début de rentrée scolaire, que la liturgie de la Parole de ce dimanche nous aide à mieux prendre au sérieux la question de notre propre salut. Que nous puissions nous désencombrer, nous dépouiller de ce qui est inutile pour saisir ce qui est utile pour être sauvé.

Je vous souhaite à tous une belle rentrée sous le regard du Christ. Je termine avec les versets du Psaume :

« Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays ! Son amour envers nous s’est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur ! »
Amen.